Mass Comm Quotes

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Tu n'es pas venue. Je t'ai attendue des heures ou des jours, je ne sais. Je ne le sais pas parce que j'ai cessĂ© d'ĂȘtre moi-mĂȘme pour devenir une masse uniquement sensible Ă  ton absence, comme si dans le vide pouvait se former un monceau de douleur, d'angoisses, comme si le nĂ©ant avait un ĂȘtre.
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Baltasar Porcel (Horses into the night)
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La masse des hommes sert l'État de la sorte, pas en tant qu'hommes, mais comme des machines, avec leurs corps. Ils forment l'armĂ©e de mĂ©tier, ainsi que la milice, les geĂŽliers, policiers, posse comitatus, etc. Dans la plupart des cas, il n'existe aucun libre exercice du jugement ou du sens moral ; mais ils se mettent au niveau du bois, de la terre et des pierres ; et l'on pourrait rĂ©aliser des hommes de bois qui rempliraient aussi bien cette fonction.
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Henry David Thoreau
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Nous passùmes assez prÚs de l'ßle d'Aurou, qui, au moment des observations de midi, m'apparut comme une masse de bois verts, dominée par un pic d'une grande hauteur.
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Jules Verne (Twenty Thousand Leagues Under the Sea)
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Si la majoritĂ© a raison, si cette musique dans les cafĂ©s, ces divertissements de masse, ces ĂȘtres amĂ©ricanisĂ©s aux dĂ©sirs tellement vite assouvis reprĂ©sentent le bien, alors, je suis dans l'erreur, je suis fou, je suis vraiment un loup des steppes, comme je me suis souvent surnommĂ© moi-mĂȘme ; un animal Ă©garĂ© dans un monde qui lui est Ă©tranger et incomprĂ©hensible.
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Hermann Hesse
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L'acte de penser l'intĂ©ressait maintenant plus que les douteux produits de la pensĂ©e elle-mĂȘme. (...) Toute sa vie, il s'Ă©tait Ă©bahi de cette facultĂ© qu'ont les idĂ©es de s'agglomĂ©rer froidement comme des cristaux en d'Ă©tranges figures vaines, de croĂźtre comme des tumeurs dĂ©vorant la chair qui les a conçues, ou encore d'assumer monstrueusement certains linĂ©aments de la personne humaine, comme ces masses inertes dont accouchent certaines femmes, et qui ne sont en somme que de la matiĂšre qui rĂȘve. (...) D'autres notions, plus propres et plus nettes, forgĂ©es comme par un maĂźtre ouvrier, Ă©taient de ces objets qui font illusion Ă  distance; on ne se lassait pas d'admirer leurs angles et leurs parallĂšles; elles n'Ă©taient nĂ©anmoins que les barreaux dans lesquels l'entendement s'enferme lui-mĂȘme, et la rouille du faux mangeait dĂ©jĂ  ces abstraites ferrailles. (...) Les notions mouraient comme les hommes: il avait vu au cours d'un demi-siĂšcle plusieurs gĂ©nĂ©rations d'idĂ©es tomber en poussiĂšre. (L'abĂźme)
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Marguerite Yourcenar (L'ƒuvre au noir)
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Et dans mon kiosque d'aiguilles qui procure une illusion de chaleur, je regarde le puits noir du lac. La masse de glace m'apparait comme un creuset cauchemardesque. Je perçois la force Ă  l'oeuvre sous ce couvercle. Dans le caveau, un univers grouille de bĂȘtes qui broient, dĂ©vorent et sectionnent. Dans les profondeurs, des Ă©ponges balancent lentement leurs branches. Des coquillages enroulent leurs spires, battant la mesure du temps et crĂ©ent des bijoux de nacre en forme de constellation. Des silures monstrueux rĂŽdent dans les vasiĂšres. Des poissons carnassiers migrent vers la surface pour le festin nocturne et les holocaustes de crustacĂ©s. Des bancs d'ombles tracent leurs chorĂ©graphies benthiques. Des bactĂ©ries barattent les scories, les digĂšrent, purifient l'eau. Ce morne malaxage s'opĂšre en silence, sous le miroir oĂč les Ă©toiles n'ont mĂȘme pas la force de se reflĂ©ter.
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Sylvain Tesson (Dans les forĂȘts de SibĂ©rie)
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L’obscuritĂ© submergeait tout, il n’y avait aucun espoir d’en traverser les ombres, mais on en atteignait la rĂ©alitĂ© dans une relation dont l’intimitĂ© Ă©tait bouleversante. Sa premiĂšre observation fut qu’il pouvait encore se servir de son corps, en particulier de ses yeux ; ce n’était pas qu’il vit quelque chose, mais ce qu’il regardait, Ă  la longue le mettait en rapport avec une masse nocturne qu’il percevait vaguement comme Ă©tant lui-mĂȘme et dans laquelle il baignait.
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Maurice Blanchot (Thomas the Obscure)
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L'année précédente, dans une soirée, il avait entendu une oeuvre musicale exécutée au piano et au violon. D'abord, il n'avait goûté que la qualité matérielle des sons sécrétés par les instruments. Et ç'avait déjà été un grand plaisir quand au-dessous de la petite ligne du violon mince, résistante, dense et directrice, il avait vu tout d'un coup chercher à s'élever en un clapotement liquide, la masse de la partie de piano, multiforme, indivise, plane et entrechoquée comme la mauve agitation des flots que charme et bémolise le clair de lune.
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Marcel Proust (Du cĂŽtĂ© de chez Swann (À la recherche du temps perdu, #1))
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Silence. First it’s a cloud of apricot trees in flower, yellow or ivory, like a thousand little butterflies sown in the fresh grass, moving in the glow of lamplight when night ascends. Fragments of dreams. You can see the red sun setting on the foliage, like an enormous mass of incandescent steel. Then there were the trees a little farther off, straightening their fragile frames, the woolen blue pincushion flower like an eye and that tumult of milk in the deep stone, and finally the moan of the air beaten by a flock of blue woodpigeons– a silken challenge perhaps, or one of crackled leather.
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Deborah Heissler (Comme un morceau de nuit, découpé dans son étoffe)
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NapolĂ©on Ă©tait officier d’artillerie et il s’en ressentait. Le fond de ce prodigieux capitaine, c’était l’homme qui, dans le rapport au Directoire sur Aboukir, disait : Tel de nos boulets a tuĂ© six hommes. Tous ses plans de bataille sont faits pour le projectile. Faire converger l’artillerie sur un point donnĂ©, c’était lĂ  sa clef de victoire. Il traitait la stratĂ©gie du gĂ©nĂ©ral ennemi comme une citadelle, et il la battait en brĂšche. Il accablait le point faible de mitraille ; il nouait et dĂ©nouait les batailles avec le canon. Il y avait du tir dans son gĂ©nie. Enfoncer les carrĂ©s, pulvĂ©riser les rĂ©giments, rompre les lignes, broyer et disperser les masses, tout pour lui Ă©tait lĂ , frapper, frapper, frapper sans cesse, et il confiait cette besogne au boulet.
