Lueur Quotes

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de satan ou de dieu, qu'importe! ange ou sirÚne, qu'importe, si tu rends -- fée aux yeux de velours, rythme, parfum, lueur, Î mon unique reine! -- l'univers moins hideux et les instants moins lourds?
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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Nos actes s'attachent a nous comme sa lueur au phosphore. Ils nous consument, il est vrai, mais il nous font notre splendeur.
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André Gide
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Avec l'amour maternel, la vie vous fait, Ă  l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son coeur, ce ne sont plus que des condolĂ©ances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mĂšre comme un chien abandonnĂ©. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lĂšvres trĂšs douces vous parlent d'amour, mais vous ĂȘtes au courant. Vous ĂȘtes passĂ© Ă  la source trĂšs tĂŽt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous cĂŽtĂ©s, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dĂšs la premiĂšre lueur de l'aube, une Ă©tude trĂšs serrĂ©e de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Je ne dis pas qu'il faille empĂȘcher les mĂšres d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mĂšres aient encore quelqu'un d'autre Ă  aimer. Si ma mĂšre avait eu un amant, je n'aurais pas passĂ© ma vie Ă  mourir de soif auprĂšs de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants.
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Romain Gary (Promise at Dawn)
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On peut presque tout faire sans lumiĂšre sauf Ă©crire. Ecrire demande des lueurs. Vivre se suffit d’ombre, lire exige la clartĂ©. Fast alles kann man ohne Licht tun, außer Schreiben. Zum Schreiben ist Licht nötig. Zum Leben genĂŒgt Dunkelheit; Lesen braucht Helligkeit.
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Michel Serres
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On arrive toujours Ă  tenir. Surtout pour les personnes qu'on aime. Ils sont notre ancre, notre planche de salut. Sans cette petite lueur, tout serait perdu.
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Alric Twice (L'oeil de vérité (La passeuse de mots, #2))
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Now, I believe the best way for you to learn is immersion and since we can't teleport you all to France," he grinned at me, and there were once again sighs from the girls. "I'll be speaking only in French and will expect you to do the same. Is anyone here already proficient in the language?" I narrowed my eyes at him. He knew darn well I was fluent in French and several other languages. "Eveline, I believe your dad mentioned at dinner the other night that you are?" What was he doing? "Umm. Yes-" He shook his head at me. "En français s'il vous plait." More sighs from the class. I clenched my jaw and spoke rapidly. "Oui, Monsieur Smith. Je parle français. Qu'est-ce que tu veux?" Yes, Mr.Smith. I speak French. What do you want? His eyes smoldered and caressed my face as he delivered his swift reply, "Je veux plus de toi que vous imaginez, ma petit lueur.
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Heather Self (The One (The Portal Trilogy, #1))
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condenser en flamme la lueur des choses,
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Victor Hugo (Les Misérables)
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L’amour, peu Ă  peu, s’éteignit par l’absence, le regret s’étouffa sous l’habitude ; et cette lueur d’incendie qui empourprait son ciel pĂąle se couvrit de plus d’ombre et s’effaça par degrĂ©s.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary (French Edition))
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Il y a un peuplier noir, Ă  une fenĂȘtre — une lueur, un tintement dans une tour et dans la main — une fleur, et il y a ce pas — personne — il ne suit, et il y a cette ombre, mais moi — je ne suis.
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Marina Tsvetaeva (Insomnie et autres poĂšmes)
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Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe, Ô BeautĂ©, monstre Ă©norme, effrayant, ingĂ©nu! Si ton Ɠil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ? De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou SirĂšne, Qu'importe, si tu rends, – fĂ©e aux yeux de velours, Rythme, parfum, lueur, ĂŽ mon unique reine ! – L'univers moins hideux et les instants moins lourds.
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Charles Baudelaire
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Nos actes s'attachent à nous comme sa lueur au phosphore. Ils nous consument, il est vrai, mais ils nous font notre splendeur. Et si notre ùme a valu quelque chose, c'est qu'elle a brûlé plus ardemment que les autres.
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André Gide (Les Nourritures terrestres: suivi de Les nouvelles nourritures)
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Laurent avait Ă©largi une de ses grosses mains dont il regardait attentivement la paume. Ses doigts eurent de lĂ©gers frĂ©missements, des lueurs rouges montĂšrent Ă  ses joues ... Laurent leva la tĂȘte et vit ThĂ©rĂšse devant lui, muette, immobile. La jeune femme le regardait avec une fixitĂ© ardente. Ses yeux, d'un noir mat, semblaient deux trous sans fond, et, par ses lĂšvres entrouvertes, on apercevait des clartĂ©s roses dans sa bouche. Elle Ă©tait comme Ă©crasĂ©e, ramassĂ©e sur elle-mĂȘme; elle Ă©coutait.
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Émile Zola (ThĂ©rĂšse Raquin)
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Crime et chĂątiment. DostoĂŻevski. Une lueur fugitive me traversa l'esprit. DostoĂŻevski a-t-il rapprochĂ© les deux mots comme synonymes ou comme antonymes ? Crime et chĂątiment ne s'interpĂ©nĂštrent aucunement ; la glace et le charbon ardent ne vont pas ensemble. Dans ma tĂȘte les idĂ©es tourbillonnaient comme les images d'un kalĂ©idoscope... DostoĂŻevski prenait crime et chĂątiment comme antonymes... de minces algues filantes passaient... un Ă©tang pourri... je fouillais un Ă©cheveau de chanvre aux fibres emmĂȘlĂ©es...
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Osamu Dazai (No Longer Human)
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J'Ă©cris Ă  la lueur de deux VĂ©ritĂ©s Ă©ternelles : la Religion, la Monarchie, deux nĂ©cessitĂ©s que les Ă©vĂ©nements contemporains proclament, et vers lesquelles tout Ă©crivain de bon sens doit essayer de ramener notre pays. Sans ĂȘtre l'ennemi de l'Election, principe excellent
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Honoré de Balzac (Oeuvres complÚtes: 101 titres La Comédie humaine)
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Je la pris prÚs de la riviÚre Car je la croyais sans mari Tandis qu'elle était adultÚre Ce fut la Saint Jacques la nuit Par rendez vous et compromis Quand s'éteignirent les lumiéres Et s'allumÚrent les cri-cri Au coin des derniÚres enceintes Je touchai ses seins endormis Sa poitrine pour moi s'ouvrit Comme des branches de jacinthes Et dans mes oreilles l'empois De ses jupes amidonnées Crissait comme soie arrachée Par dix couteaux à la fois Les cimes d'arbres sans lumiÚre Grandissaient au bord du chemin Et tout un horizon de chiens Aboyaient loin de la riviÚre Quand nous avons franchi les ronces Les épines et les ajoncs Sous elle son chignon s'enfonce Et fait untrou dans le limon Quand ma cravate fut otée Elle retira son jupon Puis quand j'otai mon ceinturon Quatre corsages d'affilée Ni le nard ni les escargots N'eurent jamais la peau si fine Ni sous la lune les cristaux N'ont de lueur plus cristalline Ses cuisses s'enfuyaient sous moi Comme des truites effrayées L'une moitié toute embrasée L'autre moitié pleine de froid Cette nuit me vit galoper De ma plus belle chevauchée Sur une pouliche nacrée Sans bride et sans étriers ......
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Federico GarcĂ­a Lorca
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victor hugo, Les Contemplations, Mors Je vis cette faucheuse. Elle Ă©tait dans son champ. Elle allait Ă  grands pas moissonnant et fauchant, Noir squelette laissant passer le crĂ©puscule. Dans l'ombre oĂč l'on dirait que tout tremble et recule, L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx. Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux Tombaient ; elle changeait en dĂ©sert Babylone, Le trĂŽne en Ă©chafaud et l'Ă©chafaud en trĂŽne, Les roses en fumier, les enfants en oiseaux, L'or en cendre, et les yeux des mĂšres en ruisseaux. Et les femmes criaient : - Rends-nous ce petit ĂȘtre. Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naĂźtre ? - Ce n'Ă©tait qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ; Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ; Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre ; Les peuples Ă©perdus semblaient sous la faulx sombre Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ; Tout Ă©tait sous ses pieds deuil, Ă©pouvante et nuit. DerriĂšre elle, le front baignĂ© de douces flammes, Un ange souriant portait la gerbe d'Ăąmes.
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Victor Hugo
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Sabran se recula pour l'examiner. Ead eut un aperçu de ses expressions Ă  la lueur des bougies — le front lisse, les yeux sombres et dĂ©terminĂ©s — avant qu'elles s'unissent Ă  nouveau, et leur baiser fut cette fois chaud, novice, fondateur, la naissance d'une Ă©toile sur leurs lĂšvres. Elles Ă©taient des rayons de miel secrets, fragiles et complexes. Ead frissonna quand la nuit accueillie sa peau.
