â
Ash should take the ladies, because he's charming."
Ash looked pleased. Jared raised his eyebrows.
"Are you saying that I'm not a charmer?"
"You are very dear to me, but you have all the savoir faire of a wildebeest," Kami told him.
"A wildebeest," Jared repeated.
"A dashingly handsome wildebeest," Kami assured him.
â
â
Sarah Rees Brennan (Untold (The Lynburn Legacy, #2))
â
You see, I am not very good in company. I am clumsy. I am shy. [...] I always say the wrong thing. I upset water jugs. I am unlucky."
"We all do these things when we are young. The poise, the savoir faire, comes later.
â
â
Agatha Christie (Murder in Mesopotamia (Hercule Poirot, #14))
â
Batman knew what it was like to trip balls without seriously losing his shit, and that savoir faire added another layer to his outlaw sexiness and alluring aura of decadence and wealth.
â
â
Grant Morrison (Supergods: What Masked Vigilantes, Miraculous Mutants, and a Sun God from Smallville Can Teach Us about Being Human)
â
We do all these things when we are young. The poise, the savoir faire, it comes later.
â
â
Agatha Christie (Murder in Mesopotamia (Hercule Poirot, #14))
â
a genius of savoir faire,
â
â
Edward St. Aubyn (The Patrick Melrose Novels (Patrick Melrose #1-4))
â
Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l'ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégùts que la méchanceté, si elle n'est pas éclairée. Les hommes sont plutÎt bons que mauvais, et en vérité ce n'est pas la question. Mais ils ignorent plus ou moins, et c'est ce qu'on appelle vertu ou vice, le vice le plus désespérant étant celui de l'ignorance qui croit tout savoir et qui s'autorise alors à tuer. L'ùme du meurtrier est aveugle et il n'y a pas de vraie bonté ni de bel amour sans toute la clairvoyance possible.
â
â
Albert Camus
â
Jâai rĂ©flĂ©chi, je ne me fais pas dâillusions, je tâaime mais je nâai pas confiance en toi. Puisque ce que nous vivons nâest pas rĂ©el, alors câest un jeu. Je nâai plus lâĂąge de jouer Ă chat. Ne cherche pas Ă mâappeler, ni Ă savoir oĂč je suis, ni comment je vis, je crois que ce nâest plus le problĂšme. Jâai rĂ©flĂ©chi, je pense que câest la meilleure solution, faire comme toi, vivre de mon cĂŽtĂ© en tâaimant bien mais de loin. Je ne veux pas attendre tes coups de tĂ©lĂ©phone, je ne veux pas mâempĂȘcher de tomber amoureuse. Jâai rĂ©flĂ©chi, je veux bien essayer. Câest Ă prendre ou Ă laisserâŠ
â
â
Anna Gavalda (Someone I Loved (Je l'aimais))
â
Even if it was against his will every time, Batman was hip to serious mind bending drugs. Batman knew what it was like to trip balls without seriously losing his shit, and that savoir faire added another layer to his outlaw sexiness and alluring aura of decadence and wealth.
â
â
Grant Morrison
â
Alors, accepter de remettre en cause ce que lâon tient pour vrai est une belle preuve dâouverture dâesprit. Heureusement quâil y a ces esprits diffĂ©rents pour remettre en question les certitudes gĂ©nĂ©rales ! Par ailleurs, savoir faire son autocritique est un signe de souplesse et de modestie. Laisser le droit Ă lâautre de penser diffĂ©remment dĂ©montre sa tolĂ©rance. Câest aussi un signe de prudence et de maturitĂ© de vĂ©rifer les informations avant de les intĂ©grer.
â
â
Christel Petitcollin (Je pense trop : comment canaliser ce mental envahissant)
â
As with all semantic difficulties, the answer can only be arbitrary. What matters is that we know what kind of union we are talking about when we speak of love. Do we refer to love as the mature answer to the problem of existence, or do we speak of those immature forms of love which may be called symbiotic union?
â
â
Erich Fromm (The Art of Loving)
â
Entertaining is an act of friendship and cooking is an act of love.
â
â
Mireille Guiliano (Women, Work & the Art of Savoir Faire: Business Sense & Sensibility)
â
Le courage, c'est de dominer ses propres fautes, d'en souffrir, mais de n'en pas ĂȘtre accablĂ© et de continuer son chemin. Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille ; c'est d'aller Ă l'idĂ©al et de comprendre le rĂ©el ; c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle rĂ©compense rĂ©serve Ă notre effort l'univers profond, ni s'il lui rĂ©serve une rĂ©compense. Le courage, c'est de chercher la vĂ©ritĂ© et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire Ă©cho, de notre Ăąme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbĂ©ciles et aux huĂ©es fanatiques.
â
â
Jean JaurĂšs
â
Une existence entiere a lire l'aurait comble, elle ne lui avait pas ete donnee. Il aurait fallu choisir sa voie plus tot, savoir ce que l'on veut faire apres le baccalaureat. Avoir un projet de vie.
â
â
Antoine Laurain (The Red Notebook)
â
Il est bon de savoir quelque chose des moeurs de divers peuples, afin de juger des notres plus sainement et que nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule et contre raison, ainsi qu'ont coutume de faire ceux qui n'ont rien vu; mais lorsqu'on emploie trop de temps à voyager on devient enfin étranger en son pays; et lorsqu'on est trop curieux des choses qui se pratiquaient aux siÚcles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci.
â
â
René Descartes (Discours de la méthode: suivi des Méditations métaphysiques)
â
Je ne ressens pas la moindre honte de ne pas ĂȘtre une super bonne meuf. En revanche, je suis verte de rage qu'en tant qu fille qui intĂ©resse peu les hommes, on cherche sans cesse Ă me faire savoir que je ne devrais mĂȘme pas ĂȘtre lĂ . On a toujours existĂ©. MĂȘme s'il n'est pas question de nous dans les romans d'hommes, qui n'imaginent que des femmes avec qui ils voudraient coucher. On a toujours existĂ©, on n'a jamais parlĂ©. MĂȘme aujourd'hui que les femmes publient beaucoup de romans, on rencontre rarement de personnage fĂ©minins aux physiques ingrats ou mĂ©diocres, inaptes Ă aimer les hommes ou Ă s'en faire aimer. Au contraire les hĂ©roines contemporaines aiment les hommes, les rencontrent facilement couchent avec eux en deux chapitres, elles jouissent en quatre lignes et elles aiment toutes le sexe. La figure de la looseuse de la fĂ©minitĂ© m'est plus que sympathique, elle m'est essentielle.
â
â
Virginie Despentes (King Kong théorie)
â
They were lounging, in fact, in an almost ostentatious manner, as if to say to passersby like myself, âLook uponst my exquisite lounging, foolish mortal, and mourn that you will never lounge with such cosmopolitan savoir faire.
â
â
Kevin Hearne (Staked (The Iron Druid Chronicles, #8))
â
Bien sĂ»r, rien n'interdit Ă une femme d'avoir des enfants et de se rĂ©aliser en mĂȘme temps dans d'autres domaines. Au contraire, vous y ĂȘtes mĂȘme vivement encouragĂ©e : en posant la cerise de l'accomplissement personnel sur le gĂąteau de la maternitĂ©, vous flatterez notre bonne conscience et notre narcissisme collectif. Nous n'aimons pas nous avouer que nous voyons les femmes avant tout comme des reproductrices. [âŠ] Mais alors, vous avez intĂ©rĂȘt Ă avoir beaucoup d'Ă©nergie, un bon sens de l'organisation et une grande capacitĂ© de rĂ©sistance Ă la fatigue ; vous avez intĂ©rĂȘt Ă ne pas trop aimer dormir ou paresser, Ă ne pas dĂ©tester les horaires, Ă savoir faire plusieurs choses Ă la fois. (p. 82)
â
â
Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
â
The Hellâs Angels as a group are often willfully stupid, but they are not without savoir-faire, and their predilection for travelling in packs is a long way from being all showbiz. Nor is it entirely due to warps and defects in their collective personality.
â
â
Hunter S. Thompson (Hell's Angels)
â
In the presence of the Unusual, Mr. Wooster is too prone to smile weakly and allow his eyes to protrude. He lacks Presence. I have often wished that I had the power to bestow upon him some of the savoir-faire of a former employer of mine, Mr. Montague-Todd, the well-known financier, now in the second year of his sentence.
â
â
P.G. Wodehouse (Carry On, Jeeves)
â
He had that combination of savoir-faire with a sort of well-groomed coarseness which is not uncommon in young doctors.
â
â
G.K. Chesterton
â
On peut faire ça dans la vie, transformer la souffrance en savoir.
â
â
Maxime-Olivier Moutier
â
Erica Jong believes âgossip is the opiate of the oppressed.
â
â
Mireille Guiliano (Women, Work & the Art of Savoir Faire: Business Sense & Sensibility)
â
On n'est jamais excusable d'ĂȘtre mĂ©chant, mais il y a quelque mĂ©rite Ă savoir qu'on l'est; et le plus irrĂ©parable des vices est de faire le mal par bĂȘtise.
â
â
Charles Baudelaire (Paris Spleen)
â
La philosophie ne consiste-t-elle pas, aprĂšs tout, Ă faire semblant d'ignorer ce que l'on sait et de savoir ce que l'on ignore?
â
â
Paul Valéry
â
A woman should wear fragrance wherever she expects to be kissed
â
â
Mireille Guiliano (Women, Work & the Art of Savoir Faire: Business Sense & Sensibility)
â
Ainsi, outre l'avantage que vous aurez de faire savoir promptement toutes vos volontĂ©s Ă votre armĂ©e entiĂšre dans le mĂȘme moment, vous aurez encore celui de lasser votre ennemi, en le rendant attentif Ă tout ce qu'il croit que vous voulez entreprendre, de lui faire naĂźtre des doutes continuels sur la conduite que vous devez tenir, et de lui inspirer d'Ă©ternelles frayeurs.
â
â
Sun Tzu (The Art of War)
â
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai compris qu'en toutes circonstances,
JâĂ©tais Ă la bonne place, au bon moment.
Et alors, j'ai pu me relaxer.
Aujourd'hui je sais que cela s'appelle...
l'Estime de soi.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai pu percevoir que mon anxiĂ©tĂ© et ma souffrance Ă©motionnelle
NâĂ©taient rien d'autre qu'un signal
Lorsque je vais Ă l'encontre de mes convictions.
Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'Authenticité.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
J'ai cessé de vouloir une vie différente
Et j'ai commencé à voir que tout ce qui m'arrive
Contribue Ă ma croissance personnelle.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Maturité.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai commencĂ© Ă percevoir l'abus
Dans le fait de forcer une situation ou une personne,
Dans le seul but d'obtenir ce que je veux,
Sachant trĂšs bien que ni la personne ni moi-mĂȘme
Ne sommes prĂȘts et que ce n'est pas le moment...
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... le Respect.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai commencĂ© Ă me libĂ©rer de tout ce qui n'Ă©tait pas salutaire, personnes,
situations, tout ce qui baissait mon Ă©nergie.
Au début, ma raison appelait cela de l'égoïsme.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Amour propre.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai cessĂ© d'avoir peur du temps libre
Et j'ai arrĂȘtĂ© de faire de grands plans,
Jâai abandonnĂ© les mĂ©ga-projets du futur.
Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aime
Quand cela me plait et Ă mon rythme.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Simplicité.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai cessĂ© de chercher Ă avoir toujours raison,
Et je me suis rendu compte de toutes les fois oĂč je me suis trompĂ©.
Aujourd'hui, j'ai découvert ... l'Humilité.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai cessĂ© de revivre le passĂ©
Et de me préoccuper de l'avenir.
Aujourd'hui, je vis au présent,
LĂ oĂč toute la vie se passe.
Aujourd'hui, je vis une seule journée à la fois.
Et cela s'appelle... la Plénitude.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai compris que ma tĂȘte pouvait me tromper et me dĂ©cevoir.
Mais si je la mets au service de mon coeur,
Elle devient une alliée trÚs précieuse !
Tout ceci, c'est... le Savoir vivre.
Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter.
Du chaos naissent les Ă©toiles.
â
â
Charlie Chaplin
â
Redeless (adj.) Not knowing what to do in an emergency. Redeless has a variety of meanings, but this is the one that speaks to me the most. In yet another case of the rare thing enjoying a common word and vice versa, it is interesting to note that redeless has largely (or entirely) fallen by the linguistic wayside, while savoir faire (which originally meant âknowing what to do in an emergencyâ) has survived. Redonation
â
â
Ammon Shea (Reading the Oxford English Dictionary: One Man, One Year, 21,730 Pages)
â
La nuit était tombée, sans qu'il pût savoir si c'était en lui ou dans la chambre : tout était nuit. La nuit aussi bougeait : les ténÚbres s'écartaient pour faire place à d'autres, abßme sur abßme, épaisseur sombre sur épaisseur sombre.
â
â
Marguerite Yourcenar
â
Mais le narrateur est plutĂŽt tentĂ© de croire quâen donnant trop dâimportance aux belles actions, on rend finalement un hommage indirect et puissant au mal. Car on laisse supposer alors que ces belles actions nâont tant de prix que parce quâelles sont rares et que la mĂ©chancetĂ© et lâindiffĂ©rence sont des moteurs bien plus frĂ©quents dans les actions des hommes. Câest lĂ une idĂ©e que le narrateur ne partage pas. Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de lâignorance, et la bonne volontĂ© peut faire autant de dĂ©gĂąts que la mĂ©chancetĂ©, si elle nâest pas Ă©clairĂ©e. Les hommes sont plutĂŽt bons que mauvais, et en vĂ©ritĂ© ce nâest pas la question. Mais ils ignorent plus ou moins, et câest ce quâon appelle vertu ou vice, le vice le plus dĂ©sespĂ©rant Ă©tant celui de lâignorance qui croit tout savoir et qui s'autorise alors a tuer. L'Ăąme du meurtrier est aveugle et il nây a pas de vraie bontĂ© ni de belle amour sans toute la clairvoyance possible.
