Le Premier Amour Quotes

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Le premier amour est toujours le dernier.
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Tahar Ben Jelloun
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Quand les enfants commencent à voir, ils sourient; quand une jeune fille entrevoit le sentiment dans la nature, elle sourit comme elle souriait enfant. Si la lumiùre est le premier amour de la vie, l'amour n'est-il pas la lumiùre du cƓur?
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Honoré de Balzac (Eugénie Grandet)
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Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout Contre les portes de la nuit Et les passants qui passent les désignent du doigt Mais les enfants qui s'aiment Ne sont là pour personne Et c'est seulement leur ombre Qui tremble dans la nuit Excitant la rage des passants Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit Bien plus haut que le jour Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour
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Jacques Prévert (Paroles)
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Le premier verre est aussi doux que la vie, le deuxiĂšme est aussi fort que l'amour, le troisiĂšme est aussi amer que la mort.
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Ziggy Zezsyazeoviennazabrizkie (Jakarta Sebelum Pagi)
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Il y a des journĂ©es illuminĂ©es de petites choses, des riens du tout qui vous rendent incroyablement heureux ; un aprĂšs-midi Ă  chiner, un jouet qui surgit de l’enfance sur l’étal d’un brocanteur, une main qui s’attache Ă  la votre, un appel que l’on attendait pas, une parole douce, vote enfant qui vous prend dans ses bras sans rien vous demander d’autre qu’un moment d’amour. Il y a des journĂ©es illuminĂ©es de petits moments de grĂące, une odeur qui vous met l’ñme en joie, un rayon de soleil qui entre par la fenĂȘtre, le bruit de l’averse alors qu’on est encore au lit, les trottoirs enneigĂ©s ou l’arrivĂ©e du printemps et ses premiers bourgeons.
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Marc Levy (Le premier jour)
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En effet, si les premiers amours paraissent, en gĂ©nĂ©ral, plus honnĂȘtes, et comme on dit plus purs ; s'ils sont au moins plus lents dans leur marche, ce n'est pas, comme on le pense, dĂ©licatesse ou timiditĂ©, c'est que le cƓur, Ă©tonnĂ© par un sentiment inconnu, s'arrĂȘte pour ainsi dire Ă  chaque pas, pour jouir du charme qu'il Ă©prouve, et que ce charme est si puissant sur un cƓur neuf, qu'il l'occupe au point de lui faire oublier tout autre plaisir.
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Pierre Choderlos de Laclos (Les Liaisons dangereuses)
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En amour, celui qui est guéri le premier est toujours le mieux guéri.
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François de La Rochefoucauld
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Je pense Ă  Iris qui fut importante tout de mĂȘme, Ă  Emilie aussi, Ă  CĂ©line bien sĂ»r, et puis d'autres prĂ©noms dans d'autres pĂ©nombres, mais c'est Alice, toujours Alice qui est lĂ , immuable, avec encore des rires au-dessus de nos tĂȘtes, comme si le premier amour Ă©tait une condamnation Ă  perpĂ©tuitĂ©.
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David Foenkinos (Nos séparations)
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Et puis, chose bizarre, le premier symptÎme de l'amour vrai chez un jeune homme, c'est la timidité, chez une jeune fille, c'est la hardiesse.
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Victor Hugo (Les Misérables, Tome IV: L'idylle rue Plumet et l'épopée rue Saint-Denis (Les Misérables, #4))
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A Paris Quand un amour fleurit Ça fait pendant des semaines Deux cƓurs qui se sourient Tout ça parce quÂŽils sÂŽaiment A Paris Au printemps Sur les toits les girouettes Tournent et font les coquettes Avec le premier vent Qui passe indiffĂ©rent Nonchalant Car le vent Quand il vient Ă  Paris NÂŽa plus quÂŽun seul souci CÂŽest dÂŽaller musarder Dans tous les beaux quartiers De Paris' À Paris, Francis Lemarque
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Lepota L. Cosmo (Love in Paris - Poetic Guide to the Romance of the City)
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Il m'arrive de relire mes romans prĂ©fĂ©rĂ©s en partant de la fin. Je commence par le dernier chapitre, et je relis Ă  rebours jusqu'au premier. Quand on lit de cette maniĂšre, les personnages vont de l'espoir vers le dĂ©sespoir, de la connaissance de soi vers le doute. Dans les histoires d'amour, les couples sont d'abord amants avant de devenir des Ă©trangers. Les rĂ©cits d'initiation se transforment en rĂ©cit d'Ă©garement. Des personnages reviennent mĂȘme Ă  la vie. Si ma vie Ă©tait un roman qu'on lisait Ă  l'envers, rien ne changerait.
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Nicola Yoon (Everything, Everything)
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Quand je mets Ă  vos pieds un Ă©ternel hommage, Voulez-vous qu'un instant je change de visage ? Vous avez capturĂ© les sentiments d'un cƓur Que pour vous adorer forma le crĂ©ateur. Je vous chĂ©ris, amour, et ma plume en dĂ©lire Couche sur le papier ce que je n'ose dire. Avec soin de mes vers lisez les premiers mots, Vous saurez quel remĂšde apporter Ă  mes maux. [ Alfred de Musset a George Sand ] "Cette insigne faveur que votre cƓur rĂ©clame Nuit a ma renommĂ©e et rĂ©pugne a mon Ăąme." [ George Sand a Alfred de Musset ] [ lisez le premier mot de chaque ligne ]
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George Sand (Correspondance de George Sand et d'Alfred de Musset)
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La sĂšve bouillonnait en moi, et mon cƓur languissait d’une façon douce et plaisamment romanesque. J’attendais je ne sais quoi, je m’intimidais, je m’étonnais et j’étais toujours sur le quivive. Mon imagination vagabondait et voltigeait rapidement autour des mĂȘmes images, comme, Ă  l’aube, les martinets autour du clocher.
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Ivan Tourgueniev (Premier Amour)
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L'Amour qui n'est pas un mot Mon Dieu jusqu'au dernier moment Avec ce coeur dĂ©bile et blĂȘme Quand on est l'ombre de soi-mĂȘme Comment se pourrait-il comment Comment se pourrait-il qu'on aime Ou comment nommer ce tourment Suffit-il donc que tu paraisses De l'air que te fait rattachant Tes cheveux ce geste touchant Que je renaisse et reconnaisse Un monde habitĂ© par le chant Elsa mon amour ma jeunesse O forte et douce comme un vin Pareille au soleil des fenĂȘtres Tu me rends la caresse d'ĂȘtre Tu me rends la soif et la faim De vivre encore et de connaĂźtre Notre histoire jusqu'Ă  la fin C'est miracle que d'ĂȘtre ensemble Que la lumiĂšre sur ta joue Qu'autour de toi le vent se joue Toujours si je te vois je tremble Comme Ă  son premier rendez-vous Un jeune homme qui me ressemble M'habituer m'habituer Si je ne le puis qu'on m'en blĂąme Peut-on s'habituer aux flammes Elles vous ont avant tuĂ© Ah crevez-moi les yeux de l'Ăąme S'ils s'habituaient aux nuĂ©es Pour la premiĂšre fois ta bouche Pour la premiĂšre fois ta voix D'une aile Ă  la cime des bois L'arbre frĂ©mit jusqu'Ă  la souche C'est toujours la premiĂšre fois Quand ta robe en passant me touche Prends ce fruit lourd et palpitant Jettes-en la moitiĂ© vĂ©reuse Tu peux mordre la part heureuse Trente ans perdus et puis trente ans Au moins que ta morsure creuse C'est ma vie et je te la tends Ma vie en vĂ©ritĂ© commence Le jour que je t'ai rencontrĂ©e Toi dont les bras ont su barrer Sa route atroce Ă  ma dĂ©mence Et qui m'as montrĂ© la contrĂ©e Que la bontĂ© seule ensemence Tu vins au coeur du dĂ©sarroi Pour chasser les mauvaises fiĂšvres Et j'ai flambĂ© comme un geniĂšvre A la NoĂ«l entre tes doigts Je suis nĂ© vraiment de ta lĂšvre Ma vie est Ă  partir de toi
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Louis Aragon
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«Regardez, regardez, continua le comte en saisissant chacun des deux jeunes gens par la main, regardez, car, sur mon Ăąme, c'est curieux, voilĂ  un homme qui Ă©tait rĂ©signĂ© Ă  son sort, qui marchait Ă  l'Ă©chafaud, qui allait mourir comme un lĂąche, c'est vrai, mais enfin il allait mourir sans rĂ©sistance et sans rĂ©crimination: savez-vous ce qui lui donnait quelque force? savez-vous ce qui le consolait? savez-vous ce qui lui faisait prendre son supplice en patience? c'est qu'un autre partageait son angoisse; c'est qu'un autre allait mourir comme lui; c'est qu'un autre allait mourir avant lui! Menez deux moutons Ă  la boucherie, deux bƓufs Ă  l'abattoir, et faites comprendre Ă  l'un d'eux que son compagnon ne mourra pas, le mouton bĂȘlera de joie, le bƓuf mugira de plaisir mais l'homme, l'homme que Dieu a fait Ă  son image, l'homme Ă  qui Dieu a imposĂ© pour premiĂšre, pour unique, pour suprĂȘme loi, l'amour de son prochain, l'homme Ă  qui Dieu a donnĂ© une voix pour exprimer sa pensĂ©e, quel sera son premier cri quand il apprendra que son camarade est sauvĂ©? un blasphĂšme. Honneur Ă  l'homme, ce chef-d'Ɠuvre de la nature, ce roi de la crĂ©ation!»
