Plans Avec Quotes

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L'existentialiste, au contraire, pense qu'il est trĂšs gĂȘnant que Dieu n'existe pas, car avec lui disparaĂźt toute possibilitĂ© de trouver des valeurs dans un ciel intelligible; il ne peut plus y avoir de bien a priori, puisqu'il n'y a pas de conscience infinie et parfaite pour le penser; il n'est Ă©crit nulle part que le bien existe, qu'il faut ĂȘtre honnĂȘte, qu'il ne faut pas mentir, puisque prĂ©cisĂ©ment nous sommes sur un plan oĂč il y a seulement des hommes.
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Jean-Paul Sartre (Existentialism is a Humanism)
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Dans la vie, l’essentiel est de porter sur tout des jugements Ă  priori. Il apparaĂźt, en effet, que les masses ont tort, et les individus toujours raison. Il faut se garder d’en dĂ©duire des rĂšgles de conduite : elles ne doivent pas avoir besoin d’ĂȘtre formulĂ©es pour qu’on les suive. Il y a seulement deux choses : c’est l’amour, de toutes les façons, avec des jolies filles, et la musique de la Nouvelle-OrlĂ©ans ou de Duke Ellington. Le reste devrait disparaĂźtre, car le reste est laid, et les quelques pages de dĂ©monstration qui suivent tirent toute leur force du fait que l’histoire est entiĂšrement vraie, puisque je l’ai imaginĂ©e d’un bout Ă  l’autre. Sa rĂ©alisation matĂ©rielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la rĂ©alitĂ©, en atmosphĂšre biaise et chauffĂ©e, sur un plan de rĂ©fĂ©rence irrĂ©guliĂšrement ondulĂ© et prĂ©sentant de la distorsion. On le voit, c’est un procĂ©dĂ© avouable, s’il en fut.
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Boris Vian (L'Écume des jours)
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Les hommes mĂ©connaissent bien des choses. Une jeune fille prĂ©fĂ©rera toujours un homme malheureux, parce que toute jeune fille est tentĂ©e par un amour actif
 Tu comprends ? Actif ! Les hommes sont trop occupĂ©s, l’amour pour eux est une chose de troisiĂšme plan. Bavarder avec sa femme, se promener avec elle au jardin, verser quelques larmes sur sa tombe – c’est tout. Et pour nous, l’amour est la vie mĂȘme. Je t’aime, cela signifie que je cherche Ă  dissiper ta tristesse, que je veux te suivre au bout du monde
 Tu escalades une montagne, je l’escalade avec toi, tu descends dans un ravin, je descends avec toi.
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Anton Chekhov (Ivanov (Plays for Performance Series))
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Quand je considĂšre ma vie, je suis Ă©pouvantĂ© de la trouver informe. L'existence des hĂ©ros, celle qu'on nous raconte, est simple ; elle va droit au but comme une flĂšche. Et la plupart des hommes aiment Ă  rĂ©sumer leur vie dans une formule, parfois dans une vanterie ou dans une plainte, presque toujours dans une rĂ©crimination ; leur mĂ©moire leur fabrique complaisamment une existence explicable et claire. Ma vie a des contours moins fermes... Le paysage de mes jours semble se composer, comme les rĂ©gions de montagne, de matĂ©riaux divers entassĂ©s pĂȘle-mĂȘle. J'y rencontre ma nature, dĂ©jĂ  composite, formĂ©e en parties Ă©gales d'instinct et de culture. Ça et lĂ , affleurent les granits de l'inĂ©vitable ; partout, les Ă©boulements du hasard. Je m'efforce de reparcourir ma vie pour y trouver un plan, y suivre une veine de plomb ou d'or, ou l'Ă©coulement d'une riviĂšre souterraine, mais ce plan tout factice n'est qu'un trompe-l'oeil du souvenir. De temps en temps, dans une rencontre, un prĂ©sage, une suite dĂ©finie d'Ă©vĂ©nements, je crois reconnaĂźtre une fatalitĂ©, mais trop de routes ne mĂšnent nulle part, trop de sommes ne s'additionnent pas. Je perçois bien dans cette diversitĂ©, dans ce dĂ©sordre, la prĂ©sence d'une personne, mais sa forme semble presque toujours tracĂ©e par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflĂ©tĂ©e sur l'eau. Je ne suis pas de ceux qui disent que leurs actions ne leur ressemblent pas. Il faut bien qu'elles le fassent, puisqu'elles sont ma seule mesure, et le seul moyen de me dessiner dans la mĂ©moire des hommes, ou mĂȘme dans la mienne propre ; puisque c'est peut-ĂȘtre l'impossibilitĂ© de continuer Ă  s'exprimer et Ă  se modifier par l'action que constitue la diffĂ©rence entre l'Ă©tat de mort et celui de vivant. Mais il y a entre moi et ces actes dont je suis fait un hiatus indĂ©finissable. Et la preuve, c'est que j'Ă©prouve sans cesse le besoin de les peser, de les expliquer, d'en rendre compte Ă  moi-mĂȘme. Certains travaux qui durĂšrent peu sont assurĂ©ment nĂ©gligeables, mais des occupations qui s'Ă©tendirent sur toute la vie ne signifient pas davantage. Par exemple, il me semble Ă  peine essentiel, au moment oĂč j'Ă©cris ceci, d'avoir Ă©tĂ© empereur..." (p.214)
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Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
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Cette vĂ©ritĂ© anthropologique est que l’on connaĂźt toujours avec une infaillible certitude l’identitĂ© de la mĂšre (grossesse et accouchement), mais jamais celle du pĂšre. De ce doute systĂ©matique dĂ©coule une angoisse masculine fondamentale et l’on peut penser qu’une large part de l’histoire de l’oppression des femmes correspond Ă  la recherche masculine de certitudes sur ce plan.
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Anonymous
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Un chef d’État de cette Europe centrale oĂč les chefs d’État peuvent, Ă  bon droit, craindre Ă  chaque instant pour leur vie, avait rĂ©vĂ©lĂ© Ă  son confident un plan mis au point au cours de centaines de nuits d’insomnie, et qui devait permettre au chef de l’État de dĂ©serter l’État que, comme tous les autres chefs d’État d’Europe centrale font avec le leur, il avait bien entendu conduit systĂ©matiquement Ă  la ruine la plus complĂšte (L'imitateur)
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Thomas Bernhard (The Voice Imitator)
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Une trĂšs jolie jeune fille, traitĂ©e avec des Ă©gards constants et des attentions dĂ©mesurĂ©es par l'ensemble de la population masculine, y compris par ceux - l'immense majoritĂ© - qui n'ont plus aucun espoir d'en obtenir une faveur d'ordre sexuel, et mĂȘme Ă  vrai dire tout particuliĂšrement par eux, avec une Ă©mulation abjecte confinant chez certains quinquagĂ©naires au gĂątisme pur et simple, une trĂšs jolie jeune fille devant qui tous les visages s'ouvrent, toutes les difficultĂ©s s'aplanissent, accueillie partout comme si elle Ă©tait la reine du monde, devient naturellement une espĂšce de monstre d'Ă©goĂŻsme et de vanitĂ© autosatisfaite. La beautĂ© physique joue ici exactement Ie mĂȘme rĂŽle que la noblesse de sang sous l'Ancien RĂ©gime, et la brĂšve conscience qu'elles pourraient prendre Ă  l'adolescence de l'origine purement accidentelle de leur rang cĂšde rapidement la place chez la plupart des trĂšs jolies jeunes filles Ă  une sensation de supĂ©rioritĂ© innĂ©e, naturelle, instinctive, qui les place entiĂšrement en dehors, et largement au-dessus du reste de l'humanitĂ©. Chacun autour d'elle n'ayant pour objectif que de lui Ă©viter toute peine, et de prĂ©venir Ie moindre de ses dĂ©sirs, c'est tout uniment (sic) qu'une trĂšs jolie jeune fille en vient Ă  considĂ©rer Ie reste du monde comme composĂ© d'autant de serviteurs, elle-mĂȘme n'ayant pour seule tĂąche que d'entretenir sa propre valeur Ă©rotique - dans l'attente de rencontrer un garçon digne d'en recevoir l'hommage. La seule chose qui puisse la sauver sur le plan moral, c'est d'avoir la responsabilitĂ© concrĂšte d'un ĂȘtre plus faible, d'ĂȘtre directement et personnellement responsable de la satisfaction de ses besoins physiques, de sa santĂ©, de sa survie - cet ĂȘtre pouvant ĂȘtre un frĂšre ou une soeur plus jeune, un animal domestique, peu importe. (La possibilitĂ© d'une Ăźle, Daniel 1,15)
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Michel Houellebecq
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[...] Un soir nous Ă©tions plusieurs ministres Ă  rompre le jeĂ»ne au Palais Royal de FĂšs, en prĂ©sence de Sa MajestĂ©, tout au dĂ©but de son rĂšgne. A ma gauche Si Mohamed El-Fassi, Ă  ma droite une autre personnalitĂ©. Ayant devant moi la soupiĂšre, El-Fassi me demanda de le servir. - "Non", lui rĂ©pondis-je. -"Et pourquoi", dit-il, Ă©tonnĂ© ? - "Parce que, simplement, tu avais proclamĂ© que la langue Tamazight n'est pas une langue et qu'il n'y avait pas lieu d'avancer son apport sur le plan de notre civilisation". Oui, j'ai dit cela. - "Mais d'abord mon bol , et je raconte!" Écoutons-le : - "A l'Ă©poque oĂč j'ai Ă©tĂ© prisonnier avec d'autres nationalistes, Ă  AĂŻn-Kardous, j'ai demandĂ© Ă  un fqih berbĂ©risant de m'initier Ă  la langue berbĂšre. Il m'a rĂ©pondu : "Pourquoi voudrais-tu perdre ton temps pour un jargon mĂ©prisĂ© par Dieu lui-mĂȘme ? Et, continuant : "Le CrĂ©ateur a donnĂ© Ă  chaque peuple une langue mais, Ă  la fin, il a dĂ» se rendre compte que l'un d'entre deux a Ă©tĂ© oubliĂ©. Il trouva la solution en ramassant les restes des langues Ă©parpillĂ©es sur le sol, et offrit cette mixture, ne pouvant faire autrement, Ă  ce bon peuple Amazigh". - "On dĂ©nonce mĂȘme Dieu", ai-je rĂ©torquĂ©, furieux. "Mais tu viens de donner la preuve de l'universalitĂ© de la langue berbĂšre." - "Universelle!" plaisanta mon autre voisin... "Elle n'est mĂȘme pas dans les archives". La discussion devient gĂ©nĂ©rale, les uns pour, les autres... Sa MajestĂ©, pour mettre fin Ă  toutes nos grandes phrases, posa cette question Ă  El-Fassi : - "Le berbĂšre est-il une langue, oui ou non ?" - "A la rĂ©flexion, oui, MajestĂ©; il a ses contes et ses lĂ©gendes, sa poĂ©sie, et ses structures ne peuvent ĂȘtre niĂ©es". - "Alors," conclut Sa MajestĂ©, "nous aborderons cette question dans une vingtaine d'annĂ©es. Contentons-nous, maintenant, de consolider notre unitĂ©. (Tifinagh N°1 - Repris de "Le Maroc des potentialitĂ©s, 1989, p276-280)
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Mahjoubi Aherdan (Le Maroc des potentialités)
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Il ne faut pas s’attendre Ă  trouver, dans les descendants de Fohi et dans les contemporains de Laotseu, ces affirmations nettes et franches, dont nous tirons une singuliĂšre vanitĂ©, affirmations qui sont sans doute exactes, mais qui, Ă  force d’ĂȘtre Ă©troites et strictes, ne renferment qu’une minime partie de vĂ©ritĂ© ; toutes ces portions infinitĂ©simales, affirmĂ©es les unes Ă  cĂŽtĂ© des autres, et indĂ©pendamment les unes des autres, par nos esprits analytiques, cachent la vĂ©ritĂ© entiĂšre Ă  nos yeux dĂ©licats et myopes. C’est ainsi qu’un visage se reproduit, avec les pires dĂ©formations, dans un miroir taillĂ© Ă  mille facettes juxtaposĂ©es en des plans diffĂ©rents. Les discussions microscopiques nous ont rendus inaptes Ă  goĂ»ter et Ă  saisir les larges synthĂšses.
