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Il n’est pas douteux – précisons-le de suite – qu'il y ait eu des monuments écrits antérieurs aux traités dont le Yiking est le troisième. Ces monuments ont été écrits, ou dessinés, ou sculptés, sur le « Toit du Monde », berceau unique de l’humanité, à l’aide de signes que toute l’humanité comprenait, avant qu’elle se fût divisée par des migrations diverses, et qu’elle eût ainsi perdu la conscience de sa totalité. Ce qu’est cette écriture unique, on ne le saura sans doute jamais qu’à l’aide d’approximatives appréciations ; car un paléographe ne reconstruira pas une écriture au moyen d’un jambage, comme Cuvier reconstruisait un mammouth au moyen d’une jambe. Mais c’est de cette écriture unique que découlent, à des époques concordantes, et par des procédés de déformations parallèles, les hiérogrammes Chinois et les hiéroglyphes Chaldéens (ou suméro-acadiens). Il est possible toutefois de déterminer les influences, toutes physiques, qui présidèrent à ces déformations.
Sur ce Pamir, qui fut notre commun berceau, une même langue, une même graphie, toutes deux perdues, régnaient. Un jour, soit qu’un cataclysme ait amené sur ces altitudes le froid qui y règne aujourd’hui, soit que, à force de se pencher sur le bord rugueux des plateaux, la race humaine ait pris le vertige des plaines inconnues, un jour vint où les hommes, par les fleuves qui prenaient naissance aux plateaux primitifs, descendirent aux niveaux inférieurs. Ainsi ceux du Sud, les futurs Rouges, par le Dzangbo et le Sindh, ainsi ceux de l’Ouest, les futurs Blancs, par le Syr et l’Amou, ainsi ceux de l’Est, les futurs Jaunes, par le Hoangho et le Yangtzé, tous, sans regarder en arrière, quittèrent la montagne ancestrale qui fut le nombril du monde. Parmi eux, les vieillards et les savants emportèrent la Sagesse et la Tradition.
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