Heureuse Quotes

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Tout ce que l'on aime devient une fiction.
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Amélie Nothomb (La nostalgie heureuse)
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- Mais au dĂ©but, vous avez dĂ» ĂȘtre heureuse? - Juste le temps d'y voir clair. Vous croyez peut-ĂȘtre que l'amour est aveugle.. Et bien, le mariage ouvre les yeux.
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Agathe Colombier Hochberg (Ce crétin de prince charmant)
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Ma fille, malheureusement, ou heureusement, tout le monde ne peut pas accéder au bonheur, que ce soit dans la vie ou dans une histoire. Le bonheur des uns engendre du malheur chez les autres. C'est triste, mais c'est ainsi...
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Atiq Rahimi (The Patience Stone)
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Vous cherchez la vie heureuse dans la rĂ©gion de la mort. Elle n'est pas lĂ . Comment y aurait-il vie heureuse oĂč il n'y a mĂȘme pas de vie ?
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Augustine of Hippo (Confessions of Saint Augustine (Faith Classics))
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Ta voix, tes yeux, tes mains, tes lĂšvres, Nos silences, nos paroles, La lumiĂšre qui s’en va, la lumiĂšre qui revient, Un seul sourire pour nous deux, Par besoin de savoir, j’ai vu la nuit crĂ©er le jour sans que nous changions d’apparence, Ô bien-aimĂ© de tous et bien-aimĂ© d’un seul, En silence ta bouche a promis d’ĂȘtre heureuse, De loin en loin, ni la haine, De proche en proche, ni l’amour, Par la caresse nous sortons de notre enfance, Je vois de mieux en mieux la forme humaine, Comme un dialogue amoureux, le cƓur ne fait qu’une seule bouche Toutes les choses au hasard, tous les mots dits sans y penser, Les sentiments Ă  la dĂ©rive, les hommes tournent dans la ville, Le regard, la parole et le fait que je t’aime, Tout est en mouvement, il suffit d’avancer pour vivre, D’aller droit devant soi vers tout ce que l’on aime, J’allais vers toi, j’allais sans fin vers la lumiĂšre, Si tu souris, c’est pour mieux m’envahir, Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard.
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Paul Éluard
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Parfois, tu rĂȘves que le sommeil est une morte lente qui te gagne, une anestĂ©sie douce et terrible Ă  la fois, une nĂ©crose heureuse : le froid monte le long de tes jambes, le long de tes bras, monte lentement, t'engourdit, t'annihile. Ton orteil est une montagne lointaine, ta jambe un fleuve, ta joue est ton oreiller, tu loges tout entier dans ton pouce, tu fonds, tu coules comme du sable, comme du mercure.
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Georges Perec (Un homme qui dort)
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Il avait besoin de son bonheur comme d'autres ont besoin d'oxygĂšne. Elle devait ĂȘtre heureuse pour qu'il vive, c'Ă©tait aussi simple que ça.
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Pierre Bottero (L'ƒil d'Otolep (Les Mondes d'Ewilan, #2))
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Il n'est qu'un bien, c'est le tendre plaisir. Quelle immortalité vaut une nuit heureuse ? Pour tes baisers je vendrais l'avenir.
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François-René de Chateaubriand
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Il faut, voyez-vous, nous pardonner les choses: De cette façon nous serons bien heureuses Et si notre vie a des instants moroses Du moins nous serons, n'est-ce pas ? deux pleureuses.
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Paul Verlaine
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Bien heureusement, pensait Elizabeth, personne ne devait s’en apercevoir. Car, Ă  beaucoup de sensibilitĂ© Jane unissait une Ă©galitĂ© d’humeur et une maĂźtrise d’elle-mĂȘme qui la prĂ©servait des curiositĂ©s indiscrĂštes.
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Jane Austen (Pride and Prejudice)
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PrĂ©fĂšres-tu, rose, ĂȘtre l'ardente compagne de nos transports prĂ©sents? Est-ce les souvenir qui davantage te gagne lorsqu'un bonheur se reprend? Tant de fois je t'ai vue, heureuse et sĂšche, - chaque pĂ©tale un linceul - dans un coffret odorant, Ă  cĂŽtĂ© d'une mĂšche, ou dans un livre aimĂ© qu'on relira seul.
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Rainer Maria Rilke (The Complete French Poems of Rainer Maria Rilke)
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Heureuse ! Qu'est-ce que cela signifiait ? C'était tout juste un mot commode pour ceux qui veulement que la vie soit uniformément blanche ou noire, pour ces petites gens perdus dans la jungle humaine et qui cherchent à se rassurer par une formule
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Vita Sackville-West (All Passion Spent)
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En vivant votre misĂšre, vous pouvez ĂȘtre malheureuse ou heureuse. C'est dans ce choix que consiste votre libertĂ©. Vous ĂȘtes libre de fondre votre individualitĂ© dans la marmite de la multitude avec un sentiment de dĂ©faite, ou bien avec euphorie. (...) notre seule libertĂ© est de choisir entre l'amertume et le plaisir. L'insignifiance de tout Ă©tant notre lot, il ne faut pas la porter comme une tare, mais savoir s'en rĂ©jouir. (ch. 43)
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Milan Kundera (Identity)
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Heureuse la mort qui oste le loisir aux apprests de tel equipage.
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Michel de Montaigne (The Complete Essays)
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Heureusement que le monde va mal ; je n'aurais pas supporté d'aller mal dans un monde qui va bien!
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Georges Wolinski
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Je l'aimais beaucoup. On ne peut pas dire cela à son amoureux. Dommage. De ma part, l'aimer beaucoup, c'était beaucoup. Il me rendait heureuse. J'étais toujours joyeuse de le voir. J'avais pour lui de l'amitié, de la tendresse. Quand il n'était pas là, il ne me manquait pas. Telle était l'équation de mon sentiment pour lui et je trouvais cette histoire merveilleuse. C'est pourquoi je redoutais des déclarations qui eussent exigés une réponse ou, pire, une réciprocité.
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Amélie Nothomb (Ni d'Ève ni d'Adam)
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Elle aimait la vie, il aimait la mort, Il aimait la mort, et ses sombres promesses, Avenir incertain d'un garçon en dĂ©tresse, Il voulait mourir, laisser partir sa peine, Oublier tous ces jours Ă  la mĂȘme rengaine... Elle aimait la vie, heureuse d'exister, Voulait aider les gens et puis grandir en paix, C'Ă©tait un don du ciel, toujours souriante, Fleurs et nature, qu'il pleuve ou qu'il vente. Mais un beau jour, la chute commença, Ils tombĂšrent amoureux, mauvais choix, Elle aimait la vie et il aimait la mort, Qui d'entre les deux allait ĂȘtre plus fort? Ils s'aimaient tellement, ils auraient tout sacrifiĂ©, Amis et famille, capables de tout renier, Tout donner pour s'aimer, tel Ă©tait leur or, Mais elle aimait la vie et il aimait la mort... Si diffĂ©rents et pourtant plus proches que tout, Se comprenant pour protĂ©ger un amour fou, L'un ne rĂȘvait que de mourir et de s'envoler, L'autre d'une vie avec lui, loin des atrocitĂ©s... Fin de l'histoire : obligĂ©s de se sĂ©parer, Ils s'Ă©taient promis leur Ă©ternelle fidĂ©litĂ©. Aujourd'hui, le garçon torturĂ© vit pour elle, Puisque la fille, pour lui, a rendu ses ailes... Il aimait la mort, elle aimait la vie, Il vivait pour elle, elle est morte pour lui »
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William Shakespeare
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Je suis une aspirine effervescente qui se dissout dans Tokyo.
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Amélie Nothomb (La nostalgie heureuse)
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Il y a des livres que l’on rate, comme certaines rencontres, on passe Ă  cĂŽtĂ© d’histoires et de gens qui auraient pu tout changer. À cause d’un malentendu, d’une couverture, ou d’un rĂ©sumĂ© passable, d’un a priori. Heureusement que parfois, la vie insiste.
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Valérie Perrin (Trois)
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À ce moment-lĂ , je crois, j’ai pris conscience qu’aucune existence, si heureuse ou brillante fĂ»t-elle, ne me suffirait jamais. Il vient toujours un moment oĂč le rĂȘveur, qui d’ordinaire se croit heureux parce que ses songes l’emportent sans cesse ailleurs, prend conscience de son malheur.
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Jean-Christophe Rufin (Le Grand CƓur)
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Ce qui m'a permis de ne pas reproduire le mal qui m'a Ă©tĂ© infligĂ©, ce n'est pas l'art, les mĂ©dicaments, ni la loi, c'est ce que j'ai dĂ©cidĂ© de devenir : un dead end, un cul-de-sac oĂč va mourir la haine. Je ne suis pas heureuse, je n'ai pas espoir de l'ĂȘtre un jour. Mais j'ai rĂ©ussi Ă  arrĂȘter de haĂŻr.
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Emmanuelle Pierrot (La version qui n'intéresse personne)
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N’importe ! elle n’était pas heureuse, ne l’avait jamais Ă©tĂ©. D’oĂč venait donc cette insuffisance de la vie, cette pourriture instantanĂ©e des choses oĂč elle s’appuyait ?