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Samantha Shannon (The Priory of the Orange Tree (The Roots of Chaos, #1))
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Les plus opaques des hommes ne sont pas sans lueurs : cet assassin joue proprement de la flĂ»te ; ce contremaĂźtre dĂ©chirant Ă  coups de fouet le dos des esclaves est peut-ĂȘtre un bon fils ; cet idiot partagerait avec moi son dernier morceau de pain. Et il y en a peu auxquels on ne puisse apprendre convenablement quelque chose. Notre grande erreur est d'essayer d'obtenir de chacun en particulier les vertus qu'il n'a pas, et de nĂ©gliger de cultiver celles qu'il possĂšde.
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Marguerite Yourcenar (Memoirs of Hadrian)
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Il y en a, dans cet ordre, de plus Ă©levĂ©es. Ce sont celles oĂč l’élĂ©ment sensible n’est pour rien. – Elles dĂ©passent alors la Vertu en beautĂ© morale, tant elles sont indĂ©pendantes de toute personnalitĂ©, de toute relation humaine. J’ai entrevu quelquefois (dans mes grands jours de soleil), Ă  la lueur d’un enthousiasme qui faisait frissonner ma peau du talon Ă  la racine des cheveux, un Ă©tat de l’ñme ainsi supĂ©rieur Ă  la vie, pour qui la gloire ne serait rien, et le bonheur mĂȘme inutile.
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Gustave Flaubert (GUSTAVE FLAUBERT: Correspondance - Tome 2 -1851-1858 (French Edition))
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Tout cette eau descendant avec son chargement de cris, de mĂ©lodies, et d'odeurs de jardins, pleine des lueurs cuivrĂ©es du ciel couchant et des ombres contorsionnĂ©es et grotesques des statues du pont Charles, apportait Ă  Mersault la conscience douloureuse et ardente d'une solitude sans ferveur oĂč l'amour n'avait plus de part. Et s'arrĂȘtant devant le parfum d'eaux et de feuilles qui montait jusqu'Ă  lui, la gorge serrĂ©e, il imaginait des larmes qui ne venaient pas. Il eĂ»t suffi d'un ami, ou des bras ouverts. Mais les larmes s'arrĂȘtaient Ă  la frontiĂšre du monde sans tendresse oĂč il Ă©tait plongĂ©.
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Albert Camus (A Happy Death)
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finalement, Ă©perdu d'amour et au comble de la frĂ©nĂ©sie Ă©rotique, je m'assis dans l'herbe et j'enlevai un de mes souliers en caoutchouc. — Je vais le manger pour toi, si tu veux. Si elle le voulait I Ha! Mais bien sĂ»r qu'elle le voulait, voyons! C'Ă©tait une vraie petite femme. --- Elle posa son cerceau par terre et s'assit sur ses ta-lons. Je crus voir dans ses yeux une lueur d'estime. Je n'en demandais pas plus. Je pris mon canif et enta-mai le caoutchouc. Elle me regardait faire. — Tu vas le manger cru ? — Oui. J'avalai un morceau, puis un autre. Sous son regard enfin admiratif, je me sentais devenir vraiment un homme. Et j'avais raison. Je venais de faire mon apprentissage. J'entamai le caoutchouc encore plus profondĂ©ment, soufflant un peu, entre les bouchĂ©es, et je continuai ainsi un bon moment, jusqu'Ă  ce qu'une sueur froide me montĂąt au front. Je continuai mĂȘme un peu au-delĂ , serrant les dents, luttant contre la nausĂ©e, ramassant toutes mes forces pour demeurer sur le terrain, comme il me fallut le faire tant de fois, depuis, dans mon mĂ©tier d'homme. Je fus trĂšs malade, on me transporta Ă  l'hĂŽpital, ma mĂšre sanglotait, Aniela hurlait, les filles de l'atelier geignaient, pendant qu'on me mettait sur un brancard dans l'ambulance. J'Ă©tais trĂšs fier de moi. Mon amour d'enfant m'inspira vingt ans plus tard mon premier roman Éducation europĂ©enne, et aussi certains passages du Grand Vestiaire. Pendant longtemps, Ă  travers mes pĂ©rĂ©grinations, j'ai transportĂ© avec moi un soulier d'enfant en caoutchouc, entamĂ© au couteau. J'avais vingt-cinq ans, puis trente, puis quarante, mais le soulier Ă©tait toujours lĂ , Ă  portĂ©e de la main. J'Ă©tais toujours prĂȘt Ă  m'y attabler, Ă  donner, une fois de plus, le meilleur de moi-mĂȘme. Ça ne s'est pas trouvĂ©. Finalement, j'ai abandonnĂ© le soulier quelque part derriĂšre moi. On ne vit pas deux fois. (La promesse de l'aube, ch. XI)
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Romain Gary (Promise at Dawn)
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Que de haine elle distille ! LĂ , immobile, et les yeux ardents et fixes dans son appartement dĂ©sert, comme les Ă©clats de ses rugissements sourds, qui parfois s’échappent avec sa respiration du fond de sa poitrine, accompagnent bien le bruit de la houle qui monte, gronde, mugit et vient se briser, comme un dĂ©sespoir Ă©ternel et impuissant, contre les rochers sur lesquels est bĂąti ce chĂąteau sombre et orgueilleux ! Comme, Ă  la lueur des Ă©clairs que sa colĂšre orageuse fait briller dans son esprit, elle conçoit, contre Mme Bonacieux, contre Buckingham, et surtout contre d’Artagnan, de magnifiques projets de vengeance, perdus dans les lointains de l’avenir.
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Alexandre Dumas (Alexandre Dumas' The Three Musketeers)
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MalgrĂ© leur nombre et un siĂšcle de recherches, l'Ă©criture libyque garde encore aujourd'hui une grande partie de ses secrets. En effet, ces inscriptions demeurent pour l'essentiel indĂ©chiffrĂ©s, mĂȘme si quelques-unes bilingues ont apportĂ© quelques lueurs. "Aussi, c'est sans surprise que l'on constate qu'il a pu rĂ©gner chez certains auteurs, un doute tenace quant Ă  la parentĂ© du libyque et du berbĂšre. ... C'est pourquoi L. Galand en arrivait Ă  se demander si ces inscriptions libyques (ou, du moins, un certain nombre d'entre elles) n'Ă©taient pas rĂ©digĂ©es dans une langue qui n'aurait pas de rapports directs avec le berbĂšre". Il faut espĂ©rer qu'un jour, les spĂ©cialistes en libyque pourront apporter une solution Ă  ce problĂšme.
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Ait Ali Yahia Samia (Les stĂšles Ă  inscriptions libyques de la Grande Kabylie)
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je n'ai jamais contemplĂ© l'inceste sous cette terrible lueur de caveau et de damnation Ă©ternelle qu'une fausse morale s'est dĂ©libĂ©rĂ©ment appliquĂ©e Ă  jeter sur une forme d'exubĂ©rance sexuelle qui, pour moi, n'occupe qu'une place extrĂȘmement modeste dans l'Ă©chelle monumentale de nos dĂ©gradations. Toutes les frĂ©nĂ©sies de l'inceste me paraissent infiniment plus acceptables que celles d'Hiroshima, de Buchenwald, des pelotons d'exĂ©cution, de la terreur et de la torture policiĂšres, mille fois plus aimables que les leucĂ©mies et autres belles consĂ©quences gĂ©nĂ©tiques probables des efforts de nos savants. Personne ne me fera jamais voir dans le comportement sexuel des ĂȘtres le critĂšre du bien et du mal. La funeste physionomie d'un certain physicien illustre recommandant au monde civilisĂ© de poursuivre les explosions nuclĂ©aires m'est incomparablement plus odieuse que l'idĂ©e d'un fils couchant avec sa mĂšre. A cĂŽtĂ© des aberrations intellectuelles, scientifiques, idĂ©ologiques de notre siĂšcle, toutes celles de la sexualitĂ© Ă©veillent dans mon coeur les plus tendres pardons. Une fille qui se fait payer pour ouvrir ses cuisses au peuple me paraĂźt une soeur de charitĂ© et une honnĂȘte dispensatrice de bon pain lorsqu'on compare sa modeste vĂ©nalitĂ© Ă  la prostitution des savants prĂȘtant leurs cerveaux Ă  l'Ă©laboration de l'empoisonnement gĂ©nĂ©tique et de la terreur atomique. A cĂŽtĂ© de la perversion de l'Ăąme, de l'esprit et de l'idĂ©al Ă  laquelle se livrent ces traĂźtres Ă  l'espĂšce, nos Ă©lucubrations sexuelles, vĂ©nales ou non, incestueuses ou non, prennent, sur les trois humbles sphincters dont dispose notre anatomie, toute l'innocence angĂ©lique d'un sourire d'enfant. (La promesse de l'aube, ch. X)
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Romain Gary (Promise at Dawn)
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Seul, il ne saurait oĂč fuir. Que de fois dĂ©jĂ , las de lui-mĂȘme est-il descendu, non pour demander secours Ă  quelque autre, mais pour se perdre dans la rue, parc anonyme, mais le plus beau, se forçait-il Ă  croire, de toutes les promesses. Il marchait, ne trouvait point ce rĂȘve sans nom et sans visage en quoi il avait dĂ©cidĂ© de se perdre. Il marchait. Aucun regard ne retenait le sien. Sur le sol mouillĂ© la plus faible lueur multipliait toute tristesse. Il marchait et le froid se faisait maillot sous les vĂȘtements, le linge. Ses dents claquaient. Son squelette souffrait seul et tout entier, car dĂ©jĂ  ce squelette avait dĂ©vorĂ© sa chair. Ce qui, de son corps, demeurait apte au bonheur se fanait. Dans ses poches, ses mains Ă©taient des fleurs, sans sĂšve, sans couleur. Alors il entrait n'importe oĂč, non pour trouver quelque secours prĂ©cis, humain, car s'il cherchait Ă  retarder la dĂ©bĂącle c'Ă©tait par d'Ă©tranges aides et il n'eĂ»t su que faire d'une peau habitĂ©e par un esprit semblable au sien.