â
â
Albert Camus (The Plague)
â
Il est bon de savoir quelque chose des moeurs de divers peuples, afin de juger des nĂŽtres plus sainement, et que nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule et contre raison, ainsi qu'on coutume de faire ceux qui n'ont rien vu.
â
â
René Descartes (Discours De La Methode)
â
Il est bon de savoir quelque chose des moeurs de divers peuples, afin de juger des nĂŽtres plus sainement, et que nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule et contre raison, ainsi qu'ont coutume de faire ceux qui n'ont rien vu.
â
â
René Descartes (Discours De La Methode)
â
Le capitaine fait partie des pires ennemis de la vérité et de la liberté: le troupeau compact et immuable de la majorité. Oh, Dieu, la terrible tyrannie de la majorité! Nous avons tous nos harpes à faire entendre. Et c'est maintenant à vous de savoir de quelle oreille vous écouterez.
â
â
Ray Bradbury (Fahrenheit 451)
â
Par-delĂ toutes sortes de goĂ»ts que je me connais, d'affinitĂ©s que je me sens, d'attirances que je subis, d'Ă©vĂ©nements qui m'arrivent et n'arrivent qu'Ă moi, par-delĂ quantitĂ© de mouvements que je me vois faire, d'Ă©motions que je suis seul Ă Ă©prouver, je m'efforce, par rapport aux autres hommes, de savoir en quoi consiste, sinon Ă quoi tient, ma diffĂ©renciation. N'est-ce pas dans la mesure exacte oĂč je prendrai conscience de cette diffĂ©renciation que je me rĂ©vĂ©lerai ce qu'entre tous les autres je suis venu faire en ce monde et de quel message unique je suis porteur (...) ?
â
â
André Breton (Nadja)
â
Quand on sâattend au pire, le moins pire a une saveur toute particuliĂšre, que vous dĂ©gusterez avec plaisir, mĂȘme si ce nâest pas le meilleur.
***
Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. Ne cherchez pas Ă atteindre un bonheur parfait, mais contentez vous des petites choses de la vie, qui, mises bout Ă bout, permettent de tenir la distance⊠Les tout petit riens du quotidien, dont on ne se rend mĂȘme plus compte mais qui font que, selon la façon dont on les vit, le moment peut ĂȘtre plaisant et donne envie de sourire. Nous avons tous nos petits riens Ă nous. Il faut juste en prendre conscience.
***
Le silence a cette vertu de laisser parler le regard, miroir de lâĂąme. On entend mieux les profondeurs quand on se tait.
***
Au temps des sorciĂšres, les larmes dâhomme devaient ĂȘtre trĂšs recherchĂ©es. Câest rare comme la bave de crapaud. Ce quâelles pouvaient en faire, ça, je ne sais pas. Une potion pour rendre plus gentil ? Plus humain ? Moins avare en Ă©motion ? Ou moins poilu ?
***
Quand un silence sâinstalle, on dit quâun ange passeâŠ
***
Vide. Je me sens vide et Ă©teinte. Jâai lâimpression dâĂȘtre un peu morte, moi aussi. DâĂȘtre un champ de bataille. Tout a brĂ»lĂ©, le sol est irrĂ©gulier, avec des trous bĂ©ants, des ruines Ă perte de vue. Le silence aprĂšs lâhorreur. Mais pas le calme aprĂšs la tempĂȘte, quand on se sent apaisĂ©. Moi, jâai lâimpression dâavoir sautĂ© sur une mine, dâavoir explosĂ© en mille morceaux, et de ne mĂȘme pas savoir comment je vais faire pour les rassembler, tous ses morceaux, ni si je les retrouverai tous.
***
Accordez-vous le droit de vivre votre chagrin. Il y a un temps pour tout.
***
Ce nâest pas dâintuition dont est dotĂ© Romain, mais dâattention.
***
ÒȘa fait toujours plaisir un cadeau, surtout de la part des gens quâon aime.
â
â
AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
â
Préface
J'aime l'idée d'un savoir transmis de maßtre à élÚve.
J'aime l'idĂ©e qu'en marge des "maĂźtres institutionnels" que sont parents et enseignants, d'autres maĂźtres soient lĂ pour dĂ©fricher les chemins de la vie et aider Ă y avancer. Un professeur d'aĂŻkido cĂŽtoyĂ© sur un tatami, un philosophe rencontrĂ© dans un essai ou sur les bancs d'un amphi-thĂ©Ăątre, un menuisier aux mains d'or prĂȘt Ă offrir son expĂ©rience...
J'aime l'idée d'un maßtre considérant comme une chance et un honneur d'avoir un élÚve à faire grandir. Une chance et un honneur d'assister aux progrÚs de cet élÚve. Une chance et un honneur de participer à son envol en lui offrant des ailes. Des ailes qui porteront l'élÚve bien plus haut que le maßtre n'ira jamais.
J'aime cette idée, j'y vois une des clefs d'un équilibre fondé sur la transmission, le respect et l'évolution.
Je l'aime et j'en ai fait un des axes du "Pacte des MarchOmbres".
Jilano, qui a Ă©tĂ© guidĂ© par EsĂźl, guide Ellana qui, elle-mĂȘme, guidera Salim...
Transmission.
Ellana, personnage Î combien essentiel pour moi (et pour beaucoup de mes lecteurs), dans sa complexité, sa richesse, sa volonté, ne serait pas ce qu elle est si son chemin n avait pas croisé celui de Jilano. Jilano qui a su développer les qualités qu'il décelait en elle. Jilano qui l'a poussée, ciselée, enrichie, libérée, sans chercher une seule fois à la modeler, la transformer, la contraindre. Respect. q Jilano, maßtre marchombre accompli. Maßtre accompli et marchombre accompli. Il sait ce qu'il doit à Esßl qui l'a formé. Il sait que sans elle, il ne serait jamais devenu l'homme qu'il est. L'homme accompli. Elle l'a poussé, ciselé, enrichi, libéré, sans chercher une seule fois à le modeler, le transformer, le contraindre. Respect.
Ăvolution.
Esßl, uniquement présente dans les souvenirs de Jilano, ne fait qu'effleurer la trame du Pacte des Marchombres. Nul doute pourtant qu'elle soit parvenue à faire découvrir la voie à Jilano et à lui offrir un élan nécessaire pour qu'il y progresse plus loin qu'elle.
Jilano agit de mĂȘme avec Ellana. Il sait, dĂšs le dĂ©part, qu'elle le distancera et attend ce moment avec joie et sĂ©rĂ©nitĂ©.
Ellana est en train de libérer les ailes de Salim.
Jusqu'oĂč s envolera-t-il grĂące Ă elle ?
J'aime cette idĂ©e, dans les romans et dans la vie, dâun maĂźtre transmettant son savoir Ă un Ă©lĂšve afin qu a terme il le dĂ©passe. J'aime la gĂ©nĂ©rositĂ© qu'elle induit, la confiance qu'elle implique en la capacitĂ© des hommes Ă s'amĂ©liorer.
J'aime cette idĂ©e, mĂȘme si croiser un maĂźtre est une chance rare et mĂȘme s'il existe bien d'autres maniĂšres de prendre son envol.
Lire.
Ăcrire.
S'envoler.
Pierre Bottero
â
â
Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
â
Câest fou comme la sociĂ©tĂ© nous rappelle Ă tout bout de champ le paradoxe de la libertĂ©. Sâagit-il seulement de dire ce que lâon veut, de faire ce que lâon veut, de se donner tous les droits, y compris celui de ne rien respecterâŻ? Ou ne sâagirait-il pas plutĂŽt dâautre choseâŻ? La pensĂ©e libre fait de nous des humains en conscience. La solidaritĂ© fait de nous des humains en puissance. Le savoir et lâintelligence faisant le reste,
â
â
Serge Bouchard (Un café avec Marie (French Edition))
â
[âŠ] Les interdits dans notre religion â c'est pourquoi elle est extrĂȘmement souple et simple â ne sont pas Ă©pais comme le Larousse. Ils portent uniquement sur les critĂšres de bonnes mĆurs. Par exemple, durant le ramadan, personne ne peut savoir si vous jeĂ»nez ou pas, vous pouvez parfaitement manger chez vous ; en revanche, un musulman qui dĂ©jeune dans un restaurant porte atteinte Ă l'ordre public. Dans certains pays, on Ă©tait arrivĂ© Ă une vĂ©ritable provocation, comme en Tunisie. Bourguiba, qui n'Ă©tait pourtant pas un anarchiste, dans un attachement excessif Ă la laĂŻcitĂ© que je ne m'explique pas, a demandĂ© aux gens de ne plus faire le ramadan. C'Ă©tait incroyable. Il invitait, durant cette pĂ©riode, des gens Ă dĂ©jeuner chez lui, ou encore il forçait ses soldats Ă aller prendre des verres de jus d'orange Ă midi. VoilĂ des atteintes Ă l'ordre public et aux bonnes mĆurs.
â
â
Hassan II (۰ۧÙ۱۩ Ù
ÙÙ)
â
La mort ne faisait pas souffrir. C'Ă©tait la vie, cette atroce sensation d'Ă©touffement : c'Ă©tait le dernier coup que devait lui porter la vie. Ses mains et ses pieds, dans un dernier sursaut de volontĂ©, se mirent Ă battre, Ă faire bouillonner l'eau, faiblement, spasmodiquement. Mais malgrĂ© ses efforts dĂ©sespĂ©rĂ©s, il ne pourrait jamais plus remonter ; il Ă©tait trop bas, trop loin. Il flottait languissement, bercĂ© par un flot de visions trĂšs douces. Des couleurs, une radieuse lumiĂšre l'enveloppaient, le baignaient, le pĂ©nĂ©traient. Qu'Ă©tait-ce ? On aurait dit un phare. Mais non, c'Ă©tait dans son cerveau, cette Ă©blouissante lumiĂšre blanche. Elle brillait de plus en plus resplendissante. Il y eut un long grondement, et il lui sembla glisser sur une interminable pente. Et, tout au fond, il sombra dans la nuit. Ăa, il le sut encore : il avait sombrĂ© dans la nuit. Et au moment mĂȘme oĂč il le sut, il cessa de le savoir.
â
â
Jack London (Martin Eden)
â
prevailing event today is the loss of individuation qua pauperization (cognitive impoverishment) and the growth of information to the detriment of knowledge. It is what has been analyzed, for example, as âcognitive overflow syndrome,â which, rather than facilitating decision-making (the synthesis that must follow from the analytic acquisition of knowledge), paralyzes it: information is not transformed into knowledge or savoir-faire but into an accumulation of hard data.
â
â
Bernard Stiegler (The Re-Enchantment of the World: The Value of Spirit Against Industrial Populism (Philosophy, Aesthetics and Cultural Theory))
â
On ne comprend jamais rien, ou trĂšs peu de choses ⊠Les hommes vivent un peu comme les aveugles, et gĂ©nĂ©ralement, ça leur suffit. Je dirais mĂȘme que câest ce quâils recherchent, Ă©viter les maux de tĂȘte et les vertiges, se remplir lâestomac, dormir, venir entre les cuisses de leur femme quand leur sang devient trop chaud, faire la guerre parce quâon leur dit de la faire, et puis mourir sans trop savoir ce qui les attend aprĂšs, mais en espĂ©rant tout de mĂȘme que quelque chose les attend.
â
â
Philippe Claudel (Brodeck)
â
Le faste dĂ©complexĂ©, la richesse obscĂšne, lâĂ©gocentrisme prĂ©dateur, la figure du mĂąle possĂ©dant fier de son insouciance, sont immensĂ©ment ringards aujourdâhui. Il est temps de faire savoir le ridicule de ces postures et de valoriser une certaine humilitĂ© responsable. (...) Nous sommes faits, disait Beckett, « des mots des autres », mais Ă©galement du regard de lâautre. Si la conduite dâun 4Ă4 devient un marqueur de dĂ©linquance environnementale plutĂŽt que de rĂ©ussite sociale, les choix changeront.
â
â
Aurélien Barrau (Le plus grand défi de l'histoire de l'humanité)
â
I was ignoring the American present so I could have hope for the American future. In an emerging autocracy, hope is dangerous, because hope is inextricable from time, and an enduring strategy of autocrats is to run out the clock. That was the botched institutionalist strategy that had led to the events of January 6âa strategy of inertia masquerading as patience, of smugness sold as savoir-faire. You cannot govern on hope and you cannot be governed by hope. Hope is a drug that gets you high on too many tomorrows
â
â
Sarah Kendzior (They Knew: How a Culture of Conspiracy Keeps America Complacent)
â
Je ne crois pas que les animaux sauvages puissent ĂȘtre heureux ou mĂȘme joyeux quand ils sont adultes. C'est la vie avec les hommes qui a dĂ» faire naĂźtre cette facultĂ© chez les chiens. J'aimerais savoir pourquoi nous agissons sur eux comme une drogue. C'est peut-ĂȘtre le chien qui est responsable de la folie de grandeur de l'homme. MĂȘme Ă moi, il m'est arrivĂ© de penser que je devais avoir quelque chose de particulier, quand je voyais Lynx dĂ©faillir de joie en me regardant. Mais je n'avais rien d'exceptionnel, bien sĂ»r ; Lynx Ă©tait tout simplement fou des hommes comme tous les chiens.
â
â
Marlen Haushofer (The Wall)
â
Du reste, la majoritĂ© des orientalistes ne sont et ne veulent ĂȘtre que des Ă©rudits ; tant quâils se bornent Ă des travaux historiques ou philologiques, cela nâa pas grande importance ; il est Ă©vident que des ouvrages de ce genre ne peuvent servir de rien pour atteindre le but que nous envisageons ici, mais leur seul danger, en somme, est celui qui est commun Ă tous les abus de lâĂ©rudition, nous voulons dire la propagation de cette « myopie intellectuelle » qui borne tout savoir Ă des recherches de dĂ©tail, et le gaspillage dâefforts qui pourraient ĂȘtre mieux employĂ©s dans bien des cas. Mais ce qui est beaucoup plus grave Ă nos yeux, câest lâaction exercĂ©e par ceux des orientalistes qui ont la prĂ©tention de comprendre et dâinterprĂ©ter les doctrines, et qui les travestissent de la façon la plus incroyable, tout en assurant parfois quâils les comprennent mieux que les Orientaux eux-mĂȘmes (comme Leibnitz sâimaginait avoir retrouvĂ© le vrai sens des caractĂšres de Fo-hi), et sans jamais songer Ă prendre lâavis des reprĂ©sentants autorisĂ©s des civilisations quâils veulent Ă©tudier, ce qui serait pourtant la premiĂšre chose Ă faire, au lieu de se comporter comme sâil sâagirait de reconstituer des civilisations disparues.