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Victor Hugo (Les Misérables: Roman (French Edition))
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Plus tu te plonges dans la lecture d'un livre, plus ton plaisir augmente, plus ta nature s'affine, plus ta langue se dĂ©lie, plus ton doigtĂ© se perfectionne, plus ton vocabulaire s'enrichit, plus ton Ăąme est gagnĂ© par l'enthousiasme et le ravissement, plus ton cƓur est comblĂ©, plus tu es assurĂ© de la considĂ©ration des masses cultivĂ©es et de l'amitiĂ© des princes. Le livre t'obĂ©it de jour comme de nuit; il t'obĂ©it aussi bien durant tes voyages que pendant les pĂ©riodes oĂč tu es sĂ©dentaire. Il n'est pas gagnĂ© par le besoin de dormir; les fatigues de la veille ne l'indisposent pas. Si tu tombes en disgrĂące, le livre ne renonce pas pour autant Ă  te servir; si des vents contraires soufflent contre toi, le livre, lui, ne se retourne pas contre toi. Tant que tu es attachĂ© Ă  lui par le fil le plus tĂ©nu, que tu es suspendu Ă  lui par le lien le plus imperceptible, alors tu peux te passer de tout le reste
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Al-Jahiz (Ű§Ù„Ű­ÙŠÙˆŰ§Ù†)
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La Grande Terreur ne fut ni la premiĂšre vague d’arrestations en Union soviĂ©tique, ni la plus grande : les prĂ©cĂ©dents accĂšs de terreur avaient Ă©tĂ© largement dirigĂ©s contre les paysants et les minoritĂ©s ethniques, notamment ceux qui vivaient Ă  proximitĂ© de la frontiĂšre soviĂ©tique. Mais elle fut la premiĂšre Ă  viser la haute direction du Parti, et suscita un profond malaise chez les communistes, au pays comme Ă  l’étranger. Le moment venu, la Grande Terreur aurait pu conduire Ă  une vĂ©ritable dĂ©sillusion. Mais, par un effet du hasard, la Seconde Guerre mondiale sauva le stalinisme – et Staline. MalgrĂ© le chaos et les erreurs, malgrĂ© les morts en masse et l’immensitĂ© des destructions, la victoire conforta la lĂ©gitimitĂ© du sytĂšme et de son dirigeant, en « prouvant » la valeur. Au lendemain de la victoire, le culte quasi religieux de Staline atteignit de nouveaux sommets. La propagande soviĂ©tique dĂ©crivit le leader soviĂ©tique comme « l’incarnation de leur hĂ©roĂŻsme, de leur patriotisme et de leur dĂ©vouement Ă  la Patrie socialiste »
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Anne Applebaum (Iron Curtain: The Crushing of Eastern Europe 1944-1956)
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Il avait lu des masses de livres lĂ -dessus, tout rĂ©cement celui d'Hannah Arendt sur le procĂšs d'Eichmann Ă  JĂ©rusalem, il savait que le jour oĂč il Ă©crirait sĂ©rieusement, ce serait Ă  ce sujet. Le nazisme, tous les habitants de la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle doivent se dĂ©brouiller avec, vivre avec l'idĂ©e que c'est arrivĂ©, comme lui devait vivre avec la mort de sa soeur Jane. On peut ne pas y penser, n'empĂȘche que c'est lĂ , et il faudrait que ce soit aussi dans son livre. Rien de plus Ă©loignĂ© du tao que le nazisme. Les Japonais, pourtant, qui vĂ©nĂšrent le tao, avaient Ă©tĂ© alliĂ©s aux nazis. S'ils l'avaient emportĂ©... Un moment, il laissa miroiter cette idĂ©e. On avait dĂ©jĂ  fait des livres de ce genre, il en avait lu un d'aprĂšs lequel le Sud avait gagnĂ© la guerre de SĂ©cession. Il se demanda ce que serait un monde issu de la victoire de l'Axe, quinze ans plus tĂČt. Qui dirigerait le Reich ? Hitler toujours l'un de ses lieutenants ? Est-ce que cela changerait quelque chose que ce soit Bormann, Himmler, Goering ou Baldur von Schirach? Est-ce que cela changerait quelque chose pour lui, habitant de Point Reyes, Marin County ? Et quoi?
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Emmanuel CarrĂšre
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Pour amener les hommes Ă  vivre entiĂšrement « en public », on ne se contente pas de les rassembler en « masse » Ă  toute occasion et sous n’importe quel prĂ©texte ; on veut encore les loger, non pas seulement dans des « ruches » comme nous le disions prĂ©cĂ©demment, mais littĂ©ralement dans des « ruches de verre », disposĂ©es d’ailleurs de telle façon qu’il ne leur sera possible d’y prendre leurs repas qu’« en commun » ; les hommes qui sont capables de se soumettre Ă  une telle existence sont vraiment tombĂ©s Ă  un niveau « infrahumain », au niveau, si l’on veut, d’insectes tels que les abeilles et les fourmis ; et on s’efforce du reste, par tous les moyens, de les « dresser » Ă  n’ĂȘtre pas plus diffĂ©rents entre eux que ne le sont les individus de ces espĂšces animales, si ce n’est mĂȘme moins encore.
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René Guénon (The Reign of Quantity & the Signs of the Times)
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Apparence de paix Pas de carnage ici, pas de mise Ă  mort. Les drames de l'histoire sont parfois comme une musique qui demeure au fond d'un champ oĂč l'on marche parmi le bruissement du maĂŻs, aimantĂ© par des oiseaux fous Ă  l'orĂ©e du bois et sous un ciel que strie la fumĂ©e blanche d'un avion — en haute altitude, des voyageurs sans doute sirotent l'apĂ©ro dans une carlingue qui les protĂšge du froid absolu — mais ici-bas sous le vent tiĂšde de septembre la terre joue sa partition ancienne, les enfant des fermes s'en sont allĂ©s en sifflant dans l'herbe et des veuves inconsolables hantent toujours les parages de la riviĂšre que l'on dit paresseuse, Ă  croire que le jour entier va refermer sur elle sa masse bleue, elles seront dans la caverne du temps, les annĂ©es chanteront leur absence et trĂšs haut, oiseaux et bolides iront vers ailleurs en ignorant tout de leurs peines, leurs douleurs, leurs coffres remplis de robes d'un autre Ăąge.
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Pierre Nepveu (Lignes aériennes)
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) contrairement Ă  l’opinion courante, il n’y a jamais eu nulle part aucune doctrine rĂ©ellement « polythĂ©iste », c’est-Ă -dire admettant une pluralitĂ© de principes absolue et irrĂ©ductible. Ce « pluralisme » n’est possible que comme une dĂ©viation rĂ©sultant de l’ignorance et de l’incomprĂ©hension des masses, de leur tendance Ă  s’attacher exclusivement Ă  la multiplicitĂ© du manifestĂ© : de lĂ  l’« idolĂątrie » sous toutes ses formes, naissant de la confusion du symbole en lui-mĂȘme avec ce qu’il est destinĂ© Ă  exprimer, et la personnification des attributs divins considĂ©rĂ©s comme autant d’ĂȘtres indĂ©pendants, ce qui est la seule origine possible d’un « polythĂ©isme » de fait. Cette tendance va d’ailleurs en s’accentuant Ă  mesure qu’on avance dans le dĂ©veloppement d’un cycle de manifestation, parce que ce dĂ©veloppement lui-mĂȘme est une descente dans la multiplicitĂ©, et en raison de l’obscuration spirituelle qui l’accompagne inĂ©vitablement. C’est pourquoi les formes traditionnelles les plus rĂ©centes sont celles qui doivent Ă©noncer de la façon la plus apparente Ă  l’extĂ©rieur l’affirmation de l’UnicitĂ© ; et, en fait, cette affirmation n’est exprimĂ©e nulle part aussi explicitement et avec autant d’insistance que dans l’Islamisme oĂč elle semble mĂȘme, si l’on peut dire, absorber en elle toute autre affirmation. La seule diffĂ©rence entre les doctrines traditionnelles, Ă  cet Ă©gard est celle que nous venons d’indiquer : l’affirmation de l’UnitĂ© est partout, mais, Ă  l’origine, elle n’avait pas mĂȘme besoin d’ĂȘtre formulĂ©e expressĂ©ment pour apparaĂźtre comme la plus Ă©vidente de toutes les vĂ©ritĂ©s, car les hommes Ă©taient alors trop prĂšs du Principe pour la mĂ©connaĂźtre ou la perdre de vue. Maintenant au contraire, on peut dire que la plupart d’entre eux, engagĂ©s tout entiers dans la multiplicitĂ©, et ayant perdu la connaissance intuitive des vĂ©ritĂ©s d’ordre supĂ©rieur, ne parviennent qu’avec peine Ă  la comprĂ©hension de l’UnitĂ© ; et c’est pourquoi il devient peu Ă  peu nĂ©cessaire, au cours de l’histoire de l’humanitĂ© terrestre, de formuler cette affirmation de l’UnitĂ© Ă  maintes reprises et de plus en plus nettement, nous pourrions dire de plus en plus Ă©nergiquement. "Et-Tawhid
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René Guénon
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J'etais arrete a regarder, dans une exposition d'oeuvres de Rodin, une enorme main de bronze, la ,,Main de Dieu''.La paume en etait a moitie fermee et dans cette paume, extatiques, enlaces, luttaient et se melaient un homme et une femme. Une jeune fille s'approcha et s'arreta a cote de moi.Troublee elle aussi, elle regardait l'inquietant et eternel enlacement de l'homme et de la femme.Elle etait mince, bien habillee, avec d'epais cheveux blonds, un menton fort, des levres etroites.Elle avait quelque chose de decide et de viril.Et moi qui deteste engager des conversations faciles, je ne sais ce qui me poussa.Je me retournai: -A quoi pensez-vous? -Si on pouvait s'echapper! murmura-t-elle avec depit. -Pour aller ou?La main de Dieu est partout.Pas de salut.Vous le regrettez? -Non.Il se peut que l'amour soit la joie la plus intense sur cette terre.C'est possible.Mais maintenant que je vois cette main de bronze, je voudrais m'echapper. -Vous preferez la liberte? -Oui. -Mais si ce n'est que lorsqu'on obeit a la main de bronze qu'on est libres?Si le mot "Dieu" n'avait pas le sens commode que lui donne la masse? Elle me regarda,inquiete.Ses yeux etaient d'un gris metallique, ses levres seches et ameres. -Je ne comprends pas, dit-elle, et elle s'eloigna, comme effrayee. Elle disparut.[...]Oui , je m'etais mal conduit, Zorba avait raison.C'etait un bon pretexte que cette main de bronze, la premiere prise de contact etait reussie, les premieres douces paroles amorcees, et nous aurions pu, sans en prendre conscience ni l'un ni l'autre, noue etreindre et nous unir en toute tranquillite dans la paume de Dieu.Mais moi je m'etais elance brusquement de la terre vers le ciel et la femme effarouchee s'etait enfuie.
