Petite Amie Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Petite Amie. Here they are! All 100 of them:

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There is no good word for stomach; just as there is no good word for girlfriend. Stomach is to girlfriend as belly is to lover, and as abdomen is to consort, and as middle is to petite amie.
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Nicholson Baker (The Mezzanine)
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The pronunciation of both Sami and Portuguese languages is strikingly similar: the Portuguese evolved from folksy Latin while the Sami evolved from reindeers' howling.
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Arto Paasilinna (Petits suicides entre amis)
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C'est bien d'avoir eu un ami, mĂȘme si l'on va mourir.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
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comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi! Que faut-il faire? Dit le petit prince. Il faut ĂȘtre trĂšs patient, rĂ©pondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'Ɠil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus prĂšs...
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
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Very slowly, she peeked around the tree trunk. Saw a slim, petite figure, flanked by two very large, very dangerous-looking soldier of fortune types picking their way through the bodies and the rubble. "Amy?" Oh, God. It was Amy. "Get away from her," Jenna ordered, stepping out from behind the conifer, wielding the iron pan like a club. Both men stopped. Glanced at her. Glanced at each other over Amy's head. "What?" The biggest one grunted out a surly laugh. "Or you'll souffle us?" Okay. She was definitely going after him first.
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Cindy Gerard
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C'est triste d'oublier un ami.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
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C'est triste d'oublier un ami. Tout le monde n'a pas eu un ami.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince: [French Edition])
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C’est une folie de haĂŻr toutes les roses parce que une Ă©pine vous a piquĂ©, d’abandonner tous les rĂȘves parce que l’un d’entre eux ne s’est pas rĂ©alisĂ©, de renoncer Ă  toutes les tentatives parce qu’on a Ă©choué  C‘est une folie de condamner toutes les amitiĂ©s parce qu’une d’elles vous a trahi, de ne croire plus en l’amour juste parce qu’un d’entre eux a Ă©tĂ© infidĂšle, de jeter toutes les chances d’ĂȘtre heureux juste parce que quelque chose n’est pas allĂ© dans la bonne direction. Il y aura toujours une autre occasion, un autre ami, un autre amour, une force nouvelle. Pour chaque fin il y a toujours un nouveau dĂ©part.
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Antoine de Saint-Exupéry
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Oh dear," said my mother, turning to Marmie and going "Ce Justin, est-il gai?" (This Justin, is he gay?) Marmie handed her a hot chocolate and shrugged. "Qui sait? Je ne suis pas se petite amie." (Who knows? I'm not his girlfriend.)
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Sarah Strohmeyer (Smart Girls Get What They Want)
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One sees clearly only with the heart. The essential is invisible to the eye.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince et ses amis)
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Le matin, quand tu te rĂ©veilles et que ça ne va pas fort, cherche la petite lumiĂšre qui Ă©clairera ta journĂ©e: un cafĂ© pris avec une amie, une balade, quelques pages d'un bon livre, un instant de musique
 Si tu ne la trouves pas, invente-la
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Janine Boissard
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Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour cette entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chÚres au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps.
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Jorge Luis Borges (The Book of Sand and Shakespeare's Memory)
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To forget a friend is sad. Not every one has had a friend
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince et ses amis)
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Avec rien qu'un livre ouvert sur une serviette, vous passez du statut de petite-conne-toute-seule-qui-n'a-pas-d'amis-et-qui-se-fait-chier Ă  celui de petite-rebelle-peinarde-dans-sa-bulle-et-qui-vous-emmerde.
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Michel Bussi (Le temps est assassin)
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A 21 h 15, j'arrive enfin chez moi et je m'affale littĂ©ralement sur le canapĂ©. Et lĂ , je sais que je vais vous dĂ©cevoir mais non, il n'y a pas de chat qui vient se frotter contre mes jambes (avouez que vous l'attendiez). Je n'ai pas plus de chat que de petit ami, de chien, de poisson rouge et mĂȘme de plantes. De toute façon, elles crĂšvent au bout de deux jours en ma compagnie.
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CĂ©cile Chomin (Hot Love Challenge (Hot Love, #1))
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Mes amis, j'Ă©cris ce petit mot pour vous dire que je vous aime, que je pars avec la fiertĂ© de vous avoir connus, l'orgueil d'avoir Ă©tĂ© choisi et apprĂ©ciĂ© par vous, et que notre amitiĂ© fut sans doute la plus belle Ɠuvre de ma vie. C'est Ă©trange, l'amitiĂ©. Alors qu'en amour, on parle d'amour, entre vrais amis on ne parle pas d'amitiĂ©. L'amitiĂ©, on la fait sans la nommer ni la commenter. C'est fort et silencieux. C'est pudique. C'est viril. C'est le romantisme des hommes. Elle doit ĂȘtre beaucoup plus profonde et solide que l'amour pour qu'on ne la disperse pas sottement en mots, en dĂ©clarations, en poĂšmes, en lettres. Elle doit ĂȘtre beaucoup plus satisfaisante que le sexe puisqu'elle ne se confond pas avec le plaisir et les dĂ©mangeaisons de peau. En mourant, c'est Ă  ce grand mystĂšre silencieux que je songe et je lui rends hommage. Mes amis, je vous ai vus mal rasĂ©s, crottĂ©s, de mauvaise humeur, en train de vous gratter, de pĂ©ter, de roter, et pourtant je n'ai jamais cessĂ© de vous aimer. J'en aurais sans doute voulu Ă  une femme de m'imposer toutes ses misĂšres, je l'aurais quittĂ©e, insultĂ©e, rĂ©pudiĂ©e. Vous pas. Au contraire. Chaque fois que je vous voyais plus vulnĂ©rables, je vous aimais davantage. C'est injuste n'est-ce pas? L'homme et la femme ne s'aimeront jamais aussi authentiquement que deux amis parce que leur relation est pourrie par la sĂ©duction. Ils jouent un rĂŽle. Pire, ils cherchent chacun le beau rĂŽle. ThĂ©Ăątre. ComĂ©die. Mensonge. Il n'y a pas de sĂ©curitĂ© en l'amour car chacun pense qu'il doit dissimuler, qu'il ne peut ĂȘtre aimĂ© tel qu'il est. Apparence. Fausse façade. Un grand amour, c'est un mensonge rĂ©ussi et constamment renouvelĂ©. Une amitiĂ©, c'est une vĂ©ritĂ© qui s'impose. L'amitiĂ© est nue, l'amour fardĂ©. Mes amis, je vous aime donc tels que vous ĂȘtes.
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Éric-Emmanuel Schmitt (La Part de l'autre)
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« Écoutez, ma petite amie, je ne sais pas exactement ce que vous cherchez, mais si vous voulez attirer l’attention sur votre personne, permettez-moi de prĂ©juger vos chances de succĂšs. Non mais franchement, qui croyez-vous Ă©tonner ? Tout est dĂ©jĂ  vu et revu. Il faut vous y faire ma chĂšre, le monde est vieux, l’originalitĂ©, c’est du passĂ©. »
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Antoine Buéno (Le triptyque de l'asphyxie : Ou chronique de la mort des macchabées)
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Joseph Voilà c'que c'est, mon vieux Joseph Que d'avoir pris la plus jolie Parmi les filles de Galilée Celle qu'on appelait Marie Tu aurais pu, mon vieux Joseph Prendre Sarah ou Déborah Et rien ne serait arrivé Mais tu as préféré Marie Tu aurais pu, mon vieux Joseph Rester chez toi, tailler ton bois PlutÎt que d'aller t'exiler Et te cacher avec Marie Tu aurais pu, mon vieux Joseph Faire des petits avec Marie Et leur apprendre ton métier Comme ton pÚre te l'avait appris Pourquoi a-t-il fallu, Joseph Que ton enfant, cet innocent Ait eu ces étranges idées Qui ont tant fait pleurer Marie Parfois je pense à toi, Joseph Mon pauvre ami, lorsque l'on rit De toi qui n'avais demandé Qu'à vivre heureux avec Marie
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Georges Moustaki
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Fallire un suicidio non Ăš poi la cosa piĂč tragica al mondo: non si puĂČ riuscire sempre in tutto.
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Arto Paasilinna (Petits suicides entre amis)
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It's much harder to judge yourself than to judge others. If you manage to give a fair trial to yourself, you are indeed a very wise person.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince et ses amis)
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Au revoir, mon ami,” he said, beginning to cry harder. “Je t’aime, mon petit.
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Stephen King (The Green Mile)
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Il Ă©tait une fois un petit prince qui habitait une planĂšte Ă  peine plus grande que lui, et qui avait besoin d'un ami...
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
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Ah! Pauvre ami, comme il m'aimait!
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Jules Massenet
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Pourquoi toutes les mÚres étaient-elles si impatientes que leurs filles aient un petit ami ? Comme si la vraie vie ne commençait qu'avec les garçons.
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Ann Brashares (The Second Summer of the Sisterhood (Sisterhood, #2))
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The most beautiful things in the world cannot be seen or touched, they are felt with the heart
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince et ses amis)
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Người lớn cháșłng bao giờ tá»± hiểu cĂĄi gĂŹ cáșŁ, vĂ  tháș­t lĂ  mệt cho tráș» con lĂșc nĂ o cĆ©ng pháșŁi giáșŁi thĂ­ch cho họ.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince et ses amis)
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Os dois companheiros constataram filosoficamente que cada dia da vida das pessoas era, sem excepção, o primeiro dia do resto das suas vidas, embora todos estivessem geralmente demasiado atarefados para pensar nisso.
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Arto Paasilinna (Petits suicides entre amis)
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Comment avais-je pu imaginer lui plaire, ne serait-ce que le temps des vacances, moi la petite ronde Ă  lunettes, certes appliquĂ©e mais pas intelligente, moi qui prĂ©tendais ĂȘtre cultivĂ©e et informĂ©e mais ne l'Ă©tais pas?
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Elena Ferrante (Le Nouveau Nom (L'Amie prodigieuse, #2))
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- Les gens ont des Ă©toiles qui ne sont pas les mĂȘme. Pour les uns, qui voyagent, les Ă©toiles sont des guides. Pour d'autres elles ne sont rien que de petites lumiĂšres. Pour d'autres, qui sont savants, elles sont des problĂšmes.[...] Mais toutes ces Ă©toiles-lĂ  se taisent. Toi, tu auras des Ă©toiles comme personne n'en a... - Que veux-tu dire? - Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j'habiterai dan l'une d'elles, puisque je rirai dans l'une d'elles, alors ce sera pour toi comme si risaient toutes les Ă©toiles. Tu auras, toi, des Ă©toiles qui savent rire! Et il rit encore. - Et quand tu seras consolĂ© (on se console toujours) tu seras content de m'avoir connu. Tu seras toujours mon ami. Tu auras envie de rire avec moi.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince (French Edition))
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Chaque fois que je levais les yeux je voyais mon petit ami complĂštement gaga parce que j'Ă©tais une reine de beautĂ© Ă  la noix! T'Ă©tais un vrai gosse! Il a fallu que tu me transformes en princesse! Eh ben, regarde oĂč ça m'a menĂ©e. A l'asile! Elle chez les dingues, ta princesse!
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Philip Roth (American Pastoral)
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Náșżu báșĄn nĂłi với người lớn: "TĂŽi cĂł tháș„y một cĂĄi nhĂ  gáșĄch mĂ u hồng với hoa phong lữ trĂȘn cá»­a sổ, vĂ  chim bồ cĂąu trĂȘn mĂĄi..." họ cháș±ng lĂ m tháșż nĂ o mĂ  hĂŹnh dung nổi cĂĄi nhĂ  áș„y nhÆ° tháșż nĂ o đñu. PháșŁi nĂłi với họ: "TĂŽi đã tháș„y một cĂĄi nhĂ  mười váșĄn franc". Họ sáșœ kĂȘu ngay: "Ôi tháș­t xinh đáșčp lĂ m sao.
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince et ses amis)
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Sur un panneau figuraient les noms des dizaines de femmes de la ville brĂ»lĂ©es comme sorciĂšres sur la place publique. "Beaucoup d'habitants de Bruges portent toujours ces noms de famille et ignoraient, avant de visiter l'exposition, qu'ils ont peut-ĂȘtre eu une ancĂȘtre accusĂ©e de sorcellerie&, commentait le directeur du musĂ©e. Il disait cela en souriant, comme si le fait de compter dans son arbre gĂ©nĂ©alogique une innocente massacrĂ©e sur la base d'allĂ©gations dĂ©lirantes Ă©tait une petite anecdote trop sympa Ă  raconter Ă  ses amis. Et l'on s'interroge : de quel autre crime de passe, mĂȘme ancien, est-il possible de parler ainsi le sourire aux lĂšvres ?
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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Un poĂšte n'est pas, comme on le croit, celui qui sait mieux que d'autres regarder la terre et le ciel, Ă©couter le bruit de la mer, le gazouillis des sources et des oiseaux, un poĂšte, vous en serez un, mon petit ami - les piĂšces sonnent, elle salue bien bas - un poĂšte, on l'a dit et c'est vrai, c'est celui qui sait fabriquer un poĂšme avec des mots.
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Nathalie Sarraute
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J’aime beaucoup les cimetiĂšres, moi, ça me repose et me mĂ©lancolise j’en ai besoin. Et puis, il y a aussi de bons amis lĂ  dedans, de ceux qu’on ne va plus voir ; et j’y vais encore, moi, de temps en temps. Justement, dans ce cimetiĂšre Montmartre, j’ai une histoire de cƓur, une maĂźtresse qui m’avait beaucoup pincĂ©, trĂšs Ă©mu, une charmante petite femme dont le souvenir, en mĂȘme temps qu’il me peine Ă©normĂ©ment, me donne des regrets
 des regrets de toute nature. Et je vais rĂȘver sur sa tombe
 C’est fini pour elle. Et puis, j’aime aussi les cimetiĂšres, parce que ce sont des villes monstrueuses, prodigieusement habitĂ©es. Songez donc Ă  ce qu’il y a de morts dans ce petit espace, Ă  toutes les gĂ©nĂ©rations de Parisiens qui sont logĂ©s lĂ , pour toujours, troglodytes dĂ©finitifs enfermĂ©s dans leurs petits caveaux, dans leurs petits trous couverts d’une pierre ou marquĂ©s d’une croix, tandis que les vivants occupent tant de place et font tant de bruit, ces imbĂ©ciles. Me voici donc entrant dans le cimetiĂšre Montmartre, et tout Ă  coup imprĂ©gnĂ© de tristesse, d’une tristesse qui ne faisait pas trop, de mal, d’ailleurs, une de ces tristesses qui vous font penser, quand on se porte bien : « Ça n’est pas drĂŽle, cet endroit-lĂ , mais le moment n’en est pas encore venu pour moi
 » L’impression de l’automne, de cette humiditĂ© tiĂšde qui sent la mort des feuilles et le soleil affaibli, fatiguĂ©, anĂ©mique, aggravait en la poĂ©tisant la sensation de solitude et de fin dĂ©finitive flottant sur ce lieu, qui sent la mort des hommes.
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Guy de Maupassant (La Maison Tellier)
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Eh bien, c'est l'histoire d'un petit ourson qui s'appelle
 Arthur. Et y'a une fĂ©e, un jour, qui vient voir le petit ourson et qui lui dit : Arthur tu vas partir Ă  la recherche du Vase Magique. Et elle lui donne une Ă©pĂ©e hmm
 magique (ouais, parce qu'y a plein de trucs magiques dans l'histoire, bref) alors le petit ourson il se dit : "Heu, chercher le Vase Magique ça doit ĂȘtre drĂŽlement difficile, alors il faut que je parte dans la forĂȘt pour trouver des amis pour m'aider." Alors il va voir son ami Lancelot
 le cerf (parce que le cerf c'est majestueux comme ça), heu, Bohort le faisan et puis LĂ©odagan
 heu
 l'ours, ouais c'est un ours aussi, c'est pas tout Ă  fait le mĂȘme ours mais bon. Donc LĂ©odagan qui est le pĂšre de la femme du petit ourson, qui s'appelle GueniĂšvre la truite
 non, non, parce que c'est la fille de
 non c'est un ours aussi puisque c'est la fille de l'autre ours, non parce qu'aprĂšs ça fait des machins mixtes, en fait un ours et une truite
 non en fait ça va pas. Bref, sinon y'a Gauvain le neveu du petit ourson qui est le fils de sa sƓur Anna, qui est restĂ©e Ă  Tintagel avec sa mĂšre Igerne la
 bah non, ouais du coup je suis obligĂ© de foutre des ours de partout sinon on pige plus rien dans la famille
 Donc c'est des ours, en gros, enfin bref
 Ils sont tous lĂ  et donc Petit Ourson il part avec sa troupe Ă  la recherche du Vase Magique. Mais il le trouve pas, il le trouve pas parce qu'en fait pour la plupart d'entre eux c'est
 c'est des nazes : ils sont hyper mous, ils sont bĂȘtes, en plus y'en a qu'ont la trouille. Donc il dĂ©cide de les faire bruler dans une grange pour s'en dĂ©barrasser
 Donc la fĂ©e revient pour lui dire : "Attention petit ourson, il faut ĂȘtre gentil avec ses amis de la forĂȘt" quand mĂȘme c'est vrai, et du coup Petit Ourson il lui met un taquet dans la tĂȘte Ă  la fĂ©e, comme ça : "BAH !". Alors la fĂ©e elle est comme ça et elle s'en va
 et voilĂ  et en fait il trouve pas le vase. En fait il est
 il trouve pas
 et Petit Ourson il fait de la dĂ©pression et tous les jours il se demande s'il va se tuer ou
 pas

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Alexandre Astier (Kaamelott, livre 3, premiùre partie : Épisodes 1 à 50)
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La difficultĂ©, c'est qu'il ne suffit pas exactement de vivre selon la rĂšgle. En effet vous parvenez (parfois de justesse, d'extrĂȘme justesse, mais dans l'ensemble vous y parvenez) Ă  vivre selon la rĂšgle. Vos feuilles d'imposition sont Ă  jour. Vos factures, payĂ©es Ă  la bonne date. Vous ne vous dĂ©placez jamais sans carte d'identitĂ© (et la petite pochette spĂ©ciale pour la carte bleue!..). Pourtant, vous n'avez pas d'amis.