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René Crevel (Difficult Death (English and French Edition))
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— Ainsi tu as eu droit toi aussi aux sĂ©ances de bain forcĂ© ? s’exclama-t-il. — ForcĂ© et gelĂ©, rĂ©torqua Ellana en lui rendant son sourire. — Et l'escalade des tours ? — Uniquement la nuit quand il pleuvait. Sayanel t'a-t-il fait subir l'Ă©preuve des dix serrures ? — À ouvrir en dix secondes ? Tous les matins pendant trois mois. Le lancer de couteau dans le noir ? — Toutes les nuits depuis trois mois ! Et... Un raclement de gorge les interrompit. Sayanel et Jilano les regardaient, bras croisĂ©s, une lueur amusĂ©e dans les yeux. — Seriez-vous en train de vous plaindre ? demanda Sayanel. Je dois vous avertir que de la part d'Ă©lĂšves en qui nous avons placĂ© quelque espoir, ce serait malvenu ! Nillem rougit, mais Ellana ne se dĂ©monta pas. — Nous ne nous plaignons pas. Nous comparons simplement nos expĂ©riences afin de juger l'originalitĂ© de nos professeurs. Je dois avouer que je suis un peu déçue ! Sayanel se tourna vers Jilano. — Tu n'as pas rĂ©ussi, n'est-ce pas ? — À lui enseigner mesure et humilitĂ© ? Non. Sur ce plan-lĂ , j'admets un Ă©chec complet. — Et le reste ? — PlutĂŽt bien. Et toi ? — Ça va.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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JEANNE ENDORMIE. - III Jeanne dort; elle laisse, ĂŽ pauvre ange banni, Sa douce petite Ăąme aller dans l'infini; Ainsi le passereau fuit dans la cerisaie; Elle regarde ailleurs que sur terre, elle essaie, HĂ©las, avant de boire Ă  nos coupes de fiel, De renouer un peu dans l'ombre avec le ciel. Apaisement sacrĂ© ! ses cheveux, son haleine, Son teint, plus transparent qu'une aile de phalĂšne, Ses gestes indistincts, son calme, c'est exquis. Le vieux grand-pĂšre, esclave heureux, pays conquis, La contemple. Cet ĂȘtre est ici-bas le moindre Et le plus grand; on voit sur cette bouche poindre Un rire vague et pur qui vient on ne sait d'oĂč; Comme elle est belle ! Elle a des plis de graisse au cou; On la respire ainsi qu'un parfum d'asphodĂšle; Une poupĂ©e aux yeux Ă©tonnĂ©s est prĂšs d'elle, Et l'enfant par moments la presse sur son coeur. Figurez-vous cet ange obscur, tremblant, vainqueur, L'espĂ©rance Ă©toilĂ©e autour de ce visage, Ce pied nu, ce sommeil d'une grĂące en bas Ăąge. Oh ! quel profond sourire, et compris de lui seul, Elle rapportera de l'ombre Ă  son aĂŻeul ! Car l'Ăąme de l'enfant, pas encor dĂ©dorĂ©e, Semble ĂȘtre une lueur du lointain empyrĂ©e, Et l'attendrissement des vieillards, c'est de voir Que le matin veut bien se mĂȘler Ă  leur soir. Ne la rĂ©veillez pas. Cela dort, une rose. Jeanne au fond du sommeil mĂ©dite et se compose Je ne sais quoi de plus cĂ©leste que le ciel. De lys en lys, de rĂȘve en rĂȘve, on fait son miel, Et l'Ăąme de l'enfant travaille, humble et vermeille, Dans les songes ainsi que dans les fleurs l'abeille.
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Victor Hugo (L'Art d'ĂȘtre grand-pĂšre)
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JEANNE ENDORMIE. -- I LA SIESTE Elle fait au milieu du jour son petit somme; Car l'enfant a besoin du rĂȘve plus que l'homme, Cette terre est si laide alors qu'on vient du ciel ! L'enfant cherche Ă  revoir ChĂ©rubin, Ariel, Ses camarades, Puck, Titania, les fĂ©es, Et ses mains quand il dort sont par Dieu rĂ©chauffĂ©es. Oh ! comme nous serions surpris si nous voyions, Au fond de ce sommeil sacrĂ©, plein de rayons, Ces paradis ouverts dans l'ombre, et ces passages D'Ă©toiles qui font signe aux enfants d'ĂȘtre sages, Ces apparitions, ces Ă©blouissements ! Donc, Ă  l'heure oĂč les feux du soleil sont calmants, Quand toute la nature Ă©coute et se recueille, Vers midi, quand les nids se taisent, quand la feuille La plus tremblante oublie un instant de frĂ©mir, Jeanne a cette habitude aimable de dormir; Et la mĂšre un moment respire et se repose, Car on se lasse, mĂȘme Ă  servir une rose. Ses beaux petits pieds nus dont le pas est peu sĂ»r Dorment; et son berceau, qu'entoure un vague azur Ainsi qu'une aurĂ©ole entoure une immortelle, Semble un nuage fait avec de la dentelle; On croit, en la voyant dans ce frais berceau-lĂ , Voir une lueur rose au fond d'un falbala; On la contemple, on rit, on sent fuir la tristesse, Et c'est un astre, ayant de plus la petitesse; L'ombre, amoureuse d'elle, a l'air de l'adorer; Le vent retient son souffle et n'ose respirer. Soudain, dans l'humble et chaste alcĂŽve maternelle, Versant tout le matin qu'elle a dans sa prunelle, Elle ouvre la paupiĂšre, Ă©tend un bras charmant, Agite un pied, puis l'autre, et, si divinement Que des fronts dans l'azur se penchent pour l'entendre, Elle gazouille...-Alors, de sa voix la plus tendre, Couvrant des yeux l'enfant que Dieu fait rayonner, Cherchant le plus doux nom qu'elle puisse donner À sa joie, Ă  son ange en fleur, Ă  sa chimĂšre: -Te voilĂ  rĂ©veillĂ©e, horreur ! lui dit sa mĂšre.
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Victor Hugo (L'Art d'ĂȘtre grand-pĂšre)
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PEER GYNT L'Ăąme, souffle et lumiĂšre du verbe, te viendra plus tard, ma fille Quand, en lettres d'or, sur le fond rose de l'Orient, apparaĂźtront ces mots : Voici le jour, alors commenceront les leçons ; ne crains rien, tu seras instruite. Mais je serais un sot de vouloir, dans le calme de cette tiĂšde nuit,me parer de quelques baillons d'un vieux savoir usĂ©, pour te traiter en maĂźtre d'Ă©cole. AprĂšs tout, le principal, quand on y rĂ©flĂ©chit, ce n'est point l'Ăąme, c'est le cƓur. ANITRA Parle seigneur. Quand tu parles, il me semble voir comme des lueurs d'opale. PBER GYNT La raison poussĂ©e Ă  l'excĂšs est de la bĂȘtise. La poltronnerie s'Ă©panouit en cruautĂ©. L'exagĂ©ration de la vĂ©ritĂ©, c'est de la sagesse Ă  l'envers. Oui, mon enfant, le diable m'emporte s'il n'y a pas de par le monde des ĂȘtres gavĂ©s d'Ăąme qui n'en ont que plus de peine Ă  voir clair. J'ai connu un individu de cette sorte, une vraie perle pourtant, qui a manquĂ© son but et perdu la boussole. Vois-tu ce dĂ©sert qui entoure l'oasis? Je n'aurais qu'Ă  agiter mon turban pour que les flots de l'OcĂ©an en comblassent toute l'Ă©tendue. Mais je serais un imbĂ©cile de crĂ©er ainsi des continents et des mers nouvelles. Sais-tu, ce que c'est que de vivre? ANITRA Enseigne-le-moi. PEER GYNT C'est planer au-dessus du temps qui coule, en descendre le courant sans se mouiller les pieds, et sans jamais rien perdre de soi-mĂȘme. Pour ĂȘtre celui qu'on est, ma petite amie, il faut la force de l'Ăąge! Un vieil aigle perd son piumage, une vieille rosse son allure, une vieille commĂšre ses dents. La peau se ride, et l'Ăąme aussi. Jeunesse ! jeunesse ! Par toi je veux rĂ©gner non sur les palmes et les vignes de quelque Gyntiana, mais sur la pensĂ©e vierge d'une femme dont je serai le sultan ardent et vigoureux. Je t'ai fait, ma petite, la grĂące de te sĂ©duire, d'Ă©lire ton cƓur pour y fonder un kalifat nouveau. Je veux ĂȘtre le maĂźtre de tes soupirs. Dans mon royaume, j'introduirai le rĂ©gime absolu. Nous sĂ©parer sera la mort... pour toi, s'entend. Pas une fibre, pas une parcelle de toi qei ne m'appartienne. Ni oui, ni non, tu n'auras d'autre volontĂ© que la mienne. Ta chevelure, noire comme la nuit, et tout ce qui, chez toi, est doux Ă  nommer, s'inclinera devant mon pouvoir souverain. Ce seront mes jardins de Babylone.