 Mais, s’il y avait quelque part un ĂȘtre fort et beau, une nature valeureuse, pleine Ă  la fois d’exaltation et de raffinements, un coeur de poĂšte sous une forme d’ange, lyre aux cordes d’airain, sonnant vers le ciel des Ă©pithalames Ă©lĂ©giaques, pourquoi, par hasard, ne le trouveraitelle pas ? Oh ! quelle impossibilitĂ© ! Rien, d’ailleurs, ne valait la peine d’une recherche ; tout mentait ! Chaque sourire cachait un bĂąillement d’ennui, chaque joie une malĂ©diction, tout plaisir son dĂ©goĂ»t, et les meilleurs baisers ne vous laissaient sur la lĂšvre qu’une irrĂ©alisable envie d’une voluptĂ© plus haute.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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Alors, accepter de remettre en cause ce que l’on tient pour vrai est une belle preuve d’ouverture d’esprit. Heureusement qu’il y a ces esprits diffĂ©rents pour remettre en question les certitudes gĂ©nĂ©rales ! Par ailleurs, savoir faire son autocritique est un signe de souplesse et de modestie. Laisser le droit Ă  l’autre de penser diffĂ©remment dĂ©montre sa tolĂ©rance. C’est aussi un signe de prudence et de maturitĂ© de vĂ©rifer les informations avant de les intĂ©grer.
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Christel Petitcollin (Je pense trop : comment canaliser ce mental envahissant)
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Écoutant, en effet, les cris d'allĂ©gresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allĂ©gresse Ă©tait toujours menacĂ©e. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu'on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaĂźt jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'annĂ©es endormi dans les meubles et le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-ĂȘtre, le jour viendrait, oĂč, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste rĂ©veillerait ses rats et les enverrait mourir dans une citĂ© heureuse.
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Albert Camus
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Les retrouvailles sont des phĂ©nomĂšnes si complexes qu’on ne devrait les effectuer qu’aprĂšs un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.
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Amélie Nothomb (La Nostalgie heureuse)
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Les certitudes sont comme les aigrettes du pissenlit : elles s’agrĂšgent en un tout cohĂ©rent, et au premier souffle des heureuses perspectives elles s’envolent.
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Cédric Sapin-Defour (Son odeur aprÚs la pluie)
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Elle Ă©tait heureuse de cette ivresse et de cette solitude, heureuse de pouvoir s'inventer une vie sans ĂȘtre contredite.
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LeĂŻla Slimani (In the Country of Others)
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-Parce que je suis heureuse, dit-elle en dégageant sa main. -C'est drÎle, remarqua-t-il. Oui, c'est drÎle que tu ne sois pas heureuse tout le temps.
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Truman Capote (La traversée de l'été (Littérature EtrangÚre) (French Edition))
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Vous avez cru qu'il suffisait d'ĂȘtre parfaite pour ĂȘtre heureuse ; j'ai cru suffisant, pour ĂȘtre heureux, de n'ĂȘtre plus coupable.
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Marguerite Yourcenar (Alexis ou le Traité du vain combat / Le Coup de grùce)
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Mer profonde, heureusement il t’est facile d’éteindre une Ă©tincelle. ( RAZETTA )
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Alfred de Musset (La nuit vénitienne)
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Je vous souhaite une vie assez calme, assez heureuse, et assez remplie pour qu'il n'y ait place pour mon souvenir
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Alexandre Dumas (The Count of Monte Cristo)
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Heureusement, le professeur Quirrell qui passait par là était venu à leur secours.
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J.K. Rowling (Harry Potter à l'École des Sorciers)
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Il est ridicule de penser qu’une nation Ă©clairĂ©e ne soit pas plus heureuse qu’une nation ignorante.
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Voltaire (ƒuvres complĂštes - 109 titres et annexes (Ă©dition enrichie))
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Adieu! Je t'aime du plus profond de mon cƓur. Je ne t'oublierai jamais. Heureusement que tu as existĂ©. Merci. Adieu!
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Tahar Ben Jelloun (La Nuit de l'erreur (Cadre Rouge) (French Edition))
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Heureusement que les monarques vont parfois trop loin, sinon ils ne tomberaient jamais" (dans Léon l'Africain)
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Amin Maalouf (Leo Africanus)
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T'es adorable Roger, mais heureusement que t'as Sophie avec toi, parce que t'es pas l'ampoule la plus brillant de la guirlande.
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Maëlle Desard (Cadavre haché - Vampire fùché (Les Tribulations d'Esther Parmentier, sorciÚre stagiaire #1))
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J'étais heureuse à cet instant. C'était ce moment-là, et pas un autre. Et c'était tout ce que je pouvais espérer.
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Élise Turcotte (Guyana)
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— Je suis heureuse, Jay. Que pouvait-elle avouer d'autre, de sa voix blessĂ©e, douloureuse, et si belle, que son bonheur inespĂ©rĂ©?
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F. Scott Fitzgerald (The Great Gatsby)
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Heureusement je sais faire aller mon monde.
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Charlotte Brontë
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Les évasions heureuses, les évasions couronnées d'un plein succÚs, sont les évasions méditées avec soin et lentement préparées
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Alexandre Dumas (Le Comte de Monte-Cristo)
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Bref je l'aimais, j'en était consciente et j'était heureuse de l'aimer.
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Elena Ferrante (L'amie prodigieuse (L'amica geniale #1))
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...mais leurs avis, au fond, je m'en fous, je ne juge pas leurs choix, alors il faut me laisser libre maintenant, libre de tenter d'ĂȘtre heureuse.
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David Foenkinos (Le MystĂšre Henri Pick)
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Le rĂȘve de demain est une joie, mais la joie de demain en est une autre, et rien heureusement ne ressemble au rĂȘve qu'on s'en Ă©tait fait; car c'est diffĂ©remment que vaut chaque chose.
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André Gide (Les nourittures terrestres / Les nouvelles nourritures)
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Elle est heureuse, la reine de Navarre, murmura Catherine, elle a des amies et elle est reine ; elle porte une couronne, on l'appelle Votre Majesté, et elle n'a pas de sujets ; elle est bien heureuse
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Alexandre Dumas (La Reine Margot, Tome II)
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Elle est heureuse, la reine de Navarre, murmura Catherine, elle a des amies et elle est reine ; elle porte une couronne, on l'appelle Votre Majesté, et elle n'a pas de sujets ; elle est bien heureuse.
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Alexandre Dumas (La Reine Margot, Tome I)
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Et quand vint l'heure du courrier, je me dis ce soir-la comme tous les autres: Je vais recevoir une lettre de Gilberte, elle va me dire enfin qu'elle n'a jamais cessĂ© de m'aimer, et m'expliquera la raison mysterieuse pour laquelle elle a Ă©tĂ© forcĂ©e de ma le cacher jusqu'ici, de faire semblant de pouvoir ĂȘtre heureuse sans me voir, la raison pour laquelle elle a pris l'apparence de la Gilberte simple camarade.
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Marcel Proust (Du cÎté de chez Swann)
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Comme la plus heureuse personne du monde est celle Ă  qui peu de choses suffit, les grands et les ambitieux sont en ce point les plus misĂ©rables qu’il leur faut l’assemblage d’une infinitĂ© de biens pour les rendre heureux.
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François de La Rochefoucauld
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Mais quelqu'un est venu qui m'a enlevé à tous ces plaisirs d'enfant paisible. Quelqu'un a soufflé la bougie qui éclairait pour moi le doux visage maternel penché sur le repas du soir. Quelqu'un a éteint la lampe autour de laquelle nous étions une famille heureuse, à la nuit, lorsque mon pÚre avait accroché les volets de bois aux portes vitrées. Et celui-là, ce fut Augustin Meaulnes, que les autres élÚves appelÚrent bientÎt le grand Meaulnes.
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Alain-Fournier (Le Grand Meaulnes)
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Elle variait ses hallucinations Ă  son grĂ©. Elle ne se contentait pas du passĂ©; elle escomptait l'avenir! Elle changeait le prĂ©sent selon sa volontĂ©; elle mentait et se trompait elle-mĂȘme, mais comme ses mensonges Ă©taient ses propres oeuvres, elle les chĂ©rissait. Pour de brefs instants, elle Ă©tait heureuse. Il n'y avait plus Ă  son bonheur ces limites imposĂ©es par le rĂ©el. Tout Ă©tait possible, tout Ă©tait Ă  sa portĂ©e. D'abord, la guerre Ă©tait finie.