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Alexandre Dumas (Le Comte de Monte-Cristo, Tome II (The Count of Monte Cristo, part 2 of 4))
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finalement, Ă©perdu d'amour et au comble de la frĂ©nĂ©sie Ă©rotique, je m'assis dans l'herbe et j'enlevai un de mes souliers en caoutchouc. — Je vais le manger pour toi, si tu veux. Si elle le voulait I Ha! Mais bien sĂ»r qu'elle le voulait, voyons! C'Ă©tait une vraie petite femme. --- Elle posa son cerceau par terre et s'assit sur ses ta-lons. Je crus voir dans ses yeux une lueur d'estime. Je n'en demandais pas plus. Je pris mon canif et enta-mai le caoutchouc. Elle me regardait faire. — Tu vas le manger cru ? — Oui. J'avalai un morceau, puis un autre. Sous son regard enfin admiratif, je me sentais devenir vraiment un homme. Et j'avais raison. Je venais de faire mon apprentissage. J'entamai le caoutchouc encore plus profondĂ©ment, soufflant un peu, entre les bouchĂ©es, et je continuai ainsi un bon moment, jusqu'Ă  ce qu'une sueur froide me montĂąt au front. Je continuai mĂȘme un peu au-delĂ , serrant les dents, luttant contre la nausĂ©e, ramassant toutes mes forces pour demeurer sur le terrain, comme il me fallut le faire tant de fois, depuis, dans mon mĂ©tier d'homme. Je fus trĂšs malade, on me transporta Ă  l'hĂŽpital, ma mĂšre sanglotait, Aniela hurlait, les filles de l'atelier geignaient, pendant qu'on me mettait sur un brancard dans l'ambulance. J'Ă©tais trĂšs fier de moi. Mon amour d'enfant m'inspira vingt ans plus tard mon premier roman Éducation europĂ©enne, et aussi certains passages du Grand Vestiaire. Pendant longtemps, Ă  travers mes pĂ©rĂ©grinations, j'ai transportĂ© avec moi un soulier d'enfant en caoutchouc, entamĂ© au couteau. J'avais vingt-cinq ans, puis trente, puis quarante, mais le soulier Ă©tait toujours lĂ , Ă  portĂ©e de la main. J'Ă©tais toujours prĂȘt Ă  m'y attabler, Ă  donner, une fois de plus, le meilleur de moi-mĂȘme. Ça ne s'est pas trouvĂ©. Finalement, j'ai abandonnĂ© le soulier quelque part derriĂšre moi. On ne vit pas deux fois. (La promesse de l'aube, ch. XI)
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Romain Gary (Promise at Dawn)
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Ils firent lire Ă  leurs Ă©lĂšves des historiettes tendant Ă  inspirer l’amour de la vertu. Elles assommĂšrent Victor. Pour frapper son imagination, PĂ©cuchet suspendit aux murs de sa chambre des images, exposant la vie du Bon Sujet, et celle du Mauvais Sujet. Le premier, Adolphe, embrassait sa mĂšre, Ă©tudiait l’allemand, secourait un aveugle, et Ă©tait reçu Ă  l’Ecole Polytechnique. Le mauvais, EugĂšne, commençait par dĂ©sobĂ©ir Ă  son pĂšre, avait une querelle dans un cafĂ©, battait son Ă©pouse, tombait ivre mort, fracturait une armoire – et un dernier tableau le reprĂ©sentait au bagne, oĂč un monsieur accompagnĂ© d’un jeune garçon disait, en le montrant : Tu vois, mon fils, les dangers de l’inconduite.
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Gustave Flaubert (Bouvard et PĂ©cuchet)
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« Écoute, Egor PĂ©trovitch, lui dit-il. Qu’est ce que tu fais de toi ? Tu te perds seulement avec ton dĂ©sespoir. Tu n’as ni patience ni courage. Maintenant, dans un accĂšs de tristesse, tu dis que tu n’as pas de talent. Ce n’est pas vrai. Tu as du talent ; je t’assure que tu en as. Je le vois rien qu’à la façon dont tu sens et comprends l’art. Je te le prouverai par toute ta vie. Tu m’as racontĂ© ta vie d’autrefois. À cette Ă©poque aussi le dĂ©sespoirte visitait sans que tu t’en rendisses compte. À cette Ă©poque aussi, ton premier maĂźtre, cet homme Ă©trange, dont tu m’as tant parlĂ©, a Ă©veillĂ© en toi, pour la premiĂšre fois, l’amour de l’art et a devinĂ© ton talent. Tu l’as senti alors aussi fortement que maintenant. Mais tu ne savais pas ce qui se passait en toi. Tu ne pouvais pas vivre dans la maison du propriĂ©taire, et tu ne savais toi-mĂȘme ce que tu dĂ©sirais. Ton maĂźtre est mort trop tĂŽt. Il t’a laissĂ© seulement avec des aspirations vagues et, surtout, il ne t’a pas expliquĂ© toimĂȘme. Tu sentais le besoin d’une autre route plus large, tu pressentais que d’autres buts t’étaient destinĂ©s, mais tu ne comprenais pas comment tout cela se ferait et, dans ton angoisse, tu as haĂŻ tout ce qui t’entourait alors. Tes six annĂ©es de misĂšre ne sont pas perdues. Tu as travaillĂ©, pensĂ©, tu as reconnu et toi-mĂȘme et tes forces ; tu comprends maintenant l’art et ta destination. Mon ami, il faut avoir de la patience et du courage. Un sort plus enviĂ© que le mien t’est rĂ©servĂ©. Tu es cent fois plus artiste que moi, mais que Dieu te donne mĂȘme la dixiĂšme partie de ma patience. Travaille, ne bois pas, comme te le disait ton bonpropriĂ©taire, et, principalement, commence par l’a, b, c. « Qu’est-ce qui te tourmente ? La pauvretĂ©, la misĂšre ? Mais la pauvretĂ© et la misĂšre forment l’artiste. Elles sont insĂ©parables des dĂ©buts. Maintenant personne n’a encore besoin de toi ; personne ne veut te connaĂźtre. Ainsi va le monde. Attends, ce sera autre chose quand on saura que tu as du talent. L’envie, la malignitĂ©, et surtout la bĂȘtise t’opprimeront plus fortement que la misĂšre. Le talent a besoin de sympathie ; il faut qu’on le comprenne. Et toi, tu verras quelles gens t’entoureront quand tu approcheras du but. Ils tĂącheront de regarder avec mĂ©pris ce qui s’est Ă©laborĂ© en toi au prix d’un pĂ©nible travail, des privations, des nuits sans sommeil. Tes futurs camarades ne t’encourageront pas, ne te consoleront pas. Ils ne t’indiqueront pas ce qui en toi est bon et vrai. Avec une joie maligne ils relĂšveront chacune de tes fautes. Ils te montreront prĂ©cisĂ©ment ce qu’il y a de mauvais en toi, ce en quoi tu te trompes, et d’un air calme et mĂ©prisant ils fĂȘteront joyeusement chacune de tes erreurs. Toi, tu esorgueilleux et souvent Ă  tort. Il t’arrivera d’offenser une nullitĂ© qui a de l’amour-propre, et alors