Prendre Le Temps Quotes

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J'Ă©prouvais le besoin de commencer Ă  vivre. Commencer Ă  vivre ma vraie vie ? MĂȘme si ce devait ĂȘtre une simple mascarade et pas du tout ma vraie vie, le temps Ă©tait venu oĂč il me fallait prendre le dĂ©part et s'avancer en traĂźnant lourdement mes pas.
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Yukio Mishima (Confessions of a Mask)
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A quatre heures du matin, on ne fait rien en gĂ©nĂ©ral et l’on dort, mĂȘme si la nuit a Ă©tĂ© une nuit de trahison. Oui, on dort Ă  cette heure-lĂ , et cela est rassurant puisque le grand dĂ©sir d’un coeur inquiet est de possĂ©der interminablement l’ĂȘtre qu’il aime ou de pouvoir plonger cet ĂȘtre, quand le temps de l’absence est venu, dans un sommeil sans rĂȘves qui ne puisse prendre fin qu’au jour de la rĂ©union.
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Albert Camus (The Plague)
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A qui Ă©cris-tu? -A toi. En fait, je ne t'Ă©cris pas vraiment, j'Ă©cris ce que j'ai envie de faire avec toi... Il y avait des feuilles partout. Autour d'elle, Ă  ses pieds, sur le lit. J'en ai pris une au hasard: "...Pique-niquer, faire la sieste au bord d'une riviĂšre, manger des pĂȘches, des crevettes, des croissants, du riz gluant, nager, danser, m'acheter des chaussures, de la lingerie, du parfum, lire le journal, lĂ©cher les vitrines, prendre le mĂ©tro, surveiller l'heure, te pousser quand tu prends toute la place, Ă©tendre le linge, aller Ă  l'OpĂ©ra, faire des barbecues, rĂąler parce que tu as oubliĂ© le charbon, me laver les dents en mĂȘme temps que toi, t'acheter des caleçons, tondre la pelouse, lire le journal par-dessus ton Ă©paule, t'empĂȘcher de manger trop de cacahuĂštes, visiter les caves de la Loire, et celles de la Hunter Valley, faire l'idiote, jacasser, cueillir des mĂ»res, cuisiner, jardiner, te rĂ©veiller encore parce que tu ronfles, aller au zoo, aux puces, Ă  Paris, Ă  Londres, te chanter des chansons, arrĂȘter de fumer, te demander de me couper les ongles, acheter de la vaisselle, des bĂȘtises, des choses qui ne servent Ă  rien, manger des glaces, regarder les gens, te battre aux Ă©checs, Ă©couter du jazz, du reggae, danser le mambo et le cha-cha-cha, m'ennuyer, faire des caprices, bouder, rire, t'entortiller autour de mon petit doigt, chercher une maison avec vue sur les vaches, remplir d'indĂ©cents Caddie, repeindre un plafond, coudre des rideaux, rester des heures Ă  table Ă  discuter avec des gens intĂ©ressants, te tenir par la barbichette, te couper les cheveux, enlever les mauvaises herbes, laver la voiture, voir la mer, t'appeler encore, te dire des mots crus, apprendre Ă  tricoter, te tricoter une Ă©charpe, dĂ©faire cette horreur, recueillir des chats, des chiens, des perroquets, des Ă©lĂ©phants, louer des bicyclettes, ne pas s'en servir, rester dans un hamac, boire des margaritas Ă  l'ombre, tricher, apprendre Ă  me servir d'un fer Ă  repasser, jeter le fer Ă  repasser par la fenĂȘtre, chanter sous la pluie, fuire les touristes, m'enivrer, te dire toute la vĂ©ritĂ©, me souvenir que toute vĂ©ritĂ© n'est pas bonne Ă  dire, t'Ă©couter, te donner la main, rĂ©cupĂ©rer mon fer Ă  repasser, Ă©couter les paroles des chansons, mettre le rĂ©veil, oublier nos valises, m'arrĂȘter de courir, descendre les poubelles, te demander si tu m'aimes toujours, discuter avec la voisine, te raconter mon enfance, faire des mouillettes, des Ă©tiquettes pour les pots de confiture..." Et ça continuais comme ça pendant des pages et des pages...
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Anna Gavalda (Someone I Loved (Je l'aimais))
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Le plus grand luxe aujourd’hui, c’est pouvoir prendre son temps. La sociĂ©tĂ© vole le temps des gens.
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Françoise Sagan (Je ne renie rien : Entretiens 1955-1992 (La Bleue) (French Edition))
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Si seulement il avait un peu de temps. [...] Le temps aussi de bien comprendre le mot "amour". Un mot beaucoup trop gros pour lui. Tellement gros qu'il ne sait pas par quel bout le prendre.
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Luc Besson (Arthur et la vengeance de Maltazard - Tome 02)
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En mĂȘme temps, c'est quoi ĂȘtre comme tout le monde? Si on croit les professeurs, c'est faire toute une sĂ©rie d'actions dans le bon ordre. Etre soit un homme, soit une femme, et se marier. Faire les courses. Avoir deux ou trois enfants. Les inscrire Ă  l'Ă©cole et leur acheter des livres. Travailler en mĂȘme temps pour faire tout ça. Prendre un prĂȘt bancaire pour avoir un appartement plus grand. Travailler plus, pour rembourser son prĂȘt bancaire. Acheter une petite voiture. Voter. Marier ses enfants. S'occuper des petits-enfants. Mourir. Ne pas laisser de dettes en hĂ©ritage aux enfants.
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Kaouther Adimi (L'envers des autres)
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« Alors je prends mon stylo pour dire que je l'aime, qu'elle a les plus longs cheveux du monde et que ma vie s'y noie, et si tu trouves ça ridicule pauvre de toi, ses yeux sont pour moi, elle est moi, je suis elle, et quand elle crie je crie aussi et tout ce que je ferai jamais sera pour elle, toujours, toujours je lui donnerai tout et jusqu'Ă  ma mort il n'y aura pas un mation oĂč je me lĂšverai pour autre chose que pour elle et lui donner envie de m'aimer et m'embrasser encore et encore ses poignets, ses Ă©paules, ses seins et alors je me suis rendu compte que quand on est amoureux on Ă©crit des phrases qui n'ont pas de fin, on n'a plus le temps de mettre des points, il faut continuer Ă  Ă©crire, Ă©crire, courir plus loin que son coeur, et la phrase ne veut pas s'arrĂȘter, l'amour n'a pas de ponctuation, et de larmes de passion dĂ©goulinent, quand on aime on finit toujours par Ă©crire des choses interminables, quand on aime on finit toujours par se prendre pour Albert Cohen. »
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Frédéric Beigbeder
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L'horizon du voyage désorganisé implique de se rendre disponible, de ne pas laisser un tour opérateur remplir notre emploi du temps, de prendre le risque d'errer mais aussi celui de vivre plus intensément. Se contraindre à ne plus dépendre de contraintes.
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Franck Michel (Éloge du voyage dĂ©sorganisĂ©)
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Avez-vous remarquĂ© que la mort seule rĂ©veille nos sentiments? Comme nous aimons les amis qui viennent de nous quitter, n’est-ce pas? Comme nous admirons ceux de nos maĂźtres qui ne parlent plus, la bouche pleine de terre! L’hommage vient alors tout naturellement, cet hommage que, peut-ĂȘtre, ils avaient attendu de nous toute leur vie. Mais savez-vous pourquoi nous sommes toujours plus justes et plus gĂ©nĂ©reux avec les morts? La raison est simple ! Avec eux, il n’y a pas d’obligation. Ils nous laissent libres, nous pouvons prendre notre temps, caser l’hommage entre le cocktail et une gentille maĂźtresse, Ă  temps perdu, en somme. S’ils nous obligeaient Ă  quelque chose, ce serait Ă  la mĂ©moire, et nous avons la mĂ©moire courte. Non, c’est le mort frais que nous aimons chez nos amis, le mort douloureux, notre Ă©motion, nous-mĂȘmes enfin!
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Albert Camus (The Fall)
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Quand on s’attend au pire, le moins pire a une saveur toute particuliĂšre, que vous dĂ©gusterez avec plaisir, mĂȘme si ce n’est pas le meilleur. *** Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. Ne cherchez pas Ă  atteindre un bonheur parfait, mais contentez vous des petites choses de la vie, qui, mises bout Ă  bout, permettent de tenir la distance
 Les tout petit riens du quotidien, dont on ne se rend mĂȘme plus compte mais qui font que, selon la façon dont on les vit, le moment peut ĂȘtre plaisant et donne envie de sourire. Nous avons tous nos petits riens Ă  nous. Il faut juste en prendre conscience. *** Le silence a cette vertu de laisser parler le regard, miroir de l’ñme. On entend mieux les profondeurs quand on se tait. *** Au temps des sorciĂšres, les larmes d’homme devaient ĂȘtre trĂšs recherchĂ©es. C’est rare comme la bave de crapaud. Ce qu’elles pouvaient en faire, ça, je ne sais pas. Une potion pour rendre plus gentil ? Plus humain ? Moins avare en Ă©motion ? Ou moins poilu ? *** Quand un silence s’installe, on dit qu’un ange passe
 *** Vide. Je me sens vide et Ă©teinte. J’ai l’impression d’ĂȘtre un peu morte, moi aussi. D’ĂȘtre un champ de bataille. Tout a brĂ»lĂ©, le sol est irrĂ©gulier, avec des trous bĂ©ants, des ruines Ă  perte de vue. Le silence aprĂšs l’horreur. Mais pas le calme aprĂšs la tempĂȘte, quand on se sent apaisĂ©. Moi, j’ai l’impression d’avoir sautĂ© sur une mine, d’avoir explosĂ© en mille morceaux, et de ne mĂȘme pas savoir comment je vais faire pour les rassembler, tous ses morceaux, ni si je les retrouverai tous. *** Accordez-vous le droit de vivre votre chagrin. Il y a un temps pour tout. *** Ce n’est pas d’intuition dont est dotĂ© Romain, mais d’attention. *** ÒȘa fait toujours plaisir un cadeau, surtout de la part des gens qu’on aime.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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La vie est belle, Rune ! J'aimerais que tout le monde s'en rende compte. Pourquoi faut-il frĂŽler la mort pour en prendre conscience ? Pourquoi attendons nous de manquer de temps pour accomplir nos rĂȘves ? Pourquoi ne regarde-t-on pas celui qu'on aime comme si c'Ă©tait la derniĂšre fois qu'on le voyait ? Si c'Ă©tait le cas, notre vie serait tellement plus belle, tellement plus intense.
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Tillie Cole
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Que chacun examine ses pensĂ©es ; il les trouvera toujours occupĂ©es au passĂ© et Ă  l’avenir. Nous ne pensons presque point au temps prĂ©sent ; et si nous y pensons, ce n’est que pour en prendre la lumiĂšre pour disposer de l’avenir. Le prĂ©sent n’est jamais notre fin ; le passĂ© et le prĂ©sent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais ; mais nous espĂ©rons vivre ( pensĂ©es )
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Blaise Pascal (Pensées)
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Mon Dieu, dit-il, ils sont libres... Je veux dire, ce sont des jeunes gens, et le temps pour eux n'a pas d'importance. Pourquoi donc feraient-ils triste figure ? Je me dis quelquefois : ĂȘtre malade et mourir, ce n'est pas sĂ©rieux en somme, c'est plutĂŽt une sorte de laisser-aller ; du sĂ©rieux, on n'en rencontre Ă  tout prendre que dans la vie de la plaine. Je crois que tu comprendras cela, lorsque tu auras sĂ©journĂ© plus longtemps ici.