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IrÚne Némirovsky (Suite Française)
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PoĂ©tise, poĂ©tise, fais-toi le grand cinĂ©ma de la libertĂ© passĂ©e. Vrai que j'aimais ma vie, que je voyais l'avenir sans dĂ©sespoir. Et je ne m'ennuyais pas. J'en ai rĂ©ellement prononcĂ© des propos dĂ©sabusĂ©s sur le mariage, le soir dans ma chambre, avec les copines Ă©tudiantes, une connerie, la mort, rien qu'Ă  voir la trombine des couples mariĂ©s au restau, ils bouffent l'un en face de l'autre sans parler, momifiĂ©s. Quand HĂ©lĂšne, licence de philo, concluait que c'Ă©tait tout de mĂȘme un mal nĂ©cessaire, pour avoir des enfants, je pensais qu'elle avait de drĂŽles d'idĂ©es, des arguments saugrenus. Moi je n'imaginais jamais la maternitĂ© avec ou sans mariage. Je m'irritais aussi quand presque toutes se vantaient de savoir bien coudre, repasser sans faux plis, heureuses de ne pas ĂȘtre seulement intellectuelles, ma fiertĂ© devant une mousse au chocolat rĂ©ussie avait disparu en mĂȘme temps que Brigitte, la leur m'horripilait. Oui, je vivais de la mĂȘme maniĂšre qu'un garçon de mon Ăąge, Ă©tudiant qui se dĂ©brouille avec l'argent de l'État, l'aide modeste des parents, le baby-sitting et les enquĂȘtes, va au cinĂ©ma, lit, danse, et bosse pour avoir ses examens, juge le mariage une idĂ©e bouffonne.
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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Heureusement l'ennemi Ă©tait on ne peut moins entreprenant. Il y eut des nuits oĂč notre position eĂ»t pu ĂȘtre prise d'assaut par vingt boy-scouts armĂ©s de carabines Ă  air comprimĂ©, ou tout aussi bien par vingt girl-guides armĂ©es de raquettes.
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George Orwell (Homage to Catalonia)
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L'Amour qui n'est pas un mot Mon Dieu jusqu'au dernier moment Avec ce coeur dĂ©bile et blĂȘme Quand on est l'ombre de soi-mĂȘme Comment se pourrait-il comment Comment se pourrait-il qu'on aime Ou comment nommer ce tourment Suffit-il donc que tu paraisses De l'air que te fait rattachant Tes cheveux ce geste touchant Que je renaisse et reconnaisse Un monde habitĂ© par le chant Elsa mon amour ma jeunesse O forte et douce comme un vin Pareille au soleil des fenĂȘtres Tu me rends la caresse d'ĂȘtre Tu me rends la soif et la faim De vivre encore et de connaĂźtre Notre histoire jusqu'Ă  la fin C'est miracle que d'ĂȘtre ensemble Que la lumiĂšre sur ta joue Qu'autour de toi le vent se joue Toujours si je te vois je tremble Comme Ă  son premier rendez-vous Un jeune homme qui me ressemble M'habituer m'habituer Si je ne le puis qu'on m'en blĂąme Peut-on s'habituer aux flammes Elles vous ont avant tuĂ© Ah crevez-moi les yeux de l'Ăąme S'ils s'habituaient aux nuĂ©es Pour la premiĂšre fois ta bouche Pour la premiĂšre fois ta voix D'une aile Ă  la cime des bois L'arbre frĂ©mit jusqu'Ă  la souche C'est toujours la premiĂšre fois Quand ta robe en passant me touche Prends ce fruit lourd et palpitant Jettes-en la moitiĂ© vĂ©reuse Tu peux mordre la part heureuse Trente ans perdus et puis trente ans Au moins que ta morsure creuse C'est ma vie et je te la tends Ma vie en vĂ©ritĂ© commence Le jour que je t'ai rencontrĂ©e Toi dont les bras ont su barrer Sa route atroce Ă  ma dĂ©mence Et qui m'as montrĂ© la contrĂ©e Que la bontĂ© seule ensemence Tu vins au coeur du dĂ©sarroi Pour chasser les mauvaises fiĂšvres Et j'ai flambĂ© comme un geniĂšvre A la NoĂ«l entre tes doigts Je suis nĂ© vraiment de ta lĂšvre Ma vie est Ă  partir de toi
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Louis Aragon
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D'oĂč venait l'apitoiement sur soi ? Cette quantitĂ© extraordinaire d'apitoiement sur soi ? Selon presque tous les critĂšres possibles, elle menait une vie trĂšs heureuse. Elle avait toutes ses journĂ©es pour penser Ă  une façon dĂ©cente et satisfaisante de vivre, et pourtant tout ce qu'elle semblait rĂ©colter avec tous ses choix et toute sa libertĂ©, c'Ă©tait de plus en plus de malheur. Du coup, l'autobiographie en arrive presque Ă  la conclusion qu'elle se lamentait d'avoir autant de libertĂ©. (p. 262)
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Jonathan Franzen (Freedom)
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Cosette Ă©tait pour lui un parfum et non une femme. Il la respirait. Elle ne refusait rien et il ne demandait rien. Cosette Ă©tait heureuse, et Marius Ă©tait satisfait. Ils vivaient dans ce ravissant Ă©tat qu’on pourrait appeler l’éblouissement d’une Ăąme.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Ne pleure pas ! lui dit-elle. BientĂŽt je ne te tourmenterai plus ! – Pourquoi ? Qui t’a forcĂ©e ? Elle rĂ©pliqua : – Il le fallait, mon ami. – N’étais-tu pas heureuse ? Est-ce ma faute ? J’ai fait tout ce que j’ai pu pourtant ! – Oui
, c’est vrai
, tu es bon, toi !
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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C'est une erreur de croire que la passion, quand elle est heureuse et pure, conduit l'homme Ă  un Ă©tat de perfection; elle le conduit simplement, nous l'avons constatĂ©, Ă  un Ă©tat d'oubli. Dans cette situation, l'homme oublie d'ĂȘtre mauvais, mais il oublie aussi d'ĂȘtre bon.
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Victor Hugo (Les Misérables)
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Et maintenant, je puis envoyer Catherine vers la couche d'insomnie qui est le lot d'une héroine de roman, avec son oreiller trempé de larmes et rembourrés d'épines. Et qu'elle s'estime heureuse si, au cours des trois mois qui vont suivre, elle goûte une seule nuit de sommeil paisible !
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Jane Austen (Northanger Abbey)
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Juste avant le miracle, quand j'Ă©tais en soins intensifs, Ă  deux doigts de mourir, Maman me disant que je pouvais lĂącher, moi qui m'y efforçais et mes poumons qui s'obstinaient Ă  chercher de l'air, elle avait murmurĂ© quelque chose en sanglotant contre l'Ă©paule de Papa, quelque chose que j'aurais aimĂ© ne pas entendre et qu'elle ne doit jamais savoir que j'ai entendu. Elle a dit : « Je ne serai plus jamais maman. ». Ça m'avait profondĂ©ment marquĂ©e. Tout le reste de la rĂ©union, je n'ai plus pensĂ© qu'Ă  ça. Au ton qu'elle avait eu en disant ça, comme si elle ne serait plus jamais heureuse, ce qui Ă©tait sans doute le cas.
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John Green (The Fault in Our Stars)
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Il y a tous ces mots convenus, empruntĂ©s, que l'on dit dans ces cas-lĂ . Pour consoler les autres. Tenter d'allĂ©ger leur peine. Et la nĂŽtre par la mĂȘme occasion. "Vous avez fait de votre mieux", "Vous Ă©tiez trĂšs important pour elle", "Heureusement que vous Ă©tiez lĂ ", "Il vous aimait beaucoup", "Elle parlais souvent de vous". Personne ne viendra nous contredire.
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Delphine de Vigan (Les Gratitudes)
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Il me semble que cette mĂ©ditation anticipĂ©e des malheurs humains produit presque le mĂȘme effet que la guĂ©rison obtenue avec le temps, sinon que, dans le premier cas, c'est le raisonnement qui guĂ©rit, et dans le second, la nature ; mais on comprend l'essentiel, Ă  savoir que le mal tenu pour le plus grand de tous n'est jamais si grand qu'il puisse dĂ©truire la vie heureuse.
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Marcus Tullius Cicero (Tusculanes, tome 2, livres III-V)
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Mais imaginez, je vous prie, un homme dans la force de l'Ăąge, de parfaite santĂ©, gĂ©nĂ©reusement douĂ©, habile dans les exercices du corps comme dans ceux de l'intelligence, ni pauvre ni riche, dormant bien, et profondĂ©ment content de lui-mĂȘme sans le montrer autrement que par une sociabilitĂ© heureuse. Vous admettrez alors que je puisse parler, en toute modestie, d'une vie rĂ©ussie.
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Albert Camus (La Chute)
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Pendant un moment, elle a galopĂ©, tout heureuse dans ce prĂ©, mais quand elle a atteint la barriĂšre, elle s’est rendu comte qu’elle n’était toujours pas complĂštement libre. Je comprenais ce besoin d’aller au-delĂ  de la clĂŽture. Aussi belle que puisse ĂȘtre la pĂąture, c’est la libertĂ© de choisir qui fait la diffĂ©rence entre une existence que l’on vit et une existence que l’on subit.
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Tiffany McDaniel (Betty)
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Vous vivrez ici, Ă  Paris, oĂč vous voudrez. Je me charge de votre enfant et de vous. Vous ne travaillerez plus, si vous voulez. Je vous donnerai tout l’argent qu’il vous faudra. Vous redeviendrez honnĂȘte en redevenant heureuse. Et mĂȘme, Ă©coutez, je vous le dĂ©clare dĂšs Ă  prĂ©sent, si tout est comme vous le dites, et je n’en doute pas, vous n’avez jamais cessĂ© d’ĂȘtre vertueuse et sainte devant Dieu. Oh ! pauvre femme !