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Matgioi (La voie métaphysique)
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NapolĂ©on Ă©tait officier d’artillerie et il s’en ressentait. Le fond de ce prodigieux capitaine, c’était l’homme qui, dans le rapport au Directoire sur Aboukir, disait : Tel de nos boulets a tuĂ© six hommes. Tous ses plans de bataille sont faits pour le projectile. Faire converger l’artillerie sur un point donnĂ©, c’était lĂ  sa clef de victoire. Il traitait la stratĂ©gie du gĂ©nĂ©ral ennemi comme une citadelle, et il la battait en brĂšche. Il accablait le point faible de mitraille ; il nouait et dĂ©nouait les batailles avec le canon. Il y avait du tir dans son gĂ©nie. Enfoncer les carrĂ©s, pulvĂ©riser les rĂ©giments, rompre les lignes, broyer et disperser les masses, tout pour lui Ă©tait lĂ , frapper, frapper, frapper sans cesse, et il confiait cette besogne au boulet.
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Victor Hugo (Les Misérables: Roman (French Edition))
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Un mot sur la « libre-pensĂ©e », ou plus prĂ©cisĂ©ment sur l’obligation quasi morale qui est faite Ă  tout homme de « penser par lui-mĂȘme » : cette exigence n’est nullement conforme Ă  la nature humaine, car l’homme normal et vertueux, en tant que membre d’une collectivitĂ© sociale et traditionnelle, se rend compte en gĂ©nĂ©ral des limites de sa compĂ©tence. De deux choses l’une : ou bien l’homme est exceptionnellement douĂ© sur tel ou tel plan, et alors rien ne peut l’empĂȘcher de penser d’une maniĂšre originale, ce qu’il fera d’ailleurs en accord avec la tradition — dans les mondes traditionnels qui seuls nous intĂ©ressent ici— prĂ©cisĂ©ment parce que son intelligence lui permet de saisir la nĂ©cessitĂ© de cet accord ; ou bien l’homme est d’intelligence moyenne ou mĂ©diocre, sur un plan quelconque ou d’une façon gĂ©nĂ©rale, et alors il s’en remettra aux jugements de ceux qui sont plus compĂ©tents que lui, et c’est lĂ  dans son cas la chose la plus intelligente Ă  faire. La manie de dĂ©tacher l’individu de la hiĂ©rarchie intellectuelle, c’est-Ă -dire de l’individualiser intellectuellement, est une violation de sa nature et Ă©quivaut pratiquement Ă  l’abolition de l’intelligence, et aussi des vertus sans les quelles l’entendement rĂ©el ne saurait s’actualiser pleinement. On n’aboutit ainsi qu’à l’anarchie et Ă  la codification de l’incapacitĂ© de penser.
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Frithjof Schuon (The Transfiguration of Man)
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Si vous voulez vous refermer, il faut arrĂȘter d’accepter de vous ouvrir Ă  contre-cƓur. *** Je veux rester lĂ . Je veux ĂȘtre un chĂąteau dans le sable. Je veux ĂȘtre le sable. Les mouettes. La mer. Les vagues. Je veux ĂȘtre une vague qui court sur la plage. Ou alors la plage, et attendre la dĂ©licatesse des vagues qui viennent me caresser doucement. *** - Tu es tĂȘtue ! - Pragmatique
 - FiĂšre ! - RĂ©aliste
 - ObstinĂ©e ! - DĂ©terminĂ©e
 - O.K. J’abandonne. *** Un proverbe arabe dit 'ne baisse pas les bras, tu risquerais de le faire deux secondes avant le miracle. *** On devient fou quand on regarde en face ce genre de vĂ©ritĂ©. Il vaut mieux occulter ce qui est trop dur, ne pas y penser, mettre le quotidien au premier plan, vivre les choses sans penser aux consĂ©quences, se nourrir des souvenirs pour ne pas subir le prĂ©sent, et encore moins ce qui risque d’avenir. *** Quand on vie un grand malheur dans sa vie, on a l’impression que le regard des autres ne nous autorise pas Ă  ĂȘtre joyeux, alors que tout au fond de soi, on sent que c’est cela qui permet de se maintenir en vie. Un proverbe japonais dit « Le bonheur va vers ceux qui savent rire » *** On ne se trompe jamais quand on aime. *** Romain est une de ces rares personnes qui, aprĂšs avoir dit bonjour, demandent comment Ò«a va avec un rĂ©el intĂ©rĂȘt pour la rĂ©ponse. On sent dans son regard et dans son attente qu’il est sincĂšrement Ă  l’écoute des autres.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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En effet, l'Eglise n'a pas condamnĂ© la thĂ©orie de Copernic, qui s'appuyait lui-mĂȘme sur Icetus de Syracuse, jusqu'Ă  ce que GalilĂ©e, quatre-vingts ans plus tard, sans apporter de preuve dĂ©cisive Ă  l'appui de la nouvelle thĂ©orie, dĂ©cide de placer sur le plan thĂ©ologique la querelle de l'ordre gĂ©ocentrique ou hĂ©liocentrique du monde, en dĂ©fiant la Curie par de violentes attaques de prendre positions sur le problĂšme. Le pape Urbain VIII proposa de dĂ©finir le systĂšme hĂ©liocentrique comme une thĂšse mathĂ©matique possible, mais pas nĂ©cessairement comme celle qui garantissait la vĂ©ritĂ© dĂ©finitive. Loin de se ranger Ă  cette suggestion, GalilĂ©e rĂ©pliqua en publiant son Dialogo sui Massimi Sistemi, dans lequel il prĂ©sentait le pape comme un simple d'esprit. D'oĂč ce procĂšs tristement cĂ©lĂšbre, au cours duquel GalilĂ©e ne prononça nullement son fameux "Eppur si muove" (Et pourtant, elle se meut), mais abjura toutes ses dĂ©clarations pour avoir le droit de continuer Ă  vivre en paix et dans l'honneur. La postĂ©ritĂ© littĂ©raire de GalilĂ©e pris comme hĂ©ros a fait naĂźtre chez plusieurs dignitaires de l'Eglise une sorte de sentiment de culpabilitĂ© qui les rend Ă©trangement dĂ©sarmĂ©s devant les thĂ©ories scientifiques modernes mĂȘme lorsque celles-ci sont en contradiction flagrante avec les vĂ©ritĂ©s de la foi et de l'entendement. On a l'habitude de dire que l'Eglise n'a pas Ă  se mĂȘler de problĂšmes scientifiques ; le cas mĂȘme de GalilĂ©e prouve justement que la nouvelle science rationaliste de la Renaissance prĂ©tendait Ă  la vĂ©ritĂ© absolue et se prĂ©sentait donc comme une seconde religion. p135
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Titus Burckhardt (Science moderne et Sagesse traditionnelle)
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L'attitude des modernes Ă  l'Ă©gard du passĂ© comporte en effet trop souvent une double erreur : d'une part, ils jugeront que telles formes ayant un contenu intemporel sont inconciliables avec les conditions mentales de ce qu'ils appellent « notre temps » ; d'autre part, ils se rĂ©fĂšrent volontiers, pour introduire telle rĂ©forme ou telle simplification, Ă  ce qui a Ă©tĂ© fait dans l'AntiquitĂ© ou au Moyen Age, comme si les conditions cycliques Ă©taient toujours les mĂȘmes et qu'il n'y avait pas, du point de vue de la fluiditĂ© spirituelle et de l'inspiration, un appauvrissement — ou un abaissement — progressif des possibilitĂ©s. La religion — car c'est d'elle qu'il s'agit dans la plupart des cas — est pareille Ă  un arbre qui croĂźt, qui a une racine, un tronc, des branches, des feuilles, oĂč il n'y a pas de hasard — un chĂȘne ne produisant jamais autre chose que des glands — et oĂč on ne peut Ă  l'aveuglette intervertir l'ordre de croissance ; celle-ci n'est point une « Ă©volution » au sens progressiste du mot, bien qu'il y ait Ă©videmment — parallĂšlement Ă  la descente vers l'extĂ©riorisation et le durcissement — un dĂ©ploiement sur le plan de la formulation mentale et des arts. Le soi-disant retour Ă  la simplicitĂ© originelle est l'antipode de cette simplicitĂ©, prĂ©cisĂ©ment parce que nous ne sommes plus Ă  l'origine et que, en outre, l'homme moderne est affectĂ© d'un singulier manque du sens des proportions ; nos ancĂȘtres ne se seraient jamais doutĂ©s qu'il suffit de voir dans une erreur « notre temps » pour lui reconnaĂźtre des droits non seulement sur les choses, mais mĂȘme sur l'intelligence.
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Frithjof Schuon (The Transfiguration of Man)
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Le monde d’aujourd’hui est un chaos d’opinions et d’aspirations dĂ©sordonnĂ©es : le soi-disant « monde libre » est un chaos fluide ; la partie totalitaire du monde moderne est un chaos rigide. Par opposition, le monde ancien constituait toujours un ordre, c’est-Ă -dire une hiĂ©rarchie de concepts, chacun au niveau qui lui est propre. Le chaos a Ă©tĂ© provoquĂ©, nous l’avons vu, par le « tĂ©lescopage » humaniste de la hiĂ©rarchie jusqu’au niveau psychique, et par l’intrusion, dans les considĂ©rations terrestres, d’aspirations vers l’autre monde, frustrĂ©es et perverties. L’homme, en raison de sa vĂ©ritable nature, ne peut pas ne pas adorer ; si sa perspective est coupĂ©e du plan spirituel, il trouvera un « dieu » Ă  adorer Ă  un niveau infĂ©rieur, dotant ainsi quelque chose de relatif ce qui seul appartient Ă  l’Absolu. D’oĂč l’existence aujourd’hui de tant de « mots tout-puissants » comme « libertĂ© », « Ă©galitĂ© », « instruction », « science », « civilisation », mots qu’il suffit de prononcer pour qu’une multitude d’ñmes se prosterne en une adoration infra-rationnelle. Les superstitions de la libertĂ© et de l’égalitĂ© ne sont pas seulement le rĂ©sultat mais aussi, en partie, la cause du dĂ©sordre gĂ©nĂ©ral, car chacune, Ă  sa maniĂšre, est une rĂ©volte contre la hiĂ©rarchie ; et elles sont d’autant plus pernicieuses qu’elles sont des perversions de deux des Ă©lans les plus Ă©levĂ©s de l’homme. Corruptio optimi pessima, la corruption du meilleur est la pire ; mais il suffit de rĂ©tablir l’ordre ancien, et les deux idoles en question s’évanouiront de ce monde (laissant ainsi la place aux aspirations terrestres lĂ©gitimes vers la libertĂ© et l’égalitĂ©) et, transformĂ©es, reprendront leur place au sommet mĂȘme de la hiĂ©rarchie. Le dĂ©sir de libertĂ© est avant tout dĂ©sir de Dieu, la LibertĂ© Absolue Ă©tant un aspect essentiel de la DivinitĂ©. Ainsi, dans l’Hindouisme, l’état spirituel suprĂȘme qui marque la fin de la voie mystique est dĂ©signĂ© par le terme de dĂ©livrance (moksha), car c’est un Ă©tat d’union (yoga) avec l’Absolu, l’Infini et l’Éternel, qui permet l’affranchissement des liens de la relativitĂ©. C’est Ă©videmment, avant tout, cet affranchissement auquel le Christ faisait rĂ©fĂ©rence lorsqu’il disait : « Recherchez la connaissance, car la connaissance vous rendra libre », Ă©tant donnĂ© que la connaissance directe, la Gnose, signifie l’union avec l’objet de la connaissance, c’est-Ă -dire avec Dieu. (pp. 59-60)
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Martin Lings (Ancient Beliefs and Modern Superstitions)
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J’ai fait ma visite au lieu natal avec toute la piĂ©tĂ© d’un pĂšlerin, et bien des sentiments inattendus m’ont saisi. Je fis arrĂȘter prĂšs du grand tilleul qui se trouve Ă  un quart de lieue de la ville du cĂŽtĂ© de S
 ; je quittai la voiture, et je l’envoyai en avant, afin de cheminer Ă  pied et de savourer Ă  mon grĂ© chaque souvenir, dans toute sa vie et sa nouveautĂ©. Je m’arrĂȘtai sous le tilleul, qui avait Ă©tĂ©, dans mon enfance, le but et le terme de mes promenades. Quelle diffĂ©rence ! Alors, dans une heureuse ignorance, je m’élançais avec ardeur vers ce monde inconnu, oĂč j’espĂ©rais pour mon cƓur tant de nourriture, tant de jouissances, qui devaient combler et satisfaire l’ardeur de mes dĂ©sirs. Maintenant, j’en reviens de ce vaste monde
. O mon ami, avec combien d’espĂ©rances déçues, avec combien de plans renversĂ©s !
 Les voilĂ  devant moi les montagnes qui mille fois avaient Ă©tĂ© l’objet de mes vƓux. Je pouvais rester des heures assis Ă  cette place, aspirant Ă  franchir ces hauteurs, Ă©garant ma pensĂ©e au sein des bois et des vallons, qui s’offraient Ă  mes yeux dans un gracieux crĂ©puscule, et, lorsqu’au moment fixĂ© il me fallait revenir, avec quel regret ne quittais-je pas cette place chĂ©rie !
