Ons Huis Quotes

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Arrive-t-il un moment de la vie oĂč le bonheur est passĂ©, oĂč l’on n’attend plus rien ? Est-ce cela que vieillir ? Lorsque aujourd’hui ne parle que d’hier, quand le prĂ©sent n’est plus qu’un trait de nostalgie que l’on cache pudiquement par des Ă©clats de rire ?
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Marc Levy (Le premier jour)
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Plus je vieillis et plus je trouve qu’on ne peut vivre qu’avec les ĂȘtres qui vous libĂšrent, qui vous aiment d’une affection aussi lĂ©gĂšre Ă  porter que forte Ă  Ă©prouver. La vie d’aujourd’hui est trop dure, trop amĂšre, trop anĂ©miante, pour qu’on subisse encore de nouvelles servitudes, venues de qui on aime [...]. C’est ainsi que je suis votre ami, j’aime votre bonheur, votre libertĂ©, votre aventure en un mot, et je voudrais ĂȘtre pour vous le compagnon dont on est sĂ»r, toujours. The older I get, the more I find that you can only live with those who free you, who love you from a lighter affection to bear as strong as you can to experience Today's life is too hard, too bitter, too anemic, for us to undergo new bondages, from whom we love [...]. This is how I am your friend, I love your happiness, your freedom, Your adventure in one word, and I would like to be for you the companion we are sure of, always. ---- Albert Camus Ă  RenĂ© Char, 17 septembre 1957 (in "Albert Camus - RenĂ© Char : Correspondance 1946-1959") ---- Albert Camus to RenĂ© Char, September 17, 1957 (via RenĂ© Char)
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Albert Camus (Correspondance (1944-1959))
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Comprends aujourd’hui, mon garçon, que la vie est trop souvent une bataille dans laquelle on ne fait pas ce qu’on veut.
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Hector Malot (Sans Famille)
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Tant bien que mal, avant j’aimais la vie, parce qu’on l’avait en commun. Avant, j’aimais la vie, mĂȘme sachant tout ce que je savais, car dans l’immensitĂ© du vide, il Ă©tait lĂ  qui souriait. Aujourd’hui, je chĂ©ris un fantĂŽme, un souvenir. Je pense encore Ă  lui chaque jour, chaque minute, chaque seconde

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Lolita Pille (Hell)
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En somme, dit Tarrou avec simplicitĂ©, ce qui m'intĂ©resse, c'est de savoir comment on devient un saint. -Mais vous ne croyez pas en Dieu. -Justement. Peut-on ĂȘtre un saint sans Dieu, c'est le seul problĂšme concret que je connaisse aujourd'hui.
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Albert Camus
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Ik denk dat de tijd volkomen stilstaat en dat ik me erin beweeg, soms langzaam en soms met razende snelheid. Ik zit aan de tafel en de tijd staat stil. Ik kan hem niet zien, niet ruiken en niet horen maar hij omringt me aan alle kanten. Zijn stilte en zijn onbeweeglijkheid zijn verschrikkelijk. Ik spring op, ren het huis uit en probeer hem te ontvluchten. Ik ga iets doen, de dingen eisen mijn aandacht op en ik vergeet de tijd. En dan, heel plotseling, is hij weer om me heen. Misschien sta ik voor het huis naar de kraaien te kijken en daar is hij weer, immaterieel en stil, en hij houdt ons vast, de wei, de kraaien en mij. Ik zal aan hem moeten wennen, aan zijn onverschilligheid en zijn alomtegenwoordigheid.
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Marlen Haushofer (The Wall)
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L'enfer c'est les autres ” (
 ) cela ne veut nullement dire qu'on ne puisse avoir d'autres rapports avec les autres, ça marque simplement l'importance capitale de tous les autres pour chacun de nous. » Commentaire de Sartre sur Huis Clos
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Jean-Paul Sartre
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Aujourd'hui, je suis fou de mort, partout la mort, et ces roses sur ma table qui me parfument tandis que j'Ă©cris, affreusement vivant, ces roses sont des bouts de cadavres qu'on force Ă  faire semblant de vivre trois jours de plus dans de l'eau et les gens achĂštent ces cadavres de fleurs et les jeunes filles s'en repaissent.
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Albert Cohen (Le Livre de ma mĂšre)
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Thus on 12 February 1912, Empress Longyu put her name to the Decree of Abdication, which brought the Great Qing, which had ruled for 268 years, to its end, along with more than 2,000 years of absolute monarchy in China. It was Empress Longyu who decreed: 'On behalf of the emperor, I transfer the right to rule to the whole country, which will now be a constitutional Republic.' This 'Great Republic of China will comprise the entire territory of the Qing empire as inhabited by the five ethnic groups, the Manchu, Han, Mongol, Hui and Tibetan'. She was placed in this historic role by Cixi. Republicanism was not what Empress Dowager Cixi had hoped for, but it was what she would accept, as it shared the same goal as her wished-for parliamentary monarchy: that the future of China belonged to the Chinese people.
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Jung Chang (Empress Dowager Cixi: The Concubine Who Launched Modern China)
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La distinction traditionnelle entre guerres "justes" et guerres "injustes" est dĂ©sormais obsolĂšte. La cruautĂ© des moyens dĂ©passe aujourd'hui tout objectif imaginable. Aucune frontiĂšre nationale, aucune idĂ©ologie, aucun "mode de vie" ne peut justifier la disparition de millions de vies que la guerre moderne, nuclĂ©aire ou conventionnelle, entraĂźne inĂ©vitablement. Les prĂ©textes classiques sont soit trop confus soit trop changeants pour que l'on meure pour eux. Les systĂšmes changent, les politiques changent. Les distinctions entre le bien et le mal proclamĂ©es par les politiciens ne sont pas assez Ă©videntes pour justifier que des gĂ©nĂ©rations d'ĂȘtre humains meurent pour prouver leur caractĂšre sacro-saint. MĂȘme une guerre de lĂ©gitime dĂ©fense, la plus moralement justifiable des guerres, perd tout caractĂšre moral lorsqu'elle exige un sacrifice collectif si Ă©norme qu'il frise le suicide.
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Howard Zinn (Disobedience and Democracy: Nine Fallacies on Law and Order (Radical 60s))
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forgive, forget, and move on, because the moment you start dwelling on the past is the moment you stop playing your best.
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Kris Hui Lee (Out of Left Field)
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Du coup, je me dis que le zen, c'est un jour comme aujourd'hui, quand on fait partie de l'air et qu'on se rappelle des trucs
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Stephen Chbosky (The Perks of Being a Wallflower)
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Il y a cette brĂ»lure de ne rien ĂȘtre autorisĂ© Ă  dire, de devoir tout taire, et cette question terrible, cet abĂźme sous les pieds  : si on n'en parle pas, comment prouver que ça existe  ? Un jour, quand l'histoire sera terminĂ©e, puisqu'elle se terminera, nul ne pourra tĂ©moigner qu'elle a eu lieu. L'un des protagonistes (lui) pourra aller jusqu'Ă  la nier, s'il le souhaite, jusqu'Ă  s'insurger qu'on puisse inventer pareilles sornettes. L'autre (moi) n'aura que sa parole, elle ne pĂšserait pas lourd. Cette parole n'adviendra jamais. Non, je n'ai jamais parlĂ©. Sauf aujourd'hui. Dans ce livre. Pour la premiĂšre fois.
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Philippe Besson (" ArrĂȘte avec tes mensonges ")
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L’un des maux de cette Ă©poque est que l’on ne peut plus demander aux gens ce qu’ils font. Cette question jadis innocente entraĂźne aujourd’hui un malaise trop profond. Le chĂŽmage y est pour beaucoup. Je trouve cela dommage. Si quelqu’un me disait trĂšs simplement qu’il ne faisait rien dans la vie, j’aurais pour lui de l’admiration. Il est magnifique de ne rien faire. Si peu de gens en sont capables.
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Amélie Nothomb (Sans nom)
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Comment l'Histoire pourrait-elle mieux servir la vie qu'en attachant Ă  leur patrie et aux coutumes de leur patrie les races et les peuples moins favorisĂ©s, en leur donnant des goĂ»ts sĂ©dentaires, ce qui les empĂȘche de chercher mieux Ă  l'Ă©tranger, de rivaliser dans la lutte pour parvenir Ă  ce mieux? Parfois cela paraĂźt ĂȘtre de l'entĂȘtement et de la dĂ©raison qui visse en quelque sorte l'individu Ă  tels compagnons et Ă  tel entourage, Ă  telles habitudes laborieuses, Ă  tels stĂ©rile coteau. Mais c'est la dĂ©raison la plus salutaire, celle qui profite le plus Ă  la collectivitĂ©. Chacun le sait, qui s'est rendu compte des terribles effets de l'esprit d'aventure, de la fiĂšvre d'Ă©migration, quand ils s'emparent de peuplades entiĂšres, chacun le sait, qui a vu de prĂšs un peuple ayant perdu la fidĂ©litĂ© Ă  son passĂ©, abandonnĂ© Ă  une chasse fiĂ©vreuse de la nouveautĂ©, Ă  une recherche perpĂ©tuelle des Ă©lĂ©ments Ă©trangers. Le sentiment contraire, le plaisir que l'arbre prend Ă  ses racines, le bonheur que l'on Ă©prouve Ă  ne pas se sentir nĂ© de l'arbitraire et du hasard, mais sorti d'un passĂ© — hĂ©ritier, floraison, fruit — , ce qui excuserait et justifierait mĂȘme l'existence : c'est lĂ  ce que l'on appelle aujourd'hui, avec une certaine prĂ©dilection, le sens historique. DeuxiĂšme ConsidĂ©ration intempestive. ch. 3
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Friedrich Nietzsche
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Moedig Belgisch volk, jullie hebben op beslissende wijze overwonnen! Zorg er nu voor om voordeel uit die overwinning te halen, jullie vijanden zijn verstomd, laten we geen moment verliezen, laten we ons verenigen rond het voorlopig bewind, dat er dankzij u is gekomen, twijfel er niet aan dat de brandstichters, die jullie zo vernederend uit jullie hoofdstad hebben verdreven al nieuwe misdaden beramen. Gedaan met aarzelen en ontzien, we moeten voorgoed de moordenaars uit ons huis verjagen die hier te vuur en te zwaard te werk zijn gegaan, hebben verkracht en vernield. We dienen onze moeders, onze vrouwen, onze kinderen en onze eigendommen te redden, wij moeten leven als vrije mensen, of ons begraven onder een berg van as. Laten we eendrachtig zijn beste landgenoten, dan zijn wij onoverwinnelijk, de ware orde, ze is onontbeerlijk om onze onafhankelijkheid te behouden. Lang leve België!
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Louis Joseph Antoine de Potter
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Een maand na de dood van mijn vader hield mijn moeder grote schoonmaak. Zijn geur moest worden weggeschrobd, zijn geest verjaagd. Ze zeulde de matras van zijn ziekbed naar buiten en gaf hem er stevig van langs met de mattenklopper. Scheerkwast, nagelborstel, tandenborstel, klerenborstel - de brand erin, zuiveren en de rest in een diepe kuil begraven - geen haar of schilfer mocht er van hem achterblijven. Na een dag luchten, waarbij de ramen in hun haakjes huilden, stak ze een kaars aan en liepen we drie keer met een bibbervlam om het huis, daarmee sneden we de negatieve krachten die ons omsingelden voorgoed af. Voortaan zou zijn woede de deur van ons huis niet meer kunnen vinden en zijn geschreeuw ons niet meer uit de slaap houden. Zo bande ze mijn driftige vader uit - met dweil, luiwagen, mattenklopper en lucifers. En door de tafel zo tegen de muur te schuiven dat alleen zij nog aan het hoofd kon zitten.
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Adriaan van Dis (Ik kom terug)
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Ainsi, hormis le fragile souvenir que lui consacre ici l’auteur de ce livre, il ne reste plus rien aujourd’hui du mot mystĂ©rieux gravĂ© dans la sombre tour de Notre-Dame, rien de la destinĂ©e inconnue qu’il rĂ©sumait si mĂ©lancoliquement. L’homme qui a Ă©crit ce mot sur ce mur s’est effacĂ©, il y a plusieurs siĂšcles, du milieu des gĂ©nĂ©rations, le mot s’est Ă  son tour effacĂ© du mur de l’église, l’église elle-mĂȘme s’effacera bientĂŽt peut-ĂȘtre de la terre. C’est sur ce mot qu’on a fait ce livre. FĂ©vrier 1831. NOTE
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Victor Hugo (The Hunchback of Notre-Dame)
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Cette notion d'auteur constitue le moment fort de l'individualisation dans l'histoire des idĂ©es, des connaissances, des littĂ©ratures, dans l'histoire de la philosophie aussi, et celle des sciences. MĂȘme aujourd'hui, quand on fait l'histoire d'un concept, ou d'un genre littĂ©raire, ou d'un type de philosophie, je crois qu'on n'en considĂšre pas moins de telles unitĂ©s comme des scansions relativement faibles, secondes, et superposĂ©es par rapport Ă  l'unitĂ© premiĂšre, solide et fondamentale, qui est celle de l'auteur et de l'Ɠuvre.
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Michel Foucault (What is an Author?)
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Qui pourrait Ă©crire le dialogue des saints? Un Shakespeare frappĂ© d'innocence ou un Dostoievski exilĂ© dans quelque SibĂ©rie cĂ©leste. Toute ma vie je roderai dans les parages des saints...Il fut un temps oĂč l'on pouvait s'adresser n'importe quand Ă  un Dieu accueillant qui entrerrait vos soupirs dans son nĂ©ant. Inconsoles, nous le sommes aujourd'hui faute d'avoir Ă  qui confesser nos tourments. Comment douter que ce monde ait Ă©tĂ© autrefois en Dieu? L'Histoire se partage entre un autrefois oĂč les hommes se sentaient attirĂ©s par le nĂ©ant vibrant de la DivinitĂ© et un aujourd'hui oĂč le rien du monde est privĂ© de souffle divin.
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Emil M. Cioran (Tears and Saints)
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Les discours et les Ă©crits politiques sont aujourd'hui pour l'essentiel une dĂ©fense de l'indĂ©fendable. Des faits tels que le maintien de la domination britannique en Inde, les purges et les dĂ©portations en Russie, le largage de bombes atomiques sur le Japon peuvent sans doute ĂȘtre dĂ©fendus, mais seulement Ă  l'aide d'arguments d'une brutalitĂ© insupportable Ă  la plupart des gens, et qui ne cadrent pas avec les buts affichĂ©s des partis politiques. Le langage politique doit donc principalement consister en euphĂ©mismes, pĂ©titions de principe et imprĂ©cisions nĂ©buleuses. Des villages sans dĂ©fense subissent des bombardements aĂ©riens, leurs habitants sont chassĂ©s dans les campagnes, leur bĂ©tail est mitraillĂ©, leurs huttes sont dĂ©truites par des bombes incendiaires : cela s'appelle la "pacification". Des millions de paysans sont expulsĂ©s de leur ferme et jetĂ©s sur les routes sans autre viatique que ce qu'ils peuvent emporter : cela s'appelle un "transfert de population" ou une "rectification de frontiĂšre". Des gens sont emprisonnĂ©s sans jugement pendant des annĂ©es, ou abattus d'une balle dans la nuque, ou envoyĂ©s dans les camps de bucherons de l'Arctique pour y mourir du scorbut : cela s'appelle l'"Ă©limination des Ă©lĂ©ments suspects". Cette phrasĂ©ologie est nĂ©cessaire si l'on veut nommer les choses sans Ă©voquer les images mentales correspondantes.
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George Orwell (Such, Such Were the Joys)
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Elle dit: je ne regrette rien. Bien sĂ»r, il n’y aurait pas eu les annĂ©es d’opprobre, il n’y aurait pas aujourd’hui cette souffrance, mais il n’u aurait pas eu non plus le bonheur, le temps inĂ©galable du bonheur. Cette phrase-lĂ  agit sur moi comme un rĂ©vĂ©lation. D’évidence, c’est seulement en souvenir du bonheur qu’on peut finir par accepter son malheur prĂ©sent, vivre avec lui plutĂŽt que mourir. Et alors, dans le silence, reviennent les rires sonores, les corps qui se jettent sur les lits, les regards complices, les baisers lents, les fatigues apaisĂ©es, les promesses non dites mais entendues, les lumiĂšres violentes d’un Ă©tĂ© triomphant. Oui: le bonheur. Nous n’avons pas eu le temps d’ĂȘtre malheureux ensemble.
