In Dit Huis Quotes

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Nowadays what isn't worth saying is sung. (Aujourd'hui ce qui ne vaut pas la peine d'ĂȘtre dit, on le chante.)
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Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (Le Barbier de Séville)
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En somme, dit Tarrou avec simplicitĂ©, ce qui m'intĂ©resse, c'est de savoir comment on devient un saint. -Mais vous ne croyez pas en Dieu. -Justement. Peut-on ĂȘtre un saint sans Dieu, c'est le seul problĂšme concret que je connaisse aujourd'hui.
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Albert Camus
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J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisĂ©es, les imbaisables, les hystĂ©riques, les tarĂ©es, toutes les exclues du grand marchĂ© Ă  la bonne meuf. Et je commence par lĂ  pour que les choses soient claires : je ne m’excuse de rien, je ne viens pas me plaindre. Je n’échangerais ma place contre aucune autre parce qu’ĂȘtre Virginie Despentes me semble ĂȘtre une affaire plus intĂ©ressante Ă  mener que n’importe quelle autre affaire. Je trouve ça formidable qu’il y ait aussi des femmes qui aiment sĂ©duire, qui sachent sĂ©duire, d’autres se faire Ă©pouser, des qui sentent le sexe et d’autres le gĂąteau du goĂ»ter des enfants qui sortent de l’école. Formidable qu’il y en ait de trĂšs douces, d’autres Ă©panouies dans leur fĂ©minitĂ©, qu’il y en ait de jeunes, trĂšs belles, d’autres coquettes et rayonnantes. Franchement, je suis bien contente pour toutes celles Ă  qui les choses telles qu’elles sont conviennent. C’est dit sans la moindre ironie. Il se trouve simplement que je ne fais pas partie de celles-lĂ . Bien sĂ»r que je n’écrirais pas ce que j’écris si j’étais belle, belle Ă  changer l’attitude de tous les hommes que je croise. C’est en tant que prolotte de la fĂ©minitĂ© que je parle, que j’ai parlĂ© hier et que je recommence aujourd’hui (p. 9-10).
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Virginie Despentes (King Kong théorie)
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Il me dit que je suis magnifique, qu'il s'en veut un peu de m'avoir prise ainsi, "comme un salaud". Je lui réponds qu'il ne faut pas, que j'aime les salauds dans son genre. "Quel genre?", demande-t-il. Je souris. "Le genre poli et obscÚne. Les jolis salauds." ~ p 19
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Loo Hui Phang (L'Imprudence)
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Toen hij haar echter zag staan, naast de stenen muur van het huis met haar armen vol veldbloemen voor haar bejaarden en de door de rit op de motorfiets verwaaide haren, zag hij in dat dit wezen niet geschapen was voor de botte werkelijkheid. (
) Hij wist dat het zijn onverbiddelijk lot was om van haar te houden.
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Isabel Allende (D'amour et d'ombre (Littérature étrangÚre) (French Edition))
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Le moindre son du monde prĂ©sent comporte un grand nombre d'Ă©chos, de mĂȘme que tout objet, quel qu'il soit, possĂšde Ă  la fois une grande ombre et plusieurs ombres de moindre dimension. Or cette voix n'avait plus aucun Ă©cho. Il y avait longtemps, trĂšs longtemps que ceux-ci s'Ă©taient dissipĂ©s, Ă©vanouis. Et j'avais lu le livre jusqu'Ă  la fin et le tenais encore dans mes mains ; avec l'impression d'avoir feuilletĂ© non pas un livre, mais mon propre cerveau, Ă  la recherche de quelque chose. Tout ce que la voix m'avait dit, je l'avais, depuis ma naissance, portĂ© en moi, mais tout avait Ă©tĂ© recouvert et oubliĂ©, Ă©tait restĂ© cachĂ© Ă  ma pensĂ©e jusqu'Ă  aujourd'hui.
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Meyrink Gustav (The Golem)
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Ça ne devrait pas ĂȘtre trop loin Ă  pied, dit Mirabel. DĂ©solĂ©e qu'il fasse si poĂ©sie aujourd'hui. — Si quoi? demande Zachary, pas sĂ»r d'avoir bien entendu. — PoĂ©sie, rĂ©pĂšte Mirabel. Le temps. On dirait un poĂšme. OĂč chaque mot est plus d'une chose Ă  la fois et tout est mĂ©taphore. OĂč le sens est condensĂ© dans le rythme, les sonoritĂ©s et les espaces entre les phrases. Tout est intense et mordant, comme le froid et le vent. — Vous pourriez simplement dire qu'il fait froid. — Je pourrais, oui.
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Erin Morgenstern (The Starless Sea)
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Elle dit: je ne regrette rien. Bien sĂ»r, il n’y aurait pas eu les annĂ©es d’opprobre, il n’y aurait pas aujourd’hui cette souffrance, mais il n’u aurait pas eu non plus le bonheur, le temps inĂ©galable du bonheur. Cette phrase-lĂ  agit sur moi comme un rĂ©vĂ©lation. D’évidence, c’est seulement en souvenir du bonheur qu’on peut finir par accepter son malheur prĂ©sent, vivre avec lui plutĂŽt que mourir. Et alors, dans le silence, reviennent les rires sonores, les corps qui se jettent sur les lits, les regards complices, les baisers lents, les fatigues apaisĂ©es, les promesses non dites mais entendues, les lumiĂšres violentes d’un Ă©tĂ© triomphant. Oui: le bonheur. Nous n’avons pas eu le temps d’ĂȘtre malheureux ensemble.
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Philippe Besson (In the Absence of Men)
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Nous avons pĂ©nĂ©trĂ© dans cette communautĂ© toute pleine de ces vieilles pratiques qui semblent si nouvelles aujourd'hui. C'est le jardin fermĂ©. Hortus conclusus. Nous avons parlĂ© de ce lieu singulier avec dĂ©tail, mais avec respect, autant du moins que le respect et le dĂ©tail sont conciliables. Nous ne comprenons pas tout, mais nous n'insultons rien. Nous sommes Ă  Ă©gale distance de l'hosanna de Joseph de Maistre qui aboutit Ă  sacrer le bourreau et du ricanement de Voltaire qui va jusqu'Ă  railler le crucifix. Illogisme de Voltaire, soit dit en passant; car Voltaire eĂ»t dĂ©fendu JĂ©sus comme il dĂ©fendait Calas; et, pour ceux-lĂ  mĂȘmes qui nient les incarnations surhumaines, que reprĂ©sente le crucifix? Le sage assassinĂ©.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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- Eh quoi ! vous n'ĂȘtes pas d'accord ? Il a dĂ©pensĂ© tout au plus quelques livres de votre argent de mortels : trois ou quatre peut-ĂȘtre. Est-ce donc une telle somme pour mĂ©riter tous ces Ă©loges ? - LĂ  n'est pas la question, dit Scrooge, agacĂ© par cette remarque et en parlant, sans s'en douter, comme celui qu'il avait Ă©tĂ© et non pas comme le Scrooge d'aujourd'hui. LĂ  n'est pas la question, Esprit. Fezziwig a le pouvoir de nous rendre heureux ou malheureux, de faire que notre travail Ă  son service soit lĂ©ger ou pĂ©nible, devienne un plaisir ou une corvĂ©e. Disons plutĂŽt que ce pouvoir rĂ©side dans les mots et les regards, dans les choses si infimes, si insignifiantes qu'on ne saurait les additionner et en faire le total : mais qu'importe ? Le bonheur qu'il dispense est tout aussi grand que s'il coutaĂźt une fortune.
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Charles Dickens (A Christmas Carol)
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Dans ce silence de la mort, toute ma vie se dĂ©roula comme une chose inĂ©vitable, terrible par sa sĂ©vĂšre logique. Je ne voyais pas de faits distincts, mais une ligne droite qui allait du jour de ma naissance au soir d’aujourd’hui. Elle ne pouvait aller plus loin : c’était clair. Mais j’ai dĂ©jĂ  dit que, deux mois avant, j’avais senti l’approche de la mort, et tous les hommes la sentent de mĂȘme. Le pressentiment a son rĂŽle dans la vie de chacun de nous, et il ne déçoit pas. Le poĂšte parle avec une admirable justesse quand il dit : « Les Ă©vĂ©nements futurs jettent une ombre devant eux. » Si les hommes se plaignent quelquefois d’avoir Ă©tĂ© trompĂ©s par le pressentiment, c’est parce que leurs sensations leur restent obscures : toujours ils dĂ©sirent ou apprĂ©hendent, et ils prennent leur peur ou leur espoir pour le pressentiment.
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Aleksey Apukhtin (Entre la mort et la vie : suivi de Les Archives de la comtesse D*** & Le Journal de Pavlik Dolsky)
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Kom naar beneden!’ Ik kwam naar beneden, en toen ik weer op de grond stond, gaf mijn moeder me twee klappen in mijn gezicht. Wat zijn dat voor spelletjes?’ Ik wilde de Wildernis zien.’ Er is daar niets. Dat weet je.’ Als er niets is, kan het ook geen kwaad.’ Niets is het gevaarlijkste dat er is.’ Waarom?’ Als er niets is, kun je iets bedenken. Je zult de leegte niet kun¬nen verdragen. Het zal evengoed leeg zijn, maar je zult jezelf wijsmaken dat dat niet zo is.’ Wat ik mezelf wijsmaak is waar.’ Wat jij jezelf wijsmaakt is een verhaal.’ Dit is een verhaal: jij, ik, het schroothuis, de schat.’ Dit is het echte leven.’ Hoe weet je dat?’ Niemand zou er ooit voor betalen om ernaar te kijken.’ Ze draaide zich om om het haveloze huis weer binnen te gaan. Toen draaide ze zich weer om naar mij. En ik zou er alles voor over hebben om het niet te hoeven le¬ven.’ Je moet het niet leven. Je moet het veranderen.' 'Je begrijpt het niet, hù?’ Wat begrijp ik niet?’ Dit is het echte leven.
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Jeanette Winterson (Powerbook)
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Maar je ziet het als je oefent. Je contouren die dunner worden, je silhouet dat vervaagt. Je bent nog niet helemaal verdwenen. Dat duurt een hele poos. Jaren. Maar je verdwijnt. Je verdwijnt voor jezelf, wordt een ander, elke dag. Je bent niet wie je ooit was. De microscopisch kleine cellen die je gezicht vormen op de foto die je ouders in de kamer hebben hangen, zijn weg, vervangen door nieuwe. Je bent niet meer wie je was. Maar ik ben er nog wel, de atomen wisselen van plek. Zo is het ook met de mensen van wie je houdt. Met bijna stilstaande snelheid verkruimelen ze in je armen en je zou willen dat je je aan iets bestendigs in hen kon vastklampen, hun skelet, hun tanden kon vastpakken, de hersencellen, maar dat kun je niet, want bijna alles is water en het heeft geen zin dat vast te houden. Alle sporen verdwijnen, stukje bij beetje. En later verdwijnen de sporen die ze hebben achtergelaten, het huis waarin ze woonden, de tekeningen die ze voor je maakten, de woorden die ze op briefjes schreven. De herinneringen waarmee je achterblijft zullen uiteindelijk ook loslaten, als oud behang, en mettertijd zal het niet meer mogelijk zijn om antwoord te geven op de vraag of er op deze planeet aan de rand van dit perifere zonnestelsel ooit leven is geweest.
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Johan Harstad (Buzz Aldrin, waar ben je gebleven?)