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Michel Houellebecq
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-Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaßtre. -On ne connaßt que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaßtre. Ils achÚtent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
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Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
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J’ai arpentĂ© les galeries sans fin des grandes bibliothĂšque, les rues de cette ville qui fĂ»t la nĂŽtre, celle oĂč nous partagions presque tous nos souvenirs depuis l’enfance. Hier, j’ai marchĂ© le long des quais, sur les pavĂ©s du marchĂ© Ă  ciel ouvert que tu aimais tant. Je me suis arrĂȘtĂ© par-ci par-lĂ , il me semblait que tu m’accompagnais, et puis je suis revenu dans ce petit bar prĂšs du port, comme chaque vendredi. Te souviendras-tu ? Je ne sais pas oĂč tu es. Je ne sais pas si tout ce que nous avons vĂ©cu avait un sens, si la vĂ©ritĂ© existe, mais si tu trouves ce petit mot un jour, alors tu sauras que j’ai tenu ma promesse, celle que je t’ai faite. A mon tour de te demander quelque chose, tu me le dois bien. Oublie ce que je viens d’écrire, en amitiĂ© on ne doit rien. Mais voici nĂ©anmoins ma requĂȘte : Dis-lui, dis-lui que quelque part sur cette terre, loin de vous, de votre temps, j’ai arpentĂ© les mĂȘmes rues, ri avec toi autour des mĂȘmes tables, et puisque les pierres demeurent, dis-lui que chacune de celles oĂč nous avons posĂ© nos mais et nos regards contient Ă  jamais une part de notre histoire. Dis-lui, que j’étais ton ami, que tu Ă©tais mon frĂšre, peut-ĂȘtre mieux encore puisque nous nous Ă©tions choisis, dis-lui que rien n’a jamais pu nous sĂ©parer, mĂȘme votre dĂ©part si soudain.
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Marc Levy (La prochaine fois)
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Mary Lou et moi, on est amies depuis qu’on est toutes petites. J’étais le boute-en-train de service, et elle, le cancre de la classe. « Cancre » n’est peut-ĂȘtre pas le mot juste. Disons que ses objectifs n’étaient pas trĂšs hauts. Elle voulait se marier et fonder une famille. Et si elle pouvait Ă©pouser le capitaine d’une Ă©quipe de foot, c’était encore mieux. [...] Moi, Ă  la mĂȘme Ă©poque, je rĂȘvais d’épouser Aladin pour qu’il m’emmĂšne sur son tapis volant. Donc, vous voyez : on n’avait pas les mĂȘmes valeurs.
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Janet Evanovich (Four to Score (Stephanie Plum, #4))
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Bien entendu, cette fidelitĂ© aux impressions premiĂšres, et purement physiques, retrouvĂ©es Ă  chaque fois auprĂšs de mes amies, ne concernait pas que les traits de leur visage puisque on a vu que j'Ă©tais aussi sensible Ă  leur voix, plus troublante peut-ĂȘtre, (car elle n'offre pas seulement les mĂȘmes surfaces singuliĂšres et sensuelles que lui, elle fait partie de l'abĂźme inaccessible qui donne le vertige des baisers sans espoir) leur voix pareille au son unique d'un petit instrument oĂč chacune se mettait tout entiĂšre et qui n'Ă©tait qu'Ă  elle.
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Marcel Proust (In the Shadow of Young Girls in Flower)
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- (...) Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"? - C'est une chose trop oubliĂ©e, dit le renard. Ça signifie "crĂ©er des liens...". - CrĂ©er des liens? - Bien sĂ»r, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable Ă  cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable Ă  cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince - Avec des aquarelles de l'auteur)
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Mais oui, maĂźtresse... Tenez ! juste au-dessus de nous, voilĂ  le Chemin de saint Jacques (la Voie lactĂ©e). Il va de France droit sur l’Espagne. C’est saint Jacques de Galice qui l’a tracĂ© pour montrer sa route au brave Charlemagne lorsqu’il faisait la guerre aux Sarrasins. Plus loin, vous avez le Char des Ames (la Grande Ourse) avec ses quatre essieux resplendissants. Les trois Ă©toiles qui vont devant sont les Trois BĂȘtes, et cette toute petite contre la troisiĂšme c’est le Charretier. Voyez-vous tout autour cette pluie d’étoiles qui tombent ? Ce sont les Ăąmes dont le bon Dieu ne veut pas chez lui... Un peu plus bas, voici le RĂąteau ou les Trois Rois (Orion). C’est ce qui nous sert d’horloge, Ă  nous autres. Rien qu’en les regardant, je sais maintenant qu’il est minuit passĂ©. Un peu plus bas, toujours vers le midi, brille Jean de Milan, le flambeau des astres (Sirius). Sur cette Ă©toile-lĂ , voici ce que les bergers racontent. Il paraĂźt qu’une nuit Jean de Milan, avec les Trois Rois et la PoussiniĂšre (la PlĂ©iade), furent invitĂ©s Ă  la noce d’une Ă©toile de leurs amies. PoussiniĂšre, plus pressĂ©e, partit, dit-on, la premiĂšre, et prit le chemin haut. Regardez-la, lĂ -haut, tout au fond du ciel. Les Trois Rois coupĂšrent plus bas et la rattrapĂšrent ; mais ce paresseux de Jean de Milan, qui avait dormi trop tard, resta tout Ă  fait derriĂšre, et furieux, pour les arrĂȘter, leur jeta son bĂąton. C’est pourquoi les Trois Rois s’appellent aussi le BĂąton de Jean de Milan... Mais la plus belle de toutes les Ă©toiles, maĂźtresse, c’est la nĂŽtre, c’est l’Etoile du Berger, qui nous Ă©claire Ă  l’aube quand nous sortons le troupeau, et aussi le soir quand nous le rentrons. Nous la nommons encore Maguelonne, la belle Maguelonne qui court aprĂšs Pierre de Provence (Saturne) et se marie avec lui tous les sept ans
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Alphonse Daudet (Lettres de mon moulin)
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C’est une folie de haĂŻr toutes les roses parce que une Ă©pine vous a piquĂ©, d’abandonner tous les rĂȘves parce que l’un d’entre eux ne s’est pas rĂ©alisĂ©, de renoncer Ă  toutes les tentatives parce qu’on a Ă©choué  C ‘est une folie de condamner toutes les amitiĂ©s parce qu’une d’elles vous a trahi, de ne croire plus en l’amour juste parce qu’un d’entre eux a Ă©tĂ© infidĂšle, de jeter toutes les chances d’ĂȘtre heureux juste parce que quelque chose n’est pas allĂ© dans la bonne direction. Il y aura toujours une autre occasion, un autre ami, un autre amour, une force nouvelle. Pour chaque fin il y a toujours un nouveau dĂ©part.
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Antoine de Saint-Exupéry
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Il serra ses mains en poings et se força Ă  marcher Ă  pas lents et mesurĂ©s vers la tombe et commença Ă  haleter. Bon sang, il ne pouvait pas s’écrouler. Il voulait le faire, il avait besoin de le faire, besoin de voir ce qu’il pourrait retirer de ce rappel physique de sa propre mortalitĂ© Ă©phĂ©mĂšre. Peut-ĂȘtre que cela lui donnerait envie de vivre Ă  nouveau. Il lut les dates de dĂ©cĂšs marquĂ©es sur les pierres tombales, en faisant attention Ă  ne pas marcher sur les tombes des autres pauvres enfants morts, d’annĂ©e en annĂ©e, jusqu’à ce qu’il voit son nom. JULIETTE ANNE MARTIN 14 aoĂ»t 1991-9 octobre 2008 Fille bien-aimĂ©e. Il n’y avait pas d’ours, de plaques ou mĂȘme d’anges comme il en avait vu sur les autres pierres tombales, alors qu’il cherchait la sienne. Elle Ă©tait gris foncĂ©, en marbre et trĂšs Ă©lĂ©gante. Ses jambes se dĂ©robĂšrent sous lui quand il rĂ©alisa que son amie, sa Juliette, gisait Ă  ses pieds, et il atterrit sur la terre molle Ă  cĂŽtĂ© d’elle. Les fleurs oubliĂ©es tombĂšrent au sol et des sanglots secs ravagĂšrent son corps. Il ne pleurerait pas, il le savait. Il Ă©tait incapable de pleurer depuis cette nuit-lĂ . Tout comme il ne supportait plus d’ĂȘtre touchĂ©, il ne pouvait Ă©prouver le plus petit soulagement que les pleurs lui auraient accordĂ©.
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JP Barnaby (Aaron: Histoire d'un survivant #1 (French Edition))
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Camille se tenait prĂšs de Salim. Elle apprĂ©ciait Ă  leur juste valeur les compliments de l'Empereur. En revanche, l'attitude de son ami l'inquiĂ©tait. Elle savait qu'arrivĂ© Ă  ce point du discours, il devait avoir beaucoup de mal Ă  se taire. Elle lui jeta un rapide coup d’Ɠil et se mordit les lĂšvres. Une petite flamme familiĂšre dansait dans ses yeux, annonciatrice d'une prise de parole intempestive, et certainement outrageante. Il fallait le contraindre au silence. Alors que Sil'Afian dressait un tableau hĂ©roĂŻque de leurs exploits, elle aplatit sauvagement les orteils de Salim, tout en lui faisant les gros yeux. HĂ©las, Ellana, qui le surveillait aussi, Ă©tait arrivĂ©e Ă  une conclusion similaire et, au mĂȘme instant, lui Ă©crasa l'autre pied. Le garçon aurait rĂ©ussi Ă  faire bonne figure si, derriĂšre lui, Bjorn et Maniel, sans se concerter, n'avaient pincĂ© son cou tandis que maĂźtre Duom se retournait Ă  moitiĂ© pour lui planter un index agressif dans l'estomac. - ...succĂšs est dĂ» Ă  l'entente parfaite qui Ă  soudĂ© tous les membres de votre groupe dans... Salim poussa soudain un effroyable cri de douleur et bondit au plafond, en essayant simultanĂ©ment d'attraper ses deux pieds, de se masser le cou et de se protĂ©ger le ventre. - ...une merveilleuse amitiĂ© ! conclut l'Empereur.
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Pierre Bottero (L'Ăźle du destin (La QuĂȘte d'Ewilan, #3))
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Les gens que j'aime sont toujours loin de moi, et dans l'impossibilitĂ© de venir me trouver, alors que je peux Ă  tout instant remplir la maison d'hĂŽtes dont je ne me soucie pas le moins du monde. Peut-ĂȘtre, si je les voyais plus souvent, aimerais-je moins ces amis absents - du moins est-ce ce que je pense lorsque le vent hurle autour de la maison et que la nature paraĂźt submergĂ©e de chagrin. Il m'est d'ailleurs arrivĂ© quelquefois de souhaiter ne pas revoir de dix ans des amis pourtant trĂšs proches. Sans doute n'est-il pas d'amitiĂ© si forte qu'elle puisse rĂ©sister Ă  l'Ă©preuve du petit dĂ©jeuner auquel, Ă  la campagne, chacun se sent obligĂ© de paraĂźtre.
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Elizabeth von Arnim (Elizabeth and Her German Garden)
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Je demande pardon aux enfants d’avoir dĂ©diĂ© ce livre Ă  une grande personne. J’ai une excuse sĂ©rieuse : cette grande personne est le meilleur ami que j’ai au monde. J’ai une autre excuse : cette grande personne peut tout comprendre, mĂȘme les livres pour enfants. J’ai une troisiĂšme excuse : cette grande personne habite la France oĂč elle a faim et froid. Elle a besoin d’ĂȘtre consolĂ©e. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dĂ©dier ce livre Ă  l’enfant qu’a Ă©tĂ© autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d’abord Ă©tĂ© des enfants. (Mais peu d’entre elles s’en souviennent.) Je corrige donc ma dĂ©dicace : A LĂ©on Werth quand il Ă©tait petit garçon
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Antoine de Saint-Exupéry (Livres de Antoine de Saint-Exupéry (Illustré): Le Petit Prince, Vol de nuit, Terre des hommes, Courrier sud, Citadelle (French Edition))
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Le garçon se leva d’un bond. - Pas de problĂšmes ma vieille, lança-t-il avec entrain. Je te suis. Sur qui tu vas passer tes nerfs cette fois ? - Sur ce faux jeton d’Edwin ! Cracha Camille. Suivie de son ami, elle sortit par la porte qu’elle avait franchit quelques minutes plus tĂŽt. - Qu’est ce qu’on fait ? S’inquiĂ©ta Bjorn. Ça risque de chauffer... - Rien, rĂ©pondit Ellana, on ne fait rien. Un sourire s’épanouit sur ses lĂšvres, reflet de celui qui fendait le visage de Chiam. Bjorn faillit insister, mais il se ravisa et laissa Ă©clater un rire joyeux. - GĂ©nĂ©ral des armĂ©es de Gwendalavir, Ă©numĂ©ra-t-il, maĂźtre d’armes de l’Empereur, vainqueur des dix tournois, commandant de la LĂ©gion Noire... Je parie cent piĂšces d’or sur la petite. - Pari non tenu, s’exclama Chiam Vite. Il n’avoir aucune chance !
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Pierre Bottero (Les FrontiĂšres de glace (La QuĂȘte d'Ewilan, #2))
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Êtes-vous ce qu’on appelle un heureux ? Eh bien, vous ĂȘtes triste tous les jours. Chaque jour a son grand chagrin ou son petit souci. Hier, vous trembliez pour une santĂ© qui vous est chĂšre, aujourd’hui vous craignez pour la vĂŽtre, demain ce sera une inquiĂ©tude d’argent, aprĂšs-demain la diatribe d’un calomniateur, l’autre aprĂšs-demain le malheur d’un ami ; puis le temps qu’il fait, puis quelque chose de cassĂ© ou de perdu, puis un plaisir que la conscience et la colonne vertĂ©brale vous reprochent ; une autre fois, la marche des affaires publiques. Sans compter les peines de cƓur. Et ainsi de suite. Un nuage se dissipe, un autre se reforme. À peine un jour sur cent de pleine joie et de plein soleil. Et vous ĂȘtes de ce petit nombre qui a le bonheur ! Quant aux autres hommes, la nuit stagnante est sur eux.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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« Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel. Elles ne vous disent jamais : "Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu'il prĂ©fĂšre ? Est-ce qu'il collectionne les papillons ?" Elles vous demandent : "Quel age a-t-il ? Combien a-t-il de frĂšres ? Combien pĂšse-t-il ? Combien gagne son pĂšre ? " Alors seulement elles croient le connaitre. Si vous dites aux grandes personnes : "J'ai vu une belle maison en briques roses, avec des gĂ©raniums aux fenĂȘtres et des colombes sur le toit..." elles ne parviennent pas Ă  s'imaginer cette maison. Il faut leur dire : "J'ai vu une maison de cent mille francs." Alors elles s'Ă©crient : "Comme c'est joli!" [
] Elles sont comme ça. Il ne faut pas leur en vouloir. Les enfants doivent ĂȘtre trĂšs indulgents envers les grandes personnes. »
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
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Tout cela me confortait dans mon intuition, souvent moquĂ©e par mes amis, que l’homme Ă©tait fondamentalement bon – Ă  condition d’ĂȘtre en rapport direct et vital avec d’autres hommes. Impersonnel, un systĂšme social Ă©carte l’homme de l’homme. Dans la lĂ©zarde ainsi creusĂ©e, la plante du ressentiment pousse et nourrit la fraude, le parasitisme et l’abus – puisqu’on ne voit jamais qui paie ni qui souffre de nos abus. On espĂšre que c’est le systĂšme qui paie quand lui se contente de rĂ©partir les coĂ»ts et d’inoculer ce que chacun, par sa rancƓur, fait subir de maniĂšre diffuse Ă  tous. Les dysfonctionnements s’accroissent, les honnĂȘtes gens s’en prennent aux saboteurs et bientĂŽt les imitent 
 On se retrouve contraint, pour maintenir la cohĂ©sion sociale, d’instaurer un contrĂŽle maniaque et vĂ©tilleux sur le moindre petit comportement fautif de chaque citoyen. Et ça donne Cerclon : la dĂ©mocratie comme liberticide collectif 

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Alain Damasio (La Zone du dehors)
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l'inĂ©galitĂ© majeure entre les humains, celle qui les sĂ©pare de la maniĂšre la plus irrĂ©mĂ©diable, celle Ă  laquelle le progrĂšs, l'Histoire, la bonne volontĂ© des uns ou des autres, ne peuvent, pour l'heure, Ă  peu prĂšs rien, ce n'est ni la fortune, ni le savoir, ni le pouvoir, ni le savoir-pouvoir, ni aucune des autres grĂąces que dispensent la nature ou le monde, mais cet autre partage qui, dans les situations de dĂ©tresse extrĂȘme, distingue ceux qui ont la chance de pouvoir s'en aller et ceux qui savent qu'ils vont rester. Les alliĂ©s des damnĂ©s d'un cĂŽtĂ© ; les amis du Job moderne ; les compagnons d'un jour ou de quelques jours ; les infiltrĂ©s ; les mercenaires du Bien ; tous ces bienheureux qui, quelque part qu'ils prennent Ă  la souffrance des autres, quelque ardeur qu'ils mettent Ă  militer, sympathiser, se faire les porte-voix des sans-voix, aller sur le terrain, crapahuter, les suivre dans leurs tranchĂ©es, sous leurs bombes, le font tout en sachant qu'il y a cette petite diffĂ©rence qui change tout : ils partiront, eux, quand ils voudront... (ch. 15 Arendt, Sarajevo : qu'est-ce qu'ĂȘtre damnĂ© ?)
