L'eau Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to L'eau. Here they are! All 100 of them:

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Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns ou l'eau potable pour tous.
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Thomas Sankara
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Le monde est oval. On apprend l’eau par la soif, et la terre par le voyage en mer; la passion par les affres, et la paix par les rĂ©cits de guerre; l’amour par la mort, et les oiseaux par l’hiver.
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Emily Dickinson
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Comprendre... Vous n'avez que ce mot-lĂ  Ă  la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. Il fallait comprendre qu'on ne peut pas toucher Ă  l'eau, Ă  la belle eau fuyante et froide parce que cela mouille les dalles, Ă  la terre parce que cela tache les robes. Il fallait comprendre qu'on ne doit pas manger tout Ă  la fois, donner tout ce qu'on a dans ses poches au mendiant qu'on rencontre, courir, courir dans le vent jusqu'Ă  ce qu'on tombe par terre et boire quand on a chaud et se baigner quand il est trop tĂŽt ou trop tard, mais pas juste quand on en a envie ! Comprendre. Toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre. Je comprendrai quand je serai vieille [...]. Si je deviens vieille. Pas maintenant.
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Jean Anouilh (Antigone (The Theban Plays, #3))
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La raison rétrécit la vie, comme l'eau rétrécit les tricots de laine, si bien qu'on s'y sent coincé et on ne peut plus lever les bras.
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René Barjavel (L'Enchanteur)
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The water shines only by the sun. And it is you who are my sun. (L'eau ne brille que par le soleil. - Et c’est toi qui es mon soleil.)
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Charles de Leusse
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L'edera soffoca gli alberi, Violette, non dimenticare mai di tagliarla, mai. Appena i pensieri ti portano verso le tenebre prendi la cesoia e taglia via la tristezza.
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Valérie Perrin (Changer l'eau des fleurs)
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Les roses de Saadi J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ; Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir. Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées. Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ; La vague en a paru rouge et comme enflammée. Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée... Respires-en sur moi l'odorant souvenir.
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Marceline Desbordes-Valmore
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il n'est ni sagesse, ni calcul, ni science de l'eau quand elle dissout les digues et engloutit les villes des hommes. (chapitre XV)
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Antoine de Saint-Exupéry (Citadelle)
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La marée baissait encore dans l'étrange mouvement du flux et reflux de l'eau, comme si un coeur immense au centre de la terre ne battait que deux fois par jour.
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Annie Proulx (The Shipping News)
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L'eau est vraiment l'élément transitoire. Il est la métamorphose ontologique essentielle entre le feu et la terre
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Gaston Bachelard (Water and Dreams: An Essay on the Imagination of Matter (The Bachelard Translations))
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Ho due guardaroba, uno lo chiamo 'inverno' e l'altro 'estate', ma non c'entrano le stagioni, c'entrano le circostanze.
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Valérie Perrin (Changer l'eau des fleurs)
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Le serpent qui danse Que j'aime voir, chĂšre indolente, De ton corps si beau, Comme une Ă©toffe vacillante, Miroiter la peau! Sur ta chevelure profonde Aux acres parfums, Mer odorante et vagabonde Aux flots bleus et bruns, Comme un navire qui s'Ă©veille Au vent du matin, Mon Ăąme rĂȘveuse appareille Pour un ciel lointain. Tes yeux oĂč rien ne se rĂ©vĂšle De doux ni d'amer, Sont deux bijoux froids oĂč se mĂȘlent L’or avec le fer. A te voir marcher en cadence, Belle d'abandon, On dirait un serpent qui danse Au bout d'un bĂąton. Sous le fardeau de ta paresse Ta tĂȘte d'enfant Se balance avec la mollesse D’un jeune Ă©lĂ©phant, Et ton corps se penche et s'allonge Comme un fin vaisseau Qui roule bord sur bord et plonge Ses vergues dans l'eau. Comme un flot grossi par la fonte Des glaciers grondants, Quand l'eau de ta bouche remonte Au bord de tes dents, Je crois boire un vin de bohĂȘme, Amer et vainqueur, Un ciel liquide qui parsĂšme D’étoiles mon coeur!
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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L'Ă©ventail de choses Ă  accomplir est rĂ©duit. Lire, tirer de l'eau, couper le bois, Ă©crire et verser le thĂ© deviennent des liturgies. En ville, chaque acte se dĂ©roule au dĂ©triment de mille autres. La forĂȘt resserre ce que la ville disperse.
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Sylvain Tesson (Dans les forĂȘts de SibĂ©rie)
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Military men are the scourges of the world.
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Guy de Maupassant (Sur l'eau)
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A un moment, il faut sauter. MĂȘme si l'eau est glacĂ©e ou qu'on ne sait pas nager. Avant que le bateau coule.
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Jean-Michel Guenassia (Le Club des incorrigibles optimistes)
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La nuit avait les coudes posĂ©s sur l'eau oĂč ricochaientles fragiles Ă©chardes des Ă©toiles filantes.
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Arundhati Roy (The God of Small Things)
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Pauvre petite femme! Ça baĂźlle aprĂšs l'amour, comme une carpe aprĂšs l'eau sur une table de cuisine. Avec trois mots de galanterie, cela vous adorerait, j'en suis sĂ»r! ce serait tendre! charmannt!... Oui, mais comment s'en dĂ©barresser ensuite? - Rodolphe Boulanger
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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Aujourd'hui, je suis fou de mort, partout la mort, et ces roses sur ma table qui me parfument tandis que j'Ă©cris, affreusement vivant, ces roses sont des bouts de cadavres qu'on force Ă  faire semblant de vivre trois jours de plus dans de l'eau et les gens achĂštent ces cadavres de fleurs et les jeunes filles s'en repaissent.
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Albert Cohen (Le Livre de ma mĂšre)
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Ma grand-mĂšre m’a appris trĂšs tĂŽt comment cueillir les Ă©toiles : la nuit il suffit de poser une bassine d’eau au milieu de la cour pour les avoir Ă  ses pieds.
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Valérie Perrin (Changer l'eau des fleurs)
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Traduire le vent invisible par l'eau qu'il sculpte en passant.
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Robert Bresson (Notes on the Cinematographer)
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Le malheur avait mis les habits du mensonge Ils Ă©taient d’un beau rouge couleur du sang du cƓur Mais son cƓur Ă  lui Ă©tait gris PenchĂ© sur la margelle il me chantait l’amour Sa voix grinçait comme la poulie Et moi dans mon costume de vĂ©ritĂ© je me taisais et je riais et je dansais au fond du puits Et sur l’eau qui riait aussi la lune brillait contre le malheur la lune se moquait de lui.
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Jacques Prévert
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Il en doit ĂȘtre des troupes Ă  peu prĂšs comme d'une eau courante. De mĂȘme que l'eau qui coule Ă©vite les hauteurs et se hĂąte vers le pays plat, de mĂȘme une armĂ©e Ă©vite la force et frappe la faiblesse.
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Sun Tzu (The Art of War)
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Dans un roman tout s'explique, mĂȘme le plus mystĂ©rieux, surtout le plus mystĂ©rieux; non seulement il s'Ă©claire, mais il Ă©claire tout le reste. Dans la vie de la route, le plus simple reste mystĂ©rieux.
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Jean Giono (L'eau vive / Rondeur des jours)
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Les montagnes jouent Ă  front renversĂ©. Les reflets sont plus beaux que la rĂ©alitĂ©. L'eau fĂ©conde l'image de sa profondeur, de son mystĂšre. La vibration Ă  la surface situe la vision aux lisiĂšres du rĂȘve.
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Sylvain Tesson (Dans les forĂȘts de SibĂ©rie)
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J'ai dix-sept ans. Je ne sais pas que je n'aurai plus jamais dix-sept ans, je ne sais pas que la jeunesse, ça ne dure pas, que ça n'est qu'un instant, que ça disparaßt et quand on s'en rend compte il est trop tard, c'est fini, elle s'est volatilisée, on l'a perdue, certains autour de moi le pressentent et le disent pourtant, les adultes le répÚtent, mais je ne les écoute pas, leurs paroles roulent sur moi, ne s'accrochent pas, de l'eau sur les plumes d'un canard, je suis un idiot, un idiot insouciant.
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Philippe Besson (« ArrĂȘte avec tes mensonges »)
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Oh Barbara Quelle connerie la guerre Qu'es-tu devenue maintenant Sous cette pluie de fer De feu d'acier de sang Et celui qui te serrait dans ses bras Amoureusement Est-il mort disparu ou bien encore vivant Oh Barbara Il pleut sans cesse sur Brest Comme il pleuvait avant Mais ce n'est plus pareil et tout est abimĂ© C'est une pluie de deuil terrible et dĂ©solĂ©e Ce n'est mĂȘme plus l'orage De fer d'acier de sang Tout simplement des nuages Qui crĂšvent comme des chiens Des chiens qui disparaissent Au fil de l'eau sur Brest Et vont pourrir au loin Au loin trĂšs loin de Brest Dont il ne reste rien.
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Jacques Prévert (Paroles)
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« Tout s’en va, tout passe, l’eau coule, et le cƓur oublie. » “Everything goes, everything passes, the water flows, and the heart forgets.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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Elle aurait écouté des heures durant cette parole arrachée à l'épaisseur des jours. Parce que le temps passé à se parler ainsi n'est pas du temps, c'est de la lumiÚre. Le temps passé à se parler ainsi, c'est de l'eau qui lave l'ùme, le bon ange.
