J'ai Perdu Mon Corps Quotes

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Le problème c'est que ma tête n'est jamais reposée. Mon cerveau est une maison de campagne pour démons. Ils y viennent souvent et de plus en plus nombreux. Ils se font des apéros à la liqueur de mes angoisses. Ils se servent de mon stress car ils savent que j'en ai besoin pour avancer. Tout est question de dosage. Trop de stress et mon corps explose. Pas assez, je me paralyse. Mais le démon le plus violent, c'est bien moi. Surtout depuis que j'ai perdu la guerre mondiale de l'amour
Mathias Malzieu (Le plus petit baiser jamais recensé)
Et puis, je me dédoublai. L'année précédente, quand je « faisais du cinéma », je jouais mon propre rôle, je me jetais à corps perdu dans l'imaginaire et j'ai pensé plus d'une fois m'y engouffrer tout entier. Auteur, le héros c'était encore moi, je projetais en lui mes rêves épiques. Nous étions deux, pourtant: il ne portait pas mon nom et je ne parlais de lui qu'à la troisième personne. Au lieu de lui prêter mes gestes, je lui façonnais par des mots un corps que je prétendis voir. Cette « distanciation » soudaine aurait pu m'effrayer: elle me charma; je me réjouis d'être lui sans qu'il fût tout à fait moi.
Jean-Paul Sartre
J’ai bien dû rester là encore une partie de la nuit suivante. Toute l’oreille à gauche était collée par terre avec du sang, la bouche aussi. Entre les deux y avait un bruit immense. J’ai dormi dans ce bruit et puis il a plu, de pluie bien serrée. Kersuzon à côté était tout lourd tendu sous l’eau. J’ai remué un bras vers son corps. J’ai touché. L’autre je pouvais plus. Je ne savais pas où il était l’autre bras. Il était monté en l’air très haut, il tourbillonnait dans l’espace et puis il redescendait me tirer sur l’épaule, dans le cru de la viande. Ça me faisait gueuler un bon coup chaque fois et puis c’était pire. Après j’arrivais à faire moins de bruit, avec mon cri toujours, que l’horreur de boucan qui défonçait la tête, l’intérieur comme un train. Ça ne servait à rien de se révolter. C’est la première fois dans cette mélasse pleine d’obus qui passaient en sifflant que j’ai dormi, dans tout le bruit qu’on a voulu, sans tout à fait perdre conscience, c’est-à-dire dans l’horreur en somme. Sauf pendant les heures où on m’a opéré, je n’ai plus jamais perdu tout à fait conscience. J’ai toujours dormi ainsi dans le bruit atroce depuis décembre 14. J’ai attrapé la guerre dans ma tête. Elle est enfermée dans ma tête.
Louis-Ferdinand Céline (Guerre)
- Georges, connais-tu Victor Hugo? J'ai ouvert la bouche en grand. Le phalangiste a ajusté son arme, regard perdu dans le jour tombé. - Tu connais? "Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends..." a récité le tueur. J'ai tremblé à mon tour. Mon corps, sans retenue. J'ai pleuré. Tant pis. (...) "J'irai par la forêt, j'irai par la montagne, Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit". Et puis il a tiré. Deux coups. Un troisième, juste après. Cette fois sans trembler, sans que je sente rien venir. Son corps était raide de guerre. Mes larmes n'y ont rien fait. Ni la beauté d'Aurore, ni la fragilité de Louise, ni mon effroi. Il a tiré sur la ville, sur le souffle du vent. IL a tiré sur les lueurs d'espoir, sur la tristesse des hommes. Il a tiré sur moi, sur nous tous. Il a tiré sur l'or du soir qui tombe, le bouquet de houx vert et les bruyères en fleur.
Sorj Chalandon (Le quatrième mur)
Mon corps est devenu l'oreille qui n'entend pas et ma cochlée morte abrite un monde de chuchotements la guerre, la peur, la maladie ne sont que de faibles échos venus de l’éther, trop d’explosions ont tué la paix et la politique de l’amour entre humains a été recouverte par le silence de l’échec j'apprends à faire passer par-dessus l'épaule le signal que j'existe dans les parages. C'est ce dont j'ai rêvé pour l'humain est perdu dans le vide elliptique du malentendu. Si nous nous regardions dans les yeux, si nous comprenions que la vie est l'étape avant la mort, si nous ouvrions la porte de la sagesse aux guerres insensées, je pourrais raviver mon ouïe noyée dans l'impuissance.
Mariana Valéan