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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Patrice a vingt-quatre ans et, la premiĂšre fois que je l’ai vu, il Ă©tait dans son fauteuil inclinĂ© trĂšs en arriĂšre. Il a eu un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral. Physiquement, il est incapable du moindre mouvement, des pieds jusqu’à la racine des cheveux. Comme on le dit souvent d’une maniĂšre trĂšs laide, il a l’aspect d’un lĂ©gume : bouche de travers, regard fixe. Tu peux lui parler, le toucher, il reste immobile, sans rĂ©action, comme s’il Ă©tait complĂštement coupĂ© du monde. On appelle ça le locked in syndrome.Quand tu le vois comme ça, tu ne peux qu’imaginer que l’ensemble de son cerveau est dans le mĂȘme Ă©tat. Pourtant il entend, voit et comprend parfaitement tout ce qui se passe autour de lui. On le sait, car il est capable de communiquer Ă  l’aide du seul muscle qui fonctionne encore chez lui : le muscle de la paupiĂšre. Il peut cligner de l’Ɠil. Pour l’aider Ă  s’exprimer, son interlocuteur lui propose oralement des lettres de l’alphabet et, quand la bonne lettre est prononcĂ©e, Patrice cligne de l’Ɠil.  Lorsque j’étais en rĂ©animation, que j’étais complĂštement paralysĂ© et que j’avais des tuyaux plein la bouche, je procĂ©dais de la mĂȘme maniĂšre avec mes proches pour pouvoir communiquer. Nous n’étions pas trĂšs au point et il nous fallait parfois un bon quart d’heure pour dicter trois pauvres mots. Au fil des mois, Patrice et son entourage ont perfectionnĂ© la technique. Une fois, il m’est arrivĂ© d’assister Ă  une discussion entre Patrice et sa mĂšre. C’est trĂšs impressionnant.La mĂšre demande d’abord : « Consonne ? » Patrice acquiesce d’un clignement de paupiĂšre. Elle lui propose diffĂ©rentes consonnes, pas forcĂ©ment dans l’ordre alphabĂ©tique, mais dans l’ordre des consonnes les plus utilisĂ©es. DĂšs qu’elle cite la lettre que veut Patrice, il cligne de l’Ɠil. La mĂšre poursuit avec une voyelle et ainsi de suite. Souvent, au bout de deux ou trois lettres trouvĂ©es, elle anticipe le mot pour gagner du temps. Elle se trompe rarement. Cinq ou six mots sont ainsi trouvĂ©s chaque minute.  C’est avec cette technique que Patrice a Ă©crit un texte, une sorte de longue lettre Ă  tous ceux qui sont amenĂ©s Ă  le croiser. J’ai eu la chance de lire ce texte oĂč il raconte ce qui lui est arrivĂ© et comment il se sent. À cette lecture, j’ai pris une Ă©norme gifle. C’est un texte brillant, Ă©crit dans un français subtil, lĂ©ger malgrĂ© la tragĂ©die du sujet, rempli d’humour et d’autodĂ©rision par rapport Ă  l’état de son auteur. Il explique qu’il y a de la vie autour de lui, mais qu’il y en a aussi en lui. C’est juste la jonction entre les deux mondes qui est un peu compliquĂ©e.Jamais je n’aurais imaginĂ© que ce texte si puissant ait Ă©tĂ© Ă©crit par ce garçon immobile, au regard entiĂšrement vide.  Avec l’expĂ©rience acquise ces derniers mois, je pensais ĂȘtre capable de diagnostiquer l’état des uns et des autres seulement en les croisant ; j’ai reçu une belle leçon grĂące Ă  Patrice.Une leçon de courage d’abord, Ă©tant donnĂ© la vitalitĂ© des propos que j’ai lus dans sa lettre, et, aussi, une leçon sur mes a priori. Plus jamais dorĂ©navant je ne jugerai une personne handicapĂ©e Ă  la vue seule de son physique. C’est jamais inintĂ©ressant de prendre une bonne claque sur ses propres idĂ©es reçues .
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Grand corps malade (Patients)
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autrefois, il y avait des galeries aux maisons. Et quelque-fois, les gens restaient assis, tard dans la nuit, bavardant s'ils en avaient envie, se balançant dans leurs fauteuils, silencieux s'ils n'éprouvaient pas le besoin de parler. parfois, ils restaient là, tranquillement, à réfléchir à ruminer. Mon oncle dit que les architectes ont supprimé les galeries pour des raisons d'esthétique. Mais mon oncle dit que c'est un prétexte, rien de plus; la véritable raison, cachée en dessous, c'est qu'on ne voulait pas voir des gens passer des heures assis à ne rien faire, à se balancer, à discuter; c'était une forme détestable de vie en commun. Les gens parlaient trop. Et ils avaient le temps de penser. Alors on a détruit les galeries. Et les jardins, aussi. Il ne reste presque plus de jardins...Et voyez les mobiliers. Plus de rocking-chairs. Ils sont trop confortables. Il faut obliger les gens à courir, à prendre de l'exercise.
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Ray Bradbury (Fahrenheit 451)
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- Tu crois ça ? Alors, pour toi, les choses sont simples : il y a les bons et les méchants ? Quelle chance tu as ! Tiens, si tu avais le choix au moment des élections entre trois candidats : le premier à moitié paralysé par la polio, souffrant d'hypertension, d'anémie et de nombreuses pathologies lourdes, menteur à l'occasion, consultant une astrologue, trompant sa femme, fumant des cigarettes à la chaßne et buvant trop de martinis ; le deuxiÚme obÚse, ayant déjà perdu trois élections, fait une dépression et deux crises cardiaques, fumant des cigares et s'imbibant le soir au champagne, au porto, au cognac et au whisky avant de prendre deux somnifÚres ; le troisiÚme enfin un héros de guerre décoré, respectant les femmes, aimant les animaux, ne buvant qu'une biÚre de temps en temps et ne fumant pas, lequel choisirais-tu ? Servaz sourit. - Je suppose que vous vous attendez à ce que je réponde le troisiÚme ? - Eh bien bravo, tu viens de rejeter Roosevelt et Churchill et d'élire Adolf Hitler. Tu vois : les choses ne sont jamais ce qu'elles paraissent.
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Bernard Minier
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Il y a quelqu'un que je n'ai encore jamais eu envie de tuer. C'est toi. Tu peux marcher dans les rues, tu peux boire et marcher dans les rues, je ne te tuerai pas. N'aie pas peur. La ville est sans danger. Le seul danger dans la ville, c'est moi. Je marche, je marche dans les rues, je tue. Mais toi, tu n'as rien Ă  craindre. Si je te suis, c'est parce que j'aime le rythme de tes pas. Tu titubes. C'est beau. On pourrait dire que tu boites. Et que tu es bossu. Tu ne l'es pas vraiment. De temps en temps tu te redresses, et tu marches droit. Mais moi, je t'aime dans les heures avancĂ©es de la nuit, quand tu es faible, quand tu trĂ©buches, quand tu te voĂ»tes. Je te suis, tu trembles. De froid ou de peur. Il fait chaud pourtant. Jamais, presque jamais, peut-ĂȘtre jamais il n'avait fait si chaud dans notre ville. Et de quoi pourrais-tu avoir peur? De moi? Je ne suis pas ton ennemi. Je t'aime. Et personne d'autre ne pourrait te faire du mal. N'aie pas peur. je suis lĂ . Je te protĂšge. Pourtant, je souffre aussi. Mes larmes - grosses gouttes de pluie - me coulent sur le visage. La nuit me voile. La lune m'Ă©claire. Les nuages me cachent. Le vent me dĂ©chire. J'ai une sorte de tendresse pour toi. Cela m'arrive parfois. Tres rarement. Pourquoi pour toi? Je n'en sais rien. Je veux te suivre trĂšs loin, partout, longtemps. Je veux te voir souffrir encore plus. Je veux que tu en aies assez de tout le reste. Je veux que tu viennes me supplier de te prendre. Je veux que tu me dĂ©sires. Que tu aies envie de moi, que tu m'aimes, que tu m'appelles. Alors, je te prendrai dans mes bras, je te serrerai sur mon coeur, tu seras mon enfant, mon amant, mon amour. Je t'emporterai. Tu avais peur de naĂźtre, et maintenant tu as peur de mourir. Tu as peur de tout. Il ne faut pas avoir peur. Il y a simplement une grande roue qui tourne. Elle s'appelle ÉternitĂ©. C'est moi qui fais tourner la grande roue. Tu ne dois pas avoir peur de moi. Ni de la grande roue. La seule chose qui puisse faire peur, qui puisse faire mal, c'est la vie, et tu la connais dĂ©jĂ .
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Ágota Kristóf
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J'avais reconsulté entre-temps le docteur Chandi, à qui j'avais confié ma volonté expresse de mourir "à l'abri du regard de mes parents", et devant lequel, en évoquant le coma dans lequel était tombé Fichart, l'ami de Bill, je repris les mots de l'unique testament autographe de Muzil : "la mort, pas l'invalidité". Pas de coma prolongé, pas de démence, pas de cécité, la suppression pure et simple au moment adéquat. Mais le docteur Chandi se refusait à prendre en note quoi que ce soit de définitif, se bornant à indiquer que le rapport à la maladie ne cessait de se transformer, pour chaque individu, dans le cours de sa maladie, et qu'on ne pouvait préjuger des mutations vitales de sa volonté.
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HervĂ© Guibert (À l'ami qui ne m'a pas sauvĂ© la vie)
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La tempĂȘte se donnait vraiment Ă  fond. C'Ă©tait l'occasion ou jamais. Elle avait passĂ© des annĂ©es Ă  moisir en province, Ă  jouer les secondes rafales, Ă  se rĂŽder, Ă  prendre des contacts, de temps en temps Ă  faire une entrĂ©e fracassante devant des bergers sans mĂ©fiance ou Ă  brĂ»ler les planches d'une malheureuse baraque. VoilĂ  qu'une relĂąche dans la mĂ©tĂ©o lui offrait la chance de tenir la vedette, et elle en rajoutait dans son rĂŽle dans l'espoir qu'un gros climat la remarque. C'Ă©tait une bonne tempĂȘte. Elle projetait son feu intĂ©rieur, elle s'exprimait avec passion, et les critiques le reconnurent : pour peu qu'elle apprenne Ă  mieux maĂźtriser son tonnerre, ce serait, d'ici quelques annĂ©es, une tempĂȘte Ă  suivre.