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Philippe Besson (In the Absence of Men)
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MalgrĂ© leur nombre et un siĂšcle de recherches, l'Ă©criture libyque garde encore aujourd'hui une grande partie de ses secrets. En effet, ces inscriptions demeurent pour l'essentiel indĂ©chiffrĂ©s, mĂȘme si quelques-unes bilingues ont apportĂ© quelques lueurs. "Aussi, c'est sans surprise que l'on constate qu'il a pu rĂ©gner chez certains auteurs, un doute tenace quant Ă  la parentĂ© du libyque et du berbĂšre. ... C'est pourquoi L. Galand en arrivait Ă  se demander si ces inscriptions libyques (ou, du moins, un certain nombre d'entre elles) n'Ă©taient pas rĂ©digĂ©es dans une langue qui n'aurait pas de rapports directs avec le berbĂšre". Il faut espĂ©rer qu'un jour, les spĂ©cialistes en libyque pourront apporter une solution Ă  ce problĂšme.
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Ait Ali Yahia Samia (Les stĂšles Ă  inscriptions libyques de la Grande Kabylie)
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Avec le temps, j'ai simplement aperçu que mĂȘme ceux qui Ă©taient meilleurs que d'autres ne pouvaient s'empĂȘcher aujourd'hui de tuer ou de laisser tuer parce que c'Ă©tait dans la logique oĂč ils vivaient, et que nous ne pouvions pas faire un geste en ce monde sans risquer de faire mourir. Oui, j'ai continuĂ© d'avoir honte, j'ai appris cela, que nous Ă©tions tous dans la peste, et j'ai perdu la paix. Je la cherche encore aujourd'hui, essayant de les comprendre tous et de n'ĂȘtre l'ennemi mortel de personne. Je sais seulement qu'il faut faire ce qu'il faut pour ne plus ĂȘtre un pestifĂ©rĂ© et que c'est lĂ  ce qui peut, seul, nous faire espĂ©rer la paix, ou une bonne mort Ă  son dĂ©faut. C'est cela qui peut soulager les hommes et, sinon les sauver, du moins leur faire le moins de mal possible et mĂȘme parfois un peu de bien. Et c'est pourquoi j'ai dĂ©cidĂ© de refuser tout ce qui, de prĂšs ou de loin, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, fait mourir ou justifie qu'on fasse mourir. « C'est pourquoi encore cette Ă©pidĂ©mie ne m'apprend rien, sinon qu'il faut la combattre Ă  vos cĂŽtĂ©s. Je sais de science certaine (oui, Rieux, je sais tout de la vie, vous le voyez bien) que chacun la porte en soi, la peste, parce que personne, non, personne au monde n'en est indemne. Et qu'il faut se surveiller sans arrĂȘt pour ne pas ĂȘtre amenĂ©, dans une minute de distraction, Ă  respirer dans la figure d'un autre et Ă  lui coller l'infection. Ce qui est naturel, c'est le microbe. Le reste, la santĂ©, l'intĂ©gritĂ©, la puretĂ©, si vous voulez, c'est un effet de la volontĂ© et d'une volontĂ© qui ne doit jamais s'arrĂȘter.
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Albert Camus (The Plague)
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Êtes-vous ce qu’on appelle un heureux ? Eh bien, vous ĂȘtes triste tous les jours. Chaque jour a son grand chagrin ou son petit souci. Hier, vous trembliez pour une santĂ© qui vous est chĂšre, aujourd’hui vous craignez pour la vĂŽtre, demain ce sera une inquiĂ©tude d’argent, aprĂšs-demain la diatribe d’un calomniateur, l’autre aprĂšs-demain le malheur d’un ami ; puis le temps qu’il fait, puis quelque chose de cassĂ© ou de perdu, puis un plaisir que la conscience et la colonne vertĂ©brale vous reprochent ; une autre fois, la marche des affaires publiques. Sans compter les peines de cƓur. Et ainsi de suite. Un nuage se dissipe, un autre se reforme. À peine un jour sur cent de pleine joie et de plein soleil. Et vous ĂȘtes de ce petit nombre qui a le bonheur ! Quant aux autres hommes, la nuit stagnante est sur eux.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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- Eh quoi ! vous n'ĂȘtes pas d'accord ? Il a dĂ©pensĂ© tout au plus quelques livres de votre argent de mortels : trois ou quatre peut-ĂȘtre. Est-ce donc une telle somme pour mĂ©riter tous ces Ă©loges ? - LĂ  n'est pas la question, dit Scrooge, agacĂ© par cette remarque et en parlant, sans s'en douter, comme celui qu'il avait Ă©tĂ© et non pas comme le Scrooge d'aujourd'hui. LĂ  n'est pas la question, Esprit. Fezziwig a le pouvoir de nous rendre heureux ou malheureux, de faire que notre travail Ă  son service soit lĂ©ger ou pĂ©nible, devienne un plaisir ou une corvĂ©e. Disons plutĂŽt que ce pouvoir rĂ©side dans les mots et les regards, dans les choses si infimes, si insignifiantes qu'on ne saurait les additionner et en faire le total : mais qu'importe ? Le bonheur qu'il dispense est tout aussi grand que s'il coutaĂźt une fortune.
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Charles Dickens (A Christmas Carol)
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Mon temps autrefois m'appartenait entiÚrement, et aux livres. Aujourd'hui, chaque minute consacrée à lire ou à écrire est une minute que je ne passe pas avec ma fille; l'écriture s'accompagne désormais d'une hùte et d'une culpabilité détestables. C'est du temps que je lui dérobe, que je ne retrouverai pas, que j'aurais dû lui consacrer et que je n'aurai jamais passé avec elle. Depuis sa naissance, je me prends à penser au futur antérieur et au conditionnel passé, des temps compliqués qui sont le signe qu'on considÚre les choses sous un point de vue autre que celui depuis lequel on parle normalement : demain vu au passé, hier comme une possibilité. Elle dort. Je devrais profiter de ce moment pour écrire, je n'arrive qu'à m'abßmer dans le bruit des vagues. Je voudrais m'étendre sur le sable, rester là jusqu'à la nuit, me laisser emporter par la marée.
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Dominique Fortier
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He'd seen that the young ones died quickly. He'd heard the staff talk about it. When they were ready they let go. Not like adults. Adults took a long time. It was as if adults had built such a thick, petrified husk around them that this alone gave them the strength, the form to hold on. And by the transient revival that so often came to the dying, adults seemed to find a last little puff of life before the end. They had a term for it here at the hospital -- hui guang fan zhao, the reflected rays of the setting sun. Children were lacking in this. They went quickly. He watched as the DOWN light came on and the elevator door slid open. He had a fear that his life now was just an interlude of hui guang fan zhao, a brief moment before it all came back, worse. And for so long now he had been in this state by himself. He stared up at the digital floor numbers flashing, descending.
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Nicole Mones (A Cup of Light)
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Je pense de maniĂšre toujours plus intense–et plus rĂ©signĂ©e–à ces deux Roumains, sinon ignorĂ©s, Ă  tout le moins restĂ©s quasi anonymes : Enescu et Lipatti. Quand on parle d’eux, la plupart du temps, on Ă©voque les interprĂštes. Et mĂȘme dans ce cas, peu de Français savent ou acceptent que leur façon d’interprĂ©ter Bach, Mozart, Chopin (et pas seulement), il y a un demi-siĂšcle, Ă©tait aussi novatrice que juste. La meilleure preuve, c’est qu’aujourd’hui on revient Ă  leur vision de Bach, de Mozart et de Chopin. Mais, si l’on se souvient du compositeur Enescu une fois de temps en temps, personne n’a gardĂ© le souvenir de Lipatti. Et surtout pas de son sublime, de son extraordinaire (je mesure mes qualificatifs) Concert pour orgue et piano. Quand a-t-il Ă©tĂ© Ă©crit ? DĂ©diĂ© Ă  Nadia Boulanger–elle devait jouer la partie d’orgue –, il a sans doute Ă©tĂ© composĂ© au cours de la premiĂšre moitiĂ© des annĂ©es quarante. (p. 37)
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Paul Goma (Profil bas)
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La civilisation occidentale apparaĂźt dans l’histoire comme une anomalie : parmi toutes celles qui nous sont connues plus ou moins complĂštement, cette civilisation est la seule qui se soit dĂ©veloppĂ©e dans un sens purement matĂ©riel, et ce dĂ©veloppement monstrueux, dont le dĂ©but coĂŻncide avec ce qu’on est convenu d’appeler la Renaissance a Ă©tĂ© accompagnĂ©, comme il devait l’ĂȘtre fatalement, d’une rĂ©gression intellectuelle correspondante ; nous ne disons pas Ă©quivalente, car il s’agit de deux ordre de choses entre lesquels il ne saurait y avoir aucune commune mesure. Cette rĂ©gression en est arrivĂ©e Ă  un tel point que les Occidentaux d’aujourd’hui ne savent plus ce que peut-ĂȘtre l’intellectualitĂ© pure, qu’ils ne soupçonnent mĂȘme pas que rien de tel puisse exister : de lĂ  leur dĂ©dain, non seulement pour les civilisations orientales, mais mĂȘme pour le Moyen Age europĂ©en, dont l’esprit ne leur Ă©chappe guĂšre moins complĂštement.
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René Guénon
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Sans doute, rien n'est plus naturel, aujourd'hui, que de voir des gens travailler du matin au soir et choisir ensuite de perdre aux cartes, au cafĂ©, et en bavardages, le temps qui leur reste pour vivre. Mais il est des villes ou des pays oĂč les gens ont, de temps en temps, le soupçon d'autre chose. En gĂ©nĂ©ral, cela ne change pas leur vie. Seulement, il y a eu le soupçon et c'est toujours cela de gagnĂ©. Oran, au contraire, est apparemment une ville sans soupçon, c'est-Ă -dire une ville tout Ă  fauit moderne. Il n'est pas nĂ©cessaire, en consĂ©quence, de prĂ©ciser la façon dont on s'aime chez nous. Les hommes et les femmes, ou bien se dĂ©vorent rapidement dans ce qu'on appelle l'acte d'amour, ou bien s'engagent dans une longue habitude Ă  eux. Entre ces deux extrĂȘmes, il n'y a pas souvent de milieu. Cela non plus n'est pas original. A Oran comme ailleurs, faute de temps et de rĂ©flexion, on est bien obligĂ© de s'aimer sans le savoir.
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Albert Camus (The Plague)
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Mais les vrais voyageurs sont ceux-lĂ  seuls qui partent Pour partir; coeurs lĂ©gers, semblables aux ballons, De leur fatalitĂ© jamais ils ne s'Ă©cartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours: Allons! Ceux-lĂ  dont les dĂ©sirs ont la forme des nues, Et qui rĂȘvent, ainsi qu'un conscrit le canon, De vastes voluptĂ©s, changeantes, inconnues, Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom!" [...] "Amer savoir, celui qu'on tire du voyage! Le monde, monotone et petit, aujourd'hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image: Une oasis d'horreur dans un dĂ©sert d'ennui! Faut-il partir? rester? Si tu peux rester, reste; Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste, Le Temps! Il est, hĂ©las! des coureurs sans rĂ©pit, Comme le Juif errant et comme les apĂŽtres, À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau, Pour fuir ce rĂ©tiaire infĂąme; il en est d'autres Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.
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Charles Baudelaire
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les hommes doivent ĂȘtre dressĂ©s en vue des besoins de notre temps, afin qu'ils soient en mesure de mettre la main Ă  la pĂąte ; qu'ils doivent travailler Ă  la grande usine des "utilitĂ©s" communes avant d'ĂȘtre mĂ»rs, et mĂȘme afin qu'ils ne deviennent jamais mĂ»rs, — car ce serait lĂ  un luxe qui soustrairait au "marchĂ© du travail" une quantitĂ© de force. On aveugle certains oiseaux pour qu'ils chantent mieux : je ne crois pas que les hommes d'aujourd'hui chantent mieux que leurs grands-parents, mais ce que je sais, c'est qu'on les aveugle tout jeunes. Et le moyen, le moyen scĂ©lĂ©rat qu'on emploie pour les aveugler, c'est une lumiĂšre trop intense, trop soudaine et trop variable. Le jeune homme est promenĂ©, Ă  grands coups de fouet, Ă  travers les siĂšcles : des adolescents qui n'entendent rien Ă  la guerre, aux nĂ©gociations diplomatiques, Ă  la politique commerciale, sont jugĂ©s dignes d'ĂȘtre initiĂ©s Ă  l'Histoire politique. DeuxiĂšme ConsidĂ©ration intempestive, ch. 7
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Friedrich Nietzsche
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Pourquoi n'allez vous pas Ă  l'Ă©cole? Tous les jours je vous vois en train de flĂąner. _ Oh, on se passe fort bien de moi! Je suis insociable, parait-il. Je ne m'intĂšgre pas. C'est vraiment bizarre. Je suis trĂšs sociable, au contraire. Mais tout dĂ©pend de ce qu'on entend par sociable, n'est-ce pas? Pour moi ça veut dire parler de choses et d'autres, comme maintenant. (...) Mais je ne pense pas que ce soit favoriser la sociabilitĂ© que de rĂ©unir tout un tas de gens et de les empĂȘcher ensuite de parler. (...) On ne pose jamais de question, en tout cas la plupart d'entre nous; les rĂ©ponses arrivent toutes seules, bing, bing, bing, et on reste assis quatre heures de plus Ă  Ă©couter le tĂ©lĂ©prof. Ce n'est pas ma conception de la sociabilitĂ©. (...) On nous abrutit tellement qu'Ă  la fin de la journĂ©e on a qu'une envie: se coucher ou aller dans un parc d'attraction bousculer les gens. (...) Au fond, je dois ĂȘtre ce qu'on m'accuse d'ĂȘtre. Je n'ai pas d'amis. C'est sensĂ© prouver que je suis anormale. Mais tous les gens que je connais passent leur temps Ă  brailler, Ă  danser comme des sauvages ou Ă  se taper dessus. Vous avez remarquĂ© Ă  quel point les gens se font du mal aujourd'hui?
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Ray Bradbury (Fahrenheit 451)
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Je ne comprends pas que l'on puisse ne pas fumer. C'est se priver de toute façon de la meilleure part de l'existence et en tout cas d'un plaisir tout Ă  fait Ă©minent. Lorsque je m'Ă©veille, je me rĂ©jouis dĂ©jĂ  de pouvoir fumer pendant la journĂ©e, et pendant que je mange, j'ai la mĂȘme pensĂ©e, oui, je peux dire qu'en somme je mange seulement pour pouvoir ensuite fumer, et je crois que j'exagĂšre Ă  peine. Mais un jour sans tabac, ce serait pour moi le comble de la fadeur, ce serait une journĂ©e absolument vide et insipide, et si, le matin, je devais me dire : "aujourd'hui je n'aurai rien Ă  fumer", je crois que je n'aurais pas le courage de me lever, je te jure que je resterais couchĂ©. [...] Dieu merci ! on fume dans le monde entier ; ce plaisir, autant que je sache, n'est inconnu nulle part oĂč l'on pourrait ĂȘtre jetĂ© par les hasards de la vie. MĂȘme les explorateurs qui partent pour le pĂŽle nord se pourvoient largement de provisions de tabac pour la durĂ©e de leurs pĂ©nibles Ă©tapes, et j'ai toujours trouvĂ© cela sympathique lorsque je l'ai lu. Car on peut aller trĂšs mal - supposons par exemple que je sois dans un Ă©tat lamentable -, aussi longtemps que j'aurai mon cigare, je le supporterai, je le sais bien ; il m'aiderait Ă  tout surmonter.
