â
C'est drÎlement dangereux de s'attacher à quelqu'un. C'est incroyable ce que ça peut faire mal. Rien que la peur de perdre l'autre est douloureuse.
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Marc Levy (Le Voleur d'ombres)
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De quoi ai-je peur? De toi, enfin de moi sans toi.
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Mathias Malzieu (La MĂ©canique du cĆur)
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On rĂȘve d'un idĂ©al, on le prie, on l'appelle, on le guette, et puis le jour oĂč il se dessine, on dĂ©couvre la peur de le vivre, celle de ne pas ĂȘtre Ă la hauteur de ses propres rĂȘves, celle encore de les marier Ă une rĂ©alitĂ© dont on devient responsable.
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â
Marc Levy (OĂč es-tu ?)
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- A qui la nuit fait-elle peur ?
- A ceux qui attendent le jour pour voir.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Exister est un fait, vivre est un art. Tout le chemin de la vie, câest passer de lâignorance Ă la connaissance, de la peur Ă lâamour.
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â
Frédéric Lenoir (Petit traité de vie intérieure)
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N'ayez jamais peur de
fermer les vieilles portes,
d'ouvrir de nouvelles portes,
et d'aller découvrir de nouveaux mondes
et explorer de nouveaux horizons.
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Mouloud Benzadi
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Il y a des moments rares dans lâexistence oĂč une porte sâouvre et oĂč la vie vous offre une rencontre que vous nâattendiez plus. Celle de lâĂȘtre complĂ©mentaire qui vous accepte tel que vous ĂȘtes, qui vous prend dans votre globalitĂ©, qui devine et admet vos contradictions, vos peurs, votre ressentiment, votre colĂšre, le torrent de boue sombre qui coule dans votre tĂȘte. Et qui lâapaise. Celui qui vous tend un miroir dans lequel vous nâavez plus peur de vous regarder.
â
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Guillaume Musso (Central Park)
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C'est pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur.
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Ămile Ajar (La vie devant soi)
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L'idiotie est une maladie qui va bien avec la peur. L'une et l,autre s'engraissent mutuellement, créant une gangrÚne qui ne demande qu'à se propager.
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Philippe Claudel (Brodeck)
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Un peu, beaucoup, passionnément. Une femme veut toujours son enfant. Mais elle en a peur quand l'amour rassurant n'est pas là . Cet amour qui pousse les poussettes, qui cueille des noisettes et s'inquiÚte à la premiÚre rougeole.
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Malek Haddad (L'élÚve Et La Leçon)
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Il y a des moments dans lâexistence oĂč une porte sâouvre et oĂč votre vie dĂ©rape dans la lumiĂšre. De rares instants oĂč quelque chose se dĂ©verrouille en vous. Vous flottez en apesanteur, vous filez sur une autoroute sans radar. Les choix deviennent limpides, les rĂ©ponses remplacent les questions, la peur cĂšde la place Ă lâamour. Il faut avoir connu ces moments. Ils durent rarement.
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â
Guillaume Musso (Central Park)
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Non. Tu n'es plus le maĂźtre anonyme du monde, celui sur qui l'histoire n'avait pas de prise, celui qui ne sentait pas la pluie tomber, qui ne voyait pas la nuit venir.Tu n'es plus l'inaccessible, le limpide, le transparent. Tu as peur, tu attends. Tu attends, place Clichy, que la pluie cesse de tomber.
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Georges Perec (Un homme qui dort)
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âą Chaque fois, tu monteras au front, la peur au ventre, le cĆur serrĂ©, sans meilleure arme que ton envie de vivre encore. Chaque fois, tu te diras que, quoi quâil puisse tâarriver Ă prĂ©sent, tous ces moments arrachĂ©s Ă la fatalitĂ© valaient la peine dâĂȘtre vĂ©cus. Et que personne ne pourra jamais te les enlever.
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Guillaume Musso (Central Park)
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Las pieles cambian, pero la amistad de las almas posee reflejos de eternidad.
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Sylvie Folmer (Les Loups: LĂ©gendes, peurs bleues, fables et fantaisies du temps oĂč ils Ă©taient Ă nos portes)
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Lâamour, câest trĂšs compliquĂ©. Câest Ă la fois la plus extraordinaire et la pire chose qui puisse arriver. Vous le dĂ©couvrirez un jour. Lâamour, ça peut faire trĂšs mal. Vous ne devez pas pour autant avoir peur de tomber, et surtout pas de tomber amoureux, car lâamour, câest aussi trĂšs beau, mais comme tout ce qui est beau, ça vous Ă©blouit et ça vous fait mal aux yeux. Câest pour ça que souvent, on pleure aprĂšs.
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Joël Dicker (La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert (Marcus Goldman, #1))
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N'ayons pas peur des mots. Ils n'ont pas peur de nous.
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Jean-Claude CarriĂšre (Les mots et la chose : le grand livre des petits mots inconvenants)
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Puis ce fut la ronde de l'amour: la peur qui donne la main au désir, la tendresse et la rage, et cette souffrance brutale qui suivait, triomphant, le plaisir.
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Françoise Sagan (Bonjour tristesse)
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La peur du lendemain est une plaisanterie comparée a celle de la veille. Et le destin n'est rien qu'un peu de passé en retard.
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Tonino Benacquista
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Tu dis que tu aimes les fleurs et tu leur coupes la queue, tu dis que tu aimes les chiens et tu leur mets une laisse, tu dis que tu aimes les oiseaux et tu les mets en cage, tu dis que tu mâaimes alors moi jâai peur.
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Jean Cocteau
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âą On peut ĂȘtre avec quelquâun pour fuir sa solitude, on peut partager son quotidien pour digĂ©rer une rupture en continuant dâentretenir le souvenir dâun autre. On peut parler Ă quelquâun en Ă©coutant la voix dâun autre, regarder quelquâun dans les yeux en voyant ceux dâun autre.
â
â
Marc Levy (Un sentiment plus fort que la peur)
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Nous accueillons la peur, lui avait-il dit. Nous saluons ce visiteur inopinĂ© et Ă©coutons ce quâil a Ă nous raconter. Quand la peur est lĂ , câest que quelque chose va arriver. (pĂšre d'Inej)
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Leigh Bardugo (La Cité corrompue (Six of Crows, #2))
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Il ne sert Ă rien de regretter sa jeunesse,
Ni de maudire la vieillesse,
Ni d'avoir peur de la mort,
Ta vie, c'est la journée que tu es en train de vivre,
Rien d'autre. Alors divertis-toi, sois heureux,
Et sois prĂȘt Ă partir.
(p.424)
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Amin Maalouf (OrĂgenes)
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La foi n'est pas la peur. Le suicide n'est pas une solution. L'Ă©preuve est un dĂ©fi. La rĂ©sistance est un devoir, pas une obligation. Garder sa dignitĂ© est un impĂ©ratif absolu. C'est ça : la dignitĂ©, c'est ce qui me reste, ce qui nous reste. Chacun fait ce qu'il peut pour que sa dignitĂ© ne soit pas atteinte. VoilĂ ma mission. Rester debout, ĂȘtre un homme, jamais une loque, une serpillĂšre, une erreur.
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Tahar Ben Jelloun (ŰȘÙÙ Ű§ÙŰčŰȘÙ
Ű© ۧÙۚۧÙ۱۩)
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quel guillochis oeuvre par la providence que la vie de l'homme! par combien de voies secretes et contraires les circonstances diverses ne precipitent-elles pas nos affections! aujourd'hui nous aimons ce que demain nous hairons,aujourd'hui nous recherchons ce que nous fuirons demain,aujourd'hui nous desirons ce que demain nous fera peur...
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Daniel Defoe (Robinson Crusoe.)
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Je parle de millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, le larbinisme.
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Aimé Césaire
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Comment se réjouir de la victoire sur un ennemi hideux si pour le vaincre il a fallu devenir comme lui?
("La peur des barbares")
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Tzvetan Todorov
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la peur a été cent fois pire que le mal.
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Stendhal (La Chartreuse de Parme)
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Rien n'est aussi fort que la peur, dit-il avec regret. C'est la consĂ©quence de lois objectives et immuables. Vivre, c'est ĂȘtre vulnĂ©rable. Aimer, c'est avoir peur.
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Marina Diatchenko (Vita Nostra (Les métamorphoses, #1))
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Ce fut une jouissance mĂȘlĂ©e de remords, une de ces jouissances de catholique que la peur de l'enfer aiguillonne dans le pĂ©chĂ©.
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Ămile Zola (Nana)
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Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait - Estienne; C'est de quoi j'ai le plus de peur que la peur - Montaigne; (...) L'histoire, cette vieille dame exaltée et menteuse - de Maupassant.
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Margaret Atwood (The Blind Assassin)
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Maintenant tu n'as plus de refuges. Tu as peur, tu attends que tout s'arrĂȘte, la pluie, les heures, le flot des voitures, la vie, les hommes, le monde, que tout s'Ă©croule, les murailles, les tours, les planchers et les plafonds; que les hommes et les femmes, les vieillards et les enfants, les chiens, les chevaux, les oiseaux, un Ă un, tombent Ă terre, paralysĂ©s, pestifĂ©rĂ©s, Ă©pileptiques; que le marbre s'effrite, que le bois se pulvĂ©rise, que les maisons s'abattent en silence, que les pluies diluviennes dissolvent les peintures, disjoignent les chevilles des armoires centenaires, dĂ©chiquettent les tissus, fassent fondre l'encre des journaux; q'un feu sans flammes ronge les marches des escaliers; que les rues s'effondrent en leur exact milieu, dĂ©couvrant le labyrinthe bĂ©ant des Ă©gouts; que la rouille et la brume envahissent la ville.
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Georges Perec (Un homme qui dort)
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L'ignorance mÚne à la peur, la peur mÚne à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l'équation.
Ignorance leads to fear and fear leads to hate and hate leads to violence. And that's the equation.
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ibn Rushd
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Le souvenir de cette nuit me hante encore, comme celui d'un moment d'intimitĂ© oĂč nous chassions la mort; je savais dĂ©jĂ qu'aucune autre compagne de m'offrirait semblable Ă©treinte, et cette pensĂ©e me fit peur.
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Marc Levy (Le premier jour)
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Tu finiras sĂ»rement par le trouver le truc qui leur fait si peur, Ă eux tous, Ă tous ces salauds lĂ , autant qu'ils sont et qui doit ĂȘtre au bout de la nuit, et c'est pour ça qu'ils n'y vont pas, au bout de la nuit.
