Ou Es Tu Quotes

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On meurt toujours trop tĂŽt ― ou trop tard. Et cependant la vie est lĂ , terminĂ©e: le trait est tirĂ©, il faut faire la somme. Tu n'es rien d'autre que ta vie.
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Jean-Paul Sartre (No Exit)
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-Oui, je suis trĂ©s malheureuse. C'est Ă©vident, ma chĂšre enfant. Tu es malheureuse parce qu'il serait anormal, voire indĂ©cent d'ĂȘtre heureux quand on est AlgĂ©rien, ou tout simplement quand on a du coeur.
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Malek Haddad (L'élÚve Et La Leçon)
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Lorsque tu veux savoir si tu es dans un endroit riche ou pauvre, tu regardes les poubelles. Si tu vois ni ordures ni poubelles, c'est trÚs riche. Si tu vois des poubelles et pas d'ordures, c'est riche. Si tu vois des ordures à cÎté des poubelles, c'est ni riche ni pauvre: c'est touristique. Si tu vois les ordures sans les poubelles, c'est pauvre. Et si les gens habitent dans les ordures, c'est trÚs trÚs pauvre.
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Éric-Emmanuel Schmitt (Monsieur Ibrahim and the Flowers of the Qur'an)
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- [...] On ne doit pas douter de la beautĂ© des choses, mĂȘme sous un ciel tortionnaire. Si tu n'es pas Ă©tonnĂ© par le chant du coq ou par la lumiĂšre au-dessus des crĂȘtes, si tu ne crois pas en la bontĂ© de ton Ăąme, alors tu ne te bats plus, et c'est comme si tu Ă©tais dĂ©jĂ  mort. - Demain, le soleil se lĂšvera et on essaiera encore, a dit ProthĂ© pour conclure.
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Gaël Faye (Petit pays)
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Tu n'as rien appris, sinon que la solitude n'apprend rien, que l'indiffĂ©rence n'apprend rien: c'Ă©tait un leurre, une illusion fascinante et piĂ©gĂ©e. Tu Ă©tais seul et voilĂ  tout et tu voulais te protĂ©ger: qu'entre le monde et toi les ponts soient Ă  jamais coupĂ©s. Mais tu es si peu de chose et le monde est un si grand mot: tu n'as jamais fait qu'errer dans une grande ville, que longer sur quelques kilomĂštres des façades, des devantures, des parcs et des quais. L'indiffĂ©rence est inutile. Tu peux vouloir ou ne pas vouloir, qu'importe! Faire ou ne pas faire une partie de billard Ă©lectrique, quelqu'un, de toute façon, glissera une piĂšce de vingt centimes dans la fente de l'appareil. Tu peux croire qu'Ă  manger chaque jour le mĂȘme repas tu accomplis un geste dĂ©cisif. Mais ton refus est inutile. Ta neutralitĂ© ne veut rien dire. Ton inertie est aussi vaine que ta colĂšre.
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Georges Perec (Un Homme qui dort)
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La folie, c'est l'incapacité de communiquer ses idées. Comme si tu te trouvais dans un pays étranger : tu vois tout, tu perçois ce qui se passe autour de toi, mais tu es incapable de t'expliquer et d'obtenir de l'aide parce que tu ne comprends pas la langue du pays. -Nous avons tous ressenti ça un jour -Nous somme tous fou, d'une façon ou d'une autre.)
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Paulo Coelho (Veronika Decides to Die)
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DĂšs qu’une image viendra te troubler l’esprit, pense Ă  te dire : « Tu n’es qu’image, et non la rĂ©alitĂ© dont tu as l’apparence. » Puis, examine-la et soumets-la Ă  l’épreuve des lois qui rĂšglent ta vie : avant tout, vois si cette rĂ©alitĂ© dĂ©pend de nous ou n’en dĂ©pend pas ; et si elle ne dĂ©pend pas de nous, sois prĂȘt Ă  dire : « Cela ne me regarde pas. »
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Epictetus (The Discourses)
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Tu n'es pas venue. Je t'ai attendue des heures ou des jours, je ne sais. Je ne le sais pas parce que j'ai cessĂ© d'ĂȘtre moi-mĂȘme pour devenir une masse uniquement sensible Ă  ton absence, comme si dans le vide pouvait se former un monceau de douleur, d'angoisses, comme si le nĂ©ant avait un ĂȘtre.
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Baltasar Porcel (Horses into the night)
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Stop. J'en suis sorti. Des souvenirs. Du passĂ©. Mais tĂŽt ou tard les choses que tu as laissĂ© derriĂšre toi te rattrapent. Et les choses les plus simples, quand tu es amoureux, te semblent les plus belles. Parce que leur simplicitĂ© n'a pas d'Ă©gal. Et j'ai envie de crier. Dans ce silence qui fait mal. Stop. Laisse tomber. Reprends-toi. VoilĂ . FermĂ©. A double tour. Au fond du cƓur, bien au fond. Dans ce jardin. Quelques fleurs, un peu d'ombre et puis la douleur. Mets-les lĂ , cache les bien surtout, lĂ  oĂč personne ne peut les voir. LĂ  oĂč toi tu ne peux pas les voir.
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Federico Moccia (Ho voglia di te)
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C’est Ă©vident, ma chĂšre enfant. Tu es malheureuse parce qu’il serait anormal, voire indĂ©cent d’ĂȘtre heureux quand on est AlgĂ©rien, ou tout simplement quand on a du cƓur. Je connais des algĂ©riens qui sont heureux. Mais ceux-lĂ  sont des amnĂ©siques. Ils ne sont pas nombreux, certes, mais nĂ©anmoins j’en connais, ils ont le geste sĂ»r des complexes ignorĂ©s. Ils ont le verbe haut et ne doutent de rien, les malheureux ! Voyez d’ailleurs les Ăąnes comme ils sourient de toutes leurs narines, contents de leur filiation indĂ©cise, contents parce que le sourire ridicule de leurs narines marque leur satisfaction suprĂȘme de manger des chardons. MĂȘme en français ils sont contents de braire.
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Malek Haddad (L'élÚve Et La Leçon)
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Page 41 - Alors qu'est ce que tu décides? Tu me suis ou pas? Pitié accepte, ne me force pas à te tuer... - Par simple curiosité, que ferais-tu si je refusais? J'hésitais un instant à répondre mais optai pour la franchise. Clarence n'était pas un mauvais bougre, il avait le droit de savoir ce qui l'attendait. - Je devrais te liquidier, répondis-je d'un ton glacial. Une vie contre des milliers d'autres, le choix n'était pas trÚs compliqué. - Tu sais que tu es pire partenaire que j'aie jamais eue? fit-il non sans humour. Je haussais les épaules. - Pourquoi? Parce que je veux préserver la paix? - Non, parce que tu as une maniÚre trÚs personnelle d'argumenter. - Le moyen le plus efficace de défendre une opinion est de tuer ceux qui ne la partagent pas. - C'est quoi ca? Un extrait du guide du parfait dictateur? - Non, un vieil adage familial, fis je en lui tendant la main pour l'aider à se relever. - Eh ben désolé de te dire ca, mais ta famille craint! fit-il en se redressant. - Oui et encore, t'es trÚs en dessous de la vérité, soupirai-je...
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Cassandra O'Donnell (Potion macabre (Rebecca Kean, #3))
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Oh Barbara Quelle connerie la guerre Qu'es-tu devenue maintenant Sous cette pluie de fer De feu d'acier de sang Et celui qui te serrait dans ses bras Amoureusement Est-il mort disparu ou bien encore vivant Oh Barbara Il pleut sans cesse sur Brest Comme il pleuvait avant Mais ce n'est plus pareil et tout est abimĂ© C'est une pluie de deuil terrible et dĂ©solĂ©e Ce n'est mĂȘme plus l'orage De fer d'acier de sang Tout simplement des nuages Qui crĂšvent comme des chiens Des chiens qui disparaissent Au fil de l'eau sur Brest Et vont pourrir au loin Au loin trĂšs loin de Brest Dont il ne reste rien.
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Jacques Prévert (Paroles)
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– Pou’quoi tu es t’iste ? – Parce que ma femme est morte. – Pou’quoi elle est mo’te ? – Euh, parce qu’elle Ă©tait triste. – Alo’s tu vas mou’i’ aussi ? – Je
 non, pas forcĂ©ment ! – Alo’s pou’quoi tu sou’is jamais si tu vas pas mou’i’ ? JĂ©rĂŽme regarde alors l’enfant et lui sourit. C’est parfois si simple, la vie. *** Toutes les plaies cicatrisent, plus ou moins vite, plus ou moins bien, mais la peau se referme. On garde une trace, mais la vie est plus forte. *** Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. *** L'intimitĂ© des gens n'est pas inscrite sur leur visage.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Un époux, c'est quelqu'un qui travaille au jardin avec toi et qui te réchauffe la nuit dans le lit conjugal. Un homme qui s'inquiÚte pour toi quand personne d'autre n'a remarqué que tu n'allais pas bien. Quelqu'un qui te tient la main quand tu es malade ou aux portes de la mort.
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David Farland (Wizardborn (Runelords, #3))
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Je suis une ombre dans ta vie, tu es bien plus que ça dans la mienne et ça me fait mal. [
] Pourquoi m’avoir laissĂ©e entrer dans ta vie si ce n’était qu’en simple visiteuse ? J’ai pensĂ© cent fois te quitter, mais je n’y arrive pas toute seule. Alors je te demande un service, fais-le pour nous, ou si tu crois que nous avons quelque chose Ă  partager, mĂȘme si ce n’est que pour un temps, donne-nous vraiment les moyens de vivre cette histoire.
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Marc Levy (Le Voleur d'ombres)
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- Offre ton identitĂ© au Conseil, jeune apprentie. La voix Ă©tait douce, l’ordre sans appel. - Je m’appelle Ellana Caldin. - Ton Ăąge. Ellana hĂ©sita une fraction de seconde. Elle ignorait son Ăąge exact, se demandait si elle n’avait pas intĂ©rĂȘt Ă  se vieillir. Les apprentis qu’elle avait discernĂ©s dans l’assemblĂ©e Ă©taient tous plus ĂągĂ©s qu’elle, le Conseil ne risquait-il pas de la considĂ©rer comme une enfant ? Les yeux noirs d’Ehrlime fixĂ©s sur elle la dissuadĂšrent de chercher Ă  la tromper. - J’ai quinze ans. Des murmures Ă©tonnĂ©s s’élevĂšrent dans son dos. Imperturbable, Ehrlime poursuivit son interrogatoire. - Offre-nous le nom de ton maĂźtre. - Jilano AlhuĂŻn. Les murmures, qui s’étaient tus, reprirent. Plus marquĂ©s, Ehrlime leva une main pour exiger un silence qu’elle obtint immĂ©diatement. - Jeune Ellana, je vais te poser une sĂ©rie de questions. A ces questions, tu devras rĂ©pondre dans l’instant, sans rĂ©flĂ©chir, en laissant les mots jaillir de toi comme une cascade vive. Les mots sont un cours d’eau, la source est ton Ăąme. C’est en remontant tes mots jusqu’à ton Ăąme que je saurai discerner si tu peux avancer sur la voie des marchombres. Es-tu prĂȘte ? - Oui. Une esquisse de sourire traversa le visage ridĂ© d’Ehrlime. - Qu’y a-t-il au sommet de la montagne ? - Le ciel. - Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude. - À qui s’adresse-t-il ? - À la lune. - OĂč va la riviĂšre ? L’anxiĂ©tĂ© d’Ellana s’était dissipĂ©e. Les questions d’Ehrlime Ă©taient trop imprĂ©vues, se succĂ©daient trop rapidement pour qu’elle ait d’autre solution qu’y rĂ©pondre ainsi qu’on le lui avait demandĂ©. Impossible de tricher. Cette Ă©vidence se transforma en une onde paisible dans laquelle elle s’immergea, laissant Ehrlime remonter le cours de ses mots jusqu’à son Ăąme, puisque c’était ce qu’elle dĂ©sirait. - Remplir la mer. - À qui la nuit fait-elle peur ? - À ceux qui attendent le jour pour voir. - Combien d’hommes as-tu dĂ©jĂ  tuĂ©s ? - Deux. - Es-tu vent ou nuage ? - Je suis moi. - Es-tu vent ou nuage ? - Vent. - MĂ©ritaient-ils la mort ? - Je l’ignore. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Je suis moi. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Les deux. - OĂč se trouve la voie du marchombre ? - En moi. Ellana s’exprimait avec aisance, chaque rĂ©ponse jaillissant d’elle naturellement, comme une expiration aprĂšs une inspiration. FluiditĂ©. Le sourire sur le visage d’Ehrlime Ă©tait revenu, plus marquĂ©, et une pointe de jubilation perçait dans sa voix ferme. - Que devient une larme qui se brise ? - Une poussiĂšre d’étoiles. - Que fais-tu devant une riviĂšre que tu ne peux pas traverser ? - Je la traverse. - Que devient une Ă©toile qui meurt ? - Un rĂȘve qui vit. - Offre-moi un mot. - Silence. - Un autre. - Harmonie. - Un dernier. - FluiditĂ©. - L’ours et l’homme se disputent un territoire. Qui a raison ? - Le chat qui les observe. - Marie tes trois mots. - Marchombre.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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– Au fond, tu restes Charlotte, pas vrai ? – Oui... – Alors extraterrestre ou pas, tu es la fille que j'aime !!
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Mizone (Monster Smash)
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Ô RomĂ©o ! RomĂ©o ! pourquoi es-tu RomĂ©o ? Renie ton pĂšre et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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Si tu n’es pas Ă©tonnĂ© par le chant du coq ou par la lumiĂšre au-dessus des crĂȘtes, si tu ne crois pas en la bontĂ© de ton Ăąme, alors tu ne te bats plus, et c’est comme si tu Ă©tais dĂ©jĂ  mort.
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Gaël Faye (Petit pays)
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PÚre, maßtresse, honneur, amour, noble et dure contrainte, aimable tyrannie, tous mes plaisirs sons morts, ou ma gloire ternie. L'un me rend malhereux, l'autre indigne du jour. Cher et cruel espoir d'une ùme généreuse, mais ensemble amoureuse, digne ennemi de mon plus grand bonheur. Fer qui causes ma peine, M'es-tu donné pour venger mon honneur? M'est-tu donné pour perdre ma ChimÚne?
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Pierre Corneille (Le Cid)
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- Une ville est un océan, Salim. Crois-tu que les crabes des rochers savent ce que font les poissons des profondeurs ? - Je vois... et toi, tu es un crabe ou un poisson ? - Moi, je suis un oiseau !
