Notre Musique Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Notre Musique. Here they are! All 25 of them:

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La musique savante manque à notre désir
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Arthur Rimbaud (Illuminations)
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Communism existed once, during two 45 minute half-times, when Honved, from Budapest, won over England by 6-3. The English played individually, and the Hungarians, collectively.
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Jean-Luc Godard
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Je m'accordais, chaque soir, un moment de musique qui n'Ă©tait qu'Ă  moi seul. Certes, ce plaisir solitaire est un plaisir stĂ©rile, mais aucun plaisir n'est stĂ©rile lorsqu'il remet notre ĂȘtre d'accord avec la vie. (p. 80-81)
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Marguerite Yourcenar (Alexis ou le Traité du vain combat / Le Coup de grùce)
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Comme il est profond, ce mystÚre de l'Invisible ! Nous ne le pouvons sonder avec nos sens misérables, avec nos yeux qui ne savent apercevoir ni le trop petit, ni le trop grand, ni le trop prÚs, ni le trop loin, ni les habitants d'une étoile, ni les habitants d'une goutte d'eau... avec nos oreilles qui nous trompent, car elles nous transmettent les vibrations de l'air en notes sonores. Elles sont des fées qui font ce miracle de changer en bruit ce mouvement et par cette métamorphose donnent naissance à la musique, qui rend chantante l'agitation muette de la nature... avec notre odorat, plus faible que celui du chien... avec notre goût, qui peut à peine discerner l'ùge d'un vin ! Ah ! si nous avions d'autres organes qui accompliraient en notre faveur d'autres miracles, que de choses nous pourrions découvrir encore autour de nous !
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Guy de Maupassant (The Horla)
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Les yeux Ă©chappent Ă  tout contrĂŽle. Nous devons rĂ©flĂ©chir oĂč et quand nous les posons. L'ensemble de notre vie s'Ă©coule Ă  travers eux et ils peuvent aussi bien ĂȘtre des fusils que des notes de musique, un chant d'oiseau qu'un cri de guerre. Ils ont le pouvoir de nous dĂ©voiler, de te sauver, te perdre. J'ai aperçu tes yeux et ma vie a changĂ©. Ses yeux Ă  elle m'effraient. Ses yeux Ă  lui m'aspirent. Regarde-moi un peu, alors tout ira mieux et peut-ĂȘtre pourrai-je dormir. (p. 234)
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JĂłn Kalman StefĂĄnsson (HimnarĂ­ki og helvĂ­ti)
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Mais quand il les eut mises en branle, quand il sentit cette grappe de cloches remuer sous sa main, quand il vit, car il ne l'entendait pas, l'octave palpitante monter et descendre sur cette échelle sonore comme un oiseau qui saute de branche en branche, quand le diable musique, ce démon qui secoue un trousseau étincelant de strettes, de trilles et d'arpÚges, se fut emparé du pauvre sourd, alors il redevint heureux, il oublia tout, et son coeur qui se dilatait fit épanouir son visage.
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Victor Hugo (Notre Dame de Paris)
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Il n'y a que les imbĂ©ciles qui ne soient pas gourmands. On est gourmand comme on est artiste, comme on est instruit, comme on est poĂšte. Le goĂ»t, mon cher, c'est un organe dĂ©licat, perfectible et respectable comme l’Ɠil et l'oreille. Manquer de goĂ»t, c'est ĂȘtre privĂ© d'une facultĂ© exquise, de la facultĂ© de discerner la qualitĂ© des aliments, comme on peut ĂȘtre privĂ© de celle de discerner les qualitĂ©s d'un livre ou d'une oeuvre d'art ; c'est ĂȘtre privĂ© d'un sens essentiel, d'une partie de la supĂ©rioritĂ© humaine ; c'est appartenir Ă  une des innombrables classes d'infirmes, de disgraciĂ©s et de sots dont se compose notre race ; c'est avoir la bouche bĂȘte, en un mot, comme on a l'esprit bĂȘte. Un homme qui ne distingue pas une langouste d'un homard, d'un hareng, cet admirable poisson qui porte en lui toutes les saveurs, tous les arĂŽmes de la mer, d'un maquereau ou d'un merlan, et une poire crassane d'une duchesse, est comparable Ă  celui qui cofonderait Balzac avec EugĂšne Sue, une symphonie de Beethoven avec une marche militaire d'un chef de musique de rĂ©giment, et l'Apollon du BelvĂ©dĂšre avec la statue du gĂ©nĂ©ral Blanmont !