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Nikos Kazantzakis
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L'ĂȘtre humain est grĂ©gaire par nĂ©cessitĂ©. Les hommes des cavernes, nus et faibles, armĂ©s de leur seule ruse, n'ont survĂ©cu qu'en se rassemblant en communautĂ©s, sachant, comme tant d'autres espĂšces comestibles, que leur nombre les protĂ©gerait. Cette conscience, profondĂ©ment ancrĂ©e dans l'Ăąme humaine, est Ă  la base du comportement des masses. Pendant des millĂ©naires, celui qui osait se dĂ©marquer du groupe, sans parler de s'y opposer, se condamnait Ă  mort. Faire face seul Ă  une foule demande plus que du courage, car il faut surmonter sont instinct de survie.
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Diana Gabaldon
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À un certain moment, nous avons eu l’idĂ©e d’un grand show patriotique. En demandant Ă  notre public de nous indiquer ses hĂ©ros, les personnages sur lesquels se fonde l’orgueil de la mĂšre Russie, nous nous attendions aux grands esprits : TolstoĂŻ, Pouchkine, AndreĂŻ Roublev, ou que sais-je, un chanteur, un acteur comme cela arriverait chez vous. Mais que nous ont donnĂ© les spectateurs, la masse informe du peuple habituĂ© Ă  courber le dos et baisser le regard ? Que des noms de dictateurs. Leurs hĂ©ros, les fondateurs de la patrie, coĂŻncidaient avec une liste d’autocrates sanguinaires : Ivan le Terrible, Pierre le Grand, LĂ©nine, Staline. On a Ă©tĂ© obligĂ©s de falsifier les rĂ©sultats pour faire gagner Alexandre Nevski, un guerrier au moins, pas un exterminateur. Mais celui qui a recueilli le plus de voix fut Staline. Staline, vous vous rendez compte ? C’est lĂ  que j’ai compris que la Russie ne serait jamais devenue un pays comme les autres. Non pas qu’il y ait eu un vrai doute.
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Giuliano da Empoli (Le Mage du Kremlin)
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L'histoire, la grande histoire, n'est jamais ce qu'en pensent ceux qui la subissent, aveuglĂ©s Ă  dessein comme ils se trouvent par ses meneurs occultes. Le secret agissant de la grande histoire il faut le chercher dans les raisons vivantes de ceux qui la font et la dĂ©font, dans le silence et dans les tĂ©nĂšbres du dessous des cartes, loin du regard et hors de l'attention des masses, et ceux-lĂ  savent que l'histoire avance ou recule, qu'elle s'illumine et s'obscurcit, chaque fois, suivant le travail intĂ©rieur d'une volontĂ© qui, elle, se maintient au-delĂ  du cours de l'histoire, une volontĂ© transhistorique". Il s'agit lĂ  d'une perspective non conventionnelle de la marche de l'histoire, ce que Julius Evola appelait la "quatriĂšme dimension" de l'histoire. Et, dans le mĂȘme article, je poursuivais : "C'est sous le jour de cette conception intĂ©riorisante de l'histoire qu'il faudra savoir - savoir d'avance, tout est la -qui, en Union SoviĂ©tique, finira par l'emporter, Ă  l'heure voulue, sur l'autre camp, implacablement, pour s'engager aussitĂŽt Ă  changer - dans un sens ou dans l'autre - la direction et jusqu'Ă  la face mĂȘme de l'histoire du monde. Aujourd'hui comme hier, tel est le but unique : changer la face du monde.
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Jean Parvulesco
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D'autres mouvements de violence ont émergé lorsqu'il est apparu que notre espÚce courait à son extinction aprÚs avoir épuisé la planÚte par sa cupidité alliée à son cynisme. La population mondiale, malgré une forte stérilité masculine, n'en finissait pas de croßtre, mouvement encouragé par les hommes politiques, béats devant ce grossissement des masses... La petite sphÚre de quelques quarante mille kilomÚtres de circonférence s'est trouvée envahie de fourmis auxquelles on avait essentiellement appris que le bonheur passait par la surexploitation de ressources limitées... Au final, la civilisation n'était plus que l'avatar morbide de notre esprit reptilien et la morgue avec laquelle les puissants conduisaient les masses au naufrage provoqua une réaction violente de la part de certains qui, regroupés, commirent plusieurs assassinats d'individus identifiés comme des prédateurs remarquables.
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Marc Dugain (Transparence)
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Utiliser son sac avec grace, c'est comme manger avec elegance, marcher avec prestance ou saisir un verre de champagne avec classe. La beaute se definit en general par la sobriete et l'economie des moyens, par l'adaptation des formes a leur fin, des formes simples, pures et primaires. Investir dans un sac de qualite, c'est non seulement se faire plaisir mais aussi se revolter contre la mediocrite et la consommation de masse grandissante qui peu a peu detruisent notre culture, notre civilisation et nos sens. Acheter de la qualite, c'est encourager une autre forme de commerce, respecter ce que nous possedons, vivre avec la lenteur d'un cuir qui se patine et pratiquer la simplicite: ne pas toujours chercher a acquerir plus tout en se contentant de ce que l'on a. Mon conseil est donc celui-ci: ne regardez pas les sacs exposes dans les magasins pour choisir un modele mais ceux portes par les femmes, dans la rue. C'est la meilleure facon de voir comment le cuir se drappe, la forme se bombe, la matiere se patine et s'ils ont, visuellement, une belle architecture une fois portes. L'argent devrait etre utilise pour vivre dans la qualite, y compris la qualite esthetique. Les belles choses apportent une joie durable. Le choix d'un sac pour longtemps ne serait-il pas le besoin d'une certaine forme de stabilite, d'harmonie et de confort dans ses besoins materiels? Affirmer son style, c'est exprimer par ses choix ses gouts et ses valeurs. Les exterioriser ensuite par le bon choix de vetements et de sacs est l'etape suivante. Etre chic, c'est savoir resister a la tentation. Faire des economies ce n'est pas acheter au meilleur prix l'objet convoite, c'est apprendre sereinement a s'en passer. Le voyage est sans doute la meilleure des situations pour apprecier les bienfaits du minimalisme et s'en inspirer pour l'appliquer au quotidien. Le voyage est l'occasion ideale de "refaire son bagage", c'est-a-dire de repenser la facon dont on vit sa vie et de l'ameliorer. On a tout son temps, en voyage, pour penser, reflechir a ce qui fait le "sel de la vie". C'est sur la route qu'on apprend a se passer du superflu: pas de television, de distractions, de consommation et de shopping. La vie est simplifiee au profit de la mobilite. On a egalement plus de temps pour soi-meme et/ou les rencontres. En voyage, on devient, comme le prescrit le zen, prepare a toutes les eventualites de la vie. le voyage est un retour vers l'essentiel. Proverbe tibetain Vivre avec peu est comme une invitation au voyage, a un vol interieur qui libere du reel et du poids de l'existence.