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Henrik Ibsen (Peer Gynt)
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À huit heures et demie du soir, deux tables Ă©taient dressĂ©es. La jolie madame des Grassins avait rĂ©ussi Ă  mettre son fils Ă  cĂŽtĂ© d’EugĂ©nie. Les acteurs de cette scĂšne pleine d’intĂ©rĂȘt, quoique vulgaire en apparence, munis de cartons bariolĂ©s, chiffrĂ©s, et de jetons en verre bleu, semblaient Ă©couter les plaisanteries du vieux notaire, qui ne tirait pas un numĂ©ro sans faire une remarque ; mais tous pensaient aux millions de monsieur Grandet. Le vieux tonnelier contemplait vaniteusement les plumes roses, la toilette fraĂźche de madame des Grassins, la tĂȘte martiale du banquier, celle d’Adolphe, le prĂ©sident, l’abbĂ©, le notaire, et se disait intĂ©rieurement : − Ils sont lĂ  pour mes Ă©cus. Ils viennent s’ennuyer ici pour ma fille. HĂ© ! ma fille ne sera ni pour les uns ni pour les autres, et tous ces gens-lĂ  me servent de harpons pour pĂȘcher ! Cette gaietĂ© de famille, dans ce vieux salon gris, mal Ă©clairĂ© par deux chandelles ; ces rires, accompagnĂ©s par le bruit du rouet de la grande Nanon, et qui n’étaient sincĂšres que sur les lĂšvres d’EugĂ©nie ou de sa mĂšre ; cette petitesse jointe Ă  de si grands intĂ©rĂȘts ; cette jeune fille qui, semblable Ă  ces oiseaux victimes du haut prix auquel on les met et qu’ils ignorent, se trouvait traquĂ©e, serrĂ©e par des preuves d’amitiĂ© dont elle Ă©tait la dupe ; tout contribuait Ă  rendre cette scĂšne tristement comique. N’est-ce pas d’ailleurs une scĂšne de tous les temps et de tous les lieux, mais ramenĂ©e Ă  sa plus simple expression ? La figure de Grandet exploitant le faux attachement des deux familles, en tirant d’énormes profits, dominait ce drame et l’éclairait. N’était-ce pas le seul dieu moderne auquel on ait foi, l’Argent dans toute sa puissance, exprimĂ© par une seule physionomie ? Les doux sentiments de la vie n’occupaient lĂ  qu’une place secondaire, ils animaient trois cƓurs purs, ceux de Nanon, d’EugĂ©nie et sa mĂšre. Encore, combien d’ignorance dans leur naĂŻvetĂ© ! EugĂ©nie et sa mĂšre ne savaient rien de la fortune de Grandet, elles n’estimaient les choses de la vie qu’à la lueur de leurs pĂąles idĂ©es, et ne prisaient ni ne mĂ©prisaient l’argent, accoutumĂ©es qu’elles Ă©taient Ă  s’en passer. Leurs sentiments, froissĂ©s Ă  leur insu mais vivaces, le secret de leur existence, en faisaient des exceptions curieuses dans cette rĂ©union de gens dont la vie Ă©tait purement matĂ©rielle. Affreuse condition de l’homme ! il n’y a pas un de ses bonheurs qui ne vienne d’une ignorance quelconque. Au moment oĂč madame Grandet gagnait un lot de seize sous, le plus considĂ©rable qui eĂ»t jamais Ă©tĂ© pontĂ© dans cette salle, et que la grande Nanon riait d’aise en voyant madame empochant cette riche somme, un coup de marteau retentit Ă  la porte de la maison, et y fit un si grand tapage que les femmes sautĂšrent sur leurs chaises.
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Honoré de Balzac (Eugénie Grandet)
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Mais j’avais revu tantĂŽt l’une, tantĂŽt l’autre, des chambres que j’avais habitĂ©es dans ma vie, et je finissais par me les rappeler toutes dans les longues rĂȘveries qui suivaient mon rĂ©veil ; chambres d’hiver oĂč quand on est couchĂ©, on se blottit la tĂȘte dans un nid qu’on se tresse avec les choses les plus disparates : un coin de l’oreiller, le haut des couvertures, un bout de chĂąle, le bord du lit, et un numĂ©ro des DĂ©bats roses, qu’on finit par cimenter ensemble selon la technique des oiseaux en s’y appuyant indĂ©finiment ; oĂč, par un temps glacial, le plaisir qu’on goĂ»te est de se sentir sĂ©parĂ© du dehors (comme l’hirondelle de mer qui a son nid au fond d’un souterrain dans la chaleur de la terre), et oĂč, le feu Ă©tant entretenu toute la nuit dans la cheminĂ©e, on dort dans un grand manteau d’air chaud et fumeux, traversĂ© des lueurs des tisons qui se rallument, sorte d’impalpable alcĂŽve, de chaude caverne creusĂ©e au sein de la chambre mĂȘme, zone ardente et mobile en ses contours thermiques, aĂ©rĂ©e de souffles qui nous rafraĂźchissent la figure et viennent des angles, des parties voisines de la fenĂȘtre ou Ă©loignĂ©es du foyer et qui se sont refroidies ; – chambres d’étĂ© oĂč l’on aime ĂȘtre uni Ă  la nuit tiĂšde, oĂč le clair de lune appuyĂ© aux volets entr’ouverts, jette jusqu’au pied du lit son Ă©chelle enchantĂ©e, oĂč on dort presque en plein air, comme la mĂ©sange balancĂ©e par la brise Ă  la pointe d’un rayon – ; parfois la chambre Louis XVI, si gaie que mĂȘme le premier soir je n’y avais pas Ă©tĂ© trop malheureux, et oĂč les colonnettes qui soutenaient lĂ©gĂšrement le plafond s’écartaient avec tant de grĂące pour montrer et rĂ©server la place du lit ; parfois au contraire celle, petite et si Ă©levĂ©e de plafond, creusĂ©e en forme de pyramide dans la hauteur de deux Ă©tages et partiellement revĂȘtue d’acajou, oĂč, dĂšs la premiĂšre seconde, j’avais Ă©tĂ© intoxiquĂ© moralement par l’odeur inconnue du vĂ©tiver, convaincu de l’hostilitĂ© des rideaux violets et de l’insolente indiffĂ©rence de la pendule qui jacassait tout haut comme si je n’eusse pas Ă©tĂ© là ; – oĂč une Ă©trange et impitoyable glace Ă  pieds quadrangulaires barrant obliquement un des angles de la piĂšce se creusait Ă  vif dans la douce plĂ©nitude de mon champ visuel accoutumĂ© un emplacement qui n’y Ă©tait pas prĂ©vu ; – oĂč ma pensĂ©e, s’efforçant pendant des heures de se disloquer, de s’étirer en hauteur pour prendre exactement la forme de la chambre et arriver Ă  remplir jusqu’en haut son gigantesque entonnoir, avait souffert bien de dures nuits, tandis que j’étais Ă©tendu dans mon lit, les yeux levĂ©s, l’oreille anxieuse, la narine rĂ©tive, le cƓur battant ; jusqu’à ce que l’habitude eĂ»t changĂ© la couleur des rideaux, fait taire la pendule, enseignĂ© la pitiĂ© Ă  la glace oblique et cruelle, dissimulĂ©, sinon chassĂ© complĂštement, l’odeur du vĂ©tiver et notablement diminuĂ© la hauteur apparente du plafond.