malheur Ă  toi : tu seras seul et ils seront plusieurs. Ils te tueront Ă  coups d’épingles. Moi mĂȘme, je commence Ă  Ă©prouver tout cela. Prends donc des forces dĂšs maintenant. Tu n’es pas encore si pauvre. Tu peux encore vivre ; ne nĂ©glige pas les besognes grossiĂšres, fends du bois, comme je l’ai fait un soir chez de pauvres gens. Mais tu es impatient ; l’impatience est ta maladie. Tu n’as pas assez de simplicitĂ© ; tu ruses trop, tu rĂ©flĂ©chis trop, tu fais trop travailler ta tĂȘte. Tu es audacieux en paroles et lĂąche quand il faut prendra l’archet en main. Tu as beaucoup d’amour-propre et peu de hardiesse. Sois plus hardi, attends, apprends, et si tu ne comptes pas sur tes forces, alors va au hasard ; tu as de la chaleur, du sentiment, peut-ĂȘtre arriveras-tu au but. Sinon, va quand mĂȘme au hasard. En tout cas tu ne perdras rien, si le gain est trop grand. Vois-tu, aussi, le hasard pour nous est une grande chose. »
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Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
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Je ne considĂšre les souffrances et les joies d'autrui que par rapport Ă  moi-mĂȘme, en tant que nourriture qui soutient les forces de mon Ăąme. Moi-mĂȘme, je ne suis pas capable d'aller jusqu'Ă  la folie sous l'emprise de la passion. L'ambition chez moi est assujettie aux circonstances, mais elle s'est manifestĂ©e sous un autre aspect; car l'ambition n'est rien d'autre qu'une soif de puissance; or mon plaisir principal est de soumettre tout ceux qui m'entourent Ă  ma volontĂ©. Éveiller les sentiments d'amour, de fidĂ©litĂ© ou de crainte, n'est-ce pas lĂ  les signes premiers et le grand triomphe d'un pouvoir absolu ? Être pour une personne la cause de souffrances ou de joies, sans avoir sur elle aucun droit positif, n'est-ce pas lĂ  un aliment dĂ©licieux pour notre orgueil ? Et qu'est-ce que le bonheur ? Un orgueil rassasiĂ© ! Si je me considĂ©rait comme l'ĂȘtre le meilleur, le plus puissant du monde, je serais heureux; si tout m'aimaient, je trouverais en moi d'infinies sources d'amour. Le mal enfante le mal. La premiĂšre souffrance nous donne le secret du plaisir de torturer autrui. L'idĂ©e du mal ne peut entrer dans la tĂȘte d'un homme sans qu'il ait le dĂ©sir de l'appliquer Ă  la rĂ©alitĂ©.
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Mikhail Lermontov (A Hero of Our Time)
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Je me rappelle mon entrĂ©e sur la scĂšne, Ă  mon premier concert. [
] Je n'aimais pas ce public pour qui l'art n'est qu'une vanitĂ© nĂ©cessaire, ces visage composĂ©s dissimulant les Ăąmes, l'absence des Ăąmes. Je concevais mal qu'on pĂ»t jouer devant des inconnus, Ă  heure fixe, pour un salaire versĂ© d'avance. Je devinais les apprĂ©ciations toutes faites, qu'ils se croyaient obligĂ©s de formuler en sortant ; je haĂŻssais leur goĂ»t pour l'emphase inutile, l'intĂ©rĂȘt mĂȘme qu'ils me portaient, parce que j'Ă©tais de leur monde, et l'Ă©clat factice dont se paraient les femmes. Je prĂ©fĂ©rais encore les auditeurs de concerts populaires, donnĂ©s le soir dans quelque salle misĂ©rable, oĂč j'acceptais parfois de jouer gratuitement. Des gens venaient lĂ  dans l'espoir de s'instruire. Ils n'Ă©taient pas plus intelligents que les autres, ils Ă©taient seulement de meilleur volontĂ©. Ils avaient dĂ», aprĂšs leur repas, s'habiller le mieux possible ; ils avaient dĂ» consentir Ă  avoir froid, pendant deux longues heures, dans une salle presque noire. Les gens qui vont au thĂ©Ăątre cherchent Ă  s'oublier eux-mĂȘmes ; ceux qui vont au concert cherchent plutĂŽt Ă  se retrouver. Entre la dispersion du jour et la dissolution du sommeil, ils se retrempent dans ce qu'ils sont. Visage fatiguĂ©s des auditeurs du soir, visages qui se dĂ©tendent dans leurs rĂȘves et semblent s'y baigner. Mon visage
 En ne suis-je pas aussi trĂšs pauvre, moi qui n'ai ni amour, ni foi, ni dĂ©sir avouable, moi qui n'ai que moi-mĂȘme sur qui compter, et qui me suis presque toujours infidĂšle ? (p. 82-83)
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Marguerite Yourcenar (Alexis ou le Traité du vain combat / Le Coup de grùce)
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Depuis que j'ai doue ans, et depuis qu'elle est une terreur, la mort est une marotte. J'en ignorais l'existence jusqu'Ă  ce qu'un camarade de classe, le petit BonnecarĂšre, m'envoyĂąt au cinĂ©ma le Styx, oĂč l'on s'asseyait Ă  l'Ă©poque dans des cercueils, voir L'enterrĂ© vivant, un film de Roger Corman tirĂ© d'un conte 'Edgar Allan Poe. La dĂ©couverte de la mort par le truchement de cette vision horrifique d'un homme qui hurle d'impuissance Ă  l'intĂ©rieur de son cercueil devint une source capiteuse de cauchemars. Par la suite, je ne cessai de rechercher les attributs de les plus spectaculaires de la mort, suppliant mon pĂšre de me cĂ©der le crĂąne qui avait accompagnĂ© ses Ă©tudes de mĂ©decine, m'hypnotisant de films d'Ă©pouvante et commençant Ă  Ă©crire, sous le pseudonyme d'Hector Lenoir, un conte qui racontair les affres d'un fantĂŽmr rnchaĂźnĂ© dans les oubliettes du chĂąteau des Hohenzollern, me grisant de lectures macabres jusqu'aux stories sĂ©lectionnĂ©es par Hitschcock, errant dans les cimetiĂšres et Ă©trennant mon premier appareil avec des photographies de tombes d'enants, me dĂ©plaçant jusqu'Ă  Palerme uniquement pour contempler les momies des Capucins, collectionnant les rapaces empaillĂ©s comme Anthony Perkins dans Psychose, la mort me semblait horriblement belle, fĂ©eriquement atroce, et puis je pris en grippe son bric-Ă -brac, remisai le crĂąne de l'Ă©tudiant de mĂ©decine, fuis les cimetiĂšres comme la peste, j'Ă©tais passĂ© Ă  un autre stade de l'amour de la mort, comme imprĂ©gnĂ© par elle au plus profond je n'avais plus besoin de son dĂ©corum mais d'une intimitĂ© plus grande avec elle, je continuais inlassablement de quĂ©rir son sentiment, le plus prĂ©cieux et le plus haĂŻssable d'entre tous, sa peur et sa convoitise.