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Pierre Bottero (La ForĂȘt des captifs (Les Mondes d'Ewilan, #1))
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- Qu'y-a-t-il au sommet de la montagne ? - Le ciel. - Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude. - A qui s'adresse-t-il ? - A la lune. - OĂč va la riviĂšre ? - Remplir la mer. - A qui la nuit fait-elle peur ? - A ceux qui attendent le jour pour voir. - Es-tu vent ou nuage ? - Je suis moi. - Es-tu vent ou nuage ? - Vent. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Je suis moi. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Les deux. - Que devient une lame qui se brise ? - Une poussiĂšre d'Ă©toile. - Que fais-tu devant une riviĂšre que tu ne peux pas traverser ? - Je le traverse. - Que devient une Ă©toile qui meurt ? - Un rĂȘve qui vit. - Offre moi un mot. - Silence. - Un autre. - Harmonie. - Un dernier. - FluiditĂ©. - L'ours et le chien se disputent un territoire, qui a raison ? - Le chat qui les observe. - Marie tes trois mots. - Marchombre.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Freundschaft, ou quelque chose comme ça. Ta meilleure amie gagne un million au Loto, t'es contente pour elle et, en mĂȘme temps, tu peux pas t'empĂȘcher de penser avec rage: "Pourquoi pas moi?". J'adore Ariane, mais quand je vois sa vie parfaite, c'est pareil. "Pourquoi pas moi?". J'ai horreur de penser des trucs comme ça.
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Agathe Colombier Hochberg (Ce crétin de prince charmant)
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Mais comment? Comment fais-tu pour surmonter ça, mon chĂ©ri? lui avait-elle demandĂ©. Tu as endurĂ© tellement d'Ă©preuves, mais tu es toujours content. Comment fais-tu? -J'ai choisi de l'ĂȘtre, avait-il rĂ©pondu. Je peux laisser ruiner mon passĂ©, consacrer mon temps Ă  haĂŻr les gens pourc e qu'ils m'ont fait, comme mon pĂšre l'a fait, ou je peux pardonner et oublier. -Mais ce n'est pas si facile." Il avait sourit, de son sourire de Franck. "Oui, mais, TrĂ©sor, c'est tellement moins fatigant; Il suffit de pardonner une fois. Tandis que la rancune, il faut l'entretenir Ă  longueur de journĂ©e, et recommencer tous les jours. Il faudrait que je fasse une liste pour m'assurer que je hais bien tous ceux qui m'ont causĂ© du tort. Non, avait-il ajoutĂ©, on a tous la possibilitĂ© de pardonner.
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M.L. Stedman (The Light Between Oceans)
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Par l'univers ! Je crois que ma femme est honnĂȘte et qu'elle ne l'est pas ; je crois que tu es probe et que tu ne l'es pas ; je veux avoir quelque preuve. Son nom, qui Ă©tait pur comme le visage de Diane, est maintenant terni et noir comme ma face !... S'il y a encore des cordes ou des couteaux, des poisons ou du feu ou des flots suffocants, je n'endurerai pas cela ! Oh ! avoir la certitude !
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William Shakespeare (Othello)
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Vieux bureaucrate, mon camarade ici prĂ©sent, nul jamais ne t'a fait Ă©vader et tu n'en es point responsable. Tu as construit ta paix Ă  force d'aveugler de ciment, comme le font les termites, toutes les Ă©chappĂ©es vers la lumiĂšre. Tu t'es roulĂ© en boule dans ta sĂ©curitĂ© bourgeoise, tes routines, les rites Ă©touffants de ta vie provinciale, tu as Ă©levĂ© cet humble rempart contre les vents et les marĂ©es et les Ă©toiles. Tu ne veux point t'inquiĂ©ter des grands problĂšmes, tu as eu bien assez de mal Ă  oublier ta condition d'homme. Tu n'es point l'habitant d'une planĂšte errante, tu ne te poses point de questions sans rĂ©ponse : tu es un petit bourgeois de Toulouse. Nul ne t'a saisi par les Ă©paules quand il Ă©tait temps encore. Maintenant, la glaise dont tu es formĂ© a sĂ©chĂ©, et s'est durcie, et nul en toi ne saurait dĂ©sormais rĂ©veiller le musicien endormi ou le poĂšte, ou l'astronome qui peut-ĂȘtre t'habitait d'abord.
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Antoine de Saint-Exupéry (Wind, Sand and Stars)
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Attends. Laisse-moi dire adieu Ă  cette lĂ©gĂšretĂ© sans tache qui fut la mienne. Laisse-moi dire adieu Ă  ma jeunesse. Il y a des soirs, des soirs de Corinthe ou d'AthĂšnes, pleins de chants et d'odeurs qui ne m'appartiendront plus jamais. Des matins, pleins d'espoir aussi... Allons adieu! adieu! (Il vient vers Electre.) Viens, Electre, regarde notre ville. Elle est lĂ , rouge sous le soleil, bourdonnante d'hommes et de mouches, dans l'engourdissement tĂȘtu d'un aprĂšs-midi d'Ă©tĂ©; elle me repousse de tous ses murs, de tous ses toits, de toutes ses portes closes. Et pourtant elle est Ă  prendre, je le sens depuis ce matin. Et toi aussi, Electre, tu es Ă  prendre. Je vous prendrai. Je deviendrai hache et je fendrai en deux ces murailles obstinĂ©es, j'ouvrirai le ventre de ces maisons bigotes, elles exhaleront par leurs plaies bĂ©antes une odeur de mangeaille et d'encens; je deviendrai cognĂ©e et je m enfoncerai dans le cƓur de cette ville comme la cognĂ©e dans le cƓur d'un chĂȘne.
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Jean-Paul Sartre (The Flies (SparkNotes Literature Guide Series))
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Tu es entrĂ© dans le monde Ă©trange des compositions et des dĂ©compositions chimiques : ta vie et ta mort terrestres, agrĂ©gations et dĂ©sagrĂ©gations continuelles, jusqu'au jour oĂč il ne restera plus la moindre trace, le moindre souvenir de cette chose immonde qui sera ton cadavre. Aussi je ne sais quel fou trouvait-il avec raison Ă  cette atmosphĂšre terrestre une dĂ©sagrĂ©able odeur de cimetiĂšre, odeur inquiĂ©tante, disait-il, et que ne pouvait dissimuler le bizarre et angĂ©lique parfum des fleurs.
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Henri Cazalis (Le Livre du Néant: Pensées Douloureuses ou Bouffonnes; Le Ciel d'Orient; Remembrance; L'Illusion (Classic Reprint))
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Toi, à qui je ne confie pas mes longues nuits san repos, Toi qui me rends si tendrement las, me berçant comme un berceau ; Toi qui me caches tes insomnies, dis, si nous supportions cette soif qui nous magnifie, sans abandon? Car rappelle-toi les amants, comme le mensonge les surprend à l'heure des confessions. Toi seule, tu fais partie de ma solitude pure. Tu te transformes en tout : tu es ce murmure ou ce parfum aérien. Entre mes bras : quel abßme qui s'abreuve de pertes. Ils ne t'ont point retenue, et c'est grùce à cela, certes, qu'à jamais je te tiens.
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Rainer Maria Rilke (The Selected Poetry of Rainer Maria Rilke)
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Certainement tu es la sagesse, la vĂ©ritĂ© ; tu es la bontĂ©, le bonheur, l'Ă©ternitĂ©; tu es tout ce qui constitue le vrai bien. Toutes ces choses sont nombreuses, mon intelligence Ă©troite et captive ne peut voir tant d'objets d'un seul coup, et jouir de tous Ă  la fois. Comment donc, Seigneur, es-tu tous ces objets? Sont-ils tes diverses parties, ou chacun d'eux n'est-il pas tout entier ton essence? Car, tout ce qui est composĂ© de parties n'est pas vĂ©ritablement un. Il est, en quelque maniĂšre, plusieurs et diffĂ©rent de lui-mĂȘme ; il peut ĂȘtre dĂ©suni et dans le fait et par la pensĂ©e, conditions Ă©trangĂšres Ă  ta nature, au-dessus de laquelle on ne saurait rien concevoir. Il n'y a donc point de parties en toi, Seigneur ! Tu n'es pas multiple ; mais tu es tellement un et si complĂštement semblable Ă  toi-mĂȘme, que tu ne diffĂšres en aucun point de ta propre nature. Bien plus, tu es l'unitĂ© vĂ©ritable et absolue, indivisible mĂȘme par la pensĂ©e. Ainsi donc, la vie, la sagesse, et toutes les autres vertus que nous avons Ă©numĂ©rĂ©es, ne sont pas des parties de ton ĂȘtre, mais toutes ensemble ne font qu'un, et chacune est, tout entiĂšre, et ton essence et l'essence des autres.
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Anselm of Canterbury (Proslogion)
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Vous savez ce que je crois ? Il y a des degrĂ©s dans la souffrance, mais pas de concurrence entre les souffrances. Ou, en tout cas, il ne devrait pas y en avoir. Le chagrin d'une fillette Ă  qui on vient d'arracher le bras de sa poupĂ©e, il est incroyablement sincĂšre. Celui d'une vieille dame dont le chien vient de mourir demandera peut-ĂȘtre des mois, des annĂ©es avant de s'estomper. Celui du gamin de seize ans qui a toujours rĂȘvĂ© de devenir, je ne sais pas, moi, joueur de foot professionnel et Ă  qui on dit : "Oublie, tu n'es pas assez douĂ©", ce chagrin lĂ , il peut le traĂźner toute sa vie.
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Philippe Besson
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D’oĂč vient tu, ÉtĂ© qui n’es plus lĂ  quand mĂȘme ce serait ta saison, et qui soudain nous effleures et nous gagnes ? toi qui te vĂȘts des plus lourds, des plus fastueux atours, des feuilles les plus larges et des denses poussiĂšres, ÉtĂ© Ă  la trop courte nuit, renversant villes et campagnes sous des ciels oĂč s’effrite longuement la lumiĂšre, nuit inventant des labyrinthes pour les amants, levant des futaies pour de blanches larmes de lune, et toi oubliĂ© ou absent, soudain faisant mentir le poids des jours, l’effluve du tilleul chevauchant une imperceptible brise serait ta rĂ©sidence parmi nous ? (PoĂšmes des saisons)
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Paul de Roux
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Il y a quelqu'un que je n'ai encore jamais eu envie de tuer. C'est toi. Tu peux marcher dans les rues, tu peux boire et marcher dans les rues, je ne te tuerai pas. N'aie pas peur. La ville est sans danger. Le seul danger dans la ville, c'est moi. Je marche, je marche dans les rues, je tue. Mais toi, tu n'as rien Ă  craindre. Si je te suis, c'est parce que j'aime le rythme de tes pas. Tu titubes. C'est beau. On pourrait dire que tu boites. Et que tu es bossu. Tu ne l'es pas vraiment. De temps en temps tu te redresses, et tu marches droit. Mais moi, je t'aime dans les heures avancĂ©es de la nuit, quand tu es faible, quand tu trĂ©buches, quand tu te voĂ»tes. Je te suis, tu trembles. De froid ou de peur. Il fait chaud pourtant. Jamais, presque jamais, peut-ĂȘtre jamais il n'avait fait si chaud dans notre ville. Et de quoi pourrais-tu avoir peur? De moi? Je ne suis pas ton ennemi. Je t'aime. Et personne d'autre ne pourrait te faire du mal. N'aie pas peur. je suis lĂ . Je te protĂšge. Pourtant, je souffre aussi. Mes larmes - grosses gouttes de pluie - me coulent sur le visage. La nuit me voile. La lune m'Ă©claire. Les nuages me cachent. Le vent me dĂ©chire. J'ai une sorte de tendresse pour toi. Cela m'arrive parfois. Tres rarement. Pourquoi pour toi? Je n'en sais rien. Je veux te suivre trĂšs loin, partout, longtemps. Je veux te voir souffrir encore plus. Je veux que tu en aies assez de tout le reste. Je veux que tu viennes me supplier de te prendre. Je veux que tu me dĂ©sires. Que tu aies envie de moi, que tu m'aimes, que tu m'appelles. Alors, je te prendrai dans mes bras, je te serrerai sur mon coeur, tu seras mon enfant, mon amant, mon amour. Je t'emporterai. Tu avais peur de naĂźtre, et maintenant tu as peur de mourir. Tu as peur de tout. Il ne faut pas avoir peur. Il y a simplement une grande roue qui tourne. Elle s'appelle ÉternitĂ©. C'est moi qui fais tourner la grande roue. Tu ne dois pas avoir peur de moi. Ni de la grande roue. La seule chose qui puisse faire peur, qui puisse faire mal, c'est la vie, et tu la connais dĂ©jĂ .
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Ágota Kristóf
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Ma rose Ă  moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais Ă  elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosĂ©e. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritĂ©e par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tuĂ© les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai Ă©coutĂ©e se plaindre, ou se vanter, ou mĂȘme quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose [...] on ne voit bien qu'avec le cƓur. L'essentiel est invisible pour les yeux... - C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisĂ©. Tu es responsable de ta rose...
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Antoine de Saint-Exupéry (Le Petit Prince)
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Chanson Attrape une Ă©toile filante, Fais qu'une Mandragore enfante, Dis-moi oĂč sont les ans passĂ©s, Qui du Diable a fendu le pied, M’enseigne Ă  ouĂŻr les SirĂšnes À parer les dards de la haine, M’apprends Quel vent Pousse un cƓur honnĂȘte en avant. Si tu es nĂ© pour l'impossible, Pour voir des choses invisibles, Cours si loin que sur toi le Temps Fasse neiger des cheveux blancs. Tu me diras Ă  ta rentrĂ©e. Les merveilles qu'as rencontrĂ©es. Et puis Qu'ici Il n’est belle fidĂšle aussi. S'il en est une, Ă©cris : je gage Que ce fĂ»t doux PĂšlerinage ; Et pourtant non, je n'irais point, DussĂ©-je la trouver non loin : Quand Ă©crivant tu l'aurais vue FidĂšle, jusqu'Ă  ma venue Je crois Ma foi Qu’elle en trompera deux ou trois. (p. 103)
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John Donne
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tu n'es peut ĂȘtre pas son premier,son dernier ou son unique. Elle a aimĂ© avant,elle pourra aimer Ă  nouveau. Mais si elle t'aimes maintenant qu'est ce qui importe? Elle n'est pas parfaite,toi non plus.Et vous ne serez peut ĂȘtre jamais parfaits ensembles,mais si elle peut te faire rire,rĂ©flĂ©chir deux fois et qu'elle admet qu'elle est humaine et qu'elle fait des erreurs. Accroche toi Ă  elle et donne lui tout ce que tu as Ă  donner.Elle peut ne pas penser Ă  toi chaque seconde de sa journĂ©e. Mais elle te donnera un part d'elle qu'elle sait que tu pourrais briser son coeur. Donc ne la blesse pas,ne l'analyse pas et n'attend pas d'elle plus que ce qu'elle peut t'offrir. Souris quand elle te rend heureux,fais lui savoir quand elle te déçoit,et qu'elle te manque quand elle n'est pas lĂ .