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Louis-Ferdinand Céline (Journey to the End of the Night)
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Je ne connaĂźtrai pas la peur car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit Ă l'oblitĂ©ration totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passĂ©e, je tournerai mon Ćil intĂ©rieur sur son chemin. Et lĂ oĂč elle sera passĂ©e, il n'y aura plus rien. Rien que moi.
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Frank Herbert
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Si tu as peur de te faire mal, tu augmentes les chances, justement, de te faire mal. Regarde les funambules, tu crois qu'ils pensent au fait qu'ils vont peut-ĂȘtre tomber lorsqu'ils marchent sur la corde raide ? Non, ils acceptent ce risque, et goĂ»tent le plaisir que braver le danger leur procure. Si tu passes ta vie Ă faire attention de ne rien te casser, tu vas terriblement t'ennuyer tu sais...
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Mathias Malzieu (La MĂ©canique du cĆur)
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Je sens en moi quelque chose de trouble qui me fait peur, une violence qui mâĂ©puise. Mais jâaccepte la grande aventure dâĂȘtre moi.
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Simone de Beauvoir
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Ă cette heure, elle voulut le mal, le mal que personne ne commet, le mal qui allait emplir son existence vide et la mettre enfin dans cet enfer dont elle avait toujours peur.
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Ămile Zola (La CurĂ©e)
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C'est vrai, la vie est comme ça...
TantÎt un tourbillon qui nous émerveille, comme un tour de manÚge pendant l'enfance.
TantÎt un tourbillon d'amour et d'ivresse, lorsqu'on s'endort dans les bras l'un de l'autre dans un lit trop étroit puis qu'on prend son petit déjeuner à midi parce qu'on a fait l'amour longtemps.
TantĂŽt un tourbillon dĂ©vastateur, un typhon violent qui cherche Ă nous entraĂźner vers le fnd lorsque, pris par la tempĂȘte dans une coquille de noix, on comprend qu'on sera seul pour affronter la vague.
Et que l'on a peur.
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Guillaume Musso (Que serais-je sans toi?)
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L'homme lutte contre la peur mais, contrairement Ă ce qu'on rĂ©pĂšte toujours, cette peur n'est pas celle de la mort, car la peur de la mort, tout le monde ne l'Ă©prouve pas, certains n'ayant aucune imagination, d'autres se croyant immortels, d'autres encore espĂ©rant des rencontres merveilleuses aprĂšs leur trĂ©pas ; la seule peur universelle, la peur unique, celle qui conduit toutes nos pensĂ©es, car la peur de n'ĂȘtre rien. Parce que chaque individu a Ă©prouvĂ© ceci, ne fĂ»t-ce qu'une seconde au cours d'une journĂ©e : se rendre compte que, par nature, ne lui appartient aucune des identitĂ©s qui le dĂ©finissent, qu'il aurait pu ne pas ĂȘtre dotĂ© de ce qui le caractĂ©rise, qu'il s'en est fallu d'un cheveu qu'il naisse ailleurs, apprenne une autre langue, reçoive une Ă©ducation religieuse diffĂ©rente, qu'on l'Ă©lĂšve dans une autre culture, qu'on l'instruise dans une autre idĂ©ologie, avec d'autres parents, d'autres tuteurs, d'autres modĂšles. Vertige !
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Ăric-Emmanuel Schmitt
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Les maniĂšres de souffrir:
Il y a la peur. La peur est terrible et le silence qui la noie encore plus.
Il y a la colĂšre, l'enragement quand j'ai cognĂ© ma tĂȘte sur le mur de ma chambre.
Il y a parfois la pitié qui me donne les yeux d'une fourmi.
Et puis la tristesse qui est triste et qui dure.
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Ălise Turcotte (Guyana)
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Je n'Ă©tais pas habituĂ©e au confort, aux rentrĂ©es d'argent fixes, je vivotais dĂ©jĂ en marge. La pauvretĂ© et le manque ne me faisaient pas peur, l'Ă©chec non plus. Tout perdre, je sais ce que ça fait. Ouvrir les yeux Ă vingt ans a Ă©tĂ© mon grand avantage. Au fond, le monde appartient Ă ceux qui rĂȘvent tĂŽt.
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Sarah Gysler (Petite)
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Mais Colin ne savait pas, il courait, il avait peur, pourquoi ça ne suffit pas de toujours rester ensemble, il faut encore quâon ait peur, peut-ĂȘtre est-ce un accident, une auto lâa Ă©crasĂ©e, elle serait sur son lit, je ne pourrais la voir, ils mâempĂȘcheraient dâentrer, mais vous croyez donc peut-ĂȘtre que jâai peur de ma ChloĂ©, je la verrai malgrĂ© vous, mais non, Colin, nâentre pas. Elle est peut-ĂȘtre blessĂ©e, seulement, alors, il nây aura rien du tout, demain, nous irons ensemble au Bois, pour revoir le banc, jâavais sa main dans la mienne et ses cheveux prĂšs des miens, son parfum sur lâoreiller. Je prends toujours son oreiller, nous nous battrons encore le soir, le mien, elle le trouve trop bourrĂ©, il reste tout rond sous sa tĂȘte, et moi, je le reprends aprĂšs, il sent lâodeur de ses cheveux.
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Boris Vian (L'Ăcume des jours)
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Nos vies sont les mĂȘmes. Nos vies se dĂ©battent, crient dans la nuit, hurlent et tremblent de peur. Infiniment nous cherchons un abri. Un lieu oĂč le vent siffle moins fort. Un endroit oĂč aller. Et cet abri est un visage, et ce visage nous suffit.
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â
Olivier Adam
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Que ceux qui n'ont jamais eu peur d'avoir un enfant anormal lÚvent la main. Personne n'a levé la main. Tout le monde y pense, comme on pense à un tremblement de terre, comme on pense à la fin du monde, quelque chose qui n'arrive qu'une fois. J'ai eu deux fins du monde.
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Jean-Louis Fournier (Where We Going, Daddy? Life with Two Sons Unlike Any Other)
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Si nous n'avions pas peur de la mort , je ne crois pas que serait jamais née l'idée d'immortalité.
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Bertrand Russell (Why I Am Not a Christian and Other Essays on Religion and Related Subjects)
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Personne ne pouvait imaginer qu'il lui arrivait d'avoir peur de ce bonheur, peur qu'il puisse contenir la menace du malheur.
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David Foenkinos (Delicacy)
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C'est des hommes et d'eux seulement qu'il faut avoir peur, toujours.
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Louis-Ferdinand Céline (Voyage au bout de la nuit)
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LUC
Peureux
C't une fille
TI-JACQUES
Une fille
Une fille
C'est pas une raison pour pas avoir peur
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Fabien Cloutier (La guerre des tuques)
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Tu as lâĂąge de comprendre, mais pas de tout voir.
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Adam Roy (Peur Sur La Ville. Lire En Francais Facile A1/A2 (French Edition))
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Lâamour, aussi bien que le feu, ne peut subsister sans un mouvement continuel, et il cesse de vivre dĂšs quâil cesse dâespĂ©rer ou de craindre.
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François de La Rochefoucauld
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Comment oublier le monde? Peut-on chercher le bonheur quand tout parle de destruction? Le monde est jaloux, il vient vous prendre, il vient vous retrouver lĂ oĂč vous ĂȘtes, au fond d'un ravin, il fait entendre sa rumeur de peur et de haine, il mĂȘle sa violence Ă tout ce qui vous entoure, il transforme la lumiĂšre, la mer, le vent, mĂȘme les cris des oiseaux. Le monde est dans votre coeur alors, sa douleur vous rĂ©veille de votre rĂȘve et vous dĂ©couvrez que la terre mĂȘme oĂč vous avez voulu crĂ©er votre royaume vous expulse et vous jette Ă la mer.
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J.M.G. Le Clézio
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La postĂ©ritĂ© n'a jamais rendu l'Ă©treinte des tombes moins dure. Elle a juste le mĂ©rite de modĂ©rer notre peur de la mort puisqu'il n'y a pas de thĂ©rapie mieux appropriĂ©e Ă notre inexorable finitude que l'illusion d'une belle Ă©ternitĂ©. .. Cependant, il en existe une qui me tient Ă cĆur : la mĂ©moire d'une nation Ă©clairĂ©e. c'est la seule postĂ©ritĂ© qui me fasse rĂȘver.
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Yasmina Khadra (Ce que le jour doit Ă la nuit)
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Encore sous le choc, nous étions en train de comprendre que faire ce que nous avions toujours fait pouvait désormais nous valoir une condamnation, qu'il suffisait d'une blague, d'un bon mot, d'une seule phrase, pour que la police déboule à l'aube et nous embarque. Face au vague et à l'immensité de cette menace nouvelle, il ne nous restait que la peur, une peur muette, collective.
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Ahmet Altan (Madame Hayat)
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JâĂ©cris donc dâici, de chez les invendues, les tordues, celles qui ont le crĂąne rasĂ©e, celles qui ne savent pas sâhabiller, celles qui ont peur de puer, celles qui ont les chicots pourris, celles qui ne savent pas sây prendre, celles Ă qui les hommes ne font pas de cadeau, celles qui baiseraient nâimporte qui voulant bien dâelles, les grosses putes, les petites salopes, les femmes Ă chatte toujours sĂšche, celles qui ont un gros bides, celles qui voudraient ĂȘtre des hommes, celles qui se prennent pour des hommes, celles qui rĂȘvent de faire hardeuses, celles qui nâen ont rien Ă foutre des mecs mais que leurs copines intĂ©ressent, celles qui ont un gros cul, celles qui ont les poils drus et bien noirs et qui ne vont pas se faire Ă©piler, les femmes brutales, bruyantes, celles qui cassent tout sur leur passage, celles qui nâaiment pas les parfumeries, celles qui se mettent du rouge trop rouge, celles qui sont trop mal foutues pour pouvoir se saper comme des chaudasses mais qui en crĂšvent dâenvie, celles qui veulent porter des fringues dâhommes et la barbe dans la rue, celles qui veulent tout montrer, celles qui sont pudiques par complexe, celles qui ne savent pas dire non, celles quâon enferme pour les mater, celles qui font peur, celles qui font pitiĂ©, celles qui ne font pas envie, celles qui ont la peau flasque, des rides plein la face, celles qui rĂȘvent de se faire lifter, liposucer, pĂ©ter le nez pour le refaire mais qui nâont pas lâargent pour le faire, celles qui ne ressemblent Ă rien, celles qui ne comptent que sur elles-mĂȘmes pour se protĂ©ger, celles qui ne savent pas ĂȘtre rassurantes, celles qui sâen foutent de leurs enfants, celles qui aiment boire jusquâĂ se vautrer par terre dans les bars, celles qui ne savent pas se tenir.