 J’approchai de la ville : je saluai tous les anciens pavillons de jardin ; les nouveaux me dĂ©plurent, comme tous les changements qu’on avait faits. Je franchis la porte de la ville, et d’abord je me retrouvai tout Ă  fait. Mon ami, je ne veux pas m’arrĂȘter au dĂ©tail : autant il eut de charme pour moi, autant il serait monotone dans le rĂ©cit. J’avais rĂ©solu de me loger sur la place, tout Ă  cĂŽtĂ© de notre ancienne maison. Je remarquai, sur mon passage, que la chambre d’école, oĂč une bonne vieille femme avait parquĂ© notre enfance, s’était transformĂ©e en une boutique de dĂ©tail. Je me rappelai l’inquiĂ©tude, les chagrins, l’étourdissement, l’angoisse que j’avais endurĂ©s dans ce trou
. Je ne pouvais faire un pas qui ne m’offrĂźt quelque chose de remarquable. Un pĂšlerin ne trouve pas en terre sainte autant de places consacrĂ©es par de religieux souvenirs, et je doute que son ame soit aussi remplie de saintes Ă©motions
. Encore un exemple sur mille : je descendis le long de la riviĂšre, jusqu’à une certaine mĂ©tairie. C’était aussi mon chemin autrefois, et la petite place oĂč les enfants s’exerçaient Ă  qui ferait le plus souvent rebondir les pierres plates Ă  la surface de l’eau. Je me rappelai vivement comme je m’arrĂȘtais quelquefois Ă  suivre des yeux le cours de la riviĂšre ; avec quelles merveilleuses conjectures je l’accompagnais ; quelles Ă©tranges peintures je me faisais des contrĂ©es oĂč elle allait courir ; comme je trouvais bientĂŽt les bornes de mon imagination, et pourtant me sentais entraĂźnĂ© plus loin, toujours plus loin, et finissais par me perdre dans la contemplation d’un vague lointain
. Mon ami, aussi bornĂ©s, aussi heureux, Ă©taient les vĂ©nĂ©rables pĂšres du genre humain ; aussi enfantines, leurs impressions, leur poĂ©sie. Quand Ulysse parle de la mer immense et de la terre infinie, cela est vrai, humain, intime, saisissant et mystĂ©rieux. Que me sert maintenant de pouvoir rĂ©pĂ©ter, avec tous les Ă©coliers, qu’elle est ronde ? Il n’en faut Ă  l’homme que quelques mottes pour vivre heureux dessus, et moins encore pour dormir dessous

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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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II L'Association bretonne. Il est une institution qui distingue la Bretagne des autres provinces et oĂč se rĂ©flĂšte son gĂ©nie, l'Association bretonne. Dans ce pays couvert encore de landes et de terres incultes, et oĂč il reste tant de ruines des anciens Ăąges, des hommes intelligents ont compris que ces deux intĂ©rĂȘts ne devaient pas ĂȘtre sĂ©parĂ©s, les progrĂšs de l'agriculture et l'Ă©tude des monuments de l'histoire locale. Les comices agricoles ne s'occupent que des travaux d'agriculture, les sociĂ©tĂ©s savantes que de l'esprit; l'Association bretonne les a rĂ©unis: elle est Ă  la fois une association agricole et une association littĂ©raire. Aux expĂ©riences de l'agriculture, aux recherches archĂ©ologiques, elle donne de la suite et de l'unitĂ©; les efforts ne sont plus isolĂ©s, ils se font avec ensemble; l'Association bretonne continue, au XIXe siĂšcle, l'oeuvre des moines des premiers temps du christianisme dans la Gaule, qui dĂ©frichaient le sol et Ă©clairaient les Ăąmes. Un appel a Ă©tĂ© fait dans les cinq dĂ©partements de la Bretagne Ă  tous ceux qui avaient Ă  coeur les intĂ©rĂȘts de leur patrie, aux Ă©crivains et aux propriĂ©taires, aux gentilshommes et aux simples paysans, et les adhĂ©sions sont arrivĂ©es de toutes parts. L'Association a deux moyens d'action: un bulletin mensuel, et un congrĂšs annuel. Le bulletin rend compte des travaux des associĂ©s, des expĂ©riences, des essais, des dĂ©couvertes scientifiques; le congrĂšs ouvre des concours, tient des sĂ©ances publiques, distribue des prix et des rĂ©compenses. Afin de faciliter les rĂ©unions et d'en faire profiter tout le pays, le congrĂšs se tient alternativement dans chaque dĂ©partement; une annĂ©e Ă  Rennes, une autre Ă  Saint-Brieuc, une autre fois Ă  VitrĂ© ou Ă  Redon; en 1858, il s'est rĂ©uni Ă  Quimper. A chaque congrĂšs, des questions nouvelles sont agitĂ©es, discutĂ©es, Ă©claircies[1]: ces savants modestes qui consacrent leurs veilles Ă  des recherches longues et pĂ©nibles, sont assurĂ©s que leurs travaux ne seront pas ignorĂ©s; tant d'intelligences vives et distinguĂ©es, qui demeureraient oisives dans le calme des petites villes, voient devant elles un but Ă  leurs efforts; la publicitĂ© en est assurĂ©e, ils seront connus et apprĂ©ciĂ©s. D'un bout de la province Ă  l'autre, de Rennes Ă  Brest, de Nantes Ă  Saint-Malo, on se communique ses oeuvres et ses plans; tel antiquaire, Ă  Saint-Brieuc, s'occupe des mĂȘmes recherches qu'un autre Ă  Quimper: il est un jour dans l'annĂ©e oĂč ils se retrouvent, oĂč se resserrent les liens d'Ă©tudes et d'amitiĂ©. [Note 1: Voir l'Appendice.] Le congrĂšs est un centre moral et intellectuel, bien plus, un centre national: ces congrĂšs sont de vĂ©ritables assises bretonnes; ils remplacent les anciens États: on y voit rĂ©unis, comme aux États, les trois ordres, le clergĂ©, la noblesse et le tiers-Ă©tat, le tiers-Ă©tat plus nombreux qu'avant la RĂ©volution, et de plus, mĂȘlĂ©s aux nobles et aux bourgeois, les paysans. La Bretagne est une des provinces de France oĂč les propriĂ©taires vivent le plus sur leurs terres; beaucoup y passent l'annĂ©e tout entiĂšre. De lĂ  une communautĂ© d'habitudes, un Ă©change de services, des relations plus familiĂšres et plus intimes, qui n'ĂŽtent rien au respect d'une part, Ă  la dignitĂ© de l'autre. PropriĂ©taires et fermiers, rĂ©unis au congrĂšs, sont soumis aux mĂȘmes conditions et jugĂ©s par les mĂȘmes lois; souvent le propriĂ©taire concourt avec son fermier. Dans ces mĂȘlĂ©es animĂ©es, oĂč l'on se communique ses procĂ©dĂ©s, oĂč l'on s'aide de ses conseils, oĂč l'on distribue des prix et des encouragements, les riches propriĂ©taires et les nobles traitent les paysans sur le pied de l'Ă©galitĂ©; ici, la supĂ©rioritĂ© est au plus habile: c'est un paysan, GuĂ©venoux, qui, en 1857, eut les honneurs du congrĂšs de Redon. Voici quatorze ans que l'Association bretonne existe; l'ardeur a toujours Ă©tĂ© en croissant; les congrĂšs sont devenus des solennitĂ©s: on y vient de tous les points
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Anonymous
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La peur aura permis Ă  une poignĂ©e d’individus de façonner la sociĂ©tĂ© comme ils l’entendent. La peur aura permis de changer le visage de cette sociĂ©tĂ©. Elle aura permis le contrĂŽle du peuple. Et du monde. Le Nouvel Ordre mondial.(....) Une vision manichĂ©enne mais bilatĂ©rale dans laquelle chaque clan est persuadĂ© d’ĂȘtre le bon, persĂ©cutĂ©, et qu’il a tous les droits en retour pour se venger et dĂ©truire l’ennemi dans une spirale sans fin, qui peut durer des dĂ©cennies. L’exemple le plus flagrant est le messie du peuple : la tĂ©lĂ©vision. Sur CNN on dĂ©couvre le conflit israĂ©lo-palestinien avec les images des enfants juifs mutilĂ©s par les bombes des terroristes palestiniens, tandis que sur Al-Jazira ce sont les enfants palestiniens qui sont Ă  l’image, dĂ©chirĂ©s par les bombes de Tsahal. Chaque clan, informĂ© avec subjectivitĂ©, est ainsi persuadĂ© d’ĂȘtre la victime de l’autre, l’ennemi cruel contre lequel il faut lutter. Les membres du PNAC ne sont pas innocents. Ils prĂŽnent la souverainetĂ© sans partage des États-Unis. Et ils ont prĂ©parĂ© depuis longtemps leurs plans. Ils ont investi la Maison-Blanche. Pour rĂ©pandre sur toute la planĂšte leur idĂ©al. Et trouver Ă  leur pays un nouvel ennemi. Le terrorisme. Un prĂ©texte. Pour instaurer la peur, pour passer de nouvelles lois, pour affirmer leur pouvoir, pour renforcer leurs richesses et contrĂŽler le monde. C’est la rĂ©alitĂ©. Celle d’un nouveau monde qui se construit sur notre ignorance.
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Maxime Chattam (Les Arcanes du chaos (Le Cycle de l'homme, #1))
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] Ainsi comprise, la psychanalyse devient une gigantesque opĂ©ration de spoliation et d'annexion du corpus initiatique traditionnel, Ă  la fois sur le plan doctrinal et sur le plan technique. Sa mĂ©tamorphose en une prĂ©tendue voie initiatique la rendrait presque, pour un observateur inattentif, Ă©quivalente Ă  ce que l'historien des religions entend par cette expression. Il s'agit en tous les cas d'un phĂ©nomĂšne unique dans l'histoire rĂ©cente des idĂ©es, qu'une science humaine en vienne progressivement Ă  se prĂ©senter avec toutes les caractĂ©ristiques habituelles d'une initiation traditionnelle. MĂȘme si ce « calque » n'a pas pour ambition consciente ou reconnue l'inversion de cette derniĂšre, il n'empĂȘche que son effet immĂ©diat est de produire ce que nous avons appelĂ© une caricature* de l'initiation et une confusion non moins redoutable dans la comprĂ©hension des doctrines mystiques qu'il cherche Ă  imiter. * A titre d'illustration, J. Borella a attirĂ© l'attention sur le phĂ©nomĂšne Ă©trange des Sept Anneaux reliant Freud aux membres du fameux ComitĂ© secret fondĂ© par E. Jones (cf. J. Borella, « Du symbole selon RenĂ© GuĂ©non », p. 219, n.10, Cahier de l'Herne RenĂ© GuĂ©non). La fonction de ces « talismans » reste aujourd'hui obscure. Pour quelles raisons en effet Freud a-t-il donnĂ© Ă  Jones, Rank, Ferenczi, Abraham, Sachs, Eitington, une « intaille grecque » que ces derniers firent monter en chevaliĂšre (cf. E. Jones, La vie et l’Ɠuvre de Sigmund Freud, PUF, 1961, T.II, pp. 164-165) ? Loin d'ĂȘtre anecdotique, cette pratique rĂ©vĂšle en tous cas la prĂ©sence d'un usage, inattendu dans un milieu de « libres penseurs » (E. Jones), qui peut rappeler, de maniĂšre parodique, le rite mĂ©diĂ©val des anneaux mĂ©dicinaux. Autre fait singulier, ce groupe de sept (avec Freud) Ă©voque pareillement une contrefaçon de la rĂšgle imposant qu'une loge maçonnique ne puisse ĂȘtre ouverte qu'en prĂ©sence d'au moins sept maĂźtres. [
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Patrick Geay (HermĂšs trahi : Impostures philosophiques et nĂ©o-spiritualisme d'aprĂšs l'Ɠuvre de RenĂ© GuĂ©non)
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Pour Ibn ArabĂź, il n’est pas question de «devenir un » avec Dieu : le contemplatif « prend conscience » de ce qu’il «estun» avec Lui; il «rĂ©alise» l’unitĂ© rĂ©elle. Dans le Christianisme, la « dĂ©ification »,complĂ©ment nĂ©cessaire de l’ « incarnation », n’implique aucune « identification» sur un mĂȘme plan de rĂ©alitĂ©; que l’homme comme tel « devienne » littĂ©ralement Dieu, cela impliquerait qu’il y ait entre Dieu et l’homme une commune mesure et une confrontation symĂ©trique; c’est sans doute cette rĂ©serve qu’a en vue Shankara quand il affirme que le dĂ©livrĂ© (mukta) n’a pas le pouvoir crĂ©ateur de Brahma. Quoi qu’il en soit, l’expression « devenir Dieu » n’a pas Ă  ĂȘtre rejetĂ©e, pas plus que la formule d’ « identitĂ© » d’un Shankara, car elles gardent toute leur valeur d’indication antinomique et elliptique.