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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« Norbert de Varenne parlait d’une voix claire, mais retenue, qui aurait sonnĂ© dans le silence de la nuit s’il l’avait laissĂ©e s’échapper. Il semblait surexcitĂ© et triste, d’une de ces tristesses qui tombent parfois sur les Ăąmes et les rendent vibrantes comme la terre sous la gelĂ©e. Il reprit : « Qu’importe, d’ailleurs, un peu plus ou un peu moins de gĂ©nie, puisque tout doit finir ! » Et il se tut. Duroy, qui se sentait le cƓur gai, ce soir-lĂ , dit, en souriant : « Vous avez du noir, aujourd’hui, cher maĂźtre. » Le poĂšte rĂ©pondit. « J’en ai toujours, mon enfant, et vous en aurez autant que moi dans quelques annĂ©es. La vie est une cĂŽte. Tant qu’on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux ; mais, lorsqu’on arrive en haut, on aperçoit tout d’un coup la descente, et la fin qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça va vite quand on descend. À votre Ăąge, on est joyeux. On espĂšre tant de choses, qui n’arrivent jamais d’ailleurs. Au mien, on n’attend plus rien... que la mort. » Duroy se mit Ă  rire : « Bigre, vous me donnez froid dans le dos. » Norbert de Varenne reprit : « Non, vous ne me comprenez pas aujourd’hui, mais vous vous rappellerez plus tard ce que je vous dis en ce moment. » « Il arrive un jour, voyez- vous, et il arrive de bonne heure pour beaucoup, oĂč c’est fini de rire, comme on dit, parce que derriĂšre tout ce qu’on regarde, c’est la mort qu’on aperçoit. » « Oh ! vous ne comprenez mĂȘme pas ce mot-lĂ , vous, la mort. À votre Ăąge, ça ne signifie rien. Au mien, il est terrible. » « Oui, on le comprend tout d’un coup, on ne sait pas pourquoi ni Ă  propos de quoi, et alors tout change d’aspect, dans la vie. Moi, depuis quinze ans, je la sens qui me travaille comme si je portais en moi une bĂȘte rongeuse. Je l’ai sentie peu Ă  peu, mois par mois, heure par heure, me dĂ©grader ainsi qu’une maison qui s’écroule. Elle m’a dĂ©figurĂ© si complĂštement que je ne me reconnais pas. Je n’ai plus rien de moi, de moi l’homme radieux, frais et fort que j’étais Ă  trente ans. Je l’ai vue teindre en blanc mes cheveux noirs, et avec quelle lenteur savante et mĂ©chante ! Elle m’a pris ma peau ferme, mes muscles, mes dents, tout mon corps de jadis, ne me laissant qu’une Ăąme dĂ©sespĂ©rĂ©e qu’elle enlĂšvera bientĂŽt aussi. » « Oui, elle m’a Ă©miettĂ©, la gueuse, elle a accompli doucement et terriblement la longue destruction de mon ĂȘtre, seconde par seconde. Et maintenant je me sens mourir en tout ce que je fais. Chaque pas m’approche d’elle, chaque mouvement, chaque souffle hĂąte son odieuse besogne. Respirer, dormir, boire, manger, travailler, rĂȘver, tout ce que nous faisons, c’est mourir. Vivre enfin, c’est mourir ! » » (de « Bel-Ami » par Guy de Maupassant)
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Guy de Maupassant
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Mon pĂšre, AndrĂ© PĂ©trovitch Grineff, aprĂšs avoir servi dans sa jeunesse sous le comte Munich, avait quittĂ© l’état militaire en 17
 avec le grade de premier major. Depuis ce temps, il avait constamment habitĂ© sa terre du gouvernement de Simbirsk, oĂč il Ă©pousa Mlle Avdotia, 1ere fille d’un pauvre gentilhomme du voisinage. Des neuf enfants issus de cette union, je survĂ©cus seul ; tous mes frĂšres et sƓurs moururent en bas Ăąge. J’avais Ă©tĂ© inscrit comme sergent dans le rĂ©giment SĂ©mĂ©nofski par la faveur du major de la garde, le prince B
, notre proche parent. Je fus censĂ© ĂȘtre en congĂ© jusqu’à la fin de mon Ă©ducation. Alors on nous Ă©levait autrement qu’aujourd’hui. DĂšs l’ñge de cinq ans je fus confiĂ© au piqueur SavĂ©liitch, que sa sobriĂ©tĂ© avait rendu digne de devenir mon menin. GrĂące Ă  ses soins, vers l’ñge de douze ans je savais lire et Ă©crire, et pouvais apprĂ©cier avec certitude les qualitĂ©s d’un lĂ©vrier de chasse. À cette Ă©poque, pour achever de m’instruire, mon pĂšre prit Ă  gages un Français, M. BeauprĂ©, qu’on fit venir de Moscou avec la provision annuelle de vin et d’huile de Provence. Son arrivĂ©e dĂ©plut fort Ă  SavĂ©liitch. « Il semble, grĂące Ă  Dieu, murmurait-il, que l’enfant Ă©tait lavĂ©, peignĂ© et nourri. OĂč avait-on besoin de dĂ©penser de l’argent et de louer un moussiĂ©, comme s’il n’y avait pas assez de domestiques dans la maison ? »
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Alexander Pushkin (The Captain's Daughter)
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On ne peut pas dire que le petit bourgeois n'a rien lu. Il a tout lu, tout dévoré au contraire. Seulement son cerveau fonctionne à la maniÚre de certains appareils digestifs de type élémentaire. Il filtre. Et le filtre ne laisse passer que ce qui peut alimenter la couenne de la bonne conscience bourgeoise. Les Vietnamiens, avant l'arrivée des Français dans leur pays, étaient gens de culture vieille, exquise et raffinée. Ce rappel indispose la Banque d'Indochine. Faites fonctionner l'oublioir ! Ces Malgaches, que l'on torture aujourd'hui, étaient, il y a moins d'un siÚcle, des poÚtes, des artistes, des administrateurs ? Chut ! Bouche cousue ! Et le silence se fait profond comme un coffre-fort ! Heureusement qu'il reste les nÚgres. Ah ! les nÚgres ! parlons-en des nÚgres ! Eh bien, oui, parlons-en. Des empires soudanais ? Des bronzes du Bénin ? De la sculpture Shongo ? Je veux bien ; ça nous changera de tant de sensationnels navets qui adornent tant de capitales européennes. De la musique africaine. Pourquoi pas? Et de ce qu'ont dit, de ce qu'ont vu les premiers explorateurs... Pas de ceux qui mangent aux rùteliers des Compagnies ! Mais des d'Elbée, des Marchais, des Pigafetta ! Et puis de Frobénius ! Hein, vous savez qui c'est, Frobénius ? Et nous lisons ensemble : « Civilisés jusqu'à la moelle des os ! L'idée du nÚgre barbare est une invention européenne. » Le petit bourgeois ne veut plus rien entendre. D'un battement d'oreilles, il chasse l'idée. L'idée, la mouche importune.
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Aimé Césaire (Discourse on Colonialism)
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De nabestaande moet worden aangemoedigd 'te gaan zitten in een zonnig vertrek', bij voorkeur met een open haard. Er mag eten, maar 'in zeer kleine hoeveelheden', worden aangeboden op een dienblad: thee, koffie, bouillon, wat toast, een gepocheerd ei. Melk mag ook, maar alleen warme: 'Koude melk is slecht voor iemand die toch al onderkoeld is.' Wat de overige voeding betreft: 'De kok kan iets voorstellen wat doorgaans heel lekker wordt gevonden - maar er dient heel weinig tegelijk te worden geserveerd, want de maag mag wel leeg zijn, de tong verwerpt de gedachte aan eten, en de spijsvertering laat zeker te wensen over.' De rouwende wordt aangeraden zuinig aan te doen bij de aanschaf van rouwkleding: de meeste reeds bestaande kledingstukken, en ook leren schoeisel en strohoeden, 'laten zich volmaakt zwart verven'. De te maken kosten moeten vooraf worden berekend. Tijdens de begrafenis dient er een vriend achter te blijven in het huis. Deze moet ervoor zorg dragen dat het gelucht wordt, dat verplaatst meubilair weer wordt teruggezet en de haard wordt aangestoken om de familie te verwelkomen. 'Het verdient ook aanbeveling wat thee of een soepje klaar te maken,' laat mevrouw Post ons weten, 'en dat dient hun bij thuiskomst te worden gebracht zonder eerst te vragen of ze het believen. Mensen die veel verdriet hebben willen niet eten, maar als ze het krijgen voorgeschoteld zullen ze het automatisch aannemen, en iets warms om de spijsvertering op gang te brengen en de gebrekkige bloedsomloop te stimuleren is wat ze bovenal behoeven.
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Joan Didion (The Year of Magical Thinking)
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TOUZENBACH Si vous voulez. De quoi parlerons-nous ? VERCHININE De quoi ? RĂȘvons ensemble... par exemple de la vie telle qu’elle sera aprĂšs nous, dans deux ou trois cents ans. TOUZENBACH Eh bien, aprĂšs nous on s’envolera en ballon, on changera la coupe des vestons, on dĂ©couvrira peut-ĂȘtre un sixiĂšme sens, qu’on dĂ©veloppera, mais la vie restera la mĂȘme, un vie difficile, pleine de mystĂšre, et heureuse. Et dans mille ans, l’homme soupirera comme aujourd’hui : « Ah ! qu’il est difficile de vivre ! » Et il aura toujours peur de la mort et ne voudra pas mourir. VERCHININE, aprĂšs avoir rĂ©flĂ©chi. Comment vous expliquer ? Il me semble que tout va se transformer peu Ă  peu, que le changement s’accomplit dĂ©jĂ , sous nos yeux. Dans deux ou trois cents ans, dans mille ans peut-ĂȘtre, peu importe le dĂ©lai, s’établira une vie nouvelle, heureuse. Bien sĂ»r, nous ne serons plus lĂ , mais c’est pour cela que nous vivons, travaillons, souffrons enfin, c’est nous qui la crĂ©ons, c’est mĂȘme le seul but de notre existence, et si vous voulez, de notre bonheur. Macha rit doucement. TOUZENBACH Pourquoi riez-vous ? MACHA Je ne sais pas. Je ris depuis ce matin. VERCHININE J’ai fait les mĂȘmes Ă©tudes que vous, je n’ai pas Ă©tĂ© Ă  l’AcadĂ©mie militaire. Je lis beaucoup, mais je ne sais pas choisir mes lectures, peut-ĂȘtre devrais-je lire tout autre chose ; et cependant, plus je vis, plus j’ai envie de savoir. Mes cheveux blanchissent, bientĂŽt je serai vieux, et je ne sais que peu, oh ! trĂšs peu de chose. Pourtant, il me semble que je sais l’essentiel, et que je le sais avec certitude. Comme je voudrais vous prouver qu’il n’y a pas, qu’il ne doit pas y avoir de bonheur pour nous, que nous ne le connaĂźtrons jamais... Pour nous, il n’y a que le travail, rien que le travail, le bonheur, il sera pour nos lointains descendants. (Un temps.) Le bonheur n’est pas pour moi, mais pour les enfants de mes enfants. TOUZENBACH Alors, d’aprĂšs vous, il ne faut mĂȘme pas rĂȘver au bonheur ? Mais si je suis heureux ? VERCHININE Non. TOUZENBACH, joignant les mains et riant. Visiblement, nous ne nous comprenons pas. Comment vous convaincre ? (Macha rit doucement. Il lui montre son index.) Eh bien, riez ! (À Verchinine :) Non seulement dans deux ou trois cents ans, mais dans un million d’annĂ©es, la vie sera encore la mĂȘme ; elle ne change pas, elle est immuable, conforme Ă  ses propres lois, qui ne nous concernent pas, ou dont nous ne saurons jamais rien. Les oiseaux migrateurs, les cigognes, par exemple, doivent voler, et quelles que soient les pensĂ©es, sublimes ou insignifiantes, qui leur passent par la tĂȘte, elles volent sans relĂąche, sans savoir pourquoi, ni oĂč elles vont. Elles volent et voleront, quels que soient les philosophes qu’il pourrait y avoir parmi elles ; elles peuvent toujours philosopher, si ça les amuse, pourvu qu’elles volent... MACHA Tout de mĂȘme, quel est le sens de tout cela ? TOUZENBACH Le sens... VoilĂ , il neige. OĂč est le sens ? MACHA Il me semble que l’homme doit avoir une foi, du moins en chercher une, sinon sa vie est complĂštement vide... Vivre et ignorer pourquoi les cigognes volent, pourquoi les enfants naissent, pourquoi il y a des Ă©toiles au ciel... Il faut savoir pourquoi l’on vit, ou alors tout n’est que balivernes et foutaises. Comme dit Gogol : « Il est ennuyeux de vivre en ce monde, messieurs. »
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Anton Chekhov (The Three Sisters)
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La sociĂ©tĂ© secrĂšte est un Ă©chelon intermĂ©diaire sur le chemin de l'individuation : on confie encore Ă  une organisation collective le soin de se laisser diffĂ©rencier par elle ; c'est-Ă -dire que l'on n'a pas encore discernĂ© qu'Ă  proprement parler c'est la tĂąche de l'individu, de se tenir sur ses propres pieds et d'ĂȘtre diffĂ©rent de tous les autres. Toutes les identitĂ©s collectives, qu'elles soient appartenance Ă  des organisations, professions de foi en faveur de tel ou tel -isme, etc., gĂȘnent et contrecarrent l'accomplissement de cette tĂąche. Ces identitĂ©s collectives sont des bĂ©quilles pour des paralytiques, des boucliers pour anxieux, des canapĂ©s pour paresseux, des pouponniĂšres pour irresponsables, mais tout autant des auberges pour des pauvres et des faibles, un havre protecteur pour ceux qui ont fait naufrage, le sein d'une famille pour des orphelins, un but glorieux et ardemment escomptĂ© pour ceux qui ont errĂ© et qui sont déçus, et une terre promise pour les pĂšlerins harassĂ©s, et un troupeau et une clĂŽture sĂ»re pour brebis Ă©garĂ©es, et une mĂšre qui signifie nourriture et croissance. C'est pourquoi il serait erronĂ© de considĂ©rer ce degrĂ© intermĂ©diaire comme un obstacle ; il reprĂ©sente au contraire, et encore pour longtemps, la seule possibilitĂ© d'existence de l'individu qui, aujourd'hui plus que jamais, se retrouve menacĂ© d'anonymat. Cette appartenance Ă  une organisation collective est si importante Ă  notre Ă©poque qu'avec un certain droit elle paraĂźt Ă  beaucoup ĂȘtre un but dĂ©finitif, tandis que toute tentative de suggĂ©rer Ă  l'homme l'Ă©ventualitĂ© d'un pas de plus sur la voie de l'autonomie personnelle est considĂ©rĂ©e comme prĂ©somption ou dĂ©fi promĂ©thĂ©en, comme phantasme ou comme impossibilitĂ©. (p. 537-538)
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C.G. Jung (Memories, Dreams, Reflections)
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L’homme d’aujourd’hui, on le fait tenir tranquille, selon le milieu, avec la belote ou avec le bridge. Nous sommes Ă©tonnamment bien chĂątrĂ©s. Ainsi sommes-nous enfin libres. On nous a coupĂ© les bras et les jambes, puis on nous a laissĂ©s libres de marcher. Mais je hais cette Ă©poque oĂč l’homme devient, sous un totalitarisme universel, bĂ©tail doux, poli et tranquille. On nous fait prendre ça pour un progrĂšs moral ! Ce que je hais dans le marxisme, c’est le totalitarisme Ă  quoi il conduit. L’homme y est dĂ©fini comme producteur et consommateur, le problĂšme essentiel est celui de distribution. Ainsi dans les fermes modĂšles. Ce que je hais dans le nazisme, c’est le totalitarisme Ă  quoi il prĂ©tend par son essence mĂȘme. On fait dĂ©filer les ouvriers de la Ruhr devant un Van Gogh, un CĂ©zanne et un chromo. Ils votent naturellement pour le chromo. VoilĂ  la vĂ©ritĂ© du peuple ! On boucle solidement dans un camp de concentration les candidats CĂ©zanne, les candidats Van Gogh, tous les grands non-conformistes, et l’on alimente en chromos un bĂ©tail soumis. Mais oĂč vont les États-Unis et oĂč allons-nous, nous aussi, Ă  cette Ă©poque de fonctionnariat universel ? L’homme robot, l’homme termite, l’homme oscillant du travail Ă  la chaĂźne : systĂšme Bedeau, Ă  la belote. L’homme chĂątrĂ© de tout son pouvoir crĂ©ateur et qui ne sait mĂȘme plus, du fond de son village, crĂ©er une danse ni une chanson. L’homme que l’on alimente en culture de confection, en culture standard comme on alimente les bƓufs en foin. C’est cela, l’homme d’aujourd’hui. Et moi, je pense que, il n’y a pas trois cents ans, on pouvait Ă©crire La Princesse de ClĂšves ou s’enfermer dans un couvent pour la vie Ă  cause d’un amour perdu, tant Ă©tait brĂ»lant l’amour. Lettre au gĂ©nĂ©ral « X »
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Antoine de Saint-Exupéry
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Mais la question ne se rĂ©duit pas seulement Ă  l'ennui que procure cette gent Ă©crivassiĂšre ; il faut aussi souligner sa nocivitĂ©, car la « stupiditĂ© intelligente », surtout dans l'Italie actuelle, est remarquablement organisĂ©e. C'est une sorte de franc-maçonnerie implantĂ©e dans diffĂ©rents milieux et qui dĂ©tient pratiquement toutes les positions-clĂ©s de l'Ă©dition, lorsque celles-ci ne sont pas dĂ©jĂ  tenues et contrĂŽlĂ©es par des Ă©lĂ©ments de gauche. Ses reprĂ©sentants possĂšdent un flair trĂšs dĂ©veloppĂ© pour reconnaĂźtre immĂ©diatement ceux qui ont une nature diffĂ©rente et pour les frapper d'ostracisme. Nous donnerons Ă  ce sujet un exemple banal mais significatif II existe en Italie un groupe d'intellectuels rassemblĂ©s autour d'une revue assez largement diffusĂ©e et bien faite, qui se voudrait anticonformiste et qui critique volontiers le rĂ©gime politique et les moeurs d'aujourd'hui. Mais cette revue s'est bien gardĂ©e de contacter les rares auteurs qui pourraient lui donner, si elle voulait faire un travail sĂ©rieux, une base positive en matiĂšre de principes et de vision traditionnelle du monde. Ces auteurs ne sont pas seulement ignorĂ©s, ils sont aussi rejetĂ©s, exactement comme fait la presse de gauche, prĂ©cisĂ©ment parce qu'on sent que ce sont des hommes d'une autre trempe. Cela montre clairement que ce brillant anticonformisme n'est qu'un moyen pour se faire remarquer et pour parader, tout restant sur le plan du dilettantisme. Au demeurant, le fondateur de la revue en question, mort il y a quelques annĂ©es, n'hĂ©sita pas Ă  dire un jour que si un rĂ©gime diffĂ©rent existait aujourd'hui, il changerait probablement de camp, de façon Ă  ĂȘtre toujours dans l'« opposition» - le but, Ă©videmment, Ă©tant de « briller » et d'Ă©taler son « intelligence ».