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Victor Hugo (Les Misérables: Roman (French Edition))
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Il y eut un moment, par exemple, oĂč M. Gliddon, ne pouvant pas faire comprendre Ă  l'Egyptien le mot : la Politique, s'avisa heureusement de dessiner sur le mur, avec un morceau de charbon, un petit monsieur au nez bourgeonnĂ©, aux coudes troussĂ©s, grimpĂ© sur un piedestal, la jambe gauche tendue en arriĂšre, le bras droit projetĂ© en avant, le poing fermĂ©, les yeux convulsĂ©s vers le ciel, et la bouche ouverte sous un angle de 90 degrĂ©s.
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Edgar Allan Poe (Nouvelles histoires extraordinaires)
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Je pouvais alors pleurer les yeux ouverts, contemplant ce monde perdu que la force de l’hallucination ressuscitait. Quand on me retrouvait, on me demandait la nature de ce chagrin et je rĂ©pondais : « C’est la nostalgie. » Bien
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Amélie Nothomb (La Nostalgie heureuse)
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Je ne pense plus Ă  la misĂšre, mais Ă  la beautĂ© qui survivra. VoilĂ  la grande diffĂ©rence entre MĂšre et moi. Quand on est dĂ©couragĂ© ou triste elle conseille : "Pensons aux malheurs du monde, et soyons contents d'ĂȘtre Ă  l'abri". Et moi je conseille "Sors, sors dans les champs, regarde la nature et le soleil, va au grand air et tĂąche de retrouver le bonheur en toi-mĂȘme et en Dieu. Pense Ă  la beautĂ© qui se trouve encore en toi et autour de toi, sois heureuse !
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Anne Frank (Anne Frank: The Diary Of A Young Girl)
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Je suis heureuse et fiĂšre de moi, mĂȘme quand je fais les courses. Je sors si j’en ai envie, sinon je reste Ă  la maison pour lire, regarder un film ou bien cuisiner pour moi ou mes amis. Parfois, je mange Ă  table. D’autres fois, je m’assieds par terre, adossĂ©e au canapĂ©. J’ouvre une bouteille de vin mĂȘme quand je suis seule. Je n’ai pas besoin de nĂ©gocier. Je suis indĂ©pendante. Je suis prĂȘte Ă  me battre de toutes mes forces pour prĂ©server cette situation. Pour toujours. Pourtant, moi aussi, j’aurais quelquefois besoin qu’on m’enlace. Besoin de baisser la garde et de me perdre dans les bras d’un homme. De me sentir protĂ©gĂ©e. MĂȘme si je me dĂ©brouille trĂšs bien toute seule, parfois, j’aimerais feindre le contraire juste pour le plaisir que quelqu’un s’occupe de moi. Seulement, je ne veux pas rester avec un homme pour ça. Je ne veux pas devoir accepter des compromis et je n’arrive pas Ă  renoncer Ă  tout ce que j’ai.
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Fabio Volo (One More Day)
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Avec beaucoup de finesse, mais point trop pour que ces nuances nous fussent tout de mĂȘme intelligibles, elles dĂ©signaient l’un ou l’autre comme leur prĂ©fĂ©rĂ©. Ces jeux de dĂ©sir nous mettaient, elles autant que nous, en compĂ©tition. La hiĂ©rarchie subtile qui s’était Ă©tablie dans notre groupe de garçons Ă©tait bouleversĂ©e. Elle Ă©tait dĂ©sormais soumise au classement qu’opĂ©raient de l’extĂ©rieur les filles. Parfois, heureusement, les deux ordres coĂŻncidaient. C’est ce qui arriva pour moi.
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Jean-Christophe Rufin (Le Grand CƓur)
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Est-ce que cette misĂšre durerait toujours ? est-ce qu'elle n'en sortirait pas ? Elle valait bien cependant toutes celles qui vivaient heureuses! Elle avait vu des duchesses Ă  la Vaubyessard qui avaient la taille plus lourde et les façons plus communes, et elle exĂ©crait l'injustice de Dieu; elle s'appuyait la tĂȘte aux murs pour pleurer; elle enviait les existences tumultueuses, les nuits masquĂ©es, les insolents plaisirs avec tous les Ă©perduments qu'elle ne connaissait pas et qu'ils devaient donner.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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J'ai vécu d'heureuses années sans écrire. Je menais une vie contemplative et solitaire dont le souvenir m'est encore infiniment doux. Alors, comme je n'étudiais rien, j'apprenais beaucoup. En effet, c'est en se promenant qu'on fait les belles découvertes intellectuelles et morales. Au contraire, ce qu'on trouve dans un laboratoire ou dans un cabinet de travail est en général fort peu de chose, et il est à remarquer que les savants de profession sont plus ignorants que la plupart des autres hommes.
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Anatole France (Oeuvres de Anatole France)
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Natsukashii definisce la nostalgia felice - risponde -, l'istante in cui la memoria rievoca un bel ricordo che la riempie di dolcezza. I suoi lineamenti e la sua voce esprimevano dispiacere, perciĂČ si trattava di una nostalgia triste, che non Ăš una nozione giapponese.
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Amélie Nothomb (La nostalgie heureuse)
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C'est un bocal de souvenirs, a-t-elle expliquĂ©. GrĂące Ă  lui, tu te rappelleras les baisers qui t'ont rendue heureuse, ceux auxquels tu voudras repenser quand tu seras vieille, comme moi. Les plus beaux. Ceux qui t'ont fait sourire. Chaque fois que le garçon que tu aimes t'offre un baiser, ouvre le bocal et attrape un cƓur. Ecris l'endroit oĂč il t'a embrassĂ©e. Quand tu seras grand-mĂšre, tu raconteras tes aventures Ă  tes petits-enfants, comme je l'ai fait avec toi. Tu auras un bocal Ă  trĂ©sors avec les mille plus beaux baisers de ta vie.
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Tillie Cole (A Thousand Boy Kisses (A Thousand Boy Kisses, #1))
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mais je crois qu’elle aurait tout autant de chances d’ĂȘtre heureuse, si elle Ă©pousait Mr. Bingley demain que si elle se met Ă  Ă©tudier son caractĂšre pendant une annĂ©e entiĂšre ; car le bonheur en mĂ©nage est pure affaire de hasard. La fĂ©licitĂ© de deux Ă©poux ne m’apparaĂźt pas devoir ĂȘtre plus grande du fait qu’ils se connaissaient Ă  fond avant leur mariage ; cela n’empĂȘche pas les divergences de naĂźtre ensuite et de provoquer les inĂ©vitables dĂ©ceptions. Mieux vaut, Ă  mon avis, ignorer le plus possible les dĂ©fauts de celui qui partagera votre existence !
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Jane Austen
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Ce matin, quand j’étais devant la fenĂȘtre, en regardant dehors, c’est-Ă -dire en regardant Dieu et la nature au fond des yeux, j’étais heureuse, purement et simplement heureuse. Et, Peter, aussi longtemps qu’existe ce bonheur intĂ©rieur, ce bonheur qui vient de la nature, de la santĂ© et de tant d’autres choses, aussi longtemps qu’on le porte en soi, on se sentira toujours heureux. Richesse, considĂ©ration, on peut tout perdre, mais ce bonheur au fond du cƓur, il ne peut guĂšre qu’ĂȘtre voilĂ© et il saura nous rendre heureux, aussi longtemps que l’on vivra.
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Anne Frank
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Une des grandes erreurs que l'on peut commettre est de croire que les bonnes maniĂšres ne sont que l'expression d'une pensĂ©e heureuse. Les bonnes maniĂšres peuvent l'expression d'un large Ă©ventail d'attitudes. Voici le but essentiel de la civilisation : exprimer les choses de façon Ă©lĂ©gante et non pas agressive. Une de ces errances est le mouvement naturiste, rousseauiste des annĂ©es soixante oĂč l'on disait: "Pourquoi ne pas dire tout simplement ce que l'on pense? " La civilisation ne peut exister sans quelques contraintes. Si nous suivions toutes nos impulsions, nous nous entretuerions.
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Bret Easton Ellis (American Psycho)
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J’ai de sĂ©rieuses raisons de croire que la planĂšte d’oĂč venait le petit prince est l’astĂ©roĂŻde B 612. Cet astĂ©roĂŻde n’a Ă©tĂ© aperçu qu’une fois au tĂ©lescope, en 1909, par un astronome turc. Il avait fait alors une grande dĂ©monstration de sa dĂ©couverte Ă  un congrĂšs International d’astronomie. Mais personne ne l’avait cru Ă  cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça. Heureusement pour la rĂ©putation de l’astĂ©roĂŻde B 612, un dictateur turc imposa Ă  son peuple, sous peine de mort, de s’habiller Ă  l’europĂ©enne. L’astronome refit sa dĂ©monstration en 1920, dans un habit trĂšs Ă©lĂ©gant.