â
â
Virginie Despentes (King Kong théorie)
â
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai compris qu'en toutes circonstances,
JâĂ©tais Ă la bonne place, au bon moment.
Et alors, j'ai pu me relaxer.
Aujourd'hui je sais que cela s'appelle...
l'Estime de soi.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai pu percevoir que mon anxiĂ©tĂ© et ma souffrance Ă©motionnelle
NâĂ©taient rien d'autre qu'un signal
Lorsque je vais Ă l'encontre de mes convictions.
Aujourd'hui je sais que cela s'appelle... l'Authenticité.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
J'ai cessé de vouloir une vie différente
Et j'ai commencé à voir que tout ce qui m'arrive
Contribue Ă ma croissance personnelle.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Maturité.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai commencĂ© Ă percevoir l'abus
Dans le fait de forcer une situation ou une personne,
Dans le seul but d'obtenir ce que je veux,
Sachant trĂšs bien que ni la personne ni moi-mĂȘme
Ne sommes prĂȘts et que ce n'est pas le moment...
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... le Respect.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai commencĂ© Ă me libĂ©rer de tout ce qui n'Ă©tait pas salutaire, personnes,
situations, tout ce qui baissait mon énergie.
Au début, ma raison appelait cela de l'égoïsme.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Amour propre.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai cessĂ© d'avoir peur du temps libre
Et j'ai arrĂȘtĂ© de faire de grands plans,
Jâai abandonnĂ© les mĂ©ga-projets du futur.
Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aime
Quand cela me plait et Ă mon rythme.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Simplicité.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai cessĂ© de chercher Ă avoir toujours raison,
Et je me suis rendu compte de toutes les fois oĂč je me suis trompĂ©.
Aujourd'hui, j'ai découvert ... l'Humilité.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai cessĂ© de revivre le passĂ©
Et de me préoccuper de l'avenir.
Aujourd'hui, je vis au présent,
LĂ oĂč toute la vie se passe.
Aujourd'hui, je vis une seule journée à la fois.
Et cela s'appelle... la Plénitude.
Le jour oĂč je me suis aimĂ© pour de vrai,
Jâai compris que ma tĂȘte pouvait me tromper et me dĂ©cevoir.
Mais si je la mets au service de mon coeur,
Elle devient une alliée trÚs précieuse !
Tout ceci, c'est... le Savoir vivre.
Nous ne devons pas avoir peur de nous confronter.
Du chaos naissent les étoiles.
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Charlie Chaplin
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Il est facile de choisir les rideaux les plus jolis, les meubles les plus parfaits, de faire les seuls mouvements dâappareil possibles, si lâon sait dâavance que Jâon est douĂ© pour ça. De la part dâun artiste, trop bien se connaĂźtre, câest un peu cĂ©der Ă la facilitĂ©.
Ce qui est difficile, au contraire, câest dâavancer en terre inconnue, de reconnaĂźtre le danger, de prendre des risques, dâavoir peur.
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Jean-Luc Godard (Les années Cahiers)
â
La VĂ©ritĂ© n'a pas de sentier, et c'est cela sa beautĂ© : elle est vivante. Une chose morte peut avoir un sentier menant Ă elle, car elle est statique. Mais lorsque vous voyez que la vĂ©ritĂ© est vivante, mouvante, qu'elle n'a pas de lieu oĂč se reposer, qu'aucun temple, aucune mosquĂ©e ou Ă©glise, qu'aucune religion, qu'aucun maĂźtre ou philosophe, bref que rien ne peut vous y conduire . alors vous verrez aussi que cette chose vivante est ce que vous ĂȘtes en toute rĂ©alitĂ© : elle est votre colĂšre, votre brutalitĂ©, votre violence, votre dĂ©sespoir. Elle est l'agonie et la douleur que vous vivez. La vĂ©ritĂ© est en la comprĂ©hension de tout cela, vous ne pouvez le comprendre qu'en sachant le voir dans votre vie. Il est impossible de le voir Ă travers uneidĂ©ologie, Ă travers un Ă©cran de mots, Ă travers l'espoir et la peur.
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J. Krishnamurti (Freedom from the Known)
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L'action, pour certains hommes, est d'autant plus impraticable que le dĂ©sir est plus fort. La mĂ©fiance d'eux-mĂȘmes les embarrasse, la crainte de dĂ©plaire les Ă©pouvante; dâailleurs, les affections profondes ressemblent aux honnĂȘtes femmes; elles ont peur dâĂȘtre dĂ©couvertes, et passent dans la vie les yeux baissĂ©s.
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Gustave Flaubert (Sentimental Education)
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voici maintenant ma vieille angoisse, là , au creux de mon corps, comme une mauvaise blessure que chaque mouvement irrite. Je connais son nom. Elle est peur de la solitude éter-nelle, crainte qu'il n'y ait pas de réponse.
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Albert Camus
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N'ayez jamais peur de la vie, n'ayez jamais peur de l'aventure, faites confiance au hasard, à la chance, à la destinée. Partez, allez conquérir d'autres espaces, d'autres espérances. Le reste vous sera donné de surcroßt.
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Henry de Monfreid
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La mort ? Un rendez-vous inĂ©luctable et Ă©ternellement manquĂ© puisque sa prĂ©sence signifiait notre absence. Elle s'installe Ă l'instant oĂč nous cessons d'ĂȘtre. C'est elle ou nous. Nous pouvons en toute conscience aller au-devant d'elle, mais pouvons-nous la connaĂźtre, ne fĂ»t-ce que le temps d'un Ă©clair ? J'allais ĂȘtre Ă tout jamais sĂ©parĂ©e de qui j'aimais le mieux au monde. Le "jamais plus" Ă©tait Ă notre porte. Je savais que nul lien, sauf mon amour, ne nous relierait . Si certaines cellules plus subtiles que l'on appelle Ăąme continuent Ă exister, je me disais qu'elles ne pouvaient ĂȘtre douĂ©es de mĂ©moire et que notre sĂ©paration serait Ă©ternelle. Je me rĂ©pĂ©tais que la mort n'est rien, que seules la peur, la souffrance physique et la douleur de quitter ceux que l'on aime ou l'oeuvre entreprise rendent son approche atroce et que cela te serait Ă©pargnĂ©. Mais ne plus ĂȘtre prĂ©sent au monde !
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Anne Philipe (Le Temps d'un Soupir)
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Il y a des personnes Ă qui on n'ose donner d'autres marques de la passion qu'on a pour elles que par les choses qui ne les regardent point ; et, n'osant leur faire paraĂźtre qu'on les aime, on voudrait du moins qu'elles vissent que l'on ne veut ĂȘtre aimĂ© de personne. L'on voudrait qu'elles sussent qu'il n'y a point de beautĂ©, dans quelques rang qu'elle pĂ»t ĂȘtre, que l'on ne regardĂąt avec indiffĂ©rence, et qu'il n'y a point de couronne que l'on voulĂ»t acheter au prix de ne les voir jamais. Les femmes jugent d'ordinaire de la passion qu'on a pour elles, continua-t-il, par le soin qu'on prend de leur plaire et de les chercher ; mais ce n'est pas une chose difficile pour peu qu'elles soient aimables ; ce qui est difficile, c'est de ne s'abandonner pas au plaisir de les suivre ; c'est de les Ă©viter, par peur de laisser paraĂźtre au public, et quasi Ă elles-mĂȘmes, les sentiments que l'on a pour elles.
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Madame de La Fayette (Madame de La Fayette: la princesse de ClĂšves)
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Quand je panique la mĂ©canique de mon cĆur dĂ©raille au point que je me prends pour une locomotive Ă vapeur dont les roues dĂ©collent dans les virages. Je voyage sur les rails de ma propre peur. De quoi ai-je peur ? De toi, enfin de moi sans toi.
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Mathias Malzieu
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Mais surtout, surtout Jonathan, un matin oĂč passait le facteur, un petit matin gros et froid, un matin oĂč il ouvrait sa grande sacoche jaune et pleine; soufflant de la buĂ©e en cherchant le courrier, j'ai ressenti un frisson qui a couru tout mon corps et m'a effarĂ©e. Un frisson qui m'a gelĂ©e sur place, un frisson qui s'est transformĂ© en Ă©clair et m'a foudroyĂ© la nuque : j'ai compris que j'attendais vos lettres, j'attendais vos mots, j'attendais vos descriptions d'auberges, de routes, de famille française, de soupe au chou...
J'étais en train de vous attendre.
J'allais donc souffrir de vous.
Et je ne veux plus souffrir Jonathan.
En ce mois de décembre, j'ai couru à Paris, j'ai couru dans Fécamps, j'ai couru dans ma maison, j'ai couru dans la librairie pour me sauver de vous, vous abandonner sur vos petites routes aux arbres secs et noirs.
J'avais peur
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Katherine Pancol (Un homme Ă distance)
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Notre plus grande peur est la peur d'aimer. Toute souffrance a commencé par l'amour ; l'amour bafoué, renié, ignoré. L'abandon ou les cris dans une chambre d'enfant.
Si c'est cette peur qui nous fait souhaiter construire un univers oĂč nous n'aurons plus peur - oĂč rĂ©gnera une atmosphĂšre de sĂ©curitĂ©- , alors l'impulsion crĂ©atrice n'est pas la bonne. Si c'est la peur qui nous fait rĂȘver d'un monde sans violence, nous y programmons aussitĂŽt la violence.
"Qui préfÚre la sécurité à la liberté aura vite fait de perdre les deux."
Il faut sortir de l'illusion sécurisante.