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Frithjof Schuon (Spiritual Perspectives and Human Facts)
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opĂ©ration. Et nous ne voulons pas de casse, ni chez vos hommes, ni pour nous, d’autant que Tel Aviv niera son implication si ça tourne mal. Mais, il y a moins de cinq ans, j’ai moi-mĂȘme Ă©gorgĂ© un responsable du Esbollah qui faisait partie de la liste de l’opĂ©ration ColĂšre de Dieu. Au passage, j’ai tuĂ© quatre de ses gardes du corps Ă  l’arme blanche. Je vous rappelle, que nous sommes sous mandat direct de la Knesset, et qu’il s’agit justement d’une prolongation de ColĂšre de Dieu. Les ordres donnĂ©s aux terroristes arabes Ă  Munich en 72 l’ont Ă©tĂ© depuis ici. Donc, je viens. Je suis garante des compĂ©tences d’Eve, quant au jeune blanc bec derriĂšre vous, Ezra, c’est notre meilleur homme de terrain. - Il nous faut une personne en support logistique, quoiqu’il arrive, conclut le militaire vexĂ©. Donc, dĂ©merdez-vous comme vous voulez, Ă  la courte paille si ça vous amuse. Mais, j’en emmĂšne deux sur les trois. Pas les trois. - Au fait, ça vous sera probablement utile dit Eve, en tendant les plans et compte-rendu de Menouha. C’est assez parcellaire comme informations, mais, elle a quand mĂȘme fait un bon boulot. 29 AoĂ»t 1990 – Rio de Janeiro – BrĂ©sil Sarah prĂ©parait Thomas dans la salle de bain. - Il est oĂč papa ? - Il est parti jouer au golf avec le monsieur qui nous a aidĂ©s Ă  guĂ©rir ta sƓur. - Il rentre quand ? - Ce soir. Nous, on va aller Ă  la plage avec ChloĂ©. Le petit garçon Ă©chappa aux mains de sa mĂšre qui venait de lui enfiler son t-shirt et courut dans le salon. - Isabella, tu viens avec nous Ă  la plage ? - Je ne sais pas mon grand, rĂ©pondit la jeune infirmiĂšre. Maman veut peut-ĂȘtre rester seule avec ses deux bambins. - Non. Isabella, vous pouvez venir avec nous. Cela fera plaisir aux enfants, rĂ©pondit Sarah depuis la salle de bain. Le temps Ă©tait magnifique. Thomas courait devant, son ballon Ă  la main, dans le sable blanc de la plage d’Ipanema. Sarah et Isabella portĂšrent ChloĂ© qui arrivait maintenant Ă  marcher sur des sols durs, mais pas encore dans le sable. Les deux jeunes femmes s’installĂšrent non loin de l’eau dans une zone surveillĂ©e par un maitre-nageur. Thomas s’était arrĂȘtĂ© devant un petit groupe de brĂ©siliens Ă  peine plus vieux que lui qui jouait au football sur un terrain improvisĂ©. Il aurait voulu jouer avec eux mais, il n’osait pas demander. Isabella s’approcha des enfants et en quelques mots leur fit comprendre qu’avec un joueur de plus, ils seraient en nombre pair, ce qui rendrait leur partie intĂ©ressante. - Mais, non
 chuchota Thomas Ă  l’oreille de la jeune infirmiĂšre. Regarde comme ils jouent bien. Ils vont se moquer de moi. - Je suis certaine que non. Et, puis, si c’est le cas et que ça ne te convient pas, tu auras toujours la possibilitĂ© de revenir nous voir sous le parasol. Mais, si tu n’essaies pas, si tu ne te confrontes pas Ă  eux, tu ne sauras jamais s’ils Ă©taient vraiment meilleurs que toi, s’il s’agit d’enfants moqueurs ou de futurs copains. Tu comprends petit Thomas. Il faut tenter. Prendre des risques, sinon, on n’apprend rien. Allez, va. Ils t’attendent...
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Eric TERRIEN (Mein Grand-PĂšre: Roman d espionnage historique (French Edition))
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Les Ă©tudiants sont nombreux Ă  avoir l'impression de ne rien avoir retenu de leurs annĂ©es d'Ă©cole. Et je les trouve, en effet, assez peu dotĂ©s en matiĂšre de culture gĂ©nĂ©rale. Je me souviens d'une stagiaire de master 2 ; en classe, nous prĂ©parions ensemble la prochaine leçon d'histoire. La sentant mal Ă  l'aise, je lui demande : "Tu t'en souviens quand mĂȘme un peu, des Gaulois et des Romains ?" "Non, je ne me souviens de rien. J'ai l'impression de n'avoir rien appris. J'ai travaillĂ© bĂȘtement : j'ai ingurgitĂ© par cƓur des leçons que j'ai su restituer. Mais en fait, je ne sais rien." Ce n'est pas de sa faute : le type d'apprentissage qu'on lui a demandĂ© (le par cƓur avec restitution Ă  court terme) fait travailler une mĂ©moire qui n'est pas efficace Ă  long terme puisqu'elle n'oblige pas l'apprenant Ă  faire du sens en faisant des liens avec d'autres savoirs acquis antĂ©rieurement. Donc, ne s'accrochant Ă  rien, les connaissance s'effacent. [
] Le plus grave ? Ce modĂšle scolaire donne l'illusion aux Ă©lĂšves qu'ils sont bons en classe. C'est ce que remarquait la stagiaire citĂ© plus haut : "On m'a donnĂ© l'illusion que j'Ă©tais forte mais en fait, je suis un Ăąne, j'apprends bĂȘtement." J'ai eu beau lui rĂ©pondre qu'elle avait fait preuve d'intelligence d'avoir appris ainsi, en s'adaptant Ă  la demande de l'Ă©cole, je ne l'ai pas rassurĂ©e. Mais au fond, quelle Ă©nergie dĂ©pensĂ©e pour ne rien retenir de ces annĂ©es d'Ă©cole
 Sans compter que cette dĂ©couverte est une sacrĂ©e dĂ©ception, sur le plan de l'estime de soi. (p. 48-49)
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Isabelle Peloux (L'école du Colibri: La pédagogie de la coopération (Domaine du possible) (French Edition))
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D’un cĂŽtĂ©, tu ne digĂšres pas la façon lamentable dont il a gĂ©rĂ© la maladie de ta mĂšre, du moins de ton point de vue, et, en mĂȘme temps, tu attends de moi que je respecte les normes impossibles qu’il a fixĂ©es. Cette adoration pour ta mĂšre ! Qui peut rivaliser avec lui sur le plan fidĂ©lité ?
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Michelle Gable (L'appartement oublié)
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L’équipe du blog Boulonnais.fr vous emmĂšne avec elle Ă  la rencontre de la ville de Boulogne Billancourt. DĂ©couvertes culinaires, ActualitĂ©s, LumiĂšre sur les endroits insolites, Bons plans et Loisirs, que vous soyez cĂ©libataire oĂč en famille, vous trouverez forcement votre bonheur. Nous avons un seul objectif : “Vous permettre de vivre ou dĂ©couvrir la ville sous un autre regard !
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Boulonnais
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La passion de Habib Bourguiba, qui se dĂ©gage de son entretien avec J. Lacouture, vis-Ă -vis des Ă©tudes et de sa formation qui lui fut inculquĂ©e pendant prĂšs de deux dĂ©cennies par les enseignants de la IIIe RĂ©publique laquelle triomphante, nous semble ĂȘtre l'enseignement dĂ©finitif de premier plan quant au choix qui furent effectuĂ©s par la Tunisie indĂ©pendante.
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Pierre Vermeren (La formation des Ă©lites marocaines et tunisiennes)
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Les Ă©tudes littĂ©raires bĂ©nĂ©ficiaient pour une part importante de l’évolution que nous venons de dĂ©crire. Cet Ă©lĂ©ment est particuliĂšrement visible en Tunisie, surtout pour les Ă©tudes d’arabe. Ces Ă©tudiants littĂ©raires se destinaient massivement Ă  la carriĂšre d’enseignant (ce qu’attestent plusieurs tĂ©moignages ainsi que la brochure de juillet 1953). C’est que l’enseignement de l’arabe avait acquis un prestige trĂšs important, aux yeux des Sadikiens tout au moins. Mahmoud Messaadi nous a affirmĂ© ĂȘtre sorti du collĂšge Sadiki avec l’idĂ©e de servir l’arabe et la culture arabe. À la suite de Mohammed Attia (premier agrĂ©gĂ© d’arabe tunisien en 1934 puis directeur du collĂšge) et de Ali Belhaouane, de nombreux jeunes collĂ©giens des annĂ©es trente et quarante se sentirent investis d’une mission vis-Ă -vis de leur langue et de leurs successeurs. C’est ainsi que certains s’engagĂšrent dans des Ă©tudes d’arabe Ă  l’universitĂ© française dĂšs les annĂ©es trente : Mahmoud Messaadi passa sa licence Ă  Paris de 1936 Ă  1939, et c’est la guerre qui a diffĂ©rĂ© son agrĂ©gation (il fut le 4ᔉ agrĂ©gĂ© d’arabe tunisien). Ahmed Adessalam lui aussi nous a dit ĂȘtre sorti de Sadiki avec l’ambition des former des jeunes, et certain d’ĂȘtre investi d’une « mission » : rendre l’enseignement de l’arabe aussi attrayant que celui du français. De ce fait, celui-ci a prĂ©parĂ© sa licence d’arabe auprĂšs de l’universitĂ© d’Alger pendant la guerre, a enseignĂ© Ă  Sadiki dĂšs 1944, puis est parti Ă  Paris prĂ©parer son agrĂ©gation en 1947-1948. C’est aussi en cette pĂ©riode que Mzali, Bakir, Ben Miled et quelques autres ont accompli un parcours identique. Certes, tous les Ă©tudiants d’arabe n’étaient pas destinĂ©s Ă  prĂ©parer l’agrĂ©gation (Ă  commencer par les Ă©tudiants prĂ©parant le diplĂŽme d’arabe de l’IHET qui n’étaient pas titulaires du baccalaurĂ©at). Mais ces Ă©tudiants sont lĂ  pour tĂ©moigner d’une sorte de mystique pour l’enseignement qui toucha nombre d’étudiants tunisiens. Les arabisants ne sont pas seuls dans ce mouvement comme en tĂ©moigne le succĂšs de la propĂ©deutique littĂ©raire de l’IHET (30 Ă©tudiants musulmans en 1951-1952). Il est important de souligner que la profession d’enseignant, qui ne donnait pas un revenu analogue Ă  celui des professions libĂ©rales (bien que le salaire soit correct), bĂ©nĂ©ficiait aussi d’un fort prestige social, et ce d’autant plus que l’enseignement Ă©tait une denrĂ©e rare dans la Tunisie de cette fin de protectorat. Le magistĂšre traditionnel de ulĂ©mas avait certainement rejailli en partie sur cette profession sĂ©cularisĂ©e. Pour conclure sur cette Ă©volution, il est aussi probable que la rĂ©forme de la fonction publique tunisienne, et l’ouverture plus grande de l’administration aux Tunisiens, aient favorisĂ© les Ă©tudes menant Ă  la licence, porte d’entrĂ©e la plus noble de l’administration. D’autre part, il ne faut pas sous-estimer les pressions de la DGIP en faveur d’études autres que celles des facultĂ©s de droit et de mĂ©decine. C’est sur un ton trĂšs satisfait que l’auteur de la brochure de juillet 1952 conclut ainsi : « Plus de 500 jeunes se destinent Ă  venir, demain, remplir dans la RĂ©gence des fonctions de premier plan dans les domaines les plus divers (mĂ©decins, avocats, professeurs, pharmaciens, ingĂ©nieurs, architectes
) ». (p175-176)
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Pierre Vermeren (La formation des Ă©lites marocaines et tunisiennes)
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Le "vitalisme" philosophique dissimule lui aussi sous les traits d'une logique impeccable une pensĂ©e fallacieuse et proprement infra-humaine. Les adorateurs de la "vie", pour lesquels la religion - ou la sagesse - n'est qu'un trouble-fĂȘte inintelligible, factice et morbide, oublient avant tout les vĂ©ritĂ©s suivantes : que l'intelligence humaine est capable d'objectiver la vie et de s'y opposer d'une certaine maniĂšre, ce qui ne peut pas ĂȘtre dĂ©pourvu de sens, toute chose ayant sa raison d'ĂȘtre ; que c'est par capacitĂ© d'objectivation et d'opposition au subjectif que l'homme est homme, la vie et le plaisir Ă©tant communs aussi Ă  toutes les crĂ©atures infra-humaines ; qu'il n'y a pas de la vie, mais aussi la mort, et qu'il n'y a pas que le plaisir, mais aussi la douleur, ce dont l'homme seul peut se rendre compte a priori ; que l'homme doit suivre sa nature comme les animaux suivent la leur, et qu'en la suivant pleinement il est portĂ© Ă  transcender les apparences et Ă  leur donner une signification qui dĂ©passe leur plan mouvant et qui les unit Ă  une mĂȘme rĂ©alitĂ© stable et universelle. Car l'homme, c'est l'intelligence, et l'intelligence, c'est le dĂ©passement des formes et la rĂ©alisation de l'invisible Essence ; qui dit intelligence humaine, dit absoluitĂ© et transcendance. De toutes les crĂ©atures terrestres, l'homme seul sait : premiĂšrement, que le plaisir est contingent et Ă©phĂ©mĂšre ; et deuxiĂšmement, qu'il n'est pas partagĂ© par tous, c'est-Ă -dire que d'autres ego ne jouissent pas du plaisir de "notre ego", et qu'il y a toujours - quelle que soit notre jouissance - d'autres crĂ©atures qui souffrent, et inversement ; ce qui prouve que le plaisir n'est pas tout, ni la vie. La religion ou la mĂ©taphysique surgissent bien plus profondĂ©ment de la nature spĂ©cifiquement humaine - "nature surnaturelle" prĂ©cisĂ©ment dans ses profondeurs - que les caractĂšres que l'homme partage avec l'animal et la plante. RĂ©futer l'erreur n'est pas ignorer que son existence est nĂ©cessaire ; les deux choses se situent sur des plans diffĂ©rents. Nous n'acceptions pas l'erreur, mais nous acceptons son existence, puisqu'"il faut qu'il y ait du scandale"..