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Yanick Lahens (Bain de lune)
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AprĂšs le dĂ©cĂšs de cette vieille dame, tous les dimanches, j'allais au bord d'un Ă©tang Ă  lotus en banlieu de Hanoi, oĂč il y avait toujours deux ou trois femmes au dos arquĂ©, aux mains tremblantes, qui, assises dans le fond d'une barque ronde, se dĂ©plaçaient sur l'eau Ă  l'aide d'une perche pour placer des feuilles de thĂ© Ă  l'intĂ©rieur des fleurs de lotus ouvertes. Elles y retournaient le jour suivant pour les recueillir, unes Ă  unes, avant que les pĂ©tales se fanent, aprĂšs que les feuilles emprisonnĂ©es avaient absorbĂ© le parfum des pistils pendant la nuit. Elles me disaient que chaque feuille de thĂ© conservait ainsi l'Ăąme de ces fleurs Ă©phĂ©mĂšres.
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Kim ThĂșy (RU (French Edition))
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Pendant ces années, je n'en ai pas voulu à Philippe Toussaint de la solitude dans laquelle il me laissait parce que je ne la ressentais pas, je ne la vivais pas, elle glissait sur moi. Je crois que la solitude et l'ennui touchent le vide des gens. Moi, j'étais repue.
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Valérie Perrin (Changer l'eau des fleurs)
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L'image la plus simple de la vie organique unie à la rotation est la marée. Du mouvement de la mer, coït uniforme de la terre avec la lune, procÚde le coït polymorphe et organique de la terre et du soleil. Mais la premiÚre forme de l'amour solaire est un nuage qui s'élÚve au-dessus de l'élément liquide. Le nuage érotique devient parfois orage et reombe vers la terre sous forme de pluie pendant que la foudre défonce les couches de l'atmosphÚre. La pluie se redresse aussitÎt sous forme de plante immobile. La vie animale est entiÚrement issue du mouvement des mers et, à l'intérieur des corps, la vie continue à sortir de l'eau salée. La mer a jouée ainsi le rÎle de l'organe femelle qui devient liquide sous l'excitation. La mer se branle continuellement. Les éléments solides contenus et brassés par l'eau animée d'un mouvemnet érotique en jaillissent sous forme de poissons volants.
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Georges Bataille (The Solar Anus)
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En MĂ©diterranĂ©e Dans ce bassin oĂč jouent Des enfants aux yeux noirs, Il y a trois continents Et des siĂšcles d'histoire, Des prophĂštes des dieux, Le Messie en personne. Il y a un bel Ă©tĂ© Qui ne craint pas l'automne, En MĂ©diterranĂ©e. Il y a l'odeur du sang Qui flotte sur ses rives Et des pays meurtris Comme autant de plaies vives, Des Ăźles barbelĂ©es, Des murs qui emprisonnent. Il y a un bel Ă©tĂ© Qui ne craint pas l'automne, En MĂ©diterranĂ©e. Il y a des oliviers Qui meurent sous les bombes LĂ  oĂč est apparue La premiĂšre colombe, Des peuples oubliĂ©s Que la guerre moissonne. Il y a un bel Ă©tĂ© Qui ne craint pas l'automne, En MĂ©diterranĂ©e. Dans ce bassin, je jouais Lorsque j'Ă©tais enfant. J'avais les pieds dans l'eau. Je respirais le vent. Mes compagnons de jeux Sont devenus des hommes, Les frĂšres de ceux-lĂ  Que le monde abandonne, En MĂ©diterranĂ©e. Le ciel est endeuillĂ©, Par-dessus l'Acropole Et libertĂ© ne se dit plus En espagnol. On peut toujours rĂȘver, D'AthĂšnes et Barcelone. Il reste un bel Ă©tĂ© Qui ne craint pas l'automne, En MĂ©diterranĂ©e.
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Georges Moustaki
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In my book entitled 'L'eau et les reves, I collected many other literary images in which the pond is the very eye of the landscape, the reflection in water the first view that the universe has of itself, and the heightened beauty of a reflected landscape presented as the very root of cosmic narcissism.
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Gaston Bachelard (The Poetics of Space)
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Qu'une goutee de vin tombe dans un verre d'eau; quelle que soit la loi du movement interne du liquide, nous verrons bientÎt se colorer d'une teinte rose uniforme et à partir de ce moment on aura beau agiter le vase, le vin et l'eau ne partaßtront plus pouvoir se séparer. Tout cela, Maxwell et Boltzmann l'ont expliqué, mais celui qui l'a vu plus nettement, dans un livre trop peu lu parce qu'il est difficile à lire, c'est Gibbs dans ses principes de la Mécanique Statistique. Let a drop of wine fall into a glass of water; whatever be the law that governs the internal movement of the liquid, we will soon see it tint itself uniformly pink and from that moment on, however we may agitate the vessel, it appears that the wine and water can separate no more. All this, Maxwell and Boltzmann have explained, but the one who saw it in the cleanest way, in a book that is too little read because it is difficult to read, is Gibbs, in his Principles of Statistical Mechanics.
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Henri Poincaré (The Value of Science: Essential Writings of Henri Poincare (Modern Library Science))
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Je condamne l'ignorance qui rĂšgne en ce moment dans les dĂ©mocraties aussi bien que dans les rĂ©gimes totalitaires. Cette ignorance est si forte, souvent si totale, qu'on la dirait voulue par le systĂšme, sinon par le rĂ©gime. J'ai souvent rĂ©flĂ©chi Ă  ce que pourrait ĂȘtre l'Ă©ducation de l'enfant. Je pense qu'il faudrait des Ă©tudes de base, trĂšs simples, oĂč l'enfant apprendrait qu'il existe au sein de l'univers, sur une planĂšte dont il devra plus tard mĂ©nager les ressources, qu'il dĂ©pend de l'air, de l'eau, de tous les ĂȘtres vivants, et que la moindre erreur ou la moindre violence risque de tout dĂ©truire. Il apprendrait que les hommes se sont entre-tuĂ©s dans des guerres qui n'ont jamais fait que produire d'autres guerres, et que chaque pays arrange son histoire, mensongĂšrement, de façon Ă  flatter son orgueil. On lui apprendrait assez du passĂ© pour qu'il se sente reliĂ© aux hommes qui l'ont prĂ©cĂ©dĂ©, pour qu'il les admire lĂ  oĂč ils mĂ©ritent de l'ĂȘtre, sans s'en faire des idoles, non plus que du prĂ©sent ou d'un hypothĂ©tique avenir. On essaierait de le familiariser Ă  la fois avec les livres et les choses ; il saurait le nom des plantes, il connaĂźtrait les animaux sans se livrer aux hideuses vivisections imposĂ©es aux enfants et aux trĂšs jeunes adolescents sous prĂ©texte de biologie ; il apprendrait Ă  donner les premiers soins aux blessĂ©s ; son Ă©ducation sexuelle comprendrait la prĂ©sence Ă  un accouchement, son Ă©ducation mentale la vue des grands malades et des morts. On lui donnerait aussi les simples notions de morale sans laquelle la vie en sociĂ©tĂ© est impossible, instruction que les Ă©coles Ă©lĂ©mentaires et moyennes n'osent plus donner dans ce pays. En matiĂšre de religion, on ne lui imposerait aucune pratique ou aucun dogme, mais on lui dirait quelque chose de toutes les grandes religions du monde, et surtout de celles du pays oĂč il se trouve, pour Ă©veiller en lui le respect et dĂ©truire d'avance certains odieux prĂ©jugĂ©s. On lui apprendrait Ă  aimer le travail quand le travail est utile, et Ă  ne pas se laisser prendre Ă  l'imposture publicitaire, en commençant par celle qui lui vante des friandises plus ou moins frelatĂ©es, en lui prĂ©parant des caries et des diabĂštes futurs. Il y a certainement un moyen de parler aux enfants de choses vĂ©ritablement importantes plus tĂŽt qu'on ne le fait. (p. 255)
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Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
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La sua bocca era una linea di disapprovazione
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Valérie Perrin (Changer l'eau des fleurs)
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Quand t'as envie de prier et que l'homme se met devant toi comme si c'Ă©tait pour lui, envoie-le balader. Pense aux petites fleurs, au vent, Ă  l'eau, Ă  un gros cailloux.
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Alice Walker (The Color Purple)
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La vie animale est entiÚrement issue du mouvement des mers et, à l'intérieur des corps, la vie continue à sortir de l'eau salée.
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Georges Bataille (The Solar Anus)
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L'autunno Ăš una ninnananna per la vita che tornerĂ .
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Valérie Perrin (Changer l'eau des fleurs)
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C'est Ă  l'endroit oĂč l'eau est la plus profonde qu'elle est la plus calme.
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William Shakespeare
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...parce qu'il lui semblait voir, dessiné sur l'eau, le spectacle léger, et inexplicable qu'avait été as vie.
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Alessandro Baricco (Silk)
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Je crois donc que lorsque les gisements de houille seront Ă©puisĂ©s, on chauffera et on se chauffera avec de l'eau. L'eau est le charbon de l'avenir. —
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Jules Verne (L'Île mystĂ©rieuse)
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JACQUES: Moi, monsieur, à l'eau ! Jacques à l'eau bénite ! J'aimerais mieux que mille légions de diables me restassent dans le corps, que d'en boire une goutte, bénite ou non bénite.