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« Norbert de Varenne parlait d’une voix claire, mais retenue, qui aurait sonnĂ© dans le silence de la nuit s’il l’avait laissĂ©e s’échapper. Il semblait surexcitĂ© et triste, d’une de ces tristesses qui tombent parfois sur les Ăąmes et les rendent vibrantes comme la terre sous la gelĂ©e. Il reprit : « Qu’importe, d’ailleurs, un peu plus ou un peu moins de gĂ©nie, puisque tout doit finir ! » Et il se tut. Duroy, qui se sentait le cƓur gai, ce soir-lĂ , dit, en souriant : « Vous avez du noir, aujourd’hui, cher maĂźtre. » Le poĂšte rĂ©pondit. « J’en ai toujours, mon enfant, et vous en aurez autant que moi dans quelques annĂ©es. La vie est une cĂŽte. Tant qu’on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux ; mais, lorsqu’on arrive en haut, on aperçoit tout d’un coup la descente, et la fin qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça va vite quand on descend. À votre Ăąge, on est joyeux. On espĂšre tant de choses, qui n’arrivent jamais d’ailleurs. Au mien, on n’attend plus rien... que la mort. » Duroy se mit Ă  rire : « Bigre, vous me donnez froid dans le dos. » Norbert de Varenne reprit : « Non, vous ne me comprenez pas aujourd’hui, mais vous vous rappellerez plus tard ce que je vous dis en ce moment. » « Il arrive un jour, voyez- vous, et il arrive de bonne heure pour beaucoup, oĂč c’est fini de rire, comme on dit, parce que derriĂšre tout ce qu’on regarde, c’est la mort qu’on aperçoit. » « Oh ! vous ne comprenez mĂȘme pas ce mot-lĂ , vous, la mort. À votre Ăąge, ça ne signifie rien. Au mien, il est terrible. » « Oui, on le comprend tout d’un coup, on ne sait pas pourquoi ni Ă  propos de quoi, et alors tout change d’aspect, dans la vie. Moi, depuis quinze ans, je la sens qui me travaille comme si je portais en moi une bĂȘte rongeuse. Je l’ai sentie peu Ă  peu, mois par mois, heure par heure, me dĂ©grader ainsi qu’une maison qui s’écroule. Elle m’a dĂ©figurĂ© si complĂštement que je ne me reconnais pas. Je n’ai plus rien de moi, de moi l’homme radieux, frais et fort que j’étais Ă  trente ans. Je l’ai vue teindre en blanc mes cheveux noirs, et avec quelle lenteur savante et mĂ©chante ! Elle m’a pris ma peau ferme, mes muscles, mes dents, tout mon corps de jadis, ne me laissant qu’une Ăąme dĂ©sespĂ©rĂ©e qu’elle enlĂšvera bientĂŽt aussi. » « Oui, elle m’a Ă©miettĂ©, la gueuse, elle a accompli doucement et terriblement la longue destruction de mon ĂȘtre, seconde par seconde. Et maintenant je me sens mourir en tout ce que je fais. Chaque pas m’approche d’elle, chaque mouvement, chaque souffle hĂąte son odieuse besogne. Respirer, dormir, boire, manger, travailler, rĂȘver, tout ce que nous faisons, c’est mourir. Vivre enfin, c’est mourir ! » » (de « Bel-Ami » par Guy de Maupassant)
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Guy de Maupassant
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Que la langue du gĂ©nocide ne doive, Ă  aucun prix, se galvauder ; que veiller sur la probitĂ© des mots en gĂ©nĂ©ral et de celui-ci en particulier soit une tĂąche intellectuelle et politique prioritaire ; qu'il se soit produit Ă  Auschwitz, un Ă©vĂ©nement sans prĂ©cĂ©dent, incomparable Ă  tout autre et que la lutte contre la banalisation, et de la chose, et du mot qui la dĂ©signe, soit un impĂ©ratif, non seulement pour les Juifs, mais pour tous ceux que lĂšse ce crime (autrement dit, l'humain comme tel ; l'humain en chaque homme, chaque femme, d'aujourd'hui) ; que la Shoah soit le gĂ©nocide absolu, l'Ă©talon du genre, la mesure mĂȘme du non-humain ; que cette singularitĂ© tienne tant Ă  l'effroyable rationalitĂ© des mĂ©thodes (bureaucratie, industrie du cadavre, chambre Ă  gaz) qu'Ă  sa non moins terrible part d'irrationalitĂ© (l'histoire folle, souvent notĂ©e, des trains de dĂ©portĂ©s qui avaient, jusqu'au dernier jour, prioritĂ© sur les convois d'armes et de troupes), Ă  sa systĂ©maticitĂ© (des armĂ©es de tueurs lĂąchĂ©s, dans toute l'Europe, Ă  la poursuite de Juifs qui devaient ĂȘtre traquĂ©s, exterminĂ©s sans reste, jusqu'au dernier) ou Ă  sa dimension, son intention mĂ©taphysique (par-delĂ  les corps les Ăąmes et, par-delĂ  les Ăąmes, la mĂ©moire mĂȘme des textes juifs et de la loi) - tout cela est Ă©vident ; c'est et ce sera de plus en plus difficile Ă  faire entendre, mais c'est Ă©tabli et Ă©vident... (ch. 57 La Shoah au coeur et dans la tĂȘte)
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Bernard-Henri Lévy (War, Evil, and the End of History)
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On ne peut pas dire que le petit bourgeois n'a rien lu. Il a tout lu, tout dévoré au contraire. Seulement son cerveau fonctionne à la maniÚre de certains appareils digestifs de type élémentaire. Il filtre. Et le filtre ne laisse passer que ce qui peut alimenter la couenne de la bonne conscience bourgeoise. Les Vietnamiens, avant l'arrivée des Français dans leur pays, étaient gens de culture vieille, exquise et raffinée. Ce rappel indispose la Banque d'Indochine. Faites fonctionner l'oublioir ! Ces Malgaches, que l'on torture aujourd'hui, étaient, il y a moins d'un siÚcle, des poÚtes, des artistes, des administrateurs ? Chut ! Bouche cousue ! Et le silence se fait profond comme un coffre-fort ! Heureusement qu'il reste les nÚgres. Ah ! les nÚgres ! parlons-en des nÚgres ! Eh bien, oui, parlons-en. Des empires soudanais ? Des bronzes du Bénin ? De la sculpture Shongo ? Je veux bien ; ça nous changera de tant de sensationnels navets qui adornent tant de capitales européennes. De la musique africaine. Pourquoi pas? Et de ce qu'ont dit, de ce qu'ont vu les premiers explorateurs... Pas de ceux qui mangent aux rùteliers des Compagnies ! Mais des d'Elbée, des Marchais, des Pigafetta ! Et puis de Frobénius ! Hein, vous savez qui c'est, Frobénius ? Et nous lisons ensemble : « Civilisés jusqu'à la moelle des os ! L'idée du nÚgre barbare est une invention européenne. » Le petit bourgeois ne veut plus rien entendre. D'un battement d'oreilles, il chasse l'idée. L'idée, la mouche importune.
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Aimé Césaire (Discourse on Colonialism)
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TOUZENBACH Si vous voulez. De quoi parlerons-nous ? VERCHININE De quoi ? RĂȘvons ensemble... par exemple de la vie telle qu’elle sera aprĂšs nous, dans deux ou trois cents ans. TOUZENBACH Eh bien, aprĂšs nous on s’envolera en ballon, on changera la coupe des vestons, on dĂ©couvrira peut-ĂȘtre un sixiĂšme sens, qu’on dĂ©veloppera, mais la vie restera la mĂȘme, un vie difficile, pleine de mystĂšre, et heureuse. Et dans mille ans, l’homme soupirera comme aujourd’hui : « Ah ! qu’il est difficile de vivre ! » Et il aura toujours peur de la mort et ne voudra pas mourir. VERCHININE, aprĂšs avoir rĂ©flĂ©chi. Comment vous expliquer ? Il me semble que tout va se transformer peu Ă  peu, que le changement s’accomplit dĂ©jĂ , sous nos yeux. Dans deux ou trois cents ans, dans mille ans peut-ĂȘtre, peu importe le dĂ©lai, s’établira une vie nouvelle, heureuse. Bien sĂ»r, nous ne serons plus lĂ , mais c’est pour cela que nous vivons, travaillons, souffrons enfin, c’est nous qui la crĂ©ons, c’est mĂȘme le seul but de notre existence, et si vous voulez, de notre bonheur. Macha rit doucement. TOUZENBACH Pourquoi riez-vous ? MACHA Je ne sais pas. Je ris depuis ce matin. VERCHININE J’ai fait les mĂȘmes Ă©tudes que vous, je n’ai pas Ă©tĂ© Ă  l’AcadĂ©mie militaire. Je lis beaucoup, mais je ne sais pas choisir mes lectures, peut-ĂȘtre devrais-je lire tout autre chose ; et cependant, plus je vis, plus j’ai envie de savoir. Mes cheveux blanchissent, bientĂŽt je serai vieux, et je ne sais que peu, oh ! trĂšs peu de chose. Pourtant, il me semble que je sais l’essentiel, et que je le sais avec certitude. Comme je voudrais vous prouver qu’il n’y a pas, qu’il ne doit pas y avoir de bonheur pour nous, que nous ne le connaĂźtrons jamais... Pour nous, il n’y a que le travail, rien que le travail, le bonheur, il sera pour nos lointains descendants. (Un temps.) Le bonheur n’est pas pour moi, mais pour les enfants de mes enfants. TOUZENBACH Alors, d’aprĂšs vous, il ne faut mĂȘme pas rĂȘver au bonheur ? Mais si je suis heureux ? VERCHININE Non. TOUZENBACH, joignant les mains et riant. Visiblement, nous ne nous comprenons pas. Comment vous convaincre ? (Macha rit doucement. Il lui montre son index.) Eh bien, riez ! (À Verchinine :) Non seulement dans deux ou trois cents ans, mais dans un million d’annĂ©es, la vie sera encore la mĂȘme ; elle ne change pas, elle est immuable, conforme Ă  ses propres lois, qui ne nous concernent pas, ou dont nous ne saurons jamais rien. Les oiseaux migrateurs, les cigognes, par exemple, doivent voler, et quelles que soient les pensĂ©es, sublimes ou insignifiantes, qui leur passent par la tĂȘte, elles volent sans relĂąche, sans savoir pourquoi, ni oĂč elles vont. Elles volent et voleront, quels que soient les philosophes qu’il pourrait y avoir parmi elles ; elles peuvent toujours philosopher, si ça les amuse, pourvu qu’elles volent... MACHA Tout de mĂȘme, quel est le sens de tout cela ? TOUZENBACH Le sens... VoilĂ , il neige. OĂč est le sens ? MACHA Il me semble que l’homme doit avoir une foi, du moins en chercher une, sinon sa vie est complĂštement vide... Vivre et ignorer pourquoi les cigognes volent, pourquoi les enfants naissent, pourquoi il y a des Ă©toiles au ciel... Il faut savoir pourquoi l’on vit, ou alors tout n’est que balivernes et foutaises. Comme dit Gogol : « Il est ennuyeux de vivre en ce monde, messieurs. »
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Anton Chekhov (The Three Sisters)
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A ce discours, Candide s’évanouit encore; mais revenue Ă  soi, et ayant dit tout ce qu’il devait dire, il s’enquit de la cause et de l’effet, et de la raison suffisante qui avait mis Pangloss dans un si piteux Ă©tat. HĂ©las! dit l’autre, c’est l’amour: l’amour, le consolateur du genre humain, le conservateur de l’univers, l’ñme de tous les ĂȘtres sensibles, le tender amour. HĂ©las! dit Candide, je l’ai connu cet amour, ce souverain des coeurs, cette Ăąme de notre Ăąme, il ne m’a jamais valu qu’un baiser et vingt coups de pied au cul. Comment cette belle cause a-t-elle pu produire en vous un effet si abominable? Pangloss rĂ©pondit en ces termes: O mon cher Candide! vous avez connu Paquette, cette jolie suivante de notre auguste baronne: j’ai goĂ»tĂ© dans ses bras les dĂ©lices du paradis, qui ont produit ces tourments d’enfer dont vous me voyez dĂ©vorĂ©; elle en Ă©tait infectĂ©e, elle en est peut-ĂȘtre morte. Paquette tenait ce present d’un Cordelier trĂšs savant qui avait remontĂ© Ă  la source, car il l’avait eu d’une vieille comtesse, qui l’avait reçu d’un capitaine de cavalerie, qui le devait Ă  une marquise, qui le tenait d’un page, qui l’avait reçu d’un jĂ©suite, qui, Ă©tant novice, l’avait eu en droite ligne d’un des compagnons de Christophe Colomb. Pour moi, je ne le donnerai Ă  personne, car je me meurs. O Pangloss! s’écria Candide, voilĂ  une Ă©trange gĂ©nĂ©alogie! n’est-ce pas le diable qui en fut la souche? Point du tout, rĂ©pliqua ce grand home; c’était une chose indispensable dans le meilleur des mondes, un ingredient nĂ©cessaire; car si Colomb n’avait pas attrapĂ© dans une Ăźle de l'AmĂ©rique cette maladie qui empoisonne la source de la generation, qui souvent meme empĂȘche la generation, et qui est Ă©videmment l’opposĂ© du grand but de la nature, nous n’aurions ni le chocolat ni la cochenille; il faut encore observer que jusqu’aujourd’hui, dans notre continent, cette maladie nous est particuliĂšre, comme la controverse.