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HervĂ© Guibert (À l'ami qui ne m'a pas sauvĂ© la vie)
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Charlotte se trouvait seule ; aucun de ses frĂšres et sƓurs n’était autour d’elle ; elle s’abandonnait Ă  ses rĂ©flexions, qui passaient doucement sa situation en revue. Elle se voyait pour jamais unie Ă  un homme dont elle connaissait l’amour et la fidĂ©litĂ©, Ă  qui elle Ă©tait dĂ©vouĂ©e, dont le calme, la soliditĂ©, semblaient destinĂ©s par le ciel mĂȘme Ă  fonder, pour la vie, le bonheur d’une honnĂȘte femme ; elle sentait ce qu’il serait toujours pour elle et pour sa famille. D’un autre cĂŽtĂ©, Werther lui Ă©tait devenu bien cher ; dĂšs le premier moment oĂč ils avaient appris Ă  se connaĂźtre, la sympathie de leurs caractĂšres s’était rĂ©vĂ©lĂ©e de la maniĂšre la plus heureuse ; leur longue liaison, tant de situations diverses oĂč ils s’étaient trouvĂ©s, avaient fait sur le cƓur de Charlotte une impression ineffaçable. Tous les sentiments, toutes les pensĂ©es qui l’intĂ©ressaient, elle Ă©tait accoutumĂ©e Ă  les partager avec lui, et le dĂ©part de Werther menaçait de faire dans toute son existence un vide, qui ne pourrait plus ĂȘtre comblĂ©. Oh ! si elle avait pu dans ce moment le changer en un frĂšre ! qu’elle se serait trouvĂ©e heureuse !
 Si elle avait osĂ© le marier avec une de ses amies, elle aurait pu espĂ©rer de rĂ©tablir tout Ă  fait la bonne intelligence entre Albert et lui. Elle avait passĂ© en revue toutes ses amies, et trouvait Ă  chacune quelque dĂ©faut ; elle n’en voyait aucune Ă  qui elle eĂ»t donnĂ© Werther volontiers. En faisant toutes’ces rĂ©flexions, elle finit par sentir profondĂ©ment, sans se l’expliquer d’une maniĂšre bien claire, que le secret dĂ©sir, de son cƓur Ă©tait de le garder pour elle, et elle se disait en mĂȘme temps qu’elle ne pouvait, qu’elle ne devait pas le garder ; son Ăąme pure et belle, jusqu’alors si libre et si courageuse, sentit le poids d’une mĂ©lancolie Ă  laquelle est fermĂ©e la perspective du bonheur. Son cƓur Ă©tait oppressĂ©, et un sombre nuage couvrait ses yeux.
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Cherchez en vous-mĂȘmes. Explorez la raison qui vous commande d'Ă©crire; examinez si elle plonge ses racines au plus profond de votre cour; faites-vous cet aveu : devriez-vous mourir s'il vous Ă©tait interdit d'Ă©crire. Ceci surtout : demandez-vous Ă  l'heure la plus silencieuse de votre nuit; me faut-il Ă©crire ? Creusez en vous-mĂȘmes Ă  la recherche d'une rĂ©ponse profonde. Et si celle-ci devait ĂȘtre affirmative, s'il vous Ă©tait donnĂ© d'aller Ă  la rencontre de cette grave question avec un fort et simple "il le faut", alors bĂątissez votre vie selon cette nĂ©cessitĂ©; votre vie, jusqu'en son heure la plus indiffĂ©rente et la plus infime, doit ĂȘtre le signe et le tĂ©moignage de cette impulsion. Puis vous vous approcherez de la nature. Puis vous essayerez, comme un premier homme, de dire ce que vous voyez et vivez, aimez et perdez. N'Ă©crivez pas de poĂšmes d'amour; Ă©vitez d'abord les formes qui sont trop courantes et trop habituelles : ce sont les plus difficiles, car il faut la force de la maturitĂ© pour donner, lĂ  oĂč de bonnes et parfois brillantes traditions se prĂ©sentent en foule, ce qui vous est propre. Laissez-donc les motifs communs pour ceux que vous offre votre propre quotidien; dĂ©crivez vos tristesses et vos dĂ©sirs, les pensĂ©es fugaces et la foi en quelque beautĂ©. DĂ©crivez tout cela avec une sincĂ©ritĂ© profonde, paisible et humble, et utilisez, pour vous exprimer, les choses qui vous entourent, les images de vos rĂȘves et les objets de votre souvenir. Si votre quotidien vous paraĂźt pauvre, ne l'accusez pas; accusez-vous vous-mĂȘme, dites-vous que vous n'ĂȘtes pas assez poĂšte pour appeler Ă  vous ses richesses; car pour celui qui crĂ©e il n'y a pas de pauvretĂ©, pas de lieu pauvre et indiffĂ©rent. Et fussiez-vous mĂȘme dans une prison dont les murs ne laisseraient parvenir Ă  vos sens aucune des rumeurs du monde, n'auriez-vous pas alors toujours votre enfance, cette dĂ©licieuse et royale richesse, ce trĂ©sor des souvenirs ? Tournez vers elle votre attention. Cherchez Ă  faire resurgir les sensations englouties de ce vaste passĂ©; votre personnalitĂ© s'affirmera, votre solitude s'Ă©tendra pour devenir une demeure de douce lumiĂšre, loin de laquelle passera le bruit des autres." (Lettres Ă  un jeune poĂšte)
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Rainer Maria Rilke (Letters to a Young Poet)
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Maldoror, Ă©coute-moi. Remarque ma figure, calme comme un miroir, et je crois avoir une intelligence Ă©gale Ă  la tienne. Un jour, tu m’appelas le soutien de ta vie. Depuis lors, je n’ai pas dĂ©menti la confiance que tu m’avais vouĂ©e. Je ne suis qu’un simple habitant des roseaux, c’est vrai ; mais, grĂące Ă  ton propre contact, ne prenant que ce qu’il y avait de beau en toi, ma raison s’est agrandie, et je puis te parler. Je suis venu vers toi, afin de te retirer de l’abĂźme. Ceux qui s’intitulent tes amis te regardent, frappĂ©s de consternation, chaque fois qu’ils te rencontrent, pĂąle et voĂ»tĂ©, dans les thĂ©Ăątres, dans les places publiques, ou pressant, de deux cuisses nerveuses, ce cheval qui ne galope que pendant la nuit, tandis qu’il porte son maĂźtre-fantĂŽme, enveloppĂ© dans un long manteau noir. Abandonne ces pensĂ©es, qui rendent ton cƓur vide comme un dĂ©sert ; elles sont plus brĂ»lantes que le feu. Ton esprit est tellement malade que tu ne t’en aperçois pas, et que tu crois ĂȘtre dans ton naturel, chaque fois qu’il sort de ta bouche des paroles insensĂ©es, quoique pleines d’une infernale grandeur. Malheureux ! qu’as-tu dit depuis le jour de ta naissance ? Ô triste reste d’une intelligence immortelle, que Dieu avait crĂ©Ă©e avec tant d’amour ! Tu n’as engendrĂ© que des malĂ©dictions, plus affreuses que la vue de panthĂšres affamĂ©es ! Moi, je prĂ©fĂ©rerais avoir les paupiĂšres collĂ©es, mon corps manquant des jambes et des bras, avoir assassinĂ© un homme, que ne pas ĂȘtre toi ! Parce que je te hais. Pourquoi avoir ce caractĂšre qui m’étonne ? De quel droit viens-tu sur cette terre, pour tourner en dĂ©rision ceux qui l’habitent, Ă©pave pourrie, ballottĂ©e par le scepticisme ? Si tu ne t’y plais pas, il faut retourner dans les sphĂšres d’oĂč tu viens. Un habitant des citĂ©s ne doit pas rĂ©sider dans les villages, pareil Ă  un Ă©tranger. Nous savons que, dans les espaces, il existe des sphĂšres plus spacieuses que la nĂŽtre, et donc les esprits ont une intelligence que nous ne pouvons mĂȘme pas concevoir. Eh bien, va-t’en !
 retire-toi de ce sol mobile !
 montre enfin ton essence divine, que tu as cachĂ©e jusqu’ici ; et, le plus tĂŽt possible, dirige ton vol ascendant vers la sphĂšre, que nous n’envions point, orgueilleux que tu es ! Car, je ne suis pas parvenu Ă  reconnaĂźtre si tu es un homme ou plus qu’un homme ! Adieu donc ; n’espĂšre plus retrouver le crapaud sur ton passage. Tu es la cause de ma mort. Moi, je pars pour l’éternitĂ©, afin d’implorer ton pardon !