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Denis Diderot (Jacques le fataliste et son maĂźtre)
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Mi piace ridere della morte, prenderla in giro. È il mio modo di esorcizzarla, cosÏ si dà meno arie. Burlandomi di lei permetto alla vita di prendere il sopravvento, di avere il potere.
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Valérie Perrin (Changer l'eau des fleurs)
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When Martha stepped inside the library, she closed her eyes and inhaled the earthy, almond scent of the books. If she could bottle the aroma, she'd wear it as a perfume, L'eau de la Bibliotheque.
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Phaedra Patrick (The Library of Lost and Found)
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Crescerai in un altro modo nell'amore che avrĂČ sempre per te. Crescerai altrove, nei mormorii del mondo, nel Mediterraneo, nell'orto di Sasha, nel volo di un uccello, con l'alba e col tramonto, in una ragazza che incontrerĂČ per caso, nel fogliame di un albero, nella preghiera di una donna, nelle lacrime di un uomo, nella luce di una candela. [...] Dove sarĂ  il mio cuore, il tuo continuerĂ  a battere.
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Valérie Perrin
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Entre ces murs, nourrie de mots, de peinture et de silence, je me sens abreuvée. L'eau coule de nouveau. Je réalise que rien ne manque à mon couple, c'est à moi qu'il manque des accroches pour apaiser ma soif.
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Diglee (Ressac)
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Des occasions prĂ©cieuses, des possibilitĂ©s, des sentiments qu’on ne pourra pas retrouver. C’est cela aussi, vivre. Mais Ă  l’intĂ©rieur de notre esprit – je crois que c’est Ă  l’intĂ©rieur de notre esprit, il y a une petite piĂšce dans laquelle nous stockons le souvenir de toutes ces occasions perdues. Une piĂšce avec des rayonnages, comme dans cette bibliothĂšque, j’imagine. Et il faut que nous fabriquions un index, avec des cartes de rĂ©fĂ©rences, pour connaĂźtre prĂ©cisĂ©ment ce qu’il y a dans nos cƓurs. Il faut aussi balayer cette piĂšce, l’aĂ©rer, changer l’eau des fleurs. En d’autres termes, tu devras vivre dans ta propre bibliothĂšque.
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Haruki Murakami (Kafka on the Shore)
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Spleen Je suis comme le roi d'un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant trĂšs vieux, Qui, de ses prĂ©cepteurs mĂ©prisant les courbettes, S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bĂȘtes. Rien ne peut l'Ă©gayer, ni gibier, ni faucon, Ni son peuple mourant en face du balcon. Du bouffon favori la grotesque ballade Ne distrait plus le front de ce cruel malade; Son lit fleurdelisĂ© se transforme en tombeau, Et les dames d'atour, pour qui tout prince est beau, Ne savent plus trouver d'impudique toilette Pour tirer un souris de ce jeune squelette. Le savant qui lui fait de l'or n'a jamais pu De son ĂȘtre extirper l'Ă©lĂ©ment corrompu, Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent, Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent, II n'a su rĂ©chauffer ce cadavre hĂ©bĂ©tĂ© OĂč coule au lieu de sang l'eau verte du LĂ©thĂ© // I'm like the king of a rain-country, rich but sterile, young but with an old wolf's itch, one who escapes his tutor's monologues, and kills the day in boredom with his dogs; nothing cheers him, darts, tennis, falconry, his people dying by the balcony; the bawdry of the pet hermaphrodite no longer gets him through a single night; his bed of fleur-de-lys becomes a tomb; even the ladies of the court, for whom all kings are beautiful, cannot put on shameful enough dresses for this skeleton; the scholar who makes his gold cannot invent washes to cleanse the poisoned element; even in baths of blood, Rome's legacy, our tyrants' solace in senility, he cannot warm up his shot corpse, whose food is syrup-green Lethean ooze, not blood. — Robert Lowell, from Marthiel & Jackson Matthews, eds., The Flowers of Evil (NY: New Directions, 1963)
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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Je voudrais ĂȘtre un huard, amoureux et paternel, nageant Ă  la surface tranquille d’un lac profondĂ©ment sauvage, Ă  la tombĂ©e de la nuit, entre deux montagnes dont les crans arrondis viennent plonger dans l’eau noire.
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Serge Bouchard (Les Yeux tristes de mon camion (French Edition))
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Pour la premiÚre fois, en buvant des cerises à l'eau-de-vi', je me saoûlai. C'était aux Andelys, je crois, et ma famille me regardait fort amusée. Elle ne pensait pas qu'un jour mes fortes cuites la feraient un peu déchanter
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Raymond Queneau (Chene Et Chien)
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Et la jeune fille s’était dressĂ©e comme pour aller Ă  son tour se tuer, se jeter Ă  son tour dans la mer et aprĂšs elle avait pleurĂ© parce qu’elle avait pensĂ© Ă  cet homme de Cholen et elle n’avait pas Ă©tĂ© sĂ»re tout Ă  coup de ne pas l’avoir aimĂ© d’un amour qu’elle n’avait pas vu parce qu’il s’était perdu dans l’histoire comme l’eau dans le sable et qu’elle le retrouvait seulement maintenant Ă  cet instant de la musique jetĂ©e Ă  travers la mer. Comme plus tard l’éternitĂ© du petit frĂšre Ă  travers la mort
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Marguerite Duras (The Lover)
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D’ailleurs la mort est toujours lĂ  ; n’est-elle pas partout sous les pieds de l’homme, qui la rencontre Ă  chaque pas dans cette vie ? L’eau, le feu, la terre, tout la lui offre sans cesse ; il la voit partout dĂšs qu’il la cherche, il la porte Ă  son cĂŽtĂ©.
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Alfred de Musset (La nuit vénitienne)
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Le vin est la gaietĂ©, dit-on ; comment cet ocĂ©an de vin qui submerge la commune de Bercy n’égaye-t-il pas un peu ces navrants paysages ? Tout Bacchus est lĂ  ; Bacchus, chantĂ© avec tant de constance par nos poĂštes Ă©briolants. Bacchus ne peut-il rassĂ©rĂ©ner ces horizons en deuil ? ou faut-il croire que Bacchus lui-mĂȘme, ennemi de l’eau, est incommodĂ© par le voisinage de la riviĂšre ?
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Paul FĂ©val pĂšre (Le Chevalier TĂ©nĂšbre (French Edition))
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D’oĂč viennent ces influences mystĂ©rieuses qui changent en dĂ©couragement notre bonheur et notre confiance en dĂ©tresse ? On dirait que l’air, l’air invisible est plein d’inconnaissables Puissances, dont nous subissons les voisinages mystĂ©rieux. Je m’éveille plein de gaietĂ©, avec des envies de chanter dans la gorge. – Pourquoi ? – Je descends le long de l’eau ; et soudain, aprĂšs une courte promenade, je rentre dĂ©solĂ©, comme si quelque malheur m’attendait chez moi. – Pourquoi ? – Est-ce un frisson de froid qui, frĂŽlant ma peau, a Ă©branlĂ© mes nerfs et assombri mon Ăąme ? Est-ce la forme des nuages, ou la couleur du jour, la couleur des choses, si variable, qui, passant par mes yeux, a troublĂ© ma pensĂ©e ? Sait-on ? Tout ce qui nous entoure, tout ce que nous voyons sans le regarder, tout ce que nous frĂŽlons sans le connaĂźtre, tout ce que nous touchons sans le palper, tout ce que nous rencontrons sans le distinguer, a sur nous, sur nos organes et, par eux, sur nos idĂ©es, sur notre cƓur lui-mĂȘme, des effets rapides, surprenants et inexplicables ?
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Guy de Maupassant (Le Horla et autres contes fantastiques (Classiques hachette))
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Naphta commença Ă  parler de pieux excĂšs de la charitĂ© qu'avait connus le moyen Ăąge, de cas Ă©tonnants de fanatisme et d'exaltation dans les soins donnĂ©s aux malades : des filles de rois avaient baisĂ© les plaies puantes de lĂ©preux, s'Ă©taient volontairement exposĂ©es Ă  la contagion de la lĂȘpre, avaient appelĂ© leurs roses les ulcĂšres qui se formaient sur leur corps, avaient bu l'eau oĂč s'Ă©taient lavĂ©s des malades purulents et avaient dĂ©clarĂ© ensuite que rien ne leur avait jamais semblĂ© meilleur. (ch. VI, operationes spirituales)
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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Et dans mon kiosque d'aiguilles qui procure une illusion de chaleur, je regarde le puits noir du lac. La masse de glace m'apparait comme un creuset cauchemardesque. Je perçois la force Ă  l'oeuvre sous ce couvercle. Dans le caveau, un univers grouille de bĂȘtes qui broient, dĂ©vorent et sectionnent. Dans les profondeurs, des Ă©ponges balancent lentement leurs branches. Des coquillages enroulent leurs spires, battant la mesure du temps et crĂ©ent des bijoux de nacre en forme de constellation. Des silures monstrueux rĂŽdent dans les vasiĂšres. Des poissons carnassiers migrent vers la surface pour le festin nocturne et les holocaustes de crustacĂ©s. Des bancs d'ombles tracent leurs chorĂ©graphies benthiques. Des bactĂ©ries barattent les scories, les digĂšrent, purifient l'eau. Ce morne malaxage s'opĂšre en silence, sous le miroir oĂč les Ă©toiles n'ont mĂȘme pas la force de se reflĂ©ter.