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Frithjof Schuon (The Transfiguration of Man)
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L'Islam a perpĂ©tuĂ© jusqu'Ă  nos jours le monde biblique, que le Christianisme, une fois europĂ©anisĂ©, ne pouvait plus reprĂ©senter ; sans islam, le Catholicisme eĂ»t vite fait d'envahir tout le Proche Orient, ce qui eĂ»t signifiĂ© la destruction de l'Orthodoxie et des autres Eglises d'Orient et la romanisation – donc l'europĂ©anisation – de notre monde jusqu'aux confins de l'Inde ; le monde biblique serait mort. On peut dire que l'Islam a eu le rĂŽle providentiel d'arrĂȘter le temps – donc d'exclure l'Europe – sur la partie biblique du globe et de stabiliser, tout en l'universalisant, le monde d'Abraham, qui fut aussi celui de JĂ©sus ; le JudaĂŻsme Ă©tant Ă©migrĂ© et dispersĂ©, et le Christianisme s'Ă©tant romanisĂ©, hellĂ©nisĂ© et germanisĂ©, Dieu « se repentit » - pour employer le mot de la GenĂšse – de ce dĂ©veloppement unilatĂ©ral et suscita l'Islam, qu'il fit surgir du dĂ©sert, ambiance ou arriĂšre-plan du MonothĂ©isme originel. Il y a lĂ  un jeu d'Ă©quilibre et de compensation dont les exotĂ©rismes ne sauraient rendre compte, et il serait absurde de le leur demander (1). (1) Titus Burckhardt, ayant lu ces lignes, nous a communiquĂ© au sujet du cycle Abraham-Mohammed les rĂ©flexions suivantes : « Il est significatif que la langue arabe soit la plus archaĂŻque de toutes les langues sĂ©mitiques vivantes : son phonĂ©tisme conserve, Ă  un son prĂšs, tous les sons indiquĂ©s par les plus anciens alphabĂštes sĂ©mitiques, et sa morphologie se retrouve dans le cĂ©lĂšbre code de Hammourabi, qui est Ă  peu prĂšs contemporain d'Abraham. » - « En fait, la Mecque avec la Kaaba construite par Abraham et IsmaĂ«l, est la ville sacrĂ©e oubliĂ©e, - oubliĂ©e Ă  la fois par le JudaĂŻsme, qui ignore le rĂŽle prophĂ©tique d'IsmaĂ«l, et par le Chrisianisme, qui a hĂ©ritĂ© le mĂȘme point de vue. Le sanctuaire de la Mecque, lequel est au ProphĂšte ce que le Temple de JĂ©rusalem est au Christ, - en un certain sens tout au moins, - est comme la « pierre rejetĂ©e par les bĂątisseurs » et qui devient la pierre d'angle. Cette oublie du sanctuaire ismaĂ©lien, en mĂȘme temps que la continuitĂ© Abraham-IsmaĂ«l-Mohammed, - le ProphĂšte arabe Ă©tant de descendance ismaĂ©lienne, - ce double facteur nous montre comment l'Ă©conomie divine aime Ă  combiner le gĂ©omĂ©trique avec l'imprĂ©vu. Sans aucune importance est ici l'opinion de ceux qui voient dans l'origine abrahamique de la Kaaba un mythe musulman rĂ©trospectif, et qui perdent totalement de vue que les anciens Arabes possĂ©daient une mĂ©moire gĂ©nĂ©alogique Ă  la fois extraordinaire et mĂ©ticuleuse, comme d'ailleurs la plupart des nomades ou semi-nomades.
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Frithjof Schuon (Form and Substance in the Religions (Library of Perennial Philosophy))
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Le fondement du « subjectivisme logique » des croyants est dans ce que nous pourrions appeler le « solipsisme religieux » ; et celui-ci est inĂ©vitable pour deux raisons majeures. PremiĂšrement, tout Message religieux est un Message d'Absolu ; ce caractĂšre d’Absolu pĂ©nĂštre tout le Message et lui confĂšre sa qualitĂ© d’unicitĂ©. Dieu parle pour l'IntĂ©rieur et ne se prĂ©occupe pas de l’extĂ©rieur en tant que tel ; Il proclame « la Religion » sous une forme adaptĂ©e Ă  telles possibilitĂ©s humaines ; Il ne fait pas de « religion comparĂ©e ». DeuxiĂšmement, l'homme moyen n’est pas disposĂ© Ă  saisir ce caractĂšre d'Absolu si on ne le lui suggĂšre pas par l'unicitĂ© de l'expression ; et Dieu n'entend pas compromettre cette comprĂ©hension par des prĂ©cisions soulignant l'aspect extĂ©rieur de rela­tivitĂ©, donc Ă©trangĂšres Ă  ce qui est la raison d'ĂȘtre du Message. Mais ceci ne saurait lier l'Ă©sotĂ©risme : d’une part parce qu'il n'est pas un Message religieux et qu’il relĂšve de l’Intellect plutĂŽt que de la RĂ©vĂ©lation, et d’autre part parce qu’il s'adresse Ă  des hommes qui n'ont pas besoin d'une suggestion d'unicitĂ© et d'exclusivitĂ©, sur le plan de l'expression, pour saisir le caractĂšre d’Absolu dans les Ă©nonciations sacrĂ©es. Tout ceci est propre Ă  faire comprendre que nous sommes aussi loin que possible d'approuver un « Ɠcumé­nisme » gratuit et sentimentaliste, qui ne distingue pas entre la vĂ©ritĂ© et l'erreur et dont le rĂ©sultat est l’indiffé­rence religieuse et le culte de l'homme. Ce qu'il s’agit d’entendre en rĂ©alitĂ©, c’est que la prĂ©sence indĂ©niable de la vĂ©ritĂ© transcendante, du sacrĂ© et du surnaturel sous des formes autres que celle de notre religion d’ori­gine, devrait nous amener, non le moins du monde Ă  mettre en doute le caractĂšre d’Absolu propre Ă  notre religion, mais simplement Ă  admettre l'inhĂ©rence de l’Absolu Ă  un symbolisme doctrinal et sacramentel qui par dĂ©finition le manifeste et le communique, mais qui Ă©galement par dĂ©finition — puisqu’il est d’ordre formel — est relatif et limitĂ© malgrĂ© son allure d’unicitĂ©. Allure nĂ©cessaire, nous l’avons dit, en tant que tĂ©moignage de l’Absolu, mais simplement indicative au point de vue de l’Absolu en soi, lequel se manifeste nĂ©cessairement par l’unicitĂ© et tout aussi nĂ©cessairement — en vertu de son Infinitude — par la diversitĂ© des formes. [...] Les divergences religieuses nous font penser aux contradictions entre les visions des mystiques, bien qu’il n’y ait lĂ  aucune commune mesure, sauf qu’il y a dans les deux cas une vĂ©ritĂ© intrinsĂšque sous-jacente : tel mystique brosse du purgatoire un tableau plutĂŽt dĂ©sespĂ©rant, tel autre insiste sur une joie d’espĂ©rance qui y rĂšgne, chaque perspective se trouvant appuyĂ©e par une imagerie qui la concrĂ©tise ; le symbolisme se combine avec un frag-mentarisme isolant et un sentimentalisme biaisant. Comme dans le cas des religions, les contradictions formelles des imageries mystiques n’infirment pas la vĂ©ritĂ© intĂ©grale dont elles rehaussent des aspects en fonction de telle perspective de crainte ou d’amour ; mais nous n’avons pas besoin ici de recourir Ă  l’ésotĂ©risme pour dĂ©gager la vĂ©ritĂ© ; la thĂ©ologie y pourvoit en distinguant d’emblĂ©e entre les contenus de la croyance, suivant qu’ils sont nĂ©cessaires ou recommandĂ©s, ou simplement possibles.
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Frithjof Schuon (From the Divine to the Human: Survey of Metaphsis and Epistemology (The Library of Traditional Wisdom))
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Il y a deux choses Ă  envisager dans les choses crĂ©Ă©es, Ă  savoir l'apparence empirique et le mĂ©canisme ; or l'apparence manifeste l'intention divine (
) le mĂ©canisme n'opĂšre que le mode de manifestation. Chez l'homme corporel par exemple, l'intention divine s'exprime par la forme, la dĂ©iformitĂ©, le symbolisme, la beautĂ© ; le mĂ©canisme est l'anatomie et le fonctionnement vital. La mentalitĂ© moderne, Ă  tendance toujours scientiste et « iconoclaste », tend Ă  suraccentuer le mĂ©canisme au dĂ©triment de l'intention crĂ©atrice, et cela sur tous les plans, psychologique aussi bien que physique ; il en rĂ©sulte une mentalitĂ© blasĂ©e et « dĂ©mystifiĂ©e » que rien n' « impressionne » plus. Avec l'oubli de l'intention divine, pourtant apparente a priori, on aboutit Ă  un vide dĂ©pourvu de tout point de rĂ©fĂ©rence et de toute signification, et Ă  une mentalitĂ© de nihilisme et de dĂ©sespoir, si ce n'est de matĂ©rialisme insouciant et brutal. En face de cette dĂ©viation, c'est l'enfant qui a raison, quand il croit que le ciel bleu au-dessus de nous c'est le Paradis.