L'amour, par nature, met en danger. L'amour nous emporte au large, loin des estuaires et des ports de plaisance. Il décoiffe les anxieux, les craintifs, les inquiets. (p. 79-80)
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Christiane Singer (N'oublie pas les chevaux écumants du passé)
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La guerre est la soumission la plus difficile de la libertĂ© de l'homme aux lois de Dieu. La simplicitĂ© est la soumission Ă Dieu. On n'Ă©chappe pas Ă lui. Et EUX ils ne parlent pas, ils agissent. La parole prononcĂ©e est d'argent, celle qui n'est pas prononcĂ©e est d'or. L'homme n'a pouvoir sur rien tant qu'il a peur de la mort. Et celui qui n'a pas peur de la mort possĂšde tout. Si la souffrance n'existait pas, l'homme ne se connaĂźtrait pas de limites, il ne se connaĂźtrait pas lui-mĂȘme. (Guerre et Paix, livre troisiĂšme, 3Ăšme partie, ch. IX)
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Leo Tolstoy
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Ăa m'a pris presque un an pour rĂ©aliser qu'elle n'est nulle part, l'aventure. L'aventure ne se trouve pas dans un livre, un guide ou une expĂ©dition prĂ©vue pour ça. L'aventure est une porte qui s'ouvre par en-dedans. Le reste dĂ©pend de vous. Ăa peut se passer Ă Bombay, Ă Brossard ou dans la prison de Tanguay. L'aventure dĂ©bute avec la fin de la peur: de la peur de rire quand on doit se taire; de la peur de fuir quand on doit plaire; de la peur d'ĂȘtre nu, ridicule et vulnĂ©rable, mort; de la peur de se tromper; de la peur d'Ă©chouer. Se placer volontairement les pieds dans les plats? Pourquoi pas! Se confronter Ă une tĂąche impossible Ă rĂ©aliser? Kick ass, baby! L'aventure a la tĂȘte dure. L'aventure n'apprend pas de ses erreurs, sinon qu'elle n'en a jamais assez commises. Et toujours, l'aventure prend des fucking de drĂŽles de tournures. MĂȘme que, parfois, elle commence oĂč on croit qu'elle finit...
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Bruno Blanchet
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Le chien est un animal si difforme, dâun caractĂšre si dĂ©sordonnĂ©, que de tout temps il a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme un monstre, nĂ© et formĂ© en dĂ©pit de toutes les lois. En effet, lorsque le repos est lâĂ©tat naturel, comment expliquer quâun animal soit toujours remuant, affairĂ©, et cela sans but ni besoin, lors mĂȘme quâil est repu et nâa point peur ? Lorsque la beautĂ© consiste universellement dans la souplesse, la grĂące et la prudence, comment admettre quâun animal soit toujours brutal, hurlant, fou, se jetant au nez des gens, courant aprĂšs les coups de pied et les rebuffades ? Lorsque le favori et le chef-dâoeuvre de la crĂ©ation est le chat, comment comprendre quâun animal le haĂŻsse, coure sur lui sans en avoir reçu une seule Ă©gratignure, et lui casse les reins sans avoir envie de manger sa chair ?
Ces contrariĂ©tĂ©s prouvent que les chien sont des damnĂ©s ; trĂšs certainement les Ăąmes coupables et punies passent dans leurs corps. Elles y souffrent : câest pourquoi ils se tracassent et sâagitent sans cesse. Elles ont perdu la raison : câest pourquoi ils gĂątent tout, se font battre, et sont enchaĂźnĂ©s les trois quarts du jour. Elles haĂŻssent le beau et le bien : câest pourquoi ils tĂąchent de nous Ă©trangler.
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Hippolyte Taine
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Elle venait de se rendre compte qu'il existe deux choses qui empĂȘchent une personne de rĂ©aliser ses rĂȘves : croire qu'ils sont irrĂ©alisables, ou bien, quand la roue du destin tourne Ă l'improviste, les voir se changer en possible au moment oĂč l'on s'y attend le moins. En effet, en ce cas surgit la peur de s'engager sur un chemin dont on ne connaĂźt pas l'issue, dans une vie tissĂ©e de dĂ©fis inconnus, dans l'Ă©ventualitĂ© que les chose auxquelles nous sommes habituĂ©es disparaissent Ă jamais.
Les gens veulent tout changer, et , en mĂȘme temps, souhaitent que tout continue uniformĂ©ment."
(Le Démon et mademoiselle Prym)
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Paulo Coelho
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LE PRINCE
Est-ce de lâĂ©poux ou de lâamant que vous avez peur ?
LAURETTE
Câest de la nuit.
LE PRINCE
Elle est perfide aussi, mais elle est discrĂšte. Quâoserez-vous lui confier ?... La rĂ©ponse au billet ?
LAURETTE
Quâen dirait-elle ?
LE PRINCE
Elle nâen laissera rien voir Ă lâĂ©poux.
Elle lui donne le billet ; il le déchire.
Ne la craignez pas, Laurette. Le secret dâune jeune fiancĂ©e est fait pour la nuit ; elle seule renferme les deux grands secrets du bonheur : le plaisir et lâoubli.
LAURETTE
Mais le chagrin ?
LE PRINCE
Câest une rĂ©flexion ; et il est si facile de la perdre !
LAURETTE
Est-ce aussi un secret ?
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Alfred de Musset (La nuit vénitienne)
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- Toi d'abord.
- Non, toi.
- Pourquoi ?
- J'ai peur.
- Peur de quoi Sassenach ?
- De ne plus pouvoir m'arrĂȘter de le dire.
Il lança un regard vers la ligne d'horizon oĂč se levait la faucille de la lune.
- C'est bientĂŽt l'hiver et les nuits rallongent, mo duinne.
SerrĂ©e contre lui, je sentais son cĆur battre.
- Je t'aime.
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Diana Gabaldon (Outlander (Outlander, #1))
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Ils niaient tranquillement, contre toute eÌvidence, que nous ayons jamais connu ce monde insenseÌ ouÌ le meurtre dâun homme eÌtait aussi quotidien que celui des mouches, cette sauvagerie bien deÌfinie, ce deÌlire calculeÌ, cet emprisonnement qui apportait avec lui une affreuse liberteÌ aÌ lâeÌgard de tout ce qui nâeÌtait pas le preÌsent, cette odeur de mort qui stupeÌfiait tous ceux quâelle ne tuait pas, ils niaient enfin que nous ayons eÌteÌ ce peuple abasourdi dont tous les jours une par- tie, entasseÌe dans la gueule dâun four, sâeÌvaporait en fumeÌes grasses, pendant que lâautre, chargeÌe des chaiÌnes de lâimpuissance et de la peur, attendait son tour.
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Albert Camus (The Plague)
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Tout ce qui est tissĂ© de l'ombre de la nuit est parĂ© d'un charme inĂ©galable aux yeux des ĂȘtres de MortalitĂ©. Pourquoi pas ? Nous aimons ce qui nous fait peur, ĂȘtres de chair et de sang dans un monde aux angles durs, ĂȘtres d'Ăąme et d'esprit dans un univers sans lignes droites. Nous aimons ce qui nous dĂ©tourne du chemin d'Ă©pine de nos vies rigides, la transgression et le doute ; eh oui, mĂȘme cette douleur qui nous vient parfois de marcher sur les chemins escarpĂ©s de la noirceur de nos propres veines, nous l'aimons.
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Léa Silhol
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- Offre ton identité au Conseil, jeune apprentie.
La voix Ă©tait douce, lâordre sans appel.
- Je mâappelle Ellana Caldin.
- Ton Ăąge.
Ellana hĂ©sita une fraction de seconde. Elle ignorait son Ăąge exact, se demandait si elle nâavait pas intĂ©rĂȘt Ă se vieillir. Les apprentis quâelle avait discernĂ©s dans lâassemblĂ©e Ă©taient tous plus ĂągĂ©s quâelle, le Conseil ne risquait-il pas de la considĂ©rer comme une enfant ? Les yeux noirs dâEhrlime fixĂ©s sur elle la dissuadĂšrent de chercher Ă la tromper.
- Jâai quinze ans.
Des murmures Ă©tonnĂ©s sâĂ©levĂšrent dans son dos.
Imperturbable, Ehrlime poursuivit son interrogatoire.
- Offre-nous le nom de ton maĂźtre.
- Jilano AlhuĂŻn.
Les murmures, qui sâĂ©taient tus, reprirent. Plus marquĂ©s, Ehrlime leva une main pour exiger un silence quâelle obtint immĂ©diatement.
- Jeune Ellana, je vais te poser une sĂ©rie de questions. A ces questions, tu devras rĂ©pondre dans lâinstant, sans rĂ©flĂ©chir, en laissant les mots jaillir de toi comme une cascade vive. Les mots sont un cours dâeau, la source est ton Ăąme. Câest en remontant tes mots jusquâĂ ton Ăąme que je saurai discerner si tu peux avancer sur la voie des marchombres. Es-tu prĂȘte ?
- Oui.
Une esquisse de sourire traversa le visage ridĂ© dâEhrlime.
- Quây a-t-il au sommet de la montagne ?
- Le ciel.
- Que dit le loup quand il hurle ?
- Joie, force et solitude.
- Ă qui sâadresse-t-il ?
- Ă la lune.
- OĂč va la riviĂšre ?
LâanxiĂ©tĂ© dâEllana sâĂ©tait dissipĂ©e. Les questions dâEhrlime Ă©taient trop imprĂ©vues, se succĂ©daient trop rapidement pour quâelle ait dâautre solution quây rĂ©pondre ainsi quâon le lui avait demandĂ©. Impossible de tricher. Cette Ă©vidence se transforma en une onde paisible dans laquelle elle sâimmergea, laissant Ehrlime remonter le cours de ses mots jusquâĂ son Ăąme, puisque câĂ©tait ce quâelle dĂ©sirait.
- Remplir la mer.
- Ă qui la nuit fait-elle peur ?
- Ă ceux qui attendent le jour pour voir.
- Combien dâhommes as-tu dĂ©jĂ tuĂ©s ?
- Deux.
- Es-tu vent ou nuage ?
- Je suis moi.
- Es-tu vent ou nuage ?
- Vent.
- Méritaient-ils la mort ?
- Je lâignore.
- Es-tu ombre ou lumiĂšre ?
- Je suis moi.
- Es-tu ombre ou lumiĂšre ?
- Les deux.
- OĂč se trouve la voie du marchombre ?
- En moi.
Ellana sâexprimait avec aisance, chaque rĂ©ponse jaillissant dâelle naturellement, comme une expiration aprĂšs une inspiration. FluiditĂ©. Le sourire sur le visage dâEhrlime Ă©tait revenu, plus marquĂ©, et une pointe de jubilation perçait dans sa voix ferme.
- Que devient une larme qui se brise ?
- Une poussiĂšre dâĂ©toiles.
- Que fais-tu devant une riviĂšre que tu ne peux pas traverser ?
- Je la traverse.
- Que devient une étoile qui meurt ?
- Un rĂȘve qui vit.