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Bernard-Henri LĂ©vy (War, Evil, and the End of History)
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PEER GYNT L'Ăąme, souffle et lumiĂšre du verbe, te viendra plus tard, ma fille Quand, en lettres d'or, sur le fond rose de l'Orient, apparaĂźtront ces mots : Voici le jour, alors commenceront les leçons ; ne crains rien, tu seras instruite. Mais je serais un sot de vouloir, dans le calme de cette tiĂšde nuit,me parer de quelques baillons d'un vieux savoir usĂ©, pour te traiter en maĂźtre d'Ă©cole. AprĂšs tout, le principal, quand on y rĂ©flĂ©chit, ce n'est point l'Ăąme, c'est le cƓur. ANITRA Parle seigneur. Quand tu parles, il me semble voir comme des lueurs d'opale. PBER GYNT La raison poussĂ©e Ă  l'excĂšs est de la bĂȘtise. La poltronnerie s'Ă©panouit en cruautĂ©. L'exagĂ©ration de la vĂ©ritĂ©, c'est de la sagesse Ă  l'envers. Oui, mon enfant, le diable m'emporte s'il n'y a pas de par le monde des ĂȘtres gavĂ©s d'Ăąme qui n'en ont que plus de peine Ă  voir clair. J'ai connu un individu de cette sorte, une vraie perle pourtant, qui a manquĂ© son but et perdu la boussole. Vois-tu ce dĂ©sert qui entoure l'oasis? Je n'aurais qu'Ă  agiter mon turban pour que les flots de l'OcĂ©an en comblassent toute l'Ă©tendue. Mais je serais un imbĂ©cile de crĂ©er ainsi des continents et des mers nouvelles. Sais-tu, ce que c'est que de vivre? ANITRA Enseigne-le-moi. PEER GYNT C'est planer au-dessus du temps qui coule, en descendre le courant sans se mouiller les pieds, et sans jamais rien perdre de soi-mĂȘme. Pour ĂȘtre celui qu'on est, ma petite amie, il faut la force de l'Ăąge! Un vieil aigle perd son piumage, une vieille rosse son allure, une vieille commĂšre ses dents. La peau se ride, et l'Ăąme aussi. Jeunesse ! jeunesse ! Par toi je veux rĂ©gner non sur les palmes et les vignes de quelque Gyntiana, mais sur la pensĂ©e vierge d'une femme dont je serai le sultan ardent et vigoureux. Je t'ai fait, ma petite, la grĂące de te sĂ©duire, d'Ă©lire ton cƓur pour y fonder un kalifat nouveau. Je veux ĂȘtre le maĂźtre de tes soupirs. Dans mon royaume, j'introduirai le rĂ©gime absolu. Nous sĂ©parer sera la mort... pour toi, s'entend. Pas une fibre, pas une parcelle de toi qei ne m'appartienne. Ni oui, ni non, tu n'auras d'autre volontĂ© que la mienne. Ta chevelure, noire comme la nuit, et tout ce qui, chez toi, est doux Ă  nommer, s'inclinera devant mon pouvoir souverain. Ce seront mes jardins de Babylone.
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Henrik Ibsen (Peer Gynt)
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Oui, cher Wilhelm, il n’est rien sur la terre que j’aime comme les enfants. Quand je les observe, et que je vois dans ces petits ĂȘtres les germes de toutes les vertus, de toutes les facultĂ©s, dont l’usage leur sera quelque jour si nĂ©cessaire ; quand je dĂ©couvre, dans l’obstination, la constance et la fermetĂ© future ; dans l’espiĂšglerie, la bonne humeur et la facilitĂ© avec lesquelles ils glisseront sur les dangers de la vie
. tout cela si pur, si complet
. alors je redis toujours, toujours, les admirables paroles de l’Instituteur des hommes : 5 Si vous ne devenez comme un de ceux-ci ! » Et cependant, mon ami, ces enfants qui sont nos pareils, que nous devrions prendre pour nos modĂšles, nous les traitons comme des sujets. Il ne faut pas qu’ils aient aucune volonté . Mais n’en avons-nous aucune ? OĂč donc est notre privilĂ©ge ?
. C’est que nous sommes plus ĂągĂ©s et plus habiles ?
 Bon Dieu, de ton ciel, tu vois de vieux enfants et de jeunes enfants, et rien de plus ! Et ceux auxquels tu prends plus de plaisir, ton fils nous l’a dĂšs longtemps annoncĂ©. Mais ils croient en lui et ne l’écoutent pas
. C’est lĂ  encore un vieil usage
. Et ils façonnent leurs enfants Ă  leur ressemblance, et
. Adieu, Wilhelm ; je ne veux pas radoter lĂ -dessus davantage.
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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J'ai de sĂ©rieuses raisons de croire que la planĂšte d'oĂč venait le petit prince est l'astĂ©roĂŻde B 612. Cet astĂ©roĂŻde n'a Ă©tĂ© aperçu qu'une fois au tĂ©lescope, en 1909, par un astronome turc. Il avait fait alors une grande dĂ©monstration de sa dĂ©couverte Ă  un CongrĂšs International d'Astronomie. Mais personne ne l'avait cru Ă  cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça. Heureusement pour la rĂ©putation de l'astĂ©roĂŻde B 612 un dictateur turc imposa Ă  son peuple, sous peine de mort, de s'habiller Ă  l'EuropĂ©enne. L'astronome refit sa dĂ©monstration en 1920, dans un habit trĂšs Ă©lĂ©gant. Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis. Si je vous ai racontĂ© ces dĂ©tails sur l'astĂ©roĂŻde B 612 et si je vous ai confiĂ© son numĂ©ro, c'est Ă  cause des grandes personnes. Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel. Elles ne vous disent jamais: 'Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu'il prĂ©fĂšre ? Est-ce qu'il collectionne les papillons ?' Elles vous demandent: 'Quel Ăąge a-t-il ? Combien a-t-il de frĂšres ? Combien pĂšse-t-il ? Combien gagne son pĂšre ?' Alors seulement elles croient le connaĂźtre. Si vous dites aux grandes personnes: 'J'ai vu une belle maison en briques roses, avec des gĂ©raniums aux fenĂȘtres et des colombes sur le toit...' elles ne parviennent pas Ă  s'imaginer cette maison. Il faut leur dire: 'J'ai vu une maison de cent mille francs.' Alors elles s'Ă©crient: 'Comme c'est joli !
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Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
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Depuis que j'ai doue ans, et depuis qu'elle est une terreur, la mort est une marotte. J'en ignorais l'existence jusqu'Ă  ce qu'un camarade de classe, le petit BonnecarĂšre, m'envoyĂąt au cinĂ©ma le Styx, oĂč l'on s'asseyait Ă  l'Ă©poque dans des cercueils, voir L'enterrĂ© vivant, un film de Roger Corman tirĂ© d'un conte 'Edgar Allan Poe. La dĂ©couverte de la mort par le truchement de cette vision horrifique d'un homme qui hurle d'impuissance Ă  l'intĂ©rieur de son cercueil devint une source capiteuse de cauchemars. Par la suite, je ne cessai de rechercher les attributs de les plus spectaculaires de la mort, suppliant mon pĂšre de me cĂ©der le crĂąne qui avait accompagnĂ© ses Ă©tudes de mĂ©decine, m'hypnotisant de films d'Ă©pouvante et commençant Ă  Ă©crire, sous le pseudonyme d'Hector Lenoir, un conte qui racontair les affres d'un fantĂŽmr rnchaĂźnĂ© dans les oubliettes du chĂąteau des Hohenzollern, me grisant de lectures macabres jusqu'aux stories sĂ©lectionnĂ©es par Hitschcock, errant dans les cimetiĂšres et Ă©trennant mon premier appareil avec des photographies de tombes d'enants, me dĂ©plaçant jusqu'Ă  Palerme uniquement pour contempler les momies des Capucins, collectionnant les rapaces empaillĂ©s comme Anthony Perkins dans Psychose, la mort me semblait horriblement belle, fĂ©eriquement atroce, et puis je pris en grippe son bric-Ă -brac, remisai le crĂąne de l'Ă©tudiant de mĂ©decine, fuis les cimetiĂšres comme la peste, j'Ă©tais passĂ© Ă  un autre stade de l'amour de la mort, comme imprĂ©gnĂ© par elle au plus profond je n'avais plus besoin de son dĂ©corum mais d'une intimitĂ© plus grande avec elle, je continuais inlassablement de quĂ©rir son sentiment, le plus prĂ©cieux et le plus haĂŻssable d'entre tous, sa peur et sa convoitise.
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HervĂ© Guibert (À l'ami qui ne m'a pas sauvĂ© la vie)
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26 octobre. Oui, mon cher Wilhelm, je me persuade chaque jour davantage que l’existence d’une crĂ©ature est peu de chose, bien peu de chose. Une amie de Charlotte Ă©tait venue la voir, et je passai dans la chambre voisine pour prendre un livre, et je ne pouvais lire : alors je pris une plume pour essayer d’écrire. Je les entendais causer doucement : elles se racontaient l’une Ă  l’autre des choses indiffĂ©rentes, des nouvelles de la ville ; que l’une se mariait, que l’autre Ă©tait malade, trĂšs-malade ; elle avait une toux sĂšche, la figure dĂ©charnĂ©e ; il lui prenait des faiblesses. « Je ne donnerais pas un sou de sa vie, » disait l’une. « N. N. est aussi fort mal, » dit Charlotte. « II est enflĂ©, » reprit l’amie Et mon imagination me transportait vivement au chevet de ces malheureux ; je voyais avec quelle rĂ©pugnance ils tournaient le dos Ă  la vie ; avec quel
. Wilhelm, et mes deux petites dames parlaient de cela prĂ©cisĂ©ment comme on parle d’un Ă©tranger qui meurt
. Et quand je porte les yeux autour de moi, quand je regarde cette chambre et, tout alentour, les habits de.Charlotte et les papiers d’Albert, et ces meubles auxquels je suis maintenant si accoutumĂ©, mĂȘme cet encrier, je me dis : « Vois ce que tu es’pour cette maison ! Tout pour tous. Tes amis te considĂšrent ; tu fais souvent leur joie, et il semble Ă  ton cƓur, qu’il ne pourrait vivre sans eux ; et pourtant
, si tu venais Ă  mourir, si tu disparaissais de ce cercle, sentiraient-ils, combien de temps sentiraient-ils, le vide que ta perte ferait dans leur existence ? combien de temps ?
 » Ah ! l’homme est si Ă©phĂ©mĂšre, qu’aux lieux mĂȘmes oĂč il a l’entiĂšre certitude de son ĂȘtre, oĂč il grave la seule vĂ©ritable impression de sa prĂ©sence dans le souvenir, dans l’ñme de ses amis, lĂ  mĂȘme, il doit s’effacer, disparaĂźtre, disparaĂźtre promptement !
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Cependant, au milieu de ces circonstances, la rĂ©solution de quitter la vie avait pris toujours plus de force dans l’urne de Werther. Depuis son retour auprĂšs de Charlotte, cette rĂ©solution avait toujours Ă©tĂ© sa perspective et son espĂ©rance suprĂȘme ; mais il s’était dit que ce ne devait pas ĂȘtre une action soudaine, prĂ©cipitĂ©e ; qu’il voulait faire ce pas avec la plus sĂ©rieuse conviction, avec la rĂ©solution la plus calme. Ses doutes, ses combats intĂ©rieurs se rĂ©vĂšlent dans un petit billet, qui paraĂźt ĂȘtre le commencement d’une lettre Ă  Wilhelm, et qui s’est trouvĂ©, sans date, parmi ses papiers. « Sa prĂ©sence, sa destinĂ©e, l’intĂ©rĂȘt qu’elle prend Ă  la mienne, expriment la derniĂšre larme de mon cerveau calcinĂ©. « Lever le rideau et passer derriĂšre
. voilĂ  tout ! Et pourquoi craindre et balancer ? Parce qu’on ne sait pas ce qu’il y a derriĂšre ? parce qu’on n’en revient pas ? et que c’est le propre de notre esprit d’imaginer que tout est confusion et tĂ©nĂšbres, aux lieux dont nous ne savons rien de certain ? » Enfin il s’accoutuma et se familiarisa toujours plus avec cette triste pensĂ©e, et l’on trouve un tĂ©moignage de sa rĂ©solution ferme et irrĂ©vocable dans cette lettre ambiguĂ«, qu’il Ă©crivait Ă  son ami : 20 dĂ©cembre. « Je rends grice Ă  ton amitiĂ©, Wilhelm, d’avoir entendu ce mot comme tu l’as fait. Oui, tu as raison : le meilleur pour moi serait de partir. La proposition que tu me fais de retourner auprĂšs de vous ne me plaĂźt pas tout Ă  fait ; du moins je voudrais faire encore un dĂ©tour, d’autant plus que nous pouvons espĂ©rer une gelĂ©e soutenue et de bons chemins. Il m’est aussi trĂšsagrĂ©able que tu veuilles venir me chercher : seulement, laisse encore passer quinze jours, et attends encore une lettre de moi avec d’autres avis. Il ne faut rien cueillir avant qu’il soit mĂ»r, et quinze jours de plus ou de moins font beaucoup. Tu diras Ă  ma mĂšre de prier pour son fils, et de vouloir bien me pardonner tous les chagrins que je lui ai faits. C’était ma destinĂ©e d’affliger ceux que le devoir m’appelait Ă  rendre heureux. Adieu, mon trĂšs-cher ami. Que le ciel rĂ©pande sur toi toutes ses bĂ©nĂ©dictions ! Adieu. »
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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277. Providence personnelle. Il existe un certain point supĂ©rieur de la vie : lorsque nous l’avons atteint, malgrĂ© notre libertĂ© et quoi que nous dĂ©niions au beau chaos de l’existence toute raison prĂ©voyante et toute bontĂ©, nous sommes encore une fois en grand danger de servitude intellectuelle et nous avons Ă  faire nos preuves les plus difficiles. Car c’est maintenant seulement que notre esprit est violemment envahi par l’idĂ©e d’une providence personnelle, une idĂ©e qui a pour elle le meilleur avocat, l’apparence Ă©vidente, maintenant que nous pouvons constater que toutes, toutes choses qui nous frappent, tournent toujours Ă  notre bien. La vie de chaque jour et de chaque heure semble vouloir dĂ©montrer cela toujours Ă  nouveau ; que ce soit n’importe quoi, le beau comme le mauvais temps, la perte d’un ami, une maladie, une calomnie, la non-arrivĂ©e d’une lettre, un pied foulĂ©, un regard jetĂ© dans un magasin, un argument qu’on vous oppose, le fait d’ouvrir un livre, un rĂȘve, une fraude : tout cela nous apparaĂźt, immĂ©diatement, ou peu de temps aprĂšs, comme quelque chose qui « ne pouvait pas manquer », — quelque chose qui est plein de sens et d’une profonde utilitĂ©, prĂ©cisĂ©ment pour nous ! Y a-t-il une plus dangereuse sĂ©duction que de retirer sa foi aux dieux d’Épicure, ces insouciants inconnus, pour croire Ă  une divinitĂ© quelconque, soucieuse et mesquine, qui connaĂźt personnellement chaque petit cheveu sur notre tĂȘte et que les services les plus dĂ©testables ne dĂ©goĂ»tent point ? Eh bien ! — je veux dire malgrĂ© tout cela, — laissons en repos les dieux et aussi les gĂ©nies serviables, pour nous contenter d’admettre que maintenant notre habiletĂ©, pratique et thĂ©orique, Ă  interprĂ©ter et Ă  arranger les Ă©vĂ©nements atteint son apogĂ©e. Ne pensons pas non plus trop de bien de cette dextĂ©ritĂ© de notre sagesse, si nous sommes parfois surpris de la merveilleuse harmonie que produit le jeu sur notre instrument : une harmonie trop belle pour que nous osions nous l’attribuer Ă  nous-mĂȘmes. En effet, de-ci de-lĂ , il y a quelqu’un qui se joue de nous — le cher hasard : Ă  l’occasion, il nous conduit la main et la providence la plus sage ne saurait imaginer de musique plus belle que celle qui rĂ©ussit alors sous notre folle main.