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Julius Evola (L'arco e la clava)
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Bien du chemin, on le voit, a Ă©tĂ© parcouru depuis que l’esclave de Tunis trouva Ă  Dougga des pierres « engravĂ©es es lettres » qu’il pensait ĂȘtre « puniques, ou carthaginoises, ou bien syriaques ». La famille linguistique Ă  laquelle appartiennent ces vieilles Ă©critures ne fait plus guĂšre de doute aujourd’hui, mais nous sommes encore loin de les avoir dĂ©chiffrĂ©es. Aussi chimĂ©rique qu’elle soit, la perspective d’y parvenir un jour ne doit cesser de nous guider. Elle suppose que nous disposions d’un corpus systĂ©matique qui nous permettrait d’établir des sĂ©ries statistiques comparables Ă  celles qui ont mis Ventris sur la voie du dĂ©chiffrement du linĂ©aire B. Il y a dĂ©jĂ  longtemps que Lionel Galand a appelĂ© de ses vƓux la rĂ©alisation d’un tel corpus. La petite Ă©quipe qui l’entoure s’y emploie, et le livre de Mohamed Aghali et Jeannine Drouin s’inscrivait prĂ©cisĂ©ment dans cet effort collectif. Il faut aussi rassembler des donnĂ©es sur les pĂ©riodes plus anciennes, et notamment sur ce que Werner Pichler appelle la phase transitionnelle, dont nous n’avons encore qu’une vision trĂšs floue. On voit cependant des travaux paraĂźtre sur le sujet, l’article de Werner Pichler et Jean-LoĂŻc Le Quellec que j’ai mentionnĂ© incidemment Ă©tant l’un d’eux. Autre domaine qui demande Ă©galement qu’on s’y applique : les datations. Werner Pichler nous a fait lĂ -dessus des propositions originales, qui demandent encore Ă  ĂȘtre Ă©prouvĂ©es. Il n’est pas le seul, au demeurant, car les travaux d’Abdelaziz El Khayari et d’El Hassan Ezziani sont aussi d’un apport prĂ©cieux. En tout cas, tous les chercheurs que je cite dans cette conclusion – et il y en aurait encore quelques autres – sont totalement immuns au militantisme dont les effets sur les recherches berbĂ©risantes sont si dĂ©lĂ©tĂšres. C’est lĂ  une raison d’espĂ©rer dans l’avenir. [DĂ©chiffrages. Quelques rĂ©flexions sur l’écriture libyco-berbĂšre]
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Dominique Casajus
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Faut-il regretter le temps des guerres "Ă  sens" ? souhaiter que les guerres d'aujourd'hui "retrouvent" leur sens perdu ? le monde irait-il mieux, moins bien, indiffĂ©remment, si les guerres avaient, comme jadis, ce sens qui les justifiait ? Une part de moi, celle qui a la nostalgie des guerres de rĂ©sistance et des guerres antifascistes, a tendance Ă  dire : oui, bien sĂ»r ; rien n'est plus navrant que la guerre aveugle et insensĂ©e ; la civilisation c'est quand les hommes, tant qu'Ă  faire, savent Ă  peu prĂšs pourquoi ils se combattent ; d'autant que, dans une guerre qui a du sens, quand les gens savent Ă  peu prĂšs quel est leur but de guerre et quel est celui de leur adversaire, le temps de la raison, de la nĂ©gociation, de la transaction finit toujours par succĂ©der Ă  celui de la violence ; et d'autant (autre argument) que les guerres sensĂ©es sont aussi celles qui, par principe, sont les plus accessibles Ă  la mĂ©diation, Ă  l'intervention - ce sont les seules sur lesquelles des tiers, des arbitres, des observateurs engagĂ©s, peuvent espĂ©rer avoir quelque prise...Une autre part hĂ©site. L'autre part de moi, celle qui soupçonne les guerres Ă  sens d'ĂȘtre les plus sanglantes, celle qui tient la "machine Ă  sens" pour une machine de servitude et le fait de donner un sens Ă  ce qui n'en a pas, c'est-Ă -dire Ă  la souffrance des hommes, pour un des tours les plus sournois par quoi le Diabolique nous tient, celle qui sait, en un mot, qu'on n'envoie jamais mieux les pauvres gens au casse-pipe qu'en leur racontant qu'ils participent d'une grande aventure ou travaillent Ă  se sauver, cette part-lĂ , donc, rĂ©pond : "non ; le pire c'Ă©tait le sens"; le pire c'est, comme disait Blanchot, "que le dĂ©sastre prenne sens au lieu de prendre corps" ; le pire, le plus terrible, c'est d'habiller de sens le pur insensĂ© de la guerre ; pas question de regretter, non, le "temps maudit du sens". (ch. 10 De l'insensĂ©, encore)
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Bernard-Henri LĂ©vy (War, Evil, and the End of History)
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EurĂȘka. Poe attachait une grande importance Ă  cette Ɠuvre, Ă  la fois cosmogonie et poĂšme, qui commence par un discours de la mĂ©thode et se termine par une mĂ©taphysique. L’influence des idĂ©es de Poe, qui se rĂ©pandent en Europe Ă  partir de 1845, est si considĂ©rable, et se fait sentir avec une telle intensitĂ© sur certains Ă©crivains (tels que Baudelaire ou DostoĂŻevski) que l’on peut dire qu’il donne un sens nouveau Ă  la littĂ©rature. Poe joignait en lui des Ă©lĂ©ments de culture assez hĂ©tĂ©rogĂšnes ; d’une part, Ă©lĂšve de l’École polytechnique de Baltimore (oĂč passa aussi Whistler), il avait une formation scientifique ; de l’autre, ses lectures l’avaient mis en contact avec le romantisme allemand des LumiĂšres, et avec tout le XVIIIe siĂšcle français, reprĂ©sentĂ© souvent par des ouvrages oubliĂ©s aujourd’hui, tels que conteurs, poĂštes mineurs, etc. Ne pas nĂ©gliger chez Poe l’élĂ©ment cabaliste (de mĂȘme que chez Goethe), la magie, telle qu’elle devait hanter, en France, l’esprit d’un Nerval, en Allemagne, Hoffmann, et bien d’autres. Enfin, l’influence de la poĂ©sie anglaise (Milton, Shelley, etc.). Poe avait lu tout jeune les deux ouvrages les plus rĂ©pandus de Laplace qui l’avaient beaucoup frappĂ©. Le calcul des probabilitĂ©s intervient constamment chez lui. Dans EurĂȘka, il dĂ©veloppe l’idĂ©e de la nĂ©buleuse (de Kant), que reprendra plus tard Henri PoincarĂ©. Poe introduit dans la littĂ©rature l’esprit d’analyse. À ce propos, il convient de rĂ©pĂ©ter que pensĂ©e rĂ©flĂ©chie et pensĂ©e intuitive peuvent et doivent coexister et se coordonner. Le travail littĂ©raire pouvant se dĂ©composer en plusieurs « temps », on doit faire collaborer ces deux Ă©tats de l’esprit, l’état de veille oĂč la prĂ©cision, la nettetĂ© sont portĂ©es Ă  leur point le plus haut, et une autre phase, plus confuse, oĂč peuvent naĂźtre spontanĂ©ment des Ă©lĂ©ments mĂ©lodiques ou poĂ©tiques. Du reste, quand un poĂšme est long (cf., dans « La GenĂšse d’un poĂšme », le passage ayant trait Ă  la « dimension »), ce « bonheur de l’instant » ne saura se soutenir pendant toute sa durĂ©e. Il faut donc toujours aller d’une forme de crĂ©ation Ă  l’autre, et elles ne s’opposent pas.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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LE SYLLABUS Tout en mangeant d'un air effarĂ© vos oranges, Vous semblez aujourd'hui, mes tremblants petits anges, Me redouter un peu; Pourquoi ? c'est ma bontĂ© qu'il faut toujours attendre, Jeanne, et c'est le devoir de l'aĂŻeul d'ĂȘtre tendre Et du ciel d'ĂȘtre bleu. N'ayez pas peur. C'est vrai, j'ai l'air fĂąchĂ©, je gronde, Non contre vous. HĂ©las, enfants, dans ce vil monde, Le prĂȘtre hait et ment; Et, voyez-vous, j'entends jusqu'en nos verts asiles Un sombre brouhaha de choses imbĂ©ciles Qui passe en ce moment. Les prĂȘtres font de l'ombre. Ah ! je veux m'y soustraire. La plaine resplendit; viens, Jeanne, avec ton frĂšre, Viens, George, avec ta soeur; Un rayon sort du lac, l'aube est dans la chaumiĂšre; Ce qui monte de tout vers Dieu, c'est la lumiĂšre; Et d'eux, c'est la noirceur. J'aime une petitesse et je dĂ©teste l'autre; Je hais leur bĂ©gaiement et j'adore le vĂŽtre; Enfants, quand vous parlez, Je me penche, Ă©coutant ce que dit l'Ăąme pure, Et je crois entrevoir une vague ouverture Des grands cieux Ă©toilĂ©s. Car vous Ă©tiez hier, ĂŽ doux parleurs Ă©tranges, Les interlocuteurs des astres et des anges; En vous rien n'est mauvais; Vous m'apportez, Ă  moi sur qui gronde la nue, On ne sait quel rayon de l'aurore inconnue; Vous en venez, j'y vais. Ce que vous dites sort du firmament austĂšre; Quelque chose de plus que l'homme et que la terre Est dans vos jeunes yeux; Et votre voix oĂč rien n'insulte, oĂč rien ne blĂąme, OĂč rien ne mord, s'ajoute au vaste Ă©pithalame Des bois mystĂ©rieux. Ce doux balbutiement me plaĂźt, je le prĂ©fĂšre; Car j'y sens l'idĂ©al; j'ai l'air de ne rien faire Dans les fauves forĂȘts. Et pourtant Dieu sait bien que tout le jour j'Ă©coute L'eau tomber d'un plafond de rochers goutte Ă  goutte Au fond des antres frais. Ce qu'on appelle mort et ce qu'on nomme vie Parle la mĂȘme langue Ă  l'Ăąme inassouvie; En bas nous Ă©touffons; Mais rĂȘver, c'est planer dans les apothĂ©oses, C'est comprendre; et les nids disent les mĂȘmes choses Que les tombeaux profonds. Les prĂȘtres vont criant: AnathĂšme ! anathĂšme ! Mais la nature dit de toutes parts: Je t'aime ! Venez, enfants; le jour Est partout, et partout on voit la joie Ă©clore; Et l'infini n'a pas plus d'azur et d'aurore Que l'Ăąme n'a d'amour. J'ai fait la grosse voix contre ces noirs pygmĂ©es; Mais ne me craignez pas; les fleurs sont embaumĂ©es, Les bois sont triomphants; Le printemps est la fĂȘte immense, et nous en sommes; Venez, j'ai quelquefois fait peur aux petits hommes, Non aux petits enfants.