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Dominique Loreau (Mon sac, reflet de mon Ăąme. L'art de choisir, ranger et vider son sac (French Edition))
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Heureuse pĂ©riode que l'enfance japonaise, la seule qui ne mette pas un frein Ă  l'indĂ©pendance, Ă  l'expression personnelle de l'individu. Le marmot, plus encore que le pĂšre tout-puissant, est le vĂ©ritable roi de la famille, voire de la sociĂ©tĂ© nippone. Objet de soins Ă©clairĂ©s, constante prĂ©occupation de tous, il jouit de libertĂ©s supĂ©rieures Ă  celles des petits Occidentaux. Les parents ne corrigent point leurs enfants. Ils s'efforcent d'obtenir leur comprĂ©hension plutĂŽt que d'exiger une obĂ©issance aveugle, et les reprennent Ă  cinq ans comme on raisonne un adulte. L'appel au bon sens remplace ici menaces et punitions. Si, malgrĂ© tout, ces procĂ©dĂ©s s'avĂšrent infructueux, on mettra le mauvais naturel du polisson sur le dos d'Inari, le renard-dieu plein de malice et de ressources qui prĂ©sida Ă  bien des piĂšges de l'existence. On lui dĂ©die de nombreux temples oĂč les pĂšlerins viennent en masse solliciter son intervention pour que s'amĂ©liore la conduite des petits garnements. (p. 139)
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Michael Stone (Incroyable Japon)
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Les bergers qui vivent en Ă©tĂ© sur les sommets de Hășmașul Mare sont tĂ©moins, souvent avec effroi, de certaines tempĂȘtes terrifiantes. Nulle part, aussi loin que se portent les regards et aussi loin que va l’imagination Ă  l’intĂ©rieur des frontiĂšres du pays, il ne pleut, il ne neige et il ne vente tant, et avec autant de fureur, que sur ce colosse de pierre, contre lequel se brisent tous les nuages d’Ardeal. Au bord d’un prĂ©cipice, un sapin se met Ă  vaciller, jusqu’à ce qu’il touche celui de gauche, ensuite celui de droite, comme s’il faisait ses adieux aux frĂšres avec lesquels il avait passĂ© son enfance, et, d’un saut tragique, il se jette dans le vide. D’autres, emportĂ©s par la folie gĂ©nĂ©rale, se prĂ©cipitent Ă  sa suite vers des destinations inconnues et fatales. On les retrouvera plus tard, qui sait oĂč, mordant la poussiĂšre et couverts de blessures profondes, comme des soldats tombĂ©s au combat. Une seule tempĂȘte, qui a fait rage il y a dĂ©jĂ  un certain temps sur ce monde dĂ©vastĂ© par de violents tremblements d’air a arrachĂ© de ses flancs cinquante milliers de sapins, les emportant dans les ravins. On les y aperçoit encore maintenant, tel un amas d’ossements frĂȘles, emmĂȘlĂ©s chaotiquement, qui pourrissent au fond des vallĂ©es perdues. MĂȘme les pics les plus orgueilleux se sentent menacĂ©s par les ouragans qui se dĂ©chaĂźnent contre eux. Aveugles, brutales, les masses d’air les frappent de plein fouet, essayant de les arracher de leur place. Mais les pics, obstinĂ©s, rĂ©sistent. Face Ă  la puissance brute des Ă©lĂ©ments, ils opposent la leur, avec des dizaines d’arĂȘtes tranchantes, qui s’entrechoquent violemment. (traduction Dolores Toma)
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Geo Bogza (Cartea Oltului)
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Dans cet espace, oĂč les masses de pierre semblent Ă©craser tout, la source se montre si frĂȘle, qu’il ne serait pas Ă©tonnant que sa vie s’éteignĂźt un instant aprĂšs. Étonnante est, au contraire, la tĂ©mĂ©ritĂ© avec laquelle elle affirme son existence face aux pics altiers. Dans la nuit saisie d’étonnement, l’Olt commence son histoire, digne d’ĂȘtre Ă©coutĂ©e, dans un recueillement absolu, par les montagnes, par les hommes, par l’univers entier. À l’éternitĂ© des montagnes, il oppose une autre Ă©ternitĂ© : celle de l’eau qui jaillit du rocher et qui, par ce dont elle est composĂ©e, est plus vieille que toutes les montagnes rĂ©unies. Des centaines et des milliers de siĂšcles sont condensĂ©s dans le chuchotement de la source, l’un sous l’autre, remontant de plus en plus loin, jusque dans la nuit et avant la nuit des temps. Dans ce lit d’ùres, l’eau coule sur son passĂ©, comme sur une roche gigantesque, dont la couche la plus profonde remonte Ă  l’instant oĂč la terre s’est dĂ©tachĂ©e du soleil. C’est alors qu’elle a commencĂ© Ă  exister, et, depuis lors, dans chaque molĂ©cule et dans son Ă©norme totalitĂ©, elle est restĂ©e la mĂȘme. Le mince filet de l’Olt provient directement des masses liquides gĂ©antes qui ont recouvert la planĂšte, Ă  l’époque oĂč les continents Ă©taient encore loin de naĂźtre. Depuis, dans les ruisseaux, dans les fleuves, dans les mers, l’eau est restĂ©e la mĂȘme : Ă©lĂ©mentaire, unique. (traduction Dolores Toma)
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Geo Bogza (Cartea Oltului)
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Il faut dĂ©couvrir le visage de cette bourgeoisie française dont Le Jour et Gringoire ont Ă©tĂ©, pendant la crise, les porte-paroles. Il ne s'agit plus, avec elle, de soumission inconsciente. TrĂšs lucidement, bien qu'ils se couvrent encore de formes biensĂ©antes, ils admirent. Bourgeois, ils admirent la puissance et le succĂšs. DĂ©cadents, ils frĂ©missent sous les maniĂšres brutales. Petits-bourgeois par le coeur, ils s'extasient sur les alignements, la pompe, la parade, sur ce comĂ©dien mystique qui devant cent mille hommes, quand les dieux le saisissent, pousse un bouton pour faire converger sur lui une batterie de propriĂ©taires en alarmes, ils voient dans ces masses compactes, dans cette police insinuĂ©e jusqu'aux ramures de la vie privĂ©e, dans cet ordre de fer, la garde prĂ©torienne qu'ils n'osent demander aux dĂ©mocraties contre les menaces "du communisme". Toute leur pensĂ©e internationale s'est Ă©puisĂ©e Ă  creuser une ligne Maginot en marge des dynamismes europĂ©ens. Toute leur pensĂ©e politique se rĂ©duit Ă  prĂ©parer, avec un bĂ©ton humain, une ligne Maginot inviolable contre les dynamismes rĂ©volutionnaires. Ils se trompent sans doute radicalement sur le sens des fascismes, qui n'utilisent la force bourgeoise que comme une plaque tournante. Mais ils pensent avec celui d'entre eux qui disait il y a 50 ans se sentir plus prĂšs d'un hobereau prussien que d'un ouvrier français. On ne comprendra rien au comportement de cette fraction de la bourgeoisie française si on ne l'entend murmurer Ă  mi-voix : « PlutĂŽt Hitler que Blum ». Une bourgeoisie aux abois ; une politique sans foi ni loi ; un peuple usĂ© de dĂ©ceptions et de divertissements, voilĂ  les responsables de la dĂ©mission de la France. Puisque ce n'est pas la premiĂšre fois que nous prenons position sur le problĂšme qui lui a offert l'occasion, il nous faut maintenant montrer oĂč elle a pu s'inscrire.