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Terry Pratchett (Wyrd Sisters (Discworld, #6; Witches, #2))
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Comment des sociĂ©tĂ©s contemporaines, restĂ©es ignorantes de l'Ă©lectricitĂ© et de la machine Ă  vapeur, n'Ă©voqueraient-elles pas la phase correspondante du dĂ©veloppement de la civilisation occidentale ? Comment ne pas comparer les tribus indigĂšnes, sans Ă©criture et sans mĂ©tallurgie, mais traçant des figures sur les parois rocheuses et fabriquant des outils de pierre, avec les formes archaĂŻques de cette mĂȘme civilisation, dont les vestiges trouvĂ©s dans les grottes de France et d'Espagne attestent la similaritĂ© ? C'est lĂ  surtout que le faux Ă©volutionnisme s'est donnĂ© libre cours. Et pourtant ce jeu sĂ©duisant, auquel nous nous abandonnons presque irrĂ©sistiblement chaque fois que nous en avons l'occasion (le voyageur occidental ne se complaĂźt-il pas Ă  retrouver le "moyen Ăąge" en Orient, le "siĂšcle de Louis XIV" dans le PĂ©kin d'avant la PremiĂšre Guerre mondiale, l'"Ăąge de la pierre" parmi les indigĂšnes d'Australie ou de la Nouvelle-GuinĂ©e ?), est extraordinairement pernicieux. Des civilisations disparues, nous ne connaissons que certains aspects, et ceux-ci sont d'autant moins nombreux que la civilisation considĂ©rĂ©e est plus ancienne, puisque les aspects connus sont ceux-lĂ  seuls qui ont pu survivre aux destructions du temps. Le procĂ©dĂ© consiste donc Ă  prendre la partie pour le tout, Ă  conclure, du fait que certains aspects de deux civilisations (l'une actuelle, l'autre disparue) offrent des ressemblances, Ă  l'analogie de tous les aspects. Or non seulement cette façon de raisonner est logiquement insoutenable, mais dans bon nombre de cas elle est dĂ©mentie par les faits.
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Claude LĂ©vi-Strauss (Race et histoire)
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En finir avec le systĂšme capitaliste ne saurait en aucun cas se rĂ©duire Ă  un changement dans le rĂ©gime de propriĂ©tĂ© des moyens de production, Ă  la planification de l'Ă©conomie ou Ă  une rĂ©partition plus juste des bĂ©nĂ©fices de celle-ci. Cela ne peut signifier autre chose que l'abolition de la valeur et de son Ă©crasante prĂ©dominance tant dans l'ordre Ă©conomique que dans l'ensemble de la vie sociale et subjective. Prendre pleinement la mesure de ce qu'implique l'abolition de la valeur (c'est-Ă -dire aussi de la prĂ©Ă©minence du travail abstrait) n'a rien d'aisĂ©. Mais du moins est-il clair que cela - et cela seul - Ă©quivaut Ă  la destruction du moteur mĂȘme de la folle mĂ©canique du productivisme capitaliste, Ă  savoir la force incontrĂŽlable qui oblige Ă  produire sans cesse davantage sous l'effete de la seule nĂ©cessitĂ© de l'expansion de la valeur. Une fois Ă©liminĂ©e cette compulsion mortifĂšre de la production-pour-la-production-et-pour-le-profit, les producteurs (qu'il conviendrait de ne plus qualifier par ce terme) retrouveront la pleine maĂźtrise de la crĂ©ation de valeurs d'usage, rĂ©alisĂ©e sur la base e choix arrĂȘtĂ©s et assumĂ©s collectivement (tandis que l'autoproduction inscrite dans le temps disponible relĂšvera de l'entiĂšre libertĂ© de chacun). Plus profondĂ©ment, cela signifie que la production de biens et de services (qu'il serait souhaitable de nommer autrement), tout en demeurant la base nĂ©cessaire Ă  la vie, cessera d'ĂȘtre la sphĂšre centrale et dĂ©terminante de l'organisation collective, comme elle l'est, de maniĂšre trĂšs spĂ©cifique, dans la justement nommĂ©e sociĂ©tĂ© de la marchandise. (p. 115)
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JĂ©rĂŽme Baschet (AdiĂłs al Capitalismo: AutonomĂ­a, sociedad del buen vivir y multiplicidad de mundos)
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26 octobre. Oui, mon cher Wilhelm, je me persuade chaque jour davantage que l’existence d’une crĂ©ature est peu de chose, bien peu de chose. Une amie de Charlotte Ă©tait venue la voir, et je passai dans la chambre voisine pour prendre un livre, et je ne pouvais lire : alors je pris une plume pour essayer d’écrire. Je les entendais causer doucement : elles se racontaient l’une Ă  l’autre des choses indiffĂ©rentes, des nouvelles de la ville ; que l’une se mariait, que l’autre Ă©tait malade, trĂšs-malade ; elle avait une toux sĂšche, la figure dĂ©charnĂ©e ; il lui prenait des faiblesses. « Je ne donnerais pas un sou de sa vie, » disait l’une. « N. N. est aussi fort mal, » dit Charlotte. « II est enflĂ©, » reprit l’amie Et mon imagination me transportait vivement au chevet de ces malheureux ; je voyais avec quelle rĂ©pugnance ils tournaient le dos Ă  la vie ; avec quel
. Wilhelm, et mes deux petites dames parlaient de cela prĂ©cisĂ©ment comme on parle d’un Ă©tranger qui meurt
. Et quand je porte les yeux autour de moi, quand je regarde cette chambre et, tout alentour, les habits de.Charlotte et les papiers d’Albert, et ces meubles auxquels je suis maintenant si accoutumĂ©, mĂȘme cet encrier, je me dis : « Vois ce que tu es’pour cette maison ! Tout pour tous. Tes amis te considĂšrent ; tu fais souvent leur joie, et il semble Ă  ton cƓur, qu’il ne pourrait vivre sans eux ; et pourtant
, si tu venais Ă  mourir, si tu disparaissais de ce cercle, sentiraient-ils, combien de temps sentiraient-ils, le vide que ta perte ferait dans leur existence ? combien de temps ?
 » Ah ! l’homme est si Ă©phĂ©mĂšre, qu’aux lieux mĂȘmes oĂč il a l’entiĂšre certitude de son ĂȘtre, oĂč il grave la seule vĂ©ritable impression de sa prĂ©sence dans le souvenir, dans l’ñme de ses amis, lĂ  mĂȘme, il doit s’effacer, disparaĂźtre, disparaĂźtre promptement !
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Faut-il regretter le temps des guerres "Ă  sens" ? souhaiter que les guerres d'aujourd'hui "retrouvent" leur sens perdu ? le monde irait-il mieux, moins bien, indiffĂ©remment, si les guerres avaient, comme jadis, ce sens qui les justifiait ? Une part de moi, celle qui a la nostalgie des guerres de rĂ©sistance et des guerres antifascistes, a tendance Ă  dire : oui, bien sĂ»r ; rien n'est plus navrant que la guerre aveugle et insensĂ©e ; la civilisation c'est quand les hommes, tant qu'Ă  faire, savent Ă  peu prĂšs pourquoi ils se combattent ; d'autant que, dans une guerre qui a du sens, quand les gens savent Ă  peu prĂšs quel est leur but de guerre et quel est celui de leur adversaire, le temps de la raison, de la nĂ©gociation, de la transaction finit toujours par succĂ©der Ă  celui de la violence ; et d'autant (autre argument) que les guerres sensĂ©es sont aussi celles qui, par principe, sont les plus accessibles Ă  la mĂ©diation, Ă  l'intervention - ce sont les seules sur lesquelles des tiers, des arbitres, des observateurs engagĂ©s, peuvent espĂ©rer avoir quelque prise...Une autre part hĂ©site. L'autre part de moi, celle qui soupçonne les guerres Ă  sens d'ĂȘtre les plus sanglantes, celle qui tient la "machine Ă  sens" pour une machine de servitude et le fait de donner un sens Ă  ce qui n'en a pas, c'est-Ă -dire Ă  la souffrance des hommes, pour un des tours les plus sournois par quoi le Diabolique nous tient, celle qui sait, en un mot, qu'on n'envoie jamais mieux les pauvres gens au casse-pipe qu'en leur racontant qu'ils participent d'une grande aventure ou travaillent Ă  se sauver, cette part-lĂ , donc, rĂ©pond : "non ; le pire c'Ă©tait le sens"; le pire c'est, comme disait Blanchot, "que le dĂ©sastre prenne sens au lieu de prendre corps" ; le pire, le plus terrible, c'est d'habiller de sens le pur insensĂ© de la guerre ; pas question de regretter, non, le "temps maudit du sens". (ch. 10 De l'insensĂ©, encore)
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Bernard-Henri LĂ©vy (War, Evil, and the End of History)
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Mais j’avais revu tantĂŽt l’une, tantĂŽt l’autre, des chambres que j’avais habitĂ©es dans ma vie, et je finissais par me les rappeler toutes dans les longues rĂȘveries qui suivaient mon rĂ©veil ; chambres d’hiver oĂč quand on est couchĂ©, on se blottit la tĂȘte dans un nid qu’on se tresse avec les choses les plus disparates : un coin de l’oreiller, le haut des couvertures, un bout de chĂąle, le bord du lit, et un numĂ©ro des DĂ©bats roses, qu’on finit par cimenter ensemble selon la technique des oiseaux en s’y appuyant indĂ©finiment ; oĂč, par un temps glacial, le plaisir qu’on goĂ»te est de se sentir sĂ©parĂ© du dehors (comme l’hirondelle de mer qui a son nid au fond d’un souterrain dans la chaleur de la terre), et oĂč, le feu Ă©tant entretenu toute la nuit dans la cheminĂ©e, on dort dans un grand manteau d’air chaud et fumeux, traversĂ© des lueurs des tisons qui se rallument, sorte d’impalpable alcĂŽve, de chaude caverne creusĂ©e au sein de la chambre mĂȘme, zone ardente et mobile en ses contours thermiques, aĂ©rĂ©e de souffles qui nous rafraĂźchissent la figure et viennent des angles, des parties voisines de la fenĂȘtre ou Ă©loignĂ©es du foyer et qui se sont refroidies ; – chambres d’étĂ© oĂč l’on aime ĂȘtre uni Ă  la nuit tiĂšde, oĂč le clair de lune appuyĂ© aux volets entr’ouverts, jette jusqu’au pied du lit son Ă©chelle enchantĂ©e, oĂč on dort presque en plein air, comme la mĂ©sange balancĂ©e par la brise Ă  la pointe d’un rayon – ; parfois la chambre Louis XVI, si gaie que mĂȘme le premier soir je n’y avais pas Ă©tĂ© trop malheureux, et oĂč les colonnettes qui soutenaient lĂ©gĂšrement le plafond s’écartaient avec tant de grĂące pour montrer et rĂ©server la place du lit ; parfois au contraire celle, petite et si Ă©levĂ©e de plafond, creusĂ©e en forme de pyramide dans la hauteur de deux Ă©tages et partiellement revĂȘtue d’acajou, oĂč, dĂšs la premiĂšre seconde, j’avais Ă©tĂ© intoxiquĂ© moralement par l’odeur inconnue du vĂ©tiver, convaincu de l’hostilitĂ© des rideaux violets et de l’insolente indiffĂ©rence de la pendule qui jacassait tout haut comme si je n’eusse pas Ă©tĂ© là ; – oĂč une Ă©trange et impitoyable glace Ă  pieds quadrangulaires barrant obliquement un des angles de la piĂšce se creusait Ă  vif dans la douce plĂ©nitude de mon champ visuel accoutumĂ© un emplacement qui n’y Ă©tait pas prĂ©vu ; – oĂč ma pensĂ©e, s’efforçant pendant des heures de se disloquer, de s’étirer en hauteur pour prendre exactement la forme de la chambre et arriver Ă  remplir jusqu’en haut son gigantesque entonnoir, avait souffert bien de dures nuits, tandis que j’étais Ă©tendu dans mon lit, les yeux levĂ©s, l’oreille anxieuse, la narine rĂ©tive, le cƓur battant ; jusqu’à ce que l’habitude eĂ»t changĂ© la couleur des rideaux, fait taire la pendule, enseignĂ© la pitiĂ© Ă  la glace oblique et cruelle, dissimulĂ©, sinon chassĂ© complĂštement, l’odeur du vĂ©tiver et notablement diminuĂ© la hauteur apparente du plafond.
