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La littĂ©rature Ă©rotique a existĂ© dĂšs le vĂ©ritable essor de la littĂ©rature roumaine. Jean BoutiĂšre Ă©voquait dĂ©jĂ en dans sa biographie de Ion CreangÄ, considĂ©rĂ© comme un des trois grands classiques roumains, lâexistence, pour plusieurs de ses cĂ©lĂšbres contes, parallĂšlement Ă leur texte « officiel », dâune version plus osĂ©e. Un peu plus tard, durant lâentre-deux-guerres, Gib I. MihÄescu en prose ou Geo Bogza en poĂ©sie publiĂšrent eux aussi des textes « osĂ©s ».
La censure communiste interrompit cette tradition pendant de longues annĂ©es. Ă ce titre, La PoupĂ©e russe est souvent considĂ©rĂ©e comme un livre libĂ©rateur, le premier roman Ă briser une censure dont lâinfluence ne se limitait pas Ă son action administrative. Mircea CÄrtÄrescu, avec Lulu, sâĂ©tait dĂ©jĂ avancĂ© dans lâĂ©vocation de la sexualitĂ©, envisagĂ©e nĂ©anmoins dâun point de vue souvent psychanalytique, par moments scientifique. Gheorghe CrÄciun sâinscrit davantage dans une tradition littĂ©raire de lâĂ©rotisme : de son propre, sa mĂ©thode consiste Ă accumuler des fantasmes, dâoĂč se forment des constellations qu'il appelle « conglomĂ©rats cohĂ©rents », Ă partir desquels il constitue des romans qui rendent pour lui hommage Ă lâamour, litote reprise dans le titre du roman de 2010 du mystĂ©rieux Maxim Crocer, Amo(u)r, un de ceux qui illustrent le mieux lâinfluence dâun auteur fortement nourri de lâhistoire littĂ©raire.
(Préface à la traduction française, par Gabrielle Danoux)
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