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Antoine de Saint-ExupĂ©ry (Le Petit Prince (70e Édition Anniversaire: entiĂšrement illustrĂ©e avec grandes illustrations) (French Edition))
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Par certains aspects, les livres constituaient un lest pour rester ancrĂ©e Ă  la vie, parce qu'ils avaient une fin. Peu lui importait qu'elle soit heureuse ou non, cela restait un privilĂšge dont ne jouissaient pas toujours les histoires dont elle s'occupait au quotidien. Et puis, les livres Ă©taient un excellent antidote au silence parce qu'ils remplissaient son esprit des mots nĂ©cessaires pour combler le vide laissĂ© par les victimes. Surtout, ils reprĂ©sentaient une Ă©chappatoire. Sa façon de disparaĂźtre. Elle se plongeait dans la lecture et tout le reste -y compris elle-mĂȘme- cessait d'exister. Dans les livres, elle pouvait ĂȘtre n'importe qui. Ce qui revenait Ă  n'ĂȘtre personne. Quand elle rentrait chez elle, seuls les livres l'accueillaient.
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Donato Carrisi (L'ipotesi del male (Mila Vasquez #2))
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Comprenez-moi. Le misogyne ne mĂ©prise pas les femmes. Le misogyne n'aime pas la fĂ©minitĂ©. Les hommes se rĂ©partissent depuis toujours en deux grandes catĂ©gories. Les adorateurs des femmes, autrement dit les poĂštes, et les misogynes ou, pour mieux dire, les gynophobes. Les adorateurs ou poĂštes vĂ©nĂšrent les valeurs fĂ©minines traditionelles comme le sentiment, le foyer, la maternitĂ©, la fĂ©conditĂ©, les Ă©clairs sacrĂ©s de l'hysterie, et la voix divine de la nature en nous, tandis qu'aux misogynes ou gynophobes ces valeurs inspirent un lĂ©ger effroi. Chez la femme, l'adorateur vĂ©nĂšre la fĂ©minitĂ©, alors que le misogyne donne toujours la prĂ©fĂ©rence Ă  la femme sur la fĂ©minitĂ©. N'oubliez pas une chose: une femme ne peut ĂȘtre vraiment heureuse qu'avec un misogyne.
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Milan Kundera (The Book of Laughter and Forgetting)
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Fin de l'Histoire (...) La panne du négatif, la fin de la dialectique, le renoncement au labeur technicien et à son inlassable souci de métamorphoser le donné, annonçaient-ils une humanité oisive mais heureuse, presque opulente, qui, en échange de son désir, de sa passion de la reconnaissance et des rivalités mimétiques qui allaient avec, se voyait libérée de ce que Marx appelait "le royaume de la nécessité" et, donc, de ses besoins ? Elle signifie, ici, une terre en friche et vouée à la vermine, les récoltes qui pourrissent, la fange dans les champs, les hommes affamés - elle signifie, non plus l'oisiveté, mais la misÚre : non plus l'opulence, mais le dénuement ; non plus la satisfaction mais l'empire absolu du besoin. (ch. 25 Hegel et KojÚve africains)
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Bernard-Henri Lévy (War, Evil, and the End of History)
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  Trompe-la-Mort dßnait chez les Grandlieu, se glissait dans le boudoir des grandes dames, aimait Esther par procuration. Enfin, il voyait en Lucien un Jacques Collin, beau, jeune, noble, arrivant au poste d'ambassadeur.   Trompe-la-Mort avait réalisé la superstition allemande DU DOUBLE par un phénomÚne de paternité morale que concevront les femmes qui, dans leur vie, ont aimé véritablement, qui ont senti leur ùme passée dans celle de l'homme aimé, qui ont vécu de sa vie, noble ou infùme, heureuse ou malheureuse, obscure ou glorieuse, qui ont éprouvé, malgré les distances, du mal à leur jambe, s'il s'y faisait une blessure, qui ont senti qu'il se battait en duel, et qui, pour tout dire en un mot, n'ont pas eu besoin d'apprendre une infidélité pour la savoir.
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Honoré de Balzac (Splendeurs et MisÚres des courtisanes)
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La conversation de Charles Ă©tait plate comme un trottoir de rue, et les idĂ©es de tout le monde y dĂ©filaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire ou de rĂȘverie. Il n’avait jamais Ă©tĂ© curieux, disait-il, pendant qu’il habitait Rouen, d’aller voir au théùtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des armes, ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d’équitation qu’elle avait rencontrĂ© dans un roman. Un homme, au contraire, ne devait-il pas, tout connaĂźtre, exceller en des activitĂ©s multiples, vous initier aux Ă©nergies de la passion, aux raffinements de la vie, Ă  tous les mystĂšres ? Mais il n’enseignait rien, celui-lĂ , ne savait rien, ne souhaitait rien. Il la croyait heureuse ; et elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette pesanteur sereine, du bonheur mĂȘme qu’elle lui donnait.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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Shanti posa sa main sur la mienne et me dit avec compassion: «Alors, arrĂȘte de charger ton bocal de sable, MaĂ«lle. Vis tes rĂȘves, prends soin de toi, de ton cƓur, de ton corps, de tes envies, des gens que tu aimes. Remplis-toi de ce que tu es et cesse d’avoir peur de souffrir, c’est cette peur qui t’empĂȘche d’ĂȘtre heureuse et t’enferme dans tes blessures.» Je fixai Shanti, en pleurs. Il poursuivit: «Prends le risque de vivre et d’ĂȘtre ce qui t’habite. Emplis ton bocal, caillou par caillou, gravier par gravier, grain de sable par grain de sable en considĂ©rant chacune de tes prioritĂ©s. À chaque fois que tu poses un Ă©lĂ©ment, il doit prĂ©valoir sur tous les suivants. Choisis par primautĂ© la premiĂšre pierre, puis ajoute la deuxiĂšme en te disant que tu ne sacrifieras jamais la premiĂšre pour la deuxiĂšme. Et continue avec le mĂȘme raisonnement, jusqu’au dernier grain. Mais fais attention Ă  ce que tu veux, car tu risques de l’obtenir!»
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Maud Ankaoua (KilomÚtre zéro)
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Mon ami, vous m'avez facilement appris Ă  ne vivre que pour vous ; apprenez-moi maintenant Ă  vivre loin de vous... Non, ce n'est pas lĂ  ce que je veux dire, c'est plutĂŽt que, loin de vous, je voudrais ne point vivre, ou au moins oublier mon existence. AbandonnĂ©e Ă  moi-mĂȘme, je ne puis supporter ni mon bonheur, ni ma peine; je sens le besoin du repos, et tout repos m'est impossible; j'ai vainement appelĂ© le sommeil, le sommeil a fui de moi; je ne puis ni m'occuper ni rester oisive; tour-Ă -tour un feu brĂ»lant me dĂ©vore, un frisson mortel m'anĂ©antit: tout mouvement me fatigue et je ne saurais rester en place. Enfin ! que dirai-je ? je souffrirais moins dans l'ardeur de la plus violente fiĂšvre, et, sans que je puisse ni l'expliquer ni le concevoir, je sens trĂšs bien pourtant que cet Ă©tat de souffrance ne vient que de mon impuissance Ă  contenir ou diriger une foule de sentiments au charme desquels cependant je me trouverais heureuse de pouvoir livrer mon Ăąme toute entiĂšre.
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Laclos Pierre Choderlos De (Les Liaisons dangereuses)
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Ce que l'ingĂ©niositĂ© des hommes nous a offert dans ces cent derniĂšres annĂ©es aurait pu faciliter une vie libre et heureuse, si le progrĂšs entre les humains s'effectuait en mĂȘme temps que les progrĂšs sur les choses. Or le rĂ©sultat laborieux ressemble pour ceux de notre gĂ©nĂ©ration Ă  ce que serait un rasoir pour un enfant de trois ans. La conquĂȘte de fabuleux moyens de production n'a pas apportĂ© la libertĂ©, mais les angoisses et la faim. Pire encore, les progrĂšs techniques fournissent les moyens d'anĂ©antir la vie humaine et tout ce qui a Ă©tĂ© durement créé par l'homme. Nous, les anciens, avons vĂ©cu cette abomination pensant la guerre mondiale. Mais plus ignoble que cet anĂ©antissement, nous avons vĂ©cu l'esclavage ignominieux oĂč l'homme se voit entraĂźnĂ© par la guerre ! N'est-il pas Ă©pouvantable d'ĂȘtre contraint par la communautĂ© d'accomplir des actes que chacun, face Ă  sa conscience, juge criminels ? Or peu d'ĂȘtres ont rĂ©vĂ©lĂ© une telle grandeur d'Ăąme qu'ils ont refusĂ© de les commettre. A mes yeux pourtant ils sont les vrais hĂ©ros de la guerre mondiale.