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Marcel Proust (Du cÎté de chez Swann (à la recherche du temps perdu #1))
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je lui tendis les trois pommes vertes que je venais de voler dans le verger. Elle les accepta et m'annonça, comme en passant : — Janek a mangĂ© pour moi toute sa collection de timbres-poste. C'est ainsi que mon martyre commença. Au cours des jours qui suivirent, je mangeai pour Valentine plusieurs poignĂ©es de vers de terre, un grand nombre de papillons, un kilo de cerises avec les noyaux, une souris, et, pour finir, je peux dire qu'Ă  neuf ans, c'est-Ă -dire bien plus jeune que Casanova, je pris place parmi les plus grands amants de tous les temps, en accomplissant une prouesse amoureuse que personne, Ă  ma connaissance, n'est jamais venu Ă©galer. Je mangeai pour ma bien-aimĂ©e un soulier en caoutchouc. Ici, je dois ouvrir une parenthĂšse. Je sais bien que, lorsqu'il s'agit de leurs exploits amoureux, les hommes ne sont que trop portĂ©s Ă  la vantardise. A les entendre, leurs prouesses viriles ne connaissent pas de limite, et ils ne vous font grĂące d'aucun dĂ©tail. Je ne demande donc Ă  personne de me croire lorsque j'affirme que, pour ma bien-aimĂ©e, je consommai encore un Ă©ventail japonais, dix mĂštres de fil de coton, un kilo de noyaux de cerises — Valentine me mĂąchait, pour ainsi dire, la besogne, en mangeant la chair et en me tendant les noyaux — et trois poissons rouges, que nous Ă©tions allĂ©s pĂȘcher dans l'aquarium de son professeur de musique. Dieu sait ce que les femmes m'ont fait avaler dans ma vie, mais je n'ai jamais connu une nature aussi insatiable. C'Ă©tait une Messaline doublĂ©e d'une ThĂ©odora de Byzance. AprĂšs cette expĂ©rience, on peut dire que je connaissais tout de l'amour. Mon Ă©ducation Ă©tait faite. Je n'ai fait, depuis, que continuer sur ma lancĂ©e. Mon adorable Messaline n'avait que huit ans, mais son exigence physique dĂ©passait tout ce qu'il me fut donnĂ© de connaĂźtre au cours de mon existence. Elle courait devant moi, dans la cour, me dĂ©signait du doigt tantĂŽt un tas de feuilles, tantĂŽt du sable, ou un vieux bouchon, et je m'exĂ©cutais sans murmurer. Encore bougrement heureux d'avoir pu ĂȘtre utile. A un moment, elle s'Ă©tait mise Ă  cueillir un bouquet de marguerites, que je voyais grandir dans sa main avec apprĂ©hension — mais je mangeai les marguerites aussi, sous son oeil attentif — elle savait dĂ©jĂ  que les hommes essayent toujours de tricher, dans ces jeux-lĂ  — oĂč je cherchais en vain une lueur d'admiration. Sans une marque d'estime ou de gratitude, elle repartit en sautillant, pour revenir, au bout d'un moment, avec quelques escargots qu'elle me tendit dans le creux de la main. Je mangeai humblement les escargots, coquille et tout. A cette Ă©poque, on n'apprenait encore rien aux enfants sur le mystĂšre des sexes et j'Ă©tais convaincu que c'Ă©tait ainsi qu'on faisait l'amour. J'avais probablement raison. Le plus triste Ă©tait que je n'arrivais pas Ă  l'impressionner. J'avais Ă  peine fini les escargots qu'elle m'annonçait nĂ©gligemment : — Josek a mangĂ© dix araignĂ©es pour moi et il s'est arrĂȘtĂ© seulement parce que maman nous a appelĂ©s pour le thĂ©. Je frĂ©mis. Pendant que j'avais le dos tournĂ©, elle me trompait avec mon meilleur ami. Mais j'avalai cela aussi. Je commençais Ă  avoir l'habitude. (La promesse de l'aube, ch.XI)
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Romain Gary (Promise at Dawn)
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Les deux femmes, vĂȘtues de noir, remirent le corps dans le lit de ma sƓur, elles jetĂšrent dessus des fleurs et de l’eau bĂ©nite, puis, lorsque le soleil eut fini de jeter dans l’appartement sa lueur rougeĂątre et terne comme le regard d’un cadavre, quand le jour eut disparu de dessus les vitres, elles allumĂšrent deux petites bougies qui Ă©taient sur la table de nuit, s’agenouillĂšrent et me dirent de prier comme elles. Je priai, oh ! bien fort, le plus qu’il m’était possible ! mais rien
 LĂ©lia ne remuait pas ! Je fus longtemps ainsi agenouillĂ©, la tĂȘte sur les draps du lit froids et humides, je pleurais, mais bas et sans angoisses ; il me semblait qu’en pensant, en pleurant, en me dĂ©chirant l’ñme avec des priĂšres et des vƓux, j’obtiendrais un souffle, un regard, un geste de ce corps aux formes indĂ©cises et dont on ne distinguait rien si ce n’est, Ă  une place, une forme ronde qui devait ĂȘtre La tĂȘte, et plus bas une autre qui semblait ĂȘtre les pieds. Je croyais, moi, pauvre naĂŻf enfant, je croyais que la priĂšre pouvait rendre la vie Ă  un cadavre, tant j’avais de foi et de candeur ! Oh ! on ne sait ce qu’a d’amer et de sombre une nuit ainsi passĂ©e Ă  prier sur un cadavre, Ă  pleurer, Ă  vouloir faire renaĂźtre le nĂ©ant ! On ne sait tout ce qu’il y a de hideux et d’horrible dans une nuit de larmes et de sanglots, Ă  la lueur de deux cierges mortuaires, entourĂ© de deux femmes aux chants monotones, aux larmes vĂ©nales, aux grotesques psalmodies ! On ne sait enfin tout ce que cette scĂšne de dĂ©sespoir et de deuil vous remplit le cƓur : enfant, de tristesse et d’amertume ; jeune homme, de scepticisme ; vieillard, de dĂ©sespoir ! Le jour arriva. Mais quand le jour commença Ă  paraĂźtre, lorsque les deux cierges mortuaires commençaient Ă  mourir aussi, alors ces deux femmes partirent et me laissĂšrent seul. Je courus aprĂšs elles, et me traĂźnant Ă  leurs pieds, m’attachant Ă  leurs vĂȘtements : — Ma sƓur ! leur dis-je, eh bien, ma sƓur ! oui, LĂ©lia ! oĂč est-elle ? Elles me regardĂšrent Ă©tonnĂ©es. — Ma sƓur ! vous m’avez dit de prier, j’ai priĂ© pour qu’elle revienne, vous m’avez trompĂ© ! — Mais c’était pour son Ăąme ! Son Ăąme ? Qu’est-ce que cela signifiait ? On m’avait souvent parlĂ© de Dieu, jamais de l’ñme. Dieu, je comprenais cela au moins, car si l’on m’eĂ»t demandĂ© ce qu’il Ă©tait, eh bien, j’aurais pris La linotte de LĂ©lia, et, lui brisant la tĂȘte entre mes mains, j’aurais dit : « Et moi aussi, je suis Dieu ! » Mais l’ñme ? l’ñme ? qu’est-ce cela ? J’eus la hardiesse de le leur demander, mais elles s’en allĂšrent sans me rĂ©pondre. Son Ăąme ! eh bien, elles m’ont trompĂ©, ces femmes. Pour moi, ce que je voulais, c’était LĂ©lia, LĂ©lia qui jouait avec moi sur le gazon, dans les bois, qui se couchait sur la mousse, qui cueillait des fleurs et puis qui les jetait au vent ; c’était Lelia, ma belle petite sƓur aux grands yeux bleus, LĂ©lia qui m’embrassait le soir aprĂšs sa poupĂ©e, aprĂšs son mouton chĂ©ri, aprĂšs sa linotte. Pauvre sƓur ! c’était toi que je demandais Ă  grands cris, en pleurant, et ces gens barbares et inhumains me rĂ©pondaient : « Non, tu ne la reverras pas, tu as priĂ© non pour elle, mais tu as priĂ© pour son Ăąme ! quelque chose d’inconnu, de vague comme un mot d’une langue Ă©trangĂšre ; tu as priĂ© pour un souffle, pour un mot, pour le nĂ©ant, pour son Ăąme enfin ! » Son Ăąme, son Ăąme, je la mĂ©prise, son Ăąme, je la regrette, je n’y pense plus. Qu’est-ce que ça me fait Ă  moi, son Ăąme ? savez-vous ce que c’est que son Ăąme ? Mais c’est son corps que je veux ! c’est son regard, sa vie, c’est elle enfin ! et vous ne m’avez rien rendu de tout cela. Ces femmes m’ont trompĂ©, eh bien, je les ai maudites. Cette malĂ©diction est retombĂ©e sur moi, philosophe imbĂ©cile qui ne sais pas comprendre un mot sans L’épeler, croire Ă  une Ăąme sans la sentir, et craindre un Dieu dont, semblable au PromĂ©thĂ©e d’Eschyle, je brave les coups et que je mĂ©prise trop pour blasphĂ©mer.
