Haute Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Haute. Here they are! All 100 of them:

“
Les droits imprescriptibles du lecteur : 1. Le droit de ne pas lire. 2. Le droit de sauter des pages. 3. Le droit de ne pas finir un livre. 4. Le droit de relire. 5. Le droit de lire n'importe quoi. 6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible). 7. Le droit de lire n'importe oĂč. 8. Le droit de grappiller. 9. Le droit de lire Ă  haute voix. 10. Le droit de nous taire.
”
”
Daniel Pennac
“
Well, said the haut prince, this day must noble knights joust.
”
”
Thomas Malory
“
Un bon livre, au contraire, ne cherche pas Ă  vous captiver, il vous fait regarder vers le haut (le ciel sans nuage d'Ă©tĂ©) tout en plongeant au fond de vous-mĂȘme.
”
”
Dany LaferriĂšre (L'art presque perdu de ne rien faire)
“
The clock strikes off the hollow half-hours of all the life that is left to you, one by one.
”
”
Emily Brontë (Jane Eyre / Les Hauts de Hurle-Vent / Agnes Grey)
“
Chaque sourire cachait un bùillement d'ennui, chaque joie une malédiction, tout plaisir son dégoût, et les meilleurs baisers ne vous laissaient sur la lÚvre qu'une irréalisable envie d'une volupté plus haute.
”
”
Gustave Flaubert (Madame Bovary)
“
Die Welt ist gierig, und manchmal verschlingt sie kleine Kinder mit Haut und Haaren.
”
”
Christoph Marzi (Lycidas (Uralte Metropole, #1))
“
I think perfectionism is just a high-end, haute couture version of fear.
”
”
Elizabeth Gilbert (Big Magic: Creative Living Beyond Fear)
“
But for me, dinner at a fine restaurant was the ultimate luxury. It was the very height of civilization. For what was civilization but the intellect's ascendancy out of the doldrums of necessity (shelter, sustenance and survival) into the ether of the finely superfluous (poetry, handbags and haute cuisine)? So removed from daily life was the whole experience that when all was rotten to the core, a fine dinner could revive the spirits. If and when I had twenty dollars left to my name, I was going to invest it right here in an elegant hour that couldn't be hocked.
”
”
Amor Towles (Rules of Civility)
“
La plus grande chute est celle qu'on fait du haut de l'innocence.
”
”
Heiner MĂŒller
“
In the beginning, she had hauted me, haunted my dreams, but even now, just weeks later, she was slipping away, falling apart in my memory and everyone else's, dying again.
”
”
John Green (Looking for Alaska)
“
Si vous me demandez ce que je viens faire en ce monde, moi artiste, je vous répondrai: je viens vivre tout haut.
”
”
Émile Zola (The Experimental Novel And Other Essays)
“
La solitude offre Ă  l'homme intellectuellement haut placĂ© un double avantage : le premier, d'ĂȘtre avec soi-mĂȘme, et le second de n'ĂȘtre pas avec les autres.
”
”
Arthur Schopenhauer (The Wisdom of Life)
“
So there I was eating haute cuisine in a mobile home. He cooked for me as seduction, a courtship, so that I'd never again be impressed with a man who simply took me out to dinner. And I fell in love with him over a deer's liver.
”
”
Kristin Kimball (The Dirty Life: On Farming, Food, and Love)
“
Wir spĂŒren die KĂ€lte, aber sie macht uns nichts aus, denn sie schadet uns nicht. Wenn wir uns gegen die KĂ€lte warm anziehen wĂŒrden, könnten wir andere Dinge nicht mehr spĂŒren, das Kribbeln der Sterne oder die Musik des Mondlichtes auf der Haut. DafĂŒr lohnt es sich, die KĂ€lte zu ertragen.
”
”
Philip Pullman (The Golden Compass (His Dark Materials, #1))
“
If crow speaks to the fox, he speaks to him from the top of the tree. (Si corbeau parle au renard, Il lui parle du haut de l' arbre)
”
”
Charles de Leusse
“
Yes Mrs Reed, to you i owe some fearful pangs of mental suffering, but i ought to forgive you, for you knew not what you did while rendering my heart strings, you thought you were only uprooting your bad propensities.