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Victor Hugo (L'Art d'ĂȘtre grand-pĂšre)
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FOLCO : "Socialisme" et "communisme" sont devenus presque des gros mots. Quelle est l'essence de ce rĂȘve Ă  laquelle on pourrait s'identifier, au lieu de le repousser sans mĂȘme y rĂ©flĂ©chir ? TIZIANO : L'idĂ©e du socialisme Ă©tait simple : crĂ©er une sociĂ©tĂ© dans laquelle il n'y aurait pas de patrons pour contrĂŽler les moyens de production, moyens avec lesquels ils rĂ©duisent le peuple en esclavage; Si tu as une usine et que tu en es le patron absolu, tu peux licencier et embaucher Ă  ta guise, tu peu mĂȘme embaucher des enfants de douze ans et les faire travailler. Il est clair que tu engranges un profit Ă©norme, qui n'est pas dĂ» uniquement Ă  ton travail, mais Ă©galement au travail de ces personnes-lĂ . Alors, si les travailleurs participent dĂ©jĂ  Ă  l'effort de production, pourquoi ne pas les laisser copossĂ©der l'usine ? La sociĂ©tĂ© est pleine d'injustices. On regarde autour de soi et on se dit : mais comment, il n'est pas possible de rĂ©soudre ces injustices ? Je m'explique. Quelqu'un a une entreprise agricole en amont d'un fleuve avec beaucoup d'eau. Il peut construire une digue pour empĂȘcher que l'eau aille jusqu'au paysan dans la vallĂ©e, mais ce n'est pas juste. Ne peut-il pas, au contraire, trouver un accord pour que toute cette eau arrive Ă©galement chez celui qui se trouve en bas ? Le socialisme, c'est l'idĂ©e d'une sociĂ©tĂ© dans laquelle personne n'exploite le travail de l'autre. Chacun fait son devoir et, de tout ce qui a Ă©tĂ© fait en commun, chacun prend ce dont il a besoin. Cela signifie qu'il vit en fonction de ce dont il a besoin, qu'il n'accumule pas, car l'accumulation enlĂšve quelque chose aux autres et ne sert Ă  rien. Regarde, aujourd'hui, tous ces gens richissimes, mĂȘme en Italie ! Toute cette accumulation, Ă  quoi sert-elle ? Elle sert aux gens riches. Elle leur sert Ă  se construire un yacht, une gigantesque villa Ă  la mer. Souvent, tout cet argent n'est mĂȘme pas recyclĂ© dans le systĂšme qui produit du travail. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. C'est de lĂ  qu'est nĂ©e l'idĂ©e du socialisme. FOLCO : Et le communisme ? Quelle est la diffĂ©rence entre le socialisme et le communisme ? TIZIANO : Le communisme a essayĂ© d'institutionnaliser l'aspiration socialiste, en crĂ©ant - on croit toujours que c'est la solution - des institutions et des organismes de contrĂŽle. DĂšs cet instant, le socialisme a disparu, parce que le socialisme a un fond anarchiste. Lorsqu'on commence Ă  mettre en place une police qui contrĂŽle combien de pain tu manges, qui oblige tout le monde Ă  aller au travail Ă  huit heures, et qui envoie au goulag ceux qui n'y vont pas, alors c'est fini. (p. 383-384)
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Tiziano Terzani (La fine Ăš il mio inizio)
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J’ai remarquĂ© souvent que quand deux amis pĂ©tersbourgeois se rencontrent quelque part, aprĂšs s’ĂȘtre saluĂ©s, ils demandent en mĂȘme temps : Quoi de neuf ? il y a une tristesse particuliĂšre dans leurs voix, quelle qu’ait Ă©tĂ© l’intonation initiale de leur conversation. En effet, une dĂ©sespĂ©rance totale est liĂ©e Ă  cette question Ă  PĂ©tersbourg. Mais le plus agaçant c’est que, trĂšs souvent, l’homme qui la pose est tout Ă  fait indiffĂ©rent, un PĂ©tersbourgeois de naissance, qui connaĂźt trĂšs bien la coutume, sait d’avance qu’on ne lui rĂ©pondra rien, qu’il n’y a rien de nouveau, qu’il a posĂ© cette question peut-ĂȘtre mille fois sans aucun succĂšs ; cependant, il la pose, et il a l’air de s’y intĂ©resser, comme si les convenances l’obligeaient de participer lui aussi Ă  la vie publique, d’avoir des intĂ©rĂȘts publics. Mais les intĂ©rĂȘts publics... C’est-Ă -dire nous ne nions pas que nous ayons des intĂ©rĂȘts publics ; nous tous aimons ardemment la patrie, nous aimons notre cher PĂ©tersbourg, nous aimons jouer si l’occasion se prĂ©sente. En un mot il y a beaucoup d’intĂ©rĂȘts publics. Mais ce qu’il y a surtout chez nous, ce sont les groupes. On sait que PĂ©tersbourg n’est que la rĂ©union d’un nombre considĂ©rable de petits groupes dont chacun a ses statuts, ses conventions, ses lois, sa logique et son oracle. C’est en quelque sorte le produit de notre caractĂšre national qui a encore peur de la vie publique et tient plutĂŽt au foyer. En outre, la vie publique exige un certain art ; il faut s’y prĂ©parer ; il faut beaucoup de conditions. Aussi, l’on prĂ©fĂšre la maison. LĂ , tout est plus simple ; il ne faut aucun art ; on est plus tranquille. Dans le groupe, on vous rĂ©pondra bravement Ă  la question : Quoi de neuf ? La question reçoit tout de suite un sens particulier, et l’on vous rĂ©pond ou par un potin, ou par un bĂąillement, ou par quelque chose qui vous force vous-mĂȘme Ă  bĂąiller cyniquement, magistralement. Dans le groupe, on peut traĂźner de la façon la meilleure et la plus douce une vie utile entre le bĂąillement et le ragot, jusqu’au moment oĂč la grippe, ou bien la fiĂšvre chaude, visite votre demeure ; et vous quittez alors la vie stoĂŻquement, avec indiffĂ©rence, sans savoir comment et pourquoi tout cela Ă©tait avec vous jusqu’alors. Aujourd’hui, dans l’obscuritĂ©, au crĂ©puscule, aprĂšs une triste journĂ©e, plein d’étonnement que tout se soit arrangĂ© ainsi, il semble qu’on ait vĂ©cu, qu’on ait atteint quelque chose, et tout Ă  coup, on ne sait pas pourquoi, il faut quitter ce monde agrĂ©able et sans soucis pour Ă©migrer dans un monde meilleur. Dans certains groupes, d’ailleurs, on parle fortement de la cause. Quelques personnes instruites et bien intentionnĂ©es se rĂ©unissent. On bannit sĂ©vĂšrement tous les plaisirs innocents, comme les potins et la prĂ©fĂ©rence, et, avec un entrain incomprĂ©hensible, on parle de diffĂ©rents sujets trĂšs importants. Enfin, aprĂšs avoir bavardĂ©, parlĂ©, rĂ©solu quelques questions d’utilitĂ© gĂ©nĂ©rale, et aprĂšs avoir rĂ©ussi Ă  imposer aux uns et aux autres une opinion sur toutes choses, le groupe est saisi d’une irritation quelconque et commence Ă  s’affaiblir considĂ©rablement. Finalement, tous se fĂąchent les uns contre les autres. On se dit quelques dures vĂ©ritĂ©s. Quelques caractĂšres tranchants se font jour et tout se termine par la dislocation totale. Ensuite on se calme ; on fait provision de bon sens et, peu Ă  peu, l’on se rĂ©unit de nouveau dans le groupe dĂ©crit ci-dessus. Sans doute il est agrĂ©able de vivre ainsi. Mais Ă  la longue cela devient irritant ; cela irrite fortement.
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Fyodor Dostoevsky
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Nous sommes arrogants, stupides, nous manquons d’humilitĂ© face aux siĂšcles qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©s. Ce que nous appelons « savoir », ce que tu apprends Ă  l’école sur les fossiles et les dinosaures, ce ne sont que des petites idĂ©es. Ce qu’on sait aujourd’hui, c’est qu’on n’a pas assez rĂ©flĂ©chi.
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Steven Amsterdam (Things We Didn't See Coming)
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Si tu le veux bien, cela restera comme le grand secret de mon rÚgne. Tout ce qu'on peut me reprocher aujourd'hui, c'est d'avoir fait encore un petit progrÚs sur la voie de la puissance et de la liberté. Pour un homme qui aime le pouvoir, la rivalité des dieux a quelque chose d'agaçant. J'ai suppri-mé cela. J'ai prouvé à ces dieux illusoires qu'un homme, s'il en a la volonté, peut exercer, sans apprentissage, leur mé-tier ridicule.
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Albert Camus (Caligula)
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Wie heeft, staande tegenover een Parijs woongebouw, nooit gedacht dat het onvergankelijk was? Een bom, een brand of een aardbeving kunnen het natuurlijk vellen, maar afgezien daarvan? In de ogen van een individu, een familie of zelfs een dynastie lijken een stad, een straat of een huis zo onveranderlijk en ongevoelig voor de tijd en de wisselvalligheden van het menselijk leven, dat men de broosheid van ons bestaan en de onkwetsbaarheid van steen met elkaar denkt te kunnen vergelijken en tegenover elkaar meent te kunnen stellen.
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Georges Perec (Life: A User's Manual)
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Il faudrait encore évoquer ceux qui détournent les symboles dans un sens magique, ceux qui y projettent leurs clichés psychanalytiques et ceux, non rares aujourd'hui, pour qui tous ces mystÚres semblent couler de source, qui vous «lisent» les chakra comme on lit une bande dessinée ou, au besoin, s'offrent à vous les« rééquilibrer», en un tour de main : prétention plus étrange que toutes les autres car, si l'on peut avoir une seule certitude, c'est que ceux qui conçurent ce systÚme n'eurent aucune visée thérapeutique, à moins de tenir comme une «maladie» la condition humaine tout entiÚre.
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Pierre Feuga (Tantrisme)
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Rome Ă©tait, en l’an 268 de son Ăšre35, ce qu’est Ă  peu prĂšs la France l’an IV de la RĂ©publique. Mais prĂȘcha-t-on alors le dogme du silence et de la patience ? de la prudence et de la constance ?.... Non. Cassius Viscellinus se prĂ©sente. Il porte la main droit Ă  la plaie. Quoique patricien, c’est lui qui le premier propose la loi agraire. « Il est souverainement injuste, s’écrie-t-il, que le peuple Romain, si courageux, et qui expose tous les jours sa vie pour Ă©tendre les bornes de la RĂ©publique, languisse dans une honteuse pauvretĂ©, pendant que le SĂ©nat et les patriciens jouissent seuls du fruit de ses conquĂȘtes... PlĂ©bĂ©iens !, ajoute-t-il, il ne tient qu’à vous de sortir tout Ă  coup de la misĂšre oĂč vous a rĂ©duit l’avarice des patriciens. » Ce discours, dit Vertot, fut accueilli aux transports les plus vifs du peuple. Il n’y eut que l’infĂąme Appius et ses suppĂŽts (les Louvet, les RĂ©al et les MĂ©hĂ©e de ce temps-lĂ ), qui traitĂšrent Cassius de royaliste, comme les Appius d’aujourd’hui me traitent.
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Gracchus Babeuf (Le Manifeste des Plébéiens)
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Parmi tant de surprenantes boutiques, celles qui donnent le plus Ă  rĂ©flĂ©chir sont pour moi, dans une rue que les Ă©trangers connaissent Ă  peine, ces espĂšces de hangars poussiĂ©reux, oĂč s'entassent les vieilles armes, les vieilles cuirasses, les vieux visages d'acier, tout l'attirail pour faire peur qui servait aux anciennes batailles, et les fanions des SamouraĂŻs, leurs emblĂšmes de ralliement, leurs Ă©tendards. Sur des fantĂŽmes de mannequins qui ne tiennent plus debout, posent des armures squameuses, des moitiĂ©s de figures poilues, des masques ricanant la mort. Un fouillis d'objets ultra-mĂ©chants, qui pour nous ne ressemblent Ă  rien de connu, tellement qu'on les croirait tombĂ©s de quelque planĂšte Ă  peine voisine. Ce Japon Ă  demi fantastique, soudainement Ă©croulĂ© aprĂšs des millĂ©naires de durĂ©e, gĂźt lĂ  pĂȘle-mĂȘle et continue de dĂ©gager un vague effroi. Ainsi, les pĂšres, ou les grands-pĂšres tout au plus, de ces petits soldats d'aujourd'hui, si drĂŽlement corrects dans leurs uniformes d'Occident, se dĂ©guisaient encore en monstres de rĂȘve, il y a cinquante ans Ă  peine, lorsqu'il s'agissait d'aller se battre; ils mettaient ces cornes, ces crĂȘtes, ces antennes; ils ressemblaient Ă  des scarabĂ©es, des hippocampes, des chimĂšres: par les trous de ces masques Ă  grimace, luisaient leurs yeux obliques et sortaient leurs cris de fureur ou d'agonie... Et c'est dans les vallĂ©es ou les champs de ce gentil pays vert qu'avaient lieu ces scĂšnes uniques au monde: les rencontres et les corps Ă  corps d'armĂ©es rivales, vĂȘtues avec cet art dĂ©moniaque, alors que les longs sabres coupants, tenus Ă  deux mains au bout de bras musculeux et courts, dĂ©crivaient leurs moulinets en l'air, puis faisaient partout des entailles saignantes, fauchaient ensemble les casques cornus et les figures masquĂ©es.
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Pierre Loti (La troisiĂšme jeunesse de Madame Prune / Le mariage de Loti)
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Ailinn, meisje... Shivan sta ons bij wanneer jij al je talenten en ontwikkeld hebt... Heel Omnia zal sidderen voor Ailinn Elfae, de spreukzinger met het faebloed en de elfengaven! - Odis
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Mariëtte Aerts (Dragans List (Het Huis Elfae #1))
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[...] car une des caractĂ©ristiques du monde moderne est de chercher par des artifices Ă  rĂ©aliser illusoirement des impossibilitĂ©s et Ă  les rendre crĂ©dibles par de faux prodiges. Tel fut le cas, par exemple, de la « marche sur la lune » qu'un auteur traditionnel (sauf erreur, il s'agit de Frithjof Schuon) avait dĂ©clarĂ©e impossible. Par une sorte de miracle technique et scientifique, elle fut rĂ©alisĂ©e tout de mĂȘme, et prĂ©sentĂ©e comme un « grand pas pour l'humanitĂ© » de maniĂšre Ă  discrĂ©diter le bon sens et le jugement traditionnel. Pourtant, l'on se rend compte aujourd'hui (mĂȘme si l'on Ă©vite de le reconnaĂźtre) que cet auteur avait vu juste et dit la vĂ©ritĂ©. L'impossibilitĂ© de l'entreprise apparaĂźt dans le fait qu'elle fut sans lendemain, pour des raisons aussi bien humaines que matĂ©rielles. Elle fut, elle aussi, un vĂ©ritable leurre, qui eut pour effet d'abuser une gĂ©nĂ©ration. pp.53-54
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Charles-André Gilis (La profanation d'Israël selon le droit sacré)
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À cet ñge-là, l'esprit est tendre, et ce qu'on y imprime y reste pour longtemps. À tel point qu'aujourd'hui encore, 40 ans aprùs, je peux chanter sans effort les dizaines de chansons que contenait mon "yu lu".
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Li Kunwu (Le temps du pĂšre (Une vie chinoise, #1))
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Dans le domaine dit «culturel », les hĂ©sitations des dirigeants intĂ©gristes sont parfois bien amusantes. TantĂŽt, ils dĂ©cident d’interdire la musique que l’on appelle classique, et qui est en rĂ©alitĂ© Ă©minemment moderne ; en quoi ils ont raison, car cet art tant vantĂ© fait partie des pseudo-religions occidentales : les chrĂ©tiens d’aujourd’hui se rĂ©unissent plus volontiers dans les Ă©glises pour Ă©couter des concerts que pour suivre les offices ; tantĂŽt, ils l’autorisent en se plaçant, Ă  leur tour, au point de vue rĂ©ducteur de la morale, ce qui donne le charmant spectacle de jeunes femmes en tchador jouant du violoncelle !