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Comte de Lautréamont
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De cette assise sortent les spirales des liserons Ă  cloches blanches, les brindilles de la bugrane rose, mĂȘlĂ©es de quelques fougĂšres, de quelques jeunes pousses de chĂȘne aux feuilles magnifiquement colorĂ©es et lustrĂ©es ; toutes s’avancent prosternĂ©es, humbles comme des saules pleureurs, timides et suppliantes comme des priĂšres. Au-dessus, voyez les fibrilles dĂ©liĂ©es, fleuries, sans cesse agitĂ©es de l’amourette purpurine qui verse Ă  flots ses anthĂšres presque jaunes ; les pyramides neigeuses du paturin des champs et des eaux, la verte chevelure des bromes stĂ©riles, les panaches effilĂ©s de ces agrostis nommĂ©s les Ă©pis du vent ; violĂątres espĂ©rances dont se couronnent les premiers rĂȘves et qui se dĂ©tachent sur le fond gris de lis oĂč la lumiĂšre rayonne autour de ces herbes en fleurs. Mais dĂ©jĂ  plus haut, quelques roses du Bengale clairsemĂ©es parmi les folles dentelles du daucus, les plumes de la linaigrette, les marabous de la reine des prĂ©s, les ombellules du cerfeuil sauvage, les blonds cheveux de la clĂ©matite en fruits, les mignons sautoirs de la croisette au blanc de lait, les corymbes des millefeuilles, les tiges diffuses de la fumeterre aux fleurs roses et noires, les vrilles de la vigne, les brins tortueux des chĂšvrefeuilles ; enfin tout ce que ces naĂŻves crĂ©atures ont de plus Ă©chevelĂ©, de plus dĂ©chirĂ©, des flammes et de triples dards, des feuilles lancĂ©olĂ©es, dĂ©chiquetĂ©es, des tiges tourmentĂ©es comme les dĂ©sirs entortillĂ©s au fond de l’ñme. Du sein de ce prolixe torrent d’amour qui dĂ©borde, s’élance un magnifique double pavot rouge accompagnĂ© de ses glands prĂȘts Ă  s’ouvrir, dĂ©ployant les flammĂšches de son incendie au- dessus des jasmins Ă©toilĂ©s et dominant la pluie incessante du pollen, beau nuage qui papillote dans l’air en reflĂ©tant le jour dans ses mille parcelles luisantes ! Quelle femme enivrĂ©e par la senteur d’Aphrodise cachĂ©e dans la flouve, ne comprendra ce luxe d’idĂ©es soumises, cette blanche tendresse troublĂ©e par des mouvements indomptĂ©s, et ce rouge dĂ©sir de l’amour qui demande un bonheur refusĂ© dans les luttes cent fois recommencĂ©es de la passion contenue, infatigable, Ă©ternelle ? Mettez ce discours dans la lumiĂšre d’une croisĂ©e, afin d’en montrer les frais dĂ©tails, les dĂ©licates oppositions, les arabesques, afin que la souveraine Ă©mue y voie une fleur plus Ă©panouie et d’oĂč tombe une larme ; elle sera bien prĂšs de s’abandonner, il faudra qu’un ange ou la voix son enfant la retienne au bord de l’abĂźme. Que donne-t-on Ă  Dieu ? des parfums, de la lumiĂšre et des chants, les expressions les plus Ă©purĂ©es de notre nature. Eh! bien, tout ce qu’on offre Ă  Dieu n’était-il pas offert Ă  l’amour dans ce poĂšme de fleurs lumineuses qui bourdonnait incessamment ses mĂ©lodies au cƓur, en y caressant des voluptĂ©s cachĂ©es, des espĂ©rances inavouĂ©es, des illusions qui s’enflamment et s’éteignent comme des fils de la vierge par une nuit chaude.
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Honoré de Balzac
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A qui recommander mon livre? Aux amateurs du genre, bien entendu, mais aussi aux gens qui, comme moi, sont à la base fans de polars, ou ont d'autres lectures. Le fantastique n'est pas mon premier amour, et en mettant les pieds dedans, j'ai amené tout ce qui m'a fait aimer l'écriture et a construit mon sens du récit.
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Marika Gallman
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Ce n'est ni la femme ni l'homme qui doivent ĂȘtre idĂ©aux mais ce qu'ils veulent partager ensemble. Une grande histoire d'amour, c'est la rencontre de deux donneurs
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Marc Levy (Le premier jour)
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Elle n'était pas le premier corps que je serrais mais le premier que j'aimais, le premier qui soit sans défaut malgré ses bizarreries.
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Stéphanie Hochet (La distribution des lumiÚres)
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Ceux qui estiment que le fait de voir le mal est preuve de mauvaisetĂ© (« le bon ne voit partout que du bien », etc.), sont les premiers Ă  voir du mal dĂšs qu’il s’agit d’orthodoxie, de dogmes, de culte, d’institutions sacerdotales ; en pratique c’est surtout le mal qui bĂ©nĂ©ficie de leur « amour universel ».
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Frithjof Schuon (Gnosis: Divine Wisdom, A New Translation with Selected Letters (Library of Perennial Philosophy))
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Tomber amoureux est le phĂ©nomĂšne le plus mystĂ©rieux de l’univers. Ceux qui aiment au premier regard vivent la version la moins inexplicable du miracle : s’ils n’aimaient pas auparavant, c’était parce qu’ils ignoraient l’existence de l’autre.
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Amélie Nothomb (Barbe bleue)
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Et toi pauvre inconnu, tu es enveloppé au labyrinthe de folie, aimant et mourant, sans seulement l'oser dire ni faire semblant.
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Garci RodrĂ­guez de Montalvo (Le Premier Livre de Amadis de Gaule Traitant de Maintes Avantures d'Armes Et d'Amours: Qu'eurent Plusieurs Chevaliers Et Dames, Tant Du Royaume de la ... Que d'Autres PaĂŻs (French Edition))
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La vie est une succession de choix que l'on referait diffĂ©remment s'il nous Ă©tait donnĂ© de tout recommencer, Mimo. Si tu es parvenu Ă  faire les bons choix du premier coup, sans jamais te tromper, alors tu es un dieu. Et malgrĂ© tout l'amour que je te porte, malgrĂ© le fait que tu sois, mon fils, mĂȘme moi, je ne crois pas avoir donnĂ© naissance Ă  un dieu.
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Jean-Baptiste Andrea (Veiller sur elle)
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J'etais arrete a regarder, dans une exposition d'oeuvres de Rodin, une enorme main de bronze, la ,,Main de Dieu''.La paume en etait a moitie fermee et dans cette paume, extatiques, enlaces, luttaient et se melaient un homme et une femme. Une jeune fille s'approcha et s'arreta a cote de moi.Troublee elle aussi, elle regardait l'inquietant et eternel enlacement de l'homme et de la femme.Elle etait mince, bien habillee, avec d'epais cheveux blonds, un menton fort, des levres etroites.Elle avait quelque chose de decide et de viril.Et moi qui deteste engager des conversations faciles, je ne sais ce qui me poussa.Je me retournai: -A quoi pensez-vous? -Si on pouvait s'echapper! murmura-t-elle avec depit. -Pour aller ou?La main de Dieu est partout.Pas de salut.Vous le regrettez? -Non.Il se peut que l'amour soit la joie la plus intense sur cette terre.C'est possible.Mais maintenant que je vois cette main de bronze, je voudrais m'echapper. -Vous preferez la liberte? -Oui. -Mais si ce n'est que lorsqu'on obeit a la main de bronze qu'on est libres?Si le mot "Dieu" n'avait pas le sens commode que lui donne la masse? Elle me regarda,inquiete.Ses yeux etaient d'un gris metallique, ses levres seches et ameres. -Je ne comprends pas, dit-elle, et elle s'eloigna, comme effrayee. Elle disparut.[...]Oui , je m'etais mal conduit, Zorba avait raison.C'etait un bon pretexte que cette main de bronze, la premiere prise de contact etait reussie, les premieres douces paroles amorcees, et nous aurions pu, sans en prendre conscience ni l'un ni l'autre, noue etreindre et nous unir en toute tranquillite dans la paume de Dieu.Mais moi je m'etais elance brusquement de la terre vers le ciel et la femme effarouchee s'etait enfuie.