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Sylvain Tesson (Dans les forĂȘts de SibĂ©rie)
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L'eau, le vent, les feuilles. L'herbe, les champignons, les baies. Se rouler dans l'herbe. Sentir la pluie sur son visage, au petit matin - odeur de vin et d'algue - dans une rue de Tokyo. Voici quelques Ă©chantillons de ce qui, petit Ă  petit, nous devient de jour en jour un peu plus interdit. (p. 289)
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Michaël Ferrier (Fukushima : Récit d'un désastre)
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For the benefit of your research people, I would like to mention (so as to avoid any duplication of labor): that the planet is very like Mars; that at least seventeen states have Pinedales; that the end of the top paragraph Galley 3 is an allusion to the famous "canals" (or, more correctly, "channels") of Schiaparelli (and Percival Lowell); that I have thoroughly studied the habits of chinchillas; that Charrete is old French and should have one "t"; that Boke's source on Galley 9 is accurate; that "Lancelotik" is not a Celtic diminutive but a Slavic one; that "Betelgeuze" is correctly spelled with a "z", not an "s" as some dictionaries have it; that the "Indigo" Knight is the result of some of my own research; that Sir Grummore, mentioned both in Le Morte Darthur ad in Amadis de Gaul, was a Scotsman; that L'Eau Grise is a scholarly pun; and that neither bludgeons nor blandishments will make me give up the word "hobnailnobbing".
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Vladimir Nabokov
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[...] Violette, perchĂ© non si rifĂ  una vita?". "PerchĂ© una vita non si rifĂ . Provi a prendere un foglio di carta e strapparlo: per quanto rincolli ogni pezzo rimarranno sempre gli strappi, le pieghe e lo scotch". "È vero, ma una volta rincollato il foglio puĂČ continuare a scriverci sopra". " SĂŹ, se ha un buon pennarello".
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Valérie Perrin (Changer l'eau des fleurs)
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Il m'a toujours semblĂ© que la musique ne devrait ĂȘtre que du silence, qui chercherait Ă  s'exprimer. Voyez, par exemple, une fontaine. L'eau muette emplit les conduits, s'y amasse, en dĂ©borde, et la perle qui tombe est sonore. Il m'a toujours semblĂ© que la musique ne devrait ĂȘtre que le trop-plein d'un grand silence. (p. 81)
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Marguerite Yourcenar (Alexis ou le Traité du vain combat / Le Coup de grùce)
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Quand le soir approchait je descendais des cimes de l'Ăźle et j'allais volontiers m'asseoir au bord du lac, sur la grĂšve, dans quelque asile cachĂ©; lĂ  le bruit des vagues et l'agitation de l'eau fixant mes sens et chassant de mon Ăąme toute autre agitation la plongeaient dans une rĂȘverie dĂ©licieuse oĂč la nuit me surprenait souvent sans que je m'en fusse aperçu. Le flux et le reflux de cette eau, son bruit continu mais renflĂ© par intervalles frappant sans relĂąche mon oreille et mes yeux, supplĂ©aient aux mouvements internes que la rĂȘverie Ă©teignait en moi et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser.
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Jean-Jacques Rousseau (Les RĂȘveries du promeneur solitaire (French Edition))
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La passion, c'est... C'est un incendie. Et c'est trĂšs bien, les incendies. Mais on est surtout constituĂ© d'eau. C'est l'eau qui nous maintient en vie. On a besoin d'eau pour survivre. Ma famille Ă©tait mon eau. J'ai choisi l'eau. Je choisirai toujours l'eau. Et je voulais que Daisy trouve la sienne. Parce que je ne pouvais pas ĂȘtre son eau.
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Taylor Jenkins Reid (Daisy Jones & The Six)
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Tout s’en va, tout passe, l’eau coule, et le coeur oublie. —Flaubert
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Stephen King (Different Seasons: Four Novellas)
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Dio ù a immagine e somiglianza dell’uomo, il che vuol dire che mente, dà, ama, riprende e tradisce come chiunque altro.
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Valérie Perrin (Changer l'eau des fleurs)
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1998, ses
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Valérie Perrin (Changer l'eau des fleurs)
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Quand je considĂšre ma vie, je suis Ă©pouvantĂ© de la trouver informe. L'existence des hĂ©ros, celle qu'on nous raconte, est simple ; elle va droit au but comme une flĂšche. Et la plupart des hommes aiment Ă  rĂ©sumer leur vie dans une formule, parfois dans une vanterie ou dans une plainte, presque toujours dans une rĂ©crimination ; leur mĂ©moire leur fabrique complaisamment une existence explicable et claire. Ma vie a des contours moins fermes... Le paysage de mes jours semble se composer, comme les rĂ©gions de montagne, de matĂ©riaux divers entassĂ©s pĂȘle-mĂȘle. J'y rencontre ma nature, dĂ©jĂ  composite, formĂ©e en parties Ă©gales d'instinct et de culture. Ça et lĂ , affleurent les granits de l'inĂ©vitable ; partout, les Ă©boulements du hasard. Je m'efforce de reparcourir ma vie pour y trouver un plan, y suivre une veine de plomb ou d'or, ou l'Ă©coulement d'une riviĂšre souterraine, mais ce plan tout factice n'est qu'un trompe-l'oeil du souvenir. De temps en temps, dans une rencontre, un prĂ©sage, une suite dĂ©finie d'Ă©vĂ©nements, je crois reconnaĂźtre une fatalitĂ©, mais trop de routes ne mĂšnent nulle part, trop de sommes ne s'additionnent pas. Je perçois bien dans cette diversitĂ©, dans ce dĂ©sordre, la prĂ©sence d'une personne, mais sa forme semble presque toujours tracĂ©e par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflĂ©tĂ©e sur l'eau. Je ne suis pas de ceux qui disent que leurs actions ne leur ressemblent pas. Il faut bien qu'elles le fassent, puisqu'elles sont ma seule mesure, et le seul moyen de me dessiner dans la mĂ©moire des hommes, ou mĂȘme dans la mienne propre ; puisque c'est peut-ĂȘtre l'impossibilitĂ© de continuer Ă  s'exprimer et Ă  se modifier par l'action que constitue la diffĂ©rence entre l'Ă©tat de mort et celui de vivant. Mais il y a entre moi et ces actes dont je suis fait un hiatus indĂ©finissable. Et la preuve, c'est que j'Ă©prouve sans cesse le besoin de les peser, de les expliquer, d'en rendre compte Ă  moi-mĂȘme. Certains travaux qui durĂšrent peu sont assurĂ©ment nĂ©gligeables, mais des occupations qui s'Ă©tendirent sur toute la vie ne signifient pas davantage. Par exemple, il me semble Ă  peine essentiel, au moment oĂč j'Ă©cris ceci, d'avoir Ă©tĂ© empereur..." (p.214)
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Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
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He pulled out a chair and while they sat down he beckoned to a waiter and despite Mathis’s expostulations insisted on ordering the drinks – a ‘fine à l’eau’ for Mathis and a ‘bacardi’ for the girl.
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Ian Fleming (Casino Royale (James Bond, #1))
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PrĂšs de quatre mille jeunes combattants morisques succombĂšrent en tentant de rapporter de l'eau aux enfants qui mourraient de dĂ©shydratation.obligĂ©s de capituler,ils demandĂšrent finalement Ă  ĂȘtre dĂ©portĂ©s et descendirent prĂ©cipitamment vers les fontaines.Quelques uns moururent pour avoir trop bu.les survivants furent triĂ©s :les femmes et les enfants en Ă©tat de servir furent sĂ©parĂ©s des autres pour ĂȘtre vendus
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Rodrigo de Zayas (Les Morisques et le racisme d État)
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Mi dice spesso: "Violette, non so cosa vi siate raccontati con Dio stamattina a colazione, ma sembra molto arrabbiata con lui". Io rispondo sempre: "È perché non si pulisce mai i piedi prima di entrare in casa mia".
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Valérie Perrin (Changer l'eau des fleurs)
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La mort ne faisait pas souffrir. C'Ă©tait la vie, cette atroce sensation d'Ă©touffement : c'Ă©tait le dernier coup que devait lui porter la vie. Ses mains et ses pieds, dans un dernier sursaut de volontĂ©, se mirent Ă  battre, Ă  faire bouillonner l'eau, faiblement, spasmodiquement. Mais malgrĂ© ses efforts dĂ©sespĂ©rĂ©s, il ne pourrait jamais plus remonter ; il Ă©tait trop bas, trop loin. Il flottait languissement, bercĂ© par un flot de visions trĂšs douces. Des couleurs, une radieuse lumiĂšre l'enveloppaient, le baignaient, le pĂ©nĂ©traient. Qu'Ă©tait-ce ? On aurait dit un phare. Mais non, c'Ă©tait dans son cerveau, cette Ă©blouissante lumiĂšre blanche. Elle brillait de plus en plus resplendissante. Il y eut un long grondement, et il lui sembla glisser sur une interminable pente. Et, tout au fond, il sombra dans la nuit. Ça, il le sut encore : il avait sombrĂ© dans la nuit. Et au moment mĂȘme oĂč il le sut, il cessa de le savoir.