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Guy de Maupassant
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Les scribes anciens apprirent non seulement Ă  lire et Ă  Ă©crire, mais aussi Ă  utiliser des catalogues, des dictionnaires, des calendriers, des formulaires et des tableaux. Ils Ă©tudiĂšrent et assimilĂšrent des techniques de catalogage, de rĂ©cupĂ©ration et de traitement de l’information trĂšs diffĂ©rentes de celles du cerveau. Dans le cerveau, les donnĂ©es sont associĂ©es librement. Quand, avec mon Ă©pouse, je vais signer une hypothĂšque pour notre nouvelle maison, je me souviens du premier endroit oĂč nous avons vĂ©cu ensemble, ce qui me rappelle notre lune de miel Ă  la Nouvelle-OrlĂ©ans, qui me rappelle les alligators, qui me font penser aux dragons, qui me rappelle L’Anneau des Nibelungen
 Et soudain, sans mĂȘme m’en rendre compte, je fredonne le leitmotiv de Siegfried devant l’employĂ© de banque interloquĂ©. Dans la bureaucratie, on se doit de sĂ©parer les choses. Un tiroir pour les hypothĂšques de la maison, un autre pour les certificats de mariage, un troisiĂšme pour les impĂŽts et un quatriĂšme pour les procĂšs. Comment retrouver quoi que ce soit autrement ? Ce qui entre dans plus d’un tiroir, comme les drames wagnĂ©riens (dois-je les ranger dans la rubrique « musique » ou « thĂ©Ăątre », voire inventer carrĂ©ment une nouvelle catĂ©gorie ?), est un terrible casse-tĂȘte. On n’en a donc jamais fini d’ajouter, de supprimer et de rĂ©organiser des tiroirs. Pour que ça marche, les gens qui gĂšrent ce systĂšme de tiroirs doivent ĂȘtre reprogrammĂ©s afin qu’ils cessent de penser en humains et se mettent Ă  penser en employĂ©s de bureau et en comptables. Depuis les temps les plus anciens jusqu’à aujourd’hui, tout le monde le sait : les employĂ©s de bureau et les comptables ne pensent pas en ĂȘtres humains. Ils pensent comme on remplit des dossiers. Ce n’est pas leur faute. S’ils ne pensent pas comme ça, leurs tiroirs seront tout mĂ©langĂ©s, et ils seront incapables de rendre les services que leur administration, leur sociĂ©tĂ© ou leur organisation demande. Tel est prĂ©cisĂ©ment l’impact le plus important de l’écriture sur l’histoire humaine : elle a progressivement changĂ© la façon dont les hommes pensent et voient le monde. Libre association et pensĂ©e holiste ont laissĂ© la place au compartimentage et Ă  la bureaucratie.
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Yuval Noah Harari (Sapiens : Une brÚve histoire de l'humanité)
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Certains jours, travaillant aux MystĂšres de messieurs, j'avais envie d'allĂ©ger la planĂšte des neuf dixiĂšmes de ses phallophores - qui, par leur insĂ©curitĂ© permanente, leur incertitude d'ĂȘtre (Pour qui tu te prends ? phrase masculine par excellence), leur passion pour les armes, leur rivalitĂ©, leur goĂ»t du pouvoir, leurs bagarres et magouilles de toutes sortes, conduisent notre espĂšce droit Ă  l'extinction, d'autres jours au contraire j'avais envie de les remercier Ă  genoux car ils ont inventĂ© la roue et le canoĂ«, l'alphabet et l'appareil photo, Ă©laborĂ© les sciences composĂ© les musiques Ă©crit les livres peint les tableaux bĂąti les palais les Ă©glises les mosquĂ©es les ponts les barrages et les routes, travaillĂ© sans compter, durement et modestement, dĂ©ployant leur force, leur patience, leur Ă©nergie et leur savoir-faire dans les champs de mine usines ateliers bibliothĂšques universitĂ©s et laboratoires du monde entier. Oh ! hommes merveilleux, anonymes et innombrables, souffrant et vous dĂ©vouant, jour aprĂšs jour, siĂšcle aprĂšs siĂšcle pour nous faire vivre un peu mieux, avec un peu plus de confort et de beautĂ© et de sens... que je vous aime !
