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D'après l'opinion que vous professez sur le rôle actuel de Sh.A.W. on dirait que sa présence vous gêne: son "contrôle" traditionnel surtout. Car, entre temps, votre autonomie totale conquit les privilèges d'une fonction universelles en Occident. Devant le cas historique de Ramakrishna qui avait vérifié par la connaissance directe et attesté extérieurement, l'unité fondamentale de différentes formes traditionnelles, vous dressiez le vôtre qui voulait être celui d'un maître réalisant une telle universalité sous le mode d'une direction en Occident de voies initiatiques appartenant à des formes traditionnelles différentes: Islam, Christianisme, Bouddhisme, Maçonnerie, peut-être même de la tradition des Peaux-Rouges. A cet égard vous me disiez même il y a quelques années: "Sh.A.W. aurait dit que je suis destiné à remplir en Occident un rôle initiatique en rapport avec les différentes formes traditionnelles". On peut remarquer aussi à l'occasion, que lorsqu'il vous semblait que Sh.A.W. corroborait vos tendances, vous aimiez le citer à l'appui. Mais sur ce point spécial, lorsque ces derniers temps je me suis décidé à lui demander ce qu'il en était au juste, Sh.A.W. m'a répondu ceci: "Quant à ce qu'on a rapporté à Sh. Aïssa, que j'aurai dit qu'il était "destiné à remplir en Occident un rôle initiatique en rapport avec les différentes formes traditionnelles", il n'y a pas un mot de vrai là -dedans, car je n'ai au contraire jamais envisagé un rôle sortant du cadre d'une forme traditionnelles déterminée [;]j'ai d'ailleurs à peine besoin de vous dire qu'en tout cas un tel rôle s'il existait ne pourrait s'exercer d'une façon aussi "visible". Je crois qu'on m'attribue ainsi beaucoup de choses que je n'ai jamais dites, ni même pensées... Il faut dire aussi que, quand j'entends émettre certaines affirmations plus ou moins exagérées je préfère généralement ne rien répondre, sachant bien que ce serait tout à fait inutile; il n'est pas impossible qu'en pareil cas on interprète mon silence comme une approbation"...
(Lettre de M.Vâlsan à F.Schuon, novembre 1950)
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