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Marcel Proust (Du cÎté de chez Swann (à la recherche du temps perdu #1))
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- Tu es sĂ©rieuse ? - On n'a pas le choix, Clarence, le temps joue contre nous, il va falloir prendre des risques. - Ah oui ? Et je peux savoir quels risques tu prends toi ? Je jetai un Ɠil Ă  ma montre et souris. - LĂ , tu vois, il est presque 3 heures et je dois retourner enseigner Ă  plĂ©thore d'adolescentes teigneuses, rĂąleuses et agaçantes, tu veux prendre ma place ? On Ă©change si tu veux... Il me jeta aussitĂŽt un regard horrifiĂ© et dĂ©glutit. - Ça va, ça va, t'as gagnĂ©. Je vais rĂ©cupĂ©rer ce type. On sera lĂ  demain au plus tard.
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Cassandra O'Donnell (Potion macabre (Rebecca Kean, #3))
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Oui, je pense que tout ce qui vient du passĂ© n'est pas dĂ©passĂ©. Faire soi-mĂȘme possĂšde quelque chose de trĂšs beau; prendre le temps, c'est important. Oui, je pense que tout va trop vite. On parle trop vite. On rĂ©flĂ©chit trop vite, quand on rĂ©flĂ©chit! On envoie des mails, des textos sans se relire, on perd lĂ©lĂ©gance de l'orthographe, la politesse, le sens des choses. (p. 94)
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Grégoire Delacourt (La liste de mes envies)
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Mais comment ne pas sans arrĂȘt penser Ă  se donner la mort, quand les pĂ©rils sont si nombreux, les prĂ©dateurs si fĂ©roces, et le sang si prĂšs sous la peau? Comment ne pas rĂ©flĂ©chir Ă©perdument Ă  une maniĂšre de provoquer cette mort qui vous pend au nez, pour en finir et enfin donner raison Ă  tout ce qui meurt? Comment ne pas vouloir poser, une seule fois, un geste irrĂ©vocable quand toute notre agitation ne sait qu'ĂȘtre vaine? Comment ne pas mourir de curiositĂ© et aller voir si l'enfer est vĂ©ritablement pavĂ© de bonnes intentions? Comment accepter de prendre le risque, tous les jours, que la mort nous surprenne au beau milieu d'une phrase ou d'une pensĂ©e? Quelle humiliation ce doit ĂȘtre d'ĂȘtre interrompu par la mort.
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Évelyne de la Cheneliùre (La concordance des temps)
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Mais tu as raison. DĂšs que j’aurai un vaisseau capable de prendre le large, je trouverai, je sauverai et - s’il en est encore temps - j’épouserai la seule femme qui a, pour moi, Ă  la fois un corps et un visage, et avec qui je n’ai pas besoin de renoncer aux miens.
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Tim Powers (On Stranger Tides)
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Le ventre bien rebondi de M. Vincenti. Ses petits bras ont toujours un mal fou Ă  atteindre, sous son pull, la poche de la chemise oĂč il planque son argent. Et vous sentez qu'aujourd'hui il n'a pas eu le temps de prendre une douche (hier non plus, d'ailleurs).
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Anna Sam (Les tribulations d'une caissiĂšre (Essais - Documents) (French Edition))
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Presque toutes les fĂ©ministes et beaucoup de spĂ©cialistes des sciences sociales s'insurgent quand elles/ils entendent que la subordination des femmes est causĂ©e par l'infĂ©rioritĂ© des capacitĂ©s naturelles des femmes. Mais, dans le mĂȘme temps, l'immense majoritĂ© continue de penser qu' "il faut prendre en compte la biologie". Pourquoi au juste ? [...] La biologie ne mĂ©rite pas logiquement un rĂŽle qu'elle n'a pas mĂ©ritĂ© historiquement, puisque ce siĂšcle a vu l'effondrement des thĂ©ories raciales - mĂȘme si un quarteron de primatologues essaie de les sauver du nĂ©ant.
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Christine Delphy (L'ennemi principal (Tome 1) : Ă©conomie politique du patriarcat)
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Il y a des moments oĂč je pense avec plaisir au temps oĂč il n'existera plus rien Ă  quoi je puisse m'attacher. J'en ai assez de savoir d'avance que tout me sera enlevĂ©. Mais ce temps n'arrivera pas, car aussi longtemps qu'il y aura dans la forĂȘt un seul ĂȘtre Ă  aimer, je l'aimerai et si un jour il n'y en a plus, alors je cesserai de vivre. Si tous les hommes m'avaient ressemblĂ©, il n'y aurait pas eu de mur et le vieil homme ne serait pas couchĂ© prĂšs de la fontaine, mĂ©tamorphosĂ© en pierre. Mais je comprends pourquoi ce sont les autres qui ont toujours eu le dessus. Aimer et prendre soin d'un ĂȘtre est une tĂąche trĂšs pĂ©nible et beaucoup plus difficile que tuer ou dĂ©truire.
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Marlen Haushofer (Le Mur invisible)
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C'est quand mĂȘme dommage de prendre le temps de tisser une intimitĂ© avec quelqu'un, sans savoir si un jour elle va nous Ă©clater au visage.
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Marie-Christine Chartier (Le sommeil des loutres)
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La terre c'est pas fait pour toi, unique, Ă  ton usance, sans fin, sans prendre l'avis du maĂźtre, de temps en temps. T'es comme un fermier; il y a le patron. Le patron en belle veste Ă  six boutons, en gilet de velours marron, le manteau en peau de mouton. Tu le connais, le patron? « T'as jamais entendu chuinter comme un vent, sur la feuille, la feuillette, la petite feuille et le pommier tout pommelĂ©; c'est sa voix douce; il parle comme ça aux arbres et aux bĂȘtes.
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Jean Giono (Colline)
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Un job qui pourrait engager l'Ă©nergie de quelques personnes, durant un temps raisonnable, pour le plaisir, devient un fardeau pour ceux qui doivent s'y astreindre quarante heures par semaine, sans avoir leur mot Ă  dire sur la maniĂšre de le faire, pour le seul profit d'actionnaires qui ne contribuent en rien au projet - et sans la moindre possibilitĂ© de partager les tĂąches parmi ceux qui doivent vraiment s'y frotter. VoilĂ  le vrai monde du travail : un monde de bĂ©vues bureaucratiques, de harcĂšlement sexuel et de discrimination, peuplĂ© de patrons obtus exploitant et brimant leur subordonnĂ©s, lesquels - selon n'importe quel critĂšre technique et rationnel - devraient ĂȘtre aux commandes et prendre les dĂ©cisions.
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Bob Black (Travailler, moi ? Jamais !)
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Je ne voulais pas que ma vie soit rĂ©glĂ©e d’avance ou dĂ©cidĂ©e par d’autres. Si, Ă  six heures du matin, j’avais envie de faire l’amour, je voulais prendre le temps de le faire sans regarder ma montre. Je voulais vivre ma vie sans heure, considĂ©rant que la premiĂšre contrainte de l’homme a vu le jour Ă  l’instant oĂč il s’est mis Ă  calculer le temps. Toutes les phrases usuelles de la vie courante me rĂ©sonnaient dans la tĂȘte : Pas le temps de
 ! Arriver Ă  temps
 ! Gagner du temps
 ! Perdre son temps
 ! Moi, je voulais avoir « le temps de vivre » et la seule façon d’y arriver Ă©tait de ne pas en ĂȘtre l’esclave. Je savais l’irrationalisme de ma thĂ©orie, qui Ă©tait inapplicable pour fonder une sociĂ©tĂ©. Mais qu’était-elle, cette sociĂ©tĂ© avec ses beaux principes et ses lois ?
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Jacques Mesrine
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Ne faudrait-il pas prendre le temps d’écouter la voix des morts, faire notre deuil dans la tristesse, et en mĂȘme temps, petit Ă  petit, aller de l’avant ? Avec les morts.
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いべうせいこう (Radio Imagination)
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– Bah alors, c’est ce que je dis, avec la dotation qu’on a, ajouta Făneață puis il se leva pour prendre le livre le plus Ă©pais de la pile la plus proche. Il se trouva que c’était La Montagne magique. – Ça fera l’affaire, dit-il le travailleur en se rasseyant Ă  table. Il a suffisamment de pages pour que personne ne remarque que nous en avons dĂ©chirĂ© quelques-unes. – Mon frĂšre, t’es vraiment mortel. Laisse donc ce livre en paix, nom de Dieu
 Nicu s’opposa pour la derniĂšre fois, l’image de son camarade en cerbĂšre le fit Ă©clater de rire. Une considĂ©ration de folie. – Tiens, avant de le dĂ©plumer, lis au moins ce qu’il y a d’écrit, qu’on entende nous aussi. Făneață fourra son doigt Ă©pais au cƓur du livre et lut lĂ  oĂč ses yeux se posĂšrent : – Qu’est-ce que le corps ! Ă©clata-t-il avec une impĂ©tositĂ© soudaine. Qu’est-ce que la chair ! Qu’est-ce que le corps humain ! De quoi est-il constitué ! Monsieur le conchilier aulique, dites-le nous tout de suite, cet aprĂšs-midi mĂȘme. Dites-le-nous une fois pour tourtes et le plus Ă©chactement, pour que nous le sachions. ÉcƓurĂ© par la lecture, il s’arrĂȘta, et ne cacha pas son Ă©tonnement : certains sont prĂȘts Ă  jeter leur argent par les fenĂȘtres pour n’importe quoi. – Mon petit Nicu, c’est ainsi quand l’homme a trop de temps libre, qu’il ne travaille mĂȘme pas. Il est lĂ  Ă  se faire des idĂ©es, et ceux qui se font passer pour cultivĂ©s font la file d’attente pour acheter quelque livre comme celui-lĂ . Chiche qu’on va montrer Ă  m’sieur l’écrivain – il fit une pause pour lire le nom de celui-ci sur la couverture – ce que c’est-ce que la viande, car je vois que l’honorable dit ne pas le savoir. Passe-moi les saucisses, va ! Puis il arracha soigneusement quelques pages sur lesquelles il dĂ©posa fromage et lĂ©gumes en se vantant auprĂšs de Nicu que lui Ă©tait un garçon de salon et que l’on n’aurait dĂ©chirĂ© des feuilles que de lĂ -bas, de l’introduction, partie que personne ne lit. – De la critique.