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Nancy Huston (Infrarouge)
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277. Providence personnelle. Il existe un certain point supĂ©rieur de la vie : lorsque nous l’avons atteint, malgrĂ© notre libertĂ© et quoi que nous dĂ©niions au beau chaos de l’existence toute raison prĂ©voyante et toute bontĂ©, nous sommes encore une fois en grand danger de servitude intellectuelle et nous avons Ă  faire nos preuves les plus difficiles. Car c’est maintenant seulement que notre esprit est violemment envahi par l’idĂ©e d’une providence personnelle, une idĂ©e qui a pour elle le meilleur avocat, l’apparence Ă©vidente, maintenant que nous pouvons constater que toutes, toutes choses qui nous frappent, tournent toujours Ă  notre bien. La vie de chaque jour et de chaque heure semble vouloir dĂ©montrer cela toujours Ă  nouveau ; que ce soit n’importe quoi, le beau comme le mauvais temps, la perte d’un ami, une maladie, une calomnie, la non-arrivĂ©e d’une lettre, un pied foulĂ©, un regard jetĂ© dans un magasin, un argument qu’on vous oppose, le fait d’ouvrir un livre, un rĂȘve, une fraude : tout cela nous apparaĂźt, immĂ©diatement, ou peu de temps aprĂšs, comme quelque chose qui « ne pouvait pas manquer », — quelque chose qui est plein de sens et d’une profonde utilitĂ©, prĂ©cisĂ©ment pour nous ! Y a-t-il une plus dangereuse sĂ©duction que de retirer sa foi aux dieux d’Épicure, ces insouciants inconnus, pour croire Ă  une divinitĂ© quelconque, soucieuse et mesquine, qui connaĂźt personnellement chaque petit cheveu sur notre tĂȘte et que les services les plus dĂ©testables ne dĂ©goĂ»tent point ? Eh bien ! — je veux dire malgrĂ© tout cela, — laissons en repos les dieux et aussi les gĂ©nies serviables, pour nous contenter d’admettre que maintenant notre habiletĂ©, pratique et thĂ©orique, Ă  interprĂ©ter et Ă  arranger les Ă©vĂ©nements atteint son apogĂ©e. Ne pensons pas non plus trop de bien de cette dextĂ©ritĂ© de notre sagesse, si nous sommes parfois surpris de la merveilleuse harmonie que produit le jeu sur notre instrument : une harmonie trop belle pour que nous osions nous l’attribuer Ă  nous-mĂȘmes. En effet, de-ci de-lĂ , il y a quelqu’un qui se joue de nous — le cher hasard : Ă  l’occasion, il nous conduit la main et la providence la plus sage ne saurait imaginer de musique plus belle que celle qui rĂ©ussit alors sous notre folle main.