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Emmanuel Mounier
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J'appelle "sociĂ©tĂ© de provocation" toute sociĂ©tĂ© d'abondance et en expansion Ă©conomique qui se livre Ă  l'exhibitionnisme constant de ses richesses et pousse Ă  la consommation et Ă  la possession par la publicitĂ©, les vitrines de luxe, les Ă©talages allĂ©chants, tout en laissant en marge une fraction importante de la population qu'elle provoque Ă  l'assouvissement de ses besoins rĂ©els ou artificiellement crĂ©Ă©s, en mĂȘme temps qu'elle lui refuse les moyens de satisfaire cet appĂ©tit. Comment peut-on s'Ă©tonner, lorsqu'un jeune Noir du ghetto, cernĂ© de Cadillac et de magasins de luxe, bombardĂ© Ă  la radio et Ă  la tĂ©lĂ©vision par une publicitĂ© frĂ©nĂ©tique qui le conditionne Ă  sentir qu'il ne peut pas se passer de ce qu'elle lui propose, depuis le dernier modĂšle annuel "obligatoire" sorti par la General Motors ou Westinghouse, les vĂȘtements, les appareils de bonheur visuels et auditifs, ainsi que les cent mille autres rĂ©incarnations saisonniĂšres de gadgets dont vous ne pouvez vous passer Ă  moins d'ĂȘtre un plouc, comment s'Ă©tonner, dites-le-moi, si ce jeune finit par se ruer Ă  la premiĂšre occasion sur les Ă©talages bĂ©ants derriĂšre les vitrines brisĂ©es ? Sur un plan plus gĂ©nĂ©ral, la dĂ©bauche de prospĂ©ritĂ© de l'AmĂ©rique blanche finit par agir sur les masses sous-dĂ©veloppĂ©es mais informĂ©es du tiers monde comme cette vitrine d'un magasin de luxe de la CinquiĂšme Avenue sur un jeune chĂŽmeur de Harlem. J'appelle donc "sociĂ©tĂ© de provocation" une sociĂ©tĂ© qui laisse une marge entre les richesses dont elle dispose et qu'elle exalte par le strip-tease publicitaire, par l'exhibitionnisme du train de vie, par la sommation Ă  acheter et la psychose de la possession, et les moyens qu'elle donne aux masses intĂ©rieures ou extĂ©rieures de satisfaire non seulement les besoins artificiellement crĂ©Ă©s, mais encore et surtout les besoins les plus Ă©lĂ©mentaires.
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Romain Gary (White Dog)
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J'ai connu trop d'Ăąmes, Sabiroux, j'ai trop entendu la parole humaine, quand elle ne sert plus Ă  dĂ©guiser la honte, mais Ă  l'exprimer; prise Ă  sa source, pompĂ©e comme le sang d'une blessure. Moi aussi, j'ai cru pouvoir lutter, sinon vaincre. Au dĂ©but de notre vie sacerdotale nous nous faisons du pĂ©cheur une idĂ©e si singuliĂšre, si gĂ©nĂ©reuse. RĂ©volte, blasphĂšme, sacrilĂšge, cela a sa grandeur sauvage, c'est une bĂȘte qu'on va dompter... Dompter le pĂ©cheur! ĂŽ la ridicule pensĂ©e! Dompter la faiblesse et la lĂąchetĂ© mĂȘmes ! Qui ne se lasserait de soulever une masse inerte ? Tous les mĂȘmes! Dans l'effusion de l'aveu, dans l'Ă©largissement du pardon, menteurs encore et toujours !
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Georges Bernanos (Under Satan's Sun)
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L'egoisme est necessaire pour accomplir de grandes choses. Les grands destins sont toujours des destins de grands egoistes. Et quand ces destins sont accomplis, ils se changent en phares puissants qui nous eclairent. Alexandra repousse, rejette la mediocrite: Je n'ai que peu de gout pour les choses mediocres, le confort mediocre, les situations mediocres, le succes mediocres. Cette Vagabonde a peu de gout aussi pour ce qu'elle appelle "les destins d'huitre", autrement dit, les sedentaires, ceux qui confondent la vie et l'habitude. Fuis l'ostentation. Ne fais donc pas comme les petits esprits qui n'ont point de repos tant qu'ils n'ont pas parle avec de grands airs de ce qu'ils ont appris la veille. Evite donc de mettre, de toi-meme, la conversation sur des sujets ou ta vanite se complaise. Ne parle point de toi. Attends qu'on te demande ton opinion pour la donner. Sachons renoncer sans lachete a une faiblesse qui cause notre malheur. Une ame elevee se rejouit peu, ne s'afflige jamais et, dans toute chose, ne laisse paraitre aucun signe de joie ou de tristesse. Quand ton ame est triste et accablee, lis une page d'un philosophe, reflechis sur la cause de ta peine, le plus souvent tu trouveras que ce n'est que bagatelle. Ne dis pas: Si je vivais de telle maniere, je pourrai faire ceci ou cela; puisque tu ne fais pas tout ce que ton genre actuel de vie te permet de faire. Si tu ne profites pas du temps que tu as du libre, tu n'en profiterais pas davantage quand ce temps serait dix fois plus considerable. Prends garde de ne pas manger par sensualite mais, seulement, pour reparer tes forces. Le manger alourdit l'esprit et rend incapable de travailler. Tous les cultes degenerent en pitreries ridicules quand les masses y accedent. De beaux symboles, de beaux gestes ne peuvent etre que le privilege d'une elite. Des que la moindre parcelle de sagesse est entree dans l'esprit d'un homme, il aspire a la solitude.
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Alexandra David-NĂ©el (La Lampe de sagesse)
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La devotion silencieuse est un luxe, une pratique de croyants raffines; les masses hurlent leur foi grossiere non seulement on Orient, mais aussi en Occident. La foie des ames simples engendre partout les memes aberrations. Le tantrisme meprise l'homme routinier, se conformant sans les discuter aux us et coutumes du milieu social auquel il appartient et acceptant de meme les idees dont ceux-ci derivent. L'aventure est pour moi l'unique raison d'etre de la vie. Les idees des Orientaux concernant ce qui est decent et ce qui est indecent sont tres differentes des notres et rien de ce qui concerne le sexe ne leur parait propre a donner lieu a l'hilarite ou au scandale. Ce qui compte, ce sont les sentiments que le gourou ou le dieu fait naitre en nous. L'un comme l'autre remplissent le role d'excitateurs et mettent en action en nous des energies qui autrement demeureraient dormantes. Ainsi, il est recommande de ne pas eplucher la conduite de son gourou, de ne pas investiguer l'etendue de son erudition ou de son intelligence puisqu'en somme ce n'est pas absolument de lui que depend le benefice recherche par le disciple, mais que ce benefice est plutot le fruit des sentiments du disciple lui-meme. Les Orientaux ne sont jamais presses, ils vivent dans l'eternite. Les intimes de Gandhi supportaient joyeusement la charge passablement lourde, avouaient-ils parfois, de sa pauvrete couteuse. Aucun blame ne peut etre adresse a Gandhi pour avoir mene la vie classique du gourou indienavec tout ce qu'elle comporte d'ostentation quant a une "simplicite" factice: elle est presque imposee aux gourous par la force d'habitudes seculaires. L'esclavage spirituel ne deplait point aux Indiens, la majorite d'entre eux s'y soumettent meme avec joie. Gandhi, disait Nehru, pense continuellement en termes de salut personnel et de peche, il ne se preoccupe pas de reforme des institutions ou de la structure de la societe, mais seulement de bannir le peche de la vie des individus. Des intrus flanent a loisir dans les galeries des palais et sous les verandas des batiment ou rien ne les appelle: ils veulent simplement "regarder", ce qui est eminemment oriental. Quel que soit l'ideal qu'il cherisse, quel que soit le but qu'il poursuive, l'Indien, qu'il en soit conscient ou non, se sent toujours non point seulement le porte-parole d'un dieu, mais Dieu lui-meme possesseur de la Verite.