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Gustave Flaubert (La derniÚre heure : Conte philosophique inachevé)
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Mais le premier de tous est un savant illustre, qui n'appartient pas seulement Ă  la Bretagne, mais Ă  la France, le cĂ©lĂšbre voyageur en Égypte, M. Caillaud. DouĂ© de l'esprit le plus sagace et le plus pĂ©nĂ©trant, il a fait en histoire naturelle plusieurs dĂ©couvertes, une surtout, des plus intĂ©ressantes, pour laquelle la Hollande lui a dĂ©cernĂ©, il y a peu d'annĂ©es, un prix extraordinaire, la dĂ©couverte du procĂ©dĂ© de perforation des pholades. On avait jusqu'alors cru que les pholades, petits mollusques trĂšs-communs sur les cĂŽtes de Bretagne, employaient, pour percer le dur granit oĂč elles vivent, un acide qu'elles distillaient Ă  travers les valves de leur coquille. M. Caillaud eut des doutes Ă  ce sujet: il recueillit, prĂšs du Pouliguen, des pholades attachĂ©es Ă  des morceaux de roc (gneiss), les plaça dans un bocal d'eau de mer incessamment renouvelĂ©e, et attendit l'effet de leur travail. Huit jours, quinze jours se passĂšrent sans que les pholades donnassent signe de vie, lorsqu'une nuit il fut Ă©veillĂ© par un bruit de scie qui retentissait dans le bocal; il se lĂšve, et, Ă  la lueur d'une lampe, il voit un des petits animaux se tournant et se retournant Ă  droite et Ă  gauche, avec un mouvement rĂ©gulier, Ă  la maniĂšre d'une vrille qui perce un trou; puis, aprĂšs un certain temps, la pholade s'arrĂȘte, et un jet de poussiĂšre fine obscurcit l'eau du bocal; c'Ă©tait le rĂ©sidu de son travail, la partie du roc pulvĂ©risĂ© oĂč elle avait pĂ©nĂ©trĂ©, dont elle se dĂ©barrassait et qu'elle chassait au dehors. Et tour Ă  tour le savant, attentif et charmĂ©, surprend une Ă  une les pholades accomplissant leur patient ouvrage, et se creusant leur demeure, l'arrondissant et la polissant, comme avec la rĂąpe la plus dĂ©licate, sans autre instrument que leur coquille; et cette coquille, au lieu de se dĂ©tĂ©riorer par le frottement continu, se dĂ©veloppe Ă  mesure que le travail avance; Ă  la scie qui s'use une autre scie s'ajoute, puis une troisiĂšme, une quatriĂšme, et ainsi de suite jusqu'Ă  quarante, que M. Caillaud a comptĂ©es, et avec lesquelles le petit animal, Ă  force de tourner et retourner sa frĂȘle enveloppe, cette coquille que la pression d'un doigt d'enfant suffirait Ă  briser, perce Ă  jour le granit sur lequel s'Ă©mousse un ciseau de fer! phĂ©nomĂšne admirable qui confond la sagesse humaine,
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Anonymous
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Selon une belle expression du Sheikh Ahmed Ben Allioua, « l’invocation de Dieu est comme le va-et-vient qui affirme la communication de plus en plus complĂšte jusqu’à l’identitĂ© entre les lueurs de la conscience et les Ă©blouissantes fulgurations de l’Infini ».
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Frithjof Schuon (Spiritual Perspectives and Human Facts)
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Il contempla les premiĂšres lueurs qui se levaient sur l’ocĂ©an. Il avait tellement admirĂ© l’horizon devant son chevalet, un pinceau dans une main, une palette dans l’autre. La beautĂ© du paysage Ă©tait Ă  couper le souffle, tant et si bien qu’il oubliait mĂȘme parfois de coucher les couleurs sur la toile, les yeux perdus dans l’aurore.
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Marine Gautier (Croqueur de vies)
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Cette nuit-lĂ , il est seul sans l’ĂȘtre vraiment, car les fantĂŽmes de son passĂ© font sentir leur prĂ©sence. Et le temps passe, comme il sait si bien le faire. Louis a perdu toute notion des heures. La nuit distend et tord le rĂ©el. Quand les premiĂšres lueurs de l’aube apparaissent, il est Ă©puisĂ©.
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Julie Turconi (Les Marches)
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Rappelons les noms de ces ĂȘtres imaginaires, Ă  la nature d'ange, que ma plume, pendant le deuxiĂšme chant, a tirĂ©s d'un cerveau, brillant d'une lueur Ă©manĂ©e d'eux-mĂȘmes. Ils meurent . dĂšs leur naissance, comme ces Ă©tincelles dont l'ail a de la peine Ă  suivre l'effacement rapide, sur du papier brĂ»lĂ©. LĂ©man ! ... Lohengrin Lombano Holzer !... un instant, vous appa-rĂ»tes, recouverts des insignes de la jeunesse, Ă  mon horizon charmĂ©: mais je vous ai laissĂ©s retomber dans le chaos, comme des cloches de plongeur. Vous n'en sortirez plus. Il me suffit que j'aie gardĂ© votre souvenir ; vous devez cĂ©der la place Ă  d'autres substances, peut-ĂȘtre moins belles, qu'enfantera le dĂ©bordement orageux d'un amour qui a rĂ©solu de ne pas apaiser sa soif auprĂšs de la race humaine. Amour affamĂ©, qui se dĂ©voreraitlui-mĂȘme, s'il ne cherchait sa nour-riture dans des fictions cĂ©lestes : crĂ©ant, Ă  la longue, une pyramide de sĂ©raphins, plus nom-breux que les insectes qui fourmillent dans une goutte d'eau, il les entrelacera dans une ellipse qu'il fera tourbillonner autour de lui. Pendant ce temps le voyageur, arrĂȘtĂ© contre l'aspect d'une cataracte, s'il relĂšve le visage, verra, dans le loin-tain, un ĂȘtre humain, emportĂ© vers la cave de l'enfer par une guirlande de camĂ©lias vivants ! Mais... silence!
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Comte de Lautréamont
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Rappelons les noms de ces ĂȘtres imaginaires, Ă  la nature d'ange, que ma plume, pendant le deuxiĂšme chant, a tirĂ©s d'un cerveau, brillant d'une lueur Ă©manĂ©e d'eux-mĂȘmes. Ils meurent, dĂšs leur naissance, comme ces Ă©tincelles dont l'ail a de la peine Ă  suivre l'effacement rapide, sur du papier brĂ»lĂ©. (...) un instant, vous appa-rĂ»tes, recouverts des insignes de la jeunesse, Ă  mon horizon charmĂ©: mais je vous ai laissĂ©s retomber dans le chaos, comme des cloches de plongeur. Vous n'en sortirez plus. Il me suffit que j'aie gardĂ© votre souvenir ; vous devez cĂ©der la place Ă  d'autres substances, peut-ĂȘtre moins belles, qu'enfantera le dĂ©bordement orageux d'un amour qui a rĂ©solu de ne pas apaiser sa soif auprĂšs de la race humaine. Amour affamĂ©, qui se dĂ©voreraitlui-mĂȘme, s'il ne cherchait sa nour-riture dans des fictions cĂ©lestes : crĂ©ant, Ă  la longue, une pyramide de sĂ©raphins, plus nom-breux que les insectes qui fourmillent dans une goutte d'eau, il les entrelacera dans une ellipse qu'il fera tourbillonner autour de lui. Pendant ce temps le voyageur, arrĂȘtĂ© contre l'aspect d'une cataracte, s'il relĂšve le visage, verra, dans le loin-tain, un ĂȘtre humain, emportĂ© vers la cave de l'enfer par une guirlande de camĂ©lias vivants ! Mais... silence!
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Comte de Lautréamont
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Les souffrances empirent de mĂȘme que la vie est allĂ©e de mal en pis, se disait-il. Un point clair, en arriĂšre, tout au loin, au dĂ©but une lueur qui s'est obscurcie de plus en plus rapidement. Une progression inversement proportionnelle au carrĂ© de la distance Ă  la mort.
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Leo Tolstoy (The Death of Ivan Ilych)
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La MalĂ©diction Un aigle, sur un rocher, contemple l’horizon bĂ©at. Un aigle dĂ©fend le mouvement des sphĂšres. Couleurs douces de la charitĂ©, tristesse, lueurs sur les arbres dĂ©charnĂ©s, lyre en Ă©toile d’araignĂ©e, les hommes qui sous tous les cieux se ressemblent sont aussi bĂȘtes sur la terre qu’au ciel. Et celui qui traĂźne un couteau dans les herbes hautes, dans les herbes de mes yeux, de mes cheveux et de mes rĂȘves, celui qui porte dans ses bras tous les signes de l’ombre, est tombĂ©, tachetĂ© d’azur, sur les fleurs Ă  quatre couleurs.
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Paul Éluard (Capital of Pain)
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Dans la lueur mourante, les chevaux luisants de sueur ressemblaient à des créatures fantasques, des chimÚres aux muscles métalliques, creusés par des ombres acides.
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Patrick K. Dewdney (Les chiens et la charrue)
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Car une femme et un homme qui, jusqu'Ă  la fin des temps, doivent ĂȘtre toi et moi, glisseront Ă  leur tour sans se retourner jamais jusqu'Ă  perte de sentier, dans la lueur oblique, aux confins de la vie et de l'oubli de la vie, dans l'herbe fine qui court devant nous Ă  l'arborescence. Elle est, cette herbe dentelĂ©e, faite de mil liens invisibles, intranchables, qui se sont trouvĂ©s unir ton systĂšme nerveux au mien dans la nuit profonde de la connaissance.