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Albert Einstein (The World As I See It)
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C’est alors qu’Anne apparut ; elle venait du bois. Elle courait, mal d’ailleurs, maladroitement, les coudes au corps. J’eus l’impression subite, indĂ©cente, que c’était une vieille dame qui courait, qu’elle allait tomber. Je restai sidĂ©rĂ©e : elle disparut derriĂšre la maison, vers le garage. Alors, je compris brusquement et me mis Ă  courir, moi aussi, pour la rattraper. Elle Ă©tait dĂ©jĂ  dans sa voiture, elle mettait le contact. J’arrivai en courant et m’abattis sur la portiĂšre. « Anne, dis-je, Anne, ne partez pas, c’est une erreur, c’est ma faute, je vous expliquerai... » Elle ne m’écoutait pas, ne me regardait pas, se penchait pour desserrer le frein : « Anne, nous avons besoin de vous ! » Elle se redressa alors, dĂ©composĂ©e. Elle pleurait. Alors je compris brusquement que je m’étais attaquĂ©e Ă  un ĂȘtre vivant et sensible et non pas Ă  une entitĂ©. Elle avait dĂ» ĂȘtre une petite fille, un peu secrĂšte, puis une adolescente, puis une femme. Elle avait quarante ans, elle Ă©tait seule, elle aimait un homme et elle avait espĂ©rĂ© ĂȘtre heureuse avec lui dix ans, vingt ans peut-ĂȘtre. Et moi... ce visage, ce visage, c’était mon Ɠuvre. J’étais pĂ©trifiĂ©e, je tremblais de tout mon corps contre la portiĂšre.
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Françoise Sagan (Bonjour tristesse)
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Si, lorsque je serai libre, un de mes amis donne un banquet et ne m’y invite pas, cela me sera absolument Ă©gal. Je puis ĂȘtre parfaitement heureux tout seul. Avec la libertĂ©, des fleurs, des livres et la lune, qui ne serait parfaitement heureux ? De plus, les fĂȘtes ne sont plus rien pour moi. J’en ai beaucoup trop donnĂ© pour y prendre encore intĂ©rĂȘt. Ce cĂŽtĂ© de la vie a pris fin pour moi, fort heureusement, j’ose le dire. Mais si, lorsque je serai libre, un de mes amis Ă©tait affligĂ© et se refusait Ă  me laisser partager son malheur, j’en Ă©prouverais la plus grande amertume. S’il me fermait la porte de sa maison endeuillĂ©e, je ne cesserais de revenir l’implorer de me laisser entrer pour prendre la part de ce qui me revient dans sa peine. S’il me croyait indigne de pleurer avec lui, ce serait pour moi l’humiliation la plus poignante, la disgrĂące la plus terrible qui puisse m’ĂȘtre infligĂ©e. Mais cela ne saurait ĂȘtre. J’ai le droit de prendre part Ă  la douleur. Et celui qui peut contempler la beautĂ© du monde, prendre part Ă  sa douleur et concevoir la merveille de l’un et de l’autre, entre en contact immĂ©diat avec les choses divines et est plus prĂšs du secret de Dieu qu’il puisse ĂȘtre donnĂ© Ă  une crĂ©ature humaine.
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Oscar Wilde (De Profundis)
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«Imagine que ce rĂ©cipient soit ta vie. Et que les trois cailloux symbolisent les choses les plus importantes pour toi: ce dont tu ne pourrais te passer pour ĂȘtre heureuse. ConsidĂšre les graviers comme les prioritĂ©s secondaires, celles qui arrivent juste aprĂšs l’indispensable.» Je le fixai sans comprendre ce qu’il essayait de me dire. «Enfin, imagine que le sable corresponde Ă  tout le reste: les bonheurs futiles, ceux qui te font du bien, mais qui ne sont qu’un complĂ©ment de “l’essentiel” puis de “l’important”. — Bon, oĂč veux-tu en venir? — Si j’avais rempli le pot de sable, il n’y aurait plus de place pour les graviers ou les cailloux. C’est pareil pour ta vie: si tu consacres ton temps et ton Ă©nergie aux Ă©lĂ©ments secondaires, tu n’as plus d’espace pour l’essentiel, tu passes Ă  cĂŽtĂ© de ton chemin. Tu cours aprĂšs le superficiel en te demandant pourquoi tu n’es pas heureuse.» J’applaudis en souriant. Belle dĂ©monstration! «Maintenant, Ă  toi de dĂ©finir tes prioritĂ©s. À quoi correspondent les cailloux de ta vie, quelles sont pour toi les choses essentielles? C’est-Ă -dire ce que tu ne sacrifierais pas. Ou ce que tu voudrais le plus au monde. — Je ne sais pas
 Euh, lĂ  tout de suite, je suis fatiguĂ©e. — RĂ©flĂ©chis!», ordonna-t-il avec fermetĂ©.
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Maud Ankaoua (KilomÚtre zéro)
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JULIETTE. — A quelle heure enverrai-je vers toi, demain ? ROMÉO. — À neuf heures. JULIETTE. — Je n’y manquerai pas. D’ici Ă  ce moment, il va s’écouler vingt ans. J’ai oubliĂ© pourquoi je t’avais rappelĂ©. ROMÉO.— Permets-moi de rester ici jusqu’à ce que tu te le rappelles. JULIETTE. — J’oublierai encore, afin de te faire rester, et ne me souviendrai que de l’amour que j’ai pour ta compagnie. ROMÉO. — Et moi je resterai, pour te faire oublier encore, oublieux moi-mĂȘme que j’ai un autre logis que ce jardin JULIETTE. — Il est presque matin ; je voudrais que tu fusses parti, et cependant pas plus loin que l’oiseau d’une jeune folle qui le laisse s’éloigner un peu de sa main, pareil Ă  un pauvre prisonnier dans ses entraves, et qui le ramĂšne avec un fil de soie, tant elle est amoureusement jalouse de sa libertĂ©. ROMÉO. — Je voudrais ĂȘtre ton oiseau. JULIETTE. — ChĂ©ri, je le voudrais aussi : cependant, je te tuerais par trop de caresses. Ronne nuit ! bonne nuit ! la sĂ©paration est une si dĂ©licieuse douleur que je dirais bonne nuit jusqu’à demain. (Elle, se retire de la fenĂȘtre.) ROMÉO. — Que le sommeil descende sur tes yeux et la paix dans ton sein ! Que ne suis-je le sommeil et la paix pour goĂ»ter un si doux repos ! Je vais d’ici me rentre Ă  la cellule de mon pieux confesseur, pour implorer son aide, et lui dire mon heureuse fortune. (Il sort.)
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William Shakespeare (Romeo & Juliet)
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Ce qui l’exaspĂ©rait, c’est que Charles n’avait pas l’air de se douter de son supplice. La conviction oĂč il Ă©tait de la rendre heureuse lui semblait une insulte imbĂ©cile, et sa sĂ©curitĂ©, lĂ -dessus, de l’ingratitude. Pour qui donc Ă©tait-elle sage ? N’était-il pas, lui, obstacle Ă  toute fĂ©licitĂ©, la cause de toute misĂšre, et comme l’ardillon pointu de cette courroie complexe qui la bouclait de tous cĂŽtĂ©s ? Donc, elle reporta sur lui seul la haine nombreuse qui rĂ©sultait de ses ennuis, et chaque effort pour l’amoindrir ne servait qu’à l’augmenter ; car cette peine inutile s’ajoutait aux autres motifs de dĂ©sespoir et contribuait encore plus Ă  l’écartement. Sa propre douceur Ă  elle-mĂȘme lui donnait des rĂ©bellions. La mĂ©diocritĂ© domestique la poussait Ă  des fantaisies luxueuses, la tendresse matrimoniale en des dĂ©sirs adultĂšres. Elle aurait voulu que Charles la battĂźt, pour pouvoir plus justement le dĂ©tester, s’en venger. Elle s’étonnait parfois des conjectures atroces qui lui arrivaient Ă  la pensĂ©e ; et il fallait continuer Ă  sourire, s’entendre rĂ©pĂ©ter qu’elle Ă©tait heureuse, faire semblant de l’ĂȘtre, le laisser croire ! Elle avait des dĂ©goĂ»ts, cependant, de cette hypocrisie. Des tentations la prenaient de s’enfuir avec LĂ©on, quelque part, bien loin, pour essayer une destinĂ©e nouvelle ; mais aussitĂŽt il s’ouvrait dans son Ăąme un gouffre vague, plein d’obscuritĂ©.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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On ne peut pas dire que le petit bourgeois n'a rien lu. Il a tout lu, tout dévoré au contraire. Seulement son cerveau fonctionne à la maniÚre de certains appareils digestifs de type élémentaire. Il filtre. Et le filtre ne laisse passer que ce qui peut alimenter la couenne de la bonne conscience bourgeoise. Les Vietnamiens, avant l'arrivée des Français dans leur pays, étaient gens de culture vieille, exquise et raffinée. Ce rappel indispose la Banque d'Indochine. Faites fonctionner l'oublioir ! Ces Malgaches, que l'on torture aujourd'hui, étaient, il y a moins d'un siÚcle, des poÚtes, des artistes, des administrateurs ? Chut ! Bouche cousue ! Et le silence se fait profond comme un coffre-fort ! Heureusement qu'il reste les nÚgres. Ah ! les nÚgres ! parlons-en des nÚgres ! Eh bien, oui, parlons-en. Des empires soudanais ? Des bronzes du Bénin ? De la sculpture Shongo ? Je veux bien ; ça nous changera de tant de sensationnels navets qui adornent tant de capitales européennes. De la musique africaine. Pourquoi pas? Et de ce qu'ont dit, de ce qu'ont vu les premiers explorateurs... Pas de ceux qui mangent aux rùteliers des Compagnies ! Mais des d'Elbée, des Marchais, des Pigafetta ! Et puis de Frobénius ! Hein, vous savez qui c'est, Frobénius ? Et nous lisons ensemble : « Civilisés jusqu'à la moelle des os ! L'idée du nÚgre barbare est une invention européenne. » Le petit bourgeois ne veut plus rien entendre. D'un battement d'oreilles, il chasse l'idée. L'idée, la mouche importune.