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Friedrich Nietzsche (Oeuvres complÚtes (24 titres annotés))
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en vĂ©ritĂ© il est trĂšs agrĂ©able de se rĂ©unir, de s’asseoir et de bavarder des intĂ©rĂȘts publics. Parfois mĂȘme je suis prĂȘt Ă  chanter de joie, quand je rentre dans la sociĂ©tĂ© et vois des hommes solides, sĂ©rieux, trĂšs bien Ă©levĂ©s, qui se sont rĂ©unis, parlent de quelque chose sans rien perdre de leur dignitĂ©. De quoi parlent-ils ? ça c’est une autre question. J’oublie mĂȘme, parfois, de pĂ©nĂ©trer le sens de la conversation, me contentant du tableau seul. Mais jusqu’ici, je n’ai jamais pu pĂ©nĂ©trer le sens de ce dont s’entretiennent chez nous les gens du monde qui n’appartiennent pas Ă  un certain groupe. Dieu sait ce que c’est. Sans doute quelque chose de charmant, puisque ce sont des gens charmants. Mais tout cela paraĂźt incomprĂ©hensible. On dirait toujours que la conversation vient de commencer ; comme si l’on accordait les instruments. On reste assis pendant deux heures et, tout ce temps, on ne fait que commencer la conversation. Parfois tous ont l’air de parler de choses sĂ©rieuses, de choses qui provoquent la rĂ©flexion. Mais ensuite, quand vous vous demandez de quoi ils ont parlĂ©, vous ĂȘtes incapable de le dire : de gants, d’agriculture, ou de la constance de l’amour fĂ©minin ? De sorte que, parfois, je l’avoue, l’ennui me gagne. On a l’impression de rentrer par une nuit sombre Ă  la maison en regardant tristement de cĂŽtĂ© et d’entendre soudain de la musique. C’est un bal, un vrai bal. Dans les fenĂȘtres brillamment Ă©clairĂ©es passent des ombres ; on entend des murmures de voix, des glissements de pas ; sur le perron se tiennent des agents. Vous passez devant, distrait, Ă©mu ; le dĂ©sir de quelque chose s’est Ă©veillĂ© en vous. Il vous semble avoir entendu le battement de la vie, et, cependant, vous n’emportez avec vous que son pĂąle motif, l’idĂ©e, l’ombre, presque rien. Et l’on passe comme si l’on n’avait pas confiance. On entend autre chose. On entend, Ă  travers les motifs incolores de notre vie courante, un autre motif, pĂ©nĂ©trant et triste, comme dans le bal des Capulet de Berlioz. L’angoisse et le doute rongent votre coeur, comme cette angoisse qui est au fond du motif lent de la triste chanson russe : Écoutez... d’autres sons rĂ©sonnent. Tristesse et orgie dĂ©sespĂ©rĂ©es... Est-ce un brigand qui a entonnĂ©, lĂ -bas, la chanson ? Ou une jeune fille qui pleure Ă  l’heure triste des adieux ? Non ; ce sont les faucheurs qui rentrent de leur travail... Autour sont les forĂȘts et les steppes de Saratov.
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Fyodor Dostoevsky
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Dans ce monde d’absurde relativisme où nous vivons, qui dit « notre temps » croit avoir tout dit ; identifier des phénomènes quelconques avec un « autre temps », ou qui plus est, un « temps révolu », c’est les liquider ; et notons le sadisme hypocrite que recouvrent des mots comme « révolu », « suranné » ou « irréversible », lesquels remplacent la pensée par une sorte de suggestion imaginative, une « musique de préjugé » pourrions-nous dire. On constate par exemple que telle pratique liturgique ou cérémonielle offense les goûts scientistes ou démagogi­ques de notre époque, et on est tout heureux de se rappeler que l’usage en question date du Moyen Âge, voire de « By­zance », ce qui permet de conclure sans autre forme de procès qu’il n’a plus droit à l’existence ; on oublie totalement la seule question qui ait à se poser, à savoir pourquoi les Byzantins ont pratiqué telle chose ; il se trouve que ce pourquoi se situe le plus souvent en dehors du temps, qu’il a une raison d’être qui relève de facteurs intemporels. S’identifier soi-même avec un « temps » et enlever par là aux choses toute valeur intrinsèque ou presque, est une attitude toute nouvelle, que l’on projette arbitrairement dans ce que nous appelons rétrospectivement le « passé » ; en réalité, nos ancêtres ne vivaient pas dans un temps, subjectivement et intellectuellement parlant, mais dans un « espace », c’est-à- dire dans un monde de valeurs stables où le flux de la durée n’était pour ainsi dire qu’accidentel ; ils avaient un merveilleux sens de l’absolu dans les choses, et de l’enracinement des choses dans l’absolu.