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Charles-André Gilis (L'intégrité islamique : Ni intégrisme ni intégration)
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Beaucoup de gens pensent : Si les enfants n'ont rien Ă  craindre, comment peuvent-ils ĂȘtre droits ? La droiture qui dĂ©pend de la peur de l'enfer, du gendarme ou de la punition n'est pas de la droiture du tout - c'est tout simplement de la lĂąchetĂ©. La droiture qui dĂ©pend de l'espoir d'une rĂ©compense, d'une louange ou du ciel est une forme de corruption. La morale d'aujourd'hui fait de nos enfants des lĂąches, car elle leur fait craindre la vie. Et le "bien-fondĂ©" de la discipline n'est pas autre chose. Des milliers de professeurs font un travail splendide sans avoir Ă  recouvrir Ă  la menace de la punition. Les autres sont des inadaptĂ©s incompĂ©tents qu'on devrait chasser de la profession. (p. 176)
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A.S. Neill (Summerhill: A Radical Approach to Child Rearing)
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si le verbe civiliser se trouve dĂ©jĂ  avec la signification que nous lui prĂȘtons chez les bons auteurs du XVIIIe siĂšcle, le substantif civilisation ne se rencontre que chez les Ă©conomistes de l’époque qui a prĂ©cĂ©dĂ© immĂ©diatement la RĂ©volution. LittrĂ© cite un exemple pris chez Turgot. LittrĂ©, qui avait dĂ©pouillĂ© toute notre littĂ©rature, n’a pas pu remonter plus loin. Ainsi le mot civilisation n’a pas plus d’un siĂšcle et demi d’existence. Il n’a fini par entrer dans le dictionnaire de l’AcadĂ©mie qu’en 1835, il y a un peu moins de cent ans
 L’antiquitĂ©, dont nous vivons encore, n’avait pas non plus de terme pour rendre ce que nous entendons par civilisation. Si l’on donnait ce mot-lĂ  Ă  traduire dans un thĂšme latin, le jeune Ă©lĂšve serait bien embarrassé  La vie des mots n’est pas indĂ©pendante de la vie des idĂ©es. Le mot de civilisation, dont nos ancĂȘtres se passaient fort bien, peut-ĂȘtre parce qu’ils avaient la chose, s’est rĂ©pandu au XIXe siĂšcle sous l’influence d’idĂ©es nouvelles. Les dĂ©couvertes scientifiques, le dĂ©veloppement de l’industrie, du commerce, de la prospĂ©ritĂ© et du bien-ĂȘtre, avaient crĂ©Ă© une sorte d’enthousiasme et mĂȘme de prophĂ©tisme. La conception du progrĂšs indĂ©fini, apparue dans la seconde moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle, concourut Ă  convaincre l’espĂšce humaine qu’elle Ă©tait entrĂ©e dans une Ăšre nouvelle, celle de la civilisation absolue. C’est Ă  un prodigieux utopiste, bien oubliĂ© aujourd’hui, Fourier, que l’on doit d’appeler la pĂ©riode contemporaine celle de la civilisation et de confondre la civilisation avec l’ñge moderne
 La civilisation, c’était donc le degrĂ© de dĂ©veloppement et de perfectionnement auquel les nations europĂ©ennes Ă©taient parvenues au XIXe siĂšcle. Ce terme, compris par tous, bien qu’il ne fĂ»t dĂ©fini par personne, embrassait Ă  la fois le progrĂšs matĂ©riel et le progrĂšs moral, l’un portant l’autre, l’un uni Ă  l’autre, insĂ©parables tous deux. La civilisation, c’était en somme l’Europe elle-mĂȘme, c’était un brevet que se dĂ©cernait le monde europĂ©en
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Jacques Bainville
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Est-il possible de poursuivre la transposition que j'ai opérée plus haut et de parler d'une guerre implacable menée par la société, dans le fonctionnement le plus banal de ses mécanismes les plus ordinaires, par la bourgeoisie, par les classes dominantes, par un ennemi invisible -- ou trop visible --, contre les classes populaires en général ? Il suffirait de regarder les statistiques de la population carcérale en France ou en Europe pour s'en convaincre : les « chiffres » seraient éloquents, qui indiqueraient la « sinistre probabilité » pour les jeunes hommes des banlieues déshéritées -- et notamment ceux qu'on définit comme « issus de l'immigration » -- de se retrouver derriÚre les barreaux. Et il ne serait pas exagéré de décrire les « cités » autour des villes françaises aujourd'hui comme le théùtre d'une guerre civile larvée : la situation de ces ghettos urbains montre à l'envi comment on traite certaines catégories de la population, comment on les repousse aux marges de la vie sociale et politique, comment on les réduit à la pauvreté, à la précarité, à l'absence d'avenir ; et les grandes révoltes qui embrasent à intervalles réguliers ces « quartiers » ne sont que la condensation soudaine d'une multitude de batailles fragmentaires dont le grondement ne s'éteint jamais. (p. 122)
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Didier Eribon (Returning to Reims)
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La gauche socialiste se lançait sur la voie d'une mutation profonde, qui allait s'accentuer d'annĂ©e en annĂ©e, et commençait de se placer avec un enthousiasme suspect sous l'emprise d'intellectuels nĂ©oconservateurs qui, sous couvert de renouveler la pensĂ©e de gauche, travaillaient Ă  effacer tout ce qui faisait que la gauche Ă©tait la gauche. Se produisait, en rĂ©alitĂ©, une mĂ©tamorphose gĂ©nĂ©rale et profonde des ethos autant que des rĂ©fĂ©rences intellectuelles. On en parla plus d'exploitation et de rĂ©sistance, mais de « modernisation nĂ©cessaire » et de « refondation sociale » ; plus de rapports de classe, mais de « vivre-ensemble » ; plus de destins sociaux, mais de « responsabilitĂ© individuelle ». La notion de domination et l'idĂ©e d'une polaritĂ© structurante entre les dominants et les dominĂ©s disparurent du paysage politique de la gauche officielle, au profit de l'idĂ©e neutralisante de « contrat sociale », de « pacte social », dans le cadre desquels des individus dĂ©finis comme « Ă©gaux en droit » (« Ă©gaux » ? Quelle obscĂšne plaisanterie !) Ă©taient appelĂ©s Ă  oublier leurs « intĂ©rĂȘts particuliers » (c'est-Ă -dire Ă  se taire et Ă  laisser les gouvernants gouverner comme ils l'entendaient). Quels furent les objectifs idĂ©ologique de cette « philosophie politique », diffusĂ©e et cĂ©lĂ©brĂ©e d'un bout Ă  l'autre du champ mĂ©diatique, politique et intellectuel, de la droite Ă  la gauche (ses promoteurs s'Ă©vertuant d'ailleurs Ă  effacer la frontiĂšre entre la droite et la gauche, en attirant, avec le consentement de celle-ci, la gauche vers la droite) ? L'enjeu Ă©tait Ă  peine dissimulĂ© : l'exaltation sur « sujet autonome » et la volontĂ© concomitante d'en finir avec les pensĂ©e qui s'attachaient Ă  prendre en considĂ©ration les dĂ©terminismes historiques et sociaux eurent pour principale fonction de dĂ©faire l'idĂ©e qu'il existait des groupes sociaux - des « classes » - et de justifier ainsi le dĂ©mantĂšlement du welfare state et de la protection sociale, au nom d'une nĂ©cessaire individualisation (ou dĂ©collectivisation, dĂ©socialisation) du droit du travail et des systĂšmes de solidaritĂ© et de redistribution. Ces vieux discours et ces vieux projets, qui Ă©taient jusqu'alors ceux de la droite, et ressassĂ© obsessionnellement par la droite, mettant en avant la responsabilitĂ© individuelle contre le « collectivisme », devinrent aussi ceux d'une bonne partie de la gauche. Au fond, on pourrait rĂ©sumer la situation en disant que les partis de gauche et leurs intellectuels de parti et d'État pensĂšrent et parlĂšrent dĂ©sormais un langage de gouvernants et non plus le langage des gouvernĂ©s, s'exprimĂšrent au nom de gouvernants (et avec eux) et non plus au nom des gouvernĂ©s (et avec eux), et donc qu'ils adoptĂšrent sur le monde un point de vue de gouvernants en repoussant avec dĂ©dain (avec une grande violence discursive, qui fut Ă©prouvĂ©e comme telle par ceux sur qui elle s'exerça) le point de vue des gouvernĂ©s. Tout au plus daigna-t-on, dans les versions chrĂ©tiennes ou philanthropiques de ces discours nĂ©oconservateurs, remplacer les opprimĂ©s et les dominĂ©s d'hier - et leurs combats - par les « exclus » d'aujourd'hui - et leur passivitĂ© prĂ©somptive - et se pencher sur eux comme les destinataires potentiels, mais silencieux, de mesures technocratiques destinĂ©s Ă  aider les « pauvres » et les « victimes » de la « prĂ©carisation » et de la « dĂ©saffiliation ». Ce qui n'Ă©tait qu'une autre stratĂ©gie intellectuelle, hypocrite et retorse, pour annuler toute approcher en termes d'oppression et de lutte, de reproduction et de transformation des structures sociales, d'inertie et de dynamique des antagonismes de classe. (p. 130-132)
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Didier Eribon (Returning to Reims)
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Met mijn eerste scheikundedoos blies ik mijn hond op, met de tweede doos mijn kamer, met de derde ons huis.
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Marcel Vaarmeijer (Heelmeester)
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Peut-on changer de paysage extĂ©rieur sans dĂ©ranger son paysage intĂ©rieur? Les voyages qu'on fait en soi-mĂȘme? Aujourd'hui, je suis retournĂ©e dans mon passĂ©, puis je suis partie vers un avenir qui prenait forme quelque part Ă  la lisiĂšre de ma pensĂ©e. Mais je me suis aussi rendue dans un endroit rarement visitĂ© : l'innocence du moment prĂ©sent.
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Alice Steinbach
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] la subversion est toujours partielle et localisĂ©e. Elle ne peut ĂȘtre pensĂ©e que relationnellement : liĂ©e Ă  un contexte, Ă  une situation, Ă  une institution. La subversion subvertit quelque chose, Ă  un moment donnĂ©, ou bien n'est rien du tout. Par consĂ©quent, il faut se demander sur quel point opĂšre une "subversion" et ce qu'elle dĂ©stabilise. Et chercher Ă  savoir ce qui, dans chaque situation, est le plus "subversif". Il apparaĂźt alors clairement que, dans certains cas, l'aspiration au "conformisme" est plus dĂ©stabilisatrice et peut se rĂ©vĂ©ler bien plus subversive que toutes les proclamations rĂ©volutionnaires. L'on constate mĂȘme aujourd'hui que ceux qui dĂ©fendent l'ordre social (ou l'"ordre symbolique") contre les revendications du droit au mariage homosexuel peuvent, Ă  l'inverse, parfaitement ignorer les comportements qui se croient subversifs, ou mĂȘme, chez les plus "libĂ©raux" d'entre eux, les apprĂ©cier et les encourager comme un ailleurs exotique dans lequel ils aimeraient cantonner les gays et les lesbiennes plutĂŽt que les laisser revendiquer l'accĂšs Ă  l'Ă©galitĂ©. La "subversion" est dĂ©sormais concĂ©dĂ©e aux gays et aux lesbiennes, Ă  condition qu'ils n'en sortent pas. Ce qui tendrait Ă  montrer que ce qui est subversif aujourd'hui, c'est de refuser ce rĂŽle assignĂ© et attendu socialement. La dĂ©nonciation obsessionnelle, au dĂ©but des annĂ©es quatre-vingt-dix en France, du "communautarisme" (c'est-Ă -dire des "espaces de libertĂ©" dont parlait Foucault) a bien vite cĂ©dĂ© la place Ă  la dĂ©nonciation acharnĂ©e, et de toute Ă©vidence bien plus dĂ©cisive pour les dĂ©fenseurs de l'ordre Ă©tabli, des revendications, pourtant "universalistes", du droit au mariage, Ă  la parentĂ©, Ă  la famille (cette demande d'ĂȘtre reconnus par les valeurs Ă©tablies dont Foucault disait qu'elle Ă©tait bien plus "folle"). Et l'on voit mĂȘme les deux accusations coexister dans les mĂȘmes discours, au dĂ©triment de toute cohĂ©rence ou de toute logique : ne restez pas dans les marges, n'entrez pas dans la norme ; ne soyez pas dehors, ne soyez pas dedans
 Bref : disparaissez, on ne veut plus entendre parler de vous. (p. 194-195)
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Didier Eribon (Insult and the Making of the Gay Self (Series Q))
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En classe, lorsque nous dĂ©marrons un apprentissage, l'enfant a besoin de savoir ce qu'est le projet. [
] En classe, par exemple lors de la premiĂšre leçon sur la division, j'avertis les enfants : "Aujourd'hui, c'est la premiĂšre fois qu'on aborde la division ; elle n'est pas facile Ă  poser parce qu'il faut s'habituer Ă  placer des chiffres Ă  diffĂ©rents endroits. Par contre, elle utilise des opĂ©rations que vous connaissez dĂ©jĂ  - la multiplication et la soustraction - et qui ne prĂ©sente pas de difficultĂ© particuliĂšre." Je balise le chemin avant de commencer la leçon ; j'anticipe sur ce qui peut poser problĂšme aux Ă©lĂšves. (p. 66)
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Isabelle Peloux (L'école du Colibri: La pédagogie de la coopération (Domaine du possible) (French Edition))
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À cela s'ajoute la dramatisation des enjeux de la compĂ©tition. Aujourd'hui, mĂȘme si l'espĂ©rance d'ascension sociale n'a pas entiĂšrement disparu, le principal ressort de l'adhĂ©sion Ă  la sociĂ©tĂ© est bien plutĂŽt l'angoisse d'ĂȘtre mis "hors course", de ne pas trouver sa place, de ne pas avoir de travail et, pour ceux qui en ont, de le perdre. Il s'agit d'une modalitĂ© d'intĂ©gration sociale essentiellement nĂ©gative, qui est un aspect du gouvernement des conduites par la peur (on sait l'efficacitĂ© du prĂ©cariat et de la menace du chĂŽmage dans al modification du rapport de forces au profit du capital). Combinant mise en concurrence totale et extension du risque de non-intĂ©gration, la compĂ©tition se transforme en une lutte Ă  mort, une lutte pour la survie. Elle constitue alors un ressort d'adaptabilitĂ©, tendu Ă  bloc au cƓur des subjectivitĂ©s. (p. 42)
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JĂ©rĂŽme Baschet (AdiĂłs al Capitalismo: AutonomĂ­a, sociedad del buen vivir y multiplicidad de mundos)
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Goed. We wisten dus, dat er represailles zouden komen. Ja? Dat er een huis in brand zou worden gestoken, en dat er gijzelaars zouden worden gefusilleerd. Moesten we het daarom achterwege laten?' Toen hij niets meer zei, keek Anton hem aan. 'Wilt u, dat ik daarop antwoord?' 'Zeker.' 'Dat kan ik niet. Dat weet ik niet.' 'Dan zal ik het je zeggen: het antwoord is nee. Als je zegt, dat jouw familie nog had geleefd als wij Ploeg niet hadden geliquideerd, dan is dat waar. Dat is eenvoudig waar, maar meer ook niet. Als iemand zegt, dat jouw familie nog had geleefd als je vader destijds een ander huis had gehuurd, in een andere straat, dan is dat ook waar. Dan had ik hier misschien met iemand anders gezeten. Tenzij het in die andere straat was gebeurd, want dan had ook Ploeg misschien ergens anders gewoond. Dat is een soort waarheden, waar we niks aan hebben. De enige waarheid waar we iets aan hebben, dat is, dat iedereen is afgemaakt door wie hij is afgemaakt, en niet door iemand anders. Ploeg door ons, jouw familie door de moffen. Als je vindt dat we het niet hadden moeten doen, dan moet je ook vinden, dat het beter was geweest als de mensheid niet had bestaan, gezien de geschiedenis. Dan kan alle liefde en geluk en goedheid van de wereld niet opwegen tegen de dood van ook maar Ă©Ă©n kind. Het jouw, bij voorbeeld. Vind je dat?
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Harry Mulisch (De Aanslag)
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Tu vois, Rab, tout ça, c'est à cause de la vision qu'on a de notre trou du cul. En tant qu'espÚce animale, il est suggéré aujourd'hui que si notre ùme est située dans notre corps, alors elle se loge bien au chaud dans notre cul. Tout se rejoint à ce niveau. C'est logique. C'est pour ça qu'on est obsédés par les blagues de cul, par la sodomie, par les passe-temps anaux... Notre trou du cul - pas notre cerveau, pas l'espace - c'est ça, l'ultime frontiÚre. C'est ça qui rend notre espÚce révolutionnaire.
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Irvine Welsh (Porno (Mark Renton, #3))
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Souviens-toi de te comporter dans la vie comme dans un banquet. Quand un plat arrive Ă  toi, tends la main et sers-toi modĂ©rĂ©ment. S’il passe loin de toi, n’essaye pas de le ramener Ă  toi. Et s’il n’est pas encore arrivĂ© Ă  toi, ne laisse pas ton dĂ©sir te submerger et attend patiemment qu’il arrive Ă  toi. Agis ainsi avec tes enfants, avec ta femme, avec les honneurs, avec la richesse, et tu seras un jour digne d’ĂȘtre le convive des Dieux. Va plus loin et refuse ce qu’on te tend, considĂšre-le avec indiffĂ©rence, et tu obtiendras une part du pouvoir des Dieux ainsi que leur compagnie. C’est ainsi que DiogĂšne, HĂ©raclite et leurs semblables sont aujourd’hui vĂ©nĂ©rĂ©s comme des Dieux.
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EpictĂšte
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Ik zeg dat we elkaar morgen weer zien of misschien boven op de rots, vanavond; dat ze best een keer bij ons thuis kan komen als ze dat wil. Maar zij zegt alleen 'dat zien we nog wel' en ik denk dat ze daar alles mee bedoelt. Dan knik ik maar. En ga. Ik draai me nooit om om te zwaaien. Verdwijn gewoon de trap op naar het huis en opa, en op dat moment is alles precies zoals het moet. Het is eigenlijk best lekker om soms ook alleen te kunnen zijn.