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Friedrich Nietzsche (Oeuvres complÚtes (24 titres annotés))
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Ses visites Ă©taient la grande distraction de ma tante LĂ©onie qui ne recevait plus guĂšre personne d’autre, en dehors de M. le CurĂ©. Ma tante avait peu Ă  peu Ă©vincĂ© tous les autres visiteurs parce qu’ils avaient le tort Ă  ses yeux de rentrer tous dans l’une ou l’autre des deux catĂ©gories de gens qu’elle dĂ©testait. Les uns, les pires et dont elle s’était dĂ©barrassĂ©e les premiers, Ă©taient ceux qui lui conseillaient de ne pas « s’écouter » et professaient, fĂ»t-ce nĂ©gativement et en ne la manifestant que par certains silences de dĂ©sapprobation ou par certains sourires de doute, la doctrine subversive qu’une petite promenade au soleil et un bon bifteck saignant (quand elle gardait quatorze heures sur l’estomac deux mĂ©chantes gorgĂ©es d’eau de Vichy !) lui feraient plus de bien que son lit et ses mĂ©decines. L’autre catĂ©gorie se composait des personnes qui avaient l’air de croire qu’elle Ă©tait plus gravement malade qu’elle ne pensait, qu’elle Ă©tait aussi gravement malade qu’elle le disait. Aussi, ceux qu’elle avait laissĂ© monter aprĂšs quelques hĂ©sitations et sur les officieuses instances de Françoise et qui, au cours de leur visite, avaient montrĂ© combien ils Ă©taient indignes de la faveur qu’on leur faisait en risquant timidement un : « Ne croyez-vous pas que si vous vous secouiez un peu par un beau temps », ou qui, au contraire, quand elle leur avait dit : « Je suis bien bas, bien bas, c’est la fin, mes pauvres amis », lui avaient rĂ©pondu : « Ah ! quand on n’a pas la santĂ© ! Mais vous pouvez durer encore comme ça », ceux-lĂ , les uns comme les autres, Ă©taient sĂ»rs de ne plus jamais ĂȘtre reçus. Et si Françoise s’amusait de l’air Ă©pouvantĂ© de ma tante quand de son lit elle avait aperçu dans la rue du Saint-Esprit une de ces personnes qui avait l’air de venir chez elle ou quand elle avait entendu un coup de sonnette, elle riait encore bien plus, et comme d’un bon tour, des ruses toujours victorieuses de ma tante pour arriver Ă  les faire congĂ©dier et de leur mine dĂ©confite en s’en retournant sans l’avoir vue, et, au fond admirait sa maĂźtresse qu’elle jugeait supĂ©rieure Ă  tous ces gens puisqu’elle ne voulait pas les recevoir. En somme, ma tante exigeait Ă  la fois qu’on l’approuvĂąt dans son rĂ©gime, qu’on la plaignĂźt pour ses souffrances et qu’on la rassurĂąt sur son avenir.
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Marcel Proust (Du cĂŽtĂ© de chez Swann (À la recherche du temps perdu, #1))
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Le beau dialogue que Swann entendit entre le piano et le violon au commencement du dernier morceau! La suppression des mots humains, loin d'y laisser rĂ©gner la fantaisie, comme on aurait pu croire, l'en avait Ă©liminĂ©e ; jamais le langage parlĂ© ne fut si inflexiblement nĂ©cessitĂ©, ne connut Ă  ce point la pertinence des questions, l'Ă©vidence des rĂ©ponses. D'abord le piano solitaire se plaignit, comme un oiseau abandonnĂ© de sa compagne ; le violon l'entendit, lui rĂ©pondit comme d'un arbre voisin. C'Ă©tait comme au commencement du monde, comme s'il n'y avait encore eu qu'eux deux sur la terre, ou plutĂŽt dans ce monde fermĂ© Ă  tout le reste, construit par la logique d'un crĂ©ateur et oĂč ils ne seraient jamais que tous les deux : cette sonate. Est-ce un oiseau, est-ce l'Ăąme incomplĂšte encore de la petite phrase, est-ce une fĂ©e, invisible et gĂ©missant dont le piano ensuite redisait tendrement la plainte? Ses cris Ă©taient si soudains que le violoniste devait se prĂ©cipiter sur son archet pour les recueillir. Merveilleux oiseau! le violoniste semblait vouloir le charmer, l'apprivoiser, le capter. DĂ©jĂ  il avait passĂ© dans son Ăąme, dĂ©jĂ  la petite phrase Ă©voquĂ©e agitait comme celui d'un mĂ©dium le corps vraiment possĂ©dĂ© du violoniste. Swann savait qu'elle allait parler encore une fois. Et il s'Ă©tait si bien dĂ©doublĂ© que l'attente de l'instant imminent oĂč il allait se retrouver en face d'elle le secoua d'un de ces sanglots qu'un beau vers ou une triste nouvelle provoquent en nous, non pas quand nous sommes seuls, mais si nous les apprenons Ă  des amis en qui nous nous apercevons comme un autre dont l'Ă©motion probable les attendrit. Elle reparut, mais cette fois pour se suspendre dans l'air et se jouer un instant seulement, comme immobile, et pour expirer aprĂšs. Aussi Swann ne perdait-il rien du temps si court oĂč elle se prorogeait. Elle Ă©tait encore lĂ  comme une bulle irisĂ©e qui se soutient. Tel un arc-en-ciel, dont l'Ă©clat faiblit, s'abaisse, puis se relĂšve et avant de s'Ă©teindre, s'exalte un moment comme il n'avait pas encore fait : aux deux couleurs qu'elle avait jusque-lĂ  laissĂ© paraĂźtre, elle ajouta d'autres cordes diaprĂ©es, toutes celles du prisme, et les fit chanter. Swann n'osait pas bouger et aurait voulu faire tenir tranquilles aussi les autres personnes, comme si le moindre mouvement avait pu compromettre le prestige surnaturel, dĂ©licieux et fragile qui Ă©tait si prĂšs de s'Ă©vanouir.
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Marcel Proust (Du cĂŽtĂ© de chez Swann (À la recherche du temps perdu, #1))
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Il faut que je vous Ă©crive, mon aimable Charlotte, ici, dans la chambre d’une pauvre auberge de village, oĂč je me suis rĂ©fugiĂ© contre le mauvais temps. Dans ce triste gĂźte de D., oĂč je me traĂźne au milieu d’une foule Ă©trangĂšre, tout Ă  fait Ă©trangĂšre Ă  mes sentiments, je n’ai pas eu un moment, pas un seul, oĂč le cƓur in’ait dit de vous Ă©crire : et maintenant, dans cette cabane, dans cette solitude, dans cette prison, tandis que la neige et la grĂȘle se dĂ©chaĂźnent contre ma petite fenĂȘtre, ici, vous avez Ă©tĂ© ma premiĂšre pensĂ©e. DĂšs que je fus entrĂ©, votre image, ĂŽ Charlotte, votre pensĂ©e m’a saisi, si sainte, si vivante ! Bon Dieu, c’est le premier instant de bonheur que je retrouve. Si vous me voyiez, mon amie, dans ce torrent de dissipations ! Comme toute mon Ăąme se dessĂšche ! Pas un moment oĂč le cƓur soit plein ! pas une heure fortunĂ©e ! rien, rien ! Je suis lĂ  comme devant une chambre obscure : je vois de petits hommes et de petits chevaux tourner devant moi, et je me demande souvent si ce n’est pas une illusion d’optique. Je m’en amuse, ou plutĂŽt on s’amuse de moi comme d’une ma"rionnette ; je prends quelquefois mon voisin par sa main de bois, et je recule en frissonnant. Le soir, je fais le projet d’aller voir lever le soleil, et je reste au lit ; le jour, je me promets le plaisir du clair de lune, et je m’oublie dans ma chambre. Je ne sais trop pourquoi je me lĂšve, pourquoi je me coucha. Le levain qui faisait fermenter ma vie, je ne l’ai plus ; le charme qui me tenait Ă©veillĂ© dans les nuits profondes s’est Ă©vanoui ; l’enchantement qui, le matin, m’arrachait au sommeil a fui loin de moi. Je n’ai trouvĂ© ici qu’une femme, une seule, Mlle de B. Elle vous ressemble, ĂŽ Charlotte, si l’on peut vous ressembler. «.Eh quoi ? direz-vous, le voilĂ  qui fait de jolis compliments ! » Cela n’est pas tout Ă  fait imaginaire : depuis quelque temps je suis trĂšs-aimable, parce que je ne puis faire autre chose ; j’ai beaucoup d’esprit, at les dames disent que personne ne sait louer aussi finement
. «Ni mentir, ajouterez-vous, car l’un ne va pas sans l’autre, entendez-vous ?
 » Je voulais parler de Mlle B. Elle a beaucoup d’ñme, on le voit d’abord Ă  la flamme de ses yeux bleus. Son rang lui est Ă  charge ; il ne satisfait aucun des vƓux de son cƓur. Elle aspire Ă  sortir de ce tumulte, et nous rĂȘvons, des heures entiĂšres, au mijieu de scĂšnes champĂȘtres, un bonheur sans mĂ©lange ; hĂ©las ! nous rĂȘvons Ă  vous, Charlotte ! Que de fois n’est-elle pas obligĂ©e de vous rendre hommage !
 Non pas obligĂ©e : elle le fait de bon grĂ© ; elle entend volontiers parler de vous ; elle vous aime. Oh ! si j’étais assis Ă  vos pieds, dans la petite chambre, gracieuse et tranquille ! si nos chers petits jouaient ensemble autour de moi, et, quand leur bruit vous fatiguerait, si je pouvais les rassembler en cercle et les calmer avec une histoire effrayante ! Le soleil se couche avec magnificence sur la contrĂ©e Ă©blouissante de neige ; l’orage est passĂ© ; et moi
. il faut que je rentre dans ma cage
. Adieu. Albert est-il auprĂšs de vous ? Et comment ?
 Dieu veuille me pardonner cette question !
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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J’ai fait ma visite au lieu natal avec toute la piĂ©tĂ© d’un pĂšlerin, et bien des sentiments inattendus m’ont saisi. Je fis arrĂȘter prĂšs du grand tilleul qui se trouve Ă  un quart de lieue de la ville du cĂŽtĂ© de S
 ; je quittai la voiture, et je l’envoyai en avant, afin de cheminer Ă  pied et de savourer Ă  mon grĂ© chaque souvenir, dans toute sa vie et sa nouveautĂ©. Je m’arrĂȘtai sous le tilleul, qui avait Ă©tĂ©, dans mon enfance, le but et le terme de mes promenades. Quelle diffĂ©rence ! Alors, dans une heureuse ignorance, je m’élançais avec ardeur vers ce monde inconnu, oĂč j’espĂ©rais pour mon cƓur tant de nourriture, tant de jouissances, qui devaient combler et satisfaire l’ardeur de mes dĂ©sirs. Maintenant, j’en reviens de ce vaste monde
. O mon ami, avec combien d’espĂ©rances déçues, avec combien de plans renversĂ©s !
 Les voilĂ  devant moi les montagnes qui mille fois avaient Ă©tĂ© l’objet de mes vƓux. Je pouvais rester des heures assis Ă  cette place, aspirant Ă  franchir ces hauteurs, Ă©garant ma pensĂ©e au sein des bois et des vallons, qui s’offraient Ă  mes yeux dans un gracieux crĂ©puscule, et, lorsqu’au moment fixĂ© il me fallait revenir, avec quel regret ne quittais-je pas cette place chĂ©rie !
 J’approchai de la ville : je saluai tous les anciens pavillons de jardin ; les nouveaux me dĂ©plurent, comme tous les changements qu’on avait faits. Je franchis la porte de la ville, et d’abord je me retrouvai tout Ă  fait. Mon ami, je ne veux pas m’arrĂȘter au dĂ©tail : autant il eut de charme pour moi, autant il serait monotone dans le rĂ©cit. J’avais rĂ©solu de me loger sur la place, tout Ă  cĂŽtĂ© de notre ancienne maison. Je remarquai, sur mon passage, que la chambre d’école, oĂč une bonne vieille femme avait parquĂ© notre enfance, s’était transformĂ©e en une boutique de dĂ©tail. Je me rappelai l’inquiĂ©tude, les chagrins, l’étourdissement, l’angoisse que j’avais endurĂ©s dans ce trou
. Je ne pouvais faire un pas qui ne m’offrĂźt quelque chose de remarquable. Un pĂšlerin ne trouve pas en terre sainte autant de places consacrĂ©es par de religieux souvenirs, et je doute que son ame soit aussi remplie de saintes Ă©motions
. Encore un exemple sur mille : je descendis le long de la riviĂšre, jusqu’à une certaine mĂ©tairie. C’était aussi mon chemin autrefois, et la petite place oĂč les enfants s’exerçaient Ă  qui ferait le plus souvent rebondir les pierres plates Ă  la surface de l’eau. Je me rappelai vivement comme je m’arrĂȘtais quelquefois Ă  suivre des yeux le cours de la riviĂšre ; avec quelles merveilleuses conjectures je l’accompagnais ; quelles Ă©tranges peintures je me faisais des contrĂ©es oĂč elle allait courir ; comme je trouvais bientĂŽt les bornes de mon imagination, et pourtant me sentais entraĂźnĂ© plus loin, toujours plus loin, et finissais par me perdre dans la contemplation d’un vague lointain
. Mon ami, aussi bornĂ©s, aussi heureux, Ă©taient les vĂ©nĂ©rables pĂšres du genre humain ; aussi enfantines, leurs impressions, leur poĂ©sie. Quand Ulysse parle de la mer immense et de la terre infinie, cela est vrai, humain, intime, saisissant et mystĂ©rieux. Que me sert maintenant de pouvoir rĂ©pĂ©ter, avec tous les Ă©coliers, qu’elle est ronde ? Il n’en faut Ă  l’homme que quelques mottes pour vivre heureux dessus, et moins encore pour dormir dessous

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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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FRÈRE LAURENCE.—Un arrĂȘt moins rigoureux s’est Ă©chappĂ© de sa bouche: ce n’est pas la mort de ton corps, mais son bannissement. ROMÉO.—Ah! le bannissement! aie pitiĂ© de moi; dis la mort. L’aspect de l’exil porte avec lui plus de terreur, beaucoup plus que la mort. Ah! ne me dis pas que c’est le bannissement. FRÈRE LAURENCE.—Tu es banni de VĂ©rone. Prends patience; le monde est grand et vaste. ROMÉO.—Le monde n’existe pas hors des murs de VĂ©rone; ce n’est plus qu’un purgatoire, une torture, un vĂ©ritable enfer. Banni de ce lieu, je le suis du monde, c’est la mort. Oui, le bannissement, c’est la mort sous un faux nom; et ainsi, en nommant la mort un bannissement, tu me tranches la tĂȘte avec une hache d’or, et souris au coup qui m’assassine. FRÈRE LAURENCE.—O mortel pĂ©chĂ©! ĂŽ farouche ingratitude! Pour ta faute, notre loi demandait la mort; mais le prince indulgent, prenant ta dĂ©fense, a repoussĂ© de cĂŽtĂ© la loi, et a changĂ© ce mot funeste de mort en celui de bannissement: c’est une rare clĂ©mence, et tu ne veux pas la reconnaĂźtre. ROMÉO.—C’est un supplice et non une grĂące. Le ciel est ici, oĂč vit Juliette: les chats, les chiens, la moindre petite souris, tout ce qu’il y a de plus misĂ©rable vivra ici dans le ciel, pourra la voir; et RomĂ©o ne le peut plus! La mouche qui vit de charogne jouira d’une condition plus digne d’envie, plus honorable, plus relevĂ©e que RomĂ©o; elle pourra s’ébattre sur les blanches merveilles de la chĂšre main de Juliette, et dĂ©rober le bonheur des immortels sur ces lĂšvres oĂč la pure et virginale modestie entretient une perpĂ©tuelle rougeur, comme si les baisers qu’elles se donnent Ă©taient pour elles un pĂ©chĂ©; mais RomĂ©o ne le peut pas, il est banni! Ce que l’insecte peut librement voler, il faut que je vole pour le fuir; il est libre et je suis banni; et tu me diras encore que l’exil n’est pas la mort!