- Offre-moi un mot.
- Silence.
- Un autre.
- Harmonie.
- Un dernier.
- Fluidité.
- Lâours et lâhomme se disputent un territoire. Qui a raison ?
- Le chat qui les observe.
- Marie tes trois mots.
- Marchombre.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Je dois dire un mot sur la peur. C'est le seul adversaire rĂ©el de la vie. Il n'y a que la peur qui puisse vaincre la vie. C'est une ennemie habile et perfide, et je le sais bien. Elle n'a aucune dĂ©cence, ne respecte ni lois ni conventions, ne manifeste aucune clĂ©mence. Elle attaque votre point le plus faible, qu'elle trouve avec une facilitĂ© dĂ©concertante. Elle naĂźt d'abord et invariablement dans votre esprit. Un moment vous vous sentez calme, en plein contrĂŽle, heureux. Puis la peur, dĂ©guisĂ©e en lĂ©ger doute, s'immisce dans votre pensĂ©e comme un espion. Ce lĂ©ger doute rencontre l'incrĂ©dulitĂ© et celle-ci tente de le repousser. Mais l'incrĂ©dulitĂ© est un simple fantassin. Le doute s'en dĂ©barrasse sans se donner de mal. Vous devenez inquiet. La raison vient Ă votre rescousse. Vous ĂȘtes rassurĂ©. La raison dispose de tous les instruments de pointe de la technologie moderne. Mais, Ă votre surprise et malgrĂ© des tactiques supĂ©rieures et un nombre impressionnant de victoires, la raison est mise K.- O. Vous sentez que vous vous affaiblissez, que vous hĂ©sitez. Votre inquiĂ©tude devient frayeur.
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Yann Martel (Life of Pi)
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Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,
Grimper par ruse au lieu de s'élever par force ?
Non, merci ! Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers ? se changer en bouffon
Dans l'espoir vil de voir, aux lĂšvres d'un ministre,
NaĂźtre un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci ! Déjeuner, chaque jour, d'un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? une peau
Qui plus vite, Ă l'endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ?...
Non, merci ! D'une main flatter la chĂšvre au cou
Cependant que, de l'autre, on arrose le chou,
Et donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci ! Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ?
Non, merci ! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant ? Non, merci !
S'aller faire nommer pape par les conciles
Que dans des cabarets tiennent des imbéciles ?
Non, merci ! Travailler Ă se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres ? Non,
Merci ! Ne découvrir du talent qu'aux mazettes ?
Ătre terrorisĂ© par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse : "Oh ! pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François" ?...
Non, merci ! Calculer, avoir peur, ĂȘtre blĂȘme,
Préférer faire une visite qu'un poÚme,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais... chanter,
RĂȘver, rire, passer, ĂȘtre seul, ĂȘtre libre,
Avoir l'Ćil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaĂźt, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, - ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
Ă tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N'écrire jamais rien qui de soi ne sortßt,
Et modeste d'ailleurs, se dire : mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, mĂȘme des feuilles,
Si c'est dans ton jardin Ă toi que tu les cueilles !
Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,
Ne pas ĂȘtre obligĂ© d'en rien rendre Ă CĂ©sar,
Vis-Ă -vis de soi-mĂȘme en garder le mĂ©rite,
Bref, dĂ©daignant d'ĂȘtre le lierre parasite,
Lors mĂȘme qu'on n'est pas le chĂȘne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-ĂȘtre, mais tout seul !
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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ConnectĂ©s Ă nous-mĂȘmes, nous plongeons en apnĂ©e dans notre intĂ©rioritĂ© pour trouver Ă nos problĂšmes une solution qui n'existe que hors de nous, Ă l'air libre, dans ce qui nous arrache et nous excentre. L'individualisme ne fait qu'amplifier ce repli maladif, cette peur du mal connu, du "pas de chez nous" puis du "pas comme moi", de l'Ă©trange puis de l'Ă©tranger, jusqu'Ă redouter le tout proche, avec lequel on n'ose dĂ©sormais partager ses dĂ©sirs et ses flux.
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Alain Damasio (La Zone du dehors)
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Je ne suis pas pour l'occupation dâun pays arabe par IsraĂ«l, mais, en revanche, je ne veux pas remplacer IsraĂ«l par une nation islamique qui sâinsta1lerait sur ses ruines, et dont le seul souci serait de promouvoir une culture de mort et dâignorance parmi ses ïŹdĂšles, Ă une Ă©poque oĂč nous avons dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin de ceux qui en appellent Ă une culture de vie et de dĂ©veloppement, propre Ă cultiver lâespoir dans nos Ăąmes. Regardons tous les pays fondĂ©s sur la pensĂ©e religieuse, regardons leurs peuples et les gĂ©nĂ©rations qui y grandissent; quâoffrent-ils en termes dâhumanitĂ© et dâhumanisme? Rien, câest certain, sinon la peur de Dieu et l'incapacitĂ© Ă affronter la vie; rien dâautre. De telles pensĂ©es ont formĂ© et continuent de
former des gĂ©nĂ©rations inaptes Ă toute crĂ©ativitĂ©, Ă toute culture, incapables mĂȘme de sâinspirer des civilisations qui leur viennent dâailleurs, puisquâelles ne sont pas Ă mĂȘme de construire la leur.
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Raif Badawi (1000 Lashes: Because I Say What I Think)
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Quand on aime, quand on ressent de lâamour, que ce soit pour un ĂȘtre humain, un animal, une fleur ou un coucher du soleil, on est portĂ© au-delĂ de soi. Nos dĂ©sirs, nos peurs et nos doutes se dissipent. Nos besoins de reconnaissance sâĂ©vanouissent. On ne cherche plus Ă se comparer, Ă exister plus que les autres. Notre Ăąme sâĂ©lĂšve tandis que nous sommes tout entier emplis de ce sentiment, de cet Ă©lan du cĆur qui sâĂ©tend alors naturellement pour embrasser tous les ĂȘtres et toutes les choses de la vie.
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Laurent Gounelle (Et tu trouveras le trésor qui dort en toi)
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Le Chaos était tenu en échec par l'Harmonie.
L'Harmonie.
Salim ne combattait plus. Porteur de lumiÚre, il était trop précieux pour risquer sa vie. Immobile dans le cercle de marchombres, les yeux écarquillés par la stupéfaction et l'incrédulité, il la découvrait.
L'Harmonie.
Le Chaos grogna, se déchaßna, libérant jusqu'à l'ultime parcelle de son essence incontrÎlable. Violence, haine, peur, fanatisme...
L'Harmonie répondit en se mettant a danser.
Ouverture, temps, respect...
Le Chaos rugit.
L'Harmonie virevolta.
Le Chaos enfla.
L'Harmonie ondoya.
Salim leva les mains au-dessus de sa tĂȘte. La lumiĂšre qui jaillissait de ses paumes inondait la grotte, nourrissait les corps, faisait vibrer les cĆurs, pulsait avec les Ăąmes.
L'Harmonie.
Le Chaos tressaillit. Nia. Cogna. Déroba. Mentit. Tortura. Viola.
L'Harmonie s'offrit.
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Pierre Bottero (Ellana, la Prophétie (Le Pacte des MarchOmbres, #3))
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- Qu'y-a-t-il au sommet de la montagne ?
- Le ciel.
- Que dit le loup quand il hurle ?
- Joie, force et solitude.
- A qui s'adresse-t-il ?
- A la lune.
- OĂč va la riviĂšre ?
- Remplir la mer.
- A qui la nuit fait-elle peur ?
- A ceux qui attendent le jour pour voir.
- Es-tu vent ou nuage ?
- Je suis moi.
- Es-tu vent ou nuage ?
- Vent.
- Es-tu ombre ou lumiĂšre ?
- Je suis moi.
- Es-tu ombre ou lumiĂšre ?
- Les deux.
- Que devient une lame qui se brise ?
- Une poussiÚre d'étoile.
- Que fais-tu devant une riviĂšre que tu ne peux pas traverser ?
- Je le traverse.
- Que devient une étoile qui meurt ?
- Un rĂȘve qui vit.
- Offre moi un mot.
- Silence.
- Un autre.
- Harmonie.
- Un dernier.
- Fluidité.
- L'ours et le chien se disputent un territoire, qui a raison ?
- Le chat qui les observe.
- Marie tes trois mots.
- Marchombre.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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L'heure s'est déroulée rapidement : récits de combats ; batailles gagnées sur des guerres qui seraient forcément perdues ; espoirs auxquels se raccrocher ; familles à la fois vantées et accusées ; accord général sur le fait que les amis n'y pigeaient rien ; larmes versées ; réconfort prodigué.
(âŠ)
- J'ai peur de l'oubli. J'en ai peur comme un aveugle que je connais a peur du noir.
- Futur aveugle, a précisé Isaac avec une ébauche de sourire.
- Je suis trop dur ? a demandĂ© Augustus. C'est vrai qu'il m'arrive d'ĂȘtre aveugle aux sentiments des autres.
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John Green (The Fault in Our Stars)
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Ensuite, la peur se tourne vers votre corps, qui sent dĂ©jĂ que quelque chose de terrible et de mauvais est entrain de survenir. DĂ©jĂ , votre souffle s'est envolĂ© comme un oiseau et votre cran a fui en rampant comme un serpent. Maintenant, vous avez la langue qui s'affale comme un opossum, tandis que votre mĂąchoire commence Ă galoper sur place. Vos oreilles n'entendent plus. Vos muscles se mettent Ă trembler comme si vous aviez la malaria et vos genoux Ă frĂ©mir comme si vous dansiez. Votre coeur pompe follement, tandis que votre sphincter se relĂąche. Il en va ainsi de tout le reste de votre corps. Chaque partie de vous, Ă sa maniĂšre, perd ses moyens. Il n'y a que vos yeux Ă bien fonctionner. Ils prĂȘtent toujours pleine attention Ă la peur.
Vous prenez rapidement des dĂ©cisions irrĂ©flĂ©chies. Vous abandonnez vos derniers alliĂ©s: l'espoir et la confiance. VoilĂ que vous vous ĂȘtes dĂ©fait vous-mĂȘme. La peur, qui n'est qu'une impression, a triomphĂ© de vous.