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Nikos Kazantzakis
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Il faudrait pouvoir restituer au mot « philosophie » sa signification originelle : la philosophie — l'« amour de la sagesse » — est la science de tous les principes fondamentaux ; cette science opĂšre avec l'intuition, qui « perçoit », et non avec la seule raison, qui « conclut ». Subjectivement parlant, l'essence de la philosophie est la certitude ; pour les modernes au contraire, l'essence de la philosophie est le doute : le philosophe est censĂ© raisonner sans aucune prĂ©misse (voraussetzungsloses Denken), comme si cette condition n'Ă©tait pas elle-mĂȘme une idĂ©e prĂ©conçue ; c'est la contradiction classique de tout relativisme. On doute de tout, sauf du doute(1). La solution du problĂšme de la connaissance — si problĂšme il y a — ne saurait ĂȘtre ce suicide intellectuel qu'est la promotion du doute ; c'est au contraire le recours Ă  une source de certitude qui transcende le mĂ©canisme mental, et cette source — la seule qui soit — est le pur Intellect, ou l'Intelligence en soi. Le soi-disant « siĂšcle des lumiĂšres » n'en soupçonnait pas l'existence ; tout ce que l'Intellect pouvait offrir — de Pythagore jusqu'aux scolastiques — n'Ă©tait pour les encyclopĂ©distes que dogmatisme naĂŻf, voire « obscurantisme ». Fort paradoxalement, le culte de la raison a fini dans cet infra-rationalisme — ou dans cet « Ă©sotĂ©risme de la sottise » — qu'est l'existentialisme sous toutes ses formes ; c'est remplacer illusoirement l'intelligence par de l'« existence ». D'aucuns ont cru pouvoir remplacer la prĂ©misse de la pensĂ©e par cet Ă©lĂ©ment arbitraire, empirique et tout subjectif qu'est la « personnalitĂ© » du penseur, ce qui est la destruction mĂȘme de la notion de vĂ©ritĂ© ; autant renoncer Ă  toute philosophie. Plus la pensĂ©e veut ĂȘtre « concrĂšte », et plus elle est perverse ; cela a commencĂ© avec l'empirisme, premier pas vers le dĂ©mantĂšlement de l'esprit ; on cherche l'originalitĂ©, et pĂ©risse la vĂ©ritĂ©(2). (...) ! Somme toute, la philosophie moderne est la codification d'une infirmitĂ© acquise ; l'atrophie intellectuelle de l'homme marquĂ© par la « chute » avait pour consĂ©quence une hypertrophie de l'intelligence pratique, d'oĂč en fin de compte l'explosion des sciences physiques et l'apparition de pseudo-sciences telles que la psychologie et la sociologie.
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Frithjof Schuon (The Transfiguration of Man)
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À une soie Je te revois tendue et sans vent dans les ombres Propice et large soie Ă©talĂ©e sans un pli Tendre comme un discours de musique profonde Et suave de trois cruautĂ©s agrandies. Le morceau appelant mon cƓur Ă©tait le rouge Non pas rouge mais rose en pĂ©tales sĂ©chĂ©s Non pas de fleurs mais par angoisse un peu lilas Des tons exquis du sang longtemps assassinĂ© De Marat. Et le blanc portait comment un soleil Le reflet jaunissant des plus calmes peintures La douceur de la mort Et le travail de lui l’huile Ă  des couchants vermeils. Le bleu seul Ă©tait dur comme les yeux des airs L’opaque ciel qui tient la majestĂ© divine PrisonniĂšre en lui ainsi qu’au premier jour Le ciel terrible et pur Ă  la hampe guerriĂšre. Mais surtout la Parole en sortait la criante La violente importante et parole d’effroi Ou parole d’amour lue la premiĂšre fois À haĂŻr, adorer, Ă  laisser ou Ă  prendre. La parole adorĂ©e dans des lettres dorĂ©es Qui font relief en trĂ©buchante maladresse Qui hĂ©sitent comme en souffrant À retourner d’un soc le monde labourĂ©. Paroles feu riant ! Perspectives humaines Ouvertes par les mots Ă©tranges d’un enfant Et l’histoire achevĂ©e les pierres calcinĂ©es À remettre en poussiĂšre et jeter sur les chaĂźnes ! La parole pour plaire Ă  Dieu disait Justice Sur les bois engluĂ©s d’un holocauste fort L’honneur avait rempli le sacrifice Et le drapeau disait : LibertĂ© ou la Mort.
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Pierre Jean Jouve
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HANS : Je suis le dieu de cette femme, entendez-vous ! LE PREMIER JUGE : Chevalier... HANS : Vous en doutez ! Quelle est ta seule pensée, Ondine ? ONDINE : Toi. HANS : Quel est ton pain ? Quel est ton vin ? Quand tu présidais ma table, et que tu levais ta coupe, que buvais-tu ? ONDINE : Toi. HANS : Quel est ton dieu ? ONDINE : Toi. HANS : Vous l'entendez, juges ! Elle pousse l'amour au blasphÚme !
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Giraudoux, Jean (Ondine)
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J'Ă©tais incapable de me dĂ©tacher d'elle. Au sens propre comme au figurĂ©. Elle hantait mes cauchemars la nuit et mes pensĂ©es le jour, altĂ©rant jusqu'au dernier de mes rĂȘves. Je n'Ă©tais plus que dĂ©sir impatient, passion incandescente et soupirs latents. Je la cherchais partout quand elle ne se montrait pas. Elle Ă©tait devenue l'astre qui rĂ©gissait mon corps alangui ; je dĂ©sespĂ©rais d'obtenir l'un de ses regards, l'une de ses caresses. Elle n'Ă©tait pas seulement mon premier amour : elle Ă©tait l'Amour personnifiĂ©. Cupide et vorace, tendre et violent, beau et furieux, cruel et somptueux.
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Tiphaine Bleuvenn (Sylphide)
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Ainsi, j'avais appris comment mon pays avait Ă©tĂ© conquis par la France. On ne m'en avait jamais parlĂ©. Ce n'Ă©tait pas que nos aĂźnĂ©s voulaient dissimuler ce pan de notre histoire peu glorieux mais ils en Ă©taient ignorants. Un coup d'Ă©ventail. Le dey Hussein d'Alger - sorte d'administrateur -, qui gĂ©rait l'AlgĂ©rie pour le compte de l'empire ottoman, avait exigĂ© du reprĂ©sentant du roi Charles X qu'il honore la dette de son pays. À l'Ă©poque, l'AlgĂ©rie Ă©tait le premier exportateur de cĂ©rĂ©ales pour la France. Le reprĂ©sentant de Charles X avait mĂ©prisĂ© Hussein, arguant qu'un sous-fifre ne donnait pas d'ordre au roi de France. Hussein, humiliĂ© et ridiculisĂ© devant sa cour, l'avait souffletĂ© trois fois avec son Ă©ventail. Quelques mois plus tard, Charles X envoyait son armada corriger la piĂštre armĂ©e du Dey Hussein. Battu sans livrer combat, il avait Ă©tĂ© chassĂ© comme un malpropre d'Alger. Quatre-vingt-dix ans plus tard, des hommes comme moi se retrouvaient Ă  porter l'uniforme pour dĂ©fendre cette France qui nous avait mis Ă  genoux.