â
â
René Guénon (East and West)
â
[...] Pierre de la Coste : Comme par exemple Stephen Hawking dans l'un de ces derniers livres dit "j'ai pas besoin de dieu pour expliquer l'univers, il me suffit des lois de la gravitation"
Etienne Klein : Ne me faites pas rire... [...] Il a Ă©crit un livre il y a quelques annĂ©es qui s'appelle une brĂšve histoire du temps, et c'est toujours le mĂȘme truc, il fait 180 pages sur la thĂ©orie des cordes, puis derniĂšre page, Dieu arrive, on sait pas pourquoi, il arrive comme ça. Dans le premier livre, c'Ă©tait "bientĂŽt grĂące Ă la thĂ©orie des cordes, nous connaĂźtrons la pensĂ©e de Dieu" - On apprend lĂ que Dieu pense... ce qui est en soit une information thĂ©ologique de premiĂšre importance..., et puis il y a une espĂšce de naĂŻvetĂ© comme ça Ă parler de Dieu sans dire que quel Dieu on parle... Et puis lĂ dans le dernier livre que vous citez, effectivement, pareil, 180 pages sur la thĂ©orie des cordes... puis derniĂšre page, "finalement, on a pas besoin de Dieu pour crĂ©er l'univers, les lois de la gravitation ont suffit pour le faire" - mais vous voyez la naĂŻvetĂ© du truc...? Et aprĂšs ça fait la Une du Times, ça fait la Une de la presse française...
Et prenons le au sĂ©rieux, imaginons qu'effectivement, au dĂ©but entre guillemets, il n'y avait pas d'espace, pas de temps, pas de matiĂšre, pas dâĂ©nergie, pas de rayonnement, mais il y avait les lois de la gravitation...- Alors les lois de la gravitation sont lĂ , transcendantes, et "pof" elle crĂ©ent l'univers. ça veut dire que, si vous dĂ©finissez Dieu comme Ă©tant celui qui a crĂ©Ă© l'univers, vous devez admettre que les lois de la gravitation c'est Dieu... et Ă ce moment lĂ , quand vous tombez dans les escaliers, sous l'effet de la gravitation, sans le savoir vous accomplissez une action de grĂące... et donc, vous voyez cette naĂŻvetĂ© lĂ est quand mĂȘme coupable [...]
"Les Rendez-vous du futur Ătienne Klein [20m45]"
â
â
Ătienne Klein
â
dâĂȘtre pris au sĂ©rieux la prochaine fois, ou dâĂȘtre considĂ©rĂ© comme dangereux. Et ne vous trompez pas : ĂȘtre pris au sĂ©rieux, ĂȘtre considĂ©rĂ© comme dangereux est la SEULE diffĂ©rence Ă leurs yeux entre les joueurs et les petits. Ils passeront des marchĂ©s avec des joueurs. Ils liquideront les petits. Et vous verrez : ils enroberont votre liquidation, votre dĂ©mĂ©nagement, votre torture, votre exĂ©cution brutale de la pire justification qui soit : « Les affaires sont les affaires ; tout ça est politique ; câest ainsi que tourne le monde, la vie est dure et NâY VOYEZ RIEN DE PERSONNEL. » Quâils aillent se faire mettre. Rendez lâaffaire personnelle. Quellcrist Falconer Tout ce que je devrais dĂ©jĂ savoir, volume ii
â
â
Richard K. Morgan (Carbone modifié (Takeshi Kovacs, #1))
â
L'Art dâavoir toujours raison La dialectique 1 Ă©ristique est lâart de disputer, et ce de telle sorte que lâon ait toujours raison, donc per fas et nefas (câest-Ă -dire par tous les moyens possibles)2. On peut en effet avoir objectivement raison quant au dĂ©bat lui-mĂȘme tout en ayant tort aux yeux des personnes prĂ©sentes, et parfois mĂȘme Ă ses propres yeux. En effet, quand mon adversaire rĂ©fute ma preuve et que cela Ă©quivaut Ă rĂ©futer mon affirmation elle-mĂȘme, qui peut cependant ĂȘtre Ă©tayĂ©e par dâautres preuves â auquel cas, bien entendu, le rapport est inversĂ© en ce qui concerne mon adversaire : il a raison bien quâil ait objectivement tort. Donc, la vĂ©ritĂ© objective dâune proposition et la validitĂ© de celle-ci au plan de lâapprobation des opposants et des auditeurs sont deux choses bien distinctes. (C'est Ă cette derniĂšre que se rapporte la dialectique.) DâoĂč cela vient-il ? De la mĂ©diocritĂ© naturelle de lâespĂšce humaine. Si ce nâĂ©tait pas le cas, si nous Ă©tions fonciĂšrement honnĂȘtes, nous ne chercherions, dans tout dĂ©bat, quâĂ faire surgir la vĂ©ritĂ©, sans nous soucier de savoir si elle est conforme Ă lâopinion que nous avions dâabord dĂ©fendue ou Ă celle de lâadversaire : ce qui nâaurait pas dâimportance ou serait du moins tout Ă fait secondaire. Mais câest dĂ©sormais lâessentiel. La vanitĂ© innĂ©e, particuliĂšrement irritable en ce qui concerne les facultĂ©s intellectuelles, ne veut pas accepter que notre affirmation se rĂ©vĂšle fausse, ni que celle de lâadversaire soit juste. Par consĂ©quent, chacun devrait simplement sâefforcer de nâexprimer que des jugements justes, ce qui devrait inciter Ă penser dâabord et Ă parler ensuite. Mais chez la plupart des hommes, la vanitĂ© innĂ©e sâaccompagne dâun besoin de bavardage et dâune malhonnĂȘtetĂ© innĂ©e. Ils parlent avant dâavoir rĂ©flĂ©chi, et mĂȘme sâils se rendent compte aprĂšs coup que leur affirmation est fausse et quâils ont tort, il faut que les apparences prouvent le contraire. Leur intĂ©rĂȘt pour la vĂ©ritĂ©, qui doit sans doute ĂȘtre gĂ©nĂ©ralement lâunique motif les guidant lors de lâaffirmation dâune thĂšse supposĂ©e vraie, sâefface complĂštement devant les intĂ©rĂȘts de leur vanitĂ©Â : le vrai doit paraĂźtre faux et le faux vrai.
â
â
Arthur Schopenhauer (L'art d'avoir toujours raison (La Petite Collection))
â
Il eut mĂȘme le temps de comparer les mĂ©rites respectifs de l'une et de l'autre et de faire ce choix sans consĂ©quence pratique que font presque toujours les hommes en regardant les femmes. Darenski, qui cherchait Ă mettre la main sur le commandant de l'armĂ©e, qui se demandait si celui-ci lui donnerait les chiffres dont il avait besoin, qui se demandait oĂč il pourrait trouver Ă manger et Ă dormir, qui aurait aimĂ© savoir si la division oĂč il devait se rendre n'Ă©tait pas trop Ă©loignĂ©e et si la route qui y menait n'Ă©tait pas trop mauvaise, Darenski, donc, eut le temps de se dire pour la forme (mais quand mĂȘme pas seulement pour la forme): 'Celle-lĂ !' Et il advint qu'il n'alla pas chez le chef de l'Ă©tat-major mais resta Ă jouer aux cartes.
â
â
Vasily Grossman
â
tu n'es peut ĂȘtre pas son premier,son dernier ou son unique. Elle a aimĂ© avant,elle pourra aimer Ă nouveau. Mais si elle t'aimes maintenant qu'est ce qui importe? Elle n'est pas parfaite,toi non plus.Et vous ne serez peut ĂȘtre jamais parfaits ensembles,mais si elle peut te faire rire,rĂ©flĂ©chir deux fois et qu'elle admet qu'elle est humaine et qu'elle fait des erreurs. Accroche toi Ă elle et donne lui tout ce que tu as Ă donner.Elle peut ne pas penser Ă toi chaque seconde de sa journĂ©e. Mais elle te donnera un part d'elle qu'elle sait que tu pourrais briser son coeur. Donc ne la blesse pas,ne l'analyse pas et n'attend pas d'elle plus que ce qu'elle peut t'offrir. Souris quand elle te rend heureux,fais lui savoir quand elle te déçoit,et qu'elle te manque quand elle n'est pas lĂ .
â
â
Abir Berrahal
â
L'optimisme est contagieux.
Si c'etait le cas, il suffirait d'aller jusqu'a la personne aimee avec un immense sourire, pleine de projets et d'idees, et de savoir comment les presenter.
Cela fonctionne-il? Non.
Ce qui est contagieux, c'est la peur, la frayeur constante de ne jamais rencontrer quelqu'un qui nous accompagne jusqu'a la fin de nos jours. Et au nom de cette peur, nous sommes capables de faire n'importe quoi, d'accepter la mauvaise personne et de nous convaincre qu'elle est la bonne, l'unique, celle que Dieu a mise sur notre chemin. En tres peu de temps, la recherche de la securite se transforme en amour sincere, les choses sont moins ameres et difficiles, et nos sentiments peuvent etre mis dans une boite et repousses au fond d'une armoire dans notre tete, ou elle restera cachee et invisible a tout jamais.
â
â
null
â
Ayant entendu pendant la nuit des bruits étranges dans la cage d'escalier, elle acheta le lendemain au marché noir un 7 x 57 mm Mauser et des munitions et annonça à son mari, qui la regardait en fronçant les sourcils, qu'elle abattrait sans sommation tout inconnu qui franchirait le seuil de son appartement sans son autorisation. Quand Léon lui fit remarquer qu'un pistolet accroché au mur au premier acte devait servir à faire feu au second acte, elle haussa les épaules en répliquant que la vraie vie obéissait à d'autres lois que les piÚces de théùtres russes. Et quand il voulut savoir pourquoi elle avait choisi précisément une arme allemande, elle lui répondit que les inspecteurs allemands, s'ils trouvaient des balles allemandes dans un cadavre allemand, chercheraient trÚs probablement le coupable parmi les Allemands.
â
â
Alex Capus (LĂ©on und Louise)
â
1837, cette annĂ©e capitale sur le plan mondial, oĂč pour la premiĂšre fois le tĂ©lĂ©graphe rend simultanĂ©es les expĂ©riences humaines jusquâalors isolĂ©es, nâest en gĂ©nĂ©ral mĂȘme pas mentionnĂ©e dans nos livres de classe, qui continuent malheureusement Ă juger plus important de raconter les guerres et les victoires de quelques gĂ©nĂ©raux et de quelques nations, plutĂŽt que les vĂ©ritables triomphes de lâhumanitĂ© â ceux qui sont collectifs. Et pourtant aucune date de lâhistoire contemporaine ne peut se comparer quant Ă sa portĂ©e psychologique Ă celle-ci, oĂč est intervenue cette mutation de la valeur du temps. Le monde est transformĂ© depuis quâil est possible de savoir Ă Paris ce qui se passe Ă la minute mĂȘme Ă Moscou, Ă Naples et Ă Lisbonne. Il ne reste plus quâun dernier pas Ă faire, et les autres continents seront eux aussi intĂ©grĂ©s Ă ce grandiose ensemble, et lâon aura crĂ©Ă© une conscience commune Ă lâhumanitĂ© tout entiĂšre.
â
â
Stefan Zweig (Decisive Moments in History: Twelve Historical Miniatures)
â
J'aurais voulu lui dire que je me sentais comme abimĂ©. Que j'existais sans vivre vraiment. Que des fois j'Ă©tais vide et des je fois je bouillonnais a lâintĂ©rieur, que j'Ă©tais sous pression, prĂȘt a Ă©clater. Que je ressentais plusieurs choses a la fois, comment dire? Que ça grouillait de pensĂ©es dans mon cerveau. Qu'il y avait une sorte d'impatience, comme l'envie de passer Ă autre chose, quelque chose qui serait bien bien mieux que maintenant, sans savoir ce qui allait mal ni ce qui serait mieux. Que j'avais peur de pas y arriver, peur de pas pouvoir tenir jusque lĂ . De ne jamais ĂȘtre assez fort pour survivre à ça, et que quand je disais "ça", je ne savais mĂȘme pas de quoi je parlais. Que j'arrivais pas Ă gĂ©rer tout ce qu'il y avait dans ma tĂȘte. Que j'avais toujours l'impression d'ĂȘtre en danger, un danger permanent, de tous les cotĂ©s oĂč je regardais, d'ĂȘtre sur le point de me noyer. Comme si Ă l'intĂ©rieur de moi le niveau montait et que j'allais ĂȘtre submergĂ©. Mais j'ai pas pu lui dire. J'ai dĂ©gluti et j'ai dit ça va aller, merci. C'Ă©tait plus facile.
â
â
Claire-Lise Marguier (Le faire ou mourir)
â
l'inĂ©galitĂ© majeure entre les humains, celle qui les sĂ©pare de la maniĂšre la plus irrĂ©mĂ©diable, celle Ă laquelle le progrĂšs, l'Histoire, la bonne volontĂ© des uns ou des autres, ne peuvent, pour l'heure, Ă peu prĂšs rien, ce n'est ni la fortune, ni le savoir, ni le pouvoir, ni le savoir-pouvoir, ni aucune des autres grĂąces que dispensent la nature ou le monde, mais cet autre partage qui, dans les situations de dĂ©tresse extrĂȘme, distingue ceux qui ont la chance de pouvoir s'en aller et ceux qui savent qu'ils vont rester. Les alliĂ©s des damnĂ©s d'un cĂŽtĂ© ; les amis du Job moderne ; les compagnons d'un jour ou de quelques jours ; les infiltrĂ©s ; les mercenaires du Bien ; tous ces bienheureux qui, quelque part qu'ils prennent Ă la souffrance des autres, quelque ardeur qu'ils mettent Ă militer, sympathiser, se faire les porte-voix des sans-voix, aller sur le terrain, crapahuter, les suivre dans leurs tranchĂ©es, sous leurs bombes, le font tout en sachant qu'il y a cette petite diffĂ©rence qui change tout : ils partiront, eux, quand ils voudront... (ch. 15
Arendt, Sarajevo : qu'est-ce qu'ĂȘtre damnĂ© ?)