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André Breton
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— Je te devais soixante francs, te voilĂ  payĂ©, voleur ! dit la Maheude, enragĂ©e parmi les autres. Tu ne me refuseras plus crĂ©dit
 Attends ! attends ! il faut que je t’engraisse encore. De ses dix doigts, elle grattait la terre, elle en prit deux poignĂ©es, dont elle lui emplit la bouche, violemment. — Tiens ! mange donc !
 Tiens ! mange, mange, toi qui nous mangeais ! Les injures redoublĂšrent, pendant que le mort, Ă©tendu sur le dos, regardait, immobile, de ses grands yeux fixes, le ciel immense d’oĂč tombait la nuit. Cette terre, tassĂ©e dans sa bouche, c’était le pain qu’il avait refusĂ©. Et il ne mangerait plus que de ce pain-lĂ , maintenant. Ça ne lui avait guĂšre portĂ© bonheur, d’affamer le pauvre monde. Mais les femmes avaient Ă  tirer de lui d’autres vengeances. Elles tournaient en le flairant, pareilles Ă  des louves. Toutes cherchaient un outrage, une sauvagerie qui les soulageĂąt. On entendit la voix aigre de la BrĂ»lĂ©. — Faut le couper comme un matou ! — Oui, oui ! au chat ! au chat !
 Il en a trop fait, le salaud ! DĂ©jĂ , la Mouquette le dĂ©culottait, tirait le pantalon, tandis que la Levaque soulevait les jambes. Et la BrĂ»lĂ©, de ses mains sĂšches de vieille, Ă©carta les cuisses nues, empoigna cette virilitĂ© morte. Elle tenait tout, arrachant, dans un effort qui tendait sa maigre Ă©chine et faisait craquer ses grands bras. Les peaux molles rĂ©sistaient, elle dut s’y reprendre, elle finit par emporter le lambeau, un paquet de chair velue et sanglante, qu’elle agita, avec un rire de triomphe : — Je l’ai ! je l’ai ! Des voix aiguĂ«s saluĂšrent d’imprĂ©cations l’abominable trophĂ©e. Ah ! bougre, tu n’empliras plus nos filles ! — Oui, c’est fini de te payer sur la bĂȘte, nous n’y passerons plus toutes, Ă  tendre le derriĂšre pour avoir un pain. — Tiens ! je te dois six francs, veux-tu prendre un acompte ? moi, je veux bien, si tu peux encore ! Cette plaisanterie les secoua d’une gaietĂ© terrible. Elles se montraient le lambeau sanglant, comme une bĂȘte mauvaise, dont chacune avait eu Ă  souffrir, et qu’elles venaient d’écraser enfin, qu’elles voyaient lĂ , inerte, en leur pouvoir. Elles crachaient dessus, elles avançaient leurs mĂąchoires, en rĂ©pĂ©tant, dans un furieux Ă©clat de mĂ©pris : — Il ne peut plus ! il ne peut plus !
 Ce n’est plus un homme qu’on va foutre dans la terre
 Va donc pourrir, bon Ă  rien ! La BrĂ»lĂ©, alors, planta tout le paquet au bout de son bĂąton ; et, le portant en l’air, le promenant ainsi qu’un drapeau, elle se lança sur la route, suivie de la dĂ©bandade hurlante des femmes. Des gouttes de sang pleuvaient, cette chair lamentable pendait, comme un dĂ©chet de viande Ă  l’étal d’un boucher. En haut, Ă  la fenĂȘtre, Mme Maigrat ne bougeait toujours pas ; mais sous la derniĂšre lueur du couchant, les dĂ©fauts brouillĂ©s des vitres dĂ©formaient sa face blanche, qui semblait rire. Battue, trahie Ă  chaque heure, les Ă©paules pliĂ©es du matin au soir sur un registre, peut-ĂȘtre riait-elle, quand la bande des femmes galopa, avec la bĂȘte mauvaise, la bĂȘte Ă©crasĂ©e, au bout d’un bĂąton. Cette mutilation affreuse s’était accomplie dans une horreur glacĂ©e.
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Émile Zola (Germinal)
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La nuit je l’entends, attablĂ© se consumant Ă  mon bureau les touchent craquent il redouble de violence je le sens Ă  la lueur fĂ©brile de l’aube essayer de gagner du temps sur moi ses traits sont presque identiques aux miens l’obscuritĂ© allonge un peu plus ses mains mais son Ăąme coule aux bouts de ses doigts tandis que la mienne vĂ©gĂšte pas un mot qui ne soit Ă©prouvĂ© le manuscrit que je rĂ©cupĂšre au petit matin est le testament d’un damnĂ© (p. 66)
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Grégory Rateau (Imprécations nocturnes)
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L’innovateur doit maintenir en son esprit une tension considĂ©rable. Celle qui lui permet d’ĂȘtre concentrĂ© sur ce qu’il cherche, comme s’il allait disparaĂźtre le lendemain, et simultanĂ©ment ouvert sur ce qu’il ne cherche pas, comme s’il avait l’éternitĂ© Ă  sa disposition. Puis l’accroĂźtre, cette tension, jour aprĂšs jour, jusqu’à ce qu’elle mette en visibilitĂ© l’observation clef. Celle-ci se prĂ©sente sous la forme d’un dĂ©tail. Ce dĂ©tail n’est pas de ceux qui persuadent. Il est comme une lueur qui ne montre pas mais qui avertit puis s’éteint. Et c’est peut-ĂȘtre, effectivement, Ă  cet instant, un phĂ©nomĂšne Ă©lectrique qui se produit.
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Miguel Aubouy (Le chasseur, le mage et le cultivateur ou les trois épreuves de l'innovation (Petits traités sur l'innovation t. 5) (French Edition))
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à l’heure la plus sombre qu’apparaüt la premiùre lueur de l’aube?
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Nicole Bordeleau (L'art de se réinventer (French Edition))
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Chambre moulĂ©e dans la chaleur, mezcal, sourde lueur, langue de feu Ă  ton chevet, l'ombre du ventilateur un immense papillon, dans l'oubliette de la fenĂȘtre tarentule giflant le mur dans la nuit blanche noire Ă©toile, oiseaux de grand chemin, bourdons assassinĂ©s dans leurs palais de cire, insectes pĂ©tillantes brindilles, longues fourmis s'insinuant. (Le Chantimane, 1997)
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Masson
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Au royaume qui est le nĂŽtre, nous ne connaissons aucune distinction de rang, d'honneur, d'Ăąge ou de force. Ce qui nous est commun, c'est un corps en proie Ă  l'insoutenable torture de brĂ»lants dĂ©sirs, un coeur souffrant Ă  la folie de la solitude. Ces cƓurs affolĂ©s deviennent Ă  minuit comme des bĂȘtes fĂ©roces Ă©chappĂ©es de leur cage qui se lancent Ă  la poursuite de leur proie toutes griffes dehors. A la lueur de la lune rougeoyante nous ressemblons Ă  des somnambules, marchant sur l'ombre des uns et des autres, entamant une course insensĂ©e autour du bassin, sans trĂȘve ni repos, tournant et retournant Ă  la poursuite de l'Ă©norme monstre de ce cauchemar jamais achevĂ© d'amour et de dĂ©sir. Dans les tĂ©nĂšbres, je posai le pied sur les marches de la terrasse qui surplombait le bassin et entrai dans le rang comme saisi d'une transe hypnotique ; sans le vouloir, je tournai autour de la piĂšce d'eau, encore et encore. Dans le noir, je vis dĂ©filer des paires d'yeux assoiffĂ©s d'espoir, enflammĂ©s de dĂ©sir, consumĂ©s d'angoisse et de peur, comme autant de lucioles se heurtant les unes aux autres. Si Ă©paisse, si sombre que fut la nuit, je sentis avec acuitĂ© un regard qui se portait chaque fois sur mon visage, telle une comĂšte qui m'aurait heurtĂ© de plein fouet et brĂ»lĂ© la face. Je me sentis mal Ă  l'aise, mon coeur palpitait, mais je n'avais aucun moyen d'Ă©viter ces yeux. Le regard pĂ©nĂ©trant se montrait si soutenu, si pressant, comme s'il attendait de moi le salut, comme s'il me suppliait pour je ne sais quoi. ~ p 33-34
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Pai Hsien-yung (Crystal Boys)
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- Une victoire aussi inattendue que bienvenue, commenta d’une voix sĂ©pulcrale un AcadĂ©micien – ĂȘtre fantomatique, dont le corps Ă©tait parcouru de petites lueurs brillantes.