 N’as-tu pas quelque poison tout prĂ©parĂ©, quelque poignard affilĂ©, quelque moyen de mort soudaine, fĂ»t-ce la plus ignoble? Mais banni! me tuer ainsi! banni! O moine, quand ce mot se prononce en enfer, les hurlements l’accompagnent.—Comment as-tu le coeur, toi un prĂȘtre, un saint confesseur, toi qui absous les fautes, toi mon ami dĂ©clarĂ©, de me mettre en piĂšces par ce mot bannissement? FRÈRE LAURENCE.—Amant insensĂ©, Ă©coute seulement une parole. ROMÉO.—Oh! tu vas me parler encore de bannissement. FRÈRE LAURENCE.—Je veux te donner une arme pour te dĂ©fendre de ce mot: c’est la philosophie, ce doux baume de l’adversitĂ©; elle te consolera, quoique tu sois exilĂ©. ROMÉO.—Encore l’exil! Que la philosophie aille se faire pendre: Ă  moins que la philosophie n’ait le pouvoir de crĂ©er une Juliette, de dĂ©placer une ville, ou de changer l’arrĂȘt d’un prince, elle n’est bonne Ă  rien, elle n’a nulle vertu; ne m’en parle plus. FRÈRE LAURENCE.—Oh! je vois maintenant que les insensĂ©s n’ont point d’oreilles. ROMÉO.—Comment en auraient-ils, lorsque les hommes sages n’ont pas d’yeux? FRÈRE LAURENCE.—Laisse-moi discuter avec toi ta situation. ROMÉO.—Tu ne peux parler de ce que tu ne sens pas. Si tu Ă©tais aussi jeune que moi, amant de Juliette, mariĂ© seulement depuis une heure, meurtrier de Tybalt, Ă©perdu d’amour comme moi, et comme moi banni, alors tu pourrais parler; alors tu pourrais t’arracher les cheveux et te jeter sur la terre comme je fais, pour prendre la mesure d’un tombeau qui n’est pas encore ouvert.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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J’ai remarquĂ© souvent que quand deux amis pĂ©tersbourgeois se rencontrent quelque part, aprĂšs s’ĂȘtre saluĂ©s, ils demandent en mĂȘme temps : Quoi de neuf ? il y a une tristesse particuliĂšre dans leurs voix, quelle qu’ait Ă©tĂ© l’intonation initiale de leur conversation. En effet, une dĂ©sespĂ©rance totale est liĂ©e Ă  cette question Ă  PĂ©tersbourg. Mais le plus agaçant c’est que, trĂšs souvent, l’homme qui la pose est tout Ă  fait indiffĂ©rent, un PĂ©tersbourgeois de naissance, qui connaĂźt trĂšs bien la coutume, sait d’avance qu’on ne lui rĂ©pondra rien, qu’il n’y a rien de nouveau, qu’il a posĂ© cette question peut-ĂȘtre mille fois sans aucun succĂšs ; cependant, il la pose, et il a l’air de s’y intĂ©resser, comme si les convenances l’obligeaient de participer lui aussi Ă  la vie publique, d’avoir des intĂ©rĂȘts publics. Mais les intĂ©rĂȘts publics... C’est-Ă -dire nous ne nions pas que nous ayons des intĂ©rĂȘts publics ; nous tous aimons ardemment la patrie, nous aimons notre cher PĂ©tersbourg, nous aimons jouer si l’occasion se prĂ©sente. En un mot il y a beaucoup d’intĂ©rĂȘts publics. Mais ce qu’il y a surtout chez nous, ce sont les groupes. On sait que PĂ©tersbourg n’est que la rĂ©union d’un nombre considĂ©rable de petits groupes dont chacun a ses statuts, ses conventions, ses lois, sa logique et son oracle. C’est en quelque sorte le produit de notre caractĂšre national qui a encore peur de la vie publique et tient plutĂŽt au foyer. En outre, la vie publique exige un certain art ; il faut s’y prĂ©parer ; il faut beaucoup de conditions. Aussi, l’on prĂ©fĂšre la maison. LĂ , tout est plus simple ; il ne faut aucun art ; on est plus tranquille. Dans le groupe, on vous rĂ©pondra bravement Ă  la question : Quoi de neuf ? La question reçoit tout de suite un sens particulier, et l’on vous rĂ©pond ou par un potin, ou par un bĂąillement, ou par quelque chose qui vous force vous-mĂȘme Ă  bĂąiller cyniquement, magistralement. Dans le groupe, on peut traĂźner de la façon la meilleure et la plus douce une vie utile entre le bĂąillement et le ragot, jusqu’au moment oĂč la grippe, ou bien la fiĂšvre chaude, visite votre demeure ; et vous quittez alors la vie stoĂŻquement, avec indiffĂ©rence, sans savoir comment et pourquoi tout cela Ă©tait avec vous jusqu’alors. Aujourd’hui, dans l’obscuritĂ©, au crĂ©puscule, aprĂšs une triste journĂ©e, plein d’étonnement que tout se soit arrangĂ© ainsi, il semble qu’on ait vĂ©cu, qu’on ait atteint quelque chose, et tout Ă  coup, on ne sait pas pourquoi, il faut quitter ce monde agrĂ©able et sans soucis pour Ă©migrer dans un monde meilleur. Dans certains groupes, d’ailleurs, on parle fortement de la cause. Quelques personnes instruites et bien intentionnĂ©es se rĂ©unissent. On bannit sĂ©vĂšrement tous les plaisirs innocents, comme les potins et la prĂ©fĂ©rence, et, avec un entrain incomprĂ©hensible, on parle de diffĂ©rents sujets trĂšs importants. Enfin, aprĂšs avoir bavardĂ©, parlĂ©, rĂ©solu quelques questions d’utilitĂ© gĂ©nĂ©rale, et aprĂšs avoir rĂ©ussi Ă  imposer aux uns et aux autres une opinion sur toutes choses, le groupe est saisi d’une irritation quelconque et commence Ă  s’affaiblir considĂ©rablement. Finalement, tous se fĂąchent les uns contre les autres. On se dit quelques dures vĂ©ritĂ©s. Quelques caractĂšres tranchants se font jour et tout se termine par la dislocation totale. Ensuite on se calme ; on fait provision de bon sens et, peu Ă  peu, l’on se rĂ©unit de nouveau dans le groupe dĂ©crit ci-dessus. Sans doute il est agrĂ©able de vivre ainsi. Mais Ă  la longue cela devient irritant ; cela irrite fortement.
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Fyodor Dostoevsky
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Lasciate che il cuore faccia una pausa, fosse anche solo il tempo di cento battiti, tanto per riprendere fiato, e tutto Ăš finito. I miliardi di battiti precedenti non conterebbero piĂč nulla.
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Arto Paasilinna (Petits suicides entre amis)
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Ćœivot ztratil vĂœznam. Kdyby aspoƈ svitla naděje na vĂĄlku nebo povstĂĄnĂ­, jenĆŸe světovĂĄ situace se v poslednĂ­ch letech uklidƈovala. CoĆŸ samo o sobě je dobrĂ©, ale pro profesionĂĄlnĂ­ho vojĂĄka to značí nezaměstnanost.
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Arto Paasilinna (Petits suicides entre amis)
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Un fluide insaisissable coule d'une gĂ©nĂ©ration Ă  l'autre. Lorsque nous dĂ©veloppons nos antennes et apprenons Ă  dĂ©celer partout la trace d'autres passants, d'autres humains vivants ou morts, alors notre façon d'ĂȘtre au monde se dilate et s'agrandit. Je suis le tĂ©moin de la scĂšne suivante : Un ami de longue date, Richard Baker Roshi, hĂ©ritier dharma de Suzuki Roshi, et sa fille de trois ans sont installĂ©s Ă  la table du petit dĂ©jeuner chez nous. Sophie commence avec son couteau Ă  rayer la table. Et grĂące Ă  ce geste qui ne m'as guĂšre enchantĂ©e, voilĂ  que j'assiste Ă  une leçon de transmission. Le pĂšre arrĂȘte avec douceur la petite main. "Halte, Sophie, Ă  qui est cette table ?" Alors la petite fille boudeuse : "Je sais ! A Christiane. - Non, mais avant Christiane !... Elle est ancienne cette table, n'est-ce pas ? D'autres ont dĂ©jeunĂ© lĂ ... - Oui, les parents, les grands-parents, les.... - ... Mais ce n'est pas tout !.... Avant encore ?... Elle a appartenu Ă  l'Ă©bĂ©niste qui en avait acquis le bois. Mais d'oĂč venait-il ce bois ?... Oui, d'un arbre qu'avait abattu le bĂ»cheron... mais l'arbre, Ă  qui appartenait-il ?... A la forĂȘt qui l'a protĂ©gĂ©... Oui... et Ă  la terre qui l'a nourri... Ă  l'air, Ă  la lumiĂšre, Ă  l'univers entier... ! ... Et puis, Sophie, elle appartient Ă  d'autres... la table... Ă  ceux qui ne sont pas encore nĂ©s et qui viendront aprĂšs nous... ici mĂȘme quand nous seront partis et quand nous serons morts." Un cercle aprĂšs l'autre se forme, comme aprĂšs le jet d'une pierre dans un Ă©tang. Et les yeux de Sophie aussi s'agrandissent, se dilatent. L'hommage aux origines. Ainsi commence tout processus d'humanisation. (p. 15-16
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Christiane Singer (N'oublie pas les chevaux écumants du passé)
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Je prĂ©fĂšre devenir aveugle, ĂȘtre brĂ»lĂ©e dans un incendie ou mourir par petits morceaux que d'adresser la parole Ă  ce bouc. Ce que j'ai fait Ă  son Vendredi, je suis prĂȘte Ă  le refaire. Ces gens-lĂ  ne sont ni des parents, ni des amis, ils sont prĂȘts Ă  lĂ©cher le derriĂšre des toubabs pour avoir des mĂ©dailles, tout le monde le sait. Ne pleure plus, lĂšve-toi, on s'en va. Moi j'ai assez vu leurs figures!
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Ousmane SembĂšne
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Un ami Ă  qui je racontais ma mĂ©saventure m’a dit en riant : « Ça t’apprendra Ă  admirer des fascistes. » C’était expĂ©ditif et, je crois, juste. Herzog, capable d’une vibrante compassion pour un aborigĂšne sourd-muet ou un vagabond schizophrĂšne, considĂ©rait un jeune cinĂ©phile Ă  lunettes comme une punaise mĂ©ritant d’ĂȘtre moralement Ă©crabouillĂ©e, et j’étais quant Ă  moi le client idĂ©al pour me faire traiter de la sorte. Il me semble qu’on touche lĂ  quelque chose qui est le nerf du fascisme. Si on le dĂ©nude, ce nerf, que trouve-t-on ? En Ă©tant radical, une vision du monde Ă©videmment scandaleuse : ĂŒbermenschen et untermenschen, Aryens et Juifs, d’accord, mais ce n’est pas de cela que je veux parler. Je ne veux parler ni de nĂ©onazis, ni d’extermination des prĂ©sumĂ©s infĂ©rieurs, ni mĂȘme de mĂ©pris affichĂ© avec la robuste franchise de Werner Herzog, mais de la façon dont chacun de nous s’accommode du fait Ă©vident que la vie est injuste et les hommes inĂ©gaux : plus ou moins beaux, plus ou moins douĂ©s, plus ou moins armĂ©s pour la lutte. Nietzsche, Limonov et cette instance en nous que j’appelle le fasciste disent d’une mĂȘme voix : « C’est la rĂ©alitĂ©, c’est le monde tel qu’il est. » Que dire d’autre ? Ce serait quoi, le contre-pied de cette Ă©vidence ? « On sait trĂšs bien ce que c’est, rĂ©pond le fasciste. Ça s’appelle le pieux mensonge, l’angĂ©lisme de gauche, le politiquement correct, et c’est plus rĂ©pandu que la luciditĂ©. » Moi, je dirais : le christianisme. L’idĂ©e que, dans le Royaume, qui n’est certainement pas l’au-delĂ  mais la rĂ©alitĂ© de la rĂ©alitĂ©, le plus petit est le plus grand. Ou bien l’idĂ©e, formulĂ©e dans un sutra bouddhiste que m’a fait connaĂźtre mon ami HervĂ© Clerc, selon laquelle « l’homme qui se juge supĂ©rieur, infĂ©rieur ou mĂȘme Ă©gal Ă  un autre homme ne comprend pas la rĂ©alitĂ© »
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Emmanuel CarrĂšre (Limonov)
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À trente ans, ce colosse au crĂąne rasĂ© en a dĂ©jĂ  passĂ© dix en prison et, comme il le dit joliment, « vit entourĂ© de crimes comme les habitants d’une forĂȘt vivent entourĂ©s d’arbres ». Cela ne l’empĂȘche pas d’ĂȘtre un homme paisible, d’humeur toujours joyeuse, en qui se mĂȘlent les traits du fol en Christ russe et de l’ascĂšte oriental. ÉtĂ© comme hiver, mĂȘme quand le thermomĂštre dans la cellule descend au-dessous de zĂ©ro, il est en short et tongs, il ne mange pas de viande, il ne boit pas de thĂ© mais de l’eau chaude et pratique d’impressionnants exercices de yoga. On l’ignore souvent, mais Ă©normĂ©ment de gens, en Russie, font du yoga : encore plus qu’en Californie, et cela dans tous les milieux. Pacha, trĂšs vite, repĂšre en « Édouard Veniaminovitch » un homme sage. « Des gens comme vous, lui assure-t-il, on n’en fait plus, en tout cas je n’en ai pas rencontrĂ©. » Et il lui apprend Ă  mĂ©diter. On s’en fait une montagne quand on n’a jamais essayĂ© mais c’est extrĂȘmement simple, en fait, et peut s’enseigner en cinq minutes. On s’assied en tailleur, on se tient le plus droit possible, on Ă©tire la colonne vertĂ©brale du coccyx jusqu’à l’occiput, on ferme les yeux et on se concentre sur sa respiration. Inspiration, expiration. C’est tout. La difficultĂ© est justement que ce soit tout. La difficultĂ© est de s’en tenir Ă  cela. Quand on dĂ©bute, on fait du zĂšle, on essaie de chasser les pensĂ©es. On s’aperçoit vite qu’on ne les chasse pas comme ça mais on regarde leur manĂšge tourner et, petit Ă  petit, on est un peu moins emportĂ© par le manĂšge. Le souffle, petit Ă  petit, ralentit. L’idĂ©e est de l’observer sans le modifier et c’est, lĂ  aussi, extrĂȘmement difficile, presque impossible, mais en pratiquant on progresse un peu, et un peu, c’est Ă©norme. On entrevoit une zone de calme. Si, pour une raison ou pour une autre, on n’est pas calme, si on a l’esprit agitĂ©, ce n’est pas grave : on observe son agitation, ou son ennui, ou son envie de bouger, et en les observant on les met Ă  distance, on en est un peu moins prisonnier. Pour ma part, je pratique cet exercice depuis des annĂ©es. J’évite d’en parler parce que je suis mal Ă  l’aise avec le cĂŽtĂ© new age, soyez zen, toute cette soupe, mais c’est si efficace, si bienfaisant, que j’ai du mal Ă  comprendre que tout le monde ne le fasse pas. Un ami plaisantait rĂ©cemment, devant moi, au sujet de David Lynch, le cinĂ©aste, en disant qu’il Ă©tait devenu complĂštement zinzin parce qu’il ne parlait plus que de la mĂ©ditation et voulait persuader les gouvernements de la mettre au programme dĂšs l’école primaire. Je n’ai rien dit mais il me semblait Ă©vident que le zinzin, lĂ -dedans, c’était mon ami, et que Lynch avait totalement raison.