”
”
Charlotte Brontë (Jane Eyre / Les Hauts de Hurle-Vent / Agnes Grey)
“
Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout Contre les portes de la nuit Et les passants qui passent les désignent du doigt Mais les enfants qui s'aiment Ne sont là pour personne Et c'est seulement leur ombre Qui tremble dans la nuit Excitant la rage des passants Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit Bien plus haut que le jour Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour
”
”
Jacques Prévert (Paroles)
“
D'une complexion farouche et bavarde, ayant le dĂ©sir de ne voir personne et le besoin de parler Ă  quelqu'un, il se tirait d'affaire en se parlant Ă  lui-mĂȘme. Quiconque a vĂ©cu solitaire sait Ă  quel point le monologue est dans la nature. La parole intĂ©rieure dĂ©mange. Haranguer l'espace est un exutoire. Parler tout haut et tout seul, cela fait l'effet d'un dialogue avec le dieu qu'on a en soit.
”
”
Victor Hugo (The Man Who Laughs)
“
Wie rau der Morgen war. So weiß, so kĂŒhl gegen das sanfte Violett der Nacht; so harsch und bloß nach den reich gekleideten TrĂ€umen. So unnachsichtig klar, wie Glassplitter auf der nackten Haut, wenn sie noch weich und verwundbar war unter den Laken. So herzzerreißend licht, wenn man sterben musste.
”
”
Lilach Mer (Der siebte Schwan)
“
The greatest gift of education, Korya, is the years of shelter provided when learning. Do not think to reduce that learning to facts and the utterances of presumed sages. Much of what one learns in that time is in the sphere of concord, the ways of society, the proprieties of behaviour and thought. Haut would tell you that this is another hard-won achievement of civilization: the time and safe environment in which to learn how to live. When this is destroyed, undermined or discounted, then that civilization is in trouble.
”
”
Steven Erikson (Forge of Darkness (The Kharkanas Trilogy #1))
“
The look is elegant and sacrilegious and makes me feel sacred and immoral. Haute couture and getting hauter.
”
”
Chuck Palahniuk (Invisible Monsters)
“
Tu es plus arrangeante qu'une commode, Ă  jamais sortir un mot plus haut que l'autre, Ă  jamais faire de caprices, mais dĂšs qu'on te parle de mari, tu es pire qu'une enclume.
”
”
Christelle Dabos
“
Les lÚvres d'une femme m'émeuvent quand elles s'approchent, nues, pour un baiser, elles se déshabillent entiÚrement, du haut des mots jusqu'en bas.
”
”
Erri De Luca (I pesci non chiudono gli occhi)
“
Je ne me rendais pas compte que c’était justement parce qu’elle m’avait tant Ă©levĂ©e que je pouvais maintenant la regarder de haut.
”
”
Caroline Dawson (LĂ  oĂč je me terre)
“
Car tout bourgeois, dans l'Ă©chauffement de sa jeunesse, ne fĂ»t-ce qu'un jour, une minute, s'est cru capable d'immenses passions, de hautes entreprises. Le plus mĂ©diocre libertin. a rĂȘvĂ© des sultanes ; chaque notaire porte en soi les dĂ©bris d'un poĂšte.
”
”
Gustave Flaubert
“
Le jeune Apollon me faisant face m'attrape violemment par l'avant-bras, son antipathie me parvenant par vagues, des vagues si hautes que j'ai l'impression de me noyer dans un océan hostile.
”
”
Elisia Blade (Hollywood en Irlande (Crush Story #1))
“
Sois satisfait des fleurs, des fruits, mĂȘme des feuilles, Si c'est dans ton jardin Ă  toi que tu les cueilles ! Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard, Ne pas ĂȘtre obligĂ© d'en rien rendre Ă  CĂ©sar, Vis-Ă -vis de soi-mĂȘme en garder le mĂ©rite, Bref, dĂ©daignant d'ĂȘtre le lierre parasite, Lors mĂȘme qu'on n'est pas le chĂȘne ou le tilleul, Ne pas monter bien haut, peut-ĂȘtre, mais tout seul !