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Akli Tadjer (d'Amour et de Guerre)
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Cette douleur d'avoir perdu mon premier amour Ce soulagement de ne plus ĂȘtre la prisonniĂšre Ce constat: l'amour n'est qu'un leurre
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Lily Rause (Le jaune des jonquilles)
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- On parle tant du premier amour, hein Marco ? On ment comme pour tout le reste. - C'est ainsi, Modesta, moi non plus je n'aurais jamais imaginĂ©, et malheureusement il faut arriver Ă  notre Ăąge pour le savoir. Tu as vu aujourd'hui sur le pont comme ces jeunes nous regardaient ? J'ai presque eu la tentation de le leur dire, mais ils ne m'auraient pas cru. Non, on ne peut communiquer Ă  personne cette plĂ©nitude de joie que donne l'excitation vitale de dĂ©fier le temps Ă  deux, d'ĂȘtre partenaire dans l'art de le dilater, en le vivant le plus intensĂ©ment possible avant que ne sonne l'heure de la derniĂšre aventure.
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Goliarda Sapienza (L'arte della gioia)
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Ceci est ta vie. Ceci est à toi. Tu peux faire l'exact inventaire de ta maigre fortune, le bilan précis de ton premier quart de siÚcle. Tu as vingt cinq ans et vingt-neuf dents, trois chemises et huit chaussettes, quelques livres que tu ne lis plus, quelques disques que tu n'écoutes plus. Tu n'as pas envie de te souvenir d'autre chose, ni de ta famille, ni de tes études, ni de tes amours, ni de tes amis, ni de tes vacances, ni de tes projets. Tu as voyagé et tu n'as rien rapporté de tes voyages. Tu es assis et tu ne veux qu'attendre, attendre seulement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à attendre : que vienne la nuit, que sonnent les heures, que les jours s'en aillent, que les souvenirs s'estompent.
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Georges Perec (Un homme qui dort)
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Entrez, (m'sieur) dans l'humanité Entrez, m'sieur dans l'humanité! Gagnez la foire aux vanités Hùtez-vous, préparez vos glandes Bousculez femmes et enfants Réclamez vos dividendes Faites main basse sur les premiers rangs Voyez-vous, j'aimerais mieux pas Entrez, m'sieur dans l'humanité! Les langes noués, les lits défaits Amours de pissotiÚre Ou coeurs purs à la boutonniÚre Vautrez-vous en simple appareil Choisissez votre place au soleil Voyez-vous, j'aimerais mieux pas Entrez, m'sieur dans l'humanité! L'échelle est mise, les crasses permises Les dents longues, le sourire douillet Laissez vos frÚres dans la mouise Vous serez sans inconvenance Tartempion, roi de la finance Voyez-vous, j'aimerais mieux pas Entrez, m'sieur dans l'humanité! Le genou sur un prie-Dieu
 (chanson sur une musique de Jacques Dutronc)
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Linda LĂȘ
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Un deuil ne se borne pas, comme on le dit souvent, Ă  envahir les sentiments ; il consiste plutĂŽt en une frĂ©quentation ininterrompue du disparu, comme si ce dernier devenait plus proche. Car la mort ne le rend pas seulement invisible : elle le rend aussi plus accessible Ă  notre regard. Elle nous le vole, mais elle le complĂšte Ă©galement d'une maniĂšre inĂ©dite. DĂšs le moment qui fige pour nos yeux ces contours mouvants qui traduisaient l'action et les changements constants d'une physionomie, celle-ci nous rĂ©vĂšle souvent pour la premiĂšre fois sa quintessence, l'Ă©lĂ©ment que le dĂ©roulement de l'existence ne nous donnait pas le loisir de percevoir totalement. Et cette nouvelle connaissance prend la forme d'une expĂ©rience spontanĂ©ment partagĂ©e comme au temps du contact personnel, elle ne rĂ©sulte pas d'un effort de pensĂ©e dĂ©libĂ©rĂ©, animĂ© par le dĂ©sir de cĂ©lĂ©brer le dĂ©funt ou de trouver consolation. Cette appropriation passionnĂ©e, cette dĂ©couverte pour la premiĂšre fois possible, nulle diversion, nulle autre impression de notre vie ne peut la dĂ©tourner de son cours, il suffit d'Ă©couter le message qui nous parvient de ces lĂšvres muettes : « Écoute ce vent qui souffle! la nouvelle ininterrompue qui se forme dans le silence. » C'est ce qui m'est arrivĂ© durant cet hiver 1926-1927 que Rainer Maria Rilke, dans une lettre Ă©crite de son lit de mort, appelait « un mauvais vent qui souffle ». Alors la bouleversante diffĂ©rence entre survivre et mourir devint mineure. IrrĂ©sistiblement s'imposa la constatation que toute relation humaine tient Ă  la force que nous lui consacrons : toutes ne sont-elles pas, et bien souvent les plus chĂšres, des signes et des images de nos tout premiers Ă©lans amoureux, qui nous ont appris Ă  aimer, avant mĂȘme leur propre naissance? - de mĂȘme que les nuages de l'est brillent grĂące au rayonnement du soleil qui se couche Ă  l'ouest. De leur vivant, nous distinguons mal ceux auxquels nous sommes unis avec le plus d'Ă©clat - d'un Ă©clat qui ne peut cesser de rayonner. Il y a une part de notre amour qui reste enfermĂ©e dans le cercueil, celle que nous pleurons et dont la perte nous endeuille le plus ; et l'autre, qui continue Ă  vivre et Ă  rĂ©agir Ă  tout ce qui nous arrive, en dialogue, une part qui semble toujours sur le point de redevenir rĂ©alitĂ©, parce qu'elle touche Ă  ce qui nous rĂ©unit Ă©ternellement avec la vie et la mort.
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Lou Andreas-Salomé (Rainer Maria Rilke)
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C’était leur secret. Kai comptait plus que quiconque pour Ren. Bien plus que PhƓnix ou qu’Indigo. Personne n’oublie jamais son premier amour, peu importe le temps qui passe et non-dits.
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Myosotis (Vengeance and Legends (Sex, Secrets & Spells #4))
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Puis, la voyant souvent, il avait laissĂ© germer dans son cƓur cette graine, cette petite graine de tendresse qu'elles sĂšment en nous si vite, et qui pousse si grande. Et maintenant, depuis une heure surtout, il commençait Ă  se sentir possĂ©dĂ©, Ă  sentir en lui cette prĂ©sence constante de l'absente qui est le premier signe de l'amour.
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Alfred de Musset (La confession d'un enfant du siĂšcle (French Edition))
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Et cela dure toute la vie : bĂ©bĂ©, enfant, adolescente, lycĂ©enne, Ă©tudiante, salariĂ©e, Ă©pouse, mĂšre de famille, une femme est traitĂ©e comme une femme, jusqu’à ce que le sexe et le genre coĂŻncident parfaitement, selon l’idĂ©al que chaque sociĂ©tĂ© se fixe : serrer les jambes quand on est assise, ne pas parler trop haut, ĂȘtre belle et avoir honte des imperfections de son corps, ne jamais faire le premier pas en amour, brider son ambition professionnelle. À l’issue d’un long enseignement silencieux, les femmes deviennent des crĂ©atures-pour-autrui, oblates empathiques, douloureusement rĂ©flexives, privĂ©es de cette lĂ©gitimitĂ© de naissance que le masculin confĂšre aux hommes. MĂȘme le langage incorpore les apprentissages de genre : aux États-Unis, les femmes ont davantage recours aux protections (I think, sort of, like), aux questions (isn’t it ?) et aux intensifiants (so, really, oh my God), de telle sorte que leur discours apparaĂźt Ă  la fois trivial et dĂ©pourvu d’autoritĂ©.
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Ivan Jablonka (A History of Masculinity)
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Je vous demandais tout Ă  l'heure si vous aviez aimĂ© ; vous m'avez rĂ©pondu comme un voyageur Ă  qui l'on demanderait s'il a Ă©tĂ© en Italie ou en Allemagne, et qui dirait : oui j'y ai Ă©tĂ© ; puis qui penserait Ă  aller en Suisse, ou dans le premier pays venu. Est-ce donc une monnaie que votre amour pour qu'il puisse passer ainsi de main en main jusqu'Ă  la mort ? Non, ce n'est pas mĂȘme une monnaie ; car la plus mince piĂšce d'or vaut mieux que vous, et dans quelque main qu'elle passe, elle garde son effigie.