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Emmanuel CarrĂšre (Limonov)
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- "Le chant de la renommĂ©e et enivrant mais l'Ɠil n'est pas l'oreille. Petits nous Ă©tions et le monde grand, pas l'inverse. On voyait comme le jour l'horizon noir de la fumĂ©e des bombes, le chemin rouge du sang de nos frĂšres et amis, et le ciel bas sous le poids des Ăąmes arrachĂ©es Ă  leurs familles. On savait, mĂȘme si nous y allions en rangs bĂȘlants. Voulait-on voir ou on irait dans la folie? Peut-ĂȘtre, puisque nous n'avions rien de mieux Ă  fiche. A-t-on jamais vu un mouton revenir de l'abattoir?" P 25 L'enfant fou de l'arbre creux - Boualem Sansal
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Boualem Sansal (L'Enfant fou de l'arbre creux)
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Et encore, à certaines heures de rage et de désespoir, il m'arrive de regretter que les roses puissent encore pousser dans le cloßtre de San Marco, les pigeons se détacher en grappes de la cathédrale de Salzbourg et les géraniums rouges pousser inlassablement sur les petits cimetiÚres de Silésie. Mais à d'autres moments, ce sont les seuls vrais, je m'en réjouis. Car tous ces paysages, ces fleurs et ces labours, la plus vieille des terres, vous démontrent à chaque printemps qu'il est des choses que vous ne pourrez étouffer dans le sang.
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Albert Camus (Lettres Ă  un ami allemand)
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Dans la mĂȘme collection en numĂ©rique Les MisĂ©rables Le messager d’AthĂšnes Candide L’Etranger RhinocĂ©ros Antigone Le pĂšre Goriot La Peste Balzac et la petite tailleuse chinoise Le Roi Arthur L’Avare Pierre et Jean L’Homme qui a sĂ©duit le soleil Alcools L’Affaire CaĂŻus La gloire de mon pĂšre L’Ordinatueur Le mĂ©decin malgrĂ© lui La riviĂšre Ă  l’envers - Tomek Le Journal d’Anne Frank Le monde perdu Le royaume de KensukĂ© Un Sac De Billes Baby-sitter blues Le fantĂŽme de maĂźtre Guillemin Trois contes Kamo, l’agence Babel Le Garçon en pyjama rayĂ© Les Contemplations Escadrille 80 Inconnu Ă  cette adresse La controverse de Valladolid Les Vilains petits canards Une partie de campagne Cahier d’un retour au pays natal Dora Bruder L’Enfant et la riviĂšre Moderato Cantabile Alice au pays des merveilles Le faucon dĂ©nichĂ© Une vie Chronique des Indiens Guayaki Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part La nuit de Valognes ƒdipe Disparition ProgrammĂ©e Education europĂ©enne L’auberge rouge L’Illiade Le voyage de Monsieur Perrichon LucrĂšce Borgia Paul et Virginie Ursule MirouĂ«t Discours sur les fondements de l’inĂ©galitĂ© L’adversaire La petite Fadette La prochaine fois Le blĂ© en herbe Le MystĂšre de la Chambre Jaune Les Hauts des Hurlevent Les perses Mondo et autres histoires Vingt mille lieues sous les mers 99 francs Arria Marcella Chante Luna Emile, ou de l’éducation Histoires extraordinaires L’homme invisible La bibliothĂ©caire La cicatrice La croix des pauvres La fille du capitaine Le Crime de l’Orient-Express Le Faucon maltĂ© Le hussard sur le toit Le Livre dont vous ĂȘtes la victime Les cinq Ă©cus de Bretagne No pasarĂĄn, le jeu Quand j’avais cinq ans je m’ai tuĂ© Si tu veux ĂȘtre mon amie Tristan et Iseult Une bouteille dans la mer de Gaza Cent ans de solitude Contes Ă  l’envers Contes et nouvelles en vers Dalva Jean de Florette L’homme qui voulait ĂȘtre heureux L’üle mystĂ©rieuse La Dame aux camĂ©lias La petite sirĂšne La planĂšte des singes La Religieuse 35 kilos d’espoir
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Amandine Lilois (Le petit Nicolas: Analyse complĂšte de l'oeuvre (French Edition))
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Pour moi, la rue de Bruxelles est demeurĂ©e tout entiĂšre dans le petit hĂŽtel de Zola, oĂč il recevait gentiment ses amis. Il Ă©tait gourmand, il zĂ©zayait et, d'un air futĂ©, disait de la bĂ©casse flambĂ©e : «La fair (la chair) est quelconque, mais la faufe (la sauce) est bonne. » Sa maison Ă©tait dĂ©corĂ©e de blocs de pierre sans intĂ©rĂȘt, rapportĂ©s d'Italie, et qui excitaient l'hilaritĂ© de Goncourt, de quleques belles toiles de Manet, CĂ©zanne et autres, et de meubles riches, qu'il croyait anciens, mais que le mĂȘme Goncourt affirmait rafistolĂ©s. Son goĂ»t, sauf en peinture, Ă©tait moyenĂągeux et incompĂ©tent. Mon pĂšre disait : «Il aime les stalles et les cathĂšdres. »
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Léon Daudet (Paris Vécu - 1Úre série: Rive Droite)
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There was Le Petits Mitrons, a cute little pink pĂątisserie in Montmartre that specialized in tarts: chocolate-walnut, chocolate-pear, apple-pear, straight-up chocolate, straight-up apple, apricot, peach, rhubarb, fig, fruits-rouges, strawberry-cream, mixed fruit, and on and on.
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Amy Thomas (Paris, My Sweet: A Year in the City of Light (and Dark Chocolate))
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dominĂ©, mais symboliquement dominant, du champ littĂ©raire, en poĂ©sie avec Baudelaire et les parnassiens, dans le roman avec Flaubert (malgrĂ© le succĂšs de scandale, et fondĂ© sur un malentendu, de Madame Bovary), les producteurs peuvent n’avoir pour clients, au moins Ă  court terme, que leurs concurrents (ainsi, quand, sous l’Empire, avec l’instauration de la censure, les grandes revues se ferment aux jeunes Ă©crivains, on assiste Ă  une prolifĂ©ration de petites revues, pour la plupart vouĂ©es Ă  une existence Ă©phĂ©mĂšre, dont les lecteurs se recrutent surtout parmi les collaborateurs et leurs amis).
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Pierre Bourdieu (Les RÚgles de l'art. GenÚse et structure du champ littéraire (LIBRE EXAMEN) (French Edition))
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Il y avait dans la voix de Sheryl une certaine tristesse quand elle criait bonne nuit Ă  son amie, et je l’associais au dĂ©cĂšs de son pĂšre, mais je suis certaine Ă  prĂ©sent que c’était plutĂŽt la rĂ©pugnance Ă  voir la soirĂ©e s’achever dĂ©jĂ , Ă  voir les enfants disparaĂźtre et les lumiĂšres s’allumer dans toutes les maisons qui bordaient la rue – des lumiĂšres qui allaient lui brĂ»ler les yeux dĂšs qu’elle rentrerait chez elle, qui aplatiraient les tables et les chaises, rendraient les murs verts du living-room aussi dĂ©courageants que le triomphe des gens idiots. La rĂ©pugnance Ă  abandonner une soirĂ©e d’étĂ© pour une petite maison Ă©touffante, la tĂ©lĂ©vision et la compagnie de deux veuves solitaires, quand il n’est que neuf heures du soir (la mĂšre de Sheryl Ă©tait trĂšs stricte sur l’horaire de sa fille) et que le garçon qu’on voudrait aimer va rester libre dans l’immensitĂ© du monde jusqu’à onze heures ou minuit.
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Alice McDermott (That Night)
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Nous savons qu'au village, les nouveau-nĂ©s sont emmaillotĂ©s dans des tissus blancs, quelque soit leur sexe. C'est la « moașa », la sage-femme, qui les emmaillote pour la premiĂšre fois. Mais en plus de cette couverture corporelle complĂšte, ils reçoivent la protection magique d'un petit Ă©lĂ©ment de couleur rouge qui peut ĂȘtre un accessoire de laine : pompon, gland ou un ruban nouĂ©, soit une bande de motifs dĂ©coratifs brodĂ©s au point de croix avec un fil de coton rouge. Il Ă©tait de pratique courante que la sage-femme mette au poignet droit du nouveau-nĂ© un simple fil de coton, tournĂ© trois fois, ou trois brins de fils rouges tressĂ©s. Le bĂ©bĂ© gardait ce bracelet, selon les coutumes, trois, neuf ou quarante jours, pendant le temps jugĂ© dangereux oĂč les fĂ©es lui tissaient son avenir. Il fallait donc aider l'enfant Ă  recevoir le meilleur lot et essayer d'attirer le plus de chance de son cĂŽtĂ©. La couleur rouge est dotĂ©e d'un pouvoir magique censĂ© donner la force, la santĂ© et la chance Ă  celui qui en porte. [...] L'association « fil rouge/fil blanc » se rencontre aussi dans la charmante coutume des souhaits du 1er mars. Autrefois, les parents mettaient au cou de leurs enfants, le matin du 1er mars, une piĂšce d'or ou d'argent attachĂ©e par un fil rouge, ou par des fils tordus rouges et blancs pour leur porter chance et santĂ© durant toute l'annĂ©e. Il fallait faire attention qu'une femme enceinte ne soit pas prĂ©sente au moment oĂč les enfants recevaient ce cadeau nommĂ© « mărțișor » (littĂ©ralement : petit mars) car l'effet aurait Ă©tĂ© contraire. [...] Aujourd'hui, cette coutume s'est Ă©tendue Ă  tous les Ăąges de la vie. Entre amis, entre membres d'une mĂȘme famille, de la main Ă  la main ou par lettre, les « mărțișori » sont offerts ou envoyĂ©s sous la forme d'une petite amulette suspendue Ă  un nƓud confectionnĂ© avec deux brins de fil, rouge et blanc. (pp. 121-122)
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Denise Pop-CĂąmpeanu (Se vĂȘtir : Quand, pourquoi, comment)
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Le directeur du "MusĂ©e des monstres vĂ©gĂ©taux", M. Valeriu Pop-Poenari, se rĂ©veilla de trĂšs bon matin, aprĂšs une nuit agitĂ©e et pleine de cauchemars. Il avait discutĂ© Ă  la veille, Ă  une agape avec des amis de politique, la situation du gouvernement et il avait Ă©tĂ© de l'avis de tout le monde, c'est-Ă -dire qu'un remaniement ministĂ©riel Ă©tait non seulement rapidement exigĂ© par les circonstances, mais aussi salutaire pour le parti. La discussion avait continuĂ©, mais le directeur du "MusĂ©e des monstres vĂ©gĂ©taux" Ă©tait discrĂštement sorti de ses mĂ©andres et, en faisant semblant de parler dans une chambre Ă  cĂŽtĂ© avec un collĂšgue de l'universitĂ©, il avait laissĂ© Ă  trois chaleureux amis le soin de soutenir qu'un remaniement ministĂ©riel sans Valeriu Pop-Poenari serait une trompeuse tentative de redressement. Les trois amis avaient parlĂ© Ă©loquemment et le milieu politique avait gardĂ©, paraĂźt-il, la conviction qu'il fallait que Valeriu Pop-Poenari devĂźnt ministre. C'est pourquoi l'illustre homme de science, directeur du musĂ©e et professeur universitaire avait mal dormi. Bien qu'il fĂ»t trĂšs habituĂ© aux succĂšs et aux honneurs, bien qu'il fĂ»t un enfant chanceux de sa patrie, le directeur du "MusĂ©e des monstres vĂ©gĂ©taux" attendait depuis assez longtemps ce dernier honneur que la patrie reconnaissante pouvait encore lui accorder. (Il n'Ă©tait pas membre de l'AcadĂ©mie jusqu'Ă  prĂ©sent, mais l'immortalitĂ© acadĂ©mique le tentait peu.) Ministre ! il voulait ĂȘtre ministre et depuis dix ans il attendait toujours. Jamais il n'avait attendu si longtemps jusqu'Ă  prĂ©sent. Tous les souhaits, les ambitions et les aspirations de sa vie avaient Ă©tĂ© couronnĂ©es Ă  temps et pleinement : la bourse au lycĂ©e, la bourse Ă  la facultĂ©, la bourse Ă  l'Ă©tranger, la chaire universitaire, le "MusĂ©e des monstres vĂ©gĂ©taux" et –ce n'est ici qu'ici qu'un petit embarras avait surgi– le mariage, avec la dot d'un million environ. (En route pour le portefeuille)
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Gala Galaction (Nouvelles et récits)
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À Alexandru Ioan Cuza, Paris, 27 avril 1861 Mon cher Prince, Mon arrivĂ©e Ă  Paris a Ă©tĂ© considĂ©rablement retardĂ©e par les lenteurs de la navigation du Danube au commencement de la belle saison. J’ai mis quinze jours de Galați Ă  Vienne ! C’est tout dire ; mais enfin j’ai gagnĂ© Paris et me suis acquittĂ© de ma mission avec bonheur. Le Prince NapolĂ©on et M. Thouvenel m’ont parfaitement accueilli et ont prĂȘtĂ© la plus grande attention Ă  tout ce que je leur ai dit au sujet de l’Union, d’abord, ensuite au sujet des armes et de la question des Bulgares. L'Union dĂ©finitive des PrincipautĂ©s est dans tous les esprits en France, et je pense que la rĂ©alisation de cette grande idĂ©e politique par le Prince de la Roumanie donnera Ă  son nom un glorieux retentissement en Europe. L’Union Roumaine est une consĂ©quence de l’Union italienne et ce qui est bien vu chez les Italiens au-delĂ  des Alpes ne peut pas ĂȘtre mal vu chez leurs frĂšres au-delĂ  des Carpates. L’Empereur qui nous a toujours si gĂ©nĂ©reusement protĂ©gĂ©s, ne dĂ©savouera pas plus les uns que les autres. M. Thouvenel m’a parlĂ©, il est vrai, de patience, en se basant sur les nouvelles de Constantinople qui lui annoncent l’adhĂ©sion du Gouvernement Turc aux demandes exposĂ©es dans Votre mĂ©moire. Il m'a assurĂ© des bonnes intentions du gouvernement l’Empereur Ă  notre Ă©gard. Le Prince NapolĂ©on de son cĂŽtĂ©, aprĂšs avoir pris connaissance de Votre lettre, m'a de nouveau dĂ©clarĂ© que ses sympathies Ă©taient acquises Ă  la Roumanie ainsi qu’à son Prince rĂ©gnant, mais toutes ces belles paroles ne me suffisent pas pour m’éclairer sur la situation prĂ©sente et future de mon pays, aussi je compte demander une audience Ă  l’Empereur aussitĂŽt mon retour de Turin et j’espĂšre que Sa MajestĂ©, comme d’habitude, s’expliquera plus catĂ©goriquement au sujet de la politique que nous devons suivre. Tout ce dont je puis Vous assurer pour le moment, c’est que nous avons toujours des amis en France. La presse nous est favorable et les hommes d’État ne sont pas hostiles malgrĂ© les petites intrigues de Bibesco et Co.
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Vasile Alecsandri (Opere, IX)
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Pour rĂ©sumer : chaque jour, je ressemblais davantage Ă  la vieille paysanne russe attendant le train. Peu aprĂšs la rĂ©volution, ou aprĂšs une guerre ou une autre, la confusion rĂšgne au point que personne n'a idĂ©e de quand va pointer la nouvelle aube, et encore moins de quand va arriver le prochain train, mais la campagnarde chenue a entendu dire que celui-ci est prĂ©vu pour tantĂŽt. Vu la taille du pays, et le dĂ©sordre de ces temps, c'est une information aussi prĂ©cise que toute personne douĂ©e de raison est en droit d'exiger, et puisque la vieille n'est pas moins raisonnable que quiconque, elle rassemble ses baluchons de nourriture, ainsi que tout l’attirail nĂ©cessaire au voyage, avant de se oser Ă  cĂŽtĂ© de la voie ferrĂ©e. Quel autre moyen d'ĂȘtre sĂ»re d'attraper le train que de se trouver dĂ©jĂ  sur place lorsqu'il se prĂ©sentera ? Et le seul moyen d'ĂȘtre lĂ  Ă  l'instant voulu, c'est de rester lĂ  sans arrĂȘt. Évidemment, il se peut que ce convoi n'arrive jamais, ni un autre. Cependant, sa stratĂ©gie a pris en compte jusqu'Ă  cette Ă©ventualitĂ© : le seul moyen de savoir s'il y aura un train ou pas, c'est d'attendre suffisamment longtemps ! Combien de temps ? Qui peut le dire ? AprĂšs tout, il se peut que le train surgisse immĂ©diatement aprĂšs qu'elle a renoncĂ© et s'en est allĂ©e, et dans ce cas, toute cette attente, si longue eĂ»t-elle Ă©tĂ©, aurait Ă©tĂ© en vain. Mouais, pas trĂšs fiable, ce plan, ricaneront certains. Mais le fait est qu'en ce monde personne ne peut ĂȘtre complĂštement sĂ»r de rien, n'est-ce pas ? La seule certitude, c'est que pour attendre plus longtemps qu'une vieille paysanne russe, il faut savoir patienter sans fin. Au dĂ©but, elle se blottit au milieu de ses baluchons, le regard en alerte afin de ne pas manquer la premiĂšre volute de fumĂ©e Ă  l'horizon. Les jours forment des semaines, les semaines des mois, les mois des annĂ©es. Maintenant, la vieille femme se sent chez elle : elle sĂšme et rĂ©colte ses modestes moissons, accomplit les tĂąches de chaque saison et empĂȘche les broussailles d'envahir la voie ferrĂ©e pour que le cheminot voie bien oĂč il devra passer. Elle n'est pas plus heureuse qu'avant, ni plus malheureuse. Chaque journĂ©e apporte son lot de petites joies et de menus chagrins. Elle conjure les souvenirs du village qu'elle a laissĂ© derriĂšre elle, rĂ©cite les noms de ses parents proches ou Ă©loignĂ©s. Quand vous lui demandez si le train va enfin arriver, elle se contente de sourire, de hausser les Ă©paules et de se remettre Ă  arracher les mauvaises herbes entre les rails. Et aux derniĂšres nouvelles, elle est toujours lĂ -bas, Ă  attendre. Comme moi, elle n'est allĂ©e nulle part, finalement ; comme elle, j'ai cessĂ© de m'Ă©nerver pour ça. Pour sĂ»r, tout aurait Ă©tĂ© diffĂ©rent si elle avait pu compter sur un horaire de chemins de fer fiable, et moi sur un procĂšs en bonne et due forme. Le plus important, c'est que, l'un comme l'autre, nous avons arrĂȘtĂ© de nous torturer la cervelle avec des questions qui nous dĂ©passaient, et nous nous sommes contentĂ©s de veiller sur ces mauvaises herbes. Au lieu de rĂȘver de justice, j'espĂ©rais simplement quelques bons moments entre amis ; au lieu de rĂ©unir des preuves et de concocter des arguments, je me contentais de me rĂ©galer des bribes de juteuses nouvelles venues du monde extĂ©rieur ; au lieu de soupirer aprĂšs de vastes paysages depuis longtemps hors de portĂ©e, je m'Ă©merveillais des moindres dĂ©tails, des plus intimes changements survenus dans ma cellule. Bref, j'ai conclus que je n'avais aucun pouvoir sur ce qui se passait en dehors de ma tĂȘte. Tout le reste rĂ©sidait dans le giron Ă©nigmatique des dieux prĂ©sentement en charge. Et lorsque j'ai enfin appris Ă  cesser de m'en inquiĂ©ter, l'absolution ainsi confĂ©rĂ©e est arrivĂ©e avec une Ă©tonnante abondance de rĂ©confort et de soulagement.