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Frithjof Schuon (Light on the Ancient Worlds: A New Translation with Selected Letters (Library of Perennial Philosophy))
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Etre seule n'est pas se retrouver en souffrance. S'éloigner des sons qui nous environnent ne signifie pas se contraindre au vide ! Aucun silence n'est absolu et ne doit donc effrayer. Au plus profond d'une grotte ou en haut d'une montagne inexplorée, la musique ininterrompue de notre pensée nous accompagne toujours...
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Elisabeth Camus
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De toute science parenthĂšses (
) notre poĂšte est monarque. Il ne se contente point en effet de montrer la voie, il offre de cette voie un aperçu d'un agrĂ©ment tel que tout homme se sent tentĂ© d'y pĂ©nĂ©trer. Plus encore il commence, comme si votre voyage Ă©tait censĂ© vous faire traverser de beaux vignobles, par vous donner une grappe de raisin, afin qu'imprĂ©gnĂ©s de cette saveur vous soyez impatients de pousser plus avant. Il n'entre pas en matiĂšre en recourant Ă  d'obscures dĂ©finitions, qui nĂ©cessitent une pleine marge de gloses et accablent de doutes la mĂ©moire ; il vient au contraire Ă  vous en disposant dĂ©licieusement avec proportion, des mots qui s'accompagnent de l'art enchanteur de la musique Ă  moins qu'ils n'y aient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s, et c'est avec un rĂ©cit qu'assurĂ©ment il vient au-devant de vous, rĂ©cit qui retient les enfants de jouer et les vieillards de rester au coin de leur feu.
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GĂ©rard Gacon (Astrophil et Stella)
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En rĂ©alitĂ©, j’ai l’impression que la structure fondamentale du dĂ©sir se situe justement ici : il est propulsĂ© par l’exigence de mettre Ă  portĂ©e quelque chose qui ne l’est pas (encore). Et lĂ  se trouve peut-ĂȘtre la clĂ© permettant de nous soustraire au jeu de l’accroissement sans limites auquel se livre la modernitĂ© et Ă  son ambition de rendre tout et chacun disponible, de la priver de l’énergie de propulsion dont elle a besoin, de dĂ©brancher en quelque sorte sa « prise libineuse ». Ma thĂšse est que la structure fondamentale du dĂ©sir humain est un dĂ©sir de relation : nous voulons atteindre ou rendre atteignable quelque chose qui n’est pas « à notre disposition ». Ce quelque chose peut ĂȘtre, par exemple, une nouvelle guitare ou une tablette tactile, un lac ou un ĂȘtre aimĂ©. Dans tous ces cas, le dĂ©sir vise Ă  entrer avec ce qui est dĂ©sirĂ© dans une relation responsive ; de placer la guitare, la personne ou le lac dans un rapport de rĂ©ponse, ou d’entrer avec la tablette dans des relations responsives avec le monde. Mais dans chaque cas, je l’affirme, le dĂ©sir s’éteint lorsqu’il n’y a plus rien Ă  « dĂ©couvrir » sur ou avec le vis-Ă -vis, si nous maĂźtrisons et contrĂŽlons toutes ses propriĂ©tĂ©s, si nous en disposons totalement. Une fois de plus, nous pouvons donc aussi parler de « semi-disponibilité » : nous ne pouvons pas dĂ©sirer une personne ou une guitare si nous ne savons strictement rien d’elle et si nous ne l’avons jamais vue. Dans la premiĂšre dimension, l’objet du dĂ©sir doit donc ĂȘtre au moins partiellement et temporairement disponible, sans quoi il renvoie Ă  une « nostalgie sans nom », dans laquelle l’objet du dĂ©sir est le dĂ©sir lui-mĂȘme. La disposition complĂšte, dans la totalitĂ© des quatre dimensions, provoque en revanche l’extinction du dĂ©sir : le jeu perd son objet, la musique son attrait, l’amour son ardeur. L’indisponibilitĂ© complĂšte est dĂ©pourvue de sens au regard du dĂ©sir, mais la disponibilitĂ© totale est sans attrait. Cela signifie qu’une relation rĂ©ussie au monde vise Ă  l’atteignabilitĂ©, pas Ă  la disponibilitĂ©. Il faut qu’un vis-Ă -vis soit atteignable sous une forme quelconque, il doit ĂȘtre possible de nouer avec lui un rapport de rĂ©ponse qui ne soit pas erratique, c’est-Ă -dire complĂštement fortuit, mais qui ne soit pas non plus entiĂšrement contrĂŽlable, et qui, Ă  partir de cette structure mĂȘme, enclenche l’interaction entre l’interpellation, l’efficacitĂ© personnelle et la transformation, permettant ainsi l’expĂ©rience de la vitalitĂ©.