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Voltaire (Candide)
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Les brumes s’épaississent sur les cimes du Ć ar. Les versants se dressent face Ă  Emina, implacables dans le jour dĂ©clinant. Les paroles de Feti ricochent en elle, par-dessus la musique qu’il met plus fort dans la voiture. Elles traversent le scherzo du violon dont les volutes tournoient entre eux, alors qu’ils arrivent Ă  Tetovo. Elles dissipent le sourd espoir qui l’a menĂ©e ici, au-delĂ  du dĂ©sir de renouer avec le frĂšre d’Yllka. Elle mesure l’ampleur de son rĂȘve, de ce qu’elle n’a dit Ă  personne lĂ -bas en Allemagne. Ils auraient passĂ© leur bras autour de ses Ă©paules. Ils l’auraient entourĂ©e d’une affection mĂȘlĂ©e de pitié  Oui, dans l’outremer des montagnes, elle croit apercevoir la trace d’Yllka. Les empreintes fines d’un oiseau sur un sentier couvert de sable. Elles conduiraient Ă  une maison de montagne qui sentirait le bois et le foin Ă  la fin de l’étĂ©. Parce qu’Yllka se serait rĂ©fugiĂ©e quelque part ici. Elle y attendrait Emina, sa fille, Alija, son fils, depuis toutes ces annĂ©es. Elle-mĂȘme mue par la conviction que ses enfants finiront par la rejoindre. Car comment pourrait-elle savoir oĂč ils vivent aujourd’hui, si mĂȘme ils vivent encore ? Comment ? Et c’est la raison de son silence. Il ne peut en ĂȘtre autrement. Preuve de vie ou de mort, Emina ne s’en ira pas d’ici sans l’avoir obtenue. « Je peux juste te parler d’elle. Celle qu’elle fut ici. Ma sƓur, ta mĂšre
 » Des mots qui lacĂšrent le ciel trĂšs loin au-dessus d’elle. Feti gare sa voiture le long de la rue bordĂ©e d’immeubles. S’il se trompait
 Si Yllka n’avait pas pu le retrouver lui non plus ? Les feuillages des arbres flamboient sur les trottoirs. Des traĂźnĂ©es couleur de fer assombrissent les nuages au-dessus des immeubles. Ils se creusent d’un vaste cratĂšre noirĂątre. Des choucas Ă©voluent par centaines sur la ville, alors que le soleil descend Ă  l’horizon. Ils s’insinuent dans les invisibles couloirs ouverts par de secrĂštes turbulences. Leur vacarme secoue les airs, assourdit Emina. Elle est sur le point de flancher, rattrapĂ©e par le lieu et les cris des oiseaux.
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Cécile Oumhani (Le café d'Yllka)
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LE SYLLABUS Tout en mangeant d'un air effarĂ© vos oranges, Vous semblez aujourd'hui, mes tremblants petits anges, Me redouter un peu; Pourquoi ? c'est ma bontĂ© qu'il faut toujours attendre, Jeanne, et c'est le devoir de l'aĂŻeul d'ĂȘtre tendre Et du ciel d'ĂȘtre bleu. N'ayez pas peur. C'est vrai, j'ai l'air fĂąchĂ©, je gronde, Non contre vous. HĂ©las, enfants, dans ce vil monde, Le prĂȘtre hait et ment; Et, voyez-vous, j'entends jusqu'en nos verts asiles Un sombre brouhaha de choses imbĂ©ciles Qui passe en ce moment. Les prĂȘtres font de l'ombre. Ah ! je veux m'y soustraire. La plaine resplendit; viens, Jeanne, avec ton frĂšre, Viens, George, avec ta soeur; Un rayon sort du lac, l'aube est dans la chaumiĂšre; Ce qui monte de tout vers Dieu, c'est la lumiĂšre; Et d'eux, c'est la noirceur. J'aime une petitesse et je dĂ©teste l'autre; Je hais leur bĂ©gaiement et j'adore le vĂŽtre; Enfants, quand vous parlez, Je me penche, Ă©coutant ce que dit l'Ăąme pure, Et je crois entrevoir une vague ouverture Des grands cieux Ă©toilĂ©s. Car vous Ă©tiez hier, ĂŽ doux parleurs Ă©tranges, Les interlocuteurs des astres et des anges; En vous rien n'est mauvais; Vous m'apportez, Ă  moi sur qui gronde la nue, On ne sait quel rayon de l'aurore inconnue; Vous en venez, j'y vais. Ce que vous dites sort du firmament austĂšre; Quelque chose de plus que l'homme et que la terre Est dans vos jeunes yeux; Et votre voix oĂč rien n'insulte, oĂč rien ne blĂąme, OĂč rien ne mord, s'ajoute au vaste Ă©pithalame Des bois mystĂ©rieux. Ce doux balbutiement me plaĂźt, je le prĂ©fĂšre; Car j'y sens l'idĂ©al; j'ai l'air de ne rien faire Dans les fauves forĂȘts. Et pourtant Dieu sait bien que tout le jour j'Ă©coute L'eau tomber d'un plafond de rochers goutte Ă  goutte Au fond des antres frais. Ce qu'on appelle mort et ce qu'on nomme vie Parle la mĂȘme langue Ă  l'Ăąme inassouvie; En bas nous Ă©touffons; Mais rĂȘver, c'est planer dans les apothĂ©oses, C'est comprendre; et les nids disent les mĂȘmes choses Que les tombeaux profonds. Les prĂȘtres vont criant: AnathĂšme ! anathĂšme ! Mais la nature dit de toutes parts: Je t'aime ! Venez, enfants; le jour Est partout, et partout on voit la joie Ă©clore; Et l'infini n'a pas plus d'azur et d'aurore Que l'Ăąme n'a d'amour. J'ai fait la grosse voix contre ces noirs pygmĂ©es; Mais ne me craignez pas; les fleurs sont embaumĂ©es, Les bois sont triomphants; Le printemps est la fĂȘte immense, et nous en sommes; Venez, j'ai quelquefois fait peur aux petits hommes, Non aux petits enfants.
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Victor Hugo (L'Art d'ĂȘtre grand-pĂšre)
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FOLCO : "Socialisme" et "communisme" sont devenus presque des gros mots. Quelle est l'essence de ce rĂȘve Ă  laquelle on pourrait s'identifier, au lieu de le repousser sans mĂȘme y rĂ©flĂ©chir ? TIZIANO : L'idĂ©e du socialisme Ă©tait simple : crĂ©er une sociĂ©tĂ© dans laquelle il n'y aurait pas de patrons pour contrĂŽler les moyens de production, moyens avec lesquels ils rĂ©duisent le peuple en esclavage; Si tu as une usine et que tu en es le patron absolu, tu peux licencier et embaucher Ă  ta guise, tu peu mĂȘme embaucher des enfants de douze ans et les faire travailler. Il est clair que tu engranges un profit Ă©norme, qui n'est pas dĂ» uniquement Ă  ton travail, mais Ă©galement au travail de ces personnes-lĂ . Alors, si les travailleurs participent dĂ©jĂ  Ă  l'effort de production, pourquoi ne pas les laisser copossĂ©der l'usine ? La sociĂ©tĂ© est pleine d'injustices. On regarde autour de soi et on se dit : mais comment, il n'est pas possible de rĂ©soudre ces injustices ? Je m'explique. Quelqu'un a une entreprise agricole en amont d'un fleuve avec beaucoup d'eau. Il peut construire une digue pour empĂȘcher que l'eau aille jusqu'au paysan dans la vallĂ©e, mais ce n'est pas juste. Ne peut-il pas, au contraire, trouver un accord pour que toute cette eau arrive Ă©galement chez celui qui se trouve en bas ? Le socialisme, c'est l'idĂ©e d'une sociĂ©tĂ© dans laquelle personne n'exploite le travail de l'autre. Chacun fait son devoir et, de tout ce qui a Ă©tĂ© fait en commun, chacun prend ce dont il a besoin. Cela signifie qu'il vit en fonction de ce dont il a besoin, qu'il n'accumule pas, car l'accumulation enlĂšve quelque chose aux autres et ne sert Ă  rien. Regarde, aujourd'hui, tous ces gens richissimes, mĂȘme en Italie ! Toute cette accumulation, Ă  quoi sert-elle ? Elle sert aux gens riches. Elle leur sert Ă  se construire un yacht, une gigantesque villa Ă  la mer. Souvent, tout cet argent n'est mĂȘme pas recyclĂ© dans le systĂšme qui produit du travail. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. C'est de lĂ  qu'est nĂ©e l'idĂ©e du socialisme. FOLCO : Et le communisme ? Quelle est la diffĂ©rence entre le socialisme et le communisme ? TIZIANO : Le communisme a essayĂ© d'institutionnaliser l'aspiration socialiste, en crĂ©ant - on croit toujours que c'est la solution - des institutions et des organismes de contrĂŽle. DĂšs cet instant, le socialisme a disparu, parce que le socialisme a un fond anarchiste. Lorsqu'on commence Ă  mettre en place une police qui contrĂŽle combien de pain tu manges, qui oblige tout le monde Ă  aller au travail Ă  huit heures, et qui envoie au goulag ceux qui n'y vont pas, alors c'est fini. (p. 383-384)
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Tiziano Terzani (La fine Ăš il mio inizio)
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J’ai remarquĂ© souvent que quand deux amis pĂ©tersbourgeois se rencontrent quelque part, aprĂšs s’ĂȘtre saluĂ©s, ils demandent en mĂȘme temps : Quoi de neuf ? il y a une tristesse particuliĂšre dans leurs voix, quelle qu’ait Ă©tĂ© l’intonation initiale de leur conversation. En effet, une dĂ©sespĂ©rance totale est liĂ©e Ă  cette question Ă  PĂ©tersbourg. Mais le plus agaçant c’est que, trĂšs souvent, l’homme qui la pose est tout Ă  fait indiffĂ©rent, un PĂ©tersbourgeois de naissance, qui connaĂźt trĂšs bien la coutume, sait d’avance qu’on ne lui rĂ©pondra rien, qu’il n’y a rien de nouveau, qu’il a posĂ© cette question peut-ĂȘtre mille fois sans aucun succĂšs ; cependant, il la pose, et il a l’air de s’y intĂ©resser, comme si les convenances l’obligeaient de participer lui aussi Ă  la vie publique, d’avoir des intĂ©rĂȘts publics. Mais les intĂ©rĂȘts publics... C’est-Ă -dire nous ne nions pas que nous ayons des intĂ©rĂȘts publics ; nous tous aimons ardemment la patrie, nous aimons notre cher PĂ©tersbourg, nous aimons jouer si l’occasion se prĂ©sente. En un mot il y a beaucoup d’intĂ©rĂȘts publics. Mais ce qu’il y a surtout chez nous, ce sont les groupes. On sait que PĂ©tersbourg n’est que la rĂ©union d’un nombre considĂ©rable de petits groupes dont chacun a ses statuts, ses conventions, ses lois, sa logique et son oracle. C’est en quelque sorte le produit de notre caractĂšre national qui a encore peur de la vie publique et tient plutĂŽt au foyer. En outre, la vie publique exige un certain art ; il faut s’y prĂ©parer ; il faut beaucoup de conditions. Aussi, l’on prĂ©fĂšre la maison. LĂ , tout est plus simple ; il ne faut aucun art ; on est plus tranquille. Dans le groupe, on vous rĂ©pondra bravement Ă  la question : Quoi de neuf ? La question reçoit tout de suite un sens particulier, et l’on vous rĂ©pond ou par un potin, ou par un bĂąillement, ou par quelque chose qui vous force vous-mĂȘme Ă  bĂąiller cyniquement, magistralement. Dans le groupe, on peut traĂźner de la façon la meilleure et la plus douce une vie utile entre le bĂąillement et le ragot, jusqu’au moment oĂč la grippe, ou bien la fiĂšvre chaude, visite votre demeure ; et vous quittez alors la vie stoĂŻquement, avec indiffĂ©rence, sans savoir comment et pourquoi tout cela Ă©tait avec vous jusqu’alors. Aujourd’hui, dans l’obscuritĂ©, au crĂ©puscule, aprĂšs une triste journĂ©e, plein d’étonnement que tout se soit arrangĂ© ainsi, il semble qu’on ait vĂ©cu, qu’on ait atteint quelque chose, et tout Ă  coup, on ne sait pas pourquoi, il faut quitter ce monde agrĂ©able et sans soucis pour Ă©migrer dans un monde meilleur. Dans certains groupes, d’ailleurs, on parle fortement de la cause. Quelques personnes instruites et bien intentionnĂ©es se rĂ©unissent. On bannit sĂ©vĂšrement tous les plaisirs innocents, comme les potins et la prĂ©fĂ©rence, et, avec un entrain incomprĂ©hensible, on parle de diffĂ©rents sujets trĂšs importants. Enfin, aprĂšs avoir bavardĂ©, parlĂ©, rĂ©solu quelques questions d’utilitĂ© gĂ©nĂ©rale, et aprĂšs avoir rĂ©ussi Ă  imposer aux uns et aux autres une opinion sur toutes choses, le groupe est saisi d’une irritation quelconque et commence Ă  s’affaiblir considĂ©rablement. Finalement, tous se fĂąchent les uns contre les autres. On se dit quelques dures vĂ©ritĂ©s. Quelques caractĂšres tranchants se font jour et tout se termine par la dislocation totale. Ensuite on se calme ; on fait provision de bon sens et, peu Ă  peu, l’on se rĂ©unit de nouveau dans le groupe dĂ©crit ci-dessus. Sans doute il est agrĂ©able de vivre ainsi. Mais Ă  la longue cela devient irritant ; cela irrite fortement.