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Călin Torsan (Brocs en stock (French Edition))
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Les jumeaux nous apprirent les attitudes des grandes personnes en train de fumer: la tĂȘte devait ĂȘtre un peu en biais, l'oeil droit Ă  moitiĂ© fermĂ©, la cigarette entre l'index et le majeur, le bout du filtre Ă  peine calĂ© enre les lĂšvres. Il fallait prendre son temps entre deux bouffĂ©es, faire semblant de discuter Ă  grands gestes avec les autres.
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Alain Mabanckou (Petit Piment)
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Fort heureusement, mĂȘme si la volontĂ© accordĂ©e la naissance est faible, il est toujours possible de la renforcer. Il s'agit de la dĂ©velopper petit petit et cela peut prendre beaucoup de temps, ce qui est aussi le cas pour la force physique. Au dĂ©but, on peut avoir l'impression que rien ne change. Le doute, la paresse, l'envie de tout abandonner peuvent alors commencer Ă  se manifester. Mais il faut les combattre, serrer les dents et persĂ©vĂ©rer. Et au moment oĂč on se dit que rien ne changera jamais, il se produit un Ă©vĂ©nement qui nous fait dĂ©couvrir qu'on est diffĂ©rent de celui qu'on Ă©tait avant. On continue de faire des efforts, dans une succession de jours monotones, et soudain, on dĂ©couvre que celui qu'on est devenu est encore diffĂ©rent de celui qu'on Ă©tait jusqu'Ă  maintenant, et ainsi de suite. Grand-mĂšre s'interrompit quelques secondes. Mais la grande diffĂ©rence avec l'entraĂźnement physique ou le dĂ©veloppement d'autres compĂ©tences, c'est qu'il est plus facile d'Ă©chouer, car ce sont souvent ceux qui manquent de volontĂ© qui veulent relever le dĂ©fi, conclut-elle lentement.
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Nashiki (Un'estate con la Strega dell'Ovest)
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Le jour passait ainsi, tant bien que mal, Ă  manger beaucoup et boire de mĂȘme ; grand soleil fort ; bagnole pour nous trimbaler ; cigare de temps Ă  autre ; petit somme sur la plage ; revue de dĂ©tail des connasses qui passaient ; bavardages en tous genres ; un peu de rigolade ; quelques chansons aussi – une journĂ©e comme tant et tant d’autres passĂ©es en compagnie de MacGregor. En de pareils jours, j’avais l’impression que la roue cessait de tourner. En surface ce n’était que gaietĂ© et bon temps ; les heures passaient comme un rĂȘve gluant. Mais sous la surface c’était la fatalitĂ©, le domaine des prĂ©monitions qui me laissaient le lendemain dans un Ă©tat d’inquiĂ©tude morbide. Je savais parfaitement qu’il me faudrait rompre un jour, parfaitement que je passais le temps comme on passe une envie de pisser. Mais je savais aussi que je n’y pouvais absolument rien – pour le moment. J’attendais un Ă©vĂ©nement, Ă©norme, qui me ferait perdre l’équilibre. Tout ce dont j’avais besoin, c’était d’ĂȘtre bousculé ; mais il n’y avait qu’une force extĂ©rieure au monde oĂč je vivais qui pĂ»t me donner le choc nĂ©cessaire. De cela j’étais sĂ»r. Je ne pouvais me ronger le cƓur : c’eĂ»t Ă©tĂ© aller contre ma nature. Ma vie durant, tout avait toujours tournĂ© au mieux – Ă  la fin. Il n’était pas Ă©crit dans les cartes que je dusse m’épuiser en effort. Il fallait faire la part de la Providence – part entiĂšre, dans mon cas. J’avais contre moi toutes les apparences : j’étais guignard, eĂ»t-on dit, je ne savais pas mener ma barque ; mais rien ne pouvait m’îter de la tĂȘte que j’étais nĂ© coiffĂ©. Doublement coiffĂ© mĂȘme. Vue de l’extĂ©rieur, la situation n’était pas brillante, d’accord – mais ce qui m’inquiĂ©tait plus encore, c’était la situation intĂ©rieure. Tout en moi m’effrayait : mes appĂ©tits, ma curiositĂ©, ma souplesse, ma permĂ©abilitĂ©, ma mallĂ©abilitĂ©, mon naturel, mon pouvoir d’adaptation. En soi, aucune situation ne me faisait peur : je ne pouvais me voir autrement que prenant toutes mes aises, comme une fleur, ou mieux comme l’abeille sur la fleur, en train de butiner. MĂȘme si je m’étais retrouvĂ© en taule un beau matin, je suis sĂ»r que j’y aurais pris un certain plaisir. La raison, j’imagine, en Ă©tait que je savais opposer la force d’inertie. D’autres s’usaient Ă  tirer sur la corde, Ă  se dĂ©mener, Ă  se tendre Ă  craquer ; ma stratĂ©gie Ă©tait de flotter au grĂ© de la marĂ©e. Je me souciais beaucoup moins de ce qu’on pouvait me faire que du mal que se faisaient les autres Ă  eux-mĂȘmes ou entre eux. Je me sentais si bien, en dedans de moi, que je ne pouvais faire autrement que de prendre Ă  charge et Ă  cƓur le monde entier et ses problĂšmes. C'est pourquoi j’étais tout le temps dans la mouise. Il n’y avait entre ma destinĂ©e et moi aucun synchronisme, pour ainsi dire.
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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J’aurais voulu vivre la destinĂ©e de l’univers. S'il m’arrivait de rentrer un soir Ă  la maison pour trouver qu’il n’y avait rien Ă  manger, pas mĂȘme pour la gosse, je faisais aussitĂŽt demi-tour pour me mettre en quĂȘte. Mais, et c’est un trait de moi qui m’intrigue toujours, Ă  peine me retrouvais-je dans la rue, galopant Ă  la recherche de la croĂ»te, je retombais en pleine Weltanschauung. Loin de penser exclusivement Ă  notre bouffe, je pensais Ă  la bouffe en gĂ©nĂ©ral, Ă  tous ses stades et dans le monde entier Ă  l’heure qu’il Ă©tait : comment on se la procurait, la prĂ©parait, ce que faisaient les gens qui n’avaient rien Ă  se mettre sous la dent, et peut-ĂȘtre y avait-il moyen d’arranger les choses en sorte que tout le monde eĂ»t son contentement et qu’on ne gĂąchĂąt plus de temps Ă  rĂ©soudre un problĂšme aussi simple et idiot. J’étais navrĂ© pour ma femme et ma gosse, bien sĂ»r, mais je l’étais tout autant pour les Hottentots et les Bochimans d’Australie, sans oublier les Belges qui mouraient de faim, les Turcs et les ArmĂ©niens. J’étais navrĂ© pour toute la race humaine, pour la stupiditĂ© de l’homme et son manque d’imagination. Ne pas avoir de quoi manger Ă  un repas n’était pas si terrible en soi – c’était le vide effroyable de la rue qui me bouleversait. Toutes ces putains de maisons, absolument identiques, plus vides et tristes les unes que les autres. PavĂ© fin sous le pied, coulĂ©e d’asphalte au centre de la rue, perrons en pierre brune, magnifiquement hideux d’élĂ©gance – ce qui n’empĂȘche qu’un type peut passer sa journĂ©e, nuit comprise, Ă  se balader sur ce matĂ©riau coĂ»teux en quĂȘte d’une croĂ»te de pain. Et cela me dĂ©passait. Penser Ă  l’incongruitĂ© d’un tel Ă©tat de chose. Si seulement on pouvait se ruer dehors, brandissant une cloche Ă  sonner les repas et hurlant – « Oyez, oyez, braves gens, vous avez devant vous un type qui la saute. OĂč y a-t-il des chaussures Ă  cirer ? Des ordures Ă  sortir ? Des tuyaux Ă  dĂ©boucher ? » Si seulement on pouvait descendre dans la rue et s’expliquer avec les gens. Mais non, on n’ose pas l’ouvrir. Abordez le premier venu dans la rue, dites-lui que vous avez faim, la peur lui flanquera la chiasse et lui donnera des ailes. Cela aussi m’a toujours dĂ©passĂ©. C'est tellement simple pourtant – il suffit de dire Oui quand on s’approche de vous. Si vous ne pouvez dire Oui, qui vous empĂȘche de prendre le type par le bras et de demander Ă  un autre zigue de vous aider Ă  le tirer d’affaire. Pourquoi a-t-on besoin de revĂȘtir un uniforme pour aller tuer des gens qu’on ne connaĂźt pas et se procurer de quoi croĂ»ter – c’est pour moi un mystĂšre. VoilĂ  ce qui me trotte par la tĂȘte, bien plus que l’image de la gueule qui dĂ©vore la croĂ»te et que le prix de cette derniĂšre.
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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Missive 6245 « Ma Reine, Nous sommes toujours Ă  Dingle Ă  ce jour, mais au vu des derniers Ă©vĂšnements que je vais vous rapporter ici, il est possible que nous devions bouger d’ici quelque temps. Je vous laisse prendre connaissance de mon rapport pour le mois qui vient de s’écouler et attends vos instructions. Votre dĂ©vouĂ© serviteur. » Je remis alors de l’ordre dans les notes que j’avais prises au cours du mois passĂ© en les rassemblant devant moi et commençai Ă  rĂ©diger ce Ă©niĂšme compte rendu, qui diffĂ©rait lĂ©gĂšrement des prĂ©cĂ©dents, par les quelques points singuliers qui le parcouraient. J’en profitais pour ajouter quelques mots Ă  mon propre journal de mĂ©moires. Je compte laisser ce dernier Ă  un humain digne de confiance capable de transmettre et d’archiver ce document aussi unique que considĂ©rable dans un endroit sĂ»r loin des mains redoutĂ©es des membres de l’Unseelie Court, notre ennemie jurĂ©e, lorsque ma mission viendra Ă  son terme.
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Virginia Besson Robilliard (L'Irlandais - Ă©pisode 1: La monnaie de sa piĂšce ( L'Irlandais, #1))
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- Mr Finch ne s'est pas conduit de la sorte avec Mayella ni le pÚre Ewell, pendant leur contre-interrogatoire. Cette façon que l'autre avait de l'appeler "Mon gars" tout le temps, de se moquer de lui de maniÚre méprisante, de prendre le jury à témoin chaque fois qu'il répondait... - Ecoute, Dill, aprÚs tout, ce n'est jamais qu'un Noir. - Je m'en fiche pas mal ! C'est pas juste, voilà ! C'est pas juste de les traiter comme ça ! Personne n'a besoin de parler comme ça... ça me rend malade !