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Abir Berrahal
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« Je ne veux pas continuer ! Tu ne comprends donc pas ? Personne en ce monde ne veut donc le comprendre, maudits ? Suis-je le seul Ă  ĂȘtre hantĂ© ? » Un trĂ©molo furieux modula son timbre. « Tout ce que j'ai fait – tout ce que j'Ă©tais – tout ce que je suis, c'est Ă  cause de lui. Il Ă©tait dĂ©jĂ  quelqu'un avant moi. Je ne suis personne sans lui. J'en ai marre de vivre sans lui Ă  mes cĂŽtĂ©s. Il m'a dĂ©laissĂ© au profit de ce livre et, par le Saint, je lui en veut profondĂ©ment. Je lui en veux chaque minute de chaque jour. » Sa voie se brisa. « Vous, les Lasians, vous croyez en la vie aprĂšs la mort, n'est-ce-pas ? » Laya le considĂ©ra. « Certains d'entre nous, oui. L'VergĂ© des divinitĂ©s, confirma-t-elle. Il t'attend p'tĂȘt lĂ -bas. Ou Ă  la Grande Table du Saint. Ou p'tĂȘt qu'il est nulle part. Quoi qu'il en soit, toi, t'es encore lĂ . Et c'est pas sans raison. » Elle porta une main cailleuse Ă  sa joue. « T'as un fantĂŽme, Niclays, N'en devient pas un toi-mĂȘme. »
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Samantha Shannon (The Priory of the Orange Tree (The Roots of Chaos, #1))
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ScĂšnes coupĂ©es ScĂšne 2 Edwin et le Ts'lich : deuxiĂšme Le Ts'lich s'inclina imperceptiblement et les mots jaillirent de sa gueule aux mandibules acĂ©rĂ©es. - Rien ne saurait me forcer Ă  te combattre, Edwin Til' Illan. Les lĂ©gendes parlent de toi, l'unique humain qui, par quatre fois, a rĂ©ussi l'exploit de dĂ©faire un guerrier ts'lich. Pourtant, mĂȘme le champion des Alaviriens ne pourrait survivre Ă  un affrontement contre deux d'entre nous. L'air se troubla une fraction de seconde et un second Ts'lich apparut Ă  cĂŽtĂ© du premier. - Alors, Edwin Til' Illan, m'accordes-tu ce que je suis venu chercher ou tentes-tu de bouleverser les lĂ©gendes ? Le maĂźtre d'armes repoussa d'un geste vif la mĂšche de cheveux blond platine qui lui barrait le visage. - T'es ouf ou quoi ? Je vais t'exploser la chetron si tu te casses pas fissa ! Alors tu nous lĂąches les baskets et tu... - COUPEZ ! - Qu'est-ce qu'il y a encore ? - Ça ne va pas du tout, Edwin ! Ton langage ! - Il faut savoir ce que tu veux. C'est un bouquin jeunesse ou pas ? - Edwin, mon chou, tu me dĂ©soles. Notre rĂŽle est d'offrir aux adolescents un ouvrage dans lequel ils se retrouvent, mais sans sacrifier la place que... - C'est bon, j'ai compris. On recommence.
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Pierre Bottero (L'Ăźle du destin (La QuĂȘte d'Ewilan, #3))
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Papa-bobo prĂ©cipitĂ© avec inquiĂ©tude sur mon genou saignant, qui va chercher les mĂ©dicaments et s'installera des heures au chevet de mes varicelle, rougeole et coqueluche pour me lire Les Quatre Filles du docteur March ou jouer au pendu. Papa-enfant, "tu es plus bĂȘte qu'elle", dit-elle. Toujours prĂȘt Ă  m'emmener Ă  la foire, aux films de Fernandel, Ă  me fabriquer une paire d'Ă©chasses et Ă  m'initier Ă  l'argot d'avant la guerre, pĂ©pĂ©dĂ©ristal et autres cezigue pĂąteux qui me ravissent. Papa indispensable pour me conduire Ă  l'Ă©cole et m'attendre midi et soir, le vĂ©lo Ă  la main, un peu Ă  l'Ă©cart de la cohue des mĂšres, les jambes de son pantalon resserrĂ©es en bas par des pinces en fer. AffolĂ© par le moindre retard. AprĂšs, quand je serai assez grande pour aller seule dans les rues, il guettera mon retour. Un pĂšre dĂ©jĂ  vieux Ă©merveillĂ© d'avoir une fille. LumiĂšre jaune fixe des souvenirs, il traverse la cour, tĂȘte baissĂ©e Ă  cause du soleil, une corbeille sous le bras. J'ai quatre ans, il m'apprend Ă  enfiler mon manteau en retenant les manches de mon pull-over entre mes poings pour qu'elles ne boulichonnent pas en haut des bras. Rien que des images de douceur et de sollicitude. Chefs de famille sans rĂ©plique, grandes gueules domestiques, hĂ©ros de la guerre ou du travail, je vous ignore, j'ai Ă©tĂ© la fille de cet homme-lĂ .
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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En arrivant Ă  Albany, nous nous rendĂźmes directement vers un grand bĂątiment moderne. Avec ses nombreuses vitres, son grand hall et ses standardistes, il ressemblait Ă  n'importe quel immeuble de bureaux et collait parfaitement avec l'amĂ©nagement urbain de ce quartier de la ville. J'imaginais que c'Ă©tait exactement l'effet escomptĂ© par les potioneuses qui mettaient un point d'honneur Ă  ne jamais se faire remarquer par les humains depuis la sombre Ă©poque des chasses aux sorciĂšres organisĂ©es par l’Église catholique en Europe. - Tu es certaine que c'est lĂ  ? - Tu t'attendait Ă  quoi ? A une vieille bĂątisse au fond d'un cimetiĂšre ? - Pourquoi un cimetiĂšre ? Les potioneuses ne communiquent pas avec les esprits que je sache ? Je levai les yeux au ciel. - C'est fou ce que tu peux ĂȘtre vieux jeu parfois, tu sais ? - J'ai le droit de trouver que ça manque d'originalitĂ©, tout de mĂȘme ? - Pas la peine d'Ă©piloguer lĂ -dessus, de toute façon je vais le cramer. Elle me jeta un regard surpris. - Quoi ? - Ben l'immeuble, je vais le cramer, rĂ©pondis-je. - Rebecca, c'est pas parce que je trouve qu'un Ă©difice a un style d'architecture un peu trop banal ou aseptisĂ© Ă  mon goĂ»t qu’il faut te sentir obligĂ©e de l'incendier... souligna-t-elle tandis que je sortais de la voiture en riant. Dix minutes plus tard, le grimoire Ă©tait en cendre, l'immeuble en flammes et le conseil des Huit entiĂšrement dĂ©cimĂ©.
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Cassandra O'Donnell (Potion macabre (Rebecca Kean, #3))
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Mais les signes de ce qui m'attendait rĂ©ellement, je les ai tous nĂ©gligĂ©s. Je travaille mon diplĂŽme sur le surrĂ©alisme Ă  la bibliothĂšque de Rouen, je sors, je traverse le square Verdrel, il fait doux, les cygnes du bassin ont reparu, et d'un seul coup j'ai conscience que je suis en train de vivre peut-ĂȘtre mes derniĂšres semaines de fille seule, libre d'aller oĂč je veux, de ne pas manger ce midi, de travailler dans ma chambre sans ĂȘtre dĂ©rangĂ©e. Je vais perdre dĂ©finitivement la solitude. Peut-on s'isoler facilement dans un petit meublĂ©, Ă  deux. Et il voudra manger ses deux repas par jour. Toutes sortes d'images me traversent. Une vie pas drĂŽle finalement. Mais je refoule, j'ai honte, ce sont des idĂ©es de fille unique, Ă©gocentrique, soucieuse de sa petite personne, mal Ă©levĂ©e au fond. Un jour, il a du travail, il est fatiguĂ©, si on mangeait dans la chambre au lieu d'aller au restau. Six heures du soir cours Victor-Hugo, des femmes se prĂ©cipitent aux Docks, en face du Montaigne, prennent ci et ça sans hĂ©sitation, comme si elles avaient dans la tĂȘte toute la programmation du repas de ce soir, de demain peut-ĂȘtre, pour quatre personnes ou plus aux goĂ»ts diffĂ©rents. Comment font-elles ? [...] Je n'y arriverai jamais. Je n'en veux pas de cette vie rythmĂ©e par les achats, la cuisine. Pourquoi n'est-il pas venu avec moi au supermarchĂ©. J'ai fini par acheter des quiches lorraines, du fromage, des poires. Il Ă©tait en train d'Ă©couter de la musique. Il a tout dĂ©ballĂ© avec un plaisir de gamin. Les poires Ă©taient blettes au coeur, "tu t'es fait entuber". Je le hais. Je ne me marierai pas. Le lendemain, nous sommes retournĂ©s au restau universitaire, j'ai oubliĂ©. Toutes les craintes, les pressentiments, je les ai Ă©touffĂ©s. SublimĂ©s. D'accord, quand on vivra ensemble, je n'aurai plus autant de libertĂ©, de loisirs, il y aura des courses, de la cuisine, du mĂ©nage, un peu. Et alors, tu renĂącles petit cheval tu n'es pas courageuse, des tas de filles rĂ©ussissent Ă  tout "concilier", sourire aux lĂšvres, n'en font pas un drame comme toi. Au contraire, elles existent vraiment. Je me persuade qu'en me mariant je serai libĂ©rĂ©e de ce moi qui tourne en rond, se pose des questions, un moi inutile. Que j'atteindrai l'Ă©quilibre. L'homme, l'Ă©paule solide, anti-mĂ©taphysique, dissipateur d'idĂ©es tourmentantes, qu'elle se marie donc ça la calmera, tes boutons mĂȘme disparaĂźtront, je ris forcĂ©ment, obscurĂ©ment j'y crois. Mariage, "accomplissement", je marche. Quelquefois je songe qu'il est Ă©goĂŻste et qu'il ne s'intĂ©resse guĂšre Ă  ce que je fais, moi je lis ses livres de sociologie, jamais il n'ouvre les miens, Breton ou Aragon. Alors la sagesse des femmes vient Ă  mon secours : "Tous les hommes sont Ă©goĂŻstes." Mais aussi les principes moraux : "Accepter l'autre dans son altĂ©ritĂ©", tous les langages peuvent se rejoindre quand on veut.
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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Si vous voulez vous refermer, il faut arrĂȘter d’accepter de vous ouvrir Ă  contre-cƓur. *** Je veux rester lĂ . Je veux ĂȘtre un chĂąteau dans le sable. Je veux ĂȘtre le sable. Les mouettes. La mer. Les vagues. Je veux ĂȘtre une vague qui court sur la plage. Ou alors la plage, et attendre la dĂ©licatesse des vagues qui viennent me caresser doucement. *** - Tu es tĂȘtue ! - Pragmatique
 - FiĂšre ! - RĂ©aliste
 - ObstinĂ©e ! - DĂ©terminĂ©e
 - O.K. J’abandonne. *** Un proverbe arabe dit 'ne baisse pas les bras, tu risquerais de le faire deux secondes avant le miracle. *** On devient fou quand on regarde en face ce genre de vĂ©ritĂ©. Il vaut mieux occulter ce qui est trop dur, ne pas y penser, mettre le quotidien au premier plan, vivre les choses sans penser aux consĂ©quences, se nourrir des souvenirs pour ne pas subir le prĂ©sent, et encore moins ce qui risque d’avenir. *** Quand on vie un grand malheur dans sa vie, on a l’impression que le regard des autres ne nous autorise pas Ă  ĂȘtre joyeux, alors que tout au fond de soi, on sent que c’est cela qui permet de se maintenir en vie. Un proverbe japonais dit « Le bonheur va vers ceux qui savent rire » *** On ne se trompe jamais quand on aime. *** Romain est une de ces rares personnes qui, aprĂšs avoir dit bonjour, demandent comment Ò«a va avec un rĂ©el intĂ©rĂȘt pour la rĂ©ponse. On sent dans son regard et dans son attente qu’il est sincĂšrement Ă  l’écoute des autres.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Qu’un galop rapide, coursiers aux pieds brĂ»lants, vous emporte vers le palais du Soleil: de son fouet, un conducteur tel que PhaĂ©ton vous aurait prĂ©cipitĂ©s vers le couchant et aurait ramenĂ© la sombre Nuit. Étends ton Ă©pais rideau. Nuit qui couronne l’amour; ferme les yeux errants, et que RomĂ©o puisse voler dans mes bras sans qu’on le dise et sans qu’on le voie. La lumiĂšre de leurs mutuelles beautĂ©s suffit aux amants pour accomplir leurs amoureux mystĂšres; ou si l’Amour est aveugle, il ne s’en accorde que mieux avec la Nuit. Viens, Nuit obligeante, matrone aux vĂȘtements modestes, tout en noir, apprends-moi Ă  perdre au jeu de qui perd gagne, oĂč l’enjeu est deux virginitĂ©s sans tache; couvre de ton obscur manteau mes joues oĂč se rĂ©volte mon sang effarouchĂ©, jusqu’à ce que mon craintif amour, devenu plus hardi dans l’épreuve d’un amour fidĂšle, n’y voie plus qu’un chaste devoir.—Viens, ĂŽ Nuit; viens, RomĂ©o; viens, toi qui es le jour au milieu de la nuit; car sur les ailes de la nuit tu arriveras plus Ă©clatant que n’est sur les plumes du corbeau la neige nouvellement tombĂ©e. Viens, douce nuit; viens, nuit amoureuse, le front couvert de tĂ©nĂšbres: donne-moi mon RomĂ©o; et quand il aura cessĂ© de vivre, reprends-le, et, partage-le en petites Ă©toiles, il rendra la face des cieux si belle, que le monde deviendra amoureux de la nuit et renoncera au culte du soleil indiscret. Oh! j’ai achetĂ© une demeure d’amour, mais je n’en suis pas encore en possession, et celui qui m’a acquise n’est pas encore en jouissance. Ce jour est aussi ennuyeux que la veille d’une fĂȘte pour l’enfant qui a une robe neuve et qui ne peut encore la mettre.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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- Je souhaite ne jamais te voir, rĂ©pondit la Fadette trĂšs durement ; et n'importe quelle chose tu m'apporteras, tu peux bien compter que je te la jetterai au nez. - VoilĂ  des paroles trop rudes pour quelqu'un qui vous offre rĂ©paration. Si tu ne veux point de cadeau, il y a peut-ĂȘtre moyen de te rendre service et de te montrer par lĂ  qu'on te veut du bien et non pas du mal. Allons, dis-moi ce que j'ai Ă  faire pour te contenter. - Vous ne sauriez donc me demander pardon et souhaiter mon amitiĂ© ? dit la Fadette en s'arrĂȘtant. - Pardon, c'est beaucoup demander, rĂ©pondit Landry, qui ne pouvait vaincre sa hauteur Ă  l'endroit d'une fille qui n'Ă©tait point considĂ©rĂ©e en proportion de l'Ăąge qu'elle commençait Ă  avoir, et qu'elle ne portait pas toujours aussi raisonnablement qu'elle l'aurait dĂ» ; quant Ă  ton amitiĂ©, Fadette, tu es si drĂŽlement bĂątie dans ton esprit, que je ne saurais y avoir grand'fiance. Demande-moi donc une chose qui puisse se donner tout de suite, et que je ne sois pas obligĂ© de te reprendre. - Eh bien, dit la Fadette d'une voix claire et sĂšche, il en sera comme vous le souhaitez, besson Landry. Je vous ai offert votre pardon, et vous n'en voulez point. À prĂ©sent, je vous rĂ©clame ce que vous m'avez promis, qui est d'obĂ©ir Ă  mon commandement, le jour oĂč vous en serez requis. Ce jour-lĂ , ce ne sera pas plus tard que demain Ă  la Saint-Andoche, et voici ce que je veux : Vous me ferez danser trois bourrĂ©es aprĂšs la messe, deux bourrĂ©es aprĂšs vĂȘpres, et encore deux bourrĂ©es aprĂšs l'AngĂ©lus, ce qui fera sept. Et dans toute votre journĂ©e, depuis que vous serez levĂ© jusqu'Ă  ce que vous soyez couchĂ©, vous ne danserez aucune autre bourrĂ©e avec n'importe qui, fille ou femme. Si vous ne le faites, je saurai que vous avez trois choses bien laides en vous : l'ingratitude, la peur et le manque de parole. Bonsoir, je vous attends demain pour ouvrir la danse, Ă  la porte de l'Ă©glise. Et la petite Fadette, que Landry avait suivie jusqu'Ă  sa maison, tira la corillette et entra si vite que la porte fut poussĂ©e et recorillĂ©e avant que le besson eĂ»t pu rĂ©pondre un mot.