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Fyodor Dostoevsky
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[Le « modĂšle français »] a Ă©rigĂ© le genre dominant en modĂšle, ce qui Ă©tait facile tant que celui-ci Ă©tait le seul. Dans un deuxiĂšme temps, sommĂ© par le genre dominĂ© de lui faire une place, il lui dit : « Entrez et faites comme chez moi. » Il demande au dominĂ© de se conformer Ă  son modĂšle, d'ĂȘtre comme lui. C'est Ă©videmment impossible, car les hommes ne sont des hommes que dans la mesure oĂč ils exploitent des femmes. Les femmes ne peuvent donc pas, par dĂ©finition, faire comme les hommes, 1) parce qu'elles n'ont personne Ă  exploiter ; 2) parce qu'il faudrait qu'elles cessent d'ĂȘtre exploitĂ©es elles-mĂȘmes pour pouvoir ĂȘtre Ă  Ă©galitĂ© avec les hommes, et 3) parce que si les hommes n'avaient plus de femmes Ă  exploiter, ils ne seraient plus des hommes. C'est pourquoi les femmes ne peuvent pas ĂȘtre les Ă©gales des hommes tels qu'ils sont aujourd'hui, car « tels qu'ils sont aujourd'hui » prĂ©suppose la subordination des femmes. (p. 67-68)
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Christine Delphy (Classer, dominer: Qui sont les "autres" ? (French Edition))
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Rome Ă©tait, en l’an 268 de son Ăšre35, ce qu’est Ă  peu prĂšs la France l’an IV de la RĂ©publique. Mais prĂȘcha-t-on alors le dogme du silence et de la patience ? de la prudence et de la constance ?.... Non. Cassius Viscellinus se prĂ©sente. Il porte la main droit Ă  la plaie. Quoique patricien, c’est lui qui le premier propose la loi agraire. « Il est souverainement injuste, s’écrie-t-il, que le peuple Romain, si courageux, et qui expose tous les jours sa vie pour Ă©tendre les bornes de la RĂ©publique, languisse dans une honteuse pauvretĂ©, pendant que le SĂ©nat et les patriciens jouissent seuls du fruit de ses conquĂȘtes... PlĂ©bĂ©iens !, ajoute-t-il, il ne tient qu’à vous de sortir tout Ă  coup de la misĂšre oĂč vous a rĂ©duit l’avarice des patriciens. » Ce discours, dit Vertot, fut accueilli aux transports les plus vifs du peuple. Il n’y eut que l’infĂąme Appius et ses suppĂŽts (les Louvet, les RĂ©al et les MĂ©hĂ©e de ce temps-lĂ ), qui traitĂšrent Cassius de royaliste, comme les Appius d’aujourd’hui me traitent.
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Gracchus Babeuf (Le Manifeste des Plébéiens)
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Hij staarde het jonge meisje in het gezicht en deed zijn mond al open om haar een spottende opmerking toe te voegen, toen zijn ogen plotseling groot werden. Hij klapte zijn kiezen weer op elkaar en zijn hand bleef verstard hangen boven de schaal met eieren. Het bleef een poosje stil. 'Wat doet dit kind hier?' vroeg hij ten slotte bevreemd... 'Een fae.
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Mariëtte Aerts (Dragans List (Het Huis Elfae #1))
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[...] car une des caractĂ©ristiques du monde moderne est de chercher par des artifices Ă  rĂ©aliser illusoirement des impossibilitĂ©s et Ă  les rendre crĂ©dibles par de faux prodiges. Tel fut le cas, par exemple, de la « marche sur la lune » qu'un auteur traditionnel (sauf erreur, il s'agit de Frithjof Schuon) avait dĂ©clarĂ©e impossible. Par une sorte de miracle technique et scientifique, elle fut rĂ©alisĂ©e tout de mĂȘme, et prĂ©sentĂ©e comme un « grand pas pour l'humanitĂ© » de maniĂšre Ă  discrĂ©diter le bon sens et le jugement traditionnel. Pourtant, l'on se rend compte aujourd'hui (mĂȘme si l'on Ă©vite de le reconnaĂźtre) que cet auteur avait vu juste et dit la vĂ©ritĂ©. L'impossibilitĂ© de l'entreprise apparaĂźt dans le fait qu'elle fut sans lendemain, pour des raisons aussi bien humaines que matĂ©rielles. Elle fut, elle aussi, un vĂ©ritable leurre, qui eut pour effet d'abuser une gĂ©nĂ©ration. pp.53-54
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Charles-André Gilis (La profanation d'Israël selon le droit sacré)
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Dans le domaine dit «culturel », les hĂ©sitations des dirigeants intĂ©gristes sont parfois bien amusantes. TantĂŽt, ils dĂ©cident d’interdire la musique que l’on appelle classique, et qui est en rĂ©alitĂ© Ă©minemment moderne ; en quoi ils ont raison, car cet art tant vantĂ© fait partie des pseudo-religions occidentales : les chrĂ©tiens d’aujourd’hui se rĂ©unissent plus volontiers dans les Ă©glises pour Ă©couter des concerts que pour suivre les offices ; tantĂŽt, ils l’autorisent en se plaçant, Ă  leur tour, au point de vue rĂ©ducteur de la morale, ce qui donne le charmant spectacle de jeunes femmes en tchador jouant du violoncelle !
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Charles-André Gilis (L'intégrité islamique : Ni intégrisme ni intégration)
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VoilĂ  comment commence la division. Selon elles, Bambolina, Ă  cinq ans seulement, devrait dĂ©jĂ  bouger diffĂ©remment, rester bien sage, les yeux baissĂ©s, pour cultiver en elle la demoiselle de demain. Comme au couvent, lois, prisons, histoire Ă©difiĂ©e par les hommes. Mais c'est la femme qui a acceptĂ© de tenir les clefs, gardienne inflexible de la parole de l'homme. Au couvent, Modesta a dĂ©testĂ© ses géÎliĂšres d'une haine d'esclave, haine humiliante mais nĂ©cessaire. Aujourd'hui, c'est avec dĂ©tachement et assurance qu'elle dĂ©fend Bambolina des garçons et des femmes, elle ne tient qu'Ă  elle, en cette enfant elle se dĂ©fend elle-mĂȘme, elle dĂ©fend son passĂ©, la fille qui un jour pourrait naĂźtre d'elle... Tu te souviens, Carlo, tu te souviens, quand je t'ai dit que seule la femme pouvait aider la femme, et que toi, dans ton orgueil d'homme, tu ne comprenais pas? Tu comprends maintenant? Maintenant que tu as une fille, tu comprends? (p.319)
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Goliarda Sapienza
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Hij hield extreem veel van zijn echtgenote. Hij hield, met andere woorden, te veel van die ene vrouw. Dat ze op jonge leeftijd overleed zag hij dan ook als de wraak des hemels voor die liefde. een andere verklaring voor haar dood had hij niet. Na het overlijden van zijn echtgenote hield hij zich ver van alle vrouwen. Hij nam niet eens een meid in huis. Het koken en poetsen liet hij over aan een man. Dit deed hij niet omdat hij alle andere vrouwen haatte. Het was omdat die vrouwen allemaal leken op zijn echtgenote. Zo rook bijvoorbeeld iedere vrouw net als zij naar vis. En, overtuigd dat ook dit de wraak des hemels was omdat hij te veel van zijn vrouw had gehouden, vond hij berusting in het feit dat hij het moest stellen zonder vrouw in zijn leven. Maar in zijn huis was één vrouw aanwezig om wie hij niet heen kon. Hij had een dochter. Uiteraard leek zij meer dan welke andere vrouw ook ter wereld op zijn overleden echtgenote. De dochter zat inmiddels op de hogere middelbare meisjesschool. Midden in de nacht ging het licht aan in haar kamer. Hij gluurde door een kier in de schuifdeuren. Het meisje hield een kleine schaar vast. Terwijl ze haar opgetrokken knieën uit elkaar spreidde en langdurig omlaag tuurde, hanteerde ze de schaar. De volgende dag, nadat zijn dochter naar school was vertrokken, staarde hij stiekem naar de witte bladen van de schaar en hij kreeg koude rillingen. Weer ging midden in de nacht het licht aan in de kamer van zijn dochter. Hij gluurde door de kier in de schuifdeuren. Ze griste een witte doek van de vloer, klemde hem in haar armen en liep de kamer uit. Hij hoorde water uit de kraan stromen. Even later stak zijn dochter het vuur van het komfoor aan, legde de witte doek erop en ging afwezig zitten. Daarop begon ze te huilen. Toen ze ophield met huilen, knipte ze haar nagels boven de doek. Op het moment dat ze de doek wegnam vielen die er kennelijk af, want hij rook de misselijkmakende geur van brandende nagels. Hij had een droom. Daarin vertelde zijn overleden echtgenote aan hun dochter dat hij haar geheim had gezien. Sindsdien keek zijn dochter hem niet meer aan. Hij hield niet van zijn dochter. De gedachte dat een man op zijn beurt de wraak des hemels zou ondergaan vanwege zijn liefde voor haar, deed hem huiveren. Op een nacht richtte zijn dochter uiteindelijk een dolk op zijn keel terwijl hij sliep. Hij wist dat. Hij berustte erin dat het de wraak des hemels was, omdat hij tot het uiterste van zijn echtgenote had gehouden en te veel had gehouden van die ene vrouw, en hij hield rustig zijn ogen gesloten. Hij voelde dat zijn dochter het had gemunt op de vijand van haar moeder, en hij wachtte op het mes.
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Yasunari Kawabata
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Aujourd'hui, j'ai un postulat de confiance : j'ai quelques Ă©lĂšves qui ne font pas souvent leurs devoirs mais s'ils me disent qu'ils les ont faits, je les crois. Ils ont peut-ĂȘtre appris leurs mots hier soir, mais les ont oubliĂ©s depuis. Je leur demande : "Comment as-tu travaillĂ© ?" S'ils expliquent que le projet Ă©tait de rĂ©citer les mots Ă  un adulte dans les minutes qui suivent l'apprentissage, je leur montre que ce n'Ă©tait pas la bonne stratĂ©gie puisque tout s'est effacĂ© aujourd'hui. Quand l'enseignant conseille : "Si tu veux retenir tes mots, tu devrais travailler plus !", il devrait plutĂŽt proposer de travailler autrement. Faute d'identifier cette stratĂ©gie qui n'est pas la bonne l'enfant adopte la stratĂ©gie du nul : il arrive Ă  l'Ă©cole, il s'aperçoit que les autres savent les mots appris hier soir alors que lui ne se les rappelle plus. L'enseignant le soupçonne alors de ne avoir travaillĂ© ; l'enfant se dit qu'il est nul. Du coup, il adopte la stratĂ©gie suivante : "La prochaine fois, je n'apprendrai pas les mots. Comme ça, la maĂźtresse croira que je n'ai pas appris. Si elle me demande si je suis bĂȘte, je pourrai me dire : « Mais non, je ne suis pas nul, je n'ai pas travaillĂ© ! »" Peu Ă  peu, l'enfant ne prend plus le risque d'apprendre. Comme c'est douloureux d'ĂȘtre nul, Ă  dĂ©faut de rĂ©ussir, il cherche Ă  maĂźtriser son Ă©chec : il ne rate pas puisqu'il n'apprend pas ! Il reste ainsi dans une forme de toute puissance. Cette attitude s'ancre trĂšs tĂŽt Ă  l'Ă©cole. (p. 67)
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Isabelle Peloux (L'école du Colibri: La pédagogie de la coopération (Domaine du possible) (French Edition))
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...quand on a étudié la période médiévale, il nous a dit que l'église, les dessins des vitraux, c'était la Bible du pauvre, pour les gens qui savaient pas lire. Pour moi, la télé aujourd'hui, c'est le Coran du pauvre.