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Frithjof Schuon (Roots of the Human Condition (Library of Perennial Philosophy))
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On ne peut s'empĂȘcher de constater [que l'Occidental religieux] perd en pratique volontiers de vue les tendances fondamentales de sa foi, c'est-Ă -dire qu'il se retranche derriĂšre les alternatives simples de la morale et des exigences de la pratique religieuse tout en trahissant, en sa qualitĂ© de « civilisĂ© », les tendances mĂȘmes qui sont Ă  la base et de ces alternatives et de cette pratique. La machine est une bonne chose, pourvu qu'on aime Dieu ; la rĂ©publique est un bien, pourvu qu'elle favorise la religion ; que la machine tue de facto l'amour de Dieu, et que la rĂ©publique Ă©touffe de facto la religion, ne semble pas effleurer l'esprit de l'immense majoritĂ© des croyants. Si on est finalement obligĂ© de constater ces effets nĂ©fastes, on accusera d'abord la nature humaine et ensuite quelque dĂ©chĂ©ance imaginaire de la religion ; on accusera jamais les causes rĂ©elles, considĂ©rĂ©es a priori comme neutre parce que situĂ©es en dehors des alternatives morales simplistes et des rĂšgles pratiques auxquelles on a rĂ©duit la religion, et en dehors aussi de la pure thĂ©ologie. Et comme le monde de la machine – « chrĂ©tien » selon certains puisque la machine ne commet point d'adultĂšre et puisque toute chose efficace doit provenir du Christianisme –, comme ce monde s'impose partout pour des raisons matĂ©rielles irrĂ©versibles, il favorise partout sur le globe terrestre l'Ă©lĂ©ment mondain et la mondanitĂ© technocratique, laquelle est de tout Ă©vidence l'antipode de tout amour de Dieu. Cette mondanitĂ© utilitaire – franchement impie ou trompeusement chrĂ©tienne – ne saurait s'affirmer par une dialectique normale, elle a besoin d'arguments qui remplacent la rĂ©alitĂ© par des suggestions imaginatives des plus arbitraires. Au moins aussi dĂ©plaisant qu'un hyperbolisme inconsidĂ©rĂ©, et bien davantage suivant les cas, est le biais faussement moralisant si commun au langage moderne : il consiste Ă  vouloir justifier une erreur ou un mal quelconque par des Ă©tiquettes flatteuses et Ă  vouloir compromettre une vĂ©ritĂ© ou un fait positif par des Ă©tiquettes infamantes, souvent en utilisant de fausses valeurs telles que la « jeunesse » et sans que les suggestions avancĂ©es aient le moindre rapport avec les choses auxquelles on les applique (18). Un autre vice de dialectique, ou un autre abus de pensĂ©e, est l'inversion du rapport causal et logique : on dira qu'il est temps d'inventer un idĂ©al nouveau qui puisse enflammer les hommes, ou qu'il faut forger une mentalitĂ© capable de trouver beau le monde des machines et laid celui des sanctuaires, ou une mentalitĂ© capable de prĂ©fĂ©rer la nouvelle messe ou la nouvelle religion Ă  l'ancienne messe ou Ă  la religion de toujours, et ainsi de suite. Comme le biais moralisant, le raisonnement inversant est totalement Ă©tranger Ă  la dialectique orientale et Ă  la dialectique traditionnelle tout court, et pour cause. Nous pourrions signaler Ă©galement, en passant, le raisonnement dynamiste qui subordonne la constatation d'un fait Ă  la proposition d'une solution pratique – comme si la vĂ©ritĂ© n'avait pas sa raison d'ĂȘtre ou sa valeur en elle-mĂȘme – ou le raisonnement utilitariste qui subordonne la vĂ©ritĂ© comme telle aux intĂ©rĂȘts matĂ©riels des hommes physiques. Tout ceci n'est pas incompatible en fait avec un certains sens critique sur quelques plans extĂ©rieurs ; s'il en est ainsi, l'inverse doit ĂȘtre possible Ă©galement, Ă  savoir la disproportion entre un discernement spirituel et un langage inconsidĂ©rĂ©ment impulsif et hyperbolique.[...] (18) La propagande pour les innovations liturgiques et thĂ©ologiques – et contre ceux qui n'en sont pas dupes – est un exemple particuliĂšrement Ă©cƓurant de ce procĂ©dĂ©.
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Frithjof Schuon (Logic & Transcendence)
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Se convertir d’une religion à une autre, c’est non seulement changer de concepts et de moyen, mais aussi remplacer une sentimentalité par une autre. Qui dit sentimentalité, dit limitation : la marge sentimentale qui enveloppe chacune des religions historiques prouve à sa manière la limite de tout exotérisme et par conséquent la limite des revendications exotériques. Intérieurement ou substantiellement, la revendication religieuse est absolue, mais extérieurement ou formellement, donc sur le plan de la contingence humaine, elle est forcément relative ; si la métaphysique ne suffisait pas pour le prouver, les faits eux-mêmes le prouveraient. Plaçons-nous maintenant, à titre d’exemple, au point de vue de l’Islam exotérique, donc totalitaire : aux débuts de l’expansion musulmane, les circonstances étaient telles que la revendication doctrinale de l’Islam s’imposait d’une façon absolue ; mais plus tard, la relativité propre à toute expression formelle devait apparaître nécessairement. Si la revendication exotérique — non ésotérique — de l’Islam était absolue et non relative, aucun homme de bonne volonté ne pourrait résister à cette revendication ou à cet « impératif catégorique » : tout homme qui lui résisterait serait foncièrement mauvais, comme c’était le cas aux débuts de l’Islam, où on ne pouvait pas sans perversité préférer les idoles magiques au pur Dieu d’Abraham. Saint-Jean Damascène avait une fonction élevée à la cour du calife de Damas (4) ; il ne s’est pas converti à l’Islam, pas plus que ne le fit Saint-François d’Assise en Tunisie ni saint Louis en Egypte, ni saint Grégoire Palamas en Turquie (5). Or, il n’y a que deux conclusions possibles : ou bien ces saints étaient des hommes foncièrement mauvais, — supposition absurde puisque c’étaient des saints, — ou bien la revendication de l’Islam comporte, comme celle de toute religion, un aspect de relativité ; ce qui est métaphysiquement évident puisque toute forme a des limites et que toute religion est extrinsèquement une forme, l’absoluité ne lui appartenant que dans son essence intrinsèque et supraformelle. La tradition rapporte que le soufi Ibrāhīm ben Adham eut pour maître occasionnel un ermite chrétien, sans que l’un des deux se convertît à la religion de l’autre ; de même la tradition rapporte que Seyyid Alī Hamadānī, qui joua un rôle décisif dans la conversion du Cachemire à l’Islam, connaissait Lallā Yōgīshwari, la yōginī nue de la vallée, et que les deux saints avaient un profond respect l’un pour l’autre, malgré la différence de religion et au point qu’on a parlé d’influences réciproques (6). Tout ceci montre que l’absoluité de toute religion est dans la dimension intérieure, et que la relativité de la dimension extérieure devient forcément apparente au contact avec d’autres grandes religions ou de leurs saints. ---- Notes en bas de page ---- (4) C’est là que le saint écrivit et publia, avec l’acquiescement du calife, son célèbre traité à la défense des images, prohibées par l’empereur iconoclaste Léon III. (5) Prisonnier des Turcs pendant un an, il eut des discussions amicales avec le fils de l’émir, mais ne se convertit point, pas plus que le prince turc ne devint chrétien (6) De nos jours encore, les musulmans du Cachemire vénèrent Lallā, la Shivaïte dansante, à l’égal d’une sainte de l’Islam, à côté de Seyyid Alī ; les hindous partagent ce double culte. La doctrine de la sainte se trouve condensée dans un de ses chants : « Mon gourou ne m’a donné qu’un seul précepte. Il m’a dit : du dehors entre dans ta partie la plus intérieure. Ceci est devenu pour moi une règle ; et c’est pour cela que, nue, je danse » (Lallā Vākyāni, 94)
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Frithjof Schuon (Form and Substance in the Religions (Library of Perennial Philosophy))
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Il est donc facile de prĂ©voir ce que doive devenir, dans cette perspective, les relations entre les sexes, y compris sur le plan matĂ©riel. Ici, comme dans le magnĂ©tisme, plus forte est la polaritĂ©, plus l'homme est vraiment homme et la femme vraiment femme, plus haute et vive est l'Ă©tincelle crĂ©atrice. En revanche, que peut-il y avoir entre ces ĂȘtres mixtes, privĂ©s de tout rapport avec les forces de leur nature la plus profonde ? Entre ces ĂȘtres oĂč la sexualitĂ© commence et finit sur le plan physiologique, Ă  supposer mĂȘme que des inclinations anormales, celle du « troisiĂšme sexe », ne se soient pas dĂ©jĂ  manifestĂ© ? Entre ces ĂȘtres dont l'Ăąme n'est ni masculine, ni fĂ©minine, ou bien qui sont fĂ©minins tout en Ă©tant des hommes et masculins tout en Ă©tant des femmes, et qui exaltent comme un au-delĂ  du sexe ce qui, en fait, est rĂ©gression en-deçà du sexe ? Toute relation ne pourra plus avoir qu'un caractĂšre Ă©quivoque et falot : promiscuitĂ© agrĂ©mentĂ©e d'esprit de camaraderie, morbides sympathies « intellectuelles », banalitĂ© du nouveau rĂ©alisme communiste – ou bien souffrira de complexes nĂ©vrotiques et de tout ce sur quoi Freud a Ă©difiĂ© une « science » qui est vraiment un authentique signe des temps. (1934)
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Julius Evola (Revolt Against the Modern World)
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Rien n’est plus facile que d’ĂȘtre original moyennant un faux absolu, et cela l’est d’autant plus quand cet absolu est nĂ©gatif, car dĂ©truire est plus facile que construire. L’humanisme, c’est le rĂšgne de l’horizontalitĂ©, soit naĂŻve, soit perfide ; comme c’est – par lĂ  mĂȘme – la nĂ©gation de l’Absolu, c’est Ă©galement la porte ouverte Ă  une multitude d’absoluitĂ©s factices, souvent nĂ©gatives, subversives et destructives par surcroĂźt. Il n’est pas trop difficile d’ĂȘtre original avec de telles intentions et de tels moyens ; il suffisait d’y penser. Remarquons que la subversion englobe, non seulement les programmes philosophiques et moraux destinĂ©s Ă  saper l’ordre normal des choses, mais aussi – en littĂ©rature et sur un plan apparemment anodin – tout ce qui peut satisfaire une curiositĂ© malsaine : Ă  savoir tous les rĂ©cits fantasques, grotesques, lugubres, « noirs », donc sataniques Ă  leur façon, et propres Ă  prĂ©disposer les hommes Ă  tous les excĂšs et Ă  toutes les perversions ; c’est lĂ  le cĂŽtĂ© sinistre du romantisme. Sans avoir la moindre crainte d’ĂȘtre « enfant » ni le moindre souci d’ĂȘtre « adulte », nous nous passons volontiers de ces sombres insanitĂ©s, et nous sommes pleinement satisfaits de Blanche-Neige et de la Belle au bois dormant.
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Frithjof Schuon (To Have a Center (Library of Traditional Wisdom))
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Que peut apporter le plan d'investissement de 315  milliards d'euros proposĂ© par la Commission aux PME ? Beaucoup ! Et surtout diffĂ©rentes formes d'accĂšs au financement, le point faible des PME. Si vous ĂȘtes un entrepreneur, mĂȘme si vous avez la meilleure idĂ©e du monde, il est difficile de trouver l'argent en Europe, oĂč les banques ne veulent pas financer le risque ; c'est diffĂ©rent aux Etats-Unis. Il faut inciter les PME Ă  rester de ce cĂŽtĂ©-ci de l'Atlantique, sinon, cela va tuer notre Ă©conomie. Il y a de l'argent dans les banques, chez les investisseurs privĂ©s ; il faut parvenir Ă  le faire travailler avec les fonds publics. C'est pour cela que, sur 315  milliards d'euros, un quart sera dĂ©diĂ© aux PME, par exemple dans les projets d'efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique. Nous espĂ©rons voir des rĂ©sultats d'ici Ă  la fin de l'annĂ©e.
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Anonymous
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Que peut apporter le plan d'investissement de 315  milliards d'euros proposĂ© par la Commission aux PME ? Beaucoup ! Et surtout diffĂ©rentes formes d'accĂšs au financement, le point faible des PME. Si vous ĂȘtes un entrepreneur, mĂȘme si vous avez la meilleure idĂ©e du monde, il est difficile de trouver l'argent en Europe, oĂč les banques ne veulent pas financer le risque ; c'est diffĂ©rent aux Etats-Unis. Il faut inciter les PME Ă  rester de ce cĂŽtĂ©-ci de l'Atlantique, sinon, cela va tuer notre Ă©conomie. Il y a de l'argent dans les banques, chez les investisseurs privĂ©s ; il faut parvenir Ă  le faire travailler avec les fonds publics. C'est pour cela que, sur 315  milliards d'euros, un quart sera dĂ©diĂ© aux PME, par exemple dans les projets d'efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique. Nous espĂ©rons
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Anonymous
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Nous avons dĂ©jĂ  parlĂ© de la notion temporelle propre Ă  chaque saison, l'Ă©tĂ© Ă©tant l'Ă©poque oĂč il ne faut plus attendre, quand la rĂ©colte est mĂ»re, pour la recueillir. J'ai ainsi connu des Ă©tĂ©s bretons oĂč les pluies risquaient de gĂącher le travail de toute une annĂ©e; les Recteurs, en chaire, autorisaient exceptionnellement le travail le dimanche. Cette pĂ©riode de rĂ©colte n'est pas une phase tranquille oĂč il suffit de contempler les champs de blĂ© mĂ»r, mais une pĂ©riode de travail impĂ©ratif pour mettre la rĂ©colte Ă  l'abri Ă  temps. Les cultivateurs de l'Ă©poque -- comme maintenant -- n'avaient pas toujours leur temps normal de sommeil; l'Ă©tĂ©, quand il fallait suivre les battages de ferme en ferme, les paysans finissaient Ă  la nuit pour reprendre Ă  l'aube dans la ferme suivante, ce qui ne les empĂȘchait pas, d'ailleurs, d'aller au bal le samedi et d'y gagner une nouvelle nuit blanche. La rĂ©colte n'attends pas, « quand le vin est tirĂ©, il faut le boire » ; si le fruit du travail psychologique n'est pas engrangĂ© en temps voulu, il risque d'ĂȘtre perdu. Psychologiquement, on peut dire que si le sujet ne prends pas conscience de certains progrĂšs, de certains Ă©volutions, aux moments oĂč ceux-ci se prĂ©sentent, ils risquent d'ĂȘtre perdus et de repartir dans l'inconscient. Il faudra un nouveau cycle pour retrouver Ă  nouveau les solutions nĂ©gligĂ©es. Il est nĂ©cessaire de reconnaĂźtre que les choses ont changĂ©. Ainsi, en faisant avec quelqu'un le bilan d'une annĂ©e d'entretiens et en se reportant aux problĂšmes qui se posaient un an plus tĂŽt, il est possible de mesurer le chemin parcouru, de s'apercevoir que des problĂšmes, cruciaux alors, sont pasĂ©s au second plan et ont Ă©tĂ© rĂ©solus. Il est permis d'espĂ©rer que les nouvelles questions qui se posent trouveront elles aussi leurs rĂ©ponses. Ainsi, le sujet n'a pas l'impression de nager continuellement dans la mĂȘme problĂ©matique, comme s'il tournait en rond, et pourra mĂȘme dĂ©couvrir que si certains questions reviennent Ă  l'ordre du jour, elles le font selon un mouvement spirale qui ne pose plus de problĂšmes de la mĂȘme façon que l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. C'est la prise de conscience du chemin parcouru hier qui peut donner le courage d'en entreprendre un nouveau demain.