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Oskar Kroon (VÀnta pÄ vind)
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Le scolaire n’est pas vĂ©ritablement compatible avec l’extatique : c’est l’un des traits de l’enseignement que savait dispenser Heidegger, le plus dĂ©concertant des professeurs de sa discipline. [
] La philosophie, conçue comme une mĂ©ditation de l’état d’exception, est dans sa consĂ©quence ultime une dimension anti-scolaire. Car l’école incarne l’intĂ©rĂȘt pour les Ă©tats normaux [
]. Sous le nom de code de « post-modernitĂ© » s’est installĂ©, depuis au moins deux dĂ©cennies, un Ă©tat de conscience post-extrĂ©miste dans lequel ressurgit une pensĂ©e des situations moyennes. [
] De ce point de vue, il a une valeur civilisatrice que l’on doit approuver sans rĂ©serve dans une perspective citoyenne. Il ne faut pas oublier, du reste, que la dĂ©mocratie implique en soi la culture des situations moyennes. L’esprit peut bien recracher les tiĂšdes, la sagesse affirme, contre lui, que la tiĂ©deur est la tempĂ©rature de la vie. [
] Quand on le comprend correctement, le temps prĂ©sent continue plus que jamais [
] Ă  rĂ©clamer une pensĂ©e des grandes circonstances [
]. Le plus extrĂȘme qu’il y ait Ă  penser aujourd’hui se cache plutĂŽt dans les routines de la rĂ©volution permanente, dont nous savons aujourd’hui qu’elle s’inscrit dans la dynamique interne des sociĂ©tĂ©s avancĂ©es propulsĂ©es par l’argent et dont on est forcĂ© d’avoir l’impression qu’aucune rĂ©volution politique ne peut la rattraper.
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Peter Sloterdijk (La Domestication De L'ĂȘtre)
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Aujourd’hui j’ai fait un malaise dans le tram 21 une torpeur s’est comme ça emparĂ©e de moi et ce mal(ĂȘtre) m’a clouĂ© dĂ©bout. lĂ -bas Ă  mi-chemin du tram 21. oĂč se scinde en deux la vie. lĂ -bas tandis que je prenais appui sur la barre latĂ©rale de moi s’est emparĂ© ce mal(ĂȘtre). si je me souviens bien c’était Ă  mi-chemin du tram oĂč se tiennent les petits balanciers. les grands balanciers sont plus proches du conducteur. nul besoin d’avoir un certain Ăąge pour les balanciers on peut mĂȘme n’ĂȘtre qu’un enfant si l’on veut, pour les balanciers. ceux qui passent dans l’autre moitiĂ© du tram reçoivent gracieusement un balancier pour s’y balancer. et tandis que je comptais les arrĂȘts jusqu’à piața obor. c’est comme ça qu’un mal(ĂȘtre) s’est emparĂ© de moi et m’a ramolli les genoux. le noir devant mes yeux. petit ou grand mal(ĂȘtre) je n’en sais rien puisque je ne suis pas encore mort tout Ă  fait. juste la mollesse de mes genoux et la voix familiĂšre criant emil emil. Ă©tendez-le par terre il a quelque chose comme un mal(ĂȘtre). et laissez-le respirer tout seul. criaient les voyageurs. forts aimables les passagers du tram 21. l’un m’a offert sa place. un autre a ouvert la fenĂȘtre. fort aimables les voyageurs aprĂšs tout j’étais l’un des leurs. juste mon front en sueur et mes mains moites et froides. seul le mal(ĂȘtre) s’amenuisait lentement et ma colĂšre noire dans le tram 21 ne me lĂąchait plus. de ma priĂšre vers dieu je ne me souviens plus guĂšre. seule de la voix fĂ©minine attendue toute ma vie Ă  l’arrĂȘt perla pour prendre ensemble le tram 21 qui Ă©tait en fait le tram 46. je m’en souviens. qu’il nous emmĂšne qu’il nous emmĂšne Ă  ce marchĂ© obor pour l’agneau de PĂąques. (traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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Emil Iulian Sude (Paznic de noapte)
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chacun de mener ses réflexions comme il veut. Pourvu toutefois qu'il réfléchisse : dans l'Europe d'aujourd'hui, tout étourdie par les coups qu'on lui porte, en France, en Belgique, en Angleterre, le moindre divertissement de la pensée est une complicité criminelle avec le colonialisme. Ce livre n'avait nul besoin d'une préface. D'autant moins qu'il ne s'adresse pas à nous. J'en ai fait une, cependant, pour mener jusqu'au bout la dialectique : nous aussi, gens de l'Europe, on nous décolonise : cela veut dire qu'on extirpe par une opération sanglante le colon qui est en chacun de nous. Regardons
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Frantz Fanon (Les damnĂ©s de la terre (AnnotĂ©) (Les Ɠuvres de Frantz FANON t. 2) (French Edition))
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Die regte lewe gebeur buite die grense van ons huis. Anderkant die heining, by die bure en hulle bure. Nie op hierdie planeet waar ons huis is nie.
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Juliana Coetzer (Bloedvreemd)
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RĂ©trospectivement, je me demande pourquoi je me suis privĂ© d'un truc [la guerre] aussi romanesque et valorisant. Un peu par trouille : j'y serais sans doute allĂ© si je n'avais appris, au moment oĂč on me le proposait, que Jean Hatzfeld venait d'ĂȘtre amputĂ© d'une jambe aprĂšs avoir reçu lĂ -bas une rafale de kalachnikov. Mais je ne veux pas m'accabler : c'Ă©tait aussi par circonspection. Je me mĂ©fiais, je me mĂ©fie toujours des unions sacrĂ©es - mĂȘme rĂ©duites au petit cercle qui m'entoure. Autant je me crois sincĂšrement incapable de violence gratuite, autant je m'imagine volontiers, peut-ĂȘtre trop, les raisons ou concours de circonstances qui auraient pu en d'autres temps me pousser vers la collaboration, le stalinisme ou la rĂ©volution culturelle. J'ai peut-ĂȘtre trop tendance aussi Ă  me demander si, parmi les valeurs qui vont de soi dans mon milieu, celles que les gens de mon Ă©poque, de mon pays, de ma classe sociale, croient indĂ©passables, Ă©ternelles et universelles, il ne s'en trouverait pas qui paraĂźtront un jour grotesques, scandaleuses ou tout simplement erronĂ©es. Quand des gens peu recommandables comme Limonov ou ses pareils disent que l'idĂ©ologie des droits de l'homme et de la dĂ©mocratie, c'est exactement aujourd'hui l'Ă©quivalent du colonialisme catholique - les mĂȘmes bonnes intentions, la mĂȘme bonne foi, la mĂȘme certitude absolue d'apporter aux sauvages le vrai, le beau, le bien -, cet argument relativiste ne m'enchante pas, mais je n'ai rien de bien solide Ă  lui opposer. Et comme je suis facilement, sur les questions politiques, de l'avis du dernier qui a parlĂ©, je prĂȘtais une oreille attentive aux esprits subtils expliquant qu'Izetbegović, prĂ©sentĂ© comme un apĂŽtre de la tolĂ©rance, Ă©tait en rĂ©alitĂ© un Musulman fondamentaliste, entourĂ© de Moudajhidines, rĂ©solu Ă  instaurer Ă  Sarajevo une rĂ©publique islamique et fortement intĂ©ressĂ©, contrairement Ă  Milosević, Ă  ce que le siĂšge et la guerre durent le plus longtemps possible. Que les Serbes, dans leur histoire, avaient assez subi le joug ottoman pour qu'on comprenne qu'ils n'aient pas envie d'y repiquer. Enfin, que sur toutes les photos publiĂ©es par la presse et montrant des victimes des Serbes, une sur deux si on regardait bien Ă©tait une victime serbe. Je hochais la tĂȘte : oui, c'Ă©tait plus compliquĂ© que ça. (p. 310-311)
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Emmanuel CarrĂšre (Limonov)
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la procrastination, c'est-à-dire le fait de remettre au lendemain ce qu’on peut faire aujourd’hui.
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Emmanuel Guichard (12 conseils Ă©tonnants pour Ă©crire votre premier roman facilement en moins de 3 mois !)
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Il ne faut jamais remettre Ă  demain ce que l'on peut procrastiner aujourd'hui.
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Ghislain Taschereau
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J.B : que signifie alors le hadith selon lequel, Ă  la fin du cycle, le soleil et les Ă©toiles se lĂšveront Ă  l'ouest ? - F.S. : Il signifie d'abord qu'Ă  partir d'une certaine Ă©poque les grand saints de l'islam seront surtout des maghrĂ©bins ; et c'est ce qu'on a constatĂ©. Ensuit, que le Mahdi viendra de l'ouest. Et enfin, que l'Orient a besoin aujourd'hui, non certes des leçons de l'Occident moderne, mais d'une certaine aide du gĂ©nie occidental mis en valeur par l'esprit mĂ©taphysicien et traditionnel, donc, dans une large mesure, par l'Orient... C'est la bonne part de leur esprit critique, de mĂȘme que certaines de leurs qualitĂ©s morales, que les Occidentaux guĂ©ris de la dĂ©viation moderne peuvent lĂ©guer aux Orientaux empoisonnĂ©s. "Un homme de la Tradition : Frithjof Schuon par JEAN BIES" (Revue Question DE. No 8. 3e Trimestre 1975)
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Frithjof Schuon
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Ă  l'arrĂȘt » Proverbe Africain La procrastination est la tendance Ă  repousser au lendemain ce qu’on pourrait faire quelque chose aujourd’hui. Pour cela, on se donne tout plein de bonnes raisons (lire ses e-mails, faire les courses
) pour repousser des tĂąches importantes
 qui au final ne sont jamais rĂ©alisĂ©es. Vous savez, c’est comme toutes les fois que vous pouvez vous dire « demain, je me mets au sport »
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Martin Kurt (15 trucs pour ne plus procrastiner: Stop Ă  la procrastination (French Edition))
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[...] Lorsque Hugue CapĂ© est Ă©lu roi de France en 987 - la dynastie marocaine a dĂ©jĂ  un siĂšcle et demi d'histoire. donc du coup on est en prĂ©sence d'un trĂšs vieil Ă©tat - et les marocains ont toujours jouĂ©s maladroitement, parce que ce sont des gens bien Ă©levĂ©es, ce sont des gens polis, ce sont des gens qui, sĂ»r de leur bon droit ont pensĂ© qu'ils pouvaient discuter avec les algĂ©riens comme un discute entre gens bien Ă©levĂ©s, hors ils ont eu en face d'eux, des gens qui n'appliquaient pas les rĂšgles de la diplomatie traditionnelles, et qui Ă©taient restĂ©s, peut ĂȘtre, dans cette politique des ouvertures barbaresques ou du rapt ou de la piraterie, mais non pas des usages qui Ă©tait les usages classiques de la veille diplomatie, et les marocains se sont trouvĂ©s du jour au lendemain pris par cette rĂ©alitĂ© algĂ©rienne, et ils commencent a comprendre maintenant, que l'on ne nĂ©gocie pas avec l’AlgĂ©rie, comme on nĂ©gocie avec l’Espagne et la France, pays de veilles civilisations et de veilles traditions politiques. Alors aujourd'hui la situation est claire, les marocains ont proposĂ©s une large autonomie au sahara occidental, dans le cadre du Maroc, et on s'achemine vers ce genre de solution, alors que vont faire les algĂ©riens ? ou bien ils vont accepter ou bien ils vont refuser. Et l'ONU, qui est en charge du dossier, commence Ă  en avoir assez et je l'ai bien senti lors de cette rĂ©union Ă  New York, ou il y avait tout les responsables de l'ONU pour la communautĂ© internationale, il est temps qu'un accord soit enfin trouvĂ©, d'autant plus que le polisario n'existe plus - les deux tiers des troupes du polisario ont fait dĂ©fection et sont parti au Maroc et ont ralliĂ© le Maroc donc il n'y a plus en fait que l'AlgĂ©rie en premiĂšre ligne, face au Maroc.
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Bernard Lugan
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Several times a day a group of people we had never seen before would tour the neighborhood. That was the only time the young children in their dirty clothes stopped crying. Even the browbeaten dogs of shouting owners stopped barking and retreated. The entire neighborhood grew calm. Suddenly it was so still - what the heck was going on? I was ashamed of the way our neighborhood smelled. They had bowed and greeted Father. Father had to stand on tiptoe to shake hands with them. But that didn't matter to us. In our eyes our dwarf of a father was a giant. (Cho 2006: 54)
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Cho Se-Hui (The Dwarf (Modern Korean Fiction))
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Personne ne sait ce qui s'est passĂ© le jour de PĂąques, mais une chose est certaine, c'est qu'il s'est passĂ© quelque chose. Quand je dis qu'on ne sait pas ce qui s'est passĂ©, j'ai tort. On le sait trĂšs bien, seulement selon ce qu'on croit ce sont deux choses diffĂ©rentes et incompatibles. Si on est chrĂ©tien, on croit que JĂ©sus est ressuscitĂ© : c'est cela, ĂȘtre chrĂ©tien. Sinon, on croit ce que croyait Renan, ce que croient les gens raisonnables. Qu'un petit groupe de femmes et d'hommes - les femmes d'abord -, dĂ©sespĂ©rĂ©s de la perte de leur gourou, s'est montĂ© le bourrichon, racontĂ© cette histoire de rĂ©surrection, et qu'il s'est passĂ© cette chose nullement surnaturelle mais stupĂ©fiante et qu'il vaut la peine de raconter en dĂ©tail : leur croyance naĂŻve, bizarre, qui aurait normalement dĂ» s'Ă©tioler puis s'Ă©teindre avec eux, a conquis le monde au point qu'aujourd'hui encore un quart environ des hommes vivant sur terre la partagent. (p. 341)
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Emmanuel CarrĂšre (Le Royaume)
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Les exemples irakien et libyen devraient nous dessiller : le regime change, comme disent les AmĂ©ricains, cela ne marche pas. DĂ©jĂ , du temps de la colonisation, les changements de rĂ©gime par la force et la politique de la canonniĂšre n’avaient pas fait preuve de leur efficacitĂ© Ă  long terme. Mais aujourd’hui, oĂč l’on a perdu toute expĂ©rience humaine des gestions coloniales, l’on ne sait pas faire. L’enfer africain et moyen-oriental est pavĂ© des bonnes intentions occidentales.
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Randa Kassis (Le Chaos Syrien, printemps arabes et minorités face à l'islamisme (French Edition))
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Toutefois si l'on songe que mĂȘme aujourd'hui, il y a encore des gens qui se glorifient de mourir pour Dieu, la patrie capitaliste et ses trusts, on ne peut qu'en venir Ă  la conclusion qu'il y a des raisons de mourir plus bĂȘtes que le manque d'amour. (p. 215)
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Fritz Zorn (Mars)
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Il me dit aussi que de nombreuses parties du mur de Berlin sont détruites petit à petit pour faire place aux constructions modernes. Va-t-on se souvenir du passé ? La preuve que non, aujourd'hui encore, d'autres murs sont construits.
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Mirelle Hdb (#Love(ly) Story (Lovely Projets) (French Edition))
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Tu ne sais rien des combats que j'ai dĂ» mener pour arriver lĂ  oĂč je suis aujourd'hui. Tu n'imagines mĂȘme pas les souffrances que nous avons endurĂ©es, les secrets que nous avons dĂ» protĂ©ger. Tu crois que tu sais tout, alors qu'en rĂ©alitĂ©, tu ne sais rien. Tu ne me connais pas — tu ne connais personne. Parce que la vie est ainsi faite. On croit tout savoir, on croit connaĂźtre les gens, et puis on s'aperçoit en vieillissant qu'on avait tout faux, qu'on s'est trompĂ© sur toute la ligne.
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B. Marsden
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Quelle est donc cette foi qui dit Ă  un homme qu'il doit quitter ses amis les plus proches, les plus sincĂšres, pour pouvoir aller vers Dieu? Parce que Dieu est lĂ -bas, dans la montagne, et pas ici, en ville? Parce que Dieu est au monastĂšre, et pas sur les chantiers, ni dans les bureaux? Si l'on croit en Dieu, on doit croire qu'il est partout ! [...] Ce qui m'exaspĂšre, c'est cette maniĂšre que l'on a aujourd'hui d'introduire la religion partout, et de tout justifier par elle. [...] On la met Ă  toutes les sauces, et on croit la servir, alors qu'on est en train de la mettre au service de ses propres ambitions, ou de ses propres lubies.