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Aimé Césaire (Discourse on Colonialism)
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J'ai de sĂ©rieuses raisons de croire que la planĂšte d'oĂč venait le petit prince est l'astĂ©roĂŻde B 612. Cet astĂ©roĂŻde n'a Ă©tĂ© aperçu qu'une fois au tĂ©lescope, en 1909, par un astronome turc. Il avait fait alors une grande dĂ©monstration de sa dĂ©couverte Ă  un CongrĂšs International d'Astronomie. Mais personne ne l'avait cru Ă  cause de son costume. Les grandes personnes sont comme ça. Heureusement pour la rĂ©putation de l'astĂ©roĂŻde B 612 un dictateur turc imposa Ă  son peuple, sous peine de mort, de s'habiller Ă  l'EuropĂ©enne. L'astronome refit sa dĂ©monstration en 1920, dans un habit trĂšs Ă©lĂ©gant. Et cette fois-ci tout le monde fut de son avis. Si je vous ai racontĂ© ces dĂ©tails sur l'astĂ©roĂŻde B 612 et si je vous ai confiĂ© son numĂ©ro, c'est Ă  cause des grandes personnes. Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d'un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l'essentiel. Elles ne vous disent jamais: 'Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu'il prĂ©fĂšre ? Est-ce qu'il collectionne les papillons ?' Elles vous demandent: 'Quel Ăąge a-t-il ? Combien a-t-il de frĂšres ? Combien pĂšse-t-il ? Combien gagne son pĂšre ?' Alors seulement elles croient le connaĂźtre. Si vous dites aux grandes personnes: 'J'ai vu une belle maison en briques roses, avec des gĂ©raniums aux fenĂȘtres et des colombes sur le toit...' elles ne parviennent pas Ă  s'imaginer cette maison. Il faut leur dire: 'J'ai vu une maison de cent mille francs.' Alors elles s'Ă©crient: 'Comme c'est joli !
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Antoine de Saint-Exupéry (The Little Prince)
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TOUZENBACH Si vous voulez. De quoi parlerons-nous ? VERCHININE De quoi ? RĂȘvons ensemble... par exemple de la vie telle qu’elle sera aprĂšs nous, dans deux ou trois cents ans. TOUZENBACH Eh bien, aprĂšs nous on s’envolera en ballon, on changera la coupe des vestons, on dĂ©couvrira peut-ĂȘtre un sixiĂšme sens, qu’on dĂ©veloppera, mais la vie restera la mĂȘme, un vie difficile, pleine de mystĂšre, et heureuse. Et dans mille ans, l’homme soupirera comme aujourd’hui : « Ah ! qu’il est difficile de vivre ! » Et il aura toujours peur de la mort et ne voudra pas mourir. VERCHININE, aprĂšs avoir rĂ©flĂ©chi. Comment vous expliquer ? Il me semble que tout va se transformer peu Ă  peu, que le changement s’accomplit dĂ©jĂ , sous nos yeux. Dans deux ou trois cents ans, dans mille ans peut-ĂȘtre, peu importe le dĂ©lai, s’établira une vie nouvelle, heureuse. Bien sĂ»r, nous ne serons plus lĂ , mais c’est pour cela que nous vivons, travaillons, souffrons enfin, c’est nous qui la crĂ©ons, c’est mĂȘme le seul but de notre existence, et si vous voulez, de notre bonheur. Macha rit doucement. TOUZENBACH Pourquoi riez-vous ? MACHA Je ne sais pas. Je ris depuis ce matin. VERCHININE J’ai fait les mĂȘmes Ă©tudes que vous, je n’ai pas Ă©tĂ© Ă  l’AcadĂ©mie militaire. Je lis beaucoup, mais je ne sais pas choisir mes lectures, peut-ĂȘtre devrais-je lire tout autre chose ; et cependant, plus je vis, plus j’ai envie de savoir. Mes cheveux blanchissent, bientĂŽt je serai vieux, et je ne sais que peu, oh ! trĂšs peu de chose. Pourtant, il me semble que je sais l’essentiel, et que je le sais avec certitude. Comme je voudrais vous prouver qu’il n’y a pas, qu’il ne doit pas y avoir de bonheur pour nous, que nous ne le connaĂźtrons jamais... Pour nous, il n’y a que le travail, rien que le travail, le bonheur, il sera pour nos lointains descendants. (Un temps.) Le bonheur n’est pas pour moi, mais pour les enfants de mes enfants. TOUZENBACH Alors, d’aprĂšs vous, il ne faut mĂȘme pas rĂȘver au bonheur ? Mais si je suis heureux ? VERCHININE Non. TOUZENBACH, joignant les mains et riant. Visiblement, nous ne nous comprenons pas. Comment vous convaincre ? (Macha rit doucement. Il lui montre son index.) Eh bien, riez ! (À Verchinine :) Non seulement dans deux ou trois cents ans, mais dans un million d’annĂ©es, la vie sera encore la mĂȘme ; elle ne change pas, elle est immuable, conforme Ă  ses propres lois, qui ne nous concernent pas, ou dont nous ne saurons jamais rien. Les oiseaux migrateurs, les cigognes, par exemple, doivent voler, et quelles que soient les pensĂ©es, sublimes ou insignifiantes, qui leur passent par la tĂȘte, elles volent sans relĂąche, sans savoir pourquoi, ni oĂč elles vont. Elles volent et voleront, quels que soient les philosophes qu’il pourrait y avoir parmi elles ; elles peuvent toujours philosopher, si ça les amuse, pourvu qu’elles volent... MACHA Tout de mĂȘme, quel est le sens de tout cela ? TOUZENBACH Le sens... VoilĂ , il neige. OĂč est le sens ? MACHA Il me semble que l’homme doit avoir une foi, du moins en chercher une, sinon sa vie est complĂštement vide... Vivre et ignorer pourquoi les cigognes volent, pourquoi les enfants naissent, pourquoi il y a des Ă©toiles au ciel... Il faut savoir pourquoi l’on vit, ou alors tout n’est que balivernes et foutaises. Comme dit Gogol : « Il est ennuyeux de vivre en ce monde, messieurs. »
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Anton Chekhov (The Three Sisters)
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En admettant que l’on ait compris ce qu’il y a de sacrilĂšge dans un pareil soulĂšvement contre la vie, tel qu’il est devenu presque sacro-saint dans la morale chrĂ©tienne, on aura, par cela mĂȘme et heureusement, compris autre chose encore : ce qu’il y a d’inutile, de factice, d’absurde, de mensonger dans un pareil soulĂšvement. Une condamnation de la vie de la part du vivant n’est finalement que le symptĂŽme d’une espĂšce de vie dĂ©terminĂ©e : sans qu’on se demande en aucune façon si c’est Ă  tort ou Ă  raison. Il faudrait prendre position en dehors de la vie et la connaĂźtre d’autre part tout aussi bien que quelqu’un qui l’a traversĂ©e, que plusieurs et mĂȘme tous ceux qui y ont passĂ©, pour ne pouvoir que toucher au problĂšme de la valeur de la vie : ce sont lĂ  des raisons suffisantes pour comprendre que ce problĂšme est en dehors de notre portĂ©e. Si nous parlons de la valeur, nous parlons sous l’inspiration, sous l’optique de la vie : la vie elle-mĂȘme nous force Ă  dĂ©terminer des valeurs, la vie elle-mĂȘme Ă©volue par notre entremise lorsque nous dĂ©terminons des valeurs
 Il s’ensuit que toute morale contre nature qui considĂšre Dieu comme l’idĂ©e contraire, comme la condamnation de la vie, n’est en rĂ©alitĂ© qu’une Ă©valuation de vie, — de quelle vie ? de quelle espĂšce de vie ? Mais j’ai dĂ©jĂ  donnĂ© ma rĂ©ponse : de la vie descendante, affaiblie, fatiguĂ©e, condamnĂ©e. La morale, telle qu’on l’a entendue jusqu’à maintenant — telle qu’elle a Ă©tĂ© formulĂ©e en dernier lieu par Schopenhauer, comme « nĂ©gation de la volontĂ© de vivre » — cette morale est l’instinct de dĂ©cadence mĂȘme, qui se transforme en impĂ©ratif : elle dit : « va Ă  ta perte ! » — elle est le jugement de ceux qui sont dĂ©jĂ  jugĂ©s

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Friedrich Nietzsche (Twilight of the Idols)
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Charlotte se trouvait seule ; aucun de ses frĂšres et sƓurs n’était autour d’elle ; elle s’abandonnait Ă  ses rĂ©flexions, qui passaient doucement sa situation en revue. Elle se voyait pour jamais unie Ă  un homme dont elle connaissait l’amour et la fidĂ©litĂ©, Ă  qui elle Ă©tait dĂ©vouĂ©e, dont le calme, la soliditĂ©, semblaient destinĂ©s par le ciel mĂȘme Ă  fonder, pour la vie, le bonheur d’une honnĂȘte femme ; elle sentait ce qu’il serait toujours pour elle et pour sa famille. D’un autre cĂŽtĂ©, Werther lui Ă©tait devenu bien cher ; dĂšs le premier moment oĂč ils avaient appris Ă  se connaĂźtre, la sympathie de leurs caractĂšres s’était rĂ©vĂ©lĂ©e de la maniĂšre la plus heureuse ; leur longue liaison, tant de situations diverses oĂč ils s’étaient trouvĂ©s, avaient fait sur le cƓur de Charlotte une impression ineffaçable. Tous les sentiments, toutes les pensĂ©es qui l’intĂ©ressaient, elle Ă©tait accoutumĂ©e Ă  les partager avec lui, et le dĂ©part de Werther menaçait de faire dans toute son existence un vide, qui ne pourrait plus ĂȘtre comblĂ©. Oh ! si elle avait pu dans ce moment le changer en un frĂšre ! qu’elle se serait trouvĂ©e heureuse !
