Nous Les Menteurs Quotes

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Le rĂȘve est le tuteur du pauvre, et son pourfendeur. Il nous tient par la main, puis il nous tient dans la sienne pour nous larguer quand il veut aprĂšs nous avoir baladĂ©s Ă  sa guise Ă  travers mille promesses. C’est un gros malin, le rĂȘve, un fin psychologue : il sait nous prendre Ă  nos propres sentiments comme on prend au mot un fieffĂ© menteur ; lorsque nous lui confions notre cƓur et notre esprit, il nous fausse compagnie au beau milieu d’une dĂ©route, et nous nous retrouvons avec du vent dans la tĂȘte et un trou dans la poitrine – il ne nous reste plus que les yeux pour pleurer.
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Yasmina Khadra (Les anges meurent de nos blessures)
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Celui qui voyage peut garder un silence qui sera mystĂ©rieux pour les inconnus qui le remarquent, ou cĂ©der sans danger Ă  la tentation de parler et de devenir un menteur, d'enjoliver un Ă©pisode de sa vie en la racontant Ă  quelqu'un qu'il ne verra plus jamais. Je crois qu'il n'est pas vrai, comme on le dit, qu'en voyageant on pourrait devenir un autre : ce qui se passe, c'est qu'on se trouve allĂ©gĂ© de soi-mĂȘme, de ses obligations et de son passĂ©, tout comme on rĂ©duit tout ce qu'on possĂšde aux quelques choses nĂ©cessaires Ă  son bagage. La partie la plus pesante de notre identitĂ© s'appuie sur ce que les autres savent ou pensent de nous. Ils nous regardent et nous savons qu'ils savent, et en silence ils nous obligent Ă  ĂȘtre ce qu'ils attendent que nous soyons, Ă  agir conformĂ©ment Ă  certaines habitudes que nos actions antĂ©rieures ont Ă©tablies, ou aux soupçons que nous n'avons pas conscience d'avoir Ă©veillĂ©s. Ils nous regardent et nous ne savons pas qui ils peuvent bien voir en nous, ni ce qu'ils inventent ou dĂ©cident que nous sommes.
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Antonio Muñoz Molina
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Pour quiconque veut examiner les choses avec impartialitĂ©, il est manifeste que les Grecs ont bien vĂ©ritablement, au point de vue intellectuel tout au moins, empruntĂ© presque tout aux Orientaux, ainsi qu’eux-mĂȘmes l’ont avouĂ© assez souvent ; si menteurs qu’ils aient pu ĂȘtre, ils n’ont du moins pas menti sur ce point, et d’ailleurs ils n’y avaient aucun intĂ©rĂȘt, tout au contraire. Leur seule originalitĂ©, disions-nous prĂ©cĂ©demment, rĂ©side dans la façon dont ils ont exposĂ© les choses, suivant une facultĂ© d’adaptation qu’on ne peut leur contester mais qui se trouve nĂ©cessairement limitĂ©e Ă  la mesure de leur comprĂ©hension ; c’est donc lĂ , en somme, une originalitĂ© d’ordre purement dialectique. En effet, les modes de raisonnement, qui dĂ©rivent des modes gĂ©nĂ©raux de la pensĂ©e et servent Ă  les formuler, sont autres chez les Grecs que chez les Orientaux ; il faut toujours y prendre garde lorsqu’on signale certaines analogies, d’ailleurs rĂ©elles, comme celle du syllogisme grec, par exemple, avec ce qu’on a appelĂ© plus ou moins exactement le syllogisme hindou. On ne peut mĂȘme pas dire que le raisonnement grec se distingue par une rigueur particuliĂšre ; il ne semble plus rigoureux que les autres qu’à ceux qui en ont l’habitude exclusive, et cette apparence provient uniquement de ce qu’il se renferme toujours dans un domaine plus restreint, plus limitĂ©, et mieux dĂ©fini par lĂ  mĂȘme. Ce qui est vraiment propre aux Grecs, par contre, mais peu Ă  leur avantage, c’est une certaine subtilitĂ© dialectique dont les dialogues de Platon offrent de nombreux exemples, et oĂč se voit le besoin d’examiner indĂ©finiment une mĂȘme question sous toutes ses faces, en la prenant par les plus petits cĂŽtĂ©s, et pour aboutir Ă  une conclusion plus ou moins insignifiante ; il faut croire que les modernes, en Occident, ne sont pas les premiers Ă  ĂȘtre affligĂ©s de « myopie intellectuelle ».