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FaĂŻza GuĂšne (Kiffe Kiffe Tomorrow)
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... terwijl ik mijn gezicht in de spiegel bekijk. Dat verandert van dag tot dag. Sommige dagen meer dan andere. Niet veel, natuurlijk, maar als je goed kijkt, als je oefent, je concentreert, dan kun je de minuscule veranderingen in de huid zien, de rimpel in mijn voorhoofd die in de loop van de nacht is veranderd, misschien maar een halve millimeter. Maar je ziet het. Als je oefent. Je contouren die dunner worden, je silhouet dat vervaagt. Je bent nog niet helemaal verdwenen. Dat duurt een hele poos. Jaren. Maar je verdwijnt. Je verdwijnt voor jezelf, wordt een ander, elke dag. Je bent niet meer wie je ooit was. De microscopisch kleine cellen die je gezicht vormen op de foto die je ouders in de kamer hebben hangen, zijn weg, vervangen door nieuwe. Je bent niet meer wie je was. Maar ik ben er nog wel, de atomen wisselen van plek, niemand kan de bokkensprong van de quarks controleren. Zo is het ook met de mensen van wie je houdt. Met bijna stilstaande snelheid verkruimelen ze in je armen en je zou willen dat je je aan iets bestendigs in hen kon vastklampen, hun skelet, hun tanden kon vastpakken, de hersencellen, maar dat kun je niet, want bijna alles is water en het heeft geen zin dat vast te houden. Alle sporen verdwijnen, stukje bij beetje. En later verdwijnen de sporen die ze hebben achtergelaten, het huis waarin ze woonden, de tekeningen die ze voor je maakten, de woorden die ze op briefjes schreven. De herinneringen waarmee je achterblijft zullen uiteindelijk ook loslaten, als oud behang, en mettertijd zal het niet meer mogelijk zijn om antwoord te geven op de vraag of er op deze planeet aan de rand van dit perifere zonnestelsel ooit leven is geweest.
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Johan Harstad (Buzz Aldrin, waar ben je gebleven?)
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Les Orientaux ont pour philosophie que le plus important dans la peinture ce sont les espaces vides que le peintre a décidé de ne pas remplir, et le plus important de la poésie c'est le non-dit. Les mots écrits ne sont que des mots. Il faut regarder sous l'encre, ou au-dessus. Trouver l'invisible, le caché, qui est l'ùme du poÚme. Un vase n'est qu'un si on ne sait pas comment le regarder. Et cette fille, pour quiconque dans l'aéroport, n'était qu'une jeune fille à la peau foncée, totalement absorbée par son monde. Pour quiconque, sauf pour Pau. Cela n'avait rien d'étrange. Pau savait comment regarder les choses. - Qu'est-ce que vous racontez, aujourd'hui ? - Rien, j'ai épuisé mon stock. Et il riait.
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Alberto Torres-Blandina (Le Japon n'existe pas)
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Quand la tristesse s'est rendue maĂźtresse de tes instants et qu'elle t'accompagne non seulement dans le contenu du temps, mais aussi dans tes pressentiments d'Ă©ternitĂ©, quand elle compose la matiĂšre de tes sensations, fortes ou flottantes, il en va comme si, depuis les origines jusqu'Ă  aujourd'hui, toi seul en avais jamais fait l'expĂ©rience, comme si elle t'avait attendu, lourde des siĂšcles qui l'ont ignorĂ©e, pour Ă  travers toi remplir l'univers et le vouer au deuil. Et quand bien mĂȘme tu saurais combien d'esprits, combien d'Ăąmes elle a empoisonnĂ©s et parĂ©s, tu ne saurais y trouver aucune consolation. Toi qui dĂ©couvres toute chose Ă  travers elle, tu lui confĂšres, sans le vouloir, l'Ă©tendue et la valeur du monde. Et puis ce ne sont pas les autres qui te l'ont rĂ©vĂ©lĂ©e, il n'est pas d'apprentissage de la tristesse, ni de maĂźtres susceptibles de l'enseigner : ta propre nature lui a donnĂ© consistance Ă  partir du non-dit de tes inhibitions, toi qui es vouĂ© Ă  ne prendre part Ă  rien de ce qui semble exister.
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Emil M. Cioran (Razne)
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Je dis « vide » par rapport au monde (rien ne m'intéresse plus vraiment), pleine par rapport au sentiment. Déceptions aujourd'hui : 1) il ne m'a toujours pas dit les mots tendres attendus 2) aprÚs la rencontre à France-URSS, il est reparti avec les filles de l'ambassade sans me raccompagner à Cergy. Et je m'aperçois que mon article sur la Révolution est d'une nullité glaçante. Dormir, oui. Et déjà me demander, mais avec dégoût, « quand va-t-il appeler ? »
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Annie Ernaux (Se perdre (French Edition))
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Un grand poĂšte Que fais-tu au juste voyons voir dit Mihaela trois heures de tĂ©lĂ©vision tu t’affaires dans la bibliothĂšque trois heures tu lis et voilĂ  ton temps qui passe quand tu ne peux plus Ă©crire tu as l’air d’une mite raidie par le froid sur le cadre de la fenĂȘtre et tu n’es mĂȘme pas un grand poĂšte tu as les yeux aqueux et vides tu as encore bu que vais-je faire de toi que vais-je dire Ă  tes parents les pauvres ils sont si ĂągĂ©s personne n’en prend soin dans cet Ă©tat personne ne leur demande s’ils ont mangĂ© un bout bientĂŽt ils mourront et toi si indiffĂ©rent tu ne vois pas que notre fille a grandi tu ne vois pas qu’elle porte une mini-jupe aujourd’hui et voilĂ  comme ta vie s’en va et tu n’es mĂȘme pas un grand poĂšte comme Nichita Stănescu
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Valentin Dolfi (Ma poésie comme biographie (French Edition))
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p62 "Les dirigeants avaient vite compris que pour asservir les gens aujourd'hui, il ne fallait plus la force, il fallait crĂ©er le manque et le besoin". p62 "Force, rĂ©pression, ça pas marcher, qu'il disait. Juste crĂ©er plus rĂ©volte. Quand Parti fait taire les gens, eux crier plus fort. Pour contrĂŽler information et peuple, il faut donner trop. Gens pas savoir trier, pas le temps, ni envie, pas possible. Pour contrĂŽler l'individu, il faut faire croire au besoin, mĂȘme quand il n'a pas, surtout quand il n'a pas. On dit besoin d'acheter voiture, pas possible vivre sans. Il voudra voiture plus que bonheur, car voiture devient bonheur. On dit besoin tĂ©lĂ©phone, mais pas un vieux, un neuf, beau, dernier modĂšle. Et on dit bonheur dedans. Lui besoin, pas possible de faire sans. Et comma ça pour tout. Pour manipuler, il faut pas obliger, mais inciter. Et gens stupides qui croient que bonheur est d'avoir, pas ĂȘtre. Français ĂȘtre une belle langue qui a compris, qui dit je suis heureux, pas j'ai heureux. Mais français peuple d'abrutis, ont oubliĂ© leur langue, leur pensĂ©e, trop fiers de leurs droits de l'homme, oubliĂ© ça fragile. Pas vouloir comprendre qu'il existe la dictature du besoin, faux besoin, dictature par argent. Acheter mĂȘme quand pas avoir l'argent, surtout quand pas l'avoir. Stupide. Pendant gens occupĂ©s Ă  acheter pour combler vide, eux perdre libertĂ© de dire non, je veux pas, pas besoin. Eux perdre libertĂ© de chercher vraie vie, vrai bonheur. Et peuple tendre lui-mĂȘme les clĂ©s de la prison oĂč se mettre".
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Isabelle Aupy (L'Homme qui n'aimait plus les chats)
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Ook als er niemand beweegt maakt het huis soms geluid. Als een samenkrampende maag. Wanneer we samen in de keuken of bij het haardvuur zitten terwijl dit gebeurt, steekt Molina een vinger in de lucht en luistert hij aandachtig. Met onze ogen volgen we het gejammer. Als het weer stil is knikt Molina alwetend. 'Ghosts.' En klopt hij op de muur als op de kont van een nerveus paard.
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Falun Ellie Koos (Rouwdouwers)
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trop fameux Gott mit uns, aujourd'hui repris par George Bush dans le cadre de sa lutte contre l'« axe du Mal », l'homme justifie ses intentions belliqueuses en utilisant la religion à ses propres fins, et n'hésite pas à déclarer la guerre en son nom. Une pratique mal décelée dans le bouddhisme, encore que ce soit en terre bouddhique que se sera perpétrée, on l'a dit, la folle aventure génocidaire de Pol Pot. Une
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Jean-Marie Pelt (La loi de la jungle : L'agressivité chez les plantes, les animaux, les humains (Documents) (French Edition))
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Les pays les plus prospĂšres ont rĂ©ussi Ă  accumuler des pouvoirs de destruction tels que d'anĂ©antir, cent fois, non seulement tous les ĂȘtres humains qui ont existĂ© Ă  ce jour, mais aussi la totalitĂ© de tous les ĂȘtres vivants qui ont jamais dessinĂ© souffle sur cette planĂšte du malheur. Un jour comme aujourd'hui, mon maĂźtre William Faulkner dit: «Je refuse d'accepter la fin de l'homme." Je tomberais indigne de se tenir dans ce lieu qui Ă©tait le sien, si je devais pas pleinement conscients que la tragĂ©die colossale qu'il a refusĂ© de reconnaĂźtre, il y a trente-deux ans est maintenant, pour la premiĂšre fois depuis le dĂ©but de l'humanitĂ©, rien de plus qu'un simple possibilitĂ© scientifique. Face Ă  cette rĂ©alitĂ© impressionnante qui a dĂ» sembler une simple utopie Ă  travers tout le temps humain, nous, les inventeurs de contes, qui croire quoi que ce soit, se sentent en droit de croire qu'il n'y a pas encore trop tard pour participer Ă  la crĂ©ation de l'utopie opposĂ©e . Une nouvelle et radicale utopie de la vie, oĂč personne ne sera en mesure de dĂ©cider pour les autres comment ils meurent, oĂč l'amour se rĂ©vĂ©lera vrai bonheur et ĂȘtre possible, et oĂč les races condamnĂ©es Ă  cent ans de solitude aura enfin et pour toujours , une deuxiĂšme chance sur la terre." ― Gabriel Garcí­a MĂĄrquez, Nobel lecture (8 DĂ©cembre 1982)
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Gabriel GarcĂ­a MĂĄrquez
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In Nuenen heeft Vincent van Gogh gewoond, om precies te zijn van 5 december 1883 tot 24 november 1885. Geen dag langer, geen moment eerder. De schilder was een jaar of dertig en woonde bij zijn ouders, in de pastorie midden in het oude dorp: Berg 26. Hij werkte hard en had het zwaar, zoals altijd. Het beroemdste doek dat hij in Nuenen schilderde, was 'De aardappeleters'. Intussen flirtte hij met het buurmeisje. De pastorie staat er nog steeds, in Nuenen. En er woont ook nog steeds een dominee - in dit geval dominee Wijlhuizen, die op zijn houten naambordje naast de bel in het Nederlands en het Engels heeft staan dat aanbellen geen zin heeft en dat in het huis geen rondleidingen worden gegeven. Toch maar even aanbellen. Wat is het geval? In de tuin van de pastorie staat een perenboom, die Van Gogh zou hebben geschilderd. En de dominee heeft een kapvergunning voor de boom aangevraagd, want de boom is hartstikke dood. Dit heeft onmiddellijk tot een storm van verontwaardiging in Nuenen geleid - een boom omkappen die Van Gogh geschilderd heeft, schande! Dat is cultureel en historisch erfgoed, daar blijf je met je tengels van af! Goed. De dominee doet vrijwel onmiddellijk open. Het is een frisse, blakende man met ironische bruine ogen. Hij ziet er niet uit als een dominee, maar dat komt misschien omdat ik al zo lang niet in de kerk ben geweest. Hij doet meer aan een dierenarts denken. Vrolijk gaat hij me voor naar de achtertuin van de pastorie. In de keuken zit zijn vrouw de krant te lezen. De dominee begrijpt alle commotie niet zo goed. Van Gogh heeft de boom geschilderd - het schilderij is dan toch het erfgoed, of niet? Kijk, daar staat de boom.
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Martin Bril (Heimwee naar Nederland)
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De l'AlgĂ©rie d'aujourd'hui, cet homme de 77 ans dit simplement : " C'est malheureux. " Lui et ses frĂšres d'armes rĂ©pĂštent souvent cette phrase, avec le mĂȘme dĂ©senchantement. MĂȘme s'ils reconnaissent des avancĂ©es positives comme la scolarisation et la mĂ©decine pour tous, mĂȘme s'ils ne remettent pas en cause une seule minute leur combat pour l'indĂ©pendance, ils ont un regret : l'AlgĂ©rie ne ressemble pas Ă  celle dont ils avaient rĂȘvĂ©, il y a soixante ans. Le pouvoir cĂ©lĂšbre pourtant ce 60e anniversaire du dĂ©clenchement de la rĂ©volution, comme si de rien n'Ă©tait, avec ce slogan : " Novembre, la libertĂ© !