 Si elle avait osĂ© le marier avec une de ses amies, elle aurait pu espĂ©rer de rĂ©tablir tout Ă  fait la bonne intelligence entre Albert et lui. Elle avait passĂ© en revue toutes ses amies, et trouvait Ă  chacune quelque dĂ©faut ; elle n’en voyait aucune Ă  qui elle eĂ»t donnĂ© Werther volontiers. En faisant toutes’ces rĂ©flexions, elle finit par sentir profondĂ©ment, sans se l’expliquer d’une maniĂšre bien claire, que le secret dĂ©sir, de son cƓur Ă©tait de le garder pour elle, et elle se disait en mĂȘme temps qu’elle ne pouvait, qu’elle ne devait pas le garder ; son Ăąme pure et belle, jusqu’alors si libre et si courageuse, sentit le poids d’une mĂ©lancolie Ă  laquelle est fermĂ©e la perspective du bonheur. Son cƓur Ă©tait oppressĂ©, et un sombre nuage couvrait ses yeux.
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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J’ai fait ma visite au lieu natal avec toute la piĂ©tĂ© d’un pĂšlerin, et bien des sentiments inattendus m’ont saisi. Je fis arrĂȘter prĂšs du grand tilleul qui se trouve Ă  un quart de lieue de la ville du cĂŽtĂ© de S
 ; je quittai la voiture, et je l’envoyai en avant, afin de cheminer Ă  pied et de savourer Ă  mon grĂ© chaque souvenir, dans toute sa vie et sa nouveautĂ©. Je m’arrĂȘtai sous le tilleul, qui avait Ă©tĂ©, dans mon enfance, le but et le terme de mes promenades. Quelle diffĂ©rence ! Alors, dans une heureuse ignorance, je m’élançais avec ardeur vers ce monde inconnu, oĂč j’espĂ©rais pour mon cƓur tant de nourriture, tant de jouissances, qui devaient combler et satisfaire l’ardeur de mes dĂ©sirs. Maintenant, j’en reviens de ce vaste monde
. O mon ami, avec combien d’espĂ©rances déçues, avec combien de plans renversĂ©s !
 Les voilĂ  devant moi les montagnes qui mille fois avaient Ă©tĂ© l’objet de mes vƓux. Je pouvais rester des heures assis Ă  cette place, aspirant Ă  franchir ces hauteurs, Ă©garant ma pensĂ©e au sein des bois et des vallons, qui s’offraient Ă  mes yeux dans un gracieux crĂ©puscule, et, lorsqu’au moment fixĂ© il me fallait revenir, avec quel regret ne quittais-je pas cette place chĂ©rie !
 J’approchai de la ville : je saluai tous les anciens pavillons de jardin ; les nouveaux me dĂ©plurent, comme tous les changements qu’on avait faits. Je franchis la porte de la ville, et d’abord je me retrouvai tout Ă  fait. Mon ami, je ne veux pas m’arrĂȘter au dĂ©tail : autant il eut de charme pour moi, autant il serait monotone dans le rĂ©cit. J’avais rĂ©solu de me loger sur la place, tout Ă  cĂŽtĂ© de notre ancienne maison. Je remarquai, sur mon passage, que la chambre d’école, oĂč une bonne vieille femme avait parquĂ© notre enfance, s’était transformĂ©e en une boutique de dĂ©tail. Je me rappelai l’inquiĂ©tude, les chagrins, l’étourdissement, l’angoisse que j’avais endurĂ©s dans ce trou
. Je ne pouvais faire un pas qui ne m’offrĂźt quelque chose de remarquable. Un pĂšlerin ne trouve pas en terre sainte autant de places consacrĂ©es par de religieux souvenirs, et je doute que son ame soit aussi remplie de saintes Ă©motions
. Encore un exemple sur mille : je descendis le long de la riviĂšre, jusqu’à une certaine mĂ©tairie. C’était aussi mon chemin autrefois, et la petite place oĂč les enfants s’exerçaient Ă  qui ferait le plus souvent rebondir les pierres plates Ă  la surface de l’eau. Je me rappelai vivement comme je m’arrĂȘtais quelquefois Ă  suivre des yeux le cours de la riviĂšre ; avec quelles merveilleuses conjectures je l’accompagnais ; quelles Ă©tranges peintures je me faisais des contrĂ©es oĂč elle allait courir ; comme je trouvais bientĂŽt les bornes de mon imagination, et pourtant me sentais entraĂźnĂ© plus loin, toujours plus loin, et finissais par me perdre dans la contemplation d’un vague lointain
. Mon ami, aussi bornĂ©s, aussi heureux, Ă©taient les vĂ©nĂ©rables pĂšres du genre humain ; aussi enfantines, leurs impressions, leur poĂ©sie. Quand Ulysse parle de la mer immense et de la terre infinie, cela est vrai, humain, intime, saisissant et mystĂ©rieux. Que me sert maintenant de pouvoir rĂ©pĂ©ter, avec tous les Ă©coliers, qu’elle est ronde ? Il n’en faut Ă  l’homme que quelques mottes pour vivre heureux dessus, et moins encore pour dormir dessous

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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Oh, l'indignité qu'il y a dans la mort ; heureusement que les morts semblent incapables de s'en apercevoir.
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Jamaica Kincaid (My Brother)
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elle Ă©tait partie. Bien entendu, elle n’était pas partie seule. « Je t’ai bien aimĂ©, mais maintenant je suis fatiguĂ©e
 Je ne suis pas heureuse de partir, mais on n’a pas besoin d’ĂȘtre heureux pour recommencer.
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Albert Camus (La peste)
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Mais la description de ces conquĂȘtes n’aurait que peu d’intĂ©rĂȘt sans l’histoire des hommes et des femmes qui les ont rĂ©alisĂ©es. La recherche scientifique est un travail cumulatif et collectif, transcendant les gĂ©nĂ©rations et mĂȘme le champ limitĂ© des chercheurs professionnels. C’est pour cette raison que j’ai essayĂ© d’écrire un livre qui ne traite pas seulement de l’astronomie, mais aussi des astronomes. J'ai recherchĂ© les histoires de ceux qui sont arrivĂ©s Ă  un pas de la ligne d'arrivĂ©e et qui, par manque de chance, se sont arrĂȘtĂ©s plus tĂŽt, ou de ceux qui ont obstinĂ©ment insistĂ© sur des idĂ©es qui n'Ă©taient pas comprises, voire fausses. Sans leurs efforts et leurs frustrations, nous ne serions pas lĂ  pour parler des 6 000 planĂštes connues de la galaxie
 et de toutes les autres que nous dĂ©couvrirons. Et depuis que j'ai eu l'opportunitĂ© d'ĂȘtre astronome Ă  une Ă©poque si heureuse, ma vie personnelle s'est mĂȘlĂ©e Ă  l'histoire scientifique de ces annĂ©es, et donc en quelques pages, le lecteur trouvera Ă©galement certaines de mes questions et de mes expĂ©riences.
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Giovanni Covone (Altre Terre: Viaggio alla scoperta di pianeti extrasolari (Italian Edition))
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Etre ravagĂ© par la douleur n’ajoute rien Ă  votre amour pour moi. RestĂ© douloureusement obsĂ©dĂ© par une situation ou par le souvenir d’un dĂ©funt au point d’en ĂȘtre brisĂ© pendant des mois ou des annĂ©es durant n’est pas une preuve d’affection mais un attachement qui n’est source d’aucun bienfait ni pour les autres ni pour soi-mĂȘme. Ne crois pas me rendre un grand hommage si tu laisse ma mort devenir le grand Ă©vĂšnement de ta vie. Le meilleur tribu que tu puisse me payer est de continuer Ă  mener une existence riche et heureuse. Plaidoyer pour le bonheur
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Matthieu Ricard
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Au bout du compte, quelle est la plus heureuse des fins entre mourir en croyant aux miracles et mourir sans y croire ?
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Maki Marukido (La fin du monde avec toi - Tome 02)