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George Sand (La Petite Fadette)
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Maldoror, Ă©coute-moi. Remarque ma figure, calme comme un miroir, et je crois avoir une intelligence Ă©gale Ă  la tienne. Un jour, tu m’appelas le soutien de ta vie. Depuis lors, je n’ai pas dĂ©menti la confiance que tu m’avais vouĂ©e. Je ne suis qu’un simple habitant des roseaux, c’est vrai ; mais, grĂące Ă  ton propre contact, ne prenant que ce qu’il y avait de beau en toi, ma raison s’est agrandie, et je puis te parler. Je suis venu vers toi, afin de te retirer de l’abĂźme. Ceux qui s’intitulent tes amis te regardent, frappĂ©s de consternation, chaque fois qu’ils te rencontrent, pĂąle et voĂ»tĂ©, dans les thĂ©Ăątres, dans les places publiques, ou pressant, de deux cuisses nerveuses, ce cheval qui ne galope que pendant la nuit, tandis qu’il porte son maĂźtre-fantĂŽme, enveloppĂ© dans un long manteau noir. Abandonne ces pensĂ©es, qui rendent ton cƓur vide comme un dĂ©sert ; elles sont plus brĂ»lantes que le feu. Ton esprit est tellement malade que tu ne t’en aperçois pas, et que tu crois ĂȘtre dans ton naturel, chaque fois qu’il sort de ta bouche des paroles insensĂ©es, quoique pleines d’une infernale grandeur. Malheureux ! qu’as-tu dit depuis le jour de ta naissance ? Ô triste reste d’une intelligence immortelle, que Dieu avait crĂ©Ă©e avec tant d’amour ! Tu n’as engendrĂ© que des malĂ©dictions, plus affreuses que la vue de panthĂšres affamĂ©es ! Moi, je prĂ©fĂ©rerais avoir les paupiĂšres collĂ©es, mon corps manquant des jambes et des bras, avoir assassinĂ© un homme, que ne pas ĂȘtre toi ! Parce que je te hais. Pourquoi avoir ce caractĂšre qui m’étonne ? De quel droit viens-tu sur cette terre, pour tourner en dĂ©rision ceux qui l’habitent, Ă©pave pourrie, ballottĂ©e par le scepticisme ? Si tu ne t’y plais pas, il faut retourner dans les sphĂšres d’oĂč tu viens. Un habitant des citĂ©s ne doit pas rĂ©sider dans les villages, pareil Ă  un Ă©tranger. Nous savons que, dans les espaces, il existe des sphĂšres plus spacieuses que la nĂŽtre, et donc les esprits ont une intelligence que nous ne pouvons mĂȘme pas concevoir. Eh bien, va-t’en !
 retire-toi de ce sol mobile !
 montre enfin ton essence divine, que tu as cachĂ©e jusqu’ici ; et, le plus tĂŽt possible, dirige ton vol ascendant vers la sphĂšre, que nous n’envions point, orgueilleux que tu es ! Car, je ne suis pas parvenu Ă  reconnaĂźtre si tu es un homme ou plus qu’un homme ! Adieu donc ; n’espĂšre plus retrouver le crapaud sur ton passage. Tu es la cause de ma mort. Moi, je pars pour l’éternitĂ©, afin d’implorer ton pardon !
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Comte de Lautréamont
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FRÈRE LAURENCE.—Un arrĂȘt moins rigoureux s’est Ă©chappĂ© de sa bouche: ce n’est pas la mort de ton corps, mais son bannissement. ROMÉO.—Ah! le bannissement! aie pitiĂ© de moi; dis la mort. L’aspect de l’exil porte avec lui plus de terreur, beaucoup plus que la mort. Ah! ne me dis pas que c’est le bannissement. FRÈRE LAURENCE.—Tu es banni de VĂ©rone. Prends patience; le monde est grand et vaste. ROMÉO.—Le monde n’existe pas hors des murs de VĂ©rone; ce n’est plus qu’un purgatoire, une torture, un vĂ©ritable enfer. Banni de ce lieu, je le suis du monde, c’est la mort. Oui, le bannissement, c’est la mort sous un faux nom; et ainsi, en nommant la mort un bannissement, tu me tranches la tĂȘte avec une hache d’or, et souris au coup qui m’assassine. FRÈRE LAURENCE.—O mortel pĂ©chĂ©! ĂŽ farouche ingratitude! Pour ta faute, notre loi demandait la mort; mais le prince indulgent, prenant ta dĂ©fense, a repoussĂ© de cĂŽtĂ© la loi, et a changĂ© ce mot funeste de mort en celui de bannissement: c’est une rare clĂ©mence, et tu ne veux pas la reconnaĂźtre. ROMÉO.—C’est un supplice et non une grĂące. Le ciel est ici, oĂč vit Juliette: les chats, les chiens, la moindre petite souris, tout ce qu’il y a de plus misĂ©rable vivra ici dans le ciel, pourra la voir; et RomĂ©o ne le peut plus! La mouche qui vit de charogne jouira d’une condition plus digne d’envie, plus honorable, plus relevĂ©e que RomĂ©o; elle pourra s’ébattre sur les blanches merveilles de la chĂšre main de Juliette, et dĂ©rober le bonheur des immortels sur ces lĂšvres oĂč la pure et virginale modestie entretient une perpĂ©tuelle rougeur, comme si les baisers qu’elles se donnent Ă©taient pour elles un pĂ©chĂ©; mais RomĂ©o ne le peut pas, il est banni! Ce que l’insecte peut librement voler, il faut que je vole pour le fuir; il est libre et je suis banni; et tu me diras encore que l’exil n’est pas la mort!
 N’as-tu pas quelque poison tout prĂ©parĂ©, quelque poignard affilĂ©, quelque moyen de mort soudaine, fĂ»t-ce la plus ignoble? Mais banni! me tuer ainsi! banni! O moine, quand ce mot se prononce en enfer, les hurlements l’accompagnent.—Comment as-tu le coeur, toi un prĂȘtre, un saint confesseur, toi qui absous les fautes, toi mon ami dĂ©clarĂ©, de me mettre en piĂšces par ce mot bannissement? FRÈRE LAURENCE.—Amant insensĂ©, Ă©coute seulement une parole. ROMÉO.—Oh! tu vas me parler encore de bannissement. FRÈRE LAURENCE.—Je veux te donner une arme pour te dĂ©fendre de ce mot: c’est la philosophie, ce doux baume de l’adversitĂ©; elle te consolera, quoique tu sois exilĂ©. ROMÉO.—Encore l’exil! Que la philosophie aille se faire pendre: Ă  moins que la philosophie n’ait le pouvoir de crĂ©er une Juliette, de dĂ©placer une ville, ou de changer l’arrĂȘt d’un prince, elle n’est bonne Ă  rien, elle n’a nulle vertu; ne m’en parle plus. FRÈRE LAURENCE.—Oh! je vois maintenant que les insensĂ©s n’ont point d’oreilles. ROMÉO.—Comment en auraient-ils, lorsque les hommes sages n’ont pas d’yeux? FRÈRE LAURENCE.—Laisse-moi discuter avec toi ta situation. ROMÉO.—Tu ne peux parler de ce que tu ne sens pas. Si tu Ă©tais aussi jeune que moi, amant de Juliette, mariĂ© seulement depuis une heure, meurtrier de Tybalt, Ă©perdu d’amour comme moi, et comme moi banni, alors tu pourrais parler; alors tu pourrais t’arracher les cheveux et te jeter sur la terre comme je fais, pour prendre la mesure d’un tombeau qui n’est pas encore ouvert.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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ROMÉO. — Elle parle : oh, parle encore, ange brillant ! car lĂ  oĂč tu es, au-dessus de ma tĂȘte, tu me parais aussi splendide au sein de cette nuit que l’est un messager ailĂ© du ciel aux-regards Ă©tonnĂ©s des mortels ; lorsque rejetant leurs tĂȘtes en arriĂšre, on ne voit plus que le blanc de leurs yeux, tant leurs prunelles sont dirigĂ©es-en haut pour le contempler, pendant qu’il chevauche sur les nuages Ă  la marche indolente et navigue sur le sein de l’air. JULIETTE. — Ô RomĂ©o, RomĂ©o ! pourquoi es-tu RomĂ©o ? Renie ton pĂšre, ou rejette ton nom ; ou si tu ne veux pas, lie-toi seulement par serment Ă  mon amour, et je ne serai pas plus longtemps une Capulet. ROMÉO, Ă  part. — En entendrai-je davantage, ou rĂ©pondrai-je Ă  ce qu’elle rient de dire JULIETTE. — C’est ton nom seul qui est mon ennemi. AprĂšs tout tu es toi-mĂȘme, et non un Montaigu. Qu’est-ce qu’un Montaigu ? Ce n’est ni une main, ni un pied, ni un bras, ni un, visage, ni toute autre partie du corps appartenant Ă  un homme. Oh ! porte un autre nom ! Qu’y a-t-il dans un nom ? La fleur que nous nommons la rose, sentirait tout aussi bon sous un autre nom ; ainsi RomĂ©o, quand bien mĂȘme il ne serait pas appelĂ© RomĂ©o, n’en garderait pas moins la prĂ©cieuse perfection : qu’il possĂšde. Renonce Ă  ton nom RomĂ©o, et en place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi toute entiĂšre. ROMÉO. — Je te prends au mot : appelle-moi seulement : ton amour, et je serai rebaptisĂ©, et dĂ©sormais je ne voudrai plus ĂȘtre RomĂ©o. JULIETTE. — Qui es-tu, toi qui, protĂ©gĂ© par la nuit, viens ainsi surprendre les secrets de mon Ăąme ? ROMÉO. — Je ne sais de quel nom me servir pour te dire qui je suis : mon nom, chĂšre sainte, m’est odieux Ă  moi-mĂȘme, parce qu’il t’est ennemi ; s’il Ă©tait Ă©crit, je dĂ©chirerais le mot qu’il forme. JULIETTE. — Mes oreilles n’ont pas encore bu cent paroles de cette voix, et cependant j’en reconnais le son n’es-tu pas RomĂ©o, et un Montaigu ? ROMÉO. — Ni l’un, ni l’autre, belle vierge, si l’un ou l’autre te dĂ©plaĂźt. JULIETTE. — Comment es-tu venu ici, dis-le-moi, et pourquoi ? Les murs du jardin sont Ă©levĂ©s et difficiles Ă  escalader, et considĂ©rant qui tu es, cette place est mortelle pour toi, si quelqu’un de mes parents t’y trouve. ROMÉO. — J’ai franchi ces murailles avec les ailes lĂ©gĂšres de l’amour, car des limites de pierre ne peuvent arrĂȘter l’essor de l’amour ; et quelle chose l’amour peut-il oser qu’il ne puisse aussi exĂ©cuter ? tes parents ne me, sont donc pas un obstacle. JULIETTE. — S’ils te voient, ils t’assassineront. ROMÉO. — HĂ©las ! il y a plus de pĂ©rils, dans tes yeux que dans vingt de leurs Ă©pĂ©es : veuille seulement abaisser un doux regard sĂ»r moi, et je suis cuirassĂ© contre leur inimitiĂ©. JULIETTE. — Je ne voudrais pas, pour le monde entier, qu’ils te vissent ici. ROMÉO. — J’ai le manteau de la nuit pour me dĂ©rober Ă  leur vue et d’ailleurs, Ă  moins que tu ne m’aimes, ils peuvent me trouver, s’ils veulent : mieux vaudrait que leur haine mĂźt fin Ă  ma vie, que si ma mort Ă©tait retardĂ©e, sans que j’eusse ton amour ; JULIETTE. — Quel est celui qui t’a enseignĂ© la direction de cette place ? ROMÉO. — C’est l’Amour, qui m’a excitĂ© Ă  la dĂ©couvrir ; il m’a prĂȘtĂ© ses conseils, et je lui ai prĂȘtĂ© mes yeux. Je ne suis pas pilote ; cependant fusses-tu aussi Ă©loignĂ©e que le vaste rivage baignĂ© par la plus lointaine nier, je m’aventurerais pour une marchandise telle que toi.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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En ce qui concerne les impasses de la thĂ©ologie — auxquelles les incroyants ont le droit d'ĂȘtre sensibles — nous devons avoir recours Ă  la mĂ©taphysique afin d'Ă©lucider le fond du problĂšme. Les apparentes "absurditĂ©s" qu'impliquent certaines formulations s'expliquent avant tout par la tendance volontariste et simplificatrice inhĂ©rente Ă  la piĂ©tĂ© monothĂ©iste, d'oĂč a priori la rĂ©duction des mystĂšres suprĂȘmes — relevant du Principe divin suprapersonnel — au Principe divin personnel. C'est la distinction entre le Sur-Être et l'Être, ou entre la « DivinitĂ© » et « Dieu » (Gottheit et Cott) en termes eckhartiens ; ou encore, en termes vĂ©dantins : entre le Brahma « suprĂȘme » (Para-Brahtm) et le Brahnia « non-suprĂȘme » (Apara-Brahma). Or en thĂ©ologie sĂ©mitique monothĂ©iste, le Dieu personnel n'est pas conçu comme la projection du pur Absolu ; au contraire, le pur Absolu est considĂ©rĂ© — dans la mesure oĂč on le pressent — comme l'Essence de cet Absolu dĂ©jĂ  relatif qu'est le Dieu personnel ; c'est toujours celui-ci qui est mis en relief et qui est au centre et au sommet. Il en rĂ©sulte des difficultĂ©s graves au point de vue de la logique des choses, mais « inaperçues » au point de vue de la crainte et de l'amour de Dieu : ainsi, la Toute-PossibilitĂ© et la Toute-Puissance appartiennent en rĂ©alitĂ© au Sur-Être ; elles n'appartiennent Ă  l'Être que par participation et d'une façon relative et unilatĂ©rale, ce qui dĂ©charge le Principe-Être d'une certaine « responsabilitĂ© » cosmologique. En parlant, plus haut, d'apparentes « absurditĂ©s », nous avions en vue surtout l'idĂ©e d'un Dieu Ă  la fois infiniment puissant et infiniment bon qui crĂ©e un monde rempli d'imperfections et de calamitĂ©s, y compris un Enfer Ă©ternel ; seule la mĂ©taphysique peut rĂ©soudre ces Ă©nigmes que la foi impose au croyant, et qu'il accepte parce qu'il accepte Dieu ; non par naĂŻvetĂ©, mais grĂące Ă  un certain instinct de l'essentiel et du surnaturel. C'est prĂ©cisĂ©ment la perte de cet instinct qui a permis au rationalisme d'Ă©clore et de se rĂ©pandre ; la piĂ©tĂ© s'affaiblissant, l'impiĂ©tĂ© pouvait s'affirmer. Et si d'une part le monde de la foi comporte incontestablement de la naĂŻvetĂ©, d'autre part le monde de la raison manque totalement d'intuition intellectuelle et spirituelle, ce qui est autrement grave ; c'est la perte du sacrĂ© et la mort de l'esprit. Au lieu de discuter vainement sur ce que Dieu « veut » ou ne « veut pas », les thĂ©ologiens rĂ©pondent volontiers, et avec raison, par une fin de non-recevoir : qui es-tu, homme, pour vouloir sonder les motivations de ton CrĂ©ateur ? Dieu est incomprĂ©hensible, et incomprĂ©hensibles sont ses volontĂ©s ; ce qui, au point de vue de la mĂąyĂą terrestre, est la stricte vĂ©ritĂ©, et la seule vĂ©ritĂ© que l'humanitĂ© Ă  laquelle le Message religieux s'adresse, soit capable d'assimiler avec fruit. Assimilation plus morale qu'intellectuelle ; on ne prĂȘche pas le platonisme aux pĂ©cheurs en danger de perdition, pour lesquels la rĂ©alitĂ©, c'est le monde « tel qu'il est ».