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Anonymous
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On dit pĂšre grec, mĂšre suisse-française... On me demande, mais alors, quelle est votre patrie? Je dis que je ne suis ni tout Ă  fait d'ici, ni tout Ă  fait de lĂ -bas. Ma patrie, c'est la relation. La relation est une rĂ©alitĂ© vitale. Parce qu'elle porte en elle le sens de l'autre. Pour la vie personnelle, et pour la vie collective - surtout aujourd'hui oĂč les mentalitĂ©s Ă  cause des rapiditĂ©s de communications coexistent -, si on n'a pas le sens de l'autre on a de la peine Ă  vivre. (Le Temps, 17 AoĂ»t 2007)
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Georges Haldas
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Il me dit aussi que de nombreuses parties du mur de Berlin sont détruites petit à petit pour faire place aux constructions modernes. Va-t-on se souvenir du passé ? La preuve que non, aujourd'hui encore, d'autres murs sont construits.
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Mirelle Hdb (#Love(ly) Story (Lovely Projets) (French Edition))
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Quelle est donc cette foi qui dit Ă  un homme qu'il doit quitter ses amis les plus proches, les plus sincĂšres, pour pouvoir aller vers Dieu? Parce que Dieu est lĂ -bas, dans la montagne, et pas ici, en ville? Parce que Dieu est au monastĂšre, et pas sur les chantiers, ni dans les bureaux? Si l'on croit en Dieu, on doit croire qu'il est partout ! [...] Ce qui m'exaspĂšre, c'est cette maniĂšre que l'on a aujourd'hui d'introduire la religion partout, et de tout justifier par elle. [...] On la met Ă  toutes les sauces, et on croit la servir, alors qu'on est en train de la mettre au service de ses propres ambitions, ou de ses propres lubies.
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Amin Maalouf (Ű§Ù„ŰȘŰ§ŰŠÙ‡ÙˆÙ†)
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– Le centre de gravitĂ© de l’Europe va se dĂ©placer. Vers le monde anglo-saxon et, finalement, vers l’AmĂ©rique. Vous voyez bien aujourd’hui comment la francophonie s’éteint Ă  petit feu
 La dĂ©rive nordique Ă©loignera la France de son histoire originelle, de sa parentĂ© affective, la MĂ©diterranĂ©e – mare nostrum. J’étais fascinĂ© par sa vaste culture et son sens de l’Histoire. Il me dit que, si elle se faisait, l’Europe de Maastricht se dĂ©tournerait de l’Afrique. Seule une Europe latine pouvait comprendre et fixer les populations sur place. Comme ces paroles rĂ©sonnent aujourd’hui ! Il me confia l’avoir rĂ©pĂ©tĂ© Ă  Roland Dumas : « Vous avez tort de soutenir ce sinistre traitĂ©. Il fera obstacle Ă  ce que la MĂ©diterranĂ©e puisse devenir, autour de la France, de l’Espagne et du Maroc, une zone d’équilibre, un lac de TibĂ©riade, autour duquel les trois religions et les fils d’Abraham pourraient trouver des points d’harmonie et prĂ©venir les grandes transhumances de la misĂšre et de l’envie. » Le roi paraissait fort mobilisĂ© sur ce sujet. Presque intarissable : – Vos Ă©lites sont ballotĂ©es sur des mers sans rivage, elles ont perdu toutes les boussoles. – De quelles boussoles parlez-vous ? – De celles qui nous conduisent dans l’espace et le temps : celles des cartes, des aiguilles et de la pĂ©rennitĂ©. La gĂ©ographie, qui est la seule composante invariable de l’Histoire ; et la famille, qui en est le principe et la sĂšve. Je ne vous envie pas. Il Ă©tait redevenu le souverain impĂ©rieux. Me voyant surpris, il lĂącha brutalement : – Vous parquez vos vieux. Dans des maisons de retraite. Vous exilez la sagesse. Vous avez aboli la gratitude, et donc l’espoir. Il n’y pas d’avenir pour un peuple qui perd ses livres vivants et n’a plus d’amour-propre. Qui abhorre son propre visage. Si vous ne retrouvez pas la fiertĂ©, vous ĂȘtes perdus. L’entretien dura encore quelque temps. Le roi Hassan II parlait beaucoup. Il se dĂ©solait de voir la France choir dans la haine de soi. Je n’ignorais pas qu’il dirigeait son pays d’une main de fer. Mais son amour sincĂšre pour la France me toucha. Il rĂ©pĂ©ta plusieurs fois le mot de PĂ©guy : « Quand une sociĂ©tĂ© ne peut plus enseigner, c’est que cette sociĂ©tĂ© ne peut pas s’enseigner. »" pp. 146-147
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Philippe de Villiers (Le moment est venu de dire ce que j'ai vu)
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Ce qu'il dit, c'est que c'est une chose Ă©trange, quand on y pense, que des gens normaux, intelligents, puissent croire Ă  un truc aussi insensĂ© que la religion chrĂ©tienne, un truc exactement du mĂȘme genre que la mythologie grecque ou les contes de fĂ©es. Dans les temps anciens, admettons : les gens Ă©taient crĂ©dules, la science n'existait pas. Mais aujourd'hui ! Un type qui aujourd'hui croirait Ă  des histoires de dieux qui se transforment en cygnes pour sĂ©duire des mortelles, ou Ă  des princesses qui embrassent des crapauds et quand elles les embrassent ils deviennent des princes charmants, tout le monde dirait : il est fou. Or, un tas de gens croient une histoire tout aussi dĂ©lirante et ces gens ne passent pas pour des fous. MĂȘme sans partager leur croyance, on les prend au sĂ©rieux. Ils ont un rĂŽle social, moins important que par le passĂ©, mais respectĂ© et dans l'ensemble plutĂŽt positif. Leur lubie cohabite avec des activitĂ©s tout Ă  fait sensĂ©es. Les prĂ©sidents de la RĂ©publique rendent visite Ă  leur chef avec dĂ©fĂ©rence. C'est quand mĂȘme bizarre, non ? (p. 15)
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Emmanuel CarrĂšre (Le Royaume)
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Tandis qu'en 1960 l'indice de fécondité mondiale s'élevait à 4 enfants en moyenne par femme, il ne dépasse guÚre 2,5 enfants aujourd'hui. Au vu des projections des Nations unies, il devrait encore glisser vers 2,25 enfants par femme en 2050 avant d'atteindre le seuil de renouvellement des générations - 2,1 enfants par femme - en 2070. Cependant, cette baisse de la fécondité étant assortie d'une chute de la mortalité, l'essor de la population mondiale se poursuit. Autrement dit, en dépit d'une baisse du taux de croissance annuel moyen de 2 % en 1970 à moins de 1,2 % en 2015, la population mondiale va continuer de connaßtre un excédent naturel pour le siÚcle à venir. Ce qui signifie aussi que, désormais, la croissance de la population mondiale renvoie moins à la natalité qu'à l'allongement de l'espérance de vie et au phénomÚne d'inertie propre aux évolutions démographiques. C'est aussi ce que traduit le vieillissement de l'humanité. (p. 35)
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Virginie Raisson (2038: The World's Futures)
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En attendant, il lui faut lutter contre la mandarine, avec les armes que la nature a bien voulu lui donner : son courage, sa force, sa détermination, son intelligence aussi. Sa famille, ses enfants, ses amis. Et puis les médecins, les infirmiÚres, les oncologues, les radiologues, les pharmaciens, qui se battent, chaque jour, pour elle, à ses cÎtés. Il lui semble soudain qu'elle est au début d'une épopée pharaonique, qu'une formidable énergie est déployée autour d'elle. [...] Elle se dit alors que l'univers travaille de concert à sa guérison. Elle songe à cette phrase du Talmud : "Celui qui sauve une vie sauve le monde entier." Aujourd'hui, le monde entier la sauve, et Sarah voudrait lui dire merci.
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Colombani Laetitia
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L’homme est ainsi fait que, quand il ne voit pas de nuage, il a besoin d’en trouver un pour se rassurer. S’il ne voit pas un malheur s’avancer, il se dit que la prochaine catastrophe, pour ĂȘtre aussi bien dissimulĂ©e, elle sera d’ampleur, aussi vaut-il mieux tout de suite Ɠuvrer Ă  mettre des nuages dans le ciel, des nuages qu’on connaĂźt, ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on meurt de faim ou noyĂ© ou lĂ©preux ou bombardĂ© Ă  travers le monde, mais le soleil, allez savoir ce que ça cache, d’ailleurs si on le regarde en face, ça rend aveugle, c’est bien la preuve.
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Fabien Maréchal (Dernier avis avant démolition)
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En dan, heel onverwachts, zo onverwachts dat het bijna een schok is, voelt hij dat hij iets mist, zelfs ontzettend mist. Hij moet blijven staan, staat doodstil en zet zich schrap tegen de oprukkende wind. Moest hij dan de hele weg hierheen afleggen, over de sombere fjord in een bootje met een doodsbenauwde mederoeier, over twee hoogvlaktes en dan verdwalen in een sneeuwjacht zonder zicht met een goddeloze gletsjer achter de storm om erachter te komen dat hij zich in het huis van Geirthrud eigenlijk haast prettig voelde? In elk geval zo goed dat hij kan voelen dat hij het mist. Voor hem een totaal nieuwe ervaring iets te missen wat niet voor eeuwig is verdwenen. Dit nieuwe gemis is veel natuurlijker en het is licht erbinnen.
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JĂłn Kalman StefĂĄnsson (Ű­ŰČن Ű§Ù„Ù…Ù„Ű§ŰŠÙƒŰ©)
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Brancusi a dĂ©cidĂ© Comment cela est arrivĂ©, je ne puis le savoir, Brancusi m’est apparu et m’a dit qu’il avait dĂ©cidĂ© d’intervenir et de me ciseler. Je te ferai comme Fondane, m’a-t-il dit – il avait une criniĂšre de cheveux flottants sur son front trop ridĂ©, mais moi, je la lui ai effacĂ©e avec une gomme Ă©norme – il n’est restĂ© de sa tĂȘte qu’un ovale, l’Origine du Monde. Je pense redessiner ta tĂȘte et les yeux seront trĂšs vides, pour qu’on puisse y mettre presque Tout. Et des mers, et des terres et des nuages. D’autres ne sont pas nĂ©cessaires. Puis, il s’est retirĂ©. Attention, Ion Pop, prends garde, ce qui t’arrive maintenant n’est que la prĂ©paration, que l’attente polie du MaĂźtre. Nombre de choses te quittent, tombent sous un ciseau invisible de nouvelles eaux te lavent du vieux sang, les fruits dĂ©jĂ  mĂ»rs tombent des fleurs qui viennent d’éclore, la feuille de maintenant , la pierre d’aujourd’hui s’effritent, au-dessus de spasmes et d’angoisses la lumiĂšre essaie d’envelopper des visages blancs. Tout ce qui pue en toi tout ce qui se gonfle sera parfum et marbre. Retiens cela, Ion Pop, maintenant et toujours – c’est un grand, inespĂ©rĂ© honneur que Brancusi lui-mĂȘme ait dĂ©cidĂ© d’intervenir et de te ciseler. (p.42-43)
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Ion Pop (La dĂ©couverte de l'Ɠil)
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Papa ne veut pas que je mange plus de deux popsicles. Et encore
 Il dit que le matin, ce n’est pas bon de se gaver de sucre. ~ 9 h 41 ~ De quoi je me mĂȘle
? ~ 9 h 45 ~ Et Colin qui en rajoute. Il n’a pas tant le goĂ»t que ça de faire des popsicles aujourd’hui. Il veut aller chez Benjamin. Celui-ci a entendu parler d’un nouveau jeu de sociĂ©tĂ©, et ils veulent aller l’essayer Ă  la boutique oĂč le jeu est vendu et oĂč on permet aux jeunes de jouer sur place. En plus, il y a un tournoi, lĂ -bas, aujourd’hui, alors la boutique doit fermer plus tard qu’à l’habitude. Ce qui fait que je me retrouve toute seule (parce que ça ne me tente pas de les accompagner). ~ 9 h 47 ~ Colin dit que, de toute maniĂšre, j’ai le nez collĂ© entre tes pages depuis mon rĂ©veil, cher journal, et que c’est Ă  peine si je lui accorde un peu d’attention, Ă  lui. ~ 9 h 48 ~ N’importe quoi. ~ 9 h 51 ~ Oh, et en plus, papa ne veut pas que j’y aille. Il m’OBLIGE Ă  faire le mĂ©nage dans mes effets scolaires parce qu’il veut savoir ce qu’il devra racheter la semaine prochaine. Il paraĂźt que les spĂ©ciaux sont sortis dans les circulaires et que c’est le moment parfait pour tout acheter.