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Hartmut Rosa (UnverfĂŒgbarkeit)
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J'ai citĂ© dans Chez soi les trĂšs belles lignes de Serge Rezvani sur les « surprises de la rĂ©pĂ©tition », sur l'intĂ©rĂȘt merveilleux qu'on peut trouver Ă  renouveler chaque jour des gestes et des rituels qui sont chargĂ©s de sens Ă  nos yeux, en apprenant Ă  apprĂ©cier leurs plus infimes variations, comme une palette qu'on Ă©largit et enrichit sans cesse. J'en trouve un autre Ă©loge chez la philosophe SĂ©verine Auffret : « Un accroissement continuel de jouissance nous vient de l'audition rĂ©pĂ©tĂ©e d'une musique. La premiĂšre audition n'emporte pas notre adhĂ©sion. C'est Ă  la deuxiĂšme, Ă  la troisiĂšme, Ă  la suivante que le plaisir s'affirme, semblable Ă  ce rythme propre du corps tout de scansion, de rĂ©pĂ©tition : parcours d'un mĂȘme espace, rĂ©itĂ©ration d'un mĂȘme geste ; cette demande qu'on fait dans le coĂŻt, comme le petit enfant qu'on berce, jette en l'air, soulĂšve, balance : "Encore !" » (p. 46)
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Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
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Mais la vie humaine est trop complexe, trop sĂ©rieuse, trop pleine d’elle-mĂȘme et comme trop chargĂ©e, [...] nous fait penser Ă  trop de choses. [...] Pour goĂ»ter la contemplation de ces rĂ©alitĂ©s invisibles qui sont le rĂȘve de notre vie, [...] il faudrait de pures Ăąmes, d’invisibles esprits, des gĂ©nies qui ont la rapiditĂ© de vol sans la matĂ©rialitĂ© des ailes [...]. Il faudrait que le jeu de ses esprits s’incarne, mais dans un corps subtil, sans grandeur et sans couleur, Ă  la fois trĂšs loin et et trĂšs proche de nous, qui nous donne [...] la sensation de fraĂźcheur sans qu’il ait de tempĂ©rature, de sa couleur sans qu’il soit visible, de sa prĂ©sence sans qu’il occupe de place. [...] C’est l’ñme vĂȘtue de son, ou plutĂŽt la migration de l’ñme Ă  travers les sons, c’est la musique.
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Marcel Proust
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– Seriez-vous un iceberg ? On m'a dit beaucoup de mal des Anglaises, mais je vous prĂ©viens ! Notre soleil ne va pas tarder Ă  vous faire fondre, d'autant plus qu'il s'allie Ă  notre musique et Ă  notre vin.
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Violet Winspear (The Silver Slave)
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une grande bibliothéque en merisier investit toute une aile . C'était notre coin intime;notre retraite dorée. Nous y venions parfois communier avec nos silences et recycler nos sens émoussés par les bruits de tous les jours. Nous prenions un livre ou mettions une musique ,et nous voilà partis . Nous lisions aussi bien que Kafka que Khalil Gibran et écoutions avec la méme gratitude Oum Kalsoum et ou Pavarotti..