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Cyrille Mendes (Les Épieurs d'Ombre)
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- Georges, connais-tu Victor Hugo? J'ai ouvert la bouche en grand. Le phalangiste a ajustĂ© son arme, regard perdu dans le jour tombĂ©. - Tu connais? "Demain, dĂšs l'aube, Ă  l'heure oĂč blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends..." a rĂ©citĂ© le tueur. J'ai tremblĂ© Ă  mon tour. Mon corps, sans retenue. J'ai pleurĂ©. Tant pis. (...) "J'irai par la forĂȘt, j'irai par la montagne, Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixĂ©s sur mes pensĂ©es, Sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbĂ©, les mains croisĂ©es, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit". Et puis il a tirĂ©. Deux coups. Un troisiĂšme, juste aprĂšs. Cette fois sans trembler, sans que je sente rien venir. Son corps Ă©tait raide de guerre. Mes larmes n'y ont rien fait. Ni la beautĂ© d'Aurore, ni la fragilitĂ© de Louise, ni mon effroi. Il a tirĂ© sur la ville, sur le souffle du vent. IL a tirĂ© sur les lueurs d'espoir, sur la tristesse des hommes. Il a tirĂ© sur moi, sur nous tous. Il a tirĂ© sur l'or du soir qui tombe, le bouquet de houx vert et les bruyĂšres en fleur.
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Sorj Chalandon (Le quatriĂšme mur)
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Ce qui est beau aussi, c'est la multitude de ces autres vie rĂȘvĂ©es, qui brillent dans le noir comme autant de petits phares, comme une constellation de tous nos possibles. Si ça va plus lĂ  oĂč tu es, si cette vie-ci te dit plus rien, tu peux toujours venir ici, il y a de la lumiĂšre tout le temps. Quand je ferme les yeux, je vois la lueur de ces petites fenĂȘtres phosphorescentes trembler partout sur la planĂšte.
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Véronique CÎté (Chaque automne j'ai envie de mourir)
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Annoncer à Plectrude qu'elle ne pourrait plus danser revenait à annoncer à Napoléon qu'il n'aurait jamais plus d'armée: c'était la priver non pas de sa vocation mais de son destin. Elle ne pouvait pas y croire. Elle interrogea tous les médecins possibles et imaginables: il n'y en eut pas un pour lui laisser une lueur d'espoir. Il faut les en féliciter: il eût suffi que l'un d'entre eux lui accordùt un centiÚme de chance de guérison et elle s'y fût accrochée au point d'y laisser la vie.
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Amélie Nothomb (The Book of Proper Names)
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C'est dommage qu'on connaßt pas ce qu'a été le monde avant la naissance. Parce qu'aprÚs trente ans dans la merde et des odeurs, les fumées, les douleurs, les larmes, il restait encore quelque chose de merveilleux dans le creux de son visage. Quand le creux du visage ne débordait pas de larmes, il s'éclairait d'une lueur. Quelque chose comme une perle perdue, ébréchée. Une beauté pourrie comme l'ulcÚre de sa jambe droite, une lueur qui se voyait plus dans la fumée et les odeurs de la case.
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Ahmadou Kourouma (Allah Is Not Obliged)
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Sa tĂȘte n’était plus qu’un ouragan, une tempĂȘte noire dĂ©truisant tout sur son passage, un ciel chargĂ© de lourds nuages qui ne laissait plus filtrer aucune lueur. Peu Ă  peu il dĂ©rivait, s’éloignant de tout ce qui le constituait autrefois, disparaissant, s’effaçant peu Ă  peu pour devenir un ĂȘtre transparent, n’ĂȘtre plus qu’une prĂ©sence, une douleur que l’on aperçoit du coin de l’oeil, vers qui l’on voudrait tendre la main, mais qui est tellement enfermĂ©e dans ses murailles de solitude que tout contact nous semble impossible.
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Simon Vandereecken (Temps volés)
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Le photographe Hessling, ancien Ă©tudiant du Bauhaus, faisait la guerre, en 1943, dans les armĂ©es de son pays. La nuit de NoĂ«l, au village de Novimgorod, tous les habitants reçurent l'ordre de sortir dans la neige et de chanter leurs cantiques Ă  la lueur des flambeaux tandis que les SS crucifiaient une jeune femme sur la porte de l'Ă©glise. Son agonie dura la nuit entiĂšre. Au lever du jour, la beautĂ© surnaturelle de son visage Ă©tait inondĂ©e de sourire et de larmes. Hessling s'approcha, s'agenouilla et, comme elle semblait dire oui, il la photographia. Peu aprĂšs, il Ă©tait exĂ©cutĂ© Ă  Kiev comme anti-nazi, traĂźtre Ă  l'Allemagne. Il avait eu le temps de remettre son nĂ©gatif Ă  Wolfgang Borchert. Hessling savait qu'aucune photographie dans le monde ne pouvait ĂȘtre comparĂ©e Ă  celle-ci. Il fit promettre Ă  Borchert de la dĂ©velopper au retour de la guerre, de la regarder, puis de la jeter dans l'Elbe, afin que jamais, dans aucun musĂ©e, on ne pĂ»t s'arrĂȘter et contempler cette crucifixion. MĂȘme avec des larmes. C'est peut-ĂȘtre en pensant Ă  cela que Maurice Blanchot, beaucoup plus tard, note dans L'Ă©criture du dĂ©sastre : "Il y a une limite oĂč l'exercice d'un art, quel qu'il soit, devient une insulte au malheur. Autoportrait en lecteur (page 60)
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Marcel Cohen
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[...] mon invocation Ă  la TroisiĂšme TĂ©nĂšbre : "Nuit qui Ă©cartĂšle les astres et te tiens debout sur nos tĂȘtes, je requiers ton pouvoir contre ce jour fade qui agite Ă  l'horizon ses lanternes de pauvres, ses lueurs de dĂ©sastre ! [...]
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Marcel BĂ©alu (Les messagers clandestins)
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— moi non plus, je ne sais pas ce que je prĂ©fĂšre. Repenser Ă  ma lame contre votre gorge...ou m'imaginer Ă  quoi ressemblerait votre coeur encore palpitant dans mon assiette. Une lueur d'amusement s'alluma au fond des prunelles de Grim. Il se tenait bien trop prĂšs d'Isla, qu'il toisait de toute sa hauteur. — Attention, Mangecoeur, souffla-t-il. Je risquerai de vouloir te le donner.
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Alex Aster (Lightlark (Lightlark, #1))
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Voici la crĂšche Ă©ternelle Dans la nuit rĂ©pand une lueur nouvelle Qu’aucune nuit ne la dĂ©truise Mais brille d’une foi continuelle

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Maguelonne Toussaint-Samat (Légendes et récits du temps de Noël)
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Aujourd’hui, pour que tu n’aies pas l’angoissante impression d’ĂȘtre totalement et dĂ©finitivement dans la rue, il te reste, enfouis en toi, quelques images, deux ou trois beaux souvenirs et un quignon de rĂȘve. Un peu comme pour tout le monde, mĂȘme les plus dĂ©sespĂ©rĂ©s, ils pourraient, telles de petites lueurs dans l’obscuritĂ© froide, te tenir chaud, mais tu ne le veux pas. Et puisque tu as tout perdu, tu n’as plus peur de rien ni de personne, sinon de toi-mĂȘme.
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Abdelkader DjemaĂŻ (Un moment d'oubli (CADRE ROUGE) (French Edition))
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Notre monachisme est un modĂšle anthropologique. L'autoritĂ©, le niveau hiĂ©rarchique et le pouvoir augmentent proportionnellement Ă  l'abolition de l'Ă©lĂ©ment individuel et Ă  la lueur Ă©manant de l'effort ascĂ©tique. Un bon dirigeant est celui qui ne veut rien avoir pour lui-mĂȘme. Au lieu de cela, il a tout, mais pris en agrĂ©gation et enrichi de maniĂšre eidĂ©tique, enrichissant au maximum l'aspect intĂ©rieur de l'existence. Quelque chose de similaire a Ă©tĂ© incorporĂ© au Moyen Âge dans la thĂ©orie du «deuxiĂšme corps du roi».
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Alexander Dugin
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c’est l’existence humaine sortant de l’énigme du berceau et aboutissant Ă  l’énigme du cercueil ; c’est un esprit qui marche de lueur en lueur laissant derriĂšre lui la jeunesse, l’amour, l’illusion, le combat, le dĂ©sespoir, et qui s’arrĂȘte Ă©perdu "au bord de l’infini". cela commence par un sourire, continue par un sanglot, et finit par un bruit du clairon de l’abĂźme.
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Victor Hugo
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AprĂšs tout, la lune est le plus amical des des corps cĂ©lestes, avec sa lueur chaleureuse, blanche et bienveillante, une amie voulant s'assurer que nous sommes tous en sĂ©curitĂ© dans nos mondes Ă©triquĂ©s, nos jardins Ă©triquĂ©s, nos petites vies Ă©triquĂ©es et rĂ©flĂ©chies. La lune s'inquiĂšte. Nous ne savons pas forcĂ©ment comment nous le savons, mais nous le savons quand mĂȘme : que la lune surveille, que la lune s'inquiĂšte, que la lune nous aimera toujours, quoi qu'il advienne.
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Seanan McGuire (Down Among the Sticks and Bones (Wayward Children, #2))