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Marie-Claire Dolghin-Loyer
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Quand vous parlez d'un projet autour de vous, vous recevez trois types de rĂ©actions : les neutres, les rĂ©actions d'encouragement et les rĂ©actions nĂ©gatives qui tendent Ă  vous faire renoncer.– C'est clair ...– Il faut Ă  tout prix vous Ă©loigner des personnes dont vous sentez qu'elles pourraient vous dĂ©courager. En tout cas, ne leur confiez pas vos projets.– Oui, mais, d'un certain cĂŽtĂ©, cela peut ĂȘtre utile que des gens vous ouvrent les yeux si vous faites fausse route.– Pour cela, adressez-vous uniquement Ă  des connaisseurs dans le domaine qui vous intĂ©resse. Mais il ne faut pas vous confier aux personnes qui chercheraient Ă  vous dĂ©courager juste pour rĂ©pondre Ă  leurs propres besoins psychologiques. Par exemple, il y a des gens qui se sentent mieux quand vous allez mal, et qui font donc tout pour que vous n'alliez pas mieux ! Ou d'autres qui dĂ©testeraient vous voir rĂ©aliser vos rĂȘves car cela leur rappellerait leur absence de courage pour rĂ©aliser les leurs. Il existe aussi des gens qui se sentent valorisĂ©s par vos difficultĂ©s parce que cela leur donne l'occasion de vous aider. Dans ce cas, les projets qui viennent de vous leur coupent l'herbe sous le pied, et ils feront ce qu'ils peuvent pour vous en dissuader. Cela nĂ© sert Ă  rien de leur en vouloir car ils font cela inconsciemment. Mais il est prĂ©fĂ©rable de ne pas leur confier vos plans. Ils vous feraient perdre votre confiance en vous. Vous vous souvenez qu'hier nous avons parlĂ© du bĂ©bĂ© qui apprend Ă  marcher et ne se dĂ©courage jamais, malgrĂ© ses Ă©checs Ă  rĂ©pĂ©tition ?– Oui.– S'il persĂ©vĂšre et finit par rĂ©ussir, c'est notamment parce que aucun parent au monde ne doute de la capacitĂ© de son enfant Ă  marcher, et aucune personne au monde ne va le dĂ©courager dans ses tentatives. Alors qu'une fois adulte, nombreux seront les gens qui vont le dissuader de rĂ©aliser ses rĂȘves. pensez Ă  quelqu'un de plus Ă©loignĂ©, peut-ĂȘtre un aĂŻeul ou un ami d'enfance, mĂȘme si vous ne le voyez pas souvent. Si vraiment vous ne trouvez pas, vous pouvez aussi penser Ă  une personne disparue, qui vous a aimĂ© de son vivant. Pensez Ă  elle et dites-vous: « Je sais que lĂ  oĂč elle est, si elle me voit monter ce projet, elle croit en moi.» DĂšs que vous avez des doutes, pensez Ă  elle et voyez-la vous encourager car elle sait que vous allez rĂ©ussir. Il y a aussi des gens qui croient en Dieu et obtiennent de lui la force d'agir. NapolĂ©on Ă©tait, quant Ă  lui, convaincu qu'il avait une bonne Ă©toile. Lors de la plupart de ses batailles, mĂȘme lorsqu'elles Ă©taient mal engagĂ©es, il restait persuadĂ© qu'il gagnerait, avec l'aide de cette bonne Ă©toile. Cela l'a Ă©normĂ©ment stimulĂ© et lui a fourni un courage souvent dĂ©terminant.
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Laurent Gounelle
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Nous disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous reprĂ©sentons cette heure comme situĂ©e dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport quelconque avec la journĂ©e dĂ©jĂ  commencĂ©e et puisse signifier que la mort — ou sa premiĂšre prise de possession partielle de nous, aprĂšs laquelle elle ne nous lĂąchera plus — pourra se produire dans cet aprĂšs-midi mĂȘme, si peu incertain, cet aprĂšs-midi oĂč l’emploi de toutes les heures est rĂ©glĂ© d’avance. On tient Ă  sa promenade pour avoir dans un mois le total de bon air nĂ©cessaire, on a hĂ©sitĂ© sur le choix d’un manteau Ă  emporter, du cocher Ă  appeler, on est en fiacre, la journĂ©e est tout entiĂšre devant vous, courte, parce qu’on veut ĂȘtre rentrĂ© Ă  temps pour recevoir une amie; on voudrait qu’il fĂźt aussi beau le lendemain; et on ne se doute pas que la mort, qui cheminait en vous dans un autre plan, au milieu d’une impĂ©nĂ©trable obscuritĂ©, a choisi prĂ©cisĂ©ment ce jour-lĂ  pour entrer en scĂšne, dans quelques minutes, Ă  peu prĂšs Ă  l’instant oĂč la voiture atteindra les Champs-ÉlysĂ©es.
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Marcel Proust
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Pour répondre à ta question, chaque fois qu'un mec invite une fille à faire quoi que ce soit seule avec lui, c'est un plan. Donc : des complications sont à redouter.
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Mark Van Wye (He Typed. She Typed.)
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PIXCELL est rĂ©putĂ©e pour sa vision exceptionnelle du monde des affaires, sa rĂ©elle comprĂ©hension du marchĂ© et ses liens forts avec tous les acteurs de son rĂ©seau pancanadien. Sur le plan de la stratĂ©gie, nous avons conçu une approche unique : nous tenons compte de vos dĂ©fis particuliers, de vos buts stratĂ©giques, de votre vision et de votre culture d’entreprise afin de vous prĂ©senter la meilleure sĂ©lection possible de talents pour que vous atteigniez vos objectifs stratĂ©giques.
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Pixcell
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Pour rĂ©sumer : chaque jour, je ressemblais davantage Ă  la vieille paysanne russe attendant le train. Peu aprĂšs la rĂ©volution, ou aprĂšs une guerre ou une autre, la confusion rĂšgne au point que personne n'a idĂ©e de quand va pointer la nouvelle aube, et encore moins de quand va arriver le prochain train, mais la campagnarde chenue a entendu dire que celui-ci est prĂ©vu pour tantĂŽt. Vu la taille du pays, et le dĂ©sordre de ces temps, c'est une information aussi prĂ©cise que toute personne douĂ©e de raison est en droit d'exiger, et puisque la vieille n'est pas moins raisonnable que quiconque, elle rassemble ses baluchons de nourriture, ainsi que tout l’attirail nĂ©cessaire au voyage, avant de se oser Ă  cĂŽtĂ© de la voie ferrĂ©e. Quel autre moyen d'ĂȘtre sĂ»re d'attraper le train que de se trouver dĂ©jĂ  sur place lorsqu'il se prĂ©sentera ? Et le seul moyen d'ĂȘtre lĂ  Ă  l'instant voulu, c'est de rester lĂ  sans arrĂȘt. Évidemment, il se peut que ce convoi n'arrive jamais, ni un autre. Cependant, sa stratĂ©gie a pris en compte jusqu'Ă  cette Ă©ventualitĂ© : le seul moyen de savoir s'il y aura un train ou pas, c'est d'attendre suffisamment longtemps ! Combien de temps ? Qui peut le dire ? AprĂšs tout, il se peut que le train surgisse immĂ©diatement aprĂšs qu'elle a renoncĂ© et s'en est allĂ©e, et dans ce cas, toute cette attente, si longue eĂ»t-elle Ă©tĂ©, aurait Ă©tĂ© en vain. Mouais, pas trĂšs fiable, ce plan, ricaneront certains. Mais le fait est qu'en ce monde personne ne peut ĂȘtre complĂštement sĂ»r de rien, n'est-ce pas ? La seule certitude, c'est que pour attendre plus longtemps qu'une vieille paysanne russe, il faut savoir patienter sans fin. Au dĂ©but, elle se blottit au milieu de ses baluchons, le regard en alerte afin de ne pas manquer la premiĂšre volute de fumĂ©e Ă  l'horizon. Les jours forment des semaines, les semaines des mois, les mois des annĂ©es. Maintenant, la vieille femme se sent chez elle : elle sĂšme et rĂ©colte ses modestes moissons, accomplit les tĂąches de chaque saison et empĂȘche les broussailles d'envahir la voie ferrĂ©e pour que le cheminot voie bien oĂč il devra passer. Elle n'est pas plus heureuse qu'avant, ni plus malheureuse. Chaque journĂ©e apporte son lot de petites joies et de menus chagrins. Elle conjure les souvenirs du village qu'elle a laissĂ© derriĂšre elle, rĂ©cite les noms de ses parents proches ou Ă©loignĂ©s. Quand vous lui demandez si le train va enfin arriver, elle se contente de sourire, de hausser les Ă©paules et de se remettre Ă  arracher les mauvaises herbes entre les rails. Et aux derniĂšres nouvelles, elle est toujours lĂ -bas, Ă  attendre. Comme moi, elle n'est allĂ©e nulle part, finalement ; comme elle, j'ai cessĂ© de m'Ă©nerver pour ça. Pour sĂ»r, tout aurait Ă©tĂ© diffĂ©rent si elle avait pu compter sur un horaire de chemins de fer fiable, et moi sur un procĂšs en bonne et due forme. Le plus important, c'est que, l'un comme l'autre, nous avons arrĂȘtĂ© de nous torturer la cervelle avec des questions qui nous dĂ©passaient, et nous nous sommes contentĂ©s de veiller sur ces mauvaises herbes. Au lieu de rĂȘver de justice, j'espĂ©rais simplement quelques bons moments entre amis ; au lieu de rĂ©unir des preuves et de concocter des arguments, je me contentais de me rĂ©galer des bribes de juteuses nouvelles venues du monde extĂ©rieur ; au lieu de soupirer aprĂšs de vastes paysages depuis longtemps hors de portĂ©e, je m'Ă©merveillais des moindres dĂ©tails, des plus intimes changements survenus dans ma cellule. Bref, j'ai conclus que je n'avais aucun pouvoir sur ce qui se passait en dehors de ma tĂȘte. Tout le reste rĂ©sidait dans le giron Ă©nigmatique des dieux prĂ©sentement en charge. Et lorsque j'ai enfin appris Ă  cesser de m'en inquiĂ©ter, l'absolution ainsi confĂ©rĂ©e est arrivĂ©e avec une Ă©tonnante abondance de rĂ©confort et de soulagement.