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Marilou Addison (Popsicle au melon d'eau (Le journal de Dylane, #9))
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La rumeur Ă©tait en marche : pourquoi l’écrivain Marcus Goldman faisait-il pleurer Cassandra Pollock ? En s’enfuyant du cafĂ© de Soho, elle avait tĂ©lĂ©phonĂ© Ă  son agent, qui avait tĂ©lĂ©phonĂ© Ă  un ponte de la Paramount, qui avait tĂ©lĂ©phonĂ© Ă  Roy, qui m’avait fait rappliquer sĂ©ance tenante pour me faire l’une de ces scĂšnes dont il avait le secret. Son assistante, Marisa, recherchait sur Internet les publications concernant le « malentendu », et Ă  mesure qu’elles fleurissaient, les imprimait puis faisait irruption dans le bureau Ă  intervalles rĂ©guliers en hurlant de sa voix de crĂ©celle : — Un nouvel article, monsieur ! — Lisez, ma brave Marisa, lisez-nous les derniĂšres nouvelles du naufrage Goldman, que j’évalue l’ampleur du dĂ©sastre. — C’est tirĂ© du site Aujourd’hui en AmĂ©rique : Que se passe-t-il entre l’écrivain Ă  succĂšs Marcus Goldman et l’actrice Cassandra Pollock ? Plusieurs tĂ©moins auraient assistĂ© Ă  une terrible dispute entre les deux jeunes vedettes. DĂ©veloppement Ă  suivre. Il y a dĂ©jĂ  des commentaires en ligne, monsieur. — Lisez-les, Marisa ! hurla Roy. Lisez-les ! — Lisa F., du Colorado, dit : Ce Marcus Goldman est vraiment un sale type. — Vous entendez, Goldman ? Toutes les femmes d’AmĂ©rique vous haĂŻssent ! — Quoi ? Mais enfin, Roy, ce n’est qu’une internaute anonyme ! — MĂ©fiez-vous des femmes, Goldman, elles sont comme un troupeau de bisons : si vous faites du mal Ă  l’une d’entre elles, toutes les autres partent Ă  sa rescousse et vous piĂ©tinent jusqu’à la mort.
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Joël Dicker (Le Livre des Baltimore (French Edition))
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Ik krijg geen adem. Help, ik krijg geen adem. Wacht. Ik moet ... even ...' Ik zak neer op de bureaustoel voor mijn schrijftafel, leg mijn telefoon weg - met de speaker aan - en pak dan mijn notitieboekje tevoorschijn. Terwijl Floor naar adem hapt, gilt, schreeuwt, rondjes draait in haar kamer, hoorbaar haar hoofd stoot, ik weet niet hoe vaak 'Zeg me dat je liegt! Zeg me dat je liegt!' in de hoorn tettert en vervolgens een eindeloze speech afsteekt over dat dit de mooiste en beste dag van haar leven is, vind ik de taken van mijn actielijstje af en lees ik me vervolgens in voor een bijeenkomst over het project Kunst in de Klas, waar Constanc vanmiddag bij moet zijn. Het is een project dat streeft naar meer kunst in het primair onderwijs en waarvoor Constance heeft besloten zich als ambassadeur in te zetten. (Ach, ze is zo groot geworden! Je weet wat ze zeggen: voor je het weet, zijn ze het huis uit!)
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Denise Marinus (Tot uw dienst)
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Il n'y a pas d'autre morale, ni d'autre Ă©conomie, ni d'autres pratiques sociales que celles-lĂ . Les Bretons, les Chroniques d'Arthur, racontent comment le roi Arthur, avec l'aide d'un charpentier de Cornouailles inventa cette merveille de sa cour : la « Table Ronde » miraculeuse autour de laquelle les chevaliers ne se battirent plus. Auparavant, « par sordide envie », dans des Ă©chauffourĂ©es stupides, des duels et des meurtres ensanglantaient les plus beaux festins. Le charpentier dit Ă  Arthur : « Je te ferai une table trĂšs belle, oĂč ils pourront s'asseoir seize cents et plus, et tourner autour, et dont personne ne sera exclu... Aucun chevalier ne pourra livrer combat, car lĂ , le haut placĂ© sera sur le mĂȘme pied que le bas placĂ©. » Il n'y eut plus de « haut bout » et partant, plus de querelles. Partout oĂč Arthur transporta sa Table, joyeuse et invincible resta sa noble compagnie. C'est ainsi qu'aujourd'hui encore se font les nations, fortes et riches, heureuses et bonnes. Les peuples, les classes, les familles, les individus, pourront s'enrichir, ils ne seront heureux que quand ils sauront s'asseoir, tels des chevaliers, autour de la richesse commune. Il est inutile d'aller chercher bien loin quel est le bien et le bonheur. Il est lĂ , dans la paix imposĂ©e, dans le travail bien rythmĂ©, en commun et solitaire alternativement, dans la richesse amassĂ©e puis redistribuĂ©e dans le respect mutuel et la gĂ©nĂ©rositĂ© rĂ©ciproque que l'Ă©ducation enseigne.
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Marcel Mauss (Essai sur le don: Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques)
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Je n'aime pas les parents. Tous. Pour se reproduire aujourd'hui, il faut ĂȘtre une drĂŽle de pourriture. Et d'ailleurs les parents n'aiment pas non plus. Ils aiment l'exercice du pouvoir, ils aiment qu'on les aime, ils peuvent parfois avoir de la gratitude pour l'amour Ă©norme des enfants, mais ils n'aiment pas. Ils aiment ĂȘtre obĂ©is, ils aiment dĂ©tenir le savoir, ĂȘtre la justice et la raison. Ils aiment impressionner. Ils aiment que l'on dĂ©pende de leur protection. Ils aiment savoir qu'ils peuvent, Ă  tout moment s'ils le souhaitent, dĂ©truire ce qu'ils ont créé. Les enfants leur appartiennent. Cela dit, je n'aime pas les enfants non plus. Ils sont souvent trĂšs cons et m'emmerdent considĂ©rablement Ă  vouloir appuyer sur les touches des balances Ă  lĂ©gumes, les boutons d'ascenseurs ou ceux des portes du mĂ©tro. Pour rĂ©sumer, la notion de famille, au sens biologique et nuclĂ©aire, me dĂ©goĂ»te.
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Simon Johannin (Ici commence un amour)
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De bomen rond dit huis, dat in de duinen ligt, zijn kaal. Ik vind ze mooi. Zo dun en wuivend en doorzichtig, zoveel complexer van structuur dan ze in de zomer waren. Het is niet nodig voor een boom om altijd het lied van zomer, zomer, zomer te zingen. Pas in de winter kun je zien wat er achter al dat groen steekt. Zo hou ik ook van mensen die alle seizoenen kennen. Pas dan kun je zien wat ze waard zijn. Niet in voorspoed maar in tegenspoed. Pas dan wordt het leven een kunst.
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Renate Rubinstein (Niets te verliezen en toch bang)
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« Je suis ce que je vois », a dit Alexandre Hollan : en tant que peintre, il est naturel qu’il oriente cette identitĂ© dans la direction oĂč se porte son regard ; mais, de la mĂȘme façon, Kate Moss pourrait atteindre son identitĂ© en inversant le sens de circulation et affirmer : « Je suis ce que les autres voient de moi. » L’instrument dans lequel l’ĂȘtre s’affirme reste le mĂȘme – le regard. En revanche le regard Ă©lectronique des dispositifs automatiques – innocents par dĂ©finition – est devenu le rĂ©ceptacle parfait des plus lourdes responsabilitĂ©s. Le bombardier de l’aviation amĂ©ricaine Thomas Ferebee, Ă  bord de l’Enola Gay, demanda Ă  ses yeux de lui dire le bon moment pour larguer la bombe atomique sur Hiroshima ; ce sont ses yeux toujours qui virent quelques instants aprĂšs l’horrible champignon soulevĂ© par l’explosion. Cela signifie qu’il s’immisça. Aujourd’hui les AmĂ©ricains utilisent des bombardiers sans Ă©quipage, appelĂ©s drones, qui lĂąchent leurs bombes au commandement de l’algorithme qui les guide. Sans regard direct, personne n’est lĂ  pour s’immiscer et ce n’est la faute de personne.
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Sandro Veronesi (Il colibrĂŹ)
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C’est pourquoi la justification de ces inĂ©galitĂ©s extrĂȘmes passe souvent par un discours moins grandiloquent, et insistant surtout sur le besoin de stabilitĂ© patrimoniale et de protection du droit de propriĂ©tĂ©. Autrement dit, l’inĂ©galitĂ© des fortunes n’est peut-ĂȘtre pas entiĂšrement juste, et pas toujours utile, surtout dans les proportions observĂ©es, y compris en Californie, mais sa remise en cause risquerait d’ouvrir une escalade sans fin dont les plus pauvres et la sociĂ©tĂ© dans son ensemble finiraient par faire les frais. Cet argument propriĂ©tariste fondĂ© sur le besoin de stabilitĂ© sociopolitique et de sĂ©curisation absolue (et parfois quasi religieuse) des droits de propriĂ©tĂ© acquis dans le passĂ© jouait dĂ©jĂ  un rĂŽle central pour justifier les fortes inĂ©galitĂ©s caractĂ©risant les sociĂ©tĂ©s de propriĂ©taires qui prospĂ©raient en ee Europe et aux États-Unis auXIX siĂšcle et au dĂ©but du XX . On retrouvera aussi cet Ă©ternel argument de la stabilitĂ© dans la justification des sociĂ©tĂ©s trifonctionnelles et esclavagistes. Il faut aussi y ajouter aujourd’hui un discours sur l’inefficacitĂ© supposĂ©e de l’État et l’agilitĂ© rĂ©putĂ©e supĂ©rieure de la philanthropie privĂ©e, argument qui jouait Ă©galement un rĂŽle lors des pĂ©riodes prĂ©cĂ©dentes, mais qui a pris une ampleur nouvelle Ă  l’époque contemporaine. Ces diffĂ©rents discours sont lĂ©gitimes et doivent ĂȘtre entendus, jusqu’à un certain point, mais je tenterai de dĂ©montrer qu’ils peuvent ĂȘtre dĂ©passĂ©s, en nous fondant sur les leçons de l’histoire.
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Thomas Piketty (Capital and Ideology)
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Technisch gezien...' Alisa Ortega klonk alsof ze net een arsenicumpil had geslikt, 'is dit hĂĄĂĄr huis.
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Jennifer Lynn Barnes (The Inheritance Games (The Inheritance Games, #1))
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Aujourd’hui, tout le monde dit à tout le monde que ça va aller, parce que rien ne va.
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Louise Mey (La DeuxiĂšme Femme)
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Marta, hulle teenwoordigheid verander mos nie 'n jota of tittel aan wat jy mense toewens nie. As hulle nie deur ons opvattings geaffronteer word nie, hoekom affronteer hulle opvattings jou? Dit kan nie aansteek nie, dit kan nie aan jou afsmeer nie, en dit kan nie hier agterbly as hulle vanaand huis toe gaan nie. En as jy verby die verskille kyk, sal jy agterkom hulle is mense, nes ek en jy, wat hard moet werk om te oorleef in 'n wĂȘreld wat dit vir hulle ontsettend moeilik gemaak het. Om 'n hand van vriendskap uit te reik, kos niks en dit neem niks weg van wat ons is nie. - Kanaan
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Sophia Kapp
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Cette magie de l'univers que vous m'apprenez Ă  connaĂźtre ne m'offrira jamais rien de plus beau que votre regard, de plus touchant que votre voix. Puisse ce sentiment que je vous inspire aujourd'hui durer autant que ma vie, dit Corinne, ou du moins puisse ma vie ne pas durer plus que lui !
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Madame de Staël (Corinne ou l'Italie (French Edition))
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On a dit, au crĂ©puscule du XXe siĂšcle, que le monde serait dĂ©sormais marquĂ© par un "affrontement entre les civilisations" et notamment entre les religions. Pour dĂ©solante qu'elle soit, cette prĂ©diction n'a pas Ă©tĂ© dĂ©mentie par les faits. LĂ  oĂč on s'est lourdement trompĂ©, c'est en supposant que ce "clash" entre les diffĂ©rentes aires culturelles renforcerait la cohĂ©sion au sein de chacune d'elles. Or, c'est l'inverse qui s'est produit. Ce qui caractĂ©rise l'humanitĂ© d'aujourd'hui, ce n'est pas une tendance Ă  se regrouper au sein de trĂšs vastes ensembles, mais une propension au morcellement, au fractionnement, souvent dans la violence et l'acrimonie.