”
”
Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
“
All miracles are promised to faith, and what is faith except the audacity of will which does not hesitate in the darkness, but advances towards the light in spite of all ordeals, and surmounting all obstacles? It
”
”
Éliphas LĂ©vi (Dogme Et Rituel De La Haute Magie Part I (Illustrated English Version))
“
Il existe je ne sais quoi de grand et d’épouvantable dans le suicide. Les chutes d’une multitude de gens sont sans danger, comme celles des enfants qui tombent de trop bas pour se blesser; mais quand un grand homme se brise, il doit venir de bien haut, s’ĂȘtre Ă©levĂ© jusqu’aux cieux, avoir entrevu quelque paradis inaccessible. Implacables doivent ĂȘtre les ouragans qui le forcent Ă  demander la paix de l’ñme Ă  la bouche d’un pistolet
 Chaque suicide est un poĂšme sublime de mĂ©lancolie.
”
”
Honoré de Balzac (La Peau De Chagrin)
“
The Jaghut drew weapons. Beside Onos Toolan, Haut said, ‘Join us, First Sword. If we must die, must it be on the back step? I think not.’ His eyes flashed from the shadows of his helm. ‘First Sword – do you see? Forkrul Assail, K’Chain Che’Malle, Imass and now Jaghut! What a fell party this is!’ Gedoran grunted and said, ‘All we now need are a few Thel Akai, Haut, and we can swap old lies all night long!
”
”
Steven Erikson (The Crippled God (Malazan Book of the Fallen, #10))
“
Tout m’avale. Quand j’ai les yeux fermĂ©s, c’est par mon ventre que je suis avalĂ©e, c’est dans mon ventre que j’étouffe. Quand j’ai les yeux ouverts, c’est parce que je vois que je suis avalĂ©e, c’est dans le ventre de ce que je vois que je suffoque. Je suis avalĂ©e par le fleuve trop grand, par le ciel trop haut, par les fleurs trop fragiles, par les papillons trop craintifs, par le visage trop beau de ma mĂšre.
”
”
Réjean Ducharme (L'avalée des avalés)
“
It is undoubtedly contagious to breathe the same air as diseased persons, and to be within the circle of attraction and expansion which surrounds the wicked.
”
”
Éliphas LĂ©vi (Dogme Et Rituel De La Haute Magie Part I (Illustrated English Version))
“
Elle les avait démasqués de loin, les petits ambitieux qui la trouvait banale vue de face, mais trÚs jolie vue de dot.
”
”
Pierre Lemaitre (Au revoir lĂ -haut)
“
Oisive jeunesse À tout asservie, Par dĂ©licatesse J'ai perdu ma vie.
”
”
Arthur Rimbaud
“
J'aimerais bien appartenir Ă  une haute classe culturelle qu'Ă  une haute classe sociale.
”
”
Imene MELLAL
“
En chemin la pluie s'est mise à tomber comme jamais, c'était à croire que la-haut un traumatisé avait ouvert tous les robinets.
”
”
Jean-François Beauchemin (Garage Molinari (Littérature d'Amérique) (French Edition))
“
Il pouvait monter là-haut s'il le voulait. Monter et toucher l'horizon, sauter par-dessus et découvrir l'horizon suivant
”
”
Michael Punke (The Revenant)
“
She had three seconds in which to decide whether to be rich or spend the rest of her life as a housemaid. She only needed one.
”
”
Pierre Lemaitre (Au revoir lĂ -haut)
“
[He] [w]ent deep into the cave where wounded men go when they walk around not talking to anyone about what's happening to them on the inside. Also known as Terre Haute.
”
”
Mohja Kahf (The Girl in the Tangerine Scarf)
“
Es ist eine tödliche Spannung, die wie ein schartiges Messer unser RĂŒckenmark entlang kratzt. Die Beine wollen nicht mehr, die HĂ€nde zittern, der Körper ist eine dĂŒnne Haut ĂŒber mĂŒhsam unterdrĂŒcktem Wahnsinn, ĂŒber einem gleich hemmungslos ausbrechenden GebrĂŒll ohne Ende.
”
”
Erich Maria Remarque (Im Westen Nichts Neues)
“
Les gens n'attendent en général qu'une seule chose de vous: que vous leur renvoyiez l'image de ce qu'ils veulent que vous soyez. Et cette image que je leur proposais, ils n'en voulaient surtout pas. C'était une vue du monde d'en haut, une vue qui n'avait rien à faire ici. Alors s'il y a une leçon que j'ai bien apprise en prÚs de vingt-huit ans de présence sur cette Terre, c'est que l'habit doit faire le moine et peu importe ce que cache la soutane.