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Alexandra David-NĂ©el (L'Inde oĂč j'ai vĂ©cu)
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Chacune a son tour prit la parole pour la conseille. L’ainĂ©e des tantes commença : « Ma fille, tu dois te soumettre Ă  ton mari, quoi qu’il arrive. Donne-lui raison pour la paix de ton couple. Qu’il ne manque jamais Ă  manger ni Ă  boire dans ton futur foyer. Sois toujours lĂ  pour l’accueillir, dans une maison propre, qui sente bon, et toujours avec le sourire aux lĂšvres mĂȘme si ta journĂ©e s’est mal passĂ©e. Masse-le et fais-lui de beaux enfants. Beaucoup d’enfants. Fais en sorte de ne jamais le dĂ©cevoir. Respecte ses parents et sa famille comme si c’étaient les tiens. Sois bĂ©nie, ma fille.
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Roukiata Ouedraogo (Le petit mari)
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Le grand moyen de défense de la révolution reste toujours d'enlever aux bourgeois les moyens économiques de la domination, d'armer tout le monde (jusqu'à ce qu'on puisse amener tout le monde à jeter les armes comme des objets inutiles et dangereux) et d'intéresser à la victoire toute la grande masse de la population.
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Errico Malatesta (Pensiero e volontĂ . Ultimi scritti 1924-1932)
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Ces professeurs, rencontrĂ©s dans les derniĂšres annĂ©es de ma scolaritĂ©, me changĂšrent beaucoup de tous ceux qui rĂ©duisaient leurs Ă©lĂšves Ă  une masse commune et sans consistance, « cette classe », dont ils ne parlaient qu'au superlatif d'infĂ©rioritĂ©. Aux yeux de ceux-lĂ  nous Ă©tions toujours lap lus mauvaise quatriĂšme, troisiĂšme, seconde, premiĂšre ou terminale de leur carriĂšre, ils n'avaient jamais eu de classe mois
 si
 On eĂ»t dit qu'ils s'adressaient d'annĂ©e en annĂ©e Ă  un public de moins en moins digne de leur enseignement. Ils s'en plaignaient Ă  la direction, aux conseils de classes, aux rĂ©unions de parents. Leurs jĂ©rĂ©miades Ă©veillaient en nous une fĂ©rocitĂ© particuliĂšre, quelque chose comme la rage que mettrait le naufragĂ© Ă  entraĂźner dans sa noyade le capitaine pleutre qui a laissĂ© le bateau s'empaler sur le rĂ©cif. (Oui, enfin, c'est une image
 Disons qu'ils Ă©taient surtout nos coupables idĂ©aux comme nous Ă©tions les leurs ; leur dĂ©pression routiniĂšre entretenait chez nous une mĂ©chancetĂ© de confort.) (p. 262-263)
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Daniel Pennac (Chagrin d'Ă©cole)
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Je vous propose alors une idĂ©e militante. Il serait trĂšs juste d’organiser une vaste manifestation pour une alliance des jeunes et des vieux, Ă  vrai dire dirigĂ©e contre les adultes d’aujourd’hui. Les plus rebelles des moins de trente ans et les plus coriaces des plus de soixante contre les quadras et les quinquas bien installĂ©s. Les jeunes diraient qu’ils en ont assez d’ĂȘtre errants, dĂ©sorientĂ©s, et interminablement dĂ©pourvus de toute marque de leur existence positive. Ils diraient aussi qu’il n’est pas bon que les adultes fassent semblant d’ĂȘtre Ă©ternellement jeunes. Les vieux diraient qu’ils en ont assez de payer leur dĂ©valorisation, leur sortie de l’image traditionnelle du vieux sage, par une mise Ă  la casse, une dĂ©portation dans des mouroirs mĂ©dicalisĂ©s, et leur totale absence de visibilitĂ© sociale. Ce serait trĂšs nouveau, trĂšs important, cette manifestation mixte ! J’ai du reste vu, durant mes nombreux voyages dans le monde entier, pas mal de confĂ©rences, pas mal de situations oĂč le public se composait d’un noyau de vieux briscards, de vieux rescapĂ©s, comme moi, des grands combats des sixties et des seventies, et puis d’une masse de jeunes qui venaient voir si le philosophe avait quelque chose Ă  dire concernant l’orientation de leur existence et la possibilitĂ© d’une vraie vie. J’ai donc vu, partout dans le monde, l’esquisse de l’alliance dont je vous parle. Comme Ă  saute-mouton, la jeunesse semble devoir sauter aujourd’hui par-dessus l’ñge dominant, celui qui va en gros de trente-cinq Ă  soixante-cinq ans, pour constituer avec le petit noyau des vieux rĂ©voltĂ©s, des non-rĂ©signĂ©s, l’alliance des jeunes dĂ©sorientĂ©s et des vieux baroudeurs de l’existence. Ensemble, nous imposerions que soit ouvert le chemin de la vraie vie.
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Alain Badiou (La vraie vie : Appel Ă  la corruption de la jeunesse)
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La porte s’est ouverte tout de suite et est allĂ©e co - gner contre le mur. J’ai perçu un claquement, comme le bruit d’une paume ouverte rencontrant une eau boueuse, et la masse qui ne pouvait pas me ressembler s’est affaissĂ©e sur mon abdomen en mĂȘme temps que l’humeur visqueuse m’entraĂźnait Ă  deux doigts de l’asphyxie. Puis un bruit sec a chassĂ© la chose gisant en travers de moi, et celle-ci a atterri mollement au pied d’un paravent qui divisait mon appartement. Jan s’est Ă©loignĂ© du lit pour pousser du pied la masse presque humanoĂŻde et a hochĂ© la tĂȘte. J’ai eu une quinte de toux et j’ai recrachĂ© une substance peu ragoĂ»tante. Il est venu prĂšs de moi, a dĂ©tachĂ© l’un de mes poignets pour que je m’appuie contre lui et il m’a frottĂ© le dos en essuyant mon menton avec un coin de la couverture. Il n’a pas eu de mouvement de recul devant le bouillon visqueux qui se collait Ă  lui. Je n’ai pas criĂ© « Mon hĂ©ros ! », mais, abandonnant tout orgueil, je me suis laissĂ©e aller dans ses bras Ă  ma terreur rĂ©trospective. « Nous te guĂ©rirons, disait-il, nous trouverons un moyen de venir Ă  bout du LX-200. Fais-moi confiance, je ne suis pas ton ennemi. »
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Sylvie BĂ©rard (La saga d'Illyge)
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La beautĂ© est une chose trĂšs surfaite. Ça ne requiert aucune compĂ©tence, pas le moindre talent ou mĂ©rite. J’en veux pour preuve la quantitĂ© de belles filles totalement idiotes Ă  dĂ©plorer ou la masse de jolis garçons bĂȘtes comme une valise sans poignĂ©e.