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Alfred de Musset (On ne badine pas avec l'amour.)
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VoilĂ  pourtant, Madame, voilĂ  le rĂ©cit fidĂšle de ce que vous nommez mes torts, et que peut-ĂȘtre il serait plus juste d'appeler mes malheurs. Un amour pur et sincĂšre, un respect qui ne s'est jamais dĂ©menti, une soumission parfaite: tels sont les sentiments que vous m'avez inspirĂ©s. Je n'eusse pas craint d'en prĂ©senter l'hommage Ă  la DivinitĂ© mĂȘme. Ô vous, qui en ĂȘtes son plus bel ouvrage, imitez-la dans son indulgence! Songez Ă  mes peines cruelles; songez surtout que, placĂ© par vous entre le dĂ©sespoir et la fĂ©licitĂ© suprĂȘme, le premier mot que vous prononcerez, dĂ©cidera pour jamais de mon sort. - Lettre 36
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LACLOS De Choderlos (Les liaisons dangereuses ou lettres recueillies dans une société et publiées pour l'instruction de quelques autres)
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L'Amour engendre l'Amour; lorsque j'ai envie que l'on m'aime, je suis le premier Ă  aimer.
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Gregory Skovoroda
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Le mot « philosophie », en lui-mĂȘme, peut assurĂ©ment ĂȘtre pris en un sens fort lĂ©gitime, qui fut sans doute son sens primitif, surtout s’il est vrai que, comme on le prĂ©tend, c’est Pythagore qui l’employa le premier : Ă©tymologiquement, il ne signifie rien d’autre qu’« amour de la sagesse » ; il dĂ©signe donc tout d’abord une disposition prĂ©alable requise pour parvenir Ă  la sagesse, et il peut dĂ©signer aussi, par une extension toute naturelle, la recherche qui, naissant de cette disposition mĂȘme, doit conduire Ă  la connaissance. Ce n’est donc qu’un stade prĂ©liminaire et prĂ©paratoire, un acheminement vers la sagesse, un degrĂ© correspondant Ă  un Ă©tat infĂ©rieur Ă  celle-ci; la dĂ©viation qui s’est produite ensuite a consistĂ© Ă  prendre ce degrĂ© transitoire pour le but mĂȘme, Ă  prĂ©tendre substituer la « philosophie » Ă  la sagesse, ce qui implique l’oubli ou la mĂ©connaissance de la vĂ©ritable nature de cette derniĂšre. C’est ainsi que prit naissance ce que nous pouvons appeler la philosophie « profane », c’est-Ă -dire une prĂ©tendue sagesse purement humaine, donc d’ordre simplement rationnel, prenant la place de la vraie sagesse traditionnelle, supra-rationnelle et « non-humaine ».
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René Guénon (The Crisis of the Modern World)
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Solo il mio cor piaceami, e col mio core In un perenne ragionar sepolto, Alla guardia seder del mio dolore. Seul me plaisait mon coeur, et d'ĂȘtre enseveli Dans un Ă©change Ă©ternel avec lui, SiĂ©geant Ă  la garde de ma douleur. (il primo amore, le premier amour)
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Giacomo Leopardi (Canti)
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Il est curieux qu'un premier amour, si, par la fragilitĂ© qu'il laisse Ă  notre coeur, il fraye la voie aux amours suivantes, ne nous donne pas des moins, par l'identitĂ© mĂȘme des symptĂŽmes et des souffrances, le moyen de les guĂ©rir.
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Marcel Proust
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La littĂ©rature Ă©rotique a existĂ© dĂšs le vĂ©ritable essor de la littĂ©rature roumaine. Jean BoutiĂšre Ă©voquait dĂ©jĂ  en dans sa biographie de Ion Creangă, considĂ©rĂ© comme un des trois grands classiques roumains, l’existence, pour plusieurs de ses cĂ©lĂšbres contes, parallĂšlement Ă  leur texte « officiel », d’une version plus osĂ©e. Un peu plus tard, durant l’entre-deux-guerres, Gib I. Mihăescu en prose ou Geo Bogza en poĂ©sie publiĂšrent eux aussi des textes « osĂ©s ». La censure communiste interrompit cette tradition pendant de longues annĂ©es. À ce titre, La PoupĂ©e russe est souvent considĂ©rĂ©e comme un livre libĂ©rateur, le premier roman Ă  briser une censure dont l’influence ne se limitait pas Ă  son action administrative. Mircea Cărtărescu, avec Lulu, s’était dĂ©jĂ  avancĂ© dans l’évocation de la sexualitĂ©, envisagĂ©e nĂ©anmoins d’un point de vue souvent psychanalytique, par moments scientifique. Gheorghe Crăciun s’inscrit davantage dans une tradition littĂ©raire de l’érotisme : de son propre, sa mĂ©thode consiste Ă  accumuler des fantasmes, d’oĂč se forment des constellations qu'il appelle « conglomĂ©rats cohĂ©rents », Ă  partir desquels il constitue des romans qui rendent pour lui hommage Ă  l’amour, litote reprise dans le titre du roman de 2010 du mystĂ©rieux Maxim Crocer, Amo(u)r, un de ceux qui illustrent le mieux l’influence d’un auteur fortement nourri de l’histoire littĂ©raire. (PrĂ©face Ă  la traduction française, par Gabrielle Danoux)
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Gheorghe Crăciun (La poupée russe)
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5 mars 1941 (extrait) Je sens s’accroĂźtre mon goĂ»t pour la dĂ©chĂ©ance, et j’y vois–je le comprends mieux aujourd’hui–l’ultime Ă©tape d’un certain niveau de la culture. C’est le livre de Matei Caragiale[Les Seigneurs du Vieux-Castel] qui a rallumĂ© en moi cette conviction que d’autres lectures dĂ©jĂ  avaient Ă©veillĂ©e. AprĂšs « Les Enfants terribles » j’ai fini, hier soir, « Le Grand Meulnes ». ArrivĂ© aux derniĂšres pages, je me demandais avec inquiĂ©tude oĂč je pourrais encore trouver de tels livres. En fait, ce goĂ»t aigre-doux pour la pĂ©riode frĂȘle et pourrie de l’adolescence doit me venir de plus loin, de ma propre adolescence, quand je suis tombĂ© malade, pour m’effilocher entre quinze et vingt ans. C’est de cette Ă©poque-lĂ  que date mon penchant pour la poĂ©sie et pour la solitude, pour les amours qui finissent mal, pour la musique simple, gauche et nostalgique des premiers tangos. Il y a cependant quelque chose de rĂ©confortant dans le livre d’Alain Fournier : son entĂȘtement paysan Ă  poursuivre le mĂȘme fil, sans relĂąche. (p. 70-71)
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Miron Radu Paraschivescu (Journal d'un heretique)
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Le journal d'Éva Heyman n'est pas seulement un tĂ©moignage poignant sur la vie des Juifs de Oradea et de la Transylvanie du Nord pendant les annĂ©es de « nuit et brouillard », retraçant les persĂ©cutions et le systĂšme d'avilissement jusqu'Ă  l'enfermement dans un camp–ghetto avant la dĂ©portation et l'anĂ©antissement Ă  Auschwitz. Il est aussi et surtout le rĂ©cit d'une adolescente douĂ©e, intelligente, qui a su non seulement saisir avec justesse la rĂ©alitĂ© de l'Ă©poque, mais aussi faire part avec pudeur de ses sentiments, de son premier « amour » et de toute une sĂ©rie de considĂ©rations qui Ă©taient dĂ©jĂ  celles d'une jeune adulte, en Ă©voquant sur un ton passionnĂ© son quotidien et ses liens familiaux. (p. 30, prĂ©face de Carol Iancu)
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Éva Heyman (J'ai v??cu si peu : Journal du ghetto d'Oradea by Eva Heyman (2013-05-15))