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Andrew Szepessy (Epitaphs for Underdogs)
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Ti manca ancora tua moglie?" chiese la vicepreside in ascensore. "SĂŹ. Tyyne Ăš morta di tumore tre anni fa. Il primo anno Ăš stato il piĂč difficile. Ho preso anche un cane, ma un cane non sostituisce una moglie, per quanto di razza.
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Arto Paasilinna (Petits suicides entre amis)
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– Me permettez-vous de vous donner un conseil ? – Certainement, dit Viviane, tout en se demandant combien de temps sa visiteuse allait rester. – Vous ĂȘtes nouvelle venue en Malaisie et vous n'ĂȘtes naturellement pas au courant de nos usages et de notre Ă©tiquette assez compliquĂ©e... Les gens ont tĂŽt fait de mal interprĂ©ter les erreurs les plus innocentes, surtout dans une petite ville comme Mauping. Je dis toujours que les ragots sont Ă  l'origine de la moitiĂ© de nos ennuis. Elle posa sur la jeune fille un regard mĂ©ditatif. – Si vous en venions au fait ? dit Viviane, brutalement. Mme Carshalton en fut un instant dĂ©concertĂ©e. Elle dĂ©testait qu'on la pressĂąt. – Eh bien... je vous ai aperçue par hasard, l'autre jour, en ville. Vous Ă©tiez en trisha, avec votre amah, et j'en ai Ă©tĂ© contrariĂ©e. Franchement, ma chĂšre enfant, les EuropĂ©ens ne circulent pas en trisha. Elle posa sa tasse et s'essuya la bouche avec un mouchoir de dentelle. – Encore, si vous aviez retenu un autre trisha pour votre servante... Il leur vient des idĂ©es de grandeur, quand on se montre trop familier avec ces gens-lĂ . – Je vous remercie, dit Viviane en agitant la petite clochette de cuivre. Mais laissez-moi vous dire une chose, Madame Carshalton. Je ne partage pas ces idĂ©es Ă©troites et je n'ai pas la moindre intention de me conformer Ă  vos rĂšgles de conduite. Si j'ai besoin de conseils, je prendrai l'avis de Chen, qui Ă©tait liĂ© d'une Ă©toite amitiĂ© avec mon parrain. Une chose encore : si vous avez l'obligeance d'informer vos amis de mon attitude, cela m'Ă©pargnera d'autres entretiens comme celui-ci.
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Anne Weale (The House of Seven Fountains)
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Mais il faut le voir Ă  table comme il la regarde quand elle brille, ses yeux d'animal subjuguĂ©. D'oĂč vient-elle donc cette crĂ©ature ? Pr les mots dans sa bouche, ces idĂ©es qui lui passent par la cervelle, son insatisfaction tout le temps, son intraitable enthousiasme, ce dĂ©sir d'aller voir ailleurs, de marquer les distances, cet Ă©lan qui frise l'injure parfois? Ou va-t-elle chercher tout ça ? Alors, quand leur fille a besoin de sous pour un voyage de classe ou acheter des livres, Mireille et Jean ne rechignent pas. Ils raquent. Ils font ce qu'il faut. C'est leur terrible mĂ©tier de parents, donner Ă  cette gamine les moyens de son Ă©vasion. On a si peu de raison de se rĂ©jouir dans ces endroits qui n’ont ni la mĂšre ni la Tour Eiffel, ou dieu est mort comme partout oĂč la soirĂ©e s’achĂšvent Ă  20 heures en semaine et dans les talus le week-end Car elle et Jeannot savent qu'ils ne peuvent plus grand-chose pour elle. Ils font comme si, mais ils ne sont plus en mesure de faire des choix Ă  sa place. Ils en sont rĂ©duits ça, faire confiance, croiser les doigts, espĂ©rer quils l'ont Ă©levĂ©e comme il faut et que ça suffira. L'adolescence est un assassinat prĂ©mĂ©ditĂ© de longue date et le cadavre de leur famille telle qu'elle fut git dĂ©jĂ  sur le bord du chemin. Il faut dĂ©sormais rĂ©inventer des rĂŽles, admettre des distances nouvelles, composer avec les monstruositĂ©s et les ruades. Le corps est encore chaud. Il tressaille. Mais ce qui existait, l'enfance et ses tendresses Ă©videntes, le rĂšgne indiscutĂ© des adultes et la gamine pile au centre, le cocon et la ouate, les vacances Ă  La Grande-Motte et les dimanches entre soi, tout cela vient de crever. On n'y reviendra plus. Et puis il aimait bien aller Ă  l'hĂŽtel, dont elle rĂ©glait toujours la note. Il apprĂ©ciait la simplicitĂ© des surfaces, le souci ergonome partout, la distance minime entre le lit et la douche, l'extrĂȘme propretĂ© des serviettes de bain, le sol neutre et le tĂ©lĂ©viseur suspendu, les gobelets sous plastique, le cliquetis prĂ©cis de l'huisserie quand la porte se refermait lourdement sur eux, le code wifi prĂ©cisĂ© sur un petit carton Ă  cĂŽtĂ© de la bouilloire, tout ce confort limitĂ© mais invariable. À ses yeux, ces chambres interchangeables n'avaient rien d'anonyme. Il y retrouvait au contraire un territoire ami, elle se disait ouais, les mecs de son espĂšce n'ont pas de rĂ©pit, soumis au travail, paumĂ©s dans leurs familles recomposĂ©es, sans mĂȘme assez de thune pour se faire plaisir, devenus les cons du monde entier, avec leur goĂ»t du foot, des grosses bagnoles et des gros culs. AprĂšs des siĂšcles de rĂšgne relatif, ces pauvres types semblaient bien gĂȘnĂ©s aux entournures tout Ă  coup dans ce monde qu'ils avaient jadis cru taillĂ© Ă  leur mesure. Leur nombre ne faisait rien Ă  l'affaire. Ils se sentaient acculĂ©s, passĂ©s de mode, fonciĂšrement inadĂ©quats, insultĂ©s par l'Ă©poque. Des hommes Ă©levĂ©s comme des hommes, basiques et fĂȘlĂ©s, une survivance au fond. Toute la journĂ©e il dirigeait 20 personnes, gĂ©rait des centaines de milliers d'euros, alors quand il fallait rentrer Ă  la maison et demander cent fois Ă  Mouche de ranger ses chaussettes, il se sentait un peu sous employĂ©. Effectivement. Ils burent un pinot noir d'Alsace qui les dĂ©rida et, dans la chaleur temporaire d'une veille d'enterrement, se retrouvĂšrent. - T'aurais pu venir plus tĂŽt, dit GĂ©rard, aprĂšs avoir mis les assiettes dans le lave-vaisselle. Julien, qui avait un peu trop bu, se contenta d'un mouvement vague, sa tĂȘte dodelinant d'une Ă©paule Ă  l'autre. C'Ă©tait une concession bien suffisante et le pĂšre ne poussa pas plus loin son avantage. Pour motiver son petit frĂšre, Julien a l'idĂ©e d'un entraĂźnement spĂ©cial, qui dĂ©bute par un lavage de cerveau en rĂšgle. Au programme, Rocky, Les Chariots de feu, KaratĂ© Kid, et La Castagne, tout y passe. À chaque fois, c'est plus ou moins la mĂȘme chose : des acteurs torse nu et des sĂ©quences d'entraĂźnement qui transforment de parfaits losers en machines Ă  gagner.
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Nicolas Mathieu (Connemara)
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Dans les shƍjo manga qu'on s'Ă©changeait entre copines, Ă  l'Ă©cole primaire, l'hĂ©roĂŻne finissait toujours par trouver un amoureux : le bonheur pour une c'est d'avoir un petit ami. Mais j'ai appris que dans la rĂ©alitĂ©, l'histoire ne s'arrĂȘte pas lĂ .
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Makoto Shinkai
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Ainsi, quand une personne est livrĂ©e Ă  ce qu’on lui a confiĂ© Ă  faire, elle prouve par-lĂ  qu’elle est fidĂšle dans les petites choses, et elle ouvre la voie pour que Dieu lui donne de plus grandes choses Ă  accomplir pour Lui. Cher ami, qu’en est-il de toi ?
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Zacharias Tanee Fomum (Le Secret d’une Vie Spirituelle Fructueuse (Aides Pratiques Pour les Vainqueurs) (French Edition))
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rallumant une nouvelle clope. Tu ne m’as pas toujours respectĂ© pourtant
 — Mais non
 mais
 pour
 pourquoi
 vous
 tu
 mais qu’est-ce que je t’ai fait, bon sang ! Vouvoiement, tutoiement, sacrĂ© dilemme dans son crĂąne de piaf. C’est au moins la cinquiĂšme fois qu’il me pose la question et il ne sait toujours pas comment s’y prendre. Finalement, ça m’amuse de le voir jouer les Ă©quilibristes. Moi, je n’hĂ©site pas un seul instant. Tutoiement. C’est bon, ça fait un an que je lui balance du « vous » Ă  toutes les sauces, que je suis Ă  ses petits soins, que dis-je, que je m’agenouille devant lui comme un serf devant son suzerain. Alors maintenant, on arrĂȘte la comĂ©die, c’est fini. On joue d’égal Ă  Ă©gal. Si nous avions Ă©tĂ© deux personnes raisonnables, nous nous serions attablĂ©s autour de son bureau, nous aurions discutĂ© de nos diffĂ©rends et peut-ĂȘtre, je dis bien peut-ĂȘtre, serions-nous arrivĂ©s Ă  un accord. Mais lĂ , au vu des circonstances et de tout ce qui nous sĂ©pare, il n’y a plus de discussion possible. J’ai choisi mon camp. Je serai le dominant et lui le dominĂ©. Les rĂŽles sont donc changĂ©s. — Qu’est-ce que tu m’as fait ? m’indignĂ©-je en recrachant la fumĂ©e de ma tige sur son visage. Non, mais tu te fous de moi ? Ça fait un an que tu me pourris la vie ! Douze mois consĂ©cutifs, bordel de merde ! — Je
 je ne vous ai pas
 je ne t’ai pas pourri la vie ! Jamais ! Vous
 tu
 tu sais que tu vas au-devant de graves ennuis ? Adam a tout entendu et lĂ , il est parti donner l’alerte. Les forces d’intervention vont arriver ici d’une minute Ă  l’autre ! Tu ne sais pas dans quel pĂ©trin tu t’es fourrĂ©, mon pauvre ami. Alors le mieux pour toi, c’est que tu me dĂ©taches de ce fauteuil et que l’on oublie rapidement cette histoire ! La sonnerie du tĂ©lĂ©phone stoppe subitement ses « conseils avisĂ©s ». J’hĂ©site un instant. Je n'ai pas forcĂ©ment envie de dĂ©crocher et Ă  vrai dire, j'ai une vague idĂ©e de la personne qui se trouve derriĂšre le combinĂ©, mais comme je suis de nature curieuse, je dĂ©cide tout de mĂȘme d'en savoir un peu plus. Deux secondes aprĂšs avoir rĂ©pondu « allÎ », j’arrache violemment le fil qui relie le tĂ©lĂ©phone Ă  la prise murale et envoie valdinguer l’appareil Ă  l’autre bout de la piĂšce. Fin de la discussion. — C’est bien ce que je pensais
 un nĂ©gociateur. — Tu aurais dĂ» Ă©couter ce qu’il avait Ă  te dire, reprend l’autre empaffĂ© en me gratifiant d’un sourire qui pue la haine. Maintenant, c’est sĂ»r que tu vas devoir te coltiner le RAID. Et crois-moi, ça va te coĂ»ter cher ! Ils sont sans pitiĂ© avec les preneurs d’otage
 Non vraiment, Adam a fait du bon boulot. Je suis fier de
 Un mollard gros comme une balle de 22 Long Rifle fuse alors sur son visage. Façon de lui signifier qu’il peut d’ores et dĂ©jĂ  la mettre en sourdine. Adam, c’est le veilleur de nuit de la tour. Je ne le connais pas bien. La seule chose que je peux dire sur lui, c’est que je le croise plus souvent que ma femme et mon fils
 À mon grand dĂ©sarroi. Je lui rĂ©torque quand bien mĂȘme : — Ces graves ennuis comme tu dis si bien, je ne les ai eus qu’avec toi ! Alors tu sais, les flics peuvent descendre en rappel par les fenĂȘtres ou balancer des lance-roquettes sur cette tour de merde, ce ne sera que de la roupie de sansonnet Ă  cĂŽtĂ© de ce que j’ai subi ! Tiens, prends ça ! Clac ! Cette baffe est douloureuse. Je le vois Ă  sa grimace. C’est vrai que je ne l’ai pas ratĂ©. Ça fait deux heures que je suis sur lui Ă  viser sa joue rougie par le feu de mes allers-retours, alors forcĂ©ment, Ă  un moment donnĂ© on attrape le coup de main. Je craque mes phalanges pour lui faire comprendre
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Thierry Vernhes (FrĂšres de sang - Nouvelle (French Edition))
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Les vacances arrivent. Agathe Ă©tudie l'art Ă  la Sorbonne. Ce matin, Ă  onze heures, son cours d'histoire de la peinture se termine. Avec son amie Émilie, elle sort de la salle. Elles discutent. Émilie : - Enfin, nous sommes en vacances! Quinze jours de libertĂ© et de repos ! Agathe : - C'est dĂ©cidĂ©, aujourd'hui, je cherche du travail ! Eva rejoint Agathe et Emilie Ă  la sortie de la facultĂ©. Cette jeune espagnole est une Ă©tudiante Erasmus. Elle apprend l'art et le français. Eva : - Attendez-moi, les filles ! Je prends le mĂ©tro avec vous. Émilie : - Tu connais la nouvelle du jour, Eva ? Agathe veut trouver du travail pendant les vacances. DrĂŽle d'idĂ©e ! Et elle commence ses recherches un vendredi aprĂšs-midi !