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Amin Maalouf (Ű§Ù„ŰȘŰ§ŰŠÙ‡ÙˆÙ†)
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Ces considĂ©rations pourront encore aider Ă  comprendre pourquoi il est absolument vain de chercher Ă  Ă©tablir un accord ou un rapprochement quelconque entre les connaissances traditionnelles et les connaissances profanes, et pourquoi les premiĂšres n’ont pas Ă  demander aux secondes une « confirmation » dont, en elles-mĂȘmes, elles n’ont d’ailleurs nul besoin. Si nous y insistons, c’est que nous savons combien cette façon de voir est rĂ©pandue aujourd’hui chez ceux qui ont quelque idĂ©e des doctrines traditionnelles, mais une idĂ©e « extĂ©rieure », si l’on peut dire, et insuffisante pour leur permettre d’en pĂ©nĂ©trer la nature profonde, ainsi que pour les empĂȘcher d’ĂȘtre illusionnĂ©s par le prestige trompeur de la science moderne et de ses applications pratiques. Ceux-lĂ , en mettant ainsi sur le mĂȘme plan des choses qui ne sont nullement comparables, ne perdent pas seulement leur temps et leurs efforts ; ils risquent encore de s’égarer et d’égarer les autres dans toutes sortes de fausses conceptions ; et les multiples variĂ©tĂ©s de l’« occultisme » sont lĂ  pour montrer que ce danger n’est que trop rĂ©el.
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René Guénon
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Pour donner consistance Ă  cette rĂ©volution du temps, il suffit de commencer Ă  Ă©numĂ©rer les domaines de production de biens et de services dont l'existence actuelle ne se soutient que de la logique de la sociĂ©tĂ© marchande, de la double nĂ©cessitĂ© d'accroĂźtre sans cesse la production-pour-le-profit et de reproduire l'organisation sociopolitique qui la rend possible. Osons donc trancher Ă  la racine et mesurer l'ampleur des secteurs qui, dans une sociĂ©tĂ© non marchande, soucieuse de surcroĂźt d'Ă©carter toute sĂ©paration entre gouvernants et gouvernĂ©s, deviendraient parfaitement superflus. On peut Ă©liminer sans hĂ©siter tout le personnel militaire et policier, poursuivre avec les banques, le systĂšme financier et les assurances (ces derniĂšres seules pĂšsent aujourd'hui 15 % du PIB mondial), sans se priver du plaisir d'ajouter la publicitĂ© et le marketing( qui absorbent 500 milliards de dĂ©penses annuelles, soit prĂšs d'un tiers des budgets militaires mondiaux). Finalement, le principe d'un autogouvernement Ă  tous les Ă©chelons, tel qu'on l'a suggĂ©rĂ© dans le chapitre prĂ©cĂ©dent, condamnerait l'ensemble des bureaucraties nationales et internationales Ă  une complĂšte inutilitĂ©. Dens pans considĂ©rables de l'appareil industriel seront abandonnĂ©s, Ă  commencer par la production d'armes et d'Ă©quipements militaires. Les impĂ©ratifs Ă©cologiques et l'affirmation de l'agriculture paysanne rendront caduque une grande partie de l'industrie chimique (notamment l'Ă©crasant secteur agrochimique) comme des biotechnologies fortement contestĂ©es (OGM notamment). Le secteur agroalimentaire, exemple type d'une marchandisation perverse des formes de production, s'Ă©vanouira, au profit d'une valorisation de l'autoproduction et des circuits locaux de production/consommation. [
] on voit que chaque abandon de production de biens et de services aura des effets dĂ©multiplicateurs importants, puisque les besoins en Ă©difices (bureaux, installations industrielles), en matĂ©riaux et en Ă©nergie, en infrastructures et en transports, s'en trouveront diminuĂ©s d'autant. Le secteur de la construction sera par consĂ©quent ramenĂ© Ă  une Ă©chelle bien plus raisonnable qu'aujourd'hui, ce qu'accentuerait encore la rĂ©gĂ©nĂ©ration des pratiques d'autoconstruction (ou du moins une participation directe des utilisateurs eux-mĂȘmes, aux cĂŽtĂ©s d'artisans plus expĂ©rimentĂ©s). Chaque suppression dans la production de biens et de services Ă©liminera Ă  son tour toutes les productions nĂ©cessaires Ă  son installation, Ă  son fonctionnement, sans oublier la gestion des dĂ©chets engendrĂ©s par chacune de ces activitĂ©s. Pour donner un exemple parmi tant d'autres, la suppression de la publicitĂ© (jointe Ă  celle des bureaucraties et Ă  d'autres changements technico-culturels) entraĂźnera une diminution considĂ©rable de la consommation de papier, c'est-Ă -dire aussi de toute la chaĂźne industrielle qui lui est associĂ©e, dans laquelle il faut inclure exploitation forestiĂšre, produits chimiques, matĂ©riaux nĂ©cessaires aux installations industrielles, transport, etc. Sans nier la pertinence de maintenir des Ă©changes Ă  longue distance, le fait de privilĂ©gier, dans toute la mesure du possible, les activitĂ©s locales et de supprimer les absurdes dĂ©tours de production qui caractĂ©risent l'Ă©conomie capitaliste (lesquels mĂšnent, par exemple, l'ail chinois jusqu'en Europe et de l'eau - oui, de l'eau ! - des Alpes jusqu'au Mexique) rĂ©duira Ă  peu de chose la chaĂźne commerciale actuelle et restreindra encore les besoins en transport. Joint Ă  l'abandon d'une logique de production et d'organisation centrĂ©e sur l'automobile et le fĂ©tichisme Ă©golĂątre qui la soutient, tout cela entraĂźnera une forte contraction de la consommation Ă©nergĂ©tique, qui pourra ĂȘtre satisfaite grĂące aux Ă©nergies renouvelables, produites, dans la mesure du possible, localement. En consĂ©quence, tout ce qui fonde le poids Ă©crasant du secteur Ă©nergĂ©tique dans l'Ă©conomie mondiale actuelle s'Ă©vanouira pour l'essentiel. (p. 91-92)
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JĂ©rĂŽme Baschet (AdiĂłs al Capitalismo: AutonomĂ­a, sociedad del buen vivir y multiplicidad de mundos)
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On pourrait Ă©voquer Ă  ce sujet un autre ensemble de phĂ©nomĂšnes modernes typiques qui, partant de la vie la plus banale, investissent aussi le plan de la culture. En effet, la tendance sadique au sens large s'exprime Ă©galement dans un aspect de l'art et de la littĂ©rature, lorsque ceux-ci se complaisent Ă  mettre en Ă©vidence des types et des situations se rapportant Ă  une humanitĂ© brisĂ©e, vaincue ou corrompue. Le prĂ©texte bien connu, c'est que « cela aussi, c'est la vie », ou encore que tout cela doit ĂȘtre montrĂ© dans le seul but de provoquer une rĂ©action. En rĂ©alitĂ©, ce qui agit ici, c'est plutĂŽt ce que les Allemands appellent la Schadenfreude, la joie de salir, plaisir pervers et variĂ©tĂ© de sadisme, de complaisance sadique. On jouit en voyant non l'homme debout, mais l'homme dĂ©chu, ratĂ© ou dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©. On apprĂ©cie en somme, non la limite supĂ©rieure, mais la limite infĂ©rieure de la condition humaine (on pourrait renvoyer ici, en partie du moins, Ă  ce que nous dirons plus loin au sujet du « rire des dieux »). II fut un temps oĂč c'Ă©taient surtout des Ă©crivains et artistes juifs (ou russes) qui donnaient le ton dans ce domaine ; aujourd'hui, la chose est rĂ©pandue partout.
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Julius Evola (L'arco e la clava)
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L’homme est ainsi fait que, quand il ne voit pas de nuage, il a besoin d’en trouver un pour se rassurer. S’il ne voit pas un malheur s’avancer, il se dit que la prochaine catastrophe, pour ĂȘtre aussi bien dissimulĂ©e, elle sera d’ampleur, aussi vaut-il mieux tout de suite Ɠuvrer Ă  mettre des nuages dans le ciel, des nuages qu’on connaĂźt, ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on meurt de faim ou noyĂ© ou lĂ©preux ou bombardĂ© Ă  travers le monde, mais le soleil, allez savoir ce que ça cache, d’ailleurs si on le regarde en face, ça rend aveugle, c’est bien la preuve.
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Fabien Maréchal (Dernier avis avant démolition)
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Nul ne peut imaginer le nombre de fois oĂč il faut dĂ©clarer ĂȘtre veuf une fois que l'on est veuf, pour rĂ©gler le juste-aprĂšs, pour lĂ©galiser l'encore-aprĂšs, pour justifier le maintenant, alors qu'il n'existe aucune case Ă  cocher pour dire que l'on a perdu un enfant. On peut ĂȘtre parricide, infanticide, on peut ĂȘtre orphelin de pĂšre ou de mĂšre, mais il n'existe mĂȘme pas de mot pour nommer ce que tu es prĂ©cisĂ©ment. Orphelin de ton fils.
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Fabien Maréchal (Plus personne pour aujourd'hui)
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Aujourd'hui, j'ai été témoin du pire crime qu'on puisse commettre. Corner la page d'un livre. Délibérément.
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Tiphaine Bleuvenn (Mes Amours Ă©ponymes 1 (Mes Amours Ă©ponymes, #1))
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À partir de cet exemple et de ses recherches, Damasio est l’un des premiers neuroscientifiques Ă  montrer comment dans la vie, aucune dĂ©cision n’est prise exclusivement rationnellement. De nombreux chercheurs le dĂ©montrent aujourd’hui avec prĂ©cision. Combien de fois avez-vous rempli des lignes de pour et de contre pour aboutir au statut quo face Ă  une dĂ©cision Ă  prendre ? Dans tout processus dĂ©cisionnel, le choix se rĂ©alise par comparaison entre les scĂ©narios qu’on imagine : si je fais ceci, j’obtiendrai cela. Toute dĂ©cision change la situation qu’il faut Ă  nouveau analyser pour Ă  nouveau choisir. Il y a les petits choix de la vie quotidienne qui se dĂ©roulent le plus souvent en pilotage automatique, et les choix plus importants pour eux qui tournent en boucle dans la tĂȘte et qui empĂȘchent de dormir). il y a enfin toutes les situations ou l’on ne choisit pas vraiment (en tout cas pas consciemment) parce qu’on est en mode rĂ©actionnel. Dans ces situations, on n’agit pas pour obtenir quelque chose, mais parce que quelque chose. Nous reviendrons sur ce point car c’est l’un des meilleurs moyens de ne pas rĂ©soudre un problĂšme. Si l’un des scenarii a plus de poids qu’un autre, c’est en fonction de l’émotion que l’on ressent Ă  sa mise en image dans notre esprit. C’est ce penchant affectif, parfois trĂšs faible ou trĂšs intense, qui conduit Ă  choisir. L’affectif est un support au rationnel, l’un et l’autre ne s’opposent pas. Pour acheter un yaourt nature ou aux fruits, pour mettre un point de plus Ă  une copie, pour interroger un Ă©lĂšve ou un autre, pour changer d’établissement ou se sĂ©parer d’un conjoint, le processus est le mĂȘme : nous imaginons le scĂ©nario consĂ©quent Ă  telle dĂ©cision et nous choisissons celui qui nous plaĂźt le plus ou nous dĂ©plaĂźt le moins. Comme le sel, l’affecte est un exhausteur de goĂ»t, il donne une saveur agrĂ©able ou dĂ©sagrĂ©able Ă  un scĂ©nario particulier. Et nous choisissons l’action qui mettra en acte le scĂ©nario que nous trouvons Ă  notre goĂ»t. Au lieu d’opposer raison et Ă©motion, il faut pouvoir associer les deux en se permettant de penser sur ses sentiments et de ressentir ses idĂ©es. (p. 55)
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Nathalie Francols (Profs et élÚves, apprendre ensemble - Situations quotidiennes à comprendre et à dénouer)
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L'architecture moderniste de l'aprĂšs-guerre a introduit une nouveautĂ© remarquable : les pauvres dĂ©versent leur rage sur leurs propres habitations. Le lien entre grands ensembles et "dĂ©gradations" continuelles, quelle que soit leur ampleur, est si visible qu'on le considĂšre maintenant comme inĂ©vitable, "naturel". Il n'existe aucun tĂ©moignage sur de telles pratiques dans les taudis prolĂ©tariens du XIXe siĂšcle. Le succĂšs est indĂ©niable : au lieu de s'en prendre au maisons des riches, les "exclus" s'en prennent aujourd'hui Ă  leur propre habitat, Ă  leurs "cages Ă  lapins". Contrairement aux classes populaires urbaines du passĂ©, qui considĂ©raient leurs logements et leurs quartiers, pour misĂ©rables qu'ils fussent, comme "leur" monde Ă  partir duquel ils pouvaient s'attaquer aux exploiteurs, les nouvelles "classes dangereuses" sont surtout dangereuses pour elles-mĂȘmes. La haine et le mĂ©pris de soi ont remplacĂ© la haine de classe - et l'urbanisme et l'amĂ©nagement du territoire y sont pour beaucoup.
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Anselm Jappe (BĂ©ton. Arme de construction massive du capitalisme)
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p. 137. Mais si on redoute le lendemain, c'est parce qu'on ne sait pas construire le présent et quand on ne sait pas construire le présent, on se raconte qu'on le pourra demain et c'est fichu parce que demain finit toujours par devenir aujourd'hui, vous voyez?
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Muriel Barbery (The Elegance of the Hedgehog)
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Les secrets du bonheur sont souvent la ou on ne les voit pas: a notre portee. Le vrai luxe se cache au coeur d'un equilibre delicat entre une vie simple et frugale et une vie aussi gaie et legere que des bulles de champagne. Le juste milieu, c'est l'equilibre atteint entre satisfaire ses envies - etre en vie - et ne pas ceder aux exces. Notre attirance envers certaines marques. Lorsque nous nous sommes emotionnellement connectes a une marque, celle-ci devient pour nous unique. Le choix de nos objets, de nos meubles, de nos possessions en general est tres important pour notre equilibre et notre bonheur: ce que nous possedons doit refleter exactement ce que nous sommes et representer les valeurs que nous portons en nous. La beaute est la promesse du bonheur. Stendhal Avoir une bonne image de soi-meme rend la vie infiniment plus simple. Si vous vous aimez, cela se refletera sur votre physionomie. Celles qui sont depourvues d'identite tentent souvent, par le biais de la mode, d'en acquerir une. Celles, au contraire, qui savent qu'elles ont un charme naturel, parlent, marchent avec une certaine aisance. Vivre dans le luxe, c'est surtout vivre libre de tout souci et de toute angoisse pour le futur, etre capable d'apprecier chaque moment de l'existence et avoir assez de sagesse, de connaisance et bon sens pour vivre en paix avec soi. L'education de nos sens et de nos emotions est plus importante que celle de nos idees. Bien vivre, ce n'est pas vivre dans l'abondance materielle mais developper sa creativite, cultiver sa capacite a porter attention a ce qui nous entoure. Vivre avec attention repose sur la sante mentale et la sante mentale repose sur le fait de preter attention. Pour apprecier quelque chose, il faut pouvoir en prendre conscience. Et c'est en cela que la culture et les voyages aident a vivre mieux et plus luxueusement. La pauvrete, c'est le maximum d'effort pour le minimum de resultat. La richesse, c'est le minimum d'effort pour le maximum de resultat. Abraham Lincoln Parvenir a vivre a son propre rythme est le luxe de ceux qui savent veritablement jouir de l'existence. Aimer vivre et decouvrir est un luxe. Lorsque nous sommes en vacances, nous nous autorisons a etre heureux. Il y a dix ans, le luxe c'etait de posseder un portable; aujourd'hui, c'est de pouvoir l'eteindre. Ce n'est qu'en se fondant a la beaute de la nature qu'on peut retrouver la capacite de s'emerveiller devant la vie. Seule la nature peut aider notre mental a ralentir sa course folle et redonner de la vie a nos sens. regarder, observer, sentir, humer - la nature a le pouvoir magique de calmer l'esprit. Mange sans parler. Pas besoin de mots, la vie se vit sans qu'on ait besoin de la dire. La dire, c'est souvent ne pas la vivre. La dire abondamment, c'est souvent la vivre petitement.
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Dominique Loreau (Arta Rafinamentului)
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Mais si on redoute le lendemain, c'est parce qu'on ne sait pas construire le présent et quand on ne sait pas construire le présent, on se raconte qu'on le pourra demain et c'est fichu parce que demain finit toujours par devenir aujourd'hui, vous voyez ?
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Muriel Barbery