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Jack London (Martin Eden)
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« Il faut dire qu’un sĂ©jour continuel dans un État bien organisĂ© a quelque chose d’absolument fantĂŽmal ; on ne peut sortir dans la rue, boire un verre d’eau ou monter dans le tram sans toucher aux leviers subtilement Ă©quilibrĂ©s d’un gigantesque appareil de lois et de relations, les mettre en branle ou se faire maintenir par eux dans la tranquillitĂ© de son existence ; on n’en connaĂźt qu’un trĂšs petit nombre, ceux qui pĂ©nĂštrent profondĂ©ment dans l’intĂ©rieur et se perdent Ă  l’autre bout dans un rĂ©seau dont aucun homme, jamais, n’a dĂ©brouillĂ© l’ensemble ; c’est d’ailleurs pourquoi on le nie, comme le citadin nie l’air, affirmant qu’il n’est que du vide ; mais il semble que ce soit justement parce que tout ce que l’on nie, tout ce qui est incolore, inodore, insipide, sans poids et sans moeurs, comme l’eau, l’air, l’espace, l’argent et la fuite du temps, est en rĂ©alitĂ© l’essentiel que la vie prend ce caractĂšre spectral. »
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Robert Musil (The Man Without Qualities)
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[107] Comme on dirait un gobe-mouche, un dĂ©sƓuvrĂ©, un oisif, qui bat l’eau pour faire des ronds, qui fume pour faire quelque chose et ne fait autre emploi de ses dix doigts que de soutenir le tuyau de sa pipe de l’air du monde le plus prĂ©occupĂ©.
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Nikolai Gogol (Les Ăąmes mortes)
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The English word loo for toilet may come from (1) lieu à l’anglaise, the French term for toilet, or (2) Gardez l’eau! (Watch out for the water!), called to alert passersby that chamber pots were being emptied from upper-story windows into the street.
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Katherine Ashenburg (The Dirt on Clean: An Unsanitized History)
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TantĂŽt ses bras tendus montraient le ciel propice ; tantĂŽt il adorait humblement inclinĂ©... etc. la foule, prĂ©cĂ©dĂ©e de la croix, et mĂȘlant ses chants sacrĂ©s au murmure lointain des tempĂȘtes, marche vers l'asile des morts. LĂ , la veuve pleure un Ă©poux, la jeune fille un amant, la mĂšre un fils Ă  la mamelle. Trois fois l'assemblĂ©e fait le tour des tombes ; trois fois l'eau lustrale est jetĂ©e. Alors le peuple saint se sĂ©pare, les brouillards de l'automne s'entrouvrent, et le soleil reparaĂźt dans les cieux.
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François-René de Chateaubriand (Oeuvres complÚtes et annexes - 49 titres)
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PlĂ»t au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanĂ©ment fĂ©roce comme ce qu’il lit, trouve, sans se dĂ©sorienter, son chemin abrupt et sauvage, Ă  travers les marĂ©cages dĂ©solĂ©s de ces pages sombres et pleines de poison ; car, Ă  moins qu'il n’apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d’esprit Ă©gale au moins Ă  sa dĂ©fiance, les Ă©manations mortelles de ce livre imbiberont son Ăąme comme l’eau le sucre. Il n’est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre ; quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger. Par consĂ©quent, Ăąme timide, avant de pĂ©nĂ©trer plus loin dans de pareilles landes inexplorĂ©es, dirige tes talons en arriĂšre et non en avant. Écoute bien ce que je te dis : dirige tes talons en arriĂšre et non en avant.
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Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror)
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Tout à coup une absurde image me vient. Celle des horloges en panne. De toutes les horloges en panne. Horloges des églises de village. Horloges des gares. Pendules de cheminée des maisons vides. Et, dans cette devanture d'horloger enfui, cet ossuaire de pendules mortes. La guerre...on ne remonte plus les pendules. On ne ramasse plus les betteraves. On ne répare plus les wagons. Et l'eau, qui était captée pour la soif ou pour le blanchissage des belles dentelles du dimanche des villageoises, se répand en mare devant l'église. et l'on meurt en été...
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Antoine de Saint-Exupéry
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You have been lucky to meet Guy de Maupassant. I have just read his first book, Des Vers, poems dedicated to his master Flaubert; there is one, “Au bord de l’eau,” which is already himself. What Van der Meer of Delft is to Rembrandt among the painters, he is to Zola among the French novelists.
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Vincent van Gogh (Delphi Complete Works of Vincent van Gogh (Illustrated) (Masters of Art Book 3))
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Songez Ă  la ruse de la mer et Ă  la maniĂšre dont ses crĂ©atures les plus redoutables glissent sous l’eau, Ă  peu prĂšs invisibles, traĂźtreusement cachĂ©es par les plus suaves tons d’azur. Songez Ă  la beautĂ© et Ă  l’éclat satanique de ses plus impitoyables tribus, Ă  la forme exquise de certains requins. Songez au cannibalisme universel qui rĂšgne dans la mer oĂč les crĂ©atures de proie s’entre-dĂ©vorent, menant une guerre Ă©ternelle depuis l’origine du monde. Songez Ă  tout cela et tournez alors vos regards vers cette terre aimable et verte infiniment docile, songez Ă  l’OcĂ©an et Ă  la terre, ne retrouvez-vous pas en vous-mĂȘme leurs pareils ? Car de mĂȘme que cet ocĂ©an de terreur entoure les verts continents, de mĂȘme l’ñme de l’homme enferme une Tahiti, Ăźle de paix et de joie, cernĂ©e par les horreurs sans nombre d’une vie Ă  demi inconnue. Que Dieu te garde ! Ne pousse pas au large de cette Ăźle, tu n’y pourrais jamais revenir !
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Herman Melville (Moby Dick)
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Il pleut doucement, ma mĂšre, Et c’est l’automne Si doucement Que c’est la mĂȘme pluie Et le mĂȘme automne Qu’il y a bien des ans. Il pleut et il y a encore, Comme il y a bien des ans, Combien de cƓurs au fil de l’eau Et combien de petits sabots RĂȘvant au coin de l’ñtre. Et c’est le soir, ma mĂšre, Et tes genoux sont lĂ  Si prĂšs du feu Que c’est le mĂȘme soir Et les mĂȘmes genoux Qu’il y a bien des ans. Il pleut doucement, ma mĂšre, Et c’est l’automne Et c’est le soir, ma mĂšre, Et tes genoux sont lĂ . Prends-moi sur tes genoux, ce soir, Comme il y a bien des ans Et raconte-moi l’histoire De la Belle au bois dormant.
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Maurice CarĂȘme
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L’équipage se rassembla pour une rĂ©union improvisĂ©e sur le pont avant, principalement parce que Percy surveillait un serpent de mer gĂ©ant qui Ă©voluait entre les vagues, Ă  bĂąbord. – Il est mĂ©chamment rouge, ce monstre, murmura Percy. Je me demande s’il est aromatisĂ© grenadine ? – Si tu sautais Ă  l’eau pour vĂ©rifier ? lui lança Annabeth. – Peut-ĂȘtre pas, nan.
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Rick Riordan (The Blood of Olympus (The Heroes of Olympus, #5))
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Sur une gamme chromatique, Le sein de peries ruisselant, La Venus de l’Adriatique Sort de l’eau son corps rose et blanc. Les domes, sur l’azur des ondes Suivant la phrase au pur contour, S’enflent comme des gorges rondes Que souleve un soupir d’amour. L’esquif aborde et me depose, Jetant son amarre au pilier, Devant une facade rose, Sur le marbre d’un escalier.
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Oscar Wilde (The Picture of Dorian Gray)
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Alors il peut sans doute recommencer Ă  y croire, Ă  les aligner, les ordonner Ă©lĂ©gamment les uns aprĂšs les autres, insignifiants, sonores et creux, dans d’élĂ©gantes phrases insignifiantes, sonores, biensĂ©antes et infiniment rassurantes, aussi lisses, aussi polies, aussi glacĂ©es et aussi peu solides que la surface miroitante de l’eau recouvrant, cachant pudiquement

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Claude Simon (The Flanders Road)
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vautrĂ© sur une chaise de mĂ©tal, j’espionnai le jeu des garçonnets, lesquels se lançaient leurs voiliers miniatures d’un bord Ă  l’autre du bassin circulaire, puis, malgrĂ© moi, j’observai le vent dans la ramĂ©e, l’oscillation des arbustes, j’envoyai deux ou trois cailloux pour dessiner des ronds sur l’eau et je me penchais vers les fleurs lorsque la paix m’inonda
 J’avais compris.
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Éric-Emmanuel Schmitt (Madame Pylinska et le secret de Chopin (French Edition))
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Le soleil, plus bas, semblait saigner; et une large traßnée lumineuse, une route éblouissante courait sur l'eau depuis la limite de l'Océan jusqu'au sillage de la barque. Les derniers souffles de vent tombÚrent; toute ride s'aplanit; et la voile immobile était rouge. Une accalmie illimitée semblait engourdir l'espace, faire le silence autour de cette rencontre d'éléments : tandis que, cambrant sous le ciel son ventre luisant et liquide, la mer, fiancée monstrueuse, attendait l'amant de feu qui descendait vers elle. Il précipitait sa chute, empourpré comme par le désir de leur embrassement. Il la joignit; et, peu à peu, elle le dévora. Alors de l'horizon une fraßcheur accourut; un frisson plissa le sein mouvant de l'eau comme si l'astre englouti eût jeté sur le monde un soupir d'apaisement.