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Frithjof Schuon (The Transfiguration of Man)
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Toujours tu es en moi que je te parle ou que j'Ă©coute. C'est sans doute pourquoi je te parle si peu de toi
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Franz Weyergans (Mon amour dans l'Ăźle)
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Na manhĂŁ seguinte, muito cedo, Fabrizio entrou numa igreja e, fixando o altar, disse humildemente: «Pai: nĂŁo vim pedir-te perdĂŁo nem agradecer-te. SĂł posso pedir-te perdĂŁo dos erros cometidos e, quanto Ă s minhas opçÔes, sabes que nĂŁo tenho culpa. NĂŁo vim agradecer-te. É tal a felicidade que me invade, que Ă© como se me fosse dada por um destino: nascida comigo, ou para mim, pelos sĂ©culos dos sĂ©culos. Vim aqui, Pai, testemunhar-te que ouvi a tua voz e identifiquei o teu sinal. Vim pedir-te que nĂŁo me faças indigno dele. Vim dizer-te que, ao olhar Laurent, Ă© a ti que descubro: tu jĂĄ nĂŁo Ă©s invisĂ­vel, difuso, indiferente, mas vivo, concreto, actuante, confortante. Fonte de amor: amor. Ajuda-me por isso, tu que Ă©s amor, a amar. Ajuda-me a consumir-me no amor, a nĂŁo temer o seu fogo, a nĂŁo vacilar frente ao risco e ao medo do ridĂ­culo, a nĂŁo traficar, a nĂŁo aviltar, a nĂŁo degradar, a nĂŁo corromper. Ajuda-me a distinguir o verdadeiro amor do falso amor. Ajuda-me a nĂŁo ceder Ă s emboscadas dos inimigos do amor. Ajuda-me a suportar os ataques dos padres que, do amor, sĂł conhecem o nome. Dos juizes que, com leis adulteradas, dĂŁo sentenças sobre o amor. Dos poetas, que elogiam os atributos, nĂŁo a substĂąncia, do amor. Dos moralistas, que encarceram o amor numa prisĂŁo de dogmas. Ajuda-me, tu que Ă©s amor, agora que o teu tempo chegou.» (...) A carta era esta: «Je t’ai parlĂ© de plĂ©nitude: je veux te dire maintenant ce que je vois dans tes yeux. Chacun de nous possĂ©dait un paradis qu’un jour nous avons perdu ; la nostalgie de ce paradis nous fait vivre et quelquesfois nous fait mourir. Cela, si tu veux, Laurent, c’est de la litĂ©rature ; mais, quand je te regarde dans les yeux, et que tu me regardes un instant, ce n’est pas de la litĂ©rature : C’est le temp de Dieu. En toi, je le retrouve. Et je me retrouve mois-mĂȘme. Je regardais hier soir (nous Ă©tions dans le metro) ta peau ; et je me disais : C’est ma peau. De tes mains, je disais : Ce sont mes mains. Je me sens si exaltĂ© devant cette dĂ©couverte ! Je t’aime. Je n’ai plus peur. Tu es grand et beau comme le soleil ; quand tu ris, c’est un rayon de soleil qui sort de toi. Je t’aime.»
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Carlo Coccioli (Fabrizio Lupo)
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Chudi ne mĂ©rite nulle louange ou gratitude particuliĂšres, et toi non plus d’ailleurs : vous avez tous les deux choisi de mettre un enfant au monde, et la responsabilitĂ© de cet enfant vous appartient Ă  tous les deux Ă  parts Ă©gales. Ce serait diffĂ©rent si tu Ă©tais mĂšre cĂ©libataire, que ce soit par choix ou par la force des choses, parce que tu n’aurais pas alors la possibilitĂ© de « faire les choses ensemble ». Mais tu ne devrais pas agir en « mĂšre cĂ©libataire » si tu n’en es pas rĂ©ellement une.
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Chimamanda Ngozi Adichie (Dear Ijeawele, or A Feminist Manifesto in Fifteen Suggestions)
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Je sais que t'es juste lĂ , mais... Tu me manques... C'est con, hein ?
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Sophie Lambda (Tant pis pour l'amour. Ou comment j'ai survécu à un manipulateur)
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Les souffrances de la nĂ©vrose et de la psychose sont pour nous l'Ă©cole des passions de l'Ăąme, comme le flĂ©au de la balance psychanalytique, quand nous calculons l'inclinaison de sa menace sur des communautĂ©s entiĂšres nous donne l'indice d'amortissement des passions de la citĂ©. A ce point de jonction de la nature Ă  la culture que l'anthropologie de nos jours scrute obstinĂ©ment, la psychanalyse seule reconnaĂźt ce nƓud de servitude imaginaire que l'amour doit toujours redĂ©faire ou trancher. Pour une telle Ɠuvre, le sentiment altruiste est sans promesse pour nous, qui perçons Ă  jour l'agressivitĂ© qui sous-tend l'action du philanthrope, de l'idĂ©aliste, du pĂ©dagogue, voire du rĂ©formateur. Dans le recours que nous prĂ©servons du sujet au sujet, la psychanalyse peut accompagner le patient jusqu'Ă  la limite extatique du "Tu es cela", oĂč se rĂ©vĂšle Ă  lui le chiffre de sa destinĂ©e mortelle, mais il n'est pas en notre seul pouvoir de praticien de l'amener Ă  ce moment oĂč commence le vĂ©ritable voyage.
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Jacques Lacan
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Tout ce que tu dis est peut-ĂȘtre juste, Stan. Mais les Ă©crivains africains ne l’ignorent pas. Ce sont des ĂȘtres humains, pas des hĂ©ros politiques ou des idĂ©ologues. Tout Ă©crivain devrait pouvoir Ă©crire librement ce qu’il veut, oĂč qu’il soit, quelles que soient son origine ou sa couleur de peau. La seule chose Ă  exiger des Ă©crivains, africains ou inuits, c’est d’avoir du talent. Tout le reste, c’est de la tyrannie. Des conneries. Stan me regarda quelques secondes, un sourire de commisĂ©ration aux lĂšvres. Je savais ce qu’il s’apprĂȘtait Ă  dire, et ce fut exactement ce qu’il fit un instant plus tard : « Tu es naĂŻf.
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Mohamed Mbougar Sarr (La Plus SecrĂšte MĂ©moire des hommes)
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Primo, je ne vais mĂȘme pas te demander comment tu es au courant des points de vue de mon pĂšre, nouveaux ou anciens. Secundo, n’aborde pas le sujet de ma mĂšre quand on parle d’autre chose, d’accord ? Ça risque de mal se terminer pour toi. Il avait vraiment le don de toujours appuyer lĂ  oĂč ça faisait mal. — De quoi as-tu peur ? insista-t-il. Tu en as bavĂ© dans la vie. Et particuliĂšrement en ce qui concerne ta mĂšre. Les gens vont voir des psys pour moins que ça. Pourquoi es-tu si rĂ©fractaire Ă  cette idĂ©e
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Michelle Gable (L'appartement oublié)
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Achats Il me semblait, le souvenir est tellement clair Que j’étais dans un grand magasin alimentaire SaturĂ© de byzantines effluves : Vanille, cannelle, olives. Un magasin comme une citĂ© autour Mais perdu dans le clair-obscur. Palpitaient de temps en temps des lumiĂšres Venant du rayon des denrĂ©es Ă©trangĂšres Vers les boutiques secondaires Avec du linge et des lampadaires quand, a travers la vitre souillĂ©e, Je t’ai vue mĂ©langer une sorte de pĂątĂ©e, Pour assaisonner les harengs ou maquereaux Et soudainement je suis tombĂ© amoureux. Alors tu as souri avec les paupiĂšres, Tu as touchĂ© des soupapes lĂ©gĂšres, Tu as rangĂ© les boites de conserves de goujon, Tu as secouĂ© tes mĂšches, essuyĂ© tes mains au blouson Et devant moi tu es venue. T’étais petite, le regard un peu embu, Tu te tenais, pieds nus et toute rose, Comme dans les photos d’enfance on gardait la pose Et tu m’as dit que mĂȘme si pour moi seul vivais Dans des chambres, magasins, ou tramways, Il ne sera rien de pareil, jamais Car mon ĂȘtre entier Ă©tait changĂ© Et peut-ĂȘtre il ne te reste souvenance Des temps heureux vĂ©cus Ă  l’Assistance La façon dont ensemble on se gaussait En sortant nos doigts de la couette matelassĂ©e. Alors vers les manufactures je me suis tournĂ© Et acheter plein de choses j’ai commencĂ© Sans aucun choix, sans logique, En souvenir des saisons devenues Ă©piques. * traduit du roumain par Cindrel Lupe
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Leonid Dimov
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Bouts de soie Je fus l'ami de toutes les solitudes. J'allumais les lampes parmi les errants. Le soir je prenais un peu de thĂ©, ou mĂȘme pas. Les chemins se sont resserrĂ©s dans le passé– et voici venir l'oubli. Tout est comme cela fut un jour : choses auxquelles je ne puis donner un nom. Jeune fille aux cheveux emmĂȘlĂ©s de fĂ©erie, n'essayons plus de nous souvenir. En automne les cirques partaient. Les femmes vendaient pour nous de la marjolaine. ObscuritĂ© favorable aux monts-de-piĂ©tĂ©, le vent fait encore des culbutes et des papillons. NaguĂšre tu me montrais un Ă©cureuil menu comme une patate et nous nous effilochions au grĂ© des spectres. Les gens savent quelque chose qu'ils ne disent pas. Que fait l'eau dans laquelle tu as secouĂ© tes brumes ? Par les herbes et les saisons humides, les cendres confondent leurs saints. Le soir est venu comme un chien des montagnes, pour lĂ©cher nos mains brĂ»lantes. Tu es toujours mon amour et j'entends encore la lune serpenter entre les murs. Oh ! Si seulement nous Ă©tions demeurĂ©s en imagination comme les batailles sur les panoplies
 La vie fĂ»t toujours comme ne devrait pas ĂȘtre la vie. (p. 15)
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Ion Caraion (La neige qui jamais ne neige et autres poĂšmes)
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Faveur Petits signes de peur favorite
 Une voix crie
 Qui es-tu, masque et habit De charogne, ou harmonie sémite ? Autour de moi les tableaux telles des pages D'un livre noir de mers. En moi tu navigues, et sur le ciel Aux yeux de tanagra amers. Le soleil mord... FrÚre, le pied Fond sur l'asphalte. Je pleure et jette dans l'air blanc La mémoire vers la limpidité.