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Patricia Derycke (Agathe et autres petites histoires)
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RhinocĂ©ros , EugĂšne Ionesco Le Vieux Monsieur et le Logicien vont s’asseoir Ă  l’une des tables de la terrasse, un peu Ă  droite et derriĂšre Jean et BĂ©renger. BĂ©renger, Ă  Jean : Vous avez de la force. Jean : Oui, j’ai de la force, j’ai de la force pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai de la force parce que j’ai de la force, ensuite j’ai de la force parce que j’ai de la force morale. J’ai aussi de la force parce que je ne suis pas alcoolisĂ©. Je ne veux pas vous vexer, mon cher ami, mais je dois vous dire que c’est l’alcool qui pĂšse en rĂ©alitĂ©. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Voici donc un syllogisme exemplaire. Le chat a quatre pattes. Isidore et Fricot ont chacun quatre pattes. Donc Isidore et Fricot sont chats. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Mon chien aussi a quatre pattes. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Alors c’est un chat. BĂ©renger, Ă  Jean : Moi, j’ai Ă  peine la force de vivre. Je n’en ai plus envie peut-ĂȘtre. Le Vieux Monsieur, au Logicien aprĂšs avoir longuement rĂ©flĂ©chi : Donc logiquement mon chien serait un chat. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Logiquement, oui. Mais le contraire est aussi vrai. BĂ©renger, Ă  Jean : La solitude me pĂšse. La sociĂ©tĂ© aussi. Jean, Ă  BĂ©renger : Vous vous contredisez. Est-ce la solitude qui pĂšse, ou est-ce la multitude ? Vous vous prenez pour un penseur et vous n’avez aucune logique. Le Vieux Monsieur, au Logicien : C’est trĂšs beau la logique. Le Logicien, au Vieux Monsieur : A condition de ne pas en abuser. BĂ©renger, Ă  Jean : C’est une chose anormale de vivre. Jean : Au contraire. Rien de plus naturel. La preuve : tout le monde vit. BĂ©renger : Les morts sont plus nombreux que les vivants. Leur nombre augmente. Les vivants sont rares. Jean : Les morts, ca n’existe pas, c’est le cas de le dire !
 Ah ! ah !
 (Gros rire) Ceux-lĂ  aussi vous pĂšsent ? Comment peuvent peser des choses qui n’existent pas ? BĂ©renger: Je me demande moi-mĂȘme si j’existe ! Jean, Ă  BĂ©renger : Vous n’existez pas, mon cher, parce que vous ne pensez pas ! Pensez, et vous serez. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Autre syllogisme : tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat. Le Vieux Monsieur : Et il a quatre pattes. C’est vrai, j’ai un chat qui s’appelle Socrate. Le Logicien : Vous voyez
 Jean, Ă  BĂ©renger : Vous ĂȘtes un farceur, dans le fond. Un menteur. Vous dites que la vie ne vous intĂ©resse pas. Quelqu’un, cependant, vous intĂ©resse ! BĂ©renger : Qui ? Jean : Votre petite camarade de bureau, qui vient de passer. Vous en ĂȘtes amoureux ! Le Vieux Monsieur, au Logicien : Socrate Ă©tait donc un chat ! Le Logicien : La logique vient de nous le rĂ©vĂ©ler. Jean : Vous ne vouliez pas qu’elle vous voie dans le triste Ă©tat oĂč vous vous trouviez. Cela prouve que tout ne vous est pas indiffĂ©rent. Mais comment voulez-vous que Daisy soit sĂ©duite par un ivrogne ? Le Logicien : Revenons Ă  nos chats. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Je vous Ă©coute. BĂ©renger, Ă  Jean : De toute façon, je crois qu’elle a dĂ©jĂ  quelqu’un en vue. Jean, Ă  BĂ©renger : Qui donc ? BĂ©renger, Ă  Jean : Dudard. Un collĂšgue du bureau : licenciĂ© en droit, juriste, grand avenir dans la maison, de l’avenir dans le cƓur de Daisy, je ne peux pas rivaliser avec lui. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Le chat Isidore a quatre pattes. Le Vieux Monsieur : Comment le savez-vous ? Le Logicien : C’est donnĂ© par hypothĂšse. BĂ©renger, Ă  Jean : Il est bien vu par le chef. Moi, je n’ai pas d’avenir, pas fait d’études, je n’ai aucune chance. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ah ! par hypothĂšse ! Jean, Ă  BĂ©renger : Et vous renoncez, comme cela
 BĂ©renger, Ă  Jean : Que pourrais-je faire ? Le Logicien, au Vieux Monsieur : Fricot aussi a quatre pattes. Combien de pattes auront Fricot et Isidore ? Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ensemble ou sĂ©parĂ©ment ? Jean, Ă  BĂ©renger : La vie est une lutte, c’est lĂąche de ne pas combattre !
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EugÚne Ionesco (Rhinocéros)
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Le feuillage des arbres ondule doucement sous le vent. Les maisons de ma petite ville, blotties au milieu de la verdure, ne m’ont jamais paru aussi jolies. Quelle belle journĂ©e de vacances d’été ! En revenant de la plage, je marche tranquillement en compagnie de mon cousin Fred et de Lisa, une amie qui habite la maison juste Ă  cĂŽtĂ© de la nĂŽtre. Nous sommes arrivĂ©s dans notre rue quand Lisa s’arrĂȘte brusquement et pose sa main sur mon bras.
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Marc Thil (Histoire du chien Gribouille (French Edition))
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De plus, le fait de structurer, de charpenter ses cours et d'inscrire son action pĂ©dagogique dans un cadre strict et prĂ©cis, en mĂȘme temps qu'original et attractif, peut contribuer Ă  rassurer les Ă©lĂšves, Ă  structurer leur pensĂ©e, Ă  canaliser leurs Ă©nergies, tout en ayant un effet bĂ©nĂ©fique pour l'enseignant lui aussi, lequel doit mettre en place des scĂ©narios et des stratĂ©gies appropriĂ©s pour vaincre son angoisse (proche parent et alimentĂ©e par celle des Ă©lĂšves) et trouver le calme intĂ©rieur en classe, mĂȘme au milieu des petites tempĂȘtes qui, parfois, agitent ce microcosme parcouru d'incidents divers. Faire fonctionner le cours harmonieusement est une victoire remportĂ©e non sur les Ă©lĂšves, mais sur l'adversitĂ©, sur les forces de dissolution, d'Ă©clatement et de dispersion, les forces qui agitent le groupe-classe. Dans le contexte actuel, il s'agit lĂ  d'un vĂ©ritable dĂ©fi pour les enseignants. Dans cet esprit-lĂ , dans cette logique relationnelle lĂ , il n'y a ni Ă©chec, ni succĂšs, ni amis, ni ennemis, mais seulement des personnes et des situations existentielles [
] dans lesquelles le comportement d'autrui (chef d'Ă©tablissement, mais aussi Ă©lĂšves, inspecteur, voir collĂšgues) Ă  notre Ă©gard permet de mettre Ă  jour nos propres faiblesses et de nous engager dans la voie de leur dĂ©passement progressif. Pour le dire avec les mots de Jung, "tout ce qui m'irrite chez les autres peut servir ma connaissance de moi-mĂȘme". (p. 88-89)
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Jean-Daniel Rohart (Comment réenchanter l'école ? : Plaidoyer pour une éducation postmoderne)
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(...) wƂaƛnie reklamy są największą przyczyną porywania się FinĂłw na wƂasne ĆŒycie. Czy warto ĆŒyć, gdy nie ma się za co kupić tych wszystkich wspaniaƂoƛci, jakie co chwila ktoƛ im podtyka pod nos?
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Arto Paasilinna (Petits suicides entre amis)
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SamobĂłjcy doszli wspĂłlnie do wniosku, ĆŒe chociaĆŒ ƛmierć jest w ĆŒyciu najwaĆŒniejszą sprawą, to w koƄcu nie jest ona aĆŒ tak bardzo waĆŒna.
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Arto Paasilinna (Petits suicides entre amis)
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(...) wymowa języka saamskiego i portugalskiego jest zaskakująco podobna. Język portugalski wywodzi się przecieĆŒ z ludowej Ƃaciny, a saamski z porykiwania reniferĂłw.
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Arto Paasilinna (Petits suicides entre amis)
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Si les BerbĂšres, mes frĂšres, devaient un jour se souvenir de moi au point de vouloir honorer mon nom, je leur demanderais instamment de lui associer celui de Jacques BĂ©net, car sans l’aide de ce grand ami des BerbĂšres, mon action en faveur de notre identitĂ© n’aurait peut-ĂȘtre pas connu le succĂšs qui est le sien. Ce serait donc faire preuve de justice que de dire : Mohand Arab-Jacques BĂ©net comme on dit Erckmann-Chatrian.
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Mohand Aarav Bessaoud (Des Petites Gens pour une grande cause - L'histoire de l'Académie berbÚre)
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Les deux camarades constatĂšrent en philosophes que chaque jour Ă©tait sans exception le premier du temps qui restait Ă  vivre Ă  chacun mĂȘme si l'on Ă©tait en gĂ©nĂ©ral trop occupĂ© pour y penser
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Arto Paasilinna (Petits suicides entre amis)
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« Si pour un instant Dieu oubliait que je suis une marionnette de chiffon et m'offrait un morceau de vie, je profiterais de ce temps du mieux que je pourrais. Sans doute je ne dirais pas tout ce que je pense, mais je penserais tout ce que je dirais. Je donnerais du prix aux choses, non pour ce qu'elles valent, mais pour ce qu'elles reprĂ©sentent. Je dormirais peu, je rĂȘverais plus, sachant qu'en fermant les yeux, Ă  chaque minute nous perdons 60 secondes de lumiĂšre. Je marcherais quand les autres s'arrĂȘteraient, je me rĂ©veillerais quand les autres dormiraient. Si Dieu me faisait cadeau d'un morceau de vie, je m'habillerai simplement, je me coucherais Ă  plat ventre au soleil, laissant Ă  dĂ©couvert pas seulement mon corps, mais aussi mon Ăąme. Aux hommes, je montrerais comment ils se trompent, quand ils pensent qu'ils cessent d'ĂȘtre amoureux parce qu'ils vieillissent, sans savoir qu'ils vieillissent quand ils cessent d'ĂȘtre amoureux ! A l'enfant je donnerais des ailes mais je le laisserais apprendre Ă  voler tout seul. Au vieillard je dirais que la mort ne vient pas avec la vieillesse mais seulement avec l'oubli. J'ai appris tant de choses de vous les hommes
 J'ai appris que tout le monde veut vivre en haut de la montagne, sans savoir que le vrai bonheur se trouve dans la maniĂšre d'y arriver. J'ai appris que lorsqu'un nouveau-nĂ© serre pour la premiĂšre fois, le doigt de son pĂšre, avec son petit poing, il le tient pour toujours. J'ai appris qu'un homme doit uniquement baisser le regard pour aider un de ses semblables Ă  se relever. J'ai appris tant de choses de vous, mais Ă  la vĂ©ritĂ© cela ne me servira pas Ă  grand chose, si cela devait rester en moi, c'est que malheureusement je serais en train de mourir. Dis toujours ce que tu ressens et fais toujours ce que tu penses. Si je savais que c'est peut ĂȘtre aujourd'hui la derniĂšre fois que je te vois dormir, je t'embrasserais trĂšs fort et je prierais pour pouvoir ĂȘtre le gardien de ton Ăąme. Si je savais que ce sont les derniers moments oĂč je te vois, je te dirais 'je t'aime' sans stupidement penser que tu le sais dĂ©jĂ . Il y a toujours un lendemain et la vie nous donne souvent une autre possibilitĂ© pour faire les choses bien, mais au cas oĂč elle se tromperait et c'est, si c'est tout ce qui nous reste, je voudrais te dire combien je t'aime, que jamais je ne t'oublierais. Le lendemain n'est sĂ»r pour personne, ni pour les jeunes ni pour les vieux. C'est peut ĂȘtre aujourd'hui que tu vois pour la derniĂšre fois ceux que tu aimes. Pour cela, n'attends pas, ne perds pas de temps, fais-le aujourd'hui, car peut ĂȘtre demain ne viendra jamais, tu regretteras toujours de n'avoir pas pris le temps pour un sourire, une embrassade, un baiser parce que tu Ă©tais trop occupĂ© pour accĂ©der Ă  un de leur dernier dĂ©sir. Garde ceux que tu aimes prĂšs de toi, dis-leur Ă  l'oreille combien tu as besoin d'eux, aime les et traite les bien, prends le temps pour leur dire 'je regrette' 'pardonne-moi' 's'il te plait' 'merci' et tous les mots d'amour que tu connais. Personne ne se souviendra de toi pour tes pensĂ©es secrĂštes. Demande la force et la sagesse pour les exprimer. Dis Ă  tes amis et Ă  ceux que tu aimes combien ils sont importants pour toi. Monsieur MĂĄrquez a terminĂ©, disant : Envoie cette lettre Ă  tous ceux que tu aimes, si tu ne le fais pas, demain sera comme aujourd'hui. Et si tu ne le fais pas cela n'a pas d'importance. Le moment sera passĂ©. Je vous dis au revoir avec beaucoup de tendresse »
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Gabriel GarcĂ­a MĂĄrquez
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J'ai des amis qui sont parents et qui ne se sentent pas obligĂ©s pour autant d'avoir chacun une grosse job steady ou de prendre le plus de contrats possible pour en piler pendant que c'est le temps. Certains sont travailleurs autonomes, d'autres travaillent Ă  salaire pendant que leur conjoint s'occupe des enfants. Je connais des mĂšres et des pĂšres au foyer nouveau genre et des couples qui travaillent Ă  temps partiel. Certains sont pas mal Ă©colos sur les bords, c'est sĂ»r, d'autres un peu hippies, altermondialistes ou vĂ©gĂ©taliens. D'autres non. Plusieurs ont juste un sens commun un peu diffĂ©rent du gros bon sens qui s'Ă©nonce aujourd'hui sur toutes les tribunes. Leurs enfants sont bien--je ne veux pas dire parfaits, je veux dire aussi bien que les autres. Pas moins heureux, pas moins Ă©quilibrĂ©s, pas moins beaux. Des petits hipsters de friperie qui passent beaucoup de temps avec leur pĂšre et leur mĂšre. Ils ont tout ce dont ils ont besoin, mĂȘme s'ils se passent de certaines choses. Et la plupart des affaires dont ils se privent n'ont pas l'air de leur manquer tant que ça. Ces gens-lĂ  font des choix de vie dont le motif premier n'est pas l'argent, et ils s'arrangent. Ils ne sont ni riches, ni pauvres, mais ils ne se rĂ©clament pas de la classe moyenne. Ils ne se reconnaissent pas en elle et elle ne se reconnaitrait pas en eux. Ils dĂ©pensent moins qu'elle, consomment moins qu'elle et polluent moins qu'elle aussi. Certains vivent mĂȘme en partie de ce qu'elle jette. Ils ont moins Ă  perdre qu'elle, aussi, et moins peur des tempĂȘtes qui s'annoncent. Ils ne portent pas encore de nom et pourtant ils existent. Et c'est eux le sel de la terre, dĂ©sormais.
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Samuel Archibald (Le sel de la terre)
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Je lui jetai un regard dĂ©daigneux. - Est-ce que tu rĂ©alises que tu n'es pas dans ton Ă©tat normal ? Que des Ă©motions, des sentiments submergent ton esprit et te rendent complĂštement irrationnel ? - Pourquoi ? Parce que je veux chĂątier un parjure et un traĂźtre ? cracha-t-il. - Non. Parce que tu es sous l'emprise de la jalousie. - c'est ridicule, un vampire de mon Ăąge ne ... Je levai la main pour l'interrompre. - Ah non ? Alors comment expliques-tu l'insanitĂ© de ton comportement ? RĂ©flĂ©chis une seconde, RaphaĂ«l. Tu m'as dit qu'Ă  mon contact, tu retrouverais petit Ă  petit tes Ă©motions humaines, tes sentiments... pourquoi la jalousie n'en ferait-elle pas partie ? Puis soudain il se tut et ses yeux s'Ă©carquillĂšrent comme s'il venait d'avoir une rĂ©vĂ©lation. - Non, ce n'est pas possible, je ne peux pas... ce n'est pas... enfin je ne ressens pas... Il respira profondĂ©ment, planta ses yeux de nacre dans les miens et les tremblements qui me secouaient un peu plus tĂŽt cessĂšrent brutalement. - C'est douloureux, dit-il. Je hochai la tĂȘte. - Oui. Les Ă©motions sont douloureuses. C'est pour cette raison qu'on apprend trĂšs tĂŽt aux Vikaris Ă  ne rien ressentir. On ne peut possĂ©der un pouvoir comme le nĂŽtre en se laissant guider par elles ou par ses impulsions, c'est trop dangereux. - Je suis un maĂźtre en matiĂšre de contrĂŽle, toutes mes dĂ©cisions sont rationnelles et rĂ©flĂ©chies, fit-il d'un ton aigre. Je levai les yeux au ciel. - Comment Ă©tais-tu quand tu Ă©tait humain ? Je veux dire, Ă©tais-tu impulsif, possessif, violent... ? Ses pupilles blanches reprirent leur couleur bleutĂ©e. - Le vampire a effacĂ© l'homme depuis trop longtemps pour que je puisse m'en souvenir, Rebecca. - Eh bien je t'annonce que "l'homme" comme tu dis, est en train de pointer son nez Ă  nouveau, qu'il a un caractĂšre Ă©pouvantable, des tendances homicides et qu'il ne supporte pas que quelqu'un essaie de piquer sa petite amie, raillai-je.
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Cassandra O'Donnell (Pacte de sang (Rebecca Kean, #2))