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Guy de Maupassant (Une vie)
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Et, assurĂ©ment, la rĂ©alitĂ© est plus sombre encore que n'osait la prĂ©voir le savant [F. Schrader] qui formulait en 1911 ces conclusions, dont les technocrates et les promoteurs de l'Ă©poque ont dĂ» sourire. Il ne pouvait imaginer ni les pluies acides, ni la pollution des riviĂšres et des mers par le mercure et les autres dĂ©chets de l'industrie chimique et atomique, ou par l'Ă©lĂ©vation artificielle de la tempĂ©rature de l'eau due aux usines riveraines. Il n'avait pas prĂ©vu que plus de deux mille espĂšces animales seraient exterminĂ©es avant la fin du siĂšcle ; il ne savait encore rien de l'usage des herbicides, ni des sournois dĂ©potoirs atomiques, cachĂ©s dans des endroits Ă©cartĂ©s, quand ce n'est pas aux abords des villes, ou transportĂ©s secrĂštement Ă  prix d'or pour continuer leur cycle millĂ©naire de nuisance dans le sous-sol des continents pauvres. Il n'eĂ»t mĂȘme pas Ă©tĂ© capable d'imaginer le dĂ©sastre de nos marĂ©es noires, fruit de l'incurie et de l'aviditĂ©, car une construction plus solide et plus rationnelle des pĂ©troliers obligerait Ă  en Ă©liminer la plupart. Il ne pouvait pas prĂ©voir non plus la destruction de la stratosphĂšre, la rarĂ©faction de l'oxygĂšne et de l'ozone, la calotte thermique obscurcissant la lumiĂšre solaire et Ă©levant artificiellement la tempĂ©rature au ras du sol. On voit du moins qu'il en savait assez pour signaler le chemin pris par nos apprentis sorciers et par nos marchands du Temple, qui de nos jours n'encombrent plus seulement les abords des sanctuaires mais la terre entiĂšre. Ce qu'il disait, avec quelques autres (Albert Schweitzer, un peu plus tard, en Afrique, Ă©tait alertĂ© lui aussi par les trop soudains changements de climat), nous le crions aujourd'hui. (p. 275)
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Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
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Ce n’était pas une larme. Il n’y avait plus de larme. Il n’y avait plus qu’elle, seule Ă  Port Maria. Et dĂ©sormais l’équinoxe, le printemps, la saison des amours, les bourgeons en fleur : tout Ă©tait placĂ© sous le signe du renouveau. Elle inspira profondĂ©ment, humectant l’odeur rafraĂźchissante de l’eau salĂ©e mĂȘlĂ©e Ă  la lourdeur d’un ciel d’orage. Au fil des minutes, les nuages, comme elle, effectuaient leur transition, ils Ă©taient sur le dĂ©part.
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Laura P. Sikorski
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Bien sĂ»r ces changements de comportement culturel et l'invention de mumltiples diversions font partie d'un systĂšme Ă©conomique qui me dĂ©pase. J'envisage ce systĂšme comme un bain dans une piscine anĂ©miĂ©e, stĂ©rile, bondĂ©e, puant le chlore, en comparaison d'une dĂ©licieuse baignade dans un lac au fond des bois, la berge du lac bordĂ©e de nĂ©nuphars en fleurs oĂč sont perchĂ©es de petites tortues, un ou deux hĂ©rons dans les grands pins ou dans l'eau peu profonde, quelques serpents d'eau parmi les massifs d'ajoncs, et quand vous plongez vous voyez les poissons qui se reposent immobiles sous les bĂ»ches dressĂ©es. MĂȘme les profondeurs obscures semblent sĂ©duisantes en comparaison d'une piscine, comme une promenade printaniĂšre sous la pluie dans les bois en comparaison d'une sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e oĂč des gens se font descendre ou tabasser Ă  New York ou Ă  Los Angeles tandis que des durs Ă  cuire enchaĂźnent d'insipides rĂ©pliques soi-disant spirituelles.
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Jim Harrison (Off to the Side: A Memoir)
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Maintenant je le savais, maintenant j'allais le faire. Je suis remonté là-haut en courant, avec la bouteille d'eau bénite, un idiot muni d'eau bénite, je le savais, je savais que j'étais idiot, mais je m'en moquais. Je devais les avertir de mon arrivée. Je devais au moins les prévenir, ils avaient droit à ça. J'ai gueulé : "Eau bénite !" "L'eau bénite arrive !" "Voilà l'eau bénite !" Quand je me suis rué dans l'entrée de la mine, ils étaient tous immobiles sur le sol, blancs et nus et paralysés, figés comme de blùmes cadavres. "Attention à l'eau bénite ! Voici l'homme qui détient l'eau bénite ! Un truc super puissant !" J'ai ai éclaboussé un peu partout, elle glougloutait hors de la bouteille en giclant sur leurs cadavres blancs. "C'est l'eau bénite, les amis ! Un truc super-puissant !" Sur leurs visages, leurs poitrines, leurs parties poilues, jeter l'eau bénite, chasser le diable, tuer le diable, sauver mon pÚre, libérer mon pÚre !
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John Fante (L'Orgie (suivi de 1933 fut une mauvaise année))
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Les arbres savent quand un des leurs a soif et ils savent aussi comment rediriger l’eau vers lui. Ils sont solidaires. Ils peuvent se prĂ©venir l’un l’autre du danger, des prĂ©dateurs, assurer la survie du groupe dans son ensemble. Tout part des racines, des origines, mais le message transite par les racines secondaires et les radicelles, qui sont plus fines, s’étendent plus loin. Tout se fait en chuchotant Ă  travers le rĂ©seau souterrain de champignons, le mycĂ©lium, ce que tout le monde croit pourri, oui.
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Vincent Fortier (Les racines secondaires)
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Elle souriait quelques fois, arrĂȘtant sur lui ses yeux, une minute. Alors, il sentait ses regards pĂ©nĂ©trer son Ăąme, comme ces grands rayons de soleil qui descendent jusqu’au fond de l’eau. Il l’aimait sans arriĂšre-pensĂ©e, sans espoir de retour, absolument ; et, dans ces muets transports, pareils Ă  des Ă©lans de reconnaissance, il aurait voulu couvrir son front d’une pluie de baisers. Cependant, un soufflant intĂ©rieur l’enlevait comme hors de lui ; c’était une envie de se sacrifier, un besoin de dĂ©vouement immĂ©diat, et d’autant plus fort qu’il ne pouvait l’assouvir.
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Gustave Flaubert (L’Éducation Sentimentale (French Edition))
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Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altĂ©rĂ© dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air. Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j’entends dans tes cheveux ! Mon Ăąme voyage sur le parfum comme l’ñme des autres hommes sur la musique. Tes cheveux contiennent tout un rĂȘve, plein de voilures et de mĂątures ; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, oĂč l’espace est plus bleu et plus profond, oĂč l’atmosphĂšre est parfumĂ©e par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.
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Charles Baudelaire
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Je me suis rendu compte que je n’avais pas vu l’eau depuis quatre jours et que je portais toujours les mĂȘmes vĂȘtements, avec les reliefs de fourmis. Elle, en revanche, portait une autre robe, blanche, Ă  ras du cou, qui la couvrait entiĂšrement. La robe ne comportait ni motifs ni inscriptions ; ce qui ne laissait pas de m’étonner, car maman n’avait jamais portĂ© que d’affreux corsages, immanquablement couverts d’inscriptions. Je la regardais aller et venir dans la cuisine, comme un mĂ©tronome sorti de son axe. Elle Ă©tait blanche et cylindrique, et j’imaginais sa robe se transformer en un tube coiffĂ© d’un petit couvercle dans lequel je la tiendrais captive et dont je ne la libĂ©rerais que de loin en loin. Le matin ou le soir, ou Ă  la fin de la semaine, ou pour NoĂ«l. Ou, ce qui serait le mieux, seulement Ă  la fin, pour qu’elle meure. Maman-tube de dentifrice. Maman-Ɠsophage. Maman-ascaride. Maman-cĂąble. Maman-craie. Maman-os. Maman-fil. Maman-comĂšte. Maman-bougie.
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Tatiana ÈšĂźbuleac (El verano en que mi madre tuvo los ojos verdes)
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On ne peut pas ĂȘtre heureux sans y travailler durement car le bonheur exige luciditĂ© et rĂ©flexion. La fĂ©licitĂ© ne consiste pas Ă  se tenir Ă  l’abri du mal – ça, c’est ĂȘtre Ă©pargné–, elle commence aprĂšs les premiers coups. Subir un bombardement de peines, deuils, dĂ©ceptions, trahisons, et nĂ©anmoins sourire, savourer
 Il faut insĂ©rer la douleur dans la trame de nos jours, tirer un jus positif du malheur, relativiser, chercher, loin des conditionnements de la sociĂ©tĂ©, son prototype de satisfaction. Or s’appliquer Ă  ĂȘtre heureux ne suffit pas pour y parvenir. Pas seulement parce que la vie continue Ă  blesser, mais parce que le bonheur rĂ©side dans le silence de la pensĂ©e. Être heureux, c’est justement ne plus se demander si l’on est heureux, le ravissement tenant Ă  la disparition des questions. Comme le sucre fond dans l’eau, inquiĂ©tudes, doutes, interrogations se dissolvent dans l’état heureux. La bĂ©atitude s’avĂšre une grĂące, laquelle dĂ©pend de nos prĂ©parations mais s’en Ă©chappe, telle la grĂące d’une danseuse ou d’un pianiste. De mĂȘme que les exercices ne donnent pas le gĂ©nie, la sagesse ne procure pas le bonheur.