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Miron Kiropol (Dieu me doit cette perte/Dumnezeu ßmi datorează această pierdere)
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– Qu'est-ce que la Philosophie, maman ? – Je n'ai jamais entendu ce mot. Une herbe mĂ©dicinale ? – Un jeune homme me l'a dit qui sait lire et Ă©crire. Il dit l'aimer plus que lui-mĂȘme. – Alors c'est une femme, une Ă©trangĂšre, une Turque ou pire, une juive. Une infĂąme ! – Il dit qu'il l'aime plus que la richesse. – Alors, elle est trĂšs belle et trĂšs licencieuse
 – Il dit qu'elle vivra en lui Ă©ternellement
 – Elle est donc trĂšs experte, pour mieux le sĂ©duire
 Et toi, comment le connais-tu ce jeune homme ? – Je l'ai vu par hasard une seule fois
 – Bien ! Ce n'est pas l'un des nĂŽtres
 – Et moi, pourquoi je n'Ă©cris pas ? – Parce que les pauvres n'ont pas besoin d'Ă©crire
 – Et pourquoi je ne lis pas ? – Pareil. Tu n'es qu'une femme ! Ce n'est pas la peine

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Claudia Patuzzi (La Rive interdite)
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Donc, dĂšs qu'une image viendra te troubler l'esprit, pense Ă  te dire : « Tu n'es qu'image, et non la rĂ©alitĂ© dont tu as l'apparence. » Puis, examine-la et soumets-la Ă  l'Ă©preuve des lois qui rĂšglent ta vie : avant tout, vois si cette rĂ©alitĂ© dĂ©pend de nous ou n'en dĂ©pend pas ; et si elle ne dĂ©pend pas de nous, sois prĂȘt Ă  dire : « Cela ne me regarde pas. »
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EpictĂšte
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N'oublie jamais ce que tu es, car le monde ne l'oubliera pas. Puise lĂ  ta force, ou tu t'en repentiras comme d'une faiblesse. Fais-t'en une armure, et nul ne pourra l'utiliser pour te blesser.
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George R.R. Martin (A Game of Thrones (A Song of Ice and Fire, #1))
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— Remy, nous ne pouvons pas dĂ©cider la façon dont les autres nous perçoivent. Les Ă©tiquettes qu’ils veulent nous attribuer. Mais nous pouvons nous montrer Ă  nous-mĂȘmes que nous savons qui nous sommes. Tu te connais mieux que personne d’autre. Tu es un cadeau. Tu es toi, et ça n’a pas besoin d’explications ou d’étiquettes.
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Julian Winters (How to Be Remy Cameron)
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— Pour ceux qui comptent, nous serons une source d’inspiration, un meilleur ami, ou l’amour de leur vie. Ce sont ces Ă©tiquettes-lĂ  qui sont importantes. Et ne laisse pas les autres t’empĂȘcher d’ĂȘtre fier de ce que tu es, de ta race, de ton orientation sexuelle, peu importe. Ils ne t’ont pas donnĂ© cette fiertĂ©, ils n’ont aucun droit de te la retirer.
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Julian Winters (How to Be Remy Cameron)
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Quand la tristesse s'est rendue maĂźtresse de tes instants et qu'elle t'accompagne non seulement dans le contenu du temps, mais aussi dans tes pressentiments d'Ă©ternitĂ©, quand elle compose la matiĂšre de tes sensations, fortes ou flottantes, il en va comme si, depuis les origines jusqu'Ă  aujourd'hui, toi seul en avais jamais fait l'expĂ©rience, comme si elle t'avait attendu, lourde des siĂšcles qui l'ont ignorĂ©e, pour Ă  travers toi remplir l'univers et le vouer au deuil. Et quand bien mĂȘme tu saurais combien d'esprits, combien d'Ăąmes elle a empoisonnĂ©s et parĂ©s, tu ne saurais y trouver aucune consolation. Toi qui dĂ©couvres toute chose Ă  travers elle, tu lui confĂšres, sans le vouloir, l'Ă©tendue et la valeur du monde. Et puis ce ne sont pas les autres qui te l'ont rĂ©vĂ©lĂ©e, il n'est pas d'apprentissage de la tristesse, ni de maĂźtres susceptibles de l'enseigner : ta propre nature lui a donnĂ© consistance Ă  partir du non-dit de tes inhibitions, toi qui es vouĂ© Ă  ne prendre part Ă  rien de ce qui semble exister.
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Emil M. Cioran (Razne)
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Personne ne sait ton nom ni d’oĂč tu viens. Tu n’as mĂȘme pas un sobriquet, mĂ©chant ou sympathique. Ni de chien ou de chat pour te tenir compagnie. Tu n’es qu’un fantĂŽme sans prĂ©nom, une silhouette morte, une ombre creuse qui se traĂźne sur les trottoirs
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Abdelkader DjemaĂŻ (Un moment d'oubli (CADRE ROUGE) (French Edition))
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Tu ne contrĂŽles pas les choses qui arrivent, pire, tu n’es mĂȘme pas capable de savoir si elles sont bonnes ou mauvaises.
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Giuliano da Empoli (Le Mage du Kremlin)
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Autrefois tu pensais comme moi, ou presque, comme nous tous. Il n'est pas facile de se transformer, il faut rejeter tout ce que l'on a Ă©tĂ©, ce que l'on a appris et acquis, toutes ses habitudes. Mais toi tu t'es transformĂ©, entiĂšrement. C'est comme si tu avais rĂ©appris Ă  marcher, Ă  balbutier tes premiĂšres paroles, Ă  te crĂ©er de nouvelles habitudes. La raison devait ĂȘtre trĂšs importante.
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Meơa Selimović (Death and the Dervish)
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— Ce que je veux dire, c’est que tu en as dĂ©couvert un peu plus sur toi-mĂȘme. Tu le fais tout le temps. La vie est un voyage, Rembrandt. Tu n’en connais rien, Ă  dix-sept ans. Ou mĂȘme quand tu es adulte. En fait, je pense que, quand tu sais enfin qui tu es, l’univers arrĂȘte l’horloge et c’est la fin du voyage.
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Julian Winters (How to Be Remy Cameron)
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Il Ă©tait passĂ© la voir le lendemain et avait bu une biĂšre sans mĂȘme s'asseoir, pire que froid, un Ă©tranger. Jenn avait compris. Elle Ă©tait de toute façon de ces femmes qui doivent toujours comprendre, les colĂšres et les lĂąchetĂ©s, se trimballer les gosses et torcher les vieux, ĂȘtre toujours moins bien payĂ©e et dire amen. De mĂšre en mĂšre, c'Ă©tait comme ça. - Mais toi, t'as envie de quoi ? avait tout de mĂȘme demandĂ© Greg. - Je sais pas. Ce qui signifiait Ă  l'Ă©vidence qu'elle envisageait moyennement de se dĂ©barrasser de l'avenir qui lui poussait dans le ventre. Le pĂšre de Bilal s'Ă©tait cassĂ© depuis longtemps et elle en avait bavĂ© pour refaire sa vie, entre ses journĂ©es Ă  rallonge et son gosse qui n'Ă©tait pas si facile. Elle avait tenu bon, farouche et souriante, sans jamais renoncer toutefois Ă  la possibilitĂ© d'une vie Ă  deux, la seule envisageable Ă  ses yeux. Dans ce domaine, elle n'avait pas tellement de prĂ©tentions d'ailleurs, et sur l'amour, plus guĂšre d'illusions. Il n'Ă©tait plus question pour elle de coup de foudre ni de passion pied au plancher, le cƓur Ă  cent Ă  l'heure et les mains moites. LĂ -dessus, Hollywood et la collection Harlequin pouvaient aller se faire mettre. À trente-deux ans, Jennifer ne se racontait plus d'histoire. Elle avait eu dans sa vie des gentils garçons et des intĂ©rimaires fumeurs de pet', des allumĂ©s de la console, des brutaux ou des zombies comme le pĂšre de Bilal qui pouvait passer des heures devant la tĂ©lĂ© sans dire un mot. Elle avait eu des mecs qui la baisaient vite et mal Ă  deux heures du mat sur le parking d'un quelconque Papagayo. Elle avait Ă©tĂ© amoureuse et trompĂ©e. Elle avait trompĂ© et s'en Ă©tait voulu. Elle avait passĂ© des heures Ă  chialer comme une conne dans son oreiller pour des menteurs ou des jaloux. Elle avait eu quinze ans, et comme n'importe qui, sa dose de lettes et de flirts hĂ©sitants. On lui avait tenu la main, on l'avait emmenĂ©e au cinĂ©. On lui avait dit je t'aime, je veux ton cul, par texto et Ă  mi-voix dans l'intimitĂ© d'une chambre Ă  coucher. À prĂ©sent, Jenn Ă©tait grande. Elle savait Ă  quoi s'en tenir. L'amour n'Ă©tait pas cette symphonie qu'on vous serinait partout, publicitaire et enchantĂ©e. L'amour c'Ă©taient des listes de courses sur le frigo, une pantoufle sous un lit, un rasoir rose et l'autre bleu dans la salle de bains. Des cartables ouverts et des jouets qui trainent, une belle-mĂšre qu'on emmĂšne chez le pĂ©dicure pendant que l'autre va porter de vieux meubles Ă  la dĂ©chetterie, et tard le soir, dans le noir, deux voix qui se rĂ©chauffent, on les entend Ă  peine, qui disent des choses simples et sans relief, il n'y a plus de pain pour le petit-dĂ©jeuner, tu sais j'ai peur quand t'es pas lĂ . Mais justement, je suis lĂ . Jenn n'aurait pas su le dire avec des mots, mais tout cela, elle le savait de source sĂ»re.
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Nicolas Mathieu (Connemara)
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Je regarde : pas une de ces collines autour de moi qui ne se peuple d’anciennes prĂ©sences oĂč je puisais chaque fois la mĂȘme angoisse et le mĂȘme apaisement. [
] Un seul appel et les voici tous autour de moi, ces hommes qu’au long des annĂ©es j’ai rejoints dans leur solitude passagĂšre pour les mieux interroger sous la vivante lumiĂšre des saisons. « Qui es-tu ? » demandais-je au faucheur, au laboureur, au herseur, au moissonneur, Ă  demi submergĂ© d’épis — ces taches au loin blanches, fauves, ou bleues perdues dans l’immense paysage — et tous Ă  ma question silencieuse ont donnĂ© la rĂ©ponse la plus simple, la plus belle qui se puisse : « Je suis ». Mais avec eux le pays tout entier rĂ©pondait aussi et sa rĂ©ponse Ă©tait la mĂȘme. Car je le sais enfin, un perpĂ©tuel et profond Ă©change le lie Ă  chacun d’eux. Le ciel d’aoĂ»t se fanerait comme une fleur de lin s’il ne reprenait vie Ă  leur regard, le vent retomberait comme un oiseau mort s’il ne devenait leur souffle. (« Campagne perdue », in « Écrits », vol. 3, 1978, pp. 196 - 198)
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Gustave Roud
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Une personne en rĂ©action n'est pas centrĂ©e, ne se trouve pas dans son cƓur et ne peut pas ĂȘtre bien ou heureuse. VoilĂ  pourquoi il est si utile d'ĂȘtre conscient des moments oĂč tu es toi-mĂȘme ou en rĂ©action. Ce faisant, il devient possible pour toi de devenir maĂźtre de ta vie au lieu de te laisser diriger par tes peurs.
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Lise Bourbeau (Les 5 Blessures qui empĂȘchent d'ĂȘtre soi-mĂȘme)
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Ne m'Ă©crivez plus qu'une fois par semaine, et de telle sorte que je reçoive votre lettre le dimanche. Car je dois vous le dire, je ne supporte pas vos lettres quotidiennes, je ne suis pas en Ă©tat de les supporter. Je rĂ©ponds pas exemple Ă  votre lettre et ensuite, je suis apparemment bien tranquille dans mon lit, mais des palpitations me traversent tout le corps et mon cƓur ne connaĂźt que vous. VoilĂ  pourquoi je ne veux point savoir que tu es bien disposĂ©e pour moi; car alors pour quelle raison, fou que je suis, restai-je Ă  mon bureau ou chez moi, au lieu de me jeter dans le train les yeux fermĂ©s pour ne les rĂ©ouvrir que lorsque je serai prĂšs de toi. Vraiment j'ai parfois l'impression de me repaitre comme un fantĂŽme de ton nom porte-bonheur. mais maintenant y'a-t-il une solution de paix? A quoi bon ne plus nous Ă©crire qu'une fois par semaine. non, il serait bĂ©nin le mal que l'on pourrait supprimer par de telles moyens et je le prĂ©vois ces lettres du dimanche, je ne pourrai pas non plus les supporter. C'est pourquoi voulant rĂ©parer ce que je nĂ©gligeais samedi, je t'en prie avec la force qui faiblit dĂ©jĂ  un peu a la fin de cette lettre renonçons Ă  tout cela, si nous tenons a notre vie. Aurai-je eu l'intention de me dire “tien“ en signant, rien ne serait plus faux. Non, Je suis mien et Ă©ternellement liĂ© Ă  moi, voilĂ  ce que je suis, et il faut que je tache de m'en accommoder.
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Franz Kafka (Letters to Felice)
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Ne m'Ă©crivez plus qu'une fois par semaine, et de telle sorte que je reçoive votre lettre le dimanche. Car je dois vous le dire, je ne supporte pas vos lettres quotidiennes, je ne suis pas en Ă©tat de les supporter. Je rĂ©ponds pas exemple Ă  votre lettre et ensuite, je suis apparemment bien tranquille dans mon lit, mais des palpitations me traversent tout le corps et mon cƓur ne connaĂźt que vous. VoilĂ  pourquoi je ne veux point savoir que tu es bien disposĂ©e pour moi; car alors pour quelle raison, fou que je suis, restai-je Ă  mon bureau ou chez moi, au lieu de me jeter dans le train les yeux fermĂ©s pour ne les rĂ©ouvrir que lorsque je serai prĂšs de toi. Vraiment j'ai parfois l'impression de me repaitre comme un fantĂŽme de ton nom porte-bonheur. mais maintenant y'a-t-il une solution de paix? A quoi bon ne plus nous Ă©crire qu'une fois par semaine. non, il serait bĂ©nin le mal que l'on pourrait supprimer par de telles moyens et je le prĂ©vois ces lettres du dimanche, je ne pourrai pas non plus les supporter. C'est pourquoi voulant rĂ©parer ce que je nĂ©gligeais samedi, je t'en prie avec la force qui faiblit dĂ©jĂ  un peu a la fin de cette lettre renonçons Ă  tout cela, si nous tenons a notre vie. Aurai-je eu l'intention de me dire "tien" en signant, rien ne serait plus faux. Non, Je suis mien et Ă©ternellement liĂ© Ă  moi, voilĂ  ce que je suis, et il faut que je tache de m'en accommoder.