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Yasmina Khadra (The Attack)
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La chair oublie trĂšs vite. Mais quelque chose en nous se promĂšne, durant toute une vie, avec des lambeaux de sensations Ă©prouvĂ©es avant, avec des souvenirs plus ou moins arrangĂ©s ou mĂȘme dĂ©traquĂ©s, quelque chose prĂ©sent Ă  notre regard enfoui dans le temps, un corps nu, un visage enveloppĂ© dans un drap blanc, une main qui passe dans les cheveux, un parfum de jasmin ou simplement une voix grave qui dit le dĂ©sir. Longtemps, le dĂ©sir seul fut ma seule passion. Je ne recherchais que ses frĂ©missements, les tremblements de mes membres et l'immense joie de la dĂ©couverte. DĂ©sir nu, pur, sans mots, sans musique, sans histoire. La chair a la mĂ©moire courte et je ne m'en plaignais pas. Jusqu'au jour oĂč le dĂ©sir s'est prĂ©sentĂ© Ă  moi, fort et brĂ»lant, mais accompagnĂ© d'une histoire. Les Ă©motions se succĂ©daient en se bousculant, les sensations pillaient mon corps : c'Ă©tait le dĂ©but de ma perte.
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Ben Jelloun Tahar
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La musique c'est le complément de la parole, du bruit et du silence qui relie, notre corps et notre esprit conscient et inconscient, à tous les univers sensibles et insensibles, perceptibles et imperceptibles, finis et infinis.
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Jean Toba
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Ils chantent les chansons entendues partout, et dont beaucoup de voyageurs Ă©trangers fredonnent les refrains, en Ă©coutant, debout sur le pont, ils chantent, naturellement, Santa Lucia, Addio, mia bella Napoli, Margherita, mais c'est l'Italie qui nous salue ainsi Ă  notre dĂ©part, avec sa musique toute spirituelle, dont on ne sait pas au juste si c'est de la joie contenue ou des larmes prĂȘtes Ă  couler. Minuit sonne Ă  Saint-Marc ; c'est le seul bruit que Venise nous envoie. Les habituels prĂ©paratifs de la mise en marche s'accomplissent sans trop de grincement. Un petit torpilleur, avec trois lanternes aux couleurs italiennes, s'est placĂ© derriĂšre la VĂ©nus et, au dĂ©part, il nous escorte rasant le bord extrĂȘme d'Ă©cume blanche que fait l'hĂ©lice en mouvement. En mer. Une heure du matin. Je monte sur le pont dĂ©sert. Les vers de Laforgue Ah! que la nuit est lointainement pleine De silencieuse infinitĂ© claire ... Viennent naturellement Ă  l'esprit : la pleine lune, dans le ciel pur, confond la mer et le ciel en une mĂȘme teinte grise, transparente et dĂ©licate. On ne voit plus rien de la cĂŽte, qu'un phare lointain, sur la gauche. Le petit torpilleur avec ses lumiĂšres verte, blanche et rouge, ne nous suit plus. Le navire est tout seul dans la vaste clartĂ© lunaire.