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Andrew Szepessy (Epitaphs for Underdogs)
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La premiĂšre prĂ©caution Ă  prendre tient au fait que la majoritĂ© des patients est gĂ©nĂ©ralement en quĂȘte de sens lorsqu'elle consulte un professionnel de santĂ©. Elle voudrait qu'on lui explique pourquoi (au sens de pour quoi, en vertu de quelle cause) elle est malade, pourquoi elle souffre, quelle en est la raison. Or la science en gĂ©nĂ©ral et la mĂ©decine en particulier sont incapables de lui rĂ©pondre, et pour une raison simple : elles ne peuvent traiter que des causalitĂ©s contingentes, et non de causes ultimes ou de questions de sens. La science traite du comment, et apporte statistiques, mĂ©canismes d'action, biologie, biochimie et anatomie. Le pourquoi, lui est mĂ©taphysique, donc Ă©tymologiquement en dehors de la physique : pourquoi sommes-nous nĂ©s, pourquoi ce monde plutĂŽt qu'un autre, pourquoi vais-je mourir, et vers oĂč ? Le thĂ©rapeute ne sait rĂ©pondre Ă  cela. Il peut nous dire quand nous avons de fortes chances de mourir, et par quels mĂ©canismes nous y parviendrons, et non pourquoi nous, pourquoi pas un autre, et pourquoi on meurt. C'est cette quĂȘte de sens, lĂ©gitime certes, mais hors de propos, que vient chercher le patient. Il arrive, c'est vrai, que le thĂ©rapeute devienne lui-mĂȘme mĂ©ta-thĂ©rapeute, et se prenant pour un prĂȘtre ou un haruspice lisant les entrailles d'animaux, prĂ©tende dĂ©chiffrer les arcanes du destin. Mais n'ayons guĂšre d'illusion Ă  bon marchĂ©. Nous avons certes un grand respect pour ces questions, mais nous nous mĂ©fions des rĂ©ponses, ancrĂ©es dans le sol mouvant de la foi. D'une part, les vendeurs de sens privent l'individu de construire par lui-mĂȘme le sens existentiel qu'il prĂ©fĂšre. Car, rappelons-le, sur un plan factuel, la vie n'a que le but qu'on veut bien lui donner (et cela donne une immense libertĂ©, doublĂ©e d'une non moins grande responsabilitĂ©). D'autre part lorsque des thĂ©rapeutes proposent leur sens, ils le font du haut de leur statut de professionnel de santĂ©, ce qui est un argument d'autoritĂ© facilement contestable car ils n'ont aucune autoritĂ© en matiĂšre de mĂ©taphysique – et pour cause : personne n'a autoritĂ© en matiĂšre de mĂ©taphysique. C'est un peu comme si, sous prĂ©texte qu'il est mĂ©decin, il fallait adhĂ©rer aux goĂ»ts musicaux de notre toubib, ou aux goĂ»ts cinĂ©philes d'un physicien. Ainsi, en s'adressant au thĂ©rapeute responsable, qui assume les limites de son mandat, le patient risque-t-il de repartir avec des « comment » et des « pourquoi » insatisfaits, et de se tourner alors vers quiconque apportera une rĂ©ponse (mĂȘme partielle, sans fondements, et parfois payante) Ă  son angoisse lĂ©gitime. Certaines thĂ©rapies, ornĂ©es de leur mĂ©taphysique, deviennent alors des refuges, des bouĂ©es, auxquelles s'arriment des patients apeurĂ©s. Ce n'est dĂšs lors plus le moment de crever la baudruche, laissant le patient encore plus dĂ©semparĂ©. Non, le travail se situe en amont, dans l'apprentissage du matĂ©riel auquel s'agripper.
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NIcolas Pinsault (Tout ce que vous n'avez jamais voulu savoir sur le thérapies manuelles (Points de vue et débats scientifiques) (French Edition))
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Je cherchais Ă  comprendre pourquoi tous ces Ă©vĂ©nements s’étaient dĂ©roulĂ©s comme ils s’étaient dĂ©roulĂ©s. Je me suis demandĂ© si cet Ă©tĂ© passĂ© avec maman faisait partie d’un plan plus vaste et, si oui, lequel. J’avais du mal Ă  croire que ce fĂ»t un plan de Dieu – c’est-Ă -dire du Dieu polonais, je n’en connaissais pas d’autre –, le mĂȘme qui avait perdu Mika comme on perd une paire de gants, qui avait rendu grand-mĂšre aveugle et qui avait affectĂ© Ă  maman un cancer enragĂ©. Mais, d’un autre cĂŽtĂ©, je crois que cela a Ă©tĂ© notre Ă©tĂ©.
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Tatiana ÈšĂźbuleac (El verano en que mi madre tuvo los ojos verdes)
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Occidental que je suis dans l’ñme, confortablement installĂ© sur cinquante annĂ©es de prospĂ©ritĂ© Ă©coulĂ©es depuis la fin de la guerre (avec un gĂ©nĂ©reux plan Marshall pour commencer), j’ai tendance Ă  regarder ces bizarreries sans indulgence. Qu’attend-on pour rĂ©parer la chaussĂ©e, les routes, pour rĂ©parer en gĂ©nĂ©ral ? (p. 32)
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Pierre Pachet (Conversation Ă  Jassy)
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RĂȘves sexuels : je suis Ă  Lille, devenue repaire de dĂ©linquants, casseurs, etc. Chicago, en vĂ©ritĂ©. Avec des filles trĂšs jeunes, je cours, franchis des dunes, des terrains vagues, me couchant sur le sol pour Ă©chapper aux bandes, invisibles en fait. On arrive dans une maison, sous un porche. Il y a un garçon, qui dĂ©shabille une poupĂ©e, assez grande, il s'approche de la fille qui m'accompagnait, assez insignifiante. Il la pĂ©nĂštre et jouit aussitĂŽt, comme dans un gros plan de film X. Je vois le sperme couler sur la vulve. Je suis Ă©tonnĂ©e que cette fille « sage » se soit ainsi laissĂ© surprendre (c'est le terme qui me vient alors), sans manifester de honte ou de chagrin. Qui est-elle ? Le moi ancien, celle que je n'ai pas Ă©tĂ©, que je voudrais avoir Ă©tĂ© et qui ne s'est rĂ©alisĂ©e que tardivement ?
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Annie Ernaux (Se perdre (French Edition))
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La plupart du temps, d'ailleurs, les femmes qui ont un compagnon fermĂ© sur le plan Ă©motionnel expriment un profond dĂ©sespoir. Quand Shere Hite a menĂ© son enquĂȘte auprĂšs de 4 500 femmes dans les annĂ©es 1970, 98 % de celles qui Ă©taient dans une relation avec un homme auraient souhait un « dialogue plus intime » avec lui ; elles auraient voulu qu'il leur parle davantage « de ses pensĂ©es, sentiments, projets, prĂ©occupations, et qu'il les interroge sur les leurs ». Certaines disaient ne s'ĂȘtre jamais senties aussi seules qu'au cours de leur mariage ; d'autres en pleuraient, la nuit, aux cĂŽtĂ©s de leur Ă©poux endormi. Il n'est pas certain que les choses aient radicalement changĂ© en cinquante ans (ni qu'elles soient trĂšs diffĂ©rentes de ce cĂŽtĂ©-ci de l'Atlantique). En fĂ©vrier 2021, dans le courrier du cƓur du site amĂ©ricain The Cut, baptistĂ© « Ask Polly », une trentenaire britannique partageait les dispositions dans lesquelles elle se sentait aprĂšs une rupture. Dans leur entourage, disait-elle, tout le monde les considĂ©rĂ©s, son ex-compagnon et elle, comme le couple idĂ©al. Et pourtant, son dĂ©sir d'intimitĂ© avait toujours Ă©tĂ© frustrĂ©. « Je pense qu'entretenir une relation profonde, intensĂ©ment nourrie, avec une autre personne fait partie des plus grandes joies que l'existence puisse vous apporter », Ă©crivait-elle. Elle estimait aussi que faire son propre « travail de l'ombre », essayer de se comprendre soi-mĂȘme, Ă©tait un des aspects « les plus fascinants et les plus urgents » du fait d'ĂȘtre en vie. Lui, en revanche ne comprenait pas ce qu'elle voulait de lui et trouvait qu'elle compliquait les choses inutilement. Autour d'elle, elle voyait un grand nombre d'autres couples dans lesquels la femme espĂ©rait elle aussi de son partenaire le mĂȘme investissement Ă©motionnel et rĂ©flexif que le sien - en vain. Elle en venait Ă  ne plus jamais vouloir ĂȘtre en couple avec un homme « qui n'aurait pas suivi une thĂ©rapie », clamait-elle. (p. 204-205)
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Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
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En Inde, la realite, c'est sauvagerie, brutalite, egoisme sans aucune retenue, mepris complet de l'homme pour l'homme et salete inexprimable. Tout est tragique ici, en Inde, l'art, la religion, les imaginations, les consciences, la vie journaliere ou les plus simples faits ou gestes, il y a un reflet de la terreur sacree dont parlent les anciens. L'idee des incarnations donne l'habitude de mourir. On se dit qu'on est mort tant de fois deja que cette formalite a remplir perd de son epouvante. Il fait froid et triste quand on demande aux etres de vous etre un soutien, de vous rechauffer, d'alleger le fardeau de misere inherente a toute existence. C'est en soi qu'il faut cultiver la flamme qui rechauffe. Ce que nous aimons, ce sont nos sensations, la satisfaction de nos desirs. Quand les hommes ont peur, ils se tournent vers les dieux, vers le surnaturel, comme les enfants qui s'accrochent aux jupes de leur mere. Une tradition et une chaine de pensees millenaires sont une force, une energie aussi reelle dans le domaine mental que l'electricite sur le plan physique. Parfois je fais ce qu'on l'on appelle en tibetain: tsam. C'est a dire que, pendant plusieurs jours, je ne vois personne ni ne parle a personne. C'est tres reposant, ces jours de solitude complete. Les peuples primitifs restent bien pres de l'animal; leur plus grande joie est de manger. Pas mal de civilises leur ressemblent. Les voyages ne fouettent pas seulement le sang, comme un sport hygienique, ils fouettent l'esprit et lui communiquent de la vigueur. Voyager, c'est de meme qu'etudier, faire un long bail avec la jeunesse. Il n'existe pas, je crois, de plus efficace fontaine de jouvence que ces deux choses combinees: voyage et activite intellectuelle. A ceux qui sentent autrement que le public vulgaire, le superflue est plus indispensable que le pretendu necessaire. Quand on voyage, le voyage lui-meme tient lieu de tout, mais lorsque l'on devient sedentaire, l'on aime bien vivre dans un decor agreable.
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Alexandra David-Néel (Correspondance avec son mari Edition intégrale 1904-1941)
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La vie n'est donc pas pour le vivant une dĂ©duction monotone, un mouvement rectiligne, elle ignore la rigiditĂ© gĂ©omĂ©trique, elle est dĂ©bat ou explication (ce que Goldstein appelle Auseinandersetzung) avec un milieu oĂč il y a des fuites, des trous, des dĂ©robades et des rĂ©sistances inattendues. RĂ©pĂ©tons-le encore une fois. Nous ne faisons pas profession – aussi bien portĂ©e aujourd'hui – d'indĂ©terminisme. Nous soutenons que la vie d'un vivant, fĂ»t-ce d'une amibe, ne reconnaĂźt les catĂ©gories de santĂ© et de maladie que sur le plan de l'expĂ©rience, qui est d'abord Ă©preuve au sens affectif du terme, et non sur le plan de la science. La science explique l'expĂ©rience, mais elle ne l'annule pas pour autant.
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Georges Canguilhem (The Normal and the Pathological)
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✓ Nos Ă©tats Ă©motionnels nous conditionnent ; ✓    Les questions sont un outil pour nous permettre d’évaluer les expĂ©riences que nous vivons ; ✓    Nous possĂ©dons un systĂšme de valeurs qui influence nos dĂ©cisions ; ✓ Les rĂ©fĂ©rences guident notre vie ; ✓    L’ensemble de nos croyances nous conditionne ; ✓    L’ensemble du comportement humain est rĂ©gi par un plan directeur composĂ© de ces cinq Ă©lĂ©ments ; ✓    Notre vie est normĂ©e par un certain nombre de rĂšgles. Tourner toutes ses dĂ©cisions vers l’amĂ©lioration de notre vie est essentiel. ✓    Le vocabulaire joue un rĂŽle majeur dans la perspective que nous avons de la vie ✓    Avec un peu d’entraĂźnement, on peut s’essayer Ă  contrĂŽler ses Ă©motions. ✓    Vous pouvez changer votre vie en sept jours.
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Eleanor Martel (ANTHONY ROBBINS "RĂ©sumĂ© DĂ©taillĂ© et Complet De Trois Grandes ƒuvres": Pouvoir illimitĂ©, L’éveil de votre puissance intĂ©rieure, Les onze lois de la rĂ©ussite (French Edition))
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I demand a closed chamber, for regrettably, what the accused has proposed to reveal here is a danger to public morals. The defendant, infected by his wife’s dissoluteness, which judicial language lacks words to describe, is the most appalling specimen I have ever come across in the long course of my life as a guardian of order and morals. Look at him, how he sits there, his gaze unmoved, at his table at the inn, hatching his plans for murder, necrophilia, and sodomy, le visage blĂȘme, serrant dans la main gauche la fiole avec le poison [50]—the palefaced killer!
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Jean Améry (Charles Bovary, Country Doctor: Portrait of a Simple Man (New York Review Books Classics))