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Franz Kafka (Letters to Felice)
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Ne m'Ă©crivez plus qu'une fois par semaine, et de telle sorte que je reçoive votre lettre le dimanche. Car je dois vous le dire, je ne supporte pas vos lettres quotidiennes, je ne suis pas en Ă©tat de les supporter. Je rĂ©ponds pas exemple Ă  votre lettre et ensuite, je suis apparemment bien tranquille dans mon lit, mais des palpitations me traversent tout le corps et mon cƓur ne connaĂźt que vous. VoilĂ  pourquoi je ne veux point savoir que tu es bien disposĂ©e pour moi; car alors pour quelle raison, fou que je suis, restai-je Ă  mon bureau ou chez moi, au lieu de me jeter dans le train les yeux fermĂ©s pour ne les rĂ©ouvrir que lorsque je serai prĂšs de toi. Vraiment j'ai parfois l'impression de me repaitre comme un fantĂŽme de ton nom porte-bonheur. mais maintenant y'a-t-il une solution de paix? A quoi bon ne plus nous Ă©crire qu'une fois par semaine. non, il serait bĂ©nin le mal que l'on pourrait supprimer par de telles moyens et je le prĂ©vois ces lettres du dimanche, je ne pourrai pas non plus les supporter. C'est pourquoi voulant rĂ©parer ce que je nĂ©gligeais samedi, je t'en prie avec la force qui faiblit dĂ©jĂ  un peu a la fin de cette lettre renonçons Ă  tout cela, si nous tenons a notre vie. Aurai-je eu l'intention de me dire "tien" en signant, rien ne serait plus faux. Non, Je suis mien et Ă©ternellement liĂ© Ă  moi, voilĂ  ce que je suis, et il faut que je tache de m'en accommoder.
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”
Franz Kafka
“
rallumant une nouvelle clope. Tu ne m’as pas toujours respectĂ© pourtant
 — Mais non
 mais
 pour
 pourquoi
 vous
 tu
 mais qu’est-ce que je t’ai fait, bon sang ! Vouvoiement, tutoiement, sacrĂ© dilemme dans son crĂąne de piaf. C’est au moins la cinquiĂšme fois qu’il me pose la question et il ne sait toujours pas comment s’y prendre. Finalement, ça m’amuse de le voir jouer les Ă©quilibristes. Moi, je n’hĂ©site pas un seul instant. Tutoiement. C’est bon, ça fait un an que je lui balance du « vous » Ă  toutes les sauces, que je suis Ă  ses petits soins, que dis-je, que je m’agenouille devant lui comme un serf devant son suzerain. Alors maintenant, on arrĂȘte la comĂ©die, c’est fini. On joue d’égal Ă  Ă©gal. Si nous avions Ă©tĂ© deux personnes raisonnables, nous nous serions attablĂ©s autour de son bureau, nous aurions discutĂ© de nos diffĂ©rends et peut-ĂȘtre, je dis bien peut-ĂȘtre, serions-nous arrivĂ©s Ă  un accord. Mais lĂ , au vu des circonstances et de tout ce qui nous sĂ©pare, il n’y a plus de discussion possible. J’ai choisi mon camp. Je serai le dominant et lui le dominĂ©. Les rĂŽles sont donc changĂ©s. — Qu’est-ce que tu m’as fait ? m’indignĂ©-je en recrachant la fumĂ©e de ma tige sur son visage. Non, mais tu te fous de moi ? Ça fait un an que tu me pourris la vie ! Douze mois consĂ©cutifs, bordel de merde ! — Je
 je ne vous ai pas
 je ne t’ai pas pourri la vie ! Jamais ! Vous
 tu
 tu sais que tu vas au-devant de graves ennuis ? Adam a tout entendu et lĂ , il est parti donner l’alerte. Les forces d’intervention vont arriver ici d’une minute Ă  l’autre ! Tu ne sais pas dans quel pĂ©trin tu t’es fourrĂ©, mon pauvre ami. Alors le mieux pour toi, c’est que tu me dĂ©taches de ce fauteuil et que l’on oublie rapidement cette histoire ! La sonnerie du tĂ©lĂ©phone stoppe subitement ses « conseils avisĂ©s ». J’hĂ©site un instant. Je n'ai pas forcĂ©ment envie de dĂ©crocher et Ă  vrai dire, j'ai une vague idĂ©e de la personne qui se trouve derriĂšre le combinĂ©, mais comme je suis de nature curieuse, je dĂ©cide tout de mĂȘme d'en savoir un peu plus. Deux secondes aprĂšs avoir rĂ©pondu « allÎ », j’arrache violemment le fil qui relie le tĂ©lĂ©phone Ă  la prise murale et envoie valdinguer l’appareil Ă  l’autre bout de la piĂšce. Fin de la discussion. — C’est bien ce que je pensais
 un nĂ©gociateur. — Tu aurais dĂ» Ă©couter ce qu’il avait Ă  te dire, reprend l’autre empaffĂ© en me gratifiant d’un sourire qui pue la haine. Maintenant, c’est sĂ»r que tu vas devoir te coltiner le RAID. Et crois-moi, ça va te coĂ»ter cher ! Ils sont sans pitiĂ© avec les preneurs d’otage
 Non vraiment, Adam a fait du bon boulot. Je suis fier de
 Un mollard gros comme une balle de 22 Long Rifle fuse alors sur son visage. Façon de lui signifier qu’il peut d’ores et dĂ©jĂ  la mettre en sourdine. Adam, c’est le veilleur de nuit de la tour. Je ne le connais pas bien. La seule chose que je peux dire sur lui, c’est que je le croise plus souvent que ma femme et mon fils
 À mon grand dĂ©sarroi. Je lui rĂ©torque quand bien mĂȘme : — Ces graves ennuis comme tu dis si bien, je ne les ai eus qu’avec toi ! Alors tu sais, les flics peuvent descendre en rappel par les fenĂȘtres ou balancer des lance-roquettes sur cette tour de merde, ce ne sera que de la roupie de sansonnet Ă  cĂŽtĂ© de ce que j’ai subi ! Tiens, prends ça ! Clac ! Cette baffe est douloureuse. Je le vois Ă  sa grimace. C’est vrai que je ne l’ai pas ratĂ©. Ça fait deux heures que je suis sur lui Ă  viser sa joue rougie par le feu de mes allers-retours, alors forcĂ©ment, Ă  un moment donnĂ© on attrape le coup de main. Je craque mes phalanges pour lui faire comprendre
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Thierry Vernhes (FrĂšres de sang - Nouvelle (French Edition))
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Nul ne peut imaginer le nombre de fois oĂč il faut dĂ©clarer ĂȘtre veuf une fois que l'on est veuf, pour rĂ©gler le juste-aprĂšs, pour lĂ©galiser l'encore-aprĂšs, pour justifier le maintenant, alors qu'il n'existe aucune case Ă  cocher pour dire que l'on a perdu un enfant. On peut ĂȘtre parricide, infanticide, on peut ĂȘtre orphelin de pĂšre ou de mĂšre, mais il n'existe mĂȘme pas de mot pour nommer ce que tu es prĂ©cisĂ©ment. Orphelin de ton fils.
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Fabien Maréchal (Plus personne pour aujourd'hui)
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Pourquoi Le Desk utilise un pseudo pour signer certains de ses articles et pour celui-ci en particulier ? Comme toutes les rĂ©dactions qui n’ont pas plĂ©thore de journalistes, notre publication en a recours de temps Ă  autres et pour diverses raisons qui ont trait par exemple Ă  la protection des sources que l’on pourrait retracer par la proximitĂ© avec l’auteur ou pour ne pas prĂȘter Ă  confusion lorsque l’auteur est partie prenante de son sujet. En journaliste vĂ©tĂ©ran que tu es, tu connais cette rĂšgle par cƓur. Tu es Ă  ce titre trĂšs mal placĂ© pour me l’opposer, toi qui en faisais usage Ă  satiĂ©tĂ© sur Demain Online. J’ai Ă  ce titre signĂ© quelques papiers dans ton canard sous pseudo sans ce que cela ne t’offusque, au contraire. Je te rappelle aussi que tu as signĂ© toi-mĂȘme, pas un, pas deux, pas trois, mais tous tes articles dans Zamane de la mĂȘme maniĂšre. Tu avais bien une raison lĂ©gitime pour le faire, non ? Je ne dĂ©voilerai pas ton pseudo, par respect au code de conduite journalistique Ă  tenir dans ce sens, je dirais juste cependant que cela ne te pose aucun problĂšme de conscience de collaborer Ă  ce magazine qui m’a Ă©tĂ©, et tu le sais trĂšs bien, spoliĂ© par son promoteur dans des conditions innommables, et qui lui pour le coup, barbote en eaux troubles jusqu’au cou depuis qu’il a embrassĂ© cette profession. May 7 - Facebook Post
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Ali Amar
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Mon pÚre suppliait du regard; il demandait encore une heur, encore quelques minutes, il avait encore quelque chose à me dire -je demande que ton pardon me soit accordé... AprÚs celui qui possÚde mon ame pourra l'emporter ou il veut, dans ses jardin fleuris, dans ses riviÚres paisibles, ou la jeter dans le cratÚre d'un volcan. mais avant, accorde-moi la grùce de l'oublie. c'est cela le pardon, tu es libre à présent. va-t'en, quitte cette maison maudite, fais des voyages, vis!... vis! ... et ne retourne pas pour voir le désastre que je laisse. oublie et prends le temps de vivre... oublie cette ville... en cette nuit j'ai su que ton déstin serais meilleurs que celui de toutes les femmes de ce pays. je suis lucide, je n'invente rien. je vois ton visage auréollé d'une lumiÚre extraordinaire. tu viens de naitre, cette nuit... tu es une femme... laisse ta beauté te guider. il n'y a plus rien à craindre. la nuit du destin te nome Zahra, enfant de l'éternité tu ees le temps qui se maintient dans le versant du silence... sur le sommet du feu ...parmi les arbres... c'est toi que je vois ma fille c'est toi qui me tend la main Mon pÚre suppliait du regard; il demandait encore une heur, encore quelques minutes, il avait encore quelque chose à me dire -je demande que ton pardon me soit accordé... AprÚs celui qui possÚde mon ame pourra l'emporter ou il veut, dans ses jardin fleuris, dans ses riviÚres paisibles, ou la jeter dans le cratÚre d'un volcan. mais avant, accorde-moi la grùce de l'oublie. c'est cela le pardon, tu es libre à présent. va-t'en, quitte cette maison maudite, fais des voyages, vis!... vis! ... et ne retourne pas pour voir le désastre que je laisse. oublie et prends le temps de vivre... oublie cette ville... en cette nuit j'ai su que ton déstin serais meilleurs que celui de toutes les femmes de ce pays. je suis lucide, je n'invente rien. je vois ton visage auréollé d'une lumiÚre extraordinaire. tu viens de naitre, cette nuit... tu es une femme... laisse ta beauté te guider. il n'y a plus rien à craindre. la nuit du destin te nome Zahra, enfant de l'éternité tu ees le temps qui se maintient dans le versant du silence... sur le sommet du feu ...parmi les arbres... c'est toi que je vois ma fille c'est toi qui me tend la main
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Tahar Ben Jelloun
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Mon pÚre suppliait du regard; il demandait encore une heur, encore quelques minutes, il avait encore quelque chose à me dire -je demande que ton pardon me soit accordé... AprÚs celui qui possÚde mon ame pourra l'emporter ou il veut, dans ses jardin fleuris, dans ses riviÚres paisibles, ou la jeter dans le cratÚre d'un volcan. mais avant, accorde-moi la grùce de l'oublie. c'est cela le pardon, tu es libre à présent. va-t'en, quitte cette maison maudite, fais des voyages, vis!... vis! ... et ne retourne pas pour voir le désastre que je laisse. oublie et prends le temps de vivre... oublie cette ville... en cette nuit j'ai su que ton déstin serais meilleurs que celui de toutes les femmes de ce pays. je suis lucide, je n'invente rien. je vois ton visage auréollé d'une lumiÚre extraordinaire. tu viens de naitre, cette nuit... tu es une femme... laisse ta beauté te guider. il n'y a plus rien à craindre. la nuit du destin te nome Zahra, enfant de l'éternité tu ees le temps qui se maintient dans le versant du silence... sur le sommet du feu ...parmi les arbres... c'est toi que je vois ma fille c'est toi qui me tend la main
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Tahar Ben Jelloun (L'enfant de sable / La nuit sacrée)
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Tu es grand quand tu trouves ton plaisir dans le ciel bleu, dans le chevreuil, dans la rosée, dans la musique, dans la danse, quand tu admires tes enfants qui grandissent, la beauté du corps de ta femme ou de ton mari; quand tu te rends au planétarium pour étudier les astres, quand tu lis à la bibliothÚque ce que d'autres hommes et femmes ont écrit sur la vie.
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Wilhelm Reich (Listen, Little Man!)
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Je lui jetai un regard dĂ©daigneux. - Est-ce que tu rĂ©alises que tu n'es pas dans ton Ă©tat normal ? Que des Ă©motions, des sentiments submergent ton esprit et te rendent complĂštement irrationnel ? - Pourquoi ? Parce que je veux chĂątier un parjure et un traĂźtre ? cracha-t-il. - Non. Parce que tu es sous l'emprise de la jalousie. - c'est ridicule, un vampire de mon Ăąge ne ... Je levai la main pour l'interrompre. - Ah non ? Alors comment expliques-tu l'insanitĂ© de ton comportement ? RĂ©flĂ©chis une seconde, RaphaĂ«l. Tu m'as dit qu'Ă  mon contact, tu retrouverais petit Ă  petit tes Ă©motions humaines, tes sentiments... pourquoi la jalousie n'en ferait-elle pas partie ? Puis soudain il se tut et ses yeux s'Ă©carquillĂšrent comme s'il venait d'avoir une rĂ©vĂ©lation. - Non, ce n'est pas possible, je ne peux pas... ce n'est pas... enfin je ne ressens pas... Il respira profondĂ©ment, planta ses yeux de nacre dans les miens et les tremblements qui me secouaient un peu plus tĂŽt cessĂšrent brutalement. - C'est douloureux, dit-il. Je hochai la tĂȘte. - Oui. Les Ă©motions sont douloureuses. C'est pour cette raison qu'on apprend trĂšs tĂŽt aux Vikaris Ă  ne rien ressentir. On ne peut possĂ©der un pouvoir comme le nĂŽtre en se laissant guider par elles ou par ses impulsions, c'est trop dangereux. - Je suis un maĂźtre en matiĂšre de contrĂŽle, toutes mes dĂ©cisions sont rationnelles et rĂ©flĂ©chies, fit-il d'un ton aigre. Je levai les yeux au ciel. - Comment Ă©tais-tu quand tu Ă©tait humain ? Je veux dire, Ă©tais-tu impulsif, possessif, violent... ? Ses pupilles blanches reprirent leur couleur bleutĂ©e. - Le vampire a effacĂ© l'homme depuis trop longtemps pour que je puisse m'en souvenir, Rebecca. - Eh bien je t'annonce que "l'homme" comme tu dis, est en train de pointer son nez Ă  nouveau, qu'il a un caractĂšre Ă©pouvantable, des tendances homicides et qu'il ne supporte pas que quelqu'un essaie de piquer sa petite amie, raillai-je.