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Éric-Emmanuel Schmitt
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Porteurs Notre monde repose sur les Ă©paules de l'autre. Sur des enfants au travail, sur des plantations et des matiĂšres premiĂšres payĂ©es bon marchĂ© : des Ă©paules d'inconnus portent notre poids, obĂšse de disproportion de richesses. Je l'ai vu. Dans les ascensions qui durent bien des jours vers les camps de base des hautes altitudes, des hommes et aussi des femmes et des enfants portent notre poids dans des hottes tressĂ©es. Tables, chaises, vaisselle, tentes, cuisiniĂšres, combustibles cordes, matĂ©riel d'escalade, nourriture pour plusieurs semaines, en somme un village pour vivre lĂ  oĂč il n'y a rien. Ils portent notre poids pour le prix moyen de trois cents roupies nĂ©palaises par jour, moins de quatre euros. Les hottes pĂšsent quarante kilos, mais certains en portent de plus lourdes. Les Ă©tapes sont longues, elles fatiguent le voyageur avec son petit sac Ă  dos et le minimum nĂ©cessaire. Des porteurs de tout notre confort marchent avec des tongs ou bien pieds nus sur des pentes qui manquent d'oxygĂšne, la tempĂ©rature baissant. La nuit, ils campent en plein air autour d'un feu, ils font cuire du riz et des lĂ©gumes cueillis dans les parages, tant que quelque chose sort de terre. Au NĂ©pal, la vĂ©gĂ©tation monte jusqu'Ă  trois mille cinq cents mĂštres. Nous autres, nous dormons dans une tente avec un repas chaud cuisinĂ© par eux. Ils portent notre poids et ne perdent pas un gramme. Il ne manque pas un mouchoir au bagage remis en fin d'Ă©tape. Ils ne sont pas plus faits pour l'altitude que nous, la nuit je les entends tousser. Ce sont souvent des paysans des basses vallĂ©es de riziĂšres. Nous avançons pĂ©niblement en silence, eux ne renoncent pas Ă  se parler, Ă  raconter, tout en marchant. Nous habillĂ©s de couches de technologie lĂ©gĂšre, aĂ©rĂ©e, chaude, coupe-vent, et cetera, eux avec des vĂȘtements usĂ©s, des pulls en laine archiĂ©limĂ©s : ils portent notre poids et sourient cent plus que le plus extraverti de nos joyeux compĂšres. Ils nous prĂ©parent des pĂątes avec l'eau de la neige, ils nous ont mĂȘme apportĂ© des oeufs ici, Ă  cinq mille mĂštres. Sans eux, nous ne serions ni agiles, ni athlĂ©tiques, ni riches. Ils disparaissent en fin de transport, ils se dispersent dans les vallĂ©es, juste Ă  temps pour le travail du riz et de l'orge. (p. 11-12)
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Erri De Luca (Sulla traccia di Nives)
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J’ai bien dĂ» rester lĂ  encore une partie de la nuit suivante. Toute l’oreille Ă  gauche Ă©tait collĂ©e par terre avec du sang, la bouche aussi. Entre les deux y avait un bruit immense. J’ai dormi dans ce bruit et puis il a plu, de pluie bien serrĂ©e. Kersuzon Ă  cĂŽtĂ© Ă©tait tout lourd tendu sous l’eau. J’ai remuĂ© un bras vers son corps. J’ai touchĂ©. L’autre je pouvais plus. Je ne savais pas oĂč il Ă©tait l’autre bras. Il Ă©tait montĂ© en l’air trĂšs haut, il tourbillonnait dans l’espace et puis il redescendait me tirer sur l’épaule, dans le cru de la viande. Ça me faisait gueuler un bon coup chaque fois et puis c’était pire. AprĂšs j’arrivais Ă  faire moins de bruit, avec mon cri toujours, que l’horreur de boucan qui dĂ©fonçait la tĂȘte, l’intĂ©rieur comme un train. Ça ne servait Ă  rien de se rĂ©volter. C’est la premiĂšre fois dans cette mĂ©lasse pleine d’obus qui passaient en sifflant que j’ai dormi, dans tout le bruit qu’on a voulu, sans tout Ă  fait perdre conscience, c’est-Ă -dire dans l’horreur en somme. Sauf pendant les heures oĂč on m’a opĂ©rĂ©, je n’ai plus jamais perdu tout Ă  fait conscience. J’ai toujours dormi ainsi dans le bruit atroce depuis dĂ©cembre 14. J’ai attrapĂ© la guerre dans ma tĂȘte. Elle est enfermĂ©e dans ma tĂȘte.
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Louis-Ferdinand CĂ©line (Guerre)
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« Je connais son odeur. Ce petit grain de beautĂ© dans son cou quand elle relĂšve ses cheveux. Elle a la lĂšvre supĂ©rieure un peu plus charnue que l’infĂ©rieure. La courbe de son poignet, quand elle tient un stylo. C’est mal, c’est vraiment mal, mais je connais les contours de sa silhouette. J’y pense en me couchant, et puis je me lĂšve, je vais bosser, et elle est lĂ , et c’est insupportable. Je lui dis des trucs avec lesquels je sais qu’elle sera d’accord, juste pour l’entendre me rĂ©pondre : « Hm-hm. » C’est sensuel comme la sensation de l’eau chaude sur mon dos, putain. Elle est mariĂ©e. Elle est brillante. Elle me fait confiance, et la seule chose que j’ai en tĂȘte c’est de l’amener dans mon bureau, la dĂ©shabiller, lui faire des choses inavouables. Et j’ai envie de le lui dire. J’ai envie de lui dire qu’elle est  lumineuse, elle brille d’un tel Ă©clat dans mon esprit que ça m’empĂȘche parfois de me concentrer. Parfois j’oublie pourquoi je suis entrĂ© dans la piĂšce. Je suis distrait. J’ai envie de la pousser contre un mur, et j’ai envie qu’elle se blottisse contre moi. J’ai envie de remonter le temps pour aller mettre un coup de poing Ă  son stupide mari le jour oĂč je l’ai rencontrĂ©, et ensuite repartir dans le futur pour lui en coller un autre. J’ai envie de lui acheter des fleurs, de la nourriture, des livres. J’ai envie de lui tenir la main, et de l’enfermer dans ma chambre. Elle est tout ce que j’ai toujours voulu, et je veux me l’injecter dans les veines, et Ă  la fois ne plus jamais la revoir. Elle est unique, et ces sentiments, ils sont intolĂ©rables, putain. Ils Ă©taient Ă  moitiĂ© en sommeil tant qu’elle Ă©tait absente, mais, maintenant elle est lĂ , et je ne contrĂŽle plus mon corps, comme un putain d’ado, et je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas quoi faire. Je ne peux rien faire, alors je vais juste
 ne rien faire.  »
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Ali Hazelwood (Love on the Brain)
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Les auteurs musulmans considĂšrent la personnalitĂ© comme le produit de la constitution innĂ©e modifiĂ©e par les facteurs de l’environnement. La constitution innĂ©e inclue l’hĂ©rĂ©ditĂ© physique et psychologique, la combinaison des quatre Ă©lĂ©ments, c’est-Ă -dire le feu, l’air, l’eau, et la terre, dans leurs mode de chaud, sec, froid, et humide, et la correspondance de cette combinaison avec les signes du zodiaque et les diffĂ©rentes planĂštes. C’est une question trĂšs complexe en raison du nombre indĂ©fini de permutations possibles. La source de confusion pour les esprits modernes vient du matĂ©rialisme ambiant qui les pousse Ă  tout prendre au pied de la lettre et Ă  oublier que l’intention derriĂšre les quatre Ă©lĂ©ments n’a jamais Ă©tĂ© de les identifier avec leurs Ă©quivalents familiers dans le monde visible. S’ils sont appelĂ©s feu, air, eau et terre, c’est simplement pour indiquer une correspondance entre eux et les Ă©lĂ©ments visibles. Ces quatre Ă©lĂ©ments sont Ă  l’origine de toute matiĂšre et eux-mĂȘmes originaires d’un principe commun, l’HylĂ© indiffĂ©renciĂ© (hayĂ»lĂą, c’est-Ă -dire la matiĂšre primordiale.) Il en est de mĂȘme de la correspondance entre les sept cieux et les sept planĂštes. Chaque ciel est dĂ©signĂ© par le nom de la planĂšte qui lui correspond le mieux, mais les cieux ne peuvent nullement ĂȘtre identifiĂ©s avec les orbites de ces planĂštes, car les planĂštes sont dans le ciel visible alors que les cieux sont dans le domaine subtile et invisible. Ces termes ne sont pris dans un sens littĂ©ral que si on perd de vue la correspondance entre les diffĂ©rents degrĂ©s, ou dimensions, de l’existence. Ces correspondances et leurs implications pour la mĂ©decine, la psychologie et les autres sciences, furent comprises par de nombreuses civilisations antĂ©rieures Ă  l’islam, et ne sont pas spĂ©cifiquement islamiques. Les musulmans, qu’ils fussent savants, religieux, philosophes ou soufis, les percevaient comme possĂ©dant une base de vĂ©ritĂ© et les adoptĂšrent avec quelques diffĂ©rences mineures selon les Ă©coles. Un tel point de vue est nĂ©anmoins devenu si Ă©tranger Ă  la mentalitĂ© d’aujourd’hui, et il est si peu probable qu’elle prĂ©sente un intĂ©rĂȘt en pratique, que nous n’en poursuivrons pas l’étude ici.