Cette expĂ©rience est difficile Ă exprimer. Car la peur, la vĂ©ritable peur, celle qui vous Ă©branle jusqu'au plus profond de vous, celle que vous ressentez au moment oĂč vous ĂȘtes face Ă votre destin final, se blottit insidieusement dans votre mĂ©moire, comme une gangrĂšne: elle cherche Ă tout pourrir, mĂȘme les mots pour parler d'elle. Vous devez donc vous battre trĂšs fort pour l'appeler par son nom. Il faut que vous luttiez durement pour braquer la lumiĂšre des mots sur elle. Car si vous ne le faites pas, si la peur devient une noirceur indicible que vous Ă©vitez, que vous parvenez peut-ĂȘtre mĂȘme Ă oublier, vous vous exposez Ă d'autres attaques de peur parce que vous n'aurez jamais vraiment bataillĂ© contre l'ennemi qui vous a dĂ©fait.
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Yann Martel (Life of Pi)
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L'exode relĂšve de la condition humaine.
Pourtant, ceux qui ,e fuient pas refusent cette rĂ©alitĂ©. Provisoirement Ă l'abri, campĂ©s sur leur terrain ainsi qu'un chĂȘne dans le sol, prenant leurs pieds pour des racines, ils estiment que l'espace leur appartient et considĂšrent le migrant comme un ĂȘtre infĂ©rieur doublĂ© d'une nuisance. Quelle bĂȘtise aveugle ! J'aimerais tant que l'esprit de leurs aĂŻeux circule en eux pour leur rappeler les kilomĂštres parcourus, les transhumances sans fin, la peur au ventre, l'incertitude, la faim. Pourquoi, au fond de leur chair, ne subsistent pas les souvenirs de leurs anciens qui survĂ©curent au danger, Ă l'hostilitĂ©, Ă la misĂšre, aux guerres ? La mĂ©moire de ces courages ou des ces sacrifices auxquels ils doivent leur vie les rendraient moins sots. S'ils connaissaient et reconnaissaient leur histoire, leur fragilitĂ© constitutive, la volatilitĂ© de leur identitĂ©, ils perdraient l'illusion de leur supĂ©rioritĂ©. Il n'existe pas d'humain plus lĂ©gitime Ă habiter ici que lĂ . Le migrant, ce n'est pas l'autre ; le migrant, c'est moi hier ou moi demain. Par ses ancĂȘtres ou par ses descendants, chacun de nous porte mille migrants en lui.
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Ăric-Emmanuel Schmitt (Paradis perdus (La traversĂ©e des temps, #1))
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Un peu comme lorsque je rentre d'un voyage quelque part et que tout le monde me demande comment c'Ă©tait : peu Ă peu mes diffĂ©rentes rĂ©ponses n'en font plus qu'une, mes impressions se resserrent sur elles-mĂȘmes, ouais, c'est cool, lĂ -bas, et tiens, une anecdote marrante... puis ce discours unique se substitue Ă la rĂ©alitĂ© du souvenir.
Du coup, j'ai franchement eu peur. J'ai ressenti cette crainte familiÚre, soudainement intense et sincÚre, qu'une fois toute sensation échappée de ma vie, il ne reste plus de celle-ci qu'un cliché. Et le jour de ma mort, saint Pierre me demanderait :
- C'était comment ?
- Vraiment super, en bas. J'aimais bien la bouffe. m'enfin, avec la tourista... Bon, les gens sont tous trĂšs sympas quand mĂȘme.
Et ça serait tout. (...)
Et j'ai décidé de raconter quelque chose de nouveau sur mon séjour à chaque personne qui voudrait que je lui en parle, sans me répéter une seule fois.
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Benjamin Kunkel (Indecision)
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Le culte des sens a Ă©tĂ© souvent dĂ©criĂ©, et Ă juste titre : un instinct naturel inspire aux hommes la terreur de passions et de sensations qui leur semblent plus fortes qu'eux-mĂȘmes, et qu'ils ont conscience de partager avec les formes infĂ©rieures du monde organique. Mais Dorian Gray estimait que la vraie nature des sens n'avait jamais Ă©tĂ© bien comprise, qu'ils avaient gardĂ© leur animalitĂ© sauvage uniquement parce qu'on avait voulu les soumettre par la famine ou les tuer Ă force de souffrance, au lieu de chercher Ă en faire les Ă©lĂ©ments d'une spiritualitĂ© nouvelle, ayant pour trait dominant une sĂ»re divination de la beautĂ©. Quand il considĂ©rait la marche de l'homme Ă travers l'Histoire, il Ă©tait poursuivi par une impression d'irrĂ©parable dommage. Que de choses on avait sacrifiĂ©es, et combien vainement ! Des privations sauvages, obstinĂ©es, des formes monstrueuses de martyre et d'immolation de soi, nĂ©es de la peur, avaient abouti Ă une dĂ©gradation plus Ă©pouvantable que la dĂ©gradation tout imaginaire qu'avaient voulu fuir de pauvres ignorants : la Nature, dans sa merveilleuse ironie, avait amenĂ© les anachorĂštes Ă vivre dans le dĂ©sert, mĂȘlĂ©s aux animaux sauvages ; aux ermites, elle avait donnĂ© pour compagnons les bĂȘtes des champs.
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Oscar Wilde (The Picture of Dorian Gray)
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J'essayais de me raisonner : je me sentais la volontĂ© bien ferme de ne point avoir peur, mais il y avait en moi autre chose que ma volontĂ©, et cette autre chose avait peur. Je me demandai ce que je pouvais redouter ; mon moi brave railla mon moi poltron , et jamais aussi bien que ce jour-lĂ je ne saisis l'opposition des deux ĂȘtres qui sont en nous, l'un voulant, l'autre rĂ©sistant, et chacun l'emportant tour Ă tour.
Cet effroi bĂȘte et inexplicable grandissait toujours et devenait de la terreur. Je demeurais immobile, les yeux ouverts, l'oreille tendue et attendant. Quoi ? Je n'en savais rien, mais ce devait ĂȘtre terrible.
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Guy de Maupassant
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[On] a accoutumĂ© les peuples Ă croire que leur intĂ©rĂȘt consistait Ă ruiner tous leurs voisins ; chaque nation en est venue Ă jeter un oeil d'envie sur la prospĂ©ritĂ© de toutes les nations avec lesquelles elle commerce, et Ă regarder tout ce qu'elles gagnent comme une perte pour elle. Le commerce, qui naturellement devait ĂȘtre, pour les nations comme pour les individus, une lien de concorde et d'amitiĂ©, est devenu la source la plus fĂ©conde des haines et des querelles. Pendant ce siĂšcle et le prĂ©cĂ©dent, l'ambition capricieuse des rois et des ministres n'a pas Ă©tĂ© plus fatale au repos de l'Europe, que la sotte jalousie des marchands et des manufacturiers. L'humeur injuste et violente de ceux qui gouvernent les hommes est un mal d'ancienne date, pour lequel j'ai bien peur que la nature des choses humaines ne comporte pas de remĂšde ; mais quant Ă cet esprit de monopole, Ă cette rapacitĂ© basse et envieuse des marchands et des manufacturiers, qui ne sont, ni les uns ni les autres, chargĂ©s de gouverner les hommes, et qui ne sont nullement faits pour en ĂȘtre chargĂ©s, s'il n'y a peut-ĂȘtre pas moyen de corriger ce vice, au moins est-il bien facile d'empĂȘcher qu'il ne puisse troubler la tranquillitĂ© de personne, si ce n'est de ceux qui en sont possĂ©dĂ©s.
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Adam Smith (An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations)
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Nous, les ĂȘtres humains, somme ce que nous avons Ă©tĂ© pendant des millions d'annĂ©es, colossalement avides, envieux, agressifs, jaloux, angoissĂ©s et dĂ©sespĂ©rĂ©s, avec d'occasionnels Ă©clairs de joie et d'amour. Nous sommes une Ă©trange mixture de haine, de peur et de gentillesse ; nous sommes Ă la fois violents et en paix. Il y a eu un progrĂšs extĂ©rieur depuis le char Ă boeufs jusqu'Ă l'avion Ă rĂ©action, mais psychologiquement l'individu n'a pas du tout changĂ© et c'est l'individu qui, dans le monde entier, a créé les structures des sociĂ©tĂ©s. Les structures sociales extĂ©rieures sont les rĂ©sultantes des structures intĂ©rieures, psychologiques, qui constituent nos relations humaines, car l'individu est le rĂ©sultat de l'expĂ©rience totale de l'homme, de sa connaissance et de son comportement. Chacun de nous est l'entrepĂŽt de tout le passĂ©. L'individu est l'humain qui est toute l'humanitĂ©. L'histoire entiĂšre de l'homme est Ă©crite en nous-mĂȘmes.
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J. Krishnamurti
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Il n'Ă©tait pas prĂȘt Ă lui dire qu'il essayerait de tout son ĂȘtre d'ĂȘtre assez bien pour l'aider Ă Ă©lever un enfant. Il n'Ă©tait pas prĂȘt Ă lui dire qu'il Ă©tait absolument terrifiĂ© Ă l'idĂ©e de reproduire les erreurs de son pĂšre et pas prĂȘt Ă admettre qu'il avait peur d'Ă©chouer.Il ne connaissait pas les mots qui lui permettraient de lui dire qu'il ne voulait pas rentrer Ă la maison bourrĂ© et que ses enfants le fuient pour se cacher de lui comme lui l'avait fait avec son propre pĂšre. Il voulait l'Ă©pouser, passer sa vie Ă ses cĂŽtĂ©s, se vautrer dans sa bontĂ©. Il ne pouvait s'imaginer de vie sans elle et il essayait de trouver un moyen de le lui dire, de lui montrer qu'il pouvait vraiment changer et qu'il pouvait ĂȘtre digne d'elle.
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Anna Todd (After Saison 1 Episode 5)
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Je peux exĂ©crer ce shah, mais ce n'est pas contre lui que je me bats. Triompher d'un despote ne peut ĂȘtre le but ultime, je me bats pour que les Persans aient conscience d'ĂȘtre des hommes libres, des fils d'Adam, comme nous disons ici, qu'ils aient foi en eux-mĂȘmes, en leur force, qu'ils retrouvent une place dans le monde d'aujourd'hui. C'est ce que j'ai voulu rĂ©ussir ici. Cette ville a rejetĂ© la tutelle du monarque et des chefs religieux, elle a dĂ©fiĂ© les Puissances, partout elle a suscitĂ© la solidaritĂ© et l'admiration des hommes de coeur. Les gens de Tabriz Ă©taient sur le point de gagner, mais on ne veut pas les laisser gagner, on a trop peur de leur exemple, on veut les humilier, cette population fiĂšre devra se prosterner devant les soldats du tsar pour obtenir son pain. Toi qui es nĂ© libre dans un pays libre, tu devrais comprendre.