â
â
Bernard-Henri LĂ©vy (War, Evil, and the End of History)
â
Certains jours, travaillant aux MystĂšres de messieurs, j'avais envie d'allĂ©ger la planĂšte des neuf dixiĂšmes de ses phallophores - qui, par leur insĂ©curitĂ© permanente, leur incertitude d'ĂȘtre (Pour qui tu te prends ? phrase masculine par excellence), leur passion pour les armes, leur rivalitĂ©, leur goĂ»t du pouvoir, leurs bagarres et magouilles de toutes sortes, conduisent notre espĂšce droit Ă l'extinction, d'autres jours au contraire j'avais envie de les remercier Ă genoux car ils ont inventĂ© la roue et le canoĂ«, l'alphabet et l'appareil photo, Ă©laborĂ© les sciences composĂ© les musiques Ă©crit les livres peint les tableaux bĂąti les palais les Ă©glises les mosquĂ©es les ponts les barrages et les routes, travaillĂ© sans compter, durement et modestement, dĂ©ployant leur force, leur patience, leur Ă©nergie et leur savoir-faire dans les champs de mine usines ateliers bibliothĂšques universitĂ©s et laboratoires du monde entier. Oh ! hommes merveilleux, anonymes et innombrables, souffrant et vous dĂ©vouant, jour aprĂšs jour, siĂšcle aprĂšs siĂšcle pour nous faire vivre un peu mieux, avec un peu plus de confort et de beautĂ© et de sens... que je vous aime !
â
â
Nancy Huston (Infrarouge)
â
S'il est bon de savoir employer les hommes tels qu'ils sont, il vaut beaucoup mieux encore les rendre tels qu'on a besoin qu'ils soient; l'autoritĂ© la plus absolue est celle qui pĂ©nĂštre jusqu'Ă l'intĂ©rieur de l'homme, et ne s'exerce pas moins sur la volontĂ© que sur les actions. [...] Formez donc des hommes si vous voulez commander Ă des hommes : si vous voulez qu'on obĂ©isse aux lois, faites qu'on les aime, et que pour faire ce qu'on doit, il suffise de songer qu'on le doit faire. C'Ă©tait lĂ le grand art des gouvernements anciens, dans ces temps reculĂ©s oĂč les philosophes donnaient des lois aux peuples, et n'employaient leur autoritĂ© qu'Ă les rendre sages et heureux. De lĂ tant de lois somptuaires, tant de rĂšglements sur les mĆurs, tant de maximes publiques admises ou rejetĂ©es avec le plus grand soin. Les tyrans mĂȘmes n'oubliaient pas cette importante partie de l'administration, et on les voyait attentifs Ă corrompre les mĆurs de leurs esclaves avec autant de soin qu'en avaient les magistrats Ă corriger celles de leurs concitoyens. Mais nos gouvernements modernes qui croient avoir tout fait quand ils ont tirĂ© de l'argent, n'imaginent pas mĂȘme qu'il soit nĂ©cessaire ou possible d'aller jusque-lĂ .
â
â
Jean-Jacques Rousseau (A Discourse on Political Economy)
â
Comment se fait-il que l'humanitĂ©, en dĂ©pit de ressources planĂ©taires suffisantes et de ses prouesses technologiques sans prĂ©cĂ©dent, ne parvienne pas Ă faire en sorte que chaque ĂȘtre humain puisse se nourrir, se vĂȘtir, s'abriter, se soigner et dĂ©velopper les potentiels nĂ©cessaires Ă son accomplissement?
Comment se fait-il que la moitié du genre humain, constituée par le monde féminin, soit toujours subordonnée à l'arbitraire d'un masculin outrancier et violent?
Comment se fait-il que le monde animal, Ă savoir les crĂ©atures compagnes de notre destin et auxquelles nous devons mĂȘme notre propre survie Ă travers l'histoire, soit ravalĂ© dans notre sociĂ©tĂ© d'hyperconsommation Ă des masses ou Ă des fabriques de protĂ©ines.
Comment les mammifĂšres bipĂšdes auxquels j'appartiens ont-ils pu se croire le droit d'exercer dâinnombrables exactions sur le monde animal, domestique ou sauvage?
Comment se fait-il que nous n'ayons pas pris conscience de la valeur inestimable de notre petite planÚte, seule oasis de vie au sein d'un désert sidéral infini, et que nous ne cessions de la piller, de la polluer, de la détruire aveuglément au lieu d'en prendre soin et d'y construire la paix et la concorde entre les peuples?
â
â
Pierre Rabhi (La part du colibri: L'EspĂšce humaine face Ă son devenir)
â
Et toujours ces questions si naturelles, anodines en apparence, ça marche toujours avec lui ? Est-ce que tu comptes te marier ? La dĂ©solation de mes parents devant une situation incertaine, "on aimerait bien savoir oĂč ça va te mener tout ça". ObligĂ© que l'amour mĂšne quelque part. Leur peine sourde aussi. Ce serait tellement plus agrĂ©able, plus tranquille pour eux de voir se dĂ©rouler l'histoire habituelle, les faire-part dans le journal, les questions auxquelles on rĂ©pond avec fiertĂ©, un jeune homme de Bordeaux, bientĂŽt professeur, l'Ă©glise, la mairie, le mĂ©nage qui se "monte", les petits-enfants. Je les prive des espĂ©rances traditionnelles. L'affolement de ma mĂšre quand elle apprend, tu couches avec, si tu continues tu vas gĂącher ta vie. Pour elle, je suis en train de me faire rouler, des tonnes de romans qui ressortent, filles sĂ©duites qu'on n'Ă©pouse pas, abandonnĂ©es avec un mĂŽme. Un combat tannant toutes les semaines entre nous deux. Je ne sais pas encore qu'au moment oĂč l'on me pousse Ă liquider ma libertĂ©, ses parents Ă lui jouent un scĂ©nario tout aussi traditionnel mais inverse, "tu as bien le temps d'avoir un fil Ă la patte, ne te laisse pas mettre le grappin dessus !", bien chouchoutĂ©e la libertĂ© des mĂąles.
â
â
Annie Ernaux (A Frozen Woman)
â
Oui, la vie mâa traversĂ©e, je nâai pas rĂȘvĂ©, ces hommes, des milliers, dans mon lit, dans ma bouche, je nâai rien inventĂ© de leur sperme sur moi, sur ma figure, dans mes yeux, jâai tout vu et ça continue encore, tous les jours ou presque, des bouts dâhomme, leur queue seulement, des bouts de queue qui sâĂ©meuvent pour je ne sais quoi car ce nâest pas de moi quâils bandent, ça nâa jamais Ă©tĂ© de moi, câest de ma putasserie, du fait que je suis lĂ pour ça, les sucer, les sucer encore, ces queues qui sâenfilent les unes aux autres comme si jâallais les vider sans retour, faire sortir dâelles une fois pour toutes ce quâelles ont Ă Â dire, et puis de toute façon je ne suis pour rien dans ces Ă©panchements, ça pourrait ĂȘtre une autre, mĂȘme pas une putain mais une poupĂ©e dâair, une parcelle dâimage cristallisĂ©e, le point de fuite dâune bouche qui sâouvre sur eux tandis quâils jouissent de lâidĂ©e quâils se font de ce qui fait jouir, tandis quâils sâaffolent dans les draps en faisant apparaĂźtre çà et lĂ Â un visage grimaçant, des mamelons durcis, une fente trempĂ©e et agitĂ©e de spasmes, tandis quâils tentent de croire que ces bouts de femme leur sont destinĂ©s et quâils sont les seuls à savoir les faire parler, les seuls Ă Â pouvoir les faire plier sous le dĂ©sir quâils ont de les voir plier.
â
â
Nelly Arcan (Putain)
â
Prenez garde, mon enfant, Ă ce qui se passe dans votre cĆur, dit le curĂ© fronçant le sourcil : je vous fĂ©licite de votre vocation, si c'est Ă elle seule que vous devez le mĂ©pris d'une fortune plus que suffisante. Il y a cinquante-six ans sonnĂ©s que je suis curĂ© de VerriĂšres, et cependant, suivant toute apparence, je vais ĂȘtre destituĂ©. Ceci m'afflige, et toutefois j'ai huit cents livres de rente. Je vous fais part de ce dĂ©tail afin que vous ne vous fassiez pas d'illusions sur ce qui vous attend dans l'Ă©tat de prĂȘtre. Si vous songez Ă faire la cour aux hommes qui ont la puissance, votre perte Ă©ternelle est assurĂ©e. Vous pourrez faire fortune, mais il faudra nuire aux misĂ©rables, flatter le sous-prĂ©fet, le maire, l'homme considĂ©rĂ©, et servir ses passions : cette conduite, qui dans le monde s'appelle savoir-vivre, peut, pour un laĂŻque, n'ĂȘtre pas absolument incompatible avec le salut ; mais, dans notre Ă©tat, il faut opter ; il s'agit de faire fortune dans ce monde ou dans l'autre, il n'y a pas de milieu. Allez, mon cher ami, rĂ©flĂ©chissez, et revenez dans trois jours me rendre une rĂ©ponse dĂ©finitive. J'entrevois avec peine, au fond de votre caractĂšre, une ardeur sombre qui ne m'annonce pas la modĂ©ration et la parfaite abnĂ©gation des avantages terrestres nĂ©cessaires Ă un prĂȘtre ; j'augure bien de votre esprit ; mais, permettez-moi de vous le dire, ajouta le bon curĂ©, les larmes aux yeux, dans l'Ă©tat de prĂȘtre, je tremble pour votre salut.
â
â
Stendhal (The Red and the Black)
â
Les gens ont peur dâĂȘtre bannis socialement ou obligĂ©s de quitter le pays. Il y a des lignes rouges que personne nâose dĂ©passer, sur lesquelles veillent lâEtat et les oulĂ©mas. Je me souviens de la virulence avec laquelle un alem de lâEstablishment avait excommuniĂ© le philosophe Mohamed Aziz Lahbabi. Celui-ci mâavait appelĂ© pour me demander de raisonner le alem en question. « Dis-lui que je fais mes priĂšres, que je ne suis pas un mĂ©crĂ©ant ». Jâai eu Ă faire moi-mĂȘme Ă un alem, le jour oĂč il mâa conviĂ©, sur le ton de la dĂ©fiance, Ă un dĂ©bat sur la culture musulmane. Il Ă©tait question, au dĂ©part, quâAbdellah Laroui et Mehdi Mandjera soient Ă mes cĂŽtĂ©s pour confronter nos idĂ©es avec cinq oulĂ©mas de la vieille Ă©cole. Jâai essayĂ© finalement de mâen sortir tout seul, sans mâĂ©loigner de la logique coranique. A vrai dire, je me sens obligĂ©, en tant que dĂ©fenseur dâune laĂŻcitĂ© tolĂ©rante, dâacquĂ©rir continuellement des connaissances religieuses prĂ©cises. En fait, entre 1968 et 1972, je me suis sĂ©rieusement penchĂ© sur lâexĂ©gĂšse du Coran, dont lâune des versions les plus exhaustives en 10 volumes que jâai lue quatre fois. Peu importe Ă quel degrĂ© de croyance je me situais, je voulais mâinstruire. Dans la foulĂ©e, jâai dĂ©cidĂ© de prendre une posture dâavocat sans prĂ©jugĂ©, se proposant de dĂ©fendre un client sans savoir sâil avait raison ou tort. Et en lâoccurrence, je me suis fait lâavocat de lâIslam. Or, un avocat ne peut que donner raison Ă son client. Jâai alors Ă©crit mon livre, Ce que dit le muezzin. Me suis-je convaincu moi-mĂȘme, Ă lâarrivĂ©e ? En tout cas, jâai au moins rendu hommage Ă la religion dans laquelle jâavais Ă©tĂ© Ă©levĂ©.
[Interview Economia, Octobre 2010]
â
â
Mohammed Chafik
â
En honorant l'école à l'excÚs, c'est toi [l'élÚve excellent] que tu flattes en douce, tu te poses plus ou moins consciemment en élÚve idéal. Ce faisant, tu masques les innombrables paramÚtres qui nous font tellement inégaux dans l'acquisition du savoir : circonstances, entourage, pathologies, tempérament⊠Ah ! l'énigme du tempérament !
« Je dois tout à l'école de la République ! »
Serait-ce que tu voudrais faire passer tes aptitudes pour des vertus ? (Les unes et les autres n'Ă©tant d'ailleurs pas incompatiblesâŠ) RĂ©duire ta rĂ©ussite Ă une question de volontĂ©, de tĂ©nacitĂ©, de sacrifice, c'est ça que tu veux ? Il est vrai que tu fus un Ă©lĂšve travailleur et persĂ©vĂ©rant, et que le mĂ©rite t'en revient, mais c'est, aussi, pour avoir joui trĂšs tĂŽt de ton aptitude Ă comprendre, Ă©prouvĂ© dĂšs tes premiĂšres conforntations au travail scolaire la joie immense d'avoir compris, et que l'effort portait en lui-mĂȘme la promesse de cette joie ! Ă l'heure oĂč je m'asseyais Ă ma table Ă©crasĂ© par la conviction de mon idiotie, tu t'installais Ă la tienne vibrant d'impatience, impatience de passer Ă autre chose aussi, car ce problĂšme de math sur lequel je m'endormais tu l'expĂ©diais, toi, en un tournemain. Nos devoirs, qui Ă©taient les tremplins de ton esprit, Ă©taient les sables mouvants oĂč s'enlisait le mien. Ils te laissaient libre comme l'air, avec la satisfaction du devoir accompli, et moi hĂ©bĂ©tĂ© d'ignorance, maquillant un vague brouillon en copie dĂ©finitive, Ă grand renfort de traits soigneusement tirĂ©s qui ne trompaient personne. Ă l'arrivĂ©e, tu Ă©tais le travailleur, j'Ă©tais le paresseux. C'Ă©tait donc ça, la paresse ? Cet enlisement en soi-mĂȘme ? Et le travail, qu'Ă©tait-ce donc ? Comment s'y prenaient-ils, ceux qui travaillaient bien ? OĂč puisaient-ils cette force ? Ce fut l'Ă©nigme de mon enfance. L'effort, oĂč je m'anĂ©antissais, te fut d'entrĂ©e de jeu un gage d'Ă©panouissement. Nous ignorions toi et moi qu'« il faut rĂ©ussir pour comprendre », selon le mot si clair de Piaget, et que nous Ă©tions, toi comme moi, la vivante illustration de cet axiome. (p. 271-272)
â
â
Daniel Pennac (Chagrin d'Ă©cole)
â
_ Pourquoi sont-ils si méprisants ? demanda Chloé. Ce n'est pas tellement bien de travailler...