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Eli Esseriam (Cavalier blanc : Alice (Apocalypsis, #1))
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J’écris un manifeste et je ne veux rien, je dis pourtant certaines choses, et je suis par principe contre les manifestes, comme je suis aussi contre les principes
 J’écris ce manifeste pour montrer qu’on peut faire les actions opposĂ©es ensemble, dans une seule fraĂźche respiration ; je suis contre l'action ; pour la continuelle contradiction, pour l’affirmation aussi, je ne suis ni pour ni contre et je n’explique car je hais le bon sens
 Il y a une littĂ©rature qui n’arrive jusqu’à la masse vorace. ƒuvre des crĂ©ateurs, sortie d’une vraie nĂ©cessitĂ© de l’auteur, et pour lui-mĂȘme. Connaissance d’un suprĂȘme Ă©goĂŻsme, oĂč les lois s’étiolent. Chaque page doit exploser, soit par le sĂ©rieux profond et lourd, le tourbillon, le vertige, le nouveau, l’éternel, par la blague Ă©crasante, par l’enthousiasme des principes ou par la façon d’ĂȘtre imprimĂ©e. VoilĂ  un monde chancelant qui fuit, fiancĂ© aux grelots de la gamme infernale, voilĂ  de l’autre cĂŽté : des hommes nouveaux.
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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Et peut-ĂȘtre d'ailleurs, n'y a-t-il pas de hasard dans le fait que les États-Unis soient Ă  la fois les plus grands producteurs de pornographie et les plus grands propriĂ©taires d'armes Ă  feu, comme si Éros et Thanatos y dansaient chaque jour, dans la surabondance des cumshots et la multiplication des tueries de masse, la plus macabre des valses, comme si le combat Ă©tait dans le sexe et l'amour dans les armes.
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Mathieu BĂ©lisle (L'empire invisible (French Edition))
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Les gens m’agressent. Je suis parmi eux comme une grosse masse grise qui se dĂ©place trop lentement en absorbant la lumiĂšre.
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Gabrielle Lisa Collard (La mort de Roi)
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Aucun conte ne dira assez le danger réel qui menace ton monde : l'extinction de la rage, la soumission au principe de précaution, dormir comme une masse.
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Lucie TaĂŻeb (Safe)
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TIZIANO : Le modĂšle occidental a dĂ©sormais Ă©tĂ© acceptĂ© par tous. Il est arrivĂ© jusqu'en Chine, en Asie du Sud-Est, Ă  Singapour, dans toute l'Indochine ; seul le Laos survit en quelque sorte. C'est le thĂšme sur lequel je reviens sans cesse dans "Un devin m'a dit" : le joyeux suicide des pays d'Asie dĂ©cidĂ©s Ă  suivre un modĂšle de dĂ©veloppement de type occidental, et prĂȘts Ă  renoncer Ă  leur propre modĂšle de dĂ©veloppement. FOLCO : Pourquoi ? TIZIANO : C'est simple. Parce qu'ils pensent que c'est le seul moyen. Nous leur avons vendu le christianisme, le colonialisme, toutes ces salades ; et, pour finir, nous leur avons vendu l'idĂ©e selon laquelle il ne peut y avoir qu'un seul type de modernitĂ©, la nĂŽtre. Alors, ce modĂšle s'est exportĂ© grĂące aux moyens de communication de masse comme la tĂ©lĂ©vision, et il s'est imposĂ© dans toute l'Asie. (p. 300-301)
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Tiziano Terzani (La fine Ăš il mio inizio)
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les Musulmans Ă©duquĂ©s comme nous-mĂȘmes commencions Ă  penser que l’islam Ă©tait le vĂ©ritable obstacle qui avait empĂȘchĂ© les masses algĂ©riennes de passer au XXe siĂšcle. Lorsque
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David Galula (Pacification en Algérie: 1956-1958 (Mémoires de guerre) (French Edition))
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Un autre exemple de fausse psychologie de nos « bureaux arabes ». Nous avons, pour les Ă©lections en AlgĂ©rie, recours Ă  l'influence des congrĂ©gations musulmanes sur la masse des Ă©lecteurs illettrĂ©s. Cette politique de corruption est publique et compromet Ă  la longue certaines vedettes prĂ©cieuses. L'administration se dit alors dans sa sollicitude : il y a un moyen, pour les musulmans, d'ĂȘtre absous de leurs pĂ©chĂ©s, c'est d'aller Ă  La Mecque. Nous leur paierons le voyage. Ils rempliront leurs devoirs coraniques ; ils nous reviendront absous, la conscience blanche comme neige. Ils pourront recommencer Ă  notre service ; nous aurons donc double bĂ©nĂ©fice. Mais un des derniers bĂ©nĂ©ficiaires de ce systĂšme ingĂ©nieux vient de le gĂącher et nous a forcĂ©s, en revenant de La Mecque, Ă  payer la scolaritĂ© d'un de ses fils Ă  al-Azhar « pour se racheter » aux yeux de l'Islam anticolonialiste. Cet homme nous aura coĂ»tĂ© fort cher pour aboutir au mĂ©pris rĂ©ciproque et dĂ©finitif. [L'Occident devant l'Orient. PrimautĂ© d'une solution culturelle. In: Politique Ă©trangĂšre, n°2 - 1952 - 17ᔉannĂ©e. pp. 13-28]
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Louis Massignon
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Plus d’État mais seulement la sociĂ©tĂ©, plus de principe mais seulement une gestion des pulsions sociales, et au centre un gentil organisateur, un plancton dont les obsessions quantitativo-statistiques abolissent la sphĂšre de la politique et la remplacent par le nĂ©ant d’un babillage dĂ©magogique non si­gnifiant, purement phonique, phatique, autour duquel la presse s’onanise et le public bĂ©e. La vocation intellectuelle, ar­tistique et spirituelle de l’homme disparaĂźt sous les coups du nivellement de masse, car l’homme n’est ici qu'un travailleur, le rouage d’une Ă©nergie productrice qu’il faut rendre opĂ©ra­tionnel le plus rapidement possible ; on lui invente un collĂšge unique dont disparaĂźt progressivement toute connaissance vé­ritable, un lieu d’abrutissement intellectuellement dĂ©finalisĂ©, d’éducation technique de groupe, afin que toutes les espĂšces et catĂ©gories du troupeau puissent parvenir plus largement au degrĂ© de qualification qui les asservira au quantitatif, tandis que le monde entier afflue Ă  MicrocĂ©phalopolis afin de rem­plir les cases laissĂ©es vides. Les chiffres broient l’homme, la matiĂšre est placĂ©e au-dessus de l’esprit, la technique au-dessus du savoir, l’intĂ©rĂȘt au-dessus de toute gratuitĂ© ; plus d’hon­neur, de civilitĂ©, de gĂ©nĂ©rositĂ©, plus de famille, plus d’amitiĂ©. Dans ce contexte le mĂ©lange culturel s’inscrit non comme une louable ouverture mais comme la colonisation d’un espace in­tellectuel vide parce que volontairement dĂ©sertĂ©. MicrocĂ©phalopolis s'identifie Ă  ce dĂ©sert pour devenir jungle, elle veut n’ĂȘtre que friche et fiche, elle veut n’ĂȘtre rien, elle vĂ©nĂšre les raclĂ©es, elle nie ses origines sauf pour s’inventer de mythologiques fautes oĂč peut ainsi s’exercer sa haine de soi, c’est-Ă -dire de la spiritualitĂ© dont elle devrait ĂȘtre porteuse. Elle est cette nation devenue elle-mĂȘme femelle et que ses attitudes de mo­rue exposent continuellement au viol. Refusant de porter un quelque regard sur sa situation, se fĂ©licitant de tout ce qui n'est pas sa nature et dont elle se remplit, elle tend sa croupe Ă  tout vent et enfonce la tĂȘte dans le sable en des maniĂšres d'autruche dĂ©nĂ©gatrice et nymphomane.