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Cassandra O'Donnell (Pacte de sang (Rebecca Kean, #2))
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A un moment dans ta vie, tu as choisi de "ne pas ĂȘtre heureux". Ce n'est pas parce que tu es nĂ© dans un milieu malheureux ou que tu t'es retrouvĂ© dans une situation malheureuse. C'est que tu as jugĂ© que "ne pas ĂȘtre heureux" t'apporterait quelque chose.
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Fumitake Koga (The Courage to Be Disliked: How to Free Yourself, Change your Life and Achieve Real Happiness)
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On sent la différence si tu es en train de danser avec le personnage ou si tu regardes son corps danser. C'est un langage visuel. Si la cause des femmes t'intéresse, ton objectif le montrera.
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Iris Brey (Le regard féminin - Une révolution à l'écran)
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Qu’on soit juif ou arabe, on n’a plus le choix qu’entre la haine de l’autre et la haine de soi. Et si tu as le malheur d’ĂȘtre nĂ©, comme moi, Ă  la fois arabe et juif, alors tu n’existes tout simplement pas, tu n’as mĂȘme pas le droit d’avoir existĂ© ; tu n’es qu’un malentendu, une confusion, une mĂ©prise, une fausse rumeur que l’Histoire s’est dĂ©jĂ  chargĂ©e de dĂ©mentir.
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Amin Maalouf (Ű§Ù„ŰȘŰ§ŰŠÙ‡ÙˆÙ†)
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S'il est qu'une chose que tu devrais connaßtre, ce sont les arts plastiques. [...] Regarde bien et tu constateras que telle que tu es (ton visage, ton corps, ton cÎté pile ou ton cÎté face), un jour, quelque part, tu as été un modÚle de beauté.
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HĂ©ctor Abad Faciolince (Tratado de culinaria para mujeres tristes)
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– Parce que tu crois que c’est mon ex-petit-ami ? Ou que j’ai envie de me le taper ? Est-ce que ça veut dire que maintenant que tu es un homme mariĂ©, tu vas arrĂȘter de voir toutes tes anciennes maĂźtresses ? demanda Elianor avec une naĂŻvetĂ© exagĂ©rĂ©e. Et avant mĂȘme que Tristan n’ait le temps de rĂ©pondre, elle repartit en fou rire. – Ah mais, suis-je bĂȘte ! enchaĂźna-t-elle en se frappant le front avec la paume de la main. Ce serait synonyme de ne plus adresser la parole Ă  la totalitĂ© de la gent fĂ©minine, je me trompe ? – Est-ce une pointe de jalousie que je perçois dans ta voix ? se moqua-t-il. – Pas du tout, c’est de la fatalitĂ©.
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Elisia Blade (Séduire & Conquérir (Crush Story #5))
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Et je ne veux pas savoir qui elle est, ni mĂȘme qui tu es. Et je ne veux pas discuter de sociologie. Je veux baiser. DĂ©shabille-toi ou retourne dans ta chambre.
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Stieg Larsson (The Girl Who Kicked the Hornet’s Nest (Millennium, #3))
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Oh, merveilleux bonhomme. Tu voyais tout en moi, chaque recoin de mon petit cƓur. La moindre de mes pensĂ©es, qu'elle soit profonde ou mesquine.Tu riais pour Ă©loigner le mal et cĂ©lĂ©brais les moments de joie. Être connu de quelqu'un, profondĂ©ment, de l'intĂ©rieur, c'est ça, l'essence de l'amour. Une existence sans amour n'est que l'ombre de la vie. J'ai errĂ© dans cette pĂ©nombre quand tu es parti pour le camp d'entraĂźnement, Sal. Et elle a failli me submerger lorsque tu es mort. Je le souhaitais, en un sens. Jusqu'au jour oĂč une personne a dĂ©cidĂ© qu'elle me connaissait suffisamment pour me montrer toutes les bonnes raisons que j'avais de rester en vie.
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Suzanne Hayes
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Tu fais ton travail d'auteur, rien d'autre. Tu crĂ©es des personnages de toutes piĂšces, ou bien Ă  partir de la rĂ©alitĂ© qui t'entoure, et tu mĂ©langes le tout. C'est bien ce que t'a toujours reprochĂ© Sue. Elle t'a toujours reprochĂ© de distordre la rĂ©alitĂ©, de la confondre avec la fiction et de ne considĂ©rer les autres, justement, que comme de la chair Ă  fiction, de faire de la vie un scĂ©nario permanent, de passer ton temps Ă  te faire des films. Elle te reprochait, en somme, d'ĂȘtre qui tu es : un auteur, un inventeur, un crĂ©ateur, un personnage multiple, tentaculaire et hybride. ProtĂ©iforme.
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Laurent Bettoni (Écran total)
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Il y a quelques annĂ©es, toi et moi, Ernest, tu t'en souviens, avant que tu ne revendes Plou-Gouzan L'Ic, nous avons Ă©tĂ© pĂȘcher. Tu avais achetĂ© un Ă©quipement de pĂȘche Ă  la ligne dont tu n'etais jamais servi et nous sommes partis pĂȘcher la truite, la carpe, ou je ne sais quel poisson d'eau douce dans une riviĂšre prĂšs de ta maison. Sur le sentier, on Ă©tait absurdement heureux. Je n'avais jamais pĂȘchĂ©, et toi non plus, hormis quelques crustacĂ©s du bord de mer. Au bout d'une demi-heure, peut-ĂȘtre moins, ça a mordu. Tu t'es mis Ă  tirer, fou de joie - je crois mĂȘme t'avoir aidĂ© - et on a vu se tortiller au bout de la ligne un petit poisson effrayĂ©. Et ça a nous effrayĂ©s en retour Ernest, tu m'as dit, qu'est ce qu'on fait? qu'est ce qu'on fait? J'ai criĂ©, relĂąche-le, relĂąche-le! Tu a reussi Ă  le libĂ©rer et Ă  le remettre dans l'eau. On a aussitĂŽt repliĂ© bagage. Sur le chemin du retour, pas un mot, plus ou moins accablĂ©s. Soudain tu t'es arrĂȘtĂ© et tu m'as dit: deux titans.
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Yasmina Reza (Happy Are the Happy)
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«Imagine que ce rĂ©cipient soit ta vie. Et que les trois cailloux symbolisent les choses les plus importantes pour toi: ce dont tu ne pourrais te passer pour ĂȘtre heureuse. ConsidĂšre les graviers comme les prioritĂ©s secondaires, celles qui arrivent juste aprĂšs l’indispensable.» Je le fixai sans comprendre ce qu’il essayait de me dire. «Enfin, imagine que le sable corresponde Ă  tout le reste: les bonheurs futiles, ceux qui te font du bien, mais qui ne sont qu’un complĂ©ment de “l’essentiel” puis de “l’important”. — Bon, oĂč veux-tu en venir? — Si j’avais rempli le pot de sable, il n’y aurait plus de place pour les graviers ou les cailloux. C’est pareil pour ta vie: si tu consacres ton temps et ton Ă©nergie aux Ă©lĂ©ments secondaires, tu n’as plus d’espace pour l’essentiel, tu passes Ă  cĂŽtĂ© de ton chemin. Tu cours aprĂšs le superficiel en te demandant pourquoi tu n’es pas heureuse.» J’applaudis en souriant. Belle dĂ©monstration! «Maintenant, Ă  toi de dĂ©finir tes prioritĂ©s. À quoi correspondent les cailloux de ta vie, quelles sont pour toi les choses essentielles? C’est-Ă -dire ce que tu ne sacrifierais pas. Ou ce que tu voudrais le plus au monde. — Je ne sais pas
 Euh, lĂ  tout de suite, je suis fatiguĂ©e. — RĂ©flĂ©chis!», ordonna-t-il avec fermetĂ©.
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Maud Ankaoua (KilomÚtre zéro)
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— Il n’y a pas de discussion possible Kiara. MĂȘme si tu es en colĂšre contre moi, je m’assurerai que tu rentres bien Ă  l’appartement. — Je ne sais pas si je dois trouver ça prĂ©venant ou horriblement autoritaire. — Je suis autoritairement prĂ©venant, il rĂ©pond avec un sourire.
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Stacy Alice (From Australia With Love (French Edition))
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Aphex Twin acheva une chanson et commença la suivante : Zigomatic 17, dont les sonoritĂ©s court-circuitĂ©es esquissaient un Ă©lectroencĂ©phalogramme en forme de baobab phonique, et soudain je sus qui Ă©tait AliĂ©nor MalĂšze, et je prononçai ces paroles ailĂ©es, AliĂ©nor, tu es un baobab, c’est pour ça que tu ne bouges pas, les premiers hommes d’Afrique ont essayĂ© tous les arbres et chacun avait son utilitĂ© : tel brĂ»lait bien, tel faisait de bons arcs et de bons outils, tel gagnait Ă  ĂȘtre mĂąchouillĂ© pendant des heures, tel poussait si vite qu’on dĂ©guisait un paysage en un an, tel, si on le rĂąpait, parfumait la viande, tel lavait les cheveux, tel rendait sa virilitĂ© Ă  celui qui l’avait perdue Ă  la chasse, il n’y avait que le baobab qui dĂ©cidĂ©ment ne servait Ă  rien, ce n’était pas faute d’avoir expĂ©rimentĂ© son bois, que fait-on d’un arbre bon Ă  rien, que fait-on par ailleurs de ce qui n’est bon Ă  rien, arbre ou homme, on dĂ©crĂšte qu’il est sacrĂ©, voilĂ  son utilitĂ©, il sert Ă  ĂȘtre sacrĂ©, pas touche au baobab, il est sacrĂ©, on a besoin de sacrĂ©, tu sais c’est ce truc auquel on ne comprend rien mais qui aide on ne sait pas Ă  quoi, ça aide, si ton cƓur est oppressĂ©, va t’asseoir Ă  l’ombre du baobab, prends exemple sur lui, sois grand et inutile que celui qui ne sert Ă  rien, voilĂ , tu as compris, le grand est inutile, on a besoin de grandeur parce que c’est absolu, c’est une question de taille et non de structure, si le baobab rapetisse prodigieusement, il devient un brocoli, le brocoli peut ĂȘtre mangĂ©, le baobab est le brocoli cosmique dont parlait Salvador DalĂ­, AliĂ©nor, elle, c’est la version humaine du phĂ©nomĂšne, ses dimensions sont Ă  mi-chemin entre le baobab et le brocoli, c’est pour ça que ses Ă©crits fascinent.
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Amélie Nothomb (Le Voyage d'hiver)
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Hop c'est dire quoi ? demande Reza. Hop c'est tout simple. Hop c'est quand tu as fait quelque chose et que tu es content de l'avoir fait, alors tu dis hop (...) Ou alors si tu as réussi à sauter par dessus une barriÚre, tu dis"Hop !" Ou alors c'est pour se donner de l'entrain (...) Hop, c'est parti ! Reza me regarde avec de grands yeux perdus. - C'est un hop ou une hop ?
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Emilie de Turckheim (Le Prince Ă  la petite tasse)
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— Ne t’es-tu jamais rendu compte qu’aprĂšs certaines discussions tu perdais ton Ă©nergie? — Je n’avais pas pris conscience de ça, mais je dois avouer que je l’ai bien compris cette fois-ci! — Toute attitude gĂ©nĂ©rĂ©e par le manque induit ce comportement. N’ayant pas trouvĂ© leur source, ce type de personne s’approprie l’oxygĂšne des autres en attirant l’attention Ă  lui, il se rĂ©gĂ©nĂšre. — C’est vrai! En plus de me mettre en colĂšre, ils m’ont Ă©puisĂ©e. — Les pessimistes, les nĂ©gatifs, ceux qui veulent imposer leur point de vue, d’autres qui contredisent tout ce qui est dit, ou ceux qui se victimisent sont des gens Ă©nergivores. Ils sont animĂ©s par la peur. Tu peux Ă©viter ce genre de situation. Il suffit d’ĂȘtre attentif. Ce type de comportement est facilement repĂ©rable et ton corps est un bon indicateur. Lorsque tu sens des tensions, de la crispation, une frustration, tu sais que ton Ă©nergie diminue. — N’est-il pas prĂ©fĂ©rable de les fuir? — C’est une solution si tu prĂ©sumes que tes forces ne suffisent pas, mais moi, je prĂ©fĂšre observer sans chercher Ă  donner tort, puis je me recentre pour envoyer des pensĂ©es aimantes. — Ça, c’est au-dessus de mes possibilitĂ©s, j’ai des envies de meurtre! — Rassure-toi, c’est pour tout le monde pareil, mais la colĂšre est un sentiment vain qui ne nous soulage pas. Le bonheur consiste Ă  ĂȘtre en harmonie avec nous. Seules nos pensĂ©es bienveillantes peuvent nous prĂ©server de ces offenses.
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Maud Ankaoua (KilomÚtre zéro)
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Sur le tombeau de Mahsa Amini, ses parents ont Ă©crits : Tu n'es pas morte. Ton nom est devenu un mot de passe. Sur ceux de Hadis, 20 ans, Nika, 16 ans, Sarina, 17 ans, Hamid Reza, 20 ans, Mehrshad, 19 ans, ou encore Mohammad Hassan, 26 ans, la foule a dansĂ© et chantĂ© pendant les funĂ©railles. Nos martyrs Ă  nous n'ont pas de barbe. Ils ne rĂȘvaient pas d'Ă©pouser des vierges au paradis. Nos martyrs rĂȘvaient d'un travail, d'une vie decente, du jour oĂč les filles pourraient ĂȘtres fiĂšres de leur chevelure. "Ne lisez pas le Coran, ne soyez pas tristes. Ne faites pas la priĂšre et Ă©coutez de la musique", a dĂ©clarĂ© l'un d'eux avant d'ĂȘtre pendu.
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Delphine Minoui (Badjens)
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Hoerder : Et moi je les aime pour ce qu'ils sont. Avec toutes leurs saloperies et tous leurs vices. J'aime leurs voix et leurs mains chaudes qui prennent et leur peau, la plus nue de toutes les peaux, et leurs regards inquiet et la lutte dĂ©sespĂ©rĂ©e qu'ils mĂšnent chacun Ă  son tour contre la mort et contre l'angoisse. Pour moi, ça compte un homme de plus ou de moins dans le monde. C'est prĂ©cieux. Toi, je te connais bien, mon petit, tu es un destructeur. Les hommes ut les dĂ©testes parce que tu te dĂ©testes toi-mĂȘme ; ta puretĂ© ressemble Ă  la mort et la RĂ©volution dont tu rĂȘves n'est pas la nĂŽtre : tu ne veux pas changer le monde, tu veux le faire sauter. — Les mains sales (1948)
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Jean-Paul Sartre