_ On leur a dit que câĂ©tait bien, dit Colin. En gĂ©nĂ©ral, on trouve ça bien. En fait, personne ne le pense. On le fait par habitude et pour ne pas y penser, justement.
_ En tout cas, c'est idiot de faire un travail que des machines pourraient faire.
_ Il faut construire des machines, dit Colin. Qui le fera?
_ Oh! Evidemment, dit ChloĂ©. Pour faire un Ćuf, il faut une poule, mais, une fois qu'on a la poule, on peut avoir des tas dâĆufs. Il vaut donc mieux commencer par la poule.
_ Il faudrait savoir, dit Colin, qui empĂȘche de faire des machines. C'est le temps qui doit manquer. Les gens perdent leur temps Ă vivre, alors, il ne leur en reste plus pour travailler.
_ Ce n'est pas plutÎt le contraire? dit Chloé.
_ Non, dit Colin. S'ils avaient le temps de construire les machines, aprĂšs ils n'auraient plus besoin de rien faire. Ce que je veux dire c'est qu'ils travaillent pour vivre au lieu de travailler Ă construire des machines qui les feraient vivre sans travailler.
_ C'est compliqué, estima Chloé.
_ Non, dit Colin. C'est trĂšs simple. Ăa devrait, bien entendu, venir progressivement. Mais, on perd tellement de temps Ă faire des choses qui s'usent...
- Mais, tu crois qu'ils n'aimeraient pas mieux rester chez eux et embrasser leur femme et aller Ă la piscine et aux divertissements?
- Non, dit Colin. Parce qu'ils n'y pensent pas.
- Mais est-ce que c'est leur faute si ils croient que c'est bien de travailler?
- Non, dit Colin, ce n'est pas leur faute. C'est parce qu'on leur a dit : « Le travail, c'est sacré, c'est bien, c'est beau, c'est ce qui compte avant tout, et seuls les travailleurs ont droit à tout. » Seulement, on s'arrange pour les faire travailler tout le temps et alors ils ne peuvent pas en profiter.
_ Mais, alors, ils sont bĂȘtes? dit ChloĂ©.
_ Oui, ils sont bĂȘtes, dit Colin. C'est pour ça qu'ils sont d'accord avec ceux qui leur font croire que le travail c'est ce qu'il y a de mieux. Ăa leur Ă©vite de rĂ©flĂ©chir et de chercher Ă progresser et Ă ne plus travailler.
â
â
Boris Vian (L'Ăcume des jours)
â
IV
-Oh ! comme ils sont goulus ! dit la mĂšre parfois. Il faut leur donner tout, les cerises des bois, Les pommes du verger, les gĂąteaux de la table; S'ils entendent la voix des vaches dans l'Ă©table Du lait ! vite ! et leurs cris sont comme une forĂȘt De Bondy quand un sac de bonbons apparaĂźt. Les voilĂ maintenant qui rĂ©clament la lune ! Pourquoi pas ? Le nĂ©ant des gĂ©ants m'importune; Moi j'admire, Ă©bloui, la grandeur des petits. Ah ! l'Ăąme des enfants a de forts appĂ©tits, Certes, et je suis pensif devant cette gourmande Qui voit un univers dans l'ombre, et le demande. La lune ! Pourquoi pas ? vous dis-je. Eh bien, aprĂšs ? Pardieu ! si je l'avais, je la leur donnerais. C'est vrai, sans trop savoir ce qu'ils en pourraient faire, Oui, je leur donnerais, lune, ta sombre sphĂšre, Ton ciel, d'oĂč Swedenborg n'est jamais revenu, Ton Ă©nigme, ton puits sans fond, ton inconnu ! Oui, je leur donnerais, en disant: Soyez sages ! Ton masque obscur qui fait le guet dans les nuages, Tes cratĂšres tordus par de noirs aquilons, Tes solitudes d'ombre et d'oubli, tes vallons, Peut-ĂȘtre heureux, peut-ĂȘtre affreux, Ă©dens ou bagnes, Lune, et la vision de tes pĂąles montagnes. Oui, je crois qu'aprĂšs tout, des enfants Ă genoux Sauraient mieux se servir de la lune que nous; Ils y mettraient leurs voeux, leur espoir, leur priĂšre; Ils laisseraient mener par cette aventuriĂšre Leurs petits coeurs pensifs vers le grand Dieu profond. La nuit, quand l'enfant dort, quand ses rĂȘves s'en vont, Certes, ils vont plus loin et plus haut que les nĂŽtres. Je crois aux enfants comme on croyait aux apĂŽtres; Et quand je vois ces chers petits ĂȘtres sans fiel Et sans peur, dĂ©sirer quelque chose du ciel, Je le leur donnerais, si je l'avais. La sphĂšre Que l'enfant veut, doit ĂȘtre Ă lui, s'il la prĂ©fĂšre. D'ailleurs, n'avez-vous rien au delĂ de vos droits ? Oh ! je voudrais bien voir, par exemple, les rois S'Ă©tonner que des nains puissent avoir un monde ! Oui, je vous donnerais, anges Ă tĂȘte blonde, Si je pouvais, Ă vous qui rĂ©gnez par l'amour, Ces univers baignĂ©s d'un mystĂ©rieux jour, Conduits par des esprits que l'ombre a pour ministres, Et l'Ă©norme rondeur des planĂštes sinistres. Pourquoi pas  ? Je me fie Ă vous, car je vous vois, Et jamais vous n'avez fait de mal. Oui, parfois, En songeant Ă quel point c'est grand, l'Ăąme innocente, Quand ma pensĂ©e au fond de l'infini s'absente, Je me dis, dans l'extase et dans l'effroi sacrĂ©, Que peut-ĂȘtre, lĂ -haut, il est, dans l'IgnorĂ©, Un dieu supĂ©rieur aux dieux que nous rĂȘvĂąmes, Capable de donner des astres Ă des Ăąmes.
â
â
Victor Hugo (L'Art d'ĂȘtre grand-pĂšre)
â
La diffĂ©rence entre la psychologie moderne et la psychologie sacrĂ©e apparaĂźt dĂ©jĂ dans le fait que, pour la plupart des psychologues modernes, la morale n'a plus rien Ă faire avec la psychologie. GĂ©nĂ©ralement, ils rĂ©duisent l'Ă©thique Ă la morale sociale, plus ou moins forgĂ©e par de simples habitudes et la considĂšrent comme une sorte de barrage psychique, utile Ă l'occasion, mais le plus souvent contraignant, voire nĂ©faste, pour l'Ă©panouissement « normale » de la psychĂš individuelle. Cette conception a surtout Ă©tĂ© propagĂ©e par la psychanalyse freudienne, qui, comme on le sait, est devenu d'un usage courant dans certains pays, oĂč elle joue pratiquement le rĂŽle qui revient ailleurs au sacrement de la confession. Le psychiatre remplace le prĂȘtre et l'Ă©clatement des instincts refoulĂ©s sert d'absolution. Dans la confession sacramentelle, le prĂȘtre n'est que le reprĂ©sentant impersonnel â et donc tenu au secret â de la VĂ©ritĂ© divine, qui Ă la fois juge et pardonne ; en confessant ses fautes, le pĂ©cheur transforme les tendances qui les sous-tendent en quelque chose qui n'est plus « lui-mĂȘme » ; il les « objectivise » ; en se repentant, il s'en dĂ©tache, et en recevant l'absolution, son Ăąme retrouve son Ă©quilibre initial, centrĂ© sur son axe divin. Dans le cas de la psychanalyse freudienne, en revanche (1), l'homme met Ă nu ses entrailles psychiques non pas devant Dieu, mais devant son prochain ; il ne prend pas de recul par rapport aux fonds chaotiques et obscurs de son Ăąme que l'analyse lui dĂ©voile, mais au contraire se les approprie, puisqu'il doit se dire Ă lui-mĂȘme : « C'est ainsi que je suis fait en rĂ©alitĂ© ». Et s'il ne parvient pas Ă surmonter cette dĂ©sillusion avilissante grĂące Ă quelque influence salutaire, il en conserve comme une souillure intĂ©rieure. Dans la plupart des cas, il tente de se sauver en se plongeant dans la mĂ©diocritĂ© psychique du plus grand nombre, car on supporte mieux son propre avilissement en le partageant avec autrui. Quelle que puisse ĂȘtre l'utilitĂ© occasionnelle et partielle d'une telle analyse, son rĂ©sultat est gĂ©nĂ©ralement celui-lĂ , Ă©tant donnĂ© les prĂ©misses dont elle part.(2)
(1) Cette prĂ©cision est nĂ©cessaire dans la mesure oĂč il existe Ă©galement aujourd'hui des formes plus inoffensives de psychanalyse, ce qui ne veut pas dire que nous entendons par lĂ justifier une forme quelconque de psychanalyse.
(2) Il y a une rĂšgle selon laquelle quiconque pratique la psychanalyse doit auparavant avoir subi lui-mĂȘme la psychanalyse. D'oĂč la question de savoir qui a inaugurĂ© cette sĂ©rie, qui imite Ă©trangement la « succession apostolique ».
â
â
Titus Burckhardt (Science moderne et Sagesse traditionnelle)
â
Comme l'impĂŽt est obligatoire pour tous, qu'ils votent ou non, une large proportion de ceux qui votent le font sans aucun doute pour Ă©viter que leur propre argent ne soit utilisĂ© contre eux; alors que, en fait, ils se fussent volontiers abstenus de voter, si par lĂ ils avaient pu Ă©chapper ne serait-ce qu'Ă l'impĂŽt, sans parler de toutes les autres usurpations et tyrannies du gouvernement. Prendre le bien d'un homme sans son accord, puis conclure Ă son consentement parce qu'il tente, en votant, d'empĂȘcher que son bien ne soit utilisĂ© pour lui faire tort, voilĂ une preuve bien insuffisante de son consentement Ă soutenir la Constitution. Ce n'est en rĂ©alitĂ© aucunement une preuve.
Puisque tous les hommes qui soutiennent la Constitution en votant (pour autant qu'il existe de tels hommes) le font secrÚtement (par scrutin secret), et de maniÚre à éviter toute responsabilité personnelle pour l'action de leurs agents ou représentants, on ne saurait dire en droit ou en raison qu'il existe un seul homme qui soutienne la Constitution en votant.
Puisque tout vote est secret (par scrutin secret), et puisque tout gouvernement secret est par nécessité une association secrÚte de voleurs, tyrans et assassins, le fait général que notre gouvernement, dans la pratique, opÚre par le moyen d'un tel vote prouve seulement qu'il y a parmi nous une association secrÚte de voleurs, tyrans et assassins, dont le but est de voler, asservir et -- s'il le faut pour accomplir leurs desseins -- assassiner le reste de la population. Le simple fait qu'une telle association existe ne prouve en rien que "le peuple des Etats-Unis", ni aucun individu parmi ce peuple, soutienne volontairement la Constitution.
Les partisans visibles de la Constitution, comme les partisans visibles de la plupart des autres gouvernements, se rangent dans trois catĂ©gories, Ă savoir: 1. Les scĂ©lĂ©rats, classe nombreuse et active; le gouvernement est pour eux un instrument qu'ils utiliseront pour s'agrandir ou s'enrichir; 2. Les dupes -- vaste catĂ©gorie, sans nul doute, dont chaque membre, parce qu'on lui attribue une voix sur des millions pour dĂ©cider ce qu'il peut faire de sa personne et de ses biens, et parce qu'on l'autorise Ă avoir, pour voler, asservir et assassiner autrui, cette mĂȘme voix que d'autres ont pour le voler, l'asservir et l'assassiner, est assez sot pour imaginer qu'il est "un homme libre", un "souverain"; assez sot pour imaginer que ce gouvernement est "un gouvernement libre", "un gouvernement de l'Ă©galitĂ© des droits", "le meilleur gouvernement qu'il y ait sur terre", et autres absurditĂ©s de ce genre; 3. Une catĂ©gorie qui a quelque intelligence des vices du gouvernement, mais qui ou bien ne sait comment s'en dĂ©barrasser, ou bien ne choisit pas de sacrifier ses intĂ©rĂȘts privĂ©s au point de se dĂ©vouer sĂ©rieusement et gravement Ă la tĂąche de promouvoir un changement.
Le fait est que le gouvernement, comme un bandit de grand chemin, dit Ă un individu: "La bourse ou la vie." QuantitĂ© de taxes, ou mĂȘme la plupart, sont payĂ©es sous la contrainte d'une telle menace.
â
â
Lysander Spooner (Outrage Ă Chefs D'Ă©tat ;Suivi De Le Droit Naturel)
â
Tout le monde a l'air de savoir qui sont ces Autres ; tout le monde parle d'eux, mais eux ne parlent jamais.