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Amin Maalouf (Samarkand)
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Revenons donc Ă nos poncifs, ou plutĂŽt Ă quelques-uns dâentre eux :
1° Le XIXe siÚcle est le siÚcle de la science.
2° Le XIXe siÚcle est le siÚcle du progrÚs.
3° Le XIXe siÚcle est le siÚcle de la démocratie, qui est progrÚs et progrÚs continu.
4° Les ténÚbres du moyen ùge.
5° La Révolution est sainte, et elle a émancipé le peuple français.
6° La dĂ©mocratie, câest la paix. Si tu veux la paix, prĂ©pare la paix.
7° Lâavenir est Ă la science. La Science est toujours bienfaisante.
8° Lâinstruction laĂŻque, câest lâĂ©mancipation du peuple.
9° La religion est la fille de la peur.
10° Ce sont les Ătats qui se battent. Les peuples sont toujours prĂȘts Ă sâaccorder.
11° Il faut remplacer lâĂ©tude du latin et du grec, qui est devenue inutile, par celle des langues vivantes, qui est utile.
12° Les relations de peuple Ă peuple vont sans cesse en sâamĂ©liorant. Nous courons aux Ătats-Unis dâEurope.
13° La science nâa ni frontiĂšres, ni patrie.
14° Le peuple a soif dâĂ©galitĂ©.
15° Nous sommes Ă lâaube dâune Ăšre nouvelle de fraternitĂ© et de justice.
16° La propriĂ©tĂ©, câest le vol. Le capital, câest la guerre.
17° Toutes les religions se valent, du moment quâon admet le divin.
18° Dieu nâexiste que dans et par la conscience humaine. Cette conscience crĂ©e Dieu un peu plus chaque jour.
19° LâĂ©volution est la loi de lâunivers.
20° Les hommes naissent naturellement bons. Câest la sociĂ©tĂ© qui les pervertit.
21° Il nây a que des vĂ©ritĂ©s relatives, la vĂ©ritĂ© absolue nâexiste pas.
22° Toutes les opinions sont bonnes et valables, du moment que lâon est sincĂšre.
Je mâarrĂȘte Ă ces vingt-deux Ăąneries, auxquelles il serait aisĂ© de donner une suite, mais qui tiennent un rang majeur par les innombrables calembredaines du XIXe siĂšcle, parmi ce que jâappellerai ses idoles. Idoles sur chacune desquelles on pourrait mettre un ou plusieurs noms.
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Léon Daudet (Le Stupide XIXe siÚcle (French Edition))
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[Le] jour qui vient de passer, tout dĂ©bordant d'activitĂ© qu'il ait Ă©tĂ©, ne manque jamais, Ă la seconde ou enfin le sommeil va m'assommer, de me sembler suspect, dĂ©nuĂ© de toute valeur, de me faire trembler de peur. C'est toujours avec angoisse que j'anticipe le retour de la nuit, le moment de la grande rencontre avec moi-mĂȘme, le moment d'ajouter un autre zĂ©ro au total du passĂ©, le moment de me rapprocher de tout un pas de la frontiĂšre au-dela de laquelle il n'y a plus rien, mĂȘme plus de futur.
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Réjean Ducharme (L'avalée des avalés)
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- Je te croyais morte.
La voix d'Edwin avait été un murmure, le premier souffle hésitant d'un espoir qui renaissait.
Ellana laissa son regard dĂ©river vers le corps ensanglantĂ© d'Essindra. Une flambĂ©e de haine embrasa son cĆur et, durant un bref instant, elle souhaita que la mercenaire soit encore vivante pour pouvoir la tuer Ă nouveau.
Puis Essindra disparut de son esprit et elle embrassa Edwin.
Un baiser brûlant à l'improbable parfum de miracle.
Un baiser douceur tout en promesses d'éternité.
Un baiser aveu. Peur, ténÚbres et solitude. Passées.
Edwin la serra contre lui, enfouit le visage dans son cou, se perdit dans son parfum et les cheveux fous derriĂšre sa nuque. Sentir son corps, percevoir les battements de son cĆur... Il revint doucement Ă la vie.
- Je t'aime.
Ils avaient chuchoté ensemble. Tressaillirent ensemble en entendant l'autre énoncer ce qui état l'origine, le centre et l'avenir du monde.
- Je t'aime.
Autour d'eux l'univers avait pùli devant cette évidence.
- Je t'aime.
- Ne meurs plus jamais. S'il-te-plaĂźt. Plus jamais.
- Je ne peux pas mourir, je t'aime.
Leur étreinte devint plus pressante, leurs lÚvres se cherchÚrent pour un nouveau baiser, plus intense, plus sensuel, plus...
Destan, coincé entre son pÚre et sa mÚre, émit un petit cri de protestation.
Sans que leurs ùmes ne se détachent, Ellana et Edwin s'écartÚrent pour contempler leur fils.
Peut-on mourir de bonheur ?
La question avait déjà été posé.
Si les larmes qui embuaient les yeux d'Ellana et celles qui roulaient sur le visage d'Edwin avaient su parler, elles auraient sans doute répondu.
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Pierre Bottero (Ellana, la Prophétie (Le Pacte des MarchOmbres, #3))
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Oh ! aimer une femme ! ĂȘtre prĂȘtre ! ĂȘtre haĂŻ ! lâaimer de toutes les fureurs de son Ăąme, sentir quâon donnerait pour le moindre de ses sourires son sang, ses entrailles, sa renommĂ©e, son salut, lâimmortalitĂ© et lâĂ©ternitĂ©, cette vie et lâautre ; regretter de ne pas ĂȘtre roi, gĂ©nie, empereur, archange, dieu, pour lui mettre un plus grand esclave sous les pieds ; lâĂ©treindre nuit et jour de ses rĂȘves et de ses pensĂ©es ; et la voir amoureuse dâune livrĂ©e de soldat ! et nâavoir Ă lui offrir quâune sale soutane de prĂȘtre dont elle aura peur et dĂ©goĂ»t ! Ătre prĂ©sent, avec sa jalousie et sa rage, tandis quâelle prodigue Ă un misĂ©rable fanfaron imbĂ©cile des trĂ©sors dâamour et de beautĂ© ! Voir ce corps dont la forme vous brĂ»le, ce sein qui a tant de douceur, cette chair palpiter et rougir sous les baisers dâun autre ! Ă ciel ! aimer son pied, son bras, son Ă©paule, songer Ă ses veines bleues, Ă sa peau brune, jusquâĂ sâen tordre des nuits entiĂšres sur le pavĂ© de sa cellule, et voir toutes les caresses quâon a rĂȘvĂ©es pour elle aboutir Ă la torture ! Nâavoir rĂ©ussi quâĂ la coucher sur le lit de cuir ! Oh ! ce sont lĂ les vĂ©ritables tenailles rougies au feu de lâenfer ! Oh ! bienheureux celui quâon scie entre deux planches, et quâon Ă©cartĂšle Ă quatre chevaux ! â Sais-tu ce que câest que ce supplice que vous font subir, durant les longues nuits, vos artĂšres qui bouillonnent, votre cĆur qui crĂšve, votre tĂȘte qui rompt, vos dents qui mordent vos mains ; tourmenteurs acharnĂ©s qui vous retournent sans relĂąche, comme sur un gril ardent, sur une pensĂ©e dâamour, de jalousie et de dĂ©sespoir ! Jeune fille, grĂące ! trĂȘve un moment ! un peu de cendre sur cette braise ! Essuie, je tâen conjure, la sueur qui ruisselle Ă grosses gouttes de mon front ! Enfant ! torture-moi dâune main, mais caresse-moi de lâautre ! Aie pitiĂ©, jeune fille ! aie pitiĂ© de moi !
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Victor Hugo (Notre-Dame de Paris (French Edition))
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Il y a quelqu'un que je n'ai encore jamais eu envie de tuer.
C'est toi.
Tu peux marcher dans les rues, tu peux boire et marcher dans les rues, je ne te tuerai pas.
N'aie pas peur. La ville est sans danger. Le seul danger dans la ville, c'est moi.
Je marche, je marche dans les rues, je tue.
Mais toi, tu n'as rien Ă craindre.
Si je te suis, c'est parce que j'aime le rythme de tes pas. Tu titubes. C'est beau. On pourrait dire que tu boites. Et que tu es bossu. Tu ne l'es pas vraiment. De temps en temps tu te redresses, et tu marches droit. Mais moi, je t'aime dans les heures avancées de la nuit, quand tu es faible, quand tu trébuches, quand tu te voûtes.
Je te suis, tu trembles. De froid ou de peur. Il fait chaud pourtant.
Jamais, presque jamais, peut-ĂȘtre jamais il n'avait fait si chaud dans notre ville.
Et de quoi pourrais-tu avoir peur?
De moi?
Je ne suis pas ton ennemi. Je t'aime.
Et personne d'autre ne pourrait te faire du mal.
N'aie pas peur. je suis lĂ . Je te protĂšge.
Pourtant, je souffre aussi.
Mes larmes - grosses gouttes de pluie - me coulent sur le visage. La nuit me voile. La lune m'éclaire. Les nuages me cachent. Le vent me déchire. J'ai une sorte de tendresse pour toi. Cela m'arrive parfois. Tres rarement.
Pourquoi pour toi? Je n'en sais rien.
Je veux te suivre trĂšs loin, partout, longtemps.
Je veux te voir souffrir encore plus.
Je veux que tu en aies assez de tout le reste.
Je veux que tu viennes me supplier de te prendre.
Je veux que tu me désires. Que tu aies envie de moi, que tu m'aimes, que tu m'appelles.
Alors, je te prendrai dans mes bras, je te serrerai sur mon coeur, tu seras mon enfant, mon amant, mon amour.
Je t'emporterai.
Tu avais peur de naĂźtre, et maintenant tu as peur de mourir.
Tu as peur de tout.
Il ne faut pas avoir peur.
Il y a simplement une grande roue qui tourne. Elle s'appelle ĂternitĂ©.
C'est moi qui fais tourner la grande roue.
Tu ne dois pas avoir peur de moi.
Ni de la grande roue.
La seule chose qui puisse faire peur, qui puisse faire mal, c'est la vie, et tu la connais déjà .