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Harper Lee (To Kill a Mockingbird)
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les trois ~s du temps | most of the time ‱ les trois ~s des gens | most people ‱ un portrait de trois ~s | (Art) a portrait in three-quarter profile ‱ se tenir de trois ~s | to stand three quarters on 2. (bouteille) a quarter-litre GB bottle (de "of"); (pichet) a quarter-litre GB pitcher (de "of") 3. (gobelet) beaker (of a quarter-litre GB capacity) 4. watch ‱ ĂȘtre de ~ | to be on watch ‱ rendre/prendre le ~ | to hand over the/go on watch
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Synapse DĂ©veloppement (Oxford Hachette French - English Dictionary (French Edition))
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Le sentier est, peut-ĂȘtre, le premier tĂ©moignage de la place que l’homme allait prendre dans l’univers, et, dans les temps les plus reculĂ©s, il Ă©tait probablement riche de significations importantes. Avec lui, l’errance et le chaos prenaient fin, pour faire place Ă  une Ăšre nouvelle, celle de la certitude. De la grotte Ă  la riviĂšre, et de la riviĂšre Ă  la grotte, une gĂ©nĂ©ration finit par coucher l’herbe, et les suivantes hĂ©ritĂšrent du sentier battu, et le conservĂšrent, comme un trĂ©sor lĂ©guĂ© par les ancĂȘtres. Aujourd’hui encore, au fond des bois dans lesquels le rĂšgne des temps immĂ©moriaux n’a pas Ă©tĂ© troublĂ©, rien n’a autant d’importance que cette corde poudreuse, la seule capable de chasser des cƓurs l’inquiĂ©tude et la peur de s’égarer. Pour les premiers hommes, mis brusquement face Ă  l’immensitĂ© et Ă  l’énigme de l’espace, le sentier a dĂ» ĂȘtre plus important que la hache ou que l’arc pour la chasse. Telle une liane infinie, il liait un horizon Ă  un autre, permettant aux hommes de s’agripper les uns aux autres, pour ne pas sombrer dans l’inconnu, comme dans un gouffre sans fond. À des Ă©poques totalement oubliĂ©es, un sentier aura signifiĂ© toute une civilisation. Une civilisation pour la conquĂȘte de laquelle de nombreuses gĂ©nĂ©rations d’hommes et de femmes, dont personne ne se rappelle plus l’origine, n’ont cessĂ© de durcir la plante de leurs pieds en parcourant des sols vierges et rudes. MillĂ©naire aprĂšs millĂ©naire, Ăšre aprĂšs Ăšre, des tribus et des peuplades ont parcouru la terre de long en large, guidĂ©es par le soleil et les Ă©toiles, jusqu’à ce qu’elles eussent rĂ©ussi Ă  la marquer de l’empreinte de leurs pieds, imprimant en elle les mĂ©ridiens de leur audace et de leur opiniĂątretĂ©. (traduction Dolores Toma)
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Geo Bogza (Cartea Oltului)
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Quelle en est la cause ? La voici : dans les temps modernes et dans l'antiquitĂ©, il n'y avait plus de rois depuis longtemps; la maison des Tcheou (Zhou n.n.) s'Ă©tait affaiblie; quand les cinq hĂ©gĂ©mons eurent cessĂ© d'ĂȘtre, ses ordres n'eurent plus d'autoritĂ© dans l'empire; c'est pourquoi les seigneurs gouvernĂšrent par la violence ; les forts tyrannisĂšrent les faibles; la majoritĂ© opprima la minoritĂ©; les armes et les cuirasses ne furent point dĂ©posĂ©es; les hommes de valeur et le peuple furent Ă©puisĂ©s. Or, quand Ts'in (Qin n.n.) se tourna du cĂŽtĂ© du sud et rĂ©gna sur l'empire, il y eut dĂšs lors en haut un Fils du Ciel ; aussitĂŽt la multitude innombrable du peuple espĂ©ra obtenir la paix conforme Ă  sa nature et Ă  sa destinĂ©e ; il n’y eut per- sonne qui ne se portĂąt vers lui de tout son cƓur et qui ne regardĂąt en haut avec respect. Dans ces circonstances, c’était lĂ  que se trouvait le principe du prestige protecteur, de la gloire assurĂ©e, du pĂ©ril conjurĂ©. Le roi de Ts’in (Qin n.n.) nourrissait des sentiments avides et bas; il appliquait les connaissances qui sortaient de son propre esprit; il ne donnait pas sa confiance aux ministres Ă©prouvĂ©s et ne contractait pas des liens Ă©troits avec les gens de valeur et le peuple ; il abandonna la ligne de conduite suivie par les rois et Ă©tablit son pou- voir autocratique; il interdit les Ă©crits et les livres et rendit impitoyables les chĂątiments et les lois ; il mit au premier rang la tromperie et la violence, et au dernier rang la bontĂ© et la justice; il fit de la tyrannie le fonde- ment de l'empire. Or, si celui qui conquiert et annexe met en avant la tromperie et la violence, d’autre part, celui qui pacifie et affermit tient en estime la douceur et l’équitĂ© ; cela signifie que les mĂ©thodes ne sont pas les mĂȘmes pour prendre et pour conserver.
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Sima Qian (MĂ©moires historiques - DeuxiĂšme Section (French Edition))
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Tous ceux qui se plaignent qu’il passe trop vite, le temps, et qu’elle nous file entre les doigts, la vie, devraient prendre pour amant un homme mariĂ©. Les heures se dilatent dans l’attente, et les minutes se resserrent quand ça compte. L’horloge des amoureux.
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Elizabeth Lemay (Daddy Issues (French Edition))
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Une discothĂšque. La nuit. Nina danse avec Éli Hooker, un jeune homme. NINA.– Tu es si lĂ©ger. ÉLI.– J'aime danser. J'aime aussi prendre un bon livre de temps en temps. Entre Zigui. Il va s'asseoir Ă  l'Ă©cart, commence Ă  manger des cacahouĂštes tout en les observant. ÉLI.– Qu'est-ce que tu fais dans la vie ? NINA.– Rien de particulier. Je lis moi aussi. Et je sculpte. ÉLI.– Tu auscultes ? Et qu'est-ce que tu auscultes ? NINA.– Je sculpte. Je fais de la poterie. ÉLI.– Ah. NINA.– Je prends mon temps, je ne cours pas. Pourquoi me prĂ©cipiter comme tout le monde ? À quoi bon cette fuite en avant, Ă  quoi bon ? À quoi bon, je te le demande ? ÉLI.– Tu as raison. NINA.– Et toi, qu'est-ce que tu fais dans la vie ? ÉLI.– Je lis un peu, j'Ă©cris un peu. NINA.– Des poĂšmes ? ÉLI.– Pour moi, la nuit. NINA.– Et le matin ? ÉLI.– Je suis mĂ©decin. NINA.– Tu dis « mĂ©decin » avec un tel dĂ©dain. Tu n'es vraiment pas comme les autres, toi. ÉLI.– Parce que c'est quoi un mĂ©decin ? Un mythe, rien de plus. NINA.– Tu es vraiment diffĂ©rent. (p. 133, extrait de Sur les valises)
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Hanoch Levin (Théùtre choisi, tome IV : Comédies grinçantes)
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Se payer la tĂȘte du pĂŽle monĂ©taire il est encore temps de tout prendre en dĂ©rision les hommes et les gouttes de pluie les femmes et les flocons de neige il est sain de rire des Ă©toiles du marchĂ© des plans Ă  trois des astres du Top 50 des solos de guitare de la lune des plans d'Ă©pargne de l'arc-en-ciel on peut mĂȘme prendre en ballon le globe les ambitions du soleil et les sourires niais de l'univers tant qu'on y est mais il ne faut jamais se moquer des nuages des nuages qui nous habitent
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Radu Bata (Le philtre des nuages et autres ivresses)
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Je veux te parler des longues heures de queue qu'on faisait ensemble, en sortant du travail, aprĂšs t'avoir rĂ©cupĂ©rĂ©e Ă  la crĂšche. Les longues files d'attente debout, avec toi dans les bras, ces queues larges qui ressemblaient plutĂŽt Ă  des manifestations, stagnant devant les magasins alimentaires fermĂ©s, en attendant l'ouverture. On se battait pour ĂȘtre parmi les premiers, car il n'y avait jamais assez pour tout le monde, et ceux qui formaient la queue de la queue partaient Ă  coup sĂ»r la queue entre les jambes. Mais ils restaient quand mĂȘme, croyant, espĂ©rant un miracle. Pouvait-on se permettre de laisser passer une chance, aussi petite soit-elle? Tiens, je me rappelle d'une queue particuliĂšrement longue, une queue que j'ai quittĂ©e en pleurant. Tu avais deux, trois ans. J'avais les rĂšgles et un mal au ventre et aux reins terrible. Il me tardait de rentrer Ă  la maison, me doucher et m'allonger un peu. Mais en descendant du bus, j'ai vu des gens se ruer Ă  travers la place, vers le cĂŽtĂ© opposĂ© du centre-ville. Ventre ou pas ventre, j'ai suivi la foule en courant, toi dans les bras. Il fallait toujours, toujours, suivre une foule en dĂ©placement au pas de charge, car personne ne courait pour rien, lĂ -bas. C'est seulement ici, en France, que j'ai vu des gens courir pour rien: ils font du footing, pour ne pas ĂȘtre trop gros. LĂ -bas, on courait pour ne pas ĂȘtre trop maigre. LĂ -bas, ça se passait comme ça: je ne saurai jamais comment, quelqu'un arrivait Ă  avoir une formation (fondĂ©e ou non), et il donnait l'alerte: « ils vont vendre des Ɠufs Ă  tel endroit », ou du fromage, ou des poulets, (ça, les poulets, c'Ă©tait plus rare et la plupart du temps une chimĂšre). Ou du dentifrice, ou du papier cul. Tout Ă©tait bon Ă  prendre car on ne pouvait pas savoir quand un autre arrivage viendrait.
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Cristina Andreescu (Du communisme au capitalisme Lettre Ă  ma fille (French Edition))
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Elle ne cessait de me dire que les hommes ne pleurent jamais et elle m’avait mĂȘme lu, pour m’en convaincre, des vers de George Coșbuc dans un grand livre sans couverture, qui Ă©tait longtemps restĂ© au grenier et dont quelques pages Ă©taient rongĂ©es par les souris. Les vers disaient Ă  peu prĂšs ça : « Les pleurs sont navrants,/Dans les yeux d’un combattant. » Alors je ne pouvais dĂ©cemment pas risquer de me faire prendre sur le fait par ma grand-mĂšre, surtout que depuis quelque temps, j’étais moi aussi un homme. (p. 22)
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Lucian Dan Teodorovici (Les autres histoires d'amour)
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Il paraĂźt qu'avec toutes ces conneries fĂ©ministes, #MeToo et tout ça, il est difficile d'ĂȘtre un homme de nos jours. Ils ne savent plus comment draguer, comment prendre l'ascenseur avec leurs collĂšgues, comment faire des blagues... Qu'ont-ils encore le droit de dire et de faire ? Tant d'angoisses existentielles pour lesquelles je n'arrive pas Ă  ressentir beaucoup d'empathie. Tout le temps qu'ils passent Ă  pleurnicher sur leur sort de pauvres mecs persĂ©cutĂ©s, ils esquivent habilement leur devoir: celui d'ĂȘtre un peu moins des purs produits du patriarcat.