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René Guénon (Introduction to the Study of the Hindu Doctrines)
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J'ai connu trop d'Ăąmes, Sabiroux, j'ai trop entendu la parole humaine, quand elle ne sert plus Ă  dĂ©guiser la honte, mais Ă  l'exprimer; prise Ă  sa source, pompĂ©e comme le sang d'une blessure. Moi aussi, j'ai cru pouvoir lutter, sinon vaincre. Au dĂ©but de notre vie sacerdotale nous nous faisons du pĂ©cheur une idĂ©e si singuliĂšre, si gĂ©nĂ©reuse. RĂ©volte, blasphĂšme, sacrilĂšge, cela a sa grandeur sauvage, c'est une bĂȘte qu'on va dompter... Dompter le pĂ©cheur! ĂŽ la ridicule pensĂ©e! Dompter la faiblesse et la lĂąchetĂ© mĂȘmes ! Qui ne se lasserait de soulever une masse inerte ? Tous les mĂȘmes! Dans l'effusion de l'aveu, dans l'Ă©largissement du pardon, menteurs encore et toujours !
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Georges Bernanos (Under Satan's Sun)
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RhinocĂ©ros , EugĂšne Ionesco Le Vieux Monsieur et le Logicien vont s’asseoir Ă  l’une des tables de la terrasse, un peu Ă  droite et derriĂšre Jean et BĂ©renger. BĂ©renger, Ă  Jean : Vous avez de la force. Jean : Oui, j’ai de la force, j’ai de la force pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai de la force parce que j’ai de la force, ensuite j’ai de la force parce que j’ai de la force morale. J’ai aussi de la force parce que je ne suis pas alcoolisĂ©. Je ne veux pas vous vexer, mon cher ami, mais je dois vous dire que c’est l’alcool qui pĂšse en rĂ©alitĂ©. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Voici donc un syllogisme exemplaire. Le chat a quatre pattes. Isidore et Fricot ont chacun quatre pattes. Donc Isidore et Fricot sont chats. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Mon chien aussi a quatre pattes. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Alors c’est un chat. BĂ©renger, Ă  Jean : Moi, j’ai Ă  peine la force de vivre. Je n’en ai plus envie peut-ĂȘtre. Le Vieux Monsieur, au Logicien aprĂšs avoir longuement rĂ©flĂ©chi : Donc logiquement mon chien serait un chat. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Logiquement, oui. Mais le contraire est aussi vrai. BĂ©renger, Ă  Jean : La solitude me pĂšse. La sociĂ©tĂ© aussi. Jean, Ă  BĂ©renger : Vous vous contredisez. Est-ce la solitude qui pĂšse, ou est-ce la multitude ? Vous vous prenez pour un penseur et vous n’avez aucune logique. Le Vieux Monsieur, au Logicien : C’est trĂšs beau la logique. Le Logicien, au Vieux Monsieur : A condition de ne pas en abuser. BĂ©renger, Ă  Jean : C’est une chose anormale de vivre. Jean : Au contraire. Rien de plus naturel. La preuve : tout le monde vit. BĂ©renger : Les morts sont plus nombreux que les vivants. Leur nombre augmente. Les vivants sont rares. Jean : Les morts, ca n’existe pas, c’est le cas de le dire !
 Ah ! ah !