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Maxence Caron
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Que je sens de choses que les autres ne sentent pas ! Il est juste minuit et je suis lĂ  Ă  rĂ©flĂ©chir. Elle vient juste de partir, fatiguĂ©e mais aussi chagrine parce que je l'ai renvoyĂ©e. Quand je me suis penchĂ© sur elle et que j'ai posĂ© ma tĂȘte entre ses seins et que j'ai senti quelque chose comme du bonheur, et comme de l'oubli se glisser en moi et adoucir ma peine, une colĂšre violente m'a secouĂ© tout entier. Il m'a semblĂ© brusquement que Quelqu'un, au-dessus de moi, me lançait cette masse de chair et ces yeux et ces lĂšvres rouges et la tendresse de cette voix pour m'endormir comme on donne un jouet aux enfants pour ne pas qu'ils pleurent. Alors se lĂšve en moi quelque chose comme du mĂ©pris et de l'ironie, comme une vague qui me pousse Ă  Ă©craser cette miette qu'on me jette, Ă  moi qui meurt de faim. Non, non cest autre chose que je cherche, autre chose, autre chose..
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Nikos Kazantzakis (Le lys et le serpent)
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Les grands Ă©difices, comme les grandes montagnes, sont l’ouvrage des siĂšcles. L’art nouveau prend le monument oĂč il le trouve, s’y incruste, se l’assimile, le dĂ©veloppe Ă  sa fantaisie, et l’achĂšve s’il le peut. La chose s’accomplit sans trouble, sans effort, sans rĂ©action, suivant une loi naturelle et tranquille. C’est une greffe qui survient, une sĂšve qui circule, une vĂ©gĂ©tation qui reprend. L’homme, l’artiste, l’individu s’effacent sur ces grandes masses sans nom d’auteur : l’intelligence humaine s’y rĂ©sume et s’y totalise. Le temps est l’architecte, le peuple est le maçon.
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Victor Hugo
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Le poids, monsieur, est fonction de la gravité. C'est pas conséquent une notion tout à fait relative. En outre, je ne consens pas à vous reconnaßtre quelque compétence que ce soit pour juger si mon poids est excessif ou convenable, compte tenu de la subjectivité des critÚres d'évaluation. L'esthétique varie d'un monde à l'autre, tout comme les génotypes et les prédispositions héréditaires. Je suis parfaitement satisfait de ma masse actuelle, monsieur.
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George R.R. Martin (Tuf Voyaging)
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Il se tenait en face de moi : sa silhouette se détachait avec une netteté douloureuse sur la masse des corps et des visages devenus flous. Je ne sais plus lequel des deux a parlé le premier. Nous sommes restés au milieu de la piÚce comme deux cailloux jetés l'un contre l'autre par les vagues. A chaque mouvement souterrain du courant, la mer, qui devrait nous éloigner, nous rapproche.
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HĂ©lĂšne Frappat
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Sang bleu rougeĂątre Moi, en tant que fils de rois, De princes et de nobles, Tous de la haute noblesse, SanctifiĂ©e par Dieu, sang divin, Ou, peut-ĂȘtre, Ne suis-je pas Dieu lui-mĂȘme, ou, Qui sait, suis-je au-dessus de lui? La mĂ©tadivinitĂ© bourgeoise, Cette divinisation de la saletĂ© la plus immonde, Et ils regardent le peuple : Oh Dieu ! Pourquoi as-tu fait Cette populace insensĂ©e ? Cette masse, souriante, Qui se bĂ©nit de bonheur, Trouve dans les Ă©gouts, Si moi, Ni tout l'or africain, Ni toute la beautĂ© des femmes de l'Orient Ne me satisfont plus, Ni la bonne odeur de l'encens, ni les palais, Ah, comme je dĂ©teste la populace, Alors que je verse mes larmes en regardant les tragĂ©dies, Ils rient de la comĂ©die la plus burlesque, Que veux-tu ? Ô Souverain du Monde ? Rappelle-moi que je viens de ces crĂ©atures, Que ma blancheur vient du charbon, Que ma lumiĂšre de l'obscuritĂ©, Que mon sang n'est que de l'eau, Tu veux me rappeler que je ne suis que de la poussiĂšre vaniteuse, Sages Ă©taient les Romains, Qui, lors des festivitĂ©s, Transformaient les esclaves en patriciens, Et les patriciens en esclaves, Pour se rappeler l'ancienne rĂšgle, Le vieux pacte lupin, Car tous faits d'argile, Et lavĂ©s dans le sang... CĂ©sar, mon cher CĂ©sar, N'oublie pas que, Ainsi toujours les tyrans, Et, ainsi, toujours les patriciens, Tous tomberont, Et dĂ©pĂ©riront, Car Celui qui a vĂ©cu, Dans sa mort, N'est pas encore revenu.
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Geverson Ampolini
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Souvent il arrivait que papa et Jacky martĂšlent de concert. Pas un mot, pas un cri, juste des souffles mĂȘlĂ©s comme font les amants. De lourds coups sur l’acier, de petits sur l’enclume, en rythme cadencĂ©, sorte de concerto pour enclume et marteaux oĂč la basse continue n’était autre que celle de leurs respirations. Et puis ces escarbilles, toujours ces escarbilles, petites Ă©toiles filantes que chacun d’eux apprivoisait pour qu’elles n’aillent pas, comme des baisers voraces, mordre le corps de l’autre. Et assis sur un banc ou sur un tas de ferraille, un enfant de cinq ans regarde leurs poitrails, Ă©coute leurs silences dans cet orage d’acier et ne croit plus Ă  rien, ni Ă  Dieu, ni Ă  Diable, ni Ă  tous ces hĂ©ros que dĂ©jĂ  il pressent puisqu’il sent bien, ce gosse, qu’il arrive Ă  la vie de parfois dĂ©faillir, ou simplement faillir, et qu’il faut certains soirs, pour supporter son poids, accepter les lĂ©gendes et les mythes qu’ont inventĂ©s les hommes afin de s’endormir un petit peu plus grand et Ă  peine moins mortel. Heureusement pour lui, foin d’Ulysse, de Titans, de dragons flamboyants et de dieux en jupette plus ou moins ridicules, il les a sous les yeux ces lares de pleine chair qui dressent des Ă©clairs et crĂ©ent des Ă©popĂ©es avec chaque barre de fer. L’odeur de la limaille, du fer chauffĂ© Ă  rouge, du fer chauffĂ© Ă  blanc, l’odeur des corps en sueur qui parfois s’effaçaient derriĂšre la fumĂ©e blanche, l’odeur des grains d’acier en gerbes braisillantes, l’odeur mĂȘme des marteaux, masses, pinces, massettes, et l’odeur de l’enclume qui les recueillait tous. Papa et Jacky, ferronniers d’art ; ils maĂźtrisaient le feu mais ignoraient Vulcain, PromĂ©thĂ©e et Wotan, Zeus ou HĂ©phaĂŻstos. Les dieux du Walhalla, d’Olympe ou de l’Iliade leur Ă©taient inconnus. MĂȘme saint Éloi, patron des forgerons, ne les concernait pas. Ils Ă©taient incultes, c’est-Ă -dire intelligents mais sans les livres capables de leur nommer, soit cette intelligence, soit cette inculture. Ils s’en moquaient, de tout cela, des trois divinitĂ©s, des quatre horizons, des douze travaux d’Hercule ou des Mille et Une Nuits. À quoi bon s’inventer des dieux de pacotille quand on en a sous la main et que l’on parvient, Ă  coups brefs et prĂ©cis, Ă  leur donner la forme que l’on veut. Pas besoin de lĂ©gende, ils se crĂ©aient la leur, façonnant dans l’acier les mots pour la chanter. Et l’enfant de cinq ans lorsqu’il lui adviendra, plus tard, beaucoup plus tard, d’apercevoir Tarzan sautant de liane en liane en se frappant le torse Ă  grands coups de battoir pour ne rien forger d’autre qu’un long cri ridicule, rira comme un beau diable s’il est vrai qu’il s’avĂšre, dans l’HadĂšs ou ailleurs, qu’un diable puisse ĂȘtre beau.
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Guy Boley (Fils du feu)