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Amin Maalouf de l'Académie française (Le naufrage des civilisations)
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Ce qui est charmant, c’est prĂ©cisĂ©ment que, sans prononcer un mot, nous nous sommes compris par cette conversation insaisissable des regards et des intonations. Aujourd’hui, plus nettement que jamais, elle m’a dit qu’elle m’aimait. Et avec quel charme, quelle simplicitĂ© et surtout avec quelle confiance!
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Leo Tolstoy
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Ik schrijf deze brief aan de keukentafel. Ik ben alleen op een manier die meer is dan het simpele gegeven dat ik de enige levende ziel ben binnen deze muren. Tot nu toe dacht ik dat ik wist wat wel en wat niet mogelijk was. Misschien is dat de ware betekenis van onschuld, dat je je geen enkele voorstelling kunt maken van pijn en verdriet in de toekomst. Als er iets gebeurt wat al het denkbare overstijgt, verander je daardoor. Het lijkt op het verschil tussen een rauw ei en een gebakken ei. Het is hetzelfde, maar toch totaal anders. Beter dan zo kan ik het niet uitleggen. Ik kijk in de spiegel en ik weet dat ik het ben, maar ik herken mezelf niet. Soms is het al te vermoeiend voor me om simpelweg het huis binnen te gaan. Ik probeer mezelf tot rede te brengen, eraan te denken dat ik hier eerder alleen heb gewoond. Toen ging ik niet dood aan alleen slapen en dat zal ook nu niet gebeuren. Maar dit is wat verlies mij heeft geleerd over de liefde. Ons huis is niet zomaar leeg, ons huis is leeggehaald. Liefde neemt ruimte in in je leven, maakt plaats voor zichzelf in je bed. Onzichtbaar nestelt het gevoel zich in je lichaam, stroomt het door al je bloedvaten en klopt het in je hart. Als het verdwenen is, klopt er niets meer. Voordat ik jou leerde kennen, was ik niet eenzaam, maar nu ben ik zo eenzaam dat ik tegen de muren praat en tegen het plafond zing.
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Tayari Jones (An American Marriage)
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Kolonel Kempainnen begreep dat onderdirecteur Puusaari uit hoofde van haarberoep gewend was om  over iedere ook maar enigszins ingewikkelde kwestie een seminar of werkgroep te organiseren. Soortgelijke tendensen merkte je ook al binnen de krijgsmacht op. In het leger werd tegenwoordig voor alles en nog wat een commissie opgericht, en werden er bijeenkomsten gehouden die meestal geen ander belang dienden dan dat de officieren buiten het gezichtsveld van hun vrouwen ergens ver van huis konden doorzakken. Directeur Rellonen zei dat het in de zakenwereld niet anders was: tijdens seminars en nutteloze bijeenkomsten werd goed gegeten en nog beter gedronken, en werden de hotels waar het congres werd gehouden soms dagenlang op hun kop gezet; de kosten werden als aftrekposten in de boekhouding van de bedrijven genoteerd. In de praktijk kwam het erop neer dat de Finse staat het alcoholisme in de zakenwereld in stand hield en de middelste en hoogste echelons van het management deed uitdijen. De buit die na dit soort bijeenkomsten naar kantoor werd gesleept, bestond meestal uit ongeopende attachékoffers met kopieën waarvan niemand de moeite nam om ze te lezen. Er werd met geld gesmeten, de dagen gingen voorbij, en de onderbetaalde vrouwelijke werknemers van het bedrijf draaiden overuren om ervoor te zorgen dat de onderneming niet failliet ging. 
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Arto Paasilinna (Petits suicides entre amis)
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Dit avontuurlijke leven dat mijn hartstocht is, waarin je alles op het spel zet, waarin je als je verliest je weer opnieuw begint, dit rijke leven dat altijd iets nieuws geeft aan degenen die van het risico houden, dit leven waarin je intens gespannen bent tot de diepste vezels van je wezen, dit leven dat in ons klopt zodra we in beweging komen, zodra we uit het raam springen om het avontuur in te gaan het avontuur dat binnen het bereik van allen ligt, zelfs op de overloop van je huis als je er intens naar verlangt. dit leven waarin je je nooit gewonnen zult geven, omdat je op hetzelfde moment dat je een slag verloren hebt een andere voorbereidt in de hoop ditmaal te winnen, deze levenshonger die je nooit moet trachten te stillen, waarmee je op onverschillig welke leeftijd, in onverschillig welke situatie, je altijd jong moet voelen, om te leven, te leven, in volle vrijheid, zonder enige barriĂšre die je kan beperken tot welke categorie of welke gemeenschap dan ook.
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Henri ChappiĂšre
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On a dit, au crĂ©puscule du XXe siĂšcle, que le monde serait dĂ©sormais marquĂ© par un « affrontement entre les civilisations », et notamment entre les religions. Pour dĂ©solante qu’elle soit, cette prĂ©diction n’a pas Ă©tĂ© dĂ©mentie par les faits. LĂ  oĂč on s’est lourdement trompĂ©, c’est en supposant que ce « clash » entre les diffĂ©rentes aires culturelles renforcerait la cohĂ©sion au sein de chacune d’elles. Or, c’est l’inverse qui s’est produit. Ce qui caractĂ©rise l’humanitĂ© d’aujourd’hui, ce n’est pas une tendance Ă  se regrouper au sein de trĂšs vastes ensembles, mais une propension au morcellement, au fractionnement, souvent dans la violence et l’acrimonie.
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Amin Maalouf (Le naufrage des civilisations)
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Tu sais, le moment rĂ©volutionnaire - j'ai essayĂ© de l'expliquer de diffĂ©rentes maniĂšres - est un moment exaltant parce que c'est quelque chose de nouveau pour lequel on peut s'engager. Je l'ai dit de la façon la plus simple que j'aie pu trouver : "La rĂ©volution est comme un enfant : il est tout mignon quand il naĂźt, mais il est possible que, dix ans plus tard, il devienne con, bossu et mĂ©chant." De la mĂȘme maniĂšre, quand elle naĂźt, la RĂ©volution est fascinante, car elle promet la nouveautĂ©. Imagine : si aujourd'hui, en Italie, arrivait un Savonarole, ou une Jeanne d'Arc disant : "Allez, renonçons Ă  tout, mangeons deux fois moins !", les gens n'hĂ©siteraient pas une seconde, Folco. Un jeune sur deux aujourd'hui serait heureux de jeter son tĂ©lĂ©phone portable dans le lac pour avoir quelque chose de mieux. Mais, plus tard, on se rendrait compte que le portable Ă©tait utile, que le lac est polluĂ©... Ainsi va la vie... (p. 255)
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Tiziano Terzani (La fine Ăš il mio inizio)
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les choses dont j'ai peur je me rĂ©veillerai un beau jour sans avoir rien rĂȘvĂ© contente sĂ»re de moi j'aurai des plans des solutions pour tous les problĂšmes le manque de confiance ne me rongera plus comme un ver je serai un fruit arrosĂ© d'insecticides une petite roue dans un engrenage efficace je serai mĂąchĂ© par la grande machine sans le sentir super la vie est belle je dirai tout Ă  fait convaincue je ne pleurerai plus en pensant Ă  mon pĂšre je rĂ©pĂ©terai que nous nous en allons tous un jour je serai « socialy correct » je ne ferai que des choses sensĂ©es Ă  significations profondes qui sait si j'Ă©crirai toujours occupĂ©e Ă  polir mon image j'aurai enfin plein d'amis ils m'apporteront pour mon anniversaire des appareils Ă©lectromĂ©nagers pour rendre mon travail plus facile pour qu'il me reste le temps pour les choses plus importantes la retouche la promotion de mes idĂ©es Ă  servir d'exemple aux jeunes hommes en train de se former je ne serai entourĂ©e que de choses utiles j'aurai des plans quotidiens mensuels annuels que je suivrai avec acharnement selon des graphiques je ne perdrai plus mon temps je m'endormirai de bonne heure je me rĂ©veillerai tĂŽt bien reposĂ©e aprĂšs un sommeil sans rĂȘves j'aurai une famille comme il faut fondĂ©e sur des principes sains protĂ©gĂ©e par l'Ă©tat je serai la « succesfull woman » du dĂ©but du millĂ©naire peut-ĂȘtre un jour je ne m'apitoierai plus sur les chiens errants je ne connaĂźtrai plus la solitude je serai acclamĂ©e par la foule peut-ĂȘtre ce jour n'est pas trop lointain qu'est-ce que je peux faire comment me dĂ©fendre avec mon bouclier en chiffons mon armĂ©e en peluche j'ai trĂšs peur je sens que ça va commencer cette nuit je n'ai aucun cauchemar aujourd'hui je n'ai pas rongĂ© mes ongles je n'ai pas fait craquer mes doigts je n'ai pas fumĂ© trop j'ai trouvĂ© normal tout ce que l'on a dit autour de moi j'ai Ă©tĂ© d'accord j'ai trĂšs peur que vienne plus vite la griffe dans mon estomac les hommes sans tĂȘte aux marteaux piqueurs les griffons les charognes qui habitent mon sommeil avec eux je me dĂ©brouille plus facilement si j'Ă©cris sur les choses dont j'ai peur elles ne deviendront pas plus pĂąles si je raconte le rĂȘve oĂč je ne peux plus attendre mon pĂšre on en dĂ©duira que nous deux n'avons jamais su grand chose l'un de l'autre un poĂšme sur la crainte de ne plus Ă©crire a toutes les chances d'ĂȘtre un mauvais poĂšme les choses dont j'ai peur ne sont pas des maladies vaincues ce sont des maladies inguĂ©rissables des miroirs dont je ne peux plus dĂ©tourner mon regard (traduit du roumain par Laetiția Ilea)
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Letiția Ilea
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Parfaitement : mais ces spectres Ă  propos desquels, aujourd'hui encore, trop de Roumains exaspĂ©rĂ©s de se voir rappeler les mĂ©faits de l'Ăšre fasciste (commĂ©morations du pogrome de Iași, demandes recouvrement de biens « roumanisĂ©s », nouvelles publications sur « l'holocauste roumain », etc.) dĂ©clarent volontiers : « Et ce qu'ils nous ont fait subir, une fois entrĂ©e au parti communiste ? Et la maniĂšre dont ils se sont vengĂ©s de nous aprĂšs la guerre ? Allez-vous parler d'Ana Pauker, Joseph Kichinevski et autres ? ! » La rĂ©plique vaut d'ĂȘtre relevĂ©e. En premier lieu, elle offre l'occasion d'une mise au point relative aux diffĂ©rentes formes de rapports qui se firent jour, avant et juste aprĂšs la Seconde guerre mondiale, entre le PCR [le parti communiste roumain] les IsraĂ©lites. Lesquels rapports, s'ils devaient en effet impliquer, entre 1944 et 1950, la prĂ©sence d'une proportion signifiante de Juifs parmi les cadres du parti, s'ils devaient Ă©galement s'assortir de cas de bestialitĂ© tel celui incarnĂ© par Boris GrĂŒnberg (dit Alexandru Nicolschi), cet officier juif soviĂ©tique devenu « inquisiteur en chef » de la Securitate, s'avĂ©rĂšrent au total trĂšs loin–c'est lĂ  le moins que l'on puisse dire !–d'avoir servi les intĂ©rĂȘts de la communautĂ© israĂ©lite. (p. 580)
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Jil Silberstein (Dor de Iași: imagini din Iașul vechi/ images du vieux Iaßi/ Images of Old Iaßi)
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- Sauvez-moi de moi-mĂȘme. VoilĂ  ce que je vous demande. Aujourd'hui c'est par hasard que l'on m'a dĂ©rangĂ©, mais demain, un autre jour on ne me dĂ©rangera pas. Et elle sait maintenant. Ne me laissez pas sortir seul. - Oui, je comprends, dit l'oncle. Mais est-il possible que tu sois tellement amoureux ? - Ce n'est pas ça du tout. Ce n'est pas ça, c'est une sorte de force qui s'est emparĂ©e de moi et elle me tient. Je ne sais que faire. Peut-ĂȘtre, plus tard je serai plus fort...
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Tolstoi Leon (La sonate Ă  kreutzer suivi de le diable)
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Ze zou dit hele land voor zich winnen. Stad voor stad, huis voor huis, als het moest.
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Catherine Doyle (Cursed Crowns (Twin Crowns, #2))
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Het is ochtend in de stad die ik je geef. Dit is wat ik voor je schrijf, hopend dat het optelt tot een huis: een stad met een café om naar toe te lopen op een vroege ochtend in oktober. Ik weet niet hoelang ik kan blijven, hoe lang het duurt voor je verhaal zich ontrolt en ik je weer los moet laten.
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Gilles van der Loo (Café Dorian)