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Ăgota KristĂłf
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Ce nâest pas des gens comme Aoki que jâai peur. Des types de son espĂšce, il y en a partout. Je suis rĂ©signĂ© au fait quâil en existe. Quand jâen aperçois un, je mâarrange simplement pour ne pas croiser son chemin. Avec eux, le salut est dans la fuite. Ăa ne mâest pas bien difficile de les Ă©viter, je les repĂšre au premier coup dâĆil. Dâun autre cĂŽtĂ©, il mâarrive aussi de trouver que les gens comme Aoki sont trĂšs forts. Cette capacitĂ© Ă attendre tapi dans lâombre quâune occasion se prĂ©sente, leur habiletĂ© Ă manipuler lâesprit des autres, tout le monde nâa pas ce don. Je dĂ©teste ce genre de types, ils me font vomir, mais je leur reconnais un certain talent.
Non, en fait, ce qui me fait vraiment peur, ce sont les autres, ceux qui gobent sans le moindre esprit critique tout ce quâun Aoki peut leur raconter. Incapables de se forger leur propre opinion, ou de comprendre quoi que ce soit par eux-mĂȘmes, ils avalent lâavis de beaux parleurs convaincants comme Aoki et mettent leurs propos en action en groupe. Il ne leur vient jamais Ă lâidĂ©e, mĂȘme briĂšvement, quâils pourraient se tromper, faire une erreur, non. Ou quâils pourraient causer un mal dĂ©finitif Ă quelquâun, pour rien. Ils sont totalement irresponsables, ne se questionnent jamais sur les consĂ©quences de leurs actes. Ce sont eux qui me font vraiment peur. Ces gens que je vois en rĂȘve nâont pas de visage. Leur silence envahit tout comme une eau glaciale. Dans ce silence, tout se met Ă fondre et Ă disparaĂźtre. Moi aussi je fonds au milieu dâeux, et jâai beau hurler, personne ne mâentend.
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Haruki Murakami (The Silence)
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Sans doute, lâamitiĂ©, lâamitiĂ© qui a Ă©gard aux individus, est une chose frivole, et la lecture est une amitiĂ©. Mais du moins câest une amitiĂ© sincĂšre, et le fait quâelle sâadresse Ă un mort, Ă un absent, lui donne quelque chose de dĂ©sintĂ©ressĂ©, de presque touchant. Câest de plus une amitiĂ© dĂ©barrassĂ©e de tout ce qui fait la laideur des autres.
Comme nous ne sommes tous, nous les vivants, que des morts qui ne sont pas encore entrĂ©s en fonctions, toutes ces politesses, toutes ces salutations dans le vestibule que nous appelons dĂ©fĂ©rence, gratitude, dĂ©vouement et oĂč nous mĂȘlons tant de mensonges, sont stĂ©riles et fatigantes. De plus, â dĂšs les premiĂšres relations de sympathie, dâadmiration, de reconnaissance, â les premiĂšres paroles que nous prononçons, les premiĂšres lettres que nous Ă©crivons, tissent autour de nous les premiers fils dâune toile dâhabitudes, dâune vĂ©ritable maniĂšre dâĂȘtre, dont nous ne pouvons plus nous dĂ©barrasser dans les amitiĂ©s suivantes ; sans compter que pendant ce temps-lĂ les paroles excessives que nous avons prononcĂ©es restent comme des lettres de change que nous devons payer, ou que nous paierons plus cher encore toute notre vie des remords de les avoir laissĂ© protester.
Dans la lecture, lâamitiĂ© est soudain ramenĂ©e Ă sa puretĂ© premiĂšre. Avec les livres, pas dâamabilitĂ©. Ces amis-lĂ , si nous passons la soirĂ©e avec eux, câest vraiment que nous en avons envie. Eux, du moins, nous ne les quittons souvent quâĂ regret. Et quand nous les avons quittĂ©s, aucune de ces pensĂ©es qui gĂątent lâamitiĂ© : Quâont-ils pensĂ© de nous ? â Nâavons-nous pas manquĂ© de tact ? â Avons-nous plu ? â et la peur dâĂȘtre oubliĂ© pour tel autre.
Toutes ces agitations de lâamitiĂ© expirent au seuil de cette amitiĂ© pure et calme quâest la lecture. Pas de dĂ©fĂ©rence non plus ; nous ne rions de ce que dit MoliĂšre que dans la mesure exacte oĂč nous le trouvons drĂŽle ; quand il nous ennuie nous nâavons pas peur dâavoir lâair ennuyĂ©, et quand nous avons dĂ©cidĂ©ment assez dâĂȘtre avec lui, nous le remettons Ă sa place aussi brusquement que sâil nâavait ni gĂ©nie ni cĂ©lĂ©britĂ©.
LâatmosphĂšre de cette pure amitiĂ© est le silence, plus pur que la parole. Car nous parlons pour les autres, mais nous nous taisons pour nous-mĂȘmes. Aussi le silence ne porte pas, comme la parole, la trace de nos dĂ©fauts, de nos grimaces. Il est pur, il est vraiment une atmosphĂšre. Entre la pensĂ©e de lâauteur et la nĂŽtre il nâinterpose pas ces Ă©lĂ©ments irrĂ©ductibles, rĂ©fractaires Ă la pensĂ©e, de nos Ă©goĂŻsmes diffĂ©rents.
Le langage mĂȘme du livre est pur (si le livre mĂ©rite ce nom), rendu transparent par la pensĂ©e de lâauteur qui en a retirĂ© tout ce qui nâĂ©tait pas elle-mĂȘme jusquâĂ le rendre son image fidĂšle, chaque phrase, au fond, ressemblant aux autres, car toutes sont dites par lâinflexion unique dâune personnalitĂ© ; de lĂ une sorte de continuitĂ©, que les rapports de la vie et ce quâils mĂȘlent Ă la pensĂ©e dâĂ©lĂ©ments qui lui sont Ă©trangers excluent et qui permet trĂšs vite de suivre la ligne mĂȘme de la pensĂ©e de lâauteur, les traits de sa physionomie qui se reflĂštent dans ce calme miroir. Nous savons nous plaire tour Ă tour aux traits de chacun sans avoir besoin quâils soient admirables, car câest un grand plaisir pour lâesprit de distinguer ces peintures profondes et dâaimer dâune amitiĂ© sans Ă©goĂŻsme, sans phrases, comme en soi-mĂȘme.
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Marcel Proust (Days of Reading (Penguin Great Ideas))
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TOUZENBACH
Si vous voulez. De quoi parlerons-nous ?
VERCHININE
De quoi ? RĂȘvons ensemble... par exemple de la vie telle quâelle sera aprĂšs nous, dans deux ou trois cents ans.
TOUZENBACH
Eh bien, aprĂšs nous on sâenvolera en ballon, on changera la coupe des vestons, on dĂ©couvrira peut-ĂȘtre un sixiĂšme sens, quâon dĂ©veloppera, mais la vie restera la mĂȘme, un vie difficile, pleine de mystĂšre, et heureuse. Et dans mille ans, lâhomme soupirera comme aujourdâhui : « Ah ! quâil est difficile de vivre ! » Et il aura toujours peur de la mort et ne voudra pas mourir.
VERCHININE, aprÚs avoir réfléchi.
Comment vous expliquer ? Il me semble que tout va se transformer peu Ă peu, que le changement sâaccomplit dĂ©jĂ , sous nos yeux. Dans deux ou trois cents ans, dans mille ans peut-ĂȘtre, peu importe le dĂ©lai, sâĂ©tablira une vie nouvelle, heureuse. Bien sĂ»r, nous ne serons plus lĂ , mais câest pour cela que nous vivons, travaillons, souffrons enfin, câest nous qui la crĂ©ons, câest mĂȘme le seul but de notre existence, et si vous voulez, de notre bonheur.
Macha rit doucement.
TOUZENBACH
Pourquoi riez-vous ?
MACHA
Je ne sais pas. Je ris depuis ce matin.
VERCHININE
Jâai fait les mĂȘmes Ă©tudes que vous, je nâai pas Ă©tĂ© Ă lâAcadĂ©mie militaire. Je lis beaucoup, mais je ne sais pas choisir mes lectures, peut-ĂȘtre devrais-je lire tout autre chose ; et cependant, plus je vis, plus jâai envie de savoir. Mes cheveux blanchissent, bientĂŽt je serai vieux, et je ne sais que peu, oh ! trĂšs peu de chose. Pourtant, il me semble que je sais lâessentiel, et que je le sais avec certitude. Comme je voudrais vous prouver quâil nây a pas, quâil ne doit pas y avoir de bonheur pour nous, que nous ne le connaĂźtrons jamais... Pour nous, il nây a que le travail, rien que le travail, le bonheur, il sera pour nos lointains descendants. (Un temps.) Le bonheur nâest pas pour moi, mais pour les enfants de mes enfants.
TOUZENBACH
Alors, dâaprĂšs vous, il ne faut mĂȘme pas rĂȘver au bonheur ? Mais si je suis heureux ?
VERCHININE
Non.
TOUZENBACH, joignant les mains et riant.
Visiblement, nous ne nous comprenons pas. Comment vous convaincre ? (Macha rit doucement. Il lui montre son index.) Eh bien, riez ! (Ă Verchinine :) Non seulement dans deux ou trois cents ans, mais dans un million dâannĂ©es, la vie sera encore la mĂȘme ; elle ne change pas, elle est immuable, conforme Ă ses propres lois, qui ne nous concernent pas, ou dont nous ne saurons jamais rien. Les oiseaux migrateurs, les cigognes, par exemple, doivent voler, et quelles que soient les pensĂ©es, sublimes ou insignifiantes, qui leur passent par la tĂȘte, elles volent sans relĂąche, sans savoir pourquoi, ni oĂč elles vont. Elles volent et voleront, quels que soient les philosophes quâil pourrait y avoir parmi elles ; elles peuvent toujours philosopher, si ça les amuse, pourvu quâelles volent...
MACHA
Tout de mĂȘme, quel est le sens de tout cela ?
TOUZENBACH
Le sens... VoilĂ , il neige. OĂč est le sens ?
MACHA
Il me semble que lâhomme doit avoir une foi, du moins en chercher une, sinon sa vie est complĂštement vide... Vivre et ignorer pourquoi les cigognes volent, pourquoi les enfants naissent, pourquoi il y a des Ă©toiles au ciel... Il faut savoir pourquoi lâon vit, ou alors tout nâest que balivernes et foutaises.
Comme dit Gogol : « Il est ennuyeux de vivre en ce monde, messieurs. »
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Anton Chekhov (The Three Sisters)