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Valery Larbaud (Journal)
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Je savais que nous devions passer par ces mauvais moments, pour ensuite connaĂźtre une humanitĂ© bienveillante. C’est du moins ce que nous avait dit notre FĂŒhrer Adolf Hitler. Rien de cela n’existe. Qu’il repose en paix. Je ne lui en veux pas plus Ă  lui qu’à tous les autres grands dirigeants de ce monde. Lui, au moins, bĂ©nĂ©ficie du doute puisqu’il n’a pas eu l’occasion d’établir ces lendemains de victoire. Tandis que les autres, qui ont organisĂ© leur petite paix grelottante aux quatre coins du monde, les autres qui, stupidement hantĂ©s par une frousse injustifiĂ©e, et au nom d’une Ă©volution Ă©ducatrice, ont laissĂ© aux primates du globe l’occasion d’allumer un peu partout des incendies menaçants, ces autres lĂ  peuvent ĂȘtre jugĂ©s. Des commerçants pendables. Des commerçants qui ne pouvant plus vendre de nĂšgres, ont alors trouvĂ© une astuce presque aussi rentable et qui vendent Ă  prĂ©sent les blancs aux nĂšgres ! Tout ceci enrobĂ© dans une petite politique mielleuse de vieille femme. Une politique qui ne prend pas position. Sait-on jamais ? Le vent peut tourner. Evidemment, dans l’attitude de Hitler ou de Mussolini il y avait un autre style. Ceux-lĂ  se permirent de dire non aux vieilles convenances. A tous les potentats : industriels, francs-maçons, juifs ou culs-bĂ©nits. A cette Ă©poque, tous ces indolents Ă©taient comme des carpettes : fous d’inquiĂ©tude devant leurs tirelires dans lesquelles le chef d’orchestre Hitler puisait Ă  deux mains. Cela, Ă©videmment, les rendait blĂȘmes de voir gaspiller tout cet argent pour rĂ©aliser un grand opĂ©ra. Alors, les spectateurs chiasseux et apeurĂ©s grimpĂšrent sur la scĂšne et Ă©touffĂšrent le metteur en scĂšne prodigue. Mais ils ne connaissent pas la paix. Les coliques les travaillent sans arrĂȘt. Ils sont Ă  la merci du premier chef de musique, noir ou jaune qui risque de les faire danser une autre danse. Mais, cette danse-lĂ  ne sera pas europĂ©enne et ils ne comprendront pas.
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Guy Sajer (The Forgotten Soldier)
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J'ai mĂ©ticuleusement Ă©tudiĂ© la façon dont Ils ont dĂ©truit la musique contemporaine. Aujourd'hui le jazz est probablement ce qui se rapproche le plus de la musique originelle. La vraie musique, d'une maniĂšre ou d'une autre, a toujours Ă©tĂ© improvisĂ©e; et ce, quelques soient les civilisations. On ne peut pas limiter l'esprit humain aux lignes d'une partition, pour ensuite toujours jouer la mĂ©lodie de la mĂȘme façon.Cela, tous le savaient par le passĂ©. Bach swinguait comme s'il Ă©tait nĂ© dans la peau d'un jazzman, il sentait les pulsations de notre Ăąme.Mais Ils ont habilement emprisonnĂ© cette Ăąme entre les barbelĂ©s des portĂ©es, des rythmes et des mesures.
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Ričardas Gavelis (Vilnius Poker)
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Spinoza pensait que Dieu Ă©tait la nature. Don Quichotte a dit du soleil qu'il Ă©tait le pĂšre de la poĂ©sie et l'inventeur de la musique. CervantĂšs voyait un lien de cause Ă  effet entre le soleil et l'art. Entre la crĂ©ation et la crĂ©ation. J'Ă©prouve des sentiments semblables – d'euphorie ou de parfaite adĂ©quation – devant la beautĂ© sauvage comme devant certaines oeuvres. Pour moi, ces deux choses sont consanguines. De tout temps, les artistes se sont Ă©chinĂ©s Ă  dĂ©coder cette parentĂ©. Ils se sont agenouillĂ©s sur des toiles, des scĂšnes, des Ă©crans, des pages et des places publiques, pour dire merci. Merci pour le soleil – le soleil est sacrĂ©. Merci pour la lune, pour les oiseaux migrateurs dans le ciel de RiviĂšre-au-Tonnerre, pour les grandes marĂ©es Ă  l'Ăźle Verte, pour les fleurs sauvages. Merci pour le saumon dans la fosse. Merci pour les chanterelles sous la robe de l'Ă©pinette bleue. Merci, Seigneur, pour la batture et ses odeurs. Ces lieux oĂč nous vivons des jours sont notre temple.
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Hugo Latulippe (Pour nous libérer les riviÚres)