 (Gros rire) Ceux-lĂ  aussi vous pĂšsent ? Comment peuvent peser des choses qui n’existent pas ? BĂ©renger: Je me demande moi-mĂȘme si j’existe ! Jean, Ă  BĂ©renger : Vous n’existez pas, mon cher, parce que vous ne pensez pas ! Pensez, et vous serez. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Autre syllogisme : tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat. Le Vieux Monsieur : Et il a quatre pattes. C’est vrai, j’ai un chat qui s’appelle Socrate. Le Logicien : Vous voyez
 Jean, Ă  BĂ©renger : Vous ĂȘtes un farceur, dans le fond. Un menteur. Vous dites que la vie ne vous intĂ©resse pas. Quelqu’un, cependant, vous intĂ©resse ! BĂ©renger : Qui ? Jean : Votre petite camarade de bureau, qui vient de passer. Vous en ĂȘtes amoureux ! Le Vieux Monsieur, au Logicien : Socrate Ă©tait donc un chat ! Le Logicien : La logique vient de nous le rĂ©vĂ©ler. Jean : Vous ne vouliez pas qu’elle vous voie dans le triste Ă©tat oĂč vous vous trouviez. Cela prouve que tout ne vous est pas indiffĂ©rent. Mais comment voulez-vous que Daisy soit sĂ©duite par un ivrogne ? Le Logicien : Revenons Ă  nos chats. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Je vous Ă©coute. BĂ©renger, Ă  Jean : De toute façon, je crois qu’elle a dĂ©jĂ  quelqu’un en vue. Jean, Ă  BĂ©renger : Qui donc ? BĂ©renger, Ă  Jean : Dudard. Un collĂšgue du bureau : licenciĂ© en droit, juriste, grand avenir dans la maison, de l’avenir dans le cƓur de Daisy, je ne peux pas rivaliser avec lui. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Le chat Isidore a quatre pattes. Le Vieux Monsieur : Comment le savez-vous ? Le Logicien : C’est donnĂ© par hypothĂšse. BĂ©renger, Ă  Jean : Il est bien vu par le chef. Moi, je n’ai pas d’avenir, pas fait d’études, je n’ai aucune chance. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ah ! par hypothĂšse ! Jean, Ă  BĂ©renger : Et vous renoncez, comme cela
 BĂ©renger, Ă  Jean : Que pourrais-je faire ? Le Logicien, au Vieux Monsieur : Fricot aussi a quatre pattes. Combien de pattes auront Fricot et Isidore ? Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ensemble ou sĂ©parĂ©ment ? Jean, Ă  BĂ©renger : La vie est une lutte, c’est lĂąche de ne pas combattre !
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EugÚne Ionesco (Rhinocéros)
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La vie est jalonnĂ©e d'epreuves solides comme la pierre; une mĂ©canique des fluides permet d'y circuler quand mĂȘme. La Bible, ce superbe traitĂ© de morale Ă  l'usage des cailloux, des rochers et des menhirs, nous enseigne d'admirables principes petrifiĂ©s, "que Ton verbe soit oui? oui, non? non. Ce que l'on ajoute vient du Malin" - et ceux qui s'y tiennent sont ces ĂȘtres inentamables et d'un seul tenant, estimĂ©s de tous. À l'opposĂ©, il y a des crĂ©atures incapables de ces comportements granitiques et qui, pour avancer, ne peuvent que se faufiler, s'infiltrer, contourner. Quand on demande si oui ou non elles veulent Ă©pouser untel, elles suggĂ©rent des fiançailles, noces liquides. Les patriarches pierreux voient en elles des traĂźtres ou des menteurs, alors qu'elles sont sincĂšres Ă  la maniĂšre de l'eau. Si je suis eau, quel sens cela a-t-il de te dire oui, je vais t'Ă©pouser? LĂ  serait le mensonge. On ne retient pas l'eau. Oui, je t'irriguerai, je te prodiguerai ma richesse, je te rafraĂźchirai, j'apaiserai ta soif, mais que sais-je de ce que sera le cours de mon fleuve, tu ne te baignerais jamais deux fois dans la mĂȘme fiancĂ©e.
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Amélie Nothomb (Ni d'Ève ni d'Adam)