En effet, dans quels discours apparaĂźtre l'Autre, sous sas forme singuliĂšre ou plurielle ? Sous la forme d'un discours adressĂ© Ă des gens qui ne sont pas les Autres. Mais d'oĂč viennent ces Autres ? Y a-t-il des Autres, et si oui, pourquoi ? Il faut, pour Ă©claircir ce mystĂšre, en revenir Ă l'invite. Qui est invitĂ© Ă accepter les Autres ? Pas les Autres, Ă©videmment. Et qui fait cette demande ? De son Ă©nonciateur, qui ne dit pas son nom, tout ce qu'on sait, c'est qu'il n'est pas un Autre. Ce n'est pas lui-mĂȘme qu'il nous invite Ă accepter. Mais pas plus qu'il ne dit qui il est, il n'Ă©nonce qui est ce « Nous » Ă qui il s'adresse. DerriĂšre l'Autre dont on entend parler sans arrĂȘt, sans qu'il parle, se cache donc une autre personne, qui parle tout le temps sans qu'on n'en entende jamais parler : l'« Un », qui parle à « Nous ». C'est-Ă -dire Ă l'ensemble de la sociĂ©tĂ© de la part de l'ensemble de la sociĂ©tĂ©. De la sociĂ©tĂ© normale. De la sociĂ©tĂ© lĂ©gitime. De celle qui est l'Ă©gale du locuteur qui nous invite Ă tolĂ©rer les Autres. Les Autres ne sont pas, par dĂ©finition, des gens ordinaires, puisqu'ils ne sont pas « Nous ». Qui est ce « Un » parlant ? Avant toute autre chose, on sait, parce qu'il le fait, qu'il est celui qui peut dĂ©finir l'Autre. Ensuite, il prendra une position de tolĂ©rance ou d'intolĂ©rance. Mais cette prise de position est seconde par rapport Ă sa capacitĂ© Ă dĂ©finir l'Autre : Ă ce pouvoir. Les Autres sont donc ceux qui sont dans la situation d'ĂȘtre dĂ©finis comme acceptables ou rejetables, et d'abord d'ĂȘtre nommĂ©s.
Au principe, Ă l'origine de l'existence des Uns et des Autres, il y adonc le pouvoir, simple, brut, tout nu, qui n'a pas Ă se faire ou Ă advenir, qui est. (p. 18-19)
â
â
Christine Delphy (Classer, dominer: Qui sont les "autres" ? (French Edition))
â
Il n'y a pas de façon universelle de méditer, ou une façon de faire meilleure qu'une autre. La bonne technique est celle qui vous convient.
â
â
Sophie Cariel (Méditer - Pourquoi, comment ? L'essentiel à savoir pour démarrer (et s'y tenir !) (French Edition))
â
Savoir vivre is a way of living well with intelligence and enjoyment by meeting every situation with poise and good manners, as Albane de Maigret points out, while savoir faire (to know or to know how to do something) is the confidence and ability it takes to act appropriately in social situations. Together, these form the foundation for everyday elegance, whether en famille or in public.
â
â
Tish Jett (Living Forever Chic: Frenchwomen's Timeless Secrets for Everyday Elegance, Gracious Entertaining, and Enduring Allure)
â
Knowledge does not mean meagre savoir faire of facts, figures and information as any dullard can know; by contrast it alludes to profound understanding owing to the fact that comprehension strengthens faith and broadens the vision of a believer.
â
â
Musharraf Shaheen (Paramountcy of Erudition: The Significance of Education and Knowledge in Islam)
â
En 1543, un orage força un vaisseau chinois à se réfugier au large de l'ßle de Tanegashima au sud de Kyushu. A bord se trouvaient 3 marchands aventuriers portugais munis de leurs pistolets. Ils attirÚrent l'attention du Daimyo local qui parvint à acheter une arme et à la donner à son armurier pour la faire copier. Le seigneur demanda à un de ses vassaux d'apprendre auprÚs des marins chinois la fabrication de la poudre.
Il distribua des exemplaires de ce pistolet (teppÎ) en cadeau à sa famille. Le savoire-faire requis pour la production de cette arme se répandit dans tout le pays.
â
â
SamouraĂŻ, de la guerre Ă la voie des arts
â
- Tu dis dans tes tracts, me fit remarquer Aherdane, que notre langue sâĂ©crivait bien avant JĂ©sus Christ, mais tu ne montres pas cette Ă©criture et ne songes pas Ă lâenseigner. Jâimagine donc que tu es prisonnier des caractĂšres latins. Les Tifinagh, mon cher, ne sont pas seulement pour nous une Ă©criture comme les autres, mais les tĂ©moins dâune grande partie de notre histoire. Ils attestent en tout cas de l'existence dâune civilisation, ils expriment l'identitĂ© que tu entends dĂ©fendre. Je vais mĂȘme plus loin au cas oĂč tu nâes pas convaincu. Tu nâes pas sans savoir que les Juifs ont repris leur vieille graphie que certains donnaient comme un modĂšle de difficultĂ©s pour Ă©crire leur langue. Et pourtant ils ne manquent ni de savants-linguistes ni de moyens financiers sâils avaient voulu adapter l'alphabet latin. Or ils ont repris leur ancienne graphie et tu devines pourquoi, jâimagine".
Aherdane nâa bien entendu pas eu besoin dâaller plus loin dans sa dĂ©monstration, ayant reconnu que jâavais eu mon compte. Aussi me suis-je mis Ă mon tour Ă simplifier les Tifinagh pour en faire un instrument plus facile Ă manier que celui imaginĂ© par SmaĂŻl Bellache. Il fut dâailleurs associĂ© Ă son adoption dĂ©finitive. Plus tard il me dira quâil eĂ»t fallu changer le quâil trouvait peu pratique.
â
â
Mohand Aarav Bessaoud (Des Petites Gens pour une grande cause - L'histoire de l'Académie berbÚre)
â
Il est donc nĂ©cessaire que les uns et les autres se mettent eux-mĂȘmes Ă l'Ă©preuve, les uns pour savoir s'ils sont dignes de prĂȘcher et de laisser des Ă©crits ; les autres pour savoir s'ils sont dignes d'Ă©couter et de lire. C'est ainsi qu'aprĂšs avoir, selon la coutume, rompu le pain de l'Eucharistie, on permet Ă chaque fidĂšle d'en prendre une part; car, pour choisir ou pour rejeter avec raison, la conscience est le meilleur juge. Or, la rĂšgle certaine d'une bonne conscience est une vie droite, jointe Ă une saine doctrine : suivre l'exemple de ceux qui ont Ă©tĂ© dĂ©jĂ Ă©prouvĂ©s, et qui se sont conduits avec droiture, c'est la voie la plus sĂ»re pour atteindre Ă l'intelligence de la vĂ©ritĂ©, et Ă l'observance des prĂ©ceptes. Quiconque mangera le pain et boira le calice du Seigneur indignement, se rendra coupable du corps et du sang du Seigneur. Que l'homme donc s'Ă©prouve soi-mĂȘme, et qu'aprĂšs cela il mange de ce pain et boive de cette coupe. Il faut donc que celui qui entreprend de prĂȘcher aux autres s'examine pour savoir s'il a en vue l'utilitĂ© du prochain; si ce n'est point avec prĂ©somption, et par esprit de rivalitĂ© ou par amour de la gloire, qu'il rĂ©pand la sainte parole ; s'il se propose pour unique rĂ©compense le salut de ses auditeurs, et s'il n'en flatte aucun ; et enfin s'il Ă©vite toute occasion qui pourrait le faire accuser de vĂ©nalitĂ©.
â
â
Clement of Alexandria (Miscellanies (Stromata))
â
Parents et Ă©ducateurs font profession d'influencer l'enfant parce qu'ils pensent savoir ce qu'il lui faut, ce qu'il doit apprendre te ce qu'il doit devenir. Je pense qu'ils se trompent. Je n'essaie jamais de faire partager mes croyances ou mes prĂ©jugĂ©s aux enfants. Je n'ai pas de religion, mais je n'ai jamais prononcĂ© un mot contre la religion, ni d'ailleurs conter notre code pĂ©nal barbare, l'antisĂ©mitisme ou l'impĂ©rialisme. Je n'influencerai jamais consciemment un enfant pour qu'il devienne pacifiste, vĂ©gĂ©tarien, rĂ©formateur ou quoi que ce soit. Je sais que prĂȘcher ne prend pas avec les enfants. Je mets ma confiance dans le pouvoir de la libertĂ© pour armer la jeunesse contre l'artifice, le fanatisme et les ismes de toutes sortes. (p. 324)
â
â
A.S. Neill (Summerhill: A Radical Approach to Child Rearing)
â
Nous nous demandons pourquoi M. Paul le Cour a Ă©crit cette phrase : « Je serais heureux si M. RenĂ© GuĂ©non voulait bien nous renseigner sur lâĂ©sotĂ©risme musulman dans un prochain no des Ătudes Traditionnelles » ; nous nâavons assurĂ©ment à « renseigner » personne, et lui moins que tout autre, mais nâa-t-il donc jamais eu connaissance des nos spĂ©ciaux que les Ătudes Traditionnelles ont dĂ©jĂ consacrĂ© prĂ©cisĂ©ment Ă ce sujet, sans parler de lâarticle que nous avons fait paraĂźtre* sous le titre LâĂsotĂ©risme islamique dans un no spĂ©cial des Cahiers du Sud ? Dâautre part, nous sommes obligĂ© de lui faire savoir que nous nâavons jamais Ă©tĂ© « converti » Ă quoi que ce soit, et pour cause (voir notre article Ă propos de « conversions », dans le no de septembre 1948, qui contient toutes les explications voulues pour rĂ©futer cette sottise), et aussi que nous nâavons jamais pris la moindre part Ă aucun « mouvement », ce qui dâailleurs nous ramĂšne Ă la calomnie du « propagandisme », bien que cette fois ce ne soit plus lâHindouisme qui est en cause. Par surcroĂźt, il a trouvĂ© bon de se faire lâĂ©cho dâun racontar quâil nâa certes pas inventĂ©, car nous lâavions dĂ©jĂ vu ailleurs, mais dont il a Ă©tĂ© visiblement fort heureux de sâemparer ; nous lui apprendrons donc une chose quâil ignore trĂšs certainement : câest quâil nâexiste pas et ne peut pas exister de « Sheikh Abdel Ahad », pour la bonne raison quâAbdel-Ahad est un nom exclusivement copte.
Septembre 1949
â
â
René Guénon
â
Toute la difficultĂ© de "l'authenticitĂ©" pour un gay, c'est qu'il est bien difficile de savoir comment s'identifier Ă une "identitĂ©" qui est nĂ©cessairement plurielle, multiple : c'est une identitĂ© sans identitĂ©. Une identitĂ© toujours Ă crĂ©er. En effet, il n'y a pas de "moi" Ă "ĂȘtre", qui prĂ©existerait Ă ce que l'on fait advenir Ă l'existence, dĂšs lors qu'on veut s'arracher aux contenus psychologiques imposĂ©s par le discours social et culture (mĂ©dical, psychanalytique, juridiqueâŠ) sur l'homosexualitĂ©. C'est pourquoi Henning Bech peut dire que l'homosexuel est un "existentialiste-nĂ©" car l'existence prĂ©cĂšde et prĂ©cĂ©dera (toujours) l'essence : l'identitĂ© gay, dĂšs lors qu'elle est choisie et non plus subie, n'est jamais donnĂ©e. Mais pour se construire, elle se rĂ©fĂšre nĂ©cessairement Ă des modĂšles dĂ©jĂ Ă©tablis, dĂ©jĂ visibles (dans leur multiplicitĂ©), et l'on peut dire, par consĂ©quent, qu'il s'agit de "se faire gay" non seulement au sens de se crĂ©er comme tel, mais aussi, peut-ĂȘtre, de le faire en s'inspirant d'exemples dĂ©jĂ disponibles dans la sociĂ©tĂ© et dans l'histoire, et en les retravaillant, en les transformant. Si "identitĂ©" il y a, c'est une identitĂ© personnelle qui se crĂ©e dans le rapport Ă une identitĂ© collective. Elle s'invente dans et par les "personnages sociaux", les "rĂŽles" que l'on "joue" et qu'on porte Ă l'existence dans un horizon de recrĂ©ation collective de la subjectivitĂ©. (p. 171-172)
â
â
Didier Eribon (Insult and the Making of the Gay Self (Series Q))
â
Le bien vivre, c'est d'abord l'affirmation de la vie, humaine et non humaine, contre ce qui la nie, Ă savoir la puissance destructrice de la production-pour-le-profit. Supposant la critique de l'idĂ©ologie du progrĂšs et du dĂ©veloppement, le bien vivre pose le dilemme de maniĂšre limpide : capitalisme ou vie. Mais le bien vivre, c'est surtout le qualitatif du vivre humain. Par opposition Ă la quantification marchande qui mesure tout en argent ou en biens matĂ©riels, le qualitatif ne se mesure pas. Il peut seulement s'Ă©prouver en termes Ă©thiques et esthĂ©tiques, dans le plaisir de l'ĂȘtre et du faire. Enfin, deux principes sont au cĆur du bien vivre : d'une part, une Ă©thique du collectif, qui fait prĂ©valoir la solidaritĂ©, l'aide Ă autrui et la convivialitĂ©, au dĂ©triment des rapports de compĂ©tition et de domination ; de l'autre, un principe d'Ă©quilibre gĂ©nĂ©ral (parfois dĂ©nommĂ© harmonie), qui doit prĂ©valoir dans les rapports entre les ĂȘtres et notamment entre les humains et la Terre MĂšre. (p. 127)
â
â
JĂ©rĂŽme Baschet (AdiĂłs al Capitalismo: AutonomĂa, sociedad del buen vivir y multiplicidad de mundos)
â
Le langage quotidien (tout comme le langage des images) est de part en part traversĂ© par des rapports de force, par des rapports sociaux (de classe, de sexe, d'Ăąge, de race, etc.), et c'est dans et par le langage (et l'image) que se joue la domination symbolique, c'est-Ă -dire la dĂ©finition - et l'imposition - des perceptions du monde et des reprĂ©sentations socialement lĂ©gitimes. Le dominant, comme le dit Pierre Bourdieu, est celui qui rĂ©ussit Ă imposer la maniĂšre dont il veut ĂȘtre perçu, et le dominĂ©, celui qui est dĂ©fini, pensĂ© et parlĂ© par le langage de l'autre et/ou celui qui ne parvient pas Ă imposer la perception qu'il Ă de lui-mĂȘme. Seules les pĂ©riodes de crise sociale, culturelle, ou au moins l'irruption de mobilisations politiques ou culturelles, peuvent permettre une mise en question de cet ordre symbolique des reprĂ©sentations et du langage dont al force principale est de se prĂ©senter comme ressortissant aux Ă©vidences d'un ordre naturel, immuable, et sur lequel on ne s'interroge pas ou sur lequel on s'interroge faussement pour mieux le rĂ©affirmer dans son arbitraire en le prĂ©sentant comme ayant toujours existĂ©.
La mobilisation politique, l'action politique, sont toujours des batailles pour la reprĂ©sentation, pour le langage et les mots. Ce sont des luttes autour de la perception du monde. La question qui s'y joue est de savoir qui dĂ©finit la perception et la dĂ©finition d'un groupe et la perception et la dĂ©finition du monde en gĂ©nĂ©ral. La mobilisation, l'action politique, consistent souvent, pour un groupe, Ă essayer de faire valoir, d'imposer la maniĂšre dont il se perçoit lui-mĂȘme, et d'Ă©chapper ainsi Ă la violence symbolique exercĂ©e par la reprĂ©sentation dominante. Mais il convient de prĂ©ciser qu'il n'y a pas, pour les gays, encore moins pour les « gays et lesbiennes », une maniĂšre d'ĂȘtre et de se penser soi-mĂȘme qui prĂ©existerait et qu'il conviendrait de dĂ©couvrir et de manifester au grand jour, et encore moins une seule et unique maniĂšre d'ĂȘtre et de « se percevoir », ce qui constitue toute la complexitĂ© du mouvement gay et lesbien et explique le fait, si souvent soulignĂ©, que les dĂ©finitions qu'il peut donner de lui-mĂȘme ne sont que des constructions provisoires, fragiles et nĂ©cessairement contradictoires entre elles. (p. 117-118)
â
â
Didier Eribon (Insult and the Making of the Gay Self (Series Q))
â
Plus la banque de donnĂ©es de l'enfant est riche, plus il pourra faire de connexions ensuite, donc assimiler de nouveaux savoirs. Ă l'inverse, un enfant peu stimulĂ©, pas trĂšs curieux de nature, va se constituer une trĂšs petite banque de donnĂ©es et aura du mal Ă faire des ponts entre un nouvel apprentissage et son matĂ©riau personnel de base. [âŠ]
L'enfant petit doit vivre des expĂ©rimentations qui vont lui permettre, des annĂ©es plus tard, de passer de la pensĂ©e concrĂšte Ă la pensĂ©e abstraite. En voici un exemple frappant. Le petit enfant aime jouer avec de la pĂąte Ă modeler. Vers 4-6 ans, il dĂ©couvre un concept essentiel sans le savoir : la conservation de la quantitĂ©. C'est un test qui est fait chez l'orthophoniste pour un enfant en difficultĂ© mathĂ©matique. Il joue avec sa pĂąte Ă modeler. Elle est en boule ; puis on lui propose de l'Ă©taler et d'en faire un long serpentin. Si on lui demande : "Est-ce que tu as autant de pĂąte Ă modeler que tout Ă l'heure ?", il peut rĂ©pondre par l'affirmative. Mais certains enfants n'imaginent pas que la mĂȘme quantitĂ© puisse changer de forme. Donc, il rĂ©pondent : "Pas du tout, lĂ , il y en a beaucoup plus. Tu ne vois pas comment c'est long ?" Tant que l'enfant n'a pas compris ce concept de conservation de la quantitĂ© (ou du nombre), il ne peut pas faire des conversions ; il ne peut pas concevoir que des centimĂštres deviennent des mĂštres, et qu'une mĂȘme quantitĂ© puisse s'appeler de diffĂ©rentes façons. ArrivĂ© Ă l'Ăąge des opĂ©rations concrĂštes, comme dirait Jean Piaget, il bute sur des concepts qu'il ne comprend pas, parce que le "terrain" n'a pas Ă©tĂ© prĂ©parĂ© en lui pour qu'il les intĂšgre. (p. 74-75)
â
â
Isabelle Peloux (L'école du Colibri: La pédagogie de la coopération (Domaine du possible) (French Edition))
â
Les Ă©tudiants sont nombreux Ă avoir l'impression de ne rien avoir retenu de leurs annĂ©es d'Ă©cole. Et je les trouve, en effet, assez peu dotĂ©s en matiĂšre de culture gĂ©nĂ©rale. Je me souviens d'une stagiaire de master 2 ; en classe, nous prĂ©parions ensemble la prochaine leçon d'histoire. La sentant mal Ă l'aise, je lui demande : "Tu t'en souviens quand mĂȘme un peu, des Gaulois et des Romains ?" "Non, je ne me souviens de rien. J'ai l'impression de n'avoir rien appris. J'ai travaillĂ© bĂȘtement : j'ai ingurgitĂ© par cĆur des leçons que j'ai su restituer. Mais en fait, je ne sais rien." Ce n'est pas de sa faute : le type d'apprentissage qu'on lui a demandĂ© (le par cĆur avec restitution Ă court terme) fait travailler une mĂ©moire qui n'est pas efficace Ă long terme puisqu'elle n'oblige pas l'apprenant Ă faire du sens en faisant des liens avec d'autres savoirs acquis antĂ©rieurement. Donc, ne s'accrochant Ă rien, les connaissance s'effacent.
[âŠ]
Le plus grave ? Ce modĂšle scolaire donne l'illusion aux Ă©lĂšves qu'ils sont bons en classe. C'est ce que remarquait la stagiaire citĂ© plus haut : "On m'a donnĂ© l'illusion que j'Ă©tais forte mais en fait, je suis un Ăąne, j'apprends bĂȘtement." J'ai eu beau lui rĂ©pondre qu'elle avait fait preuve d'intelligence d'avoir appris ainsi, en s'adaptant Ă la demande de l'Ă©cole, je ne l'ai pas rassurĂ©e. Mais au fond, quelle Ă©nergie dĂ©pensĂ©e pour ne rien retenir de ces annĂ©es d'Ă©cole⊠Sans compter que cette dĂ©couverte est une sacrĂ©e dĂ©ception, sur le plan de l'estime de soi. (p. 48-49)
â
â
Isabelle Peloux (L'école du Colibri: La pédagogie de la coopération (Domaine du possible) (French Edition))
â
Savoir que tu dois fuir en courant ne signifie pas que tu peux le faire.
â
â
Kimberly McCreight (The Outliers (The Outliers, #1))
â
There was a savoir faire quality to people who lived in America for which he felt both admiration and resentment; they somehow managed to be familiar with all novelty, as if they were privy to the latest of everything and lacked the ability to be surprised.
â
â
Chimamanda Ngozi Adichie (The Visit (Black Stars, #1))
â
La vĂ©ritĂ©, c'est que tout va trop vite. C'est qu'elle s'Ă©loigne de moi, qu'elle se met Ă aimer d'autres gens, et j'ai peur de ne plus ĂȘtre la seule, de moins compter, de ne pas faire le poids face Ă la compĂ©tition.
Elle va se rendre compte qu'elle vaut mieux que moi.
Elle va comprendre que la personne qu'elle est seule est mieux que celle qu'elle est à mes cÎtés.
Ma sĆur, c'est toute ma vie. La vĂ©ritĂ©, c'est que je suis terrifiĂ©e de la personne que je suis sans elle...
Non. C'est faux.
La vĂ©ritĂ©, la vraie, c'est que je ne suis pas certaine de savoir exister par moi-mĂȘme, tout simplement parce que je n'ai jamais eu Ă le faire.
â
â
Morgane Moncomble (En Ă©quilibre)
â
Alors j'avance, contre vents et marées, j'avance parce qu'il ne faut pas céder au désespoir, parce qu'il faut savoir faire d'une épreuve une raison de la surmonter.
â
â
Yasmina Khadra (Le baiser et la morsure)
â
Faire des listes nous force a reflechir, a questionner, a explorer, a assembler et organiser tout ce que nous avons collectionne d'histoire personnelle, de savoir-faire, de savoir et de sagesse au cours de notre existence.
Le but de la lecture et de l'ecriture est de mieux vivre.
C'est peut-etre cela, rater sa vie: a chaque jour nouveau preferer les souvenirs, a la poussee de la vie preferer l'immobilisme et la rigidite, a la remise en question preferer les certitudes ancrees.
Pour etre heureux, il faut pratiqer le bonheur, se rappeler de se sentir heureux.
Plus notre faculte de contemplation se developpe, disait Aristote, plus se developpent nos facultes de bonheur.
L'un des fleaux les plus nocifs pour la sante de notre systeme nerveux est la pollution sonore.
â
â
Dominique Loreau (L'art des listes : Simplifier, organiser, enrichir sa vie)
â
Sâacharner Ă se mettre belle pour se faire aimer. Et tenter de se faire aimer avant mĂȘme de savoir si on aime.
â
â
Elizabeth Lemay (Daddy Issues (French Edition))
â
Entre ma paillasse et la planche du lit, j'avais trouvĂ©, en effet, un vieux morceau de journal presque collĂ© Ă l'Ă©toffe, jauni et transparent. Il relatait un fait divers dont le dĂ©but manquait, mais qui avait dĂ» se passer en TchĂ©coslovaquie. Un homme Ă©tait parti d'un village tchĂšque pour faire fortune. Au bout de vingt-cinq ans, riche, il Ă©tait revenu avec une femme et un enfant. Sa mĂšre tenait un hĂŽtel avec sa sĆur dans son village natal. Pour les surprendre, il avait laissĂ© sa femme et son enfant dans un autre Ă©tablissement, Ă©tait allĂ© chez sa mĂšre qui ne l'avait pas reconnu quand il Ă©tait entrĂ©. Par plaisanterie, il avait eu l'idĂ©e de prendre une chambre. Il avait montrĂ© son argent. Dans la nuit, sa mĂšre et sa sĆur l'avaient assassinĂ© Ă coups de marteau pour le voler et avaient jetĂ© son corps dans la riviĂšre. Le matin, la femme Ă©tait venue, avait rĂ©vĂ©lĂ© sans le savoir l'identitĂ© du voyageur. La mĂšre s'Ă©tait pendue. La sĆur s'Ă©tait jetĂ©e dans un puits. J'ai dĂ» lire cette histoire des milliers de fois. D'un cĂŽtĂ©, elle Ă©tait invraisemblable. D'un autre, elle Ă©tait naturelle. De toute façon, je trouvais que le voyageur l'avait un peu mĂ©ritĂ© et qu'il ne faut jamais jouer.
â
â
Albert Camus (L'Ătranger)
â
Désormais, la question essentielle n'était plus de savoir ce qu'était la vie, mais de décider de ce qu'il fallait faire de cette vie sans valeur, et pourtant, en quelque sorte, d'un prix unique.
â
â
Fred Uhlman (L'Ami retrouvé: Refonte)
â
rallumant une nouvelle clope. Tu ne mâas pas toujours respectĂ© pourtant⊠â Mais non⊠mais⊠pour⊠pourquoi⊠vous⊠tu⊠mais quâest-ce que je tâai fait, bon sangâ! Vouvoiement, tutoiement, sacrĂ© dilemme dans son crĂąne de piaf. Câest au moins la cinquiĂšme fois quâil me pose la question et il ne sait toujours pas comment sây prendre. Finalement, ça mâamuse de le voir jouer les Ă©quilibristes. Moi, je nâhĂ©site pas un seul instant. Tutoiement. Câest bon, ça fait un an que je lui balance du «âvousâ» Ă toutes les sauces, que je suis Ă ses petits soins, que dis-je, que je mâagenouille devant lui comme un serf devant son suzerain. Alors maintenant, on arrĂȘte la comĂ©die, câest fini. On joue dâĂ©gal Ă Ă©gal. Si nous avions Ă©tĂ© deux personnes raisonnables, nous nous serions attablĂ©s autour de son bureau, nous aurions discutĂ© de nos diffĂ©rends et peut-ĂȘtre, je dis bien peut-ĂȘtre, serions-nous arrivĂ©s Ă un accord. Mais lĂ , au vu des circonstances et de tout ce qui nous sĂ©pare, il nây a plus de discussion possible. Jâai choisi mon camp. Je serai le dominant et lui le dominĂ©. Les rĂŽles sont donc changĂ©s. â Quâest-ce que tu mâas faitâ? mâindignĂ©-je en recrachant la fumĂ©e de ma tige sur son visage. Non, mais tu te fous de moiâ? Ăa fait un an que tu me pourris la vieâ! Douze mois consĂ©cutifs, bordel de merdeâ! â Je⊠je ne vous ai pas⊠je ne tâai pas pourri la vieâ! Jamaisâ! Vous⊠tu⊠tu sais que tu vas au-devant de graves ennuisâ? Adam a tout entendu et lĂ , il est parti donner lâalerte. Les forces dâintervention vont arriver ici dâune minute Ă lâautreâ! Tu ne sais pas dans quel pĂ©trin tu tâes fourrĂ©, mon pauvre ami. Alors le mieux pour toi, câest que tu me dĂ©taches de ce fauteuil et que lâon oublie rapidement cette histoireâ! La sonnerie du tĂ©lĂ©phone stoppe subitement ses «âconseils avisĂ©sâ». JâhĂ©site un instant. Je n'ai pas forcĂ©ment envie de dĂ©crocher et Ă vrai dire, j'ai une vague idĂ©e de la personne qui se trouve derriĂšre le combinĂ©, mais comme je suis de nature curieuse, je dĂ©cide tout de mĂȘme d'en savoir un peu plus. Deux secondes aprĂšs avoir rĂ©pondu «âallĂŽâ», jâarrache violemment le fil qui relie le tĂ©lĂ©phone Ă la prise murale et envoie valdinguer lâappareil Ă lâautre bout de la piĂšce. Fin de la discussion. â Câest bien ce que je pensais⊠un nĂ©gociateur. â Tu aurais dĂ» Ă©couter ce quâil avait Ă te dire, reprend lâautre empaffĂ© en me gratifiant dâun sourire qui pue la haine. Maintenant, câest sĂ»r que tu vas devoir te coltiner le RAID. Et crois-moi, ça va te coĂ»ter cherâ! Ils sont sans pitiĂ© avec les preneurs dâotage⊠Non vraiment, Adam a fait du bon boulot. Je suis fier de⊠Un mollard gros comme une balle de 22 Long Rifle fuse alors sur son visage. Façon de lui signifier quâil peut dâores et dĂ©jĂ la mettre en sourdine. Adam, câest le veilleur de nuit de la tour. Je ne le connais pas bien. La seule chose que je peux dire sur lui, câest que je le croise plus souvent que ma femme et mon fils⊠à mon grand dĂ©sarroi. Je lui rĂ©torque quand bien mĂȘme : â Ces graves ennuis comme tu dis si bien, je ne les ai eus quâavec toiâ! Alors tu sais, les flics peuvent descendre en rappel par les fenĂȘtres ou balancer des lance-roquettes sur cette tour de merde, ce ne sera que de la roupie de sansonnet Ă cĂŽtĂ© de ce que jâai subiâ! Tiens, prends çaâ! Clacâ! Cette baffe est douloureuse. Je le vois Ă sa grimace. Câest vrai que je ne lâai pas ratĂ©. Ăa fait deux heures que je suis sur lui Ă viser sa joue rougie par le feu de mes allers-retours, alors forcĂ©ment, Ă un moment donnĂ© on attrape le coup de main. Je craque mes phalanges pour lui faire comprendre
â
â
Thierry Vernhes (FrĂšres de sang - Nouvelle (French Edition))
â
At that moment the door opened and a young woman walked into the room. She was, as the observant Inspector Narracott noted at once, a very exceptional kind of young woman. She was not strikingly beautiful, but she had a face which was arresting and unusual, a face that having once seen you could not forget. There was about her an atmosphere of common sense, savoir faire, invincible determination and a most tantalizing fascination.
â
â
Agatha Christie (The Sittaford Mystery)
â
Il m'appelait par mon prĂ©nom, disait : « Moi aussi » quand je lui disais : « J'aime faire l'amour avec toi ». Il a fallu que le goĂ»t de savoir, c'est-Ă -dire celui de la destruction, survienne comme un vieux dĂ©mon, je lui dis : « Ya tebya lioubliou. » [Je t'aime.] Il me rĂ©pond en russe, je ne comprends pas, lui fais rĂ©pĂ©ter : « Seulement Macha ? â Oui. » Alors je rĂ©ponds : « C'est pourquoi je te quitterai. Mais tu n'auras pas de chagrin, parce que tu es fort. » Il rĂ©pond encore : « Oui. » C'Ă©tait le moment du dĂ©part. Ces paroles que d'autres ne viennent pas recouvrir â sauf « Je t'appellerai la semaine prochaine, tu es lĂ Â ? » â me dĂ©truisent.
â
â
Annie Ernaux (Se perdre (French Edition))
â
Le philosophe ne dit pas quâun dĂ©passement final des contradictions humaines soit possible et que lâhomme total nous attende dans lâavenir : comme tout le monde, il nâen sait rien. Il dit, - et câest tout autre chose, - que le monde commence, que nous nâavons pas Ă juger de son avenir par ce quâa Ă©tĂ© son passĂ©, que lâidĂ©e dâun destin dans les choses nâest pas une idĂ©e, mais un vertige, que nos rapports avec la nature ne sont pas fixĂ©s une fois pour toutes, que personne ne peut savoir ce que la libertĂ© peut faire, ni imaginer ce que seraient les moeurs et les rapports humains dans une civilisation qui ne serait plus hantĂ©e par la compĂ©tition et la nĂ©cessitĂ©. Il ne met son espoir dans aucun destin, mĂȘme favorable, mais justement dans ce qui en nous nâest pas destin, dans la contingence de notre histoire, et câest sa nĂ©gation qui est position. Faut-il mĂȘme dire que le philosophe est humaniste ? Non, si lâon entend par homme un principe explicatif quâil sâagirait de substituer Ă dâautres. On nâexplique rien par lâhomme, puisquâil nâest pas une force, mais une faiblesse au coeur de lâĂȘtre, un facteur cosmologique, mais le lieu oĂč tous les facteurs cosmologiques, par une mutation qui nâest jamais finie, changent de sens et deviennent histoire. [âŠ] La philosophie nous Ă©veille Ă ce que lâexistence du monde et la nĂŽtre ont de problĂ©matique en soi, Ă tel point que nous soyons Ă jamais guĂ©ris de chercher, comme disait Bergson, une solution dans le cahier du maĂźtre.
â
â
Maurice Merleau-Ponty (Ăloge de la philosophie (Collection Folio / Essais))
â
« Regarde ça. Essaye de faire une expĂ©rience dans la rue avec un passant quelconque. Offre-lui le billet, ou sinon une chance de cinquante pour cent dâen avoir deux. Tu sais ce quâil fera ? Je vais te le dire : il prendra le billet de cinq mille. Puis essaye de faire le contraire. Demande Ă un passant de te donner cinq mille roubles ou sinon de jouer Ă pile ou face pour savoir sâil devra te donner deux billets ou aucun. Tu sais ce que fera le type cette fois ? PlutĂŽt que dĂ©bourser tout de suite ses cinq mille roubles, il prĂ©fĂ©rera courir le risque de tâen donner le double. Câest absurde, non ? En thĂ©orie, celui qui gagne pourrait se permettre de courir un risque par rapport Ă celui qui perd. Au lieu de ça, les gens font exactement le contraire. Ceux qui gagnent sont plus prudents dans leurs choix, tandis que les perdants jouent le tout pour
â
â
Giuliano da Empoli (Le Mage du Kremlin)
â
p62 "Les dirigeants avaient vite compris que pour asservir les gens aujourd'hui, il ne fallait plus la force, il fallait créer le manque et le besoin".
p62 "Force, rĂ©pression, ça pas marcher, qu'il disait. Juste crĂ©er plus rĂ©volte. Quand Parti fait taire les gens, eux crier plus fort. Pour contrĂŽler information et peuple, il faut donner trop. Gens pas savoir trier, pas le temps, ni envie, pas possible. Pour contrĂŽler l'individu, il faut faire croire au besoin, mĂȘme quand il n'a pas, surtout quand il n'a pas. On dit besoin d'acheter voiture, pas possible vivre sans. Il voudra voiture plus que bonheur, car voiture devient bonheur. On dit besoin tĂ©lĂ©phone, mais pas un vieux, un neuf, beau, dernier modĂšle. Et on dit bonheur dedans. Lui besoin, pas possible de faire sans. Et comma ça pour tout. Pour manipuler, il faut pas obliger, mais inciter. Et gens stupides qui croient que bonheur est d'avoir, pas ĂȘtre. Français ĂȘtre une belle langue qui a compris, qui dit je suis heureux, pas j'ai heureux. Mais français peuple d'abrutis, ont oubliĂ© leur langue, leur pensĂ©e, trop fiers de leurs droits de l'homme, oubliĂ© ça fragile. Pas vouloir comprendre qu'il existe la dictature du besoin, faux besoin, dictature par argent. Acheter mĂȘme quand pas avoir l'argent, surtout quand pas l'avoir. Stupide. Pendant gens occupĂ©s Ă acheter pour combler vide, eux perdre libertĂ© de dire non, je veux pas, pas besoin. Eux perdre libertĂ© de chercher vraie vie, vrai bonheur. Et peuple tendre lui-mĂȘme les clĂ©s de la prison oĂč se mettre".
â
â
Isabelle Aupy (L'Homme qui n'aimait plus les chats)
â
There was a savoir faire quality to people who lived in America for which he felt both admiration and resentment; they somehow managed to be familiar with all novelty, as if they were privy to the latest of everything and lacked the ability to be surprised.
â
â
Chimamanda Ngozi Adichie (The Visit (Black Stars, #1))
â
Rien nâest petit en effet; quiconque est sujet aux pĂ©nĂ©trations profondes de la nature, le sait. Bien quâaucune satisfaction absolue ne soit donnĂ©e Ă la philosophie, pas plus de circonscrire la cause que de limiter lâeffet, le contemplateur tombe dans des extases sans fond Ă cause de toutes ces dĂ©compositions de forces aboutissant Ă lâunitĂ©. Tout travaille Ă tout.
LâalgĂšbre sâapplique aux nuages ; lâirradiation de lâastre profite Ă la rose ; aucun penseur nâoserait dire que le parfum de lâaubĂ©pine est inutile aux constellations. Qui donc peut calculer le trajet dâune molĂ©cule? que savons-nous si des crĂ©ations de mondes ne sont point dĂ©terminĂ©es par des chutes de grains de sable? qui donc connaĂźt les flux et les reflux rĂ©ciproques de lâinfiniment grand et de lâinfiniment petit, le retentissement des causes dans les prĂ©cipices de lâĂȘtre, et les avalanches de la crĂ©ation? Un ciron importe ; le petit est grand, le grand est petit ; tout est en Ă©quilibre dans la nĂ©cessitĂ© ; effrayante vision pour lâesprit. Il y a entre les ĂȘtres et les choses des relations de prodige ; dans cet inĂ©puisable ensemble, de soleil Ă puceron, on ne se mĂ©prise pas ; on a besoin les uns des autres. La lumiĂšre nâemporte pas dans lâazur les parfums terrestres sans savoir ce quâelle en fait ; la nuit fait des distributions dâessence stellaire aux fleurs endormies. Tous les oiseaux qui volent ont Ă la patte le fil de lâinfini. La germination se complique de lâĂ©closion dâun mĂ©tĂ©ore et du coup de bec de lâhirondelle brisant lâĆuf, et elle mĂšne de front la naissance dâun ver de terre et lâavĂšnement de Socrate. OĂč finit le tĂ©lescope, le microscope commence. Lequel des deux a la vue la plus grande? Choisissez. Une moisissure est une plĂ©iade de fleurs ; une nĂ©buleuse est une fourmiliĂšre dâĂ©toiles. MĂȘme promiscuitĂ©, et plus inouĂŻe encore, des choses de lâintelligence et des faits de la substance. Les Ă©lĂ©ments et les principes se mĂȘlent, se combinent, sâĂ©pousent, se multiplient les uns par les autres, au point de faire aboutir le monde matĂ©riel et le monde moral Ă la mĂȘme clartĂ©. Le phĂ©nomĂšne est en perpĂ©tuel repli sur lui-mĂȘme. Dans les vastes Ă©changes cosmiques, la vie universelle va et vient en quantitĂ©s inconnues, roulant tout dans lâinvisible mystĂšre des effluves, employant tout, ne perdant pas un rĂȘve de pas un sommeil, semant un animalcule ici, Ă©miettant un astre lĂ , oscillant et serpentant, faisant de la lumiĂšre une force et de la pensĂ©e un Ă©lĂ©ment, dissĂ©minĂ©e et indivisible, dissolvant tout, exceptĂ© ce point gĂ©omĂ©trique, le moi ; ramenant tout Ă lâĂąme atome ; Ă©panouissant tout en Dieu ; enchevĂȘtrant, depuis la plus haute jusquâĂ la plus basse, toutes les activitĂ©s dans lâobscuritĂ© dâun mĂ©canisme vertigineux, rattachant le vol dâun insecte au mouvement de la terre,subordonnant, qui sait? ne fĂ»t-ce que par lâidentitĂ© de la loi, lâĂ©volution de la comĂšte dans le firmament au tournoiement de lâinfusoire dans la goutte dâeau. Machine faite dâesprit. En grenage Ă©norme dont le premier moteur est le moucheron et dont la derniĂšre roue est le zodiaque.
â
â
Victor Hugo
â
Qu'est-ce qu'un secret ? C'est beaucoup plus qu'une information qu'on partage avec quelques personnes choisies, voire avec une seule. C'est du pouvoir ; c'est un lien ; ce peut ĂȘtre une marque de profonde confiance, ou bien la plus terrible menace imaginable. Il y a du pouvoir dans la conservation d'un secret, et du pouvoir dans sa rĂ©vĂ©lation. Il faut parfois faire preuve de beaucoup de discernement pour savoir quelle voie mĂšne Ă la plus grande influence. Tous ceux qui dĂ©sirent du pouvoir doivent collectionner les secrets ; aucun n'est trop petit pour avoir de la valeur : chacun place ses propres secrets bien au-dessus de ceux des autres. Une fille de cuisine pourra prĂ©fĂ©rer trahir un prince plutĂŽt que laisser divulguer le nom de son amant.
â
â
Robin Hobb (En quĂȘte de vengeance (L'assassin royal, #16; Le Fou et l'Assassin, #3))
â
Rien n'est jamais acquis. En "travaillant" l'un de ses bien-aimĂ©s problĂšmes, fĂ»t-ce celui du velours ou de la laine, le vrai peintre bouleverse Ă son insu les donnĂ©es de tous les autres. MĂȘme quand elle a l'air d'ĂȘtre partielle, sa recherche est toujours totale. Au moment oĂč il vient d'acquĂ©rir un certain savoir-faire, il s'aperçoit qu'il a ouvert un autre champ oĂč tout ce qu'il a pu exprimer auparavant est Ă redire autrement. De sorte que ce qu'il a trouvĂ©, il ne l'a pas encore, c'est encore Ă chercher, la trouvaille est ce qui appelle d'autres recherches. L'idĂ©e d'une peinture universelle, d'une totalisation de la peinture, d'une peinture toute rĂ©alisĂ©e est dĂ©pourvue de sens. Durerait-il des millions d'annĂ©es encore, le monde, pour les peintres, s'il en reste, sera encore Ă peindre, il finira sans avoir Ă©tĂ© achevĂ©.
â
â
Maurice Merleau-Ponty (L'Ćil et l'Esprit)
â
[...] Ne plus savoir Ă quel saint se vouer signe le bail de la raison et finit par faire plier devant les autels les plus primitifs.
â
â
Mélissandre L. (Charançons (Truculences, #1))