”
”
Jean-Paul Didierlaurent (Le Liseur du 6h27)
“
In dieser Traumwelt lebte er mehr als in der wirklichen Welt: Schulsaal, Klosterhof,
 war nur OberflĂ€che, nur eine dĂŒnne Haut ĂŒber der traumgefĂŒllten, ĂŒnerwirklichen Bilderwelt. Ein nichts war genug, um in diese dĂŒnne Haut ein Loch zu stossen, und hinter der friedlichen dĂŒrren Wirklichkeit die tosenden AbgrĂŒnde, Ströme und Milchstrassen jener Seelenbilderwelt zu entfachen.
”
”
Hermann Hesse
“
To be sucked down by this whirling stream is to fall into abysses of madness, more frightful than those of death; to expel the shades of this chaos and compel it to give perfect forms to our thoughts - this is to be a man of genius; it is to create, it is to be victorious over hell! The
”
”
Éliphas LĂ©vi (Dogme Et Rituel De La Haute Magie Part I (Illustrated English Version))
“
La vie est une cîte. Tant qu'on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux; mais, lorsqu'on arrive en haut, on aperçoit tout d'un coup la descente, et la fin, qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça va vite quand on descend. A votre ñge, on est joyeux. On espùre tant de choses, qui n'arrivent jamais d'ailleurs. Au mien, on n'attend plus rien... que la mort.
”
”
Guy de Maupassant (Bel-Ami)
“
Le parti national-socialiste avait fait un fameux cadeau Ă  ces SS-lĂ  : ils pouvaient marcher au combat sans aucun risque physique, dĂ©crocher les honneurs sans avoir Ă  entendre siffler les balles. L'impunitĂ© psychologique Ă©tait plus difficile Ă  atteindre. Tous les officiers SS avaient des camarades qui s'Ă©taient suicidĂ©s. Le haut commandment avait pondu des circulaires pour dĂ©noncer ces pertes futiles : il fallait ĂȘtre simple d'esprit pour croire que les juifs, parce qu'ils n'avaient pas de fusils, ne possĂ©daient pas d'armes d'un autre calibre : des armes sociales, Ă©conomiques et politiques. En fait, le juif Ă©tait armĂ© jusqu'aux dents. Trempez votre caractĂšre dans l'acier, soulignaient les circulaires, car l'enfant juif est une bombe Ă  retardement culturelle, la femme juive, un tissu biologique de toutes les trahisons, le mĂąle juif, un ennemi plus implacable encore qu'aucun Russe ne saurait l'ĂȘtre. (ch. 20)
”
”
Thomas Keneally (Schindler’s List)
“
Le plaisir sexuel n'était pas seulement supérieur, en raffinement et en violence, à tous les autres plaisirs que pouvait comporter la vie; il n'était pas seulement l'unique plaisir qui ne s'accompagne d'aucun dommage pour l'organisme, mais qui contribue au contraire à le maintenir à son plus haut niveau de vitalité et de force; il était l'unique plaisir, l'unique objectif en vérité de l'existence humaine, et tous les autres - qu'ils soient associés aux nourritures riches, au tabac, aux alcools ou à la drogue - n'étaient que des compensations dérisoires et désespérées, des mini-suicides qui n'avaient pas le courage de dire leur nom, des tentatives pour détruire plus rapidement un corps qui n'avait plus accÚs au plaisir unique.
”
”
Michel Houellebecq (The Possibility of an Island)
“
Ici, je me cache quand je veux. Je puis me cacher des jours et des jours, sans qu’on sache si j’existe ou non, et, sans que je le sache bien moi-mĂȘme. Je m’enferme lĂ -haut. Je lis, je dors, je rĂȘve. Je ne bouge plus.
”
”
Anne Hébert (Le Temps Sauvage ; Suivi De La MerciÚre Assassinée ; Et Les Invités Au ProcÚs)
“
BientÎt la conversation reprit entre les trois dames, que la présence de cette fille avait rendues subitement amies, presque intimes. Elles devaient faire, leur semblait-il, comme un faisceau de leurs dignités d'épouses en face de cette vendue sans vergogne; car l'amour légal le prend toujours de haut avec son libre confrÚre.
”
”
Guy de Maupassant
“
For what was civilization but the intellect’s ascendancy out of the doldrums of necessity (shelter, sustenance and survival) into the ether of the finely superfluous (poetry, handbags and haute cuisine)? So removed from daily