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Mostafa al-Badawi (Man and the Universe: An Islamic Perspective)
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J’ai fait ma visite au lieu natal avec toute la piĂ©tĂ© d’un pĂšlerin, et bien des sentiments inattendus m’ont saisi. Je fis arrĂȘter prĂšs du grand tilleul qui se trouve Ă  un quart de lieue de la ville du cĂŽtĂ© de S
 ; je quittai la voiture, et je l’envoyai en avant, afin de cheminer Ă  pied et de savourer Ă  mon grĂ© chaque souvenir, dans toute sa vie et sa nouveautĂ©. Je m’arrĂȘtai sous le tilleul, qui avait Ă©tĂ©, dans mon enfance, le but et le terme de mes promenades. Quelle diffĂ©rence ! Alors, dans une heureuse ignorance, je m’élançais avec ardeur vers ce monde inconnu, oĂč j’espĂ©rais pour mon cƓur tant de nourriture, tant de jouissances, qui devaient combler et satisfaire l’ardeur de mes dĂ©sirs. Maintenant, j’en reviens de ce vaste monde
. O mon ami, avec combien d’espĂ©rances déçues, avec combien de plans renversĂ©s !
 Les voilĂ  devant moi les montagnes qui mille fois avaient Ă©tĂ© l’objet de mes vƓux. Je pouvais rester des heures assis Ă  cette place, aspirant Ă  franchir ces hauteurs, Ă©garant ma pensĂ©e au sein des bois et des vallons, qui s’offraient Ă  mes yeux dans un gracieux crĂ©puscule, et, lorsqu’au moment fixĂ© il me fallait revenir, avec quel regret ne quittais-je pas cette place chĂ©rie !
 J’approchai de la ville : je saluai tous les anciens pavillons de jardin ; les nouveaux me dĂ©plurent, comme tous les changements qu’on avait faits. Je franchis la porte de la ville, et d’abord je me retrouvai tout Ă  fait. Mon ami, je ne veux pas m’arrĂȘter au dĂ©tail : autant il eut de charme pour moi, autant il serait monotone dans le rĂ©cit. J’avais rĂ©solu de me loger sur la place, tout Ă  cĂŽtĂ© de notre ancienne maison. Je remarquai, sur mon passage, que la chambre d’école, oĂč une bonne vieille femme avait parquĂ© notre enfance, s’était transformĂ©e en une boutique de dĂ©tail. Je me rappelai l’inquiĂ©tude, les chagrins, l’étourdissement, l’angoisse que j’avais endurĂ©s dans ce trou
. Je ne pouvais faire un pas qui ne m’offrĂźt quelque chose de remarquable. Un pĂšlerin ne trouve pas en terre sainte autant de places consacrĂ©es par de religieux souvenirs, et je doute que son ame soit aussi remplie de saintes Ă©motions
. Encore un exemple sur mille : je descendis le long de la riviĂšre, jusqu’à une certaine mĂ©tairie. C’était aussi mon chemin autrefois, et la petite place oĂč les enfants s’exerçaient Ă  qui ferait le plus souvent rebondir les pierres plates Ă  la surface de l’eau. Je me rappelai vivement comme je m’arrĂȘtais quelquefois Ă  suivre des yeux le cours de la riviĂšre ; avec quelles merveilleuses conjectures je l’accompagnais ; quelles Ă©tranges peintures je me faisais des contrĂ©es oĂč elle allait courir ; comme je trouvais bientĂŽt les bornes de mon imagination, et pourtant me sentais entraĂźnĂ© plus loin, toujours plus loin, et finissais par me perdre dans la contemplation d’un vague lointain
. Mon ami, aussi bornĂ©s, aussi heureux, Ă©taient les vĂ©nĂ©rables pĂšres du genre humain ; aussi enfantines, leurs impressions, leur poĂ©sie. Quand Ulysse parle de la mer immense et de la terre infinie, cela est vrai, humain, intime, saisissant et mystĂ©rieux. Que me sert maintenant de pouvoir rĂ©pĂ©ter, avec tous les Ă©coliers, qu’elle est ronde ? Il n’en faut Ă  l’homme que quelques mottes pour vivre heureux dessus, et moins encore pour dormir dessous

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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Les deux femmes, vĂȘtues de noir, remirent le corps dans le lit de ma sƓur, elles jetĂšrent dessus des fleurs et de l’eau bĂ©nite, puis, lorsque le soleil eut fini de jeter dans l’appartement sa lueur rougeĂątre et terne comme le regard d’un cadavre, quand le jour eut disparu de dessus les vitres, elles allumĂšrent deux petites bougies qui Ă©taient sur la table de nuit, s’agenouillĂšrent et me dirent de prier comme elles. Je priai, oh ! bien fort, le plus qu’il m’était possible ! mais rien
 LĂ©lia ne remuait pas ! Je fus longtemps ainsi agenouillĂ©, la tĂȘte sur les draps du lit froids et humides, je pleurais, mais bas et sans angoisses ; il me semblait qu’en pensant, en pleurant, en me dĂ©chirant l’ñme avec des priĂšres et des vƓux, j’obtiendrais un souffle, un regard, un geste de ce corps aux formes indĂ©cises et dont on ne distinguait rien si ce n’est, Ă  une place, une forme ronde qui devait ĂȘtre La tĂȘte, et plus bas une autre qui semblait ĂȘtre les pieds. Je croyais, moi, pauvre naĂŻf enfant, je croyais que la priĂšre pouvait rendre la vie Ă  un cadavre, tant j’avais de foi et de candeur ! Oh ! on ne sait ce qu’a d’amer et de sombre une nuit ainsi passĂ©e Ă  prier sur un cadavre, Ă  pleurer, Ă  vouloir faire renaĂźtre le nĂ©ant ! On ne sait tout ce qu’il y a de hideux et d’horrible dans une nuit de larmes et de sanglots, Ă  la lueur de deux cierges mortuaires, entourĂ© de deux femmes aux chants monotones, aux larmes vĂ©nales, aux grotesques psalmodies ! On ne sait enfin tout ce que cette scĂšne de dĂ©sespoir et de deuil vous remplit le cƓur : enfant, de tristesse et d’amertume ; jeune homme, de scepticisme ; vieillard, de dĂ©sespoir ! Le jour arriva. Mais quand le jour commença Ă  paraĂźtre, lorsque les deux cierges mortuaires commençaient Ă  mourir aussi, alors ces deux femmes partirent et me laissĂšrent seul. Je courus aprĂšs elles, et me traĂźnant Ă  leurs pieds, m’attachant Ă  leurs vĂȘtements : — Ma sƓur ! leur dis-je, eh bien, ma sƓur ! oui, LĂ©lia ! oĂč est-elle ? Elles me regardĂšrent Ă©tonnĂ©es. — Ma sƓur ! vous m’avez dit de prier, j’ai priĂ© pour qu’elle revienne, vous m’avez trompĂ© ! — Mais c’était pour son Ăąme ! Son Ăąme ? Qu’est-ce que cela signifiait ? On m’avait souvent parlĂ© de Dieu, jamais de l’ñme. Dieu, je comprenais cela au moins, car si l’on m’eĂ»t demandĂ© ce qu’il Ă©tait, eh bien, j’aurais pris La linotte de LĂ©lia, et, lui brisant la tĂȘte entre mes mains, j’aurais dit : « Et moi aussi, je suis Dieu ! » Mais l’ñme ? l’ñme ? qu’est-ce cela ? J’eus la hardiesse de le leur demander, mais elles s’en allĂšrent sans me rĂ©pondre. Son Ăąme ! eh bien, elles m’ont trompĂ©, ces femmes. Pour moi, ce que je voulais, c’était LĂ©lia, LĂ©lia qui jouait avec moi sur le gazon, dans les bois, qui se couchait sur la mousse, qui cueillait des fleurs et puis qui les jetait au vent ; c’était Lelia, ma belle petite sƓur aux grands yeux bleus, LĂ©lia qui m’embrassait le soir aprĂšs sa poupĂ©e, aprĂšs son mouton chĂ©ri, aprĂšs sa linotte. Pauvre sƓur ! c’était toi que je demandais Ă  grands cris, en pleurant, et ces gens barbares et inhumains me rĂ©pondaient : « Non, tu ne la reverras pas, tu as priĂ© non pour elle, mais tu as priĂ© pour son Ăąme ! quelque chose d’inconnu, de vague comme un mot d’une langue Ă©trangĂšre ; tu as priĂ© pour un souffle, pour un mot, pour le nĂ©ant, pour son Ăąme enfin ! » Son Ăąme, son Ăąme, je la mĂ©prise, son Ăąme, je la regrette, je n’y pense plus. Qu’est-ce que ça me fait Ă  moi, son Ăąme ? savez-vous ce que c’est que son Ăąme ? Mais c’est son corps que je veux ! c’est son regard, sa vie, c’est elle enfin ! et vous ne m’avez rien rendu de tout cela. Ces femmes m’ont trompĂ©, eh bien, je les ai maudites. Cette malĂ©diction est retombĂ©e sur moi, philosophe imbĂ©cile qui ne sais pas comprendre un mot sans L’épeler, croire Ă  une Ăąme sans la sentir, et craindre un Dieu dont, semblable au PromĂ©thĂ©e d’Eschyle, je brave les coups et que je mĂ©prise trop pour blasphĂ©mer.
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Gustave Flaubert (La derniÚre heure : Conte philosophique inachevé)