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Pauline Harmange (Moi les hommes, je les déteste)
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Les formes politiques que nous mobilisons et que nous prenons pour des modes d’action sont en rĂ©alitĂ© des rituels dĂ©nuĂ©s d’efficacitĂ©. Nous confondons la politique et le spectacle et ce que nous appelons « lutter » ressortit trĂšs souvent Ă  du « happening » : nous nous mettons en scĂšne sur le mode du comme si, nous nous signifions comme sujet luttant
 sans prendre le temps de nous demander ce que signifierait vĂ©ritablement lutter. Comme si, en fait, nous prĂ©fĂ©rions les gains psychiques et subjectifs - narcissiques - de la lutte Ă  l’obtention d’une victoire rĂ©elle. Peut-ĂȘtre y a-t-il mĂȘme Ă  gauche une forme d’angoisse de la victoire et que le recours Ă  des formes inoffensives procĂšde du dĂ©sir inconscient de ne jamais accĂ©der au pouvoir - quand cette ambition est, au contraire, un dĂ©sir assumĂ© des gens de droite qui n’ont aucun problĂšme avec l’exercice de la puissance. (p. 39-40)
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Geoffroy de Lagasnerie (Sortir de notre impuissance politique)
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Le temps de lire, comme le temps d'aimer, dilate le temps de vivre. Si on devait envisager l'amour du point de vue de notre emploi du temps, qui s'y risquerait ? Qui a le temps d'ĂȘtre amoureux ? A-t-on jamais vu pourtant un amoureux ne pas prendre le temps d'aimer ? Je n'ai jamais eu le temps de lire, mais rien, jamais, n'a pu m'empĂȘcher de finir un roman que j'aimais".
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Daniel Pennac (Comme un roman)
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Alors voilĂ . On faisait des mĂŽmes, ils chopaient la rougeole, et tombaient de vĂ©lo, avaient les genoux au mercurochrome et rĂ©citaient des fables et puis ce corps de sumo miniature qu'on avait baignĂ© dans un lavabo venait Ă  disparaĂźtre, l'innocence Ă©tait si tĂŽt passĂ©e, et on n'en avait mĂȘme pas profitĂ© tant que ça. Il restait heureusement des photos, cet air surpris de l'autre cĂŽtĂ© du temps, et un Babyphone au fond d'un tiroir qu'on ne pouvait se rĂ©soudre Ă  jeter. Des jours sans lui, des jours avec, l'amour en courant discontinu. Mais le pire Ă©tait encore Ă  venir. Car il arrivait cela, qu'une petite brute Ă  laquelle vous supposiez des excuses socioĂ©conomiques et des parents Ă  la main leste s'en prenait Ă  votre gamin. La violence venait d'entrer dans sa vie et on se demandait comment s'y prendre. Car aprĂšs tout, c'Ă©tait le jeu. Lui aussi devait apprendre Ă  se dĂ©fendre. C'Ă©tait en somme le dĂ©but d'une longue guerre. On cherchait des solutions, lui enseigner l'art de foutre des coups de pied et prendre rendez-vous avec la maĂźtresse, pour finalement en arriver lĂ  : avoir tout simplement envie de casser la gueule Ă  un enfant dont on ne savait rien sinon qu'il Ă©tait en CE1 et portait des baskets rouges. [...] Certains dimanches soirs, quand Christophe le laissait devant chez sa mĂšre, et le regardait traverser la rue avec son gros sac sur le dos, il pouvait presque sentir l'accĂ©lĂ©ration jusque dans ses os. En un rien de temps, il aurait dix, douze, seize ans, deviendrait un petit con, un ado, il n'Ă©couterait plus les conseils et ne penserait plus qu'Ă  ses potes, il serait amoureux, il en baverait parce que l'Ă©cole, les notes, le stress dĂ©jĂ , il le tannerait pour avoir un sac Eastpak, une doudoune qui coĂ»te un bras, un putain de scooter pour se tuer, il fumerait des pet, roulerait des pelles, apprendrait le goĂ»t des clopes, de la biĂšre et du whisky, se ferait emmerder par des plus costauds, trouverait d'autres gens pour l'Ă©couter et lui prendre la main, il voudrait dĂ©coucher, passer des vacances sans ses parents, leur demanderait toujours plus de thune et les verrait de moins en moins. Il faudrait aller le chercher au commissariat ou payer ses amendes, lire dans un carnet de correspondance le portrait d'un total Ă©tranger, crĂ©ature capable de peloter des filles ou d'injurier un CPE, Ă  moins qu'il ne soit effacĂ©, souffre-douleur, totalement transparent, on ne savait quelle calamitĂ© craindre le plus. Un jour, avec un peu de chance, Ă  l'occasion d'un trajet en bagnole ou dans une cuisine tard le soir, cet enfant lui raconterait un peu de sa vie. Christophe dĂ©couvrirait alors qu'il ne le connaissait plus. Qu'il avait fait son chemin et qu'il Ă©tait dĂ©sormais plus fort que lui, qu'il comprenait mieux les objets et les usages, et il se moquerait gentiment de l'inadĂ©quation de son pĂšre avec l'Ă©poque. Christophe dĂ©couvrirait que le petit le dĂ©bordait maintenant de toute part et ce serait bien la meilleure nouvelle du monde. Simplement, il n'aurait rien vu passer. Gabriel aurait grandi Ă  demi sans lui. Ce temps serait dĂ©finitivement perdu.
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Nicolas Mathieu (Connemara)
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Il rĂȘvait stupidement d'un lit, avec des draps, un Ă©dredon, un coussin pour la nuque - ces choses-lĂ  existent. Qu'a-t-elle inventĂ© de mieux notre civilisation? Le socialisme mĂȘme n'apportera pas de perfectionnement au lit. S'Ă©tendre, s'endormir, ne plus se rĂ©veiller... Les autres sont tous morts, tous! tous! Combien de temps faudra-t-il Ă  ce pays pour que notre nouveau prolĂ©tariat commence Ă  prendre conscience de lui-mĂȘme? Impossible de forcer sa maturation. On ne hĂąte pas la germination des graines dans la terre. On peut la tuer par contre, mais on ne peut (c'est une certitude rassurante) ni la tuer partout, ni la tuer toujours, ni la tuer complĂštement...
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Victor Serge (The Case of Comrade Tulayev)
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Adam passa la main dans ses cheveux ras. Il sentit qu'en faisant cela, il ressemblait Ă  un AmĂ©ricain. 'Vous savez quoi?' dit-il; 'vous savez quoi? Nous passons notre temps Ă  faire de la saloperie de cinĂ©ma. Du cinĂ©ma, oui. Du thĂ©Ăątre aussi, et du roman psychologique. Nous n’avons plus grand-chose de simple, nous sommes des cafards, des demi-portions. De vieilles loques. On dirait que nous sommes nĂ©s sous la plume d’un Ă©crivain des annĂ©es trente, prĂ©cieux, beaux, raffinĂ©s, pleins de culture, pleins de cette saloperie de culture. Ça me colle dans les dos comme un manteau mouillĂ©. Ça me colle partout.' 'Eh - qu'est-ce qui est simple, Ă  ce compte-lĂ ?' intervint, assez mal Ă  propos, l'Ă©tudiant Ă  lunettes. 'Comment, qu'est-ce qui est simple? Vous ne le savez pas? Vous ne vous en doutez donc pas quand mĂȘme un peu, vous?' Adam eut un geste vers sa poche pour prendre le paquet de cigarettes, mais, nerveusement, sa main s'arrĂȘta. 'Vous ne la voyez donc pas, cette vie, cette putain de vie, autour de vous? Vous ne voyez pas que les gens vivent, qu'ils vivent, qu'ils mangent, etc? Qu'ils sont heureux? Vous ne voyez pas que celui qui a Ă©crit, "la terre est bleue comme une orange" est un fou, ou un imbĂ©cile? - Mais non , vous vous dites, c'est un gĂ©nie, il a disloquĂ© la rĂ©alitĂ© en deux mots. Ça dĂ©colle de la rĂ©alitĂ©. C'est un charme infantile. Pas de maturitĂ©. Tout ce que vous voudrez. Mais moi, j'ai besoin de systĂšmes, ou alors je deviens fou. Ou bien la terre est orange, ou bien l'orange est bleue. Mais dans le systĂšme qui consiste Ă  se servir de la parole, la terre est bleu et les oranges sont orange. Je suis arrivĂ© Ă  un point oĂč je ne peux plus souffrir d'incartades. Vous comprenez, j'ai trop de mal Ă  trouver la rĂ©alitĂ©. Je manque d'humour? Parce que d'aprĂšs vous il faut de l'humour pour comprendre ça? Vous savez ce que je dis? Je manque si peu d'humour que je suis allĂ© beaucoup plus loin que vous. Et voilĂ . J'en reviens ruinĂ©. Mon humour, Ă  moi, il Ă©tait dans l'indicible. Il Ă©tait cachĂ© et je ne pouvais le dire. Et comme je ne pouvais le mettre en mots, il Ă©tait beaucoup plus Ă©norme que le vĂŽtre. Hein. En fait il n'avait pas de dimensions. Vous savez. Moi je fais tout comme ça. La terre est bleue comme une orange, mais le ciel est nu comme une pendule, l'eau rouge comme un grĂȘlon. Et mĂȘme mieux: le ciel colĂ©optĂšre inonde les bractĂ©es. Vouloir dormir. Cigarette cigare galvaude les Ăąmes. 11Ăš. 887. A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z. et Cie.' 'Attendez, attendez un moment, je -' commença la jeune fille. Adam continua: 'Je voudrais arrĂȘter ce jeu stupide. Si vous saviez comme je voudrais. Je suis Ă©crasĂ©, bientĂŽt presque Ă©crasĂ©..." dit-il, la voix non pas plus faible, mais plus impersonnelle.
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J.M.G. Le Clézio (Le Proces-Verbal (Collection Folio) (French Edition) by Jean-Marie Gustave Le Clezio(1973-03-16))
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C'est la marque d'un naturel débile que de s'attarder aux choses du corps, comme de passer trop de temps à prendre de l'exercice, à manger, à boire, à faire ses besoins, à copuler. Tout cela, il faut le faire comme en passant ; c'est sur notre jugement que nous devons porter toute notre attention.
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EpictĂšte
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Quand la tristesse s'est rendue maĂźtresse de tes instants et qu'elle t'accompagne non seulement dans le contenu du temps, mais aussi dans tes pressentiments d'Ă©ternitĂ©, quand elle compose la matiĂšre de tes sensations, fortes ou flottantes, il en va comme si, depuis les origines jusqu'Ă  aujourd'hui, toi seul en avais jamais fait l'expĂ©rience, comme si elle t'avait attendu, lourde des siĂšcles qui l'ont ignorĂ©e, pour Ă  travers toi remplir l'univers et le vouer au deuil. Et quand bien mĂȘme tu saurais combien d'esprits, combien d'Ăąmes elle a empoisonnĂ©s et parĂ©s, tu ne saurais y trouver aucune consolation. Toi qui dĂ©couvres toute chose Ă  travers elle, tu lui confĂšres, sans le vouloir, l'Ă©tendue et la valeur du monde. Et puis ce ne sont pas les autres qui te l'ont rĂ©vĂ©lĂ©e, il n'est pas d'apprentissage de la tristesse, ni de maĂźtres susceptibles de l'enseigner : ta propre nature lui a donnĂ© consistance Ă  partir du non-dit de tes inhibitions, toi qui es vouĂ© Ă  ne prendre part Ă  rien de ce qui semble exister.
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Emil M. Cioran (Razne)
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Il se trouvera bien quelqu'un, un jour, pour venir me prendre par la main et me ramener à la maison. Quelqu'un qui, aprÚs avoir caressé mes cheveux, me laissera le temps de grandir.
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Jean Barbe
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J'ai des amis qui sont parents et qui ne se sentent pas obligĂ©s pour autant d'avoir chacun une grosse job steady ou de prendre le plus de contrats possible pour en piler pendant que c'est le temps. Certains sont travailleurs autonomes, d'autres travaillent Ă  salaire pendant que leur conjoint s'occupe des enfants. Je connais des mĂšres et des pĂšres au foyer nouveau genre et des couples qui travaillent Ă  temps partiel. Certains sont pas mal Ă©colos sur les bords, c'est sĂ»r, d'autres un peu hippies, altermondialistes ou vĂ©gĂ©taliens. D'autres non. Plusieurs ont juste un sens commun un peu diffĂ©rent du gros bon sens qui s'Ă©nonce aujourd'hui sur toutes les tribunes. Leurs enfants sont bien--je ne veux pas dire parfaits, je veux dire aussi bien que les autres. Pas moins heureux, pas moins Ă©quilibrĂ©s, pas moins beaux. Des petits hipsters de friperie qui passent beaucoup de temps avec leur pĂšre et leur mĂšre. Ils ont tout ce dont ils ont besoin, mĂȘme s'ils se passent de certaines choses. Et la plupart des affaires dont ils se privent n'ont pas l'air de leur manquer tant que ça. Ces gens-lĂ  font des choix de vie dont le motif premier n'est pas l'argent, et ils s'arrangent. Ils ne sont ni riches, ni pauvres, mais ils ne se rĂ©clament pas de la classe moyenne. Ils ne se reconnaissent pas en elle et elle ne se reconnaitrait pas en eux. Ils dĂ©pensent moins qu'elle, consomment moins qu'elle et polluent moins qu'elle aussi. Certains vivent mĂȘme en partie de ce qu'elle jette. Ils ont moins Ă  perdre qu'elle, aussi, et moins peur des tempĂȘtes qui s'annoncent. Ils ne portent pas encore de nom et pourtant ils existent. Et c'est eux le sel de la terre, dĂ©sormais.
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Samuel Archibald (Le sel de la terre)
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opĂ©ration. Et nous ne voulons pas de casse, ni chez vos hommes, ni pour nous, d’autant que Tel Aviv niera son implication si ça tourne mal. Mais, il y a moins de cinq ans, j’ai moi-mĂȘme Ă©gorgĂ© un responsable du Esbollah qui faisait partie de la liste de l’opĂ©ration ColĂšre de Dieu. Au passage, j’ai tuĂ© quatre de ses gardes du corps Ă  l’arme blanche. Je vous rappelle, que nous sommes sous mandat direct de la Knesset, et qu’il s’agit justement d’une prolongation de ColĂšre de Dieu. Les ordres donnĂ©s aux terroristes arabes Ă  Munich en 72 l’ont Ă©tĂ© depuis ici. Donc, je viens. Je suis garante des compĂ©tences d’Eve, quant au jeune blanc bec derriĂšre vous, Ezra, c’est notre meilleur homme de terrain. - Il nous faut une personne en support logistique, quoiqu’il arrive, conclut le militaire vexĂ©. Donc, dĂ©merdez-vous comme vous voulez, Ă  la courte paille si ça vous amuse. Mais, j’en emmĂšne deux sur les trois. Pas les trois. - Au fait, ça vous sera probablement utile dit Eve, en tendant les plans et compte-rendu de Menouha. C’est assez parcellaire comme informations, mais, elle a quand mĂȘme fait un bon boulot. 29 AoĂ»t 1990 – Rio de Janeiro – BrĂ©sil Sarah prĂ©parait Thomas dans la salle de bain. - Il est oĂč papa ? - Il est parti jouer au golf avec le monsieur qui nous a aidĂ©s Ă  guĂ©rir ta sƓur. - Il rentre quand ? - Ce soir. Nous, on va aller Ă  la plage avec ChloĂ©. Le petit garçon Ă©chappa aux mains de sa mĂšre qui venait de lui enfiler son t-shirt et courut dans le salon. - Isabella, tu viens avec nous Ă  la plage ? - Je ne sais pas mon grand, rĂ©pondit la jeune infirmiĂšre. Maman veut peut-ĂȘtre rester seule avec ses deux bambins. - Non. Isabella, vous pouvez venir avec nous. Cela fera plaisir aux enfants, rĂ©pondit Sarah depuis la salle de bain. Le temps Ă©tait magnifique. Thomas courait devant, son ballon Ă  la main, dans le sable blanc de la plage d’Ipanema. Sarah et Isabella portĂšrent ChloĂ© qui arrivait maintenant Ă  marcher sur des sols durs, mais pas encore dans le sable. Les deux jeunes femmes s’installĂšrent non loin de l’eau dans une zone surveillĂ©e par un maitre-nageur. Thomas s’était arrĂȘtĂ© devant un petit groupe de brĂ©siliens Ă  peine plus vieux que lui qui jouait au football sur un terrain improvisĂ©. Il aurait voulu jouer avec eux mais, il n’osait pas demander. Isabella s’approcha des enfants et en quelques mots leur fit comprendre qu’avec un joueur de plus, ils seraient en nombre pair, ce qui rendrait leur partie intĂ©ressante. - Mais, non
 chuchota Thomas Ă  l’oreille de la jeune infirmiĂšre. Regarde comme ils jouent bien. Ils vont se moquer de moi. - Je suis certaine que non. Et, puis, si c’est le cas et que ça ne te convient pas, tu auras toujours la possibilitĂ© de revenir nous voir sous le parasol. Mais, si tu n’essaies pas, si tu ne te confrontes pas Ă  eux, tu ne sauras jamais s’ils Ă©taient vraiment meilleurs que toi, s’il s’agit d’enfants moqueurs ou de futurs copains. Tu comprends petit Thomas. Il faut tenter. Prendre des risques, sinon, on n’apprend rien. Allez, va. Ils t’attendent...
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Eric TERRIEN (Mein Grand-PĂšre: Roman d espionnage historique (French Edition))
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Essayez de prendre du temps pour discuter avec votre moitiĂ© pour comprendre la vision qu’elle a de votre existence. A partir de lĂ , parlez ensemble de vos valeurs communes et de ce qui vous semble le plus important dans votre vie. DĂ©veloppez ensemble une stratĂ©gie pour pouvoir agir dĂšs que vous sentez que la situation commence Ă  dĂ©raper et que vous ĂȘtes sur le point d’avoir une dispute. Comprenez tous les deux que votre amour est plus important que ce que vous dicte votre ego. Essayez le plus possible de partager vos Ă©motions et facilitez le dialogue. Enfin, n’oubliez pas d’avoir des gestes l’un pour l’autre, afin de vous sentir aimĂ©s.
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Eleanor Martel (ANTHONY ROBBINS "RĂ©sumĂ© DĂ©taillĂ© et Complet De Trois Grandes ƒuvres": Pouvoir illimitĂ©, L’éveil de votre puissance intĂ©rieure, Les onze lois de la rĂ©ussite (French Edition))
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Soutenir que l'Islam naĂźt en quelques annĂ©es, avec Mahomet, est trĂšs exact, en mĂȘme temps inexact, peu comprĂ©hensible. La ChrĂ©tientĂ©, elle aussi, est nĂ©e avec et bien avant le Christ. Sans Mahomet et sans le Christ, il n'y aurait eu ni ChrĂ©tientĂ© ni Islam; cependant ces religions nouvelles ont, chaque fois, saisi le corps de civilisations dĂ©jĂ  en place. Chaque fois, elles en furent l'Ăąme: dĂšs le dĂ©part, elles eurent l'avantage de prendre en charge un riche hĂ©ritage, un passĂ©, tout un prĂ©sent, dĂ©jĂ  un avenir.
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Fernand Braudel (A History of Civilizations)
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La non-action, c’est la respiration de l’action. C’est comme le silence aprĂšs le bruit. C’est s’efforcer, dans bien des moments de son quotidien, de ne pas passer tout de suite Ă  autre chose, Ă  une autre action. DĂ©cider de prendre le temps, non pas de rĂ©flĂ©chir mais de ressentir, de se laisser doucement envahir par le sillage de ce que l’on vient de faire, et la prĂ©sence de l’instant.
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Christophe André (Je médite jour aprÚs jour (French Edition))
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Mais mĂȘme au point de vue des plus insignifiantes choses de la vie, nous ne sommes pas un tout matĂ©riellement constituĂ©, identique pour tout le monde et dont chacun n'a qu'Ă  aller prendre connaissance comme d'un cahier des charges ou d'un testament; notre personnalitĂ© sociale est une crĂ©ation de la pensĂ©e des autres. MĂȘme l'acte si simple que nous appelons «voir une personne que nous connaissons» est en partie un acte intellectuel. Nous remplissons l'apparence physique de l'ĂȘtre que nous voyons de toutes les notions que nous avons sur lui, et dans l'aspect total que nous nous reprĂ©sentons, ces notions ont certainement la plus grande part.
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Marcel Proust (Du cĂŽtĂ© de chez Swann: À la recherche du temps perdu I | Texte prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Olivier Donato. (French Edition))
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Je suis bouleversĂ©e. J’ai passĂ© des heures, des jours, des annĂ©es entiĂšres Ă  me demander si je manquais Ă  Sam autant qu’il me manquait. C’était un peu prendre mes dĂ©sirs pour des rĂ©alitĂ©s. Au cours des mois qui ont suivi notre rupture, j’ai laissĂ© je ne sais plus combien de messages dans sa boĂźte vocale et envoyĂ© d’innombrables messages textes et courriels pour prendre de ses nouvelles, lui dire Ă  quel point son silence me pesait et l’implorer d’accepter qu’on se parle. Il n’a jamais rĂ©pondu. En mai, quelqu’un a enfin dĂ©crochĂ© le combinĂ©, mais c’était un nouvel Ă©tudiant qui venait d’emmĂ©nager dans la chambre de la rĂ©sidence. J’ai envisagĂ© de monter Ă  Barry’s Bay pour tout avouer et supplier Sam de me pardonner, mais j’ai cru qu’aprĂšs tout ce temps, il avait sans doute vidangĂ© sa mĂ©moire de tous les souvenirs qui lui restaient de moi. J’ai toujours conservĂ© au fond de mon cƓur un tout petit espoir que Sam, Ă  l’occasion, pense Ă  moi, Ă  nous. Il Ă©tait tout pour moi, et je sais qu’il en allait de mĂȘme pour lui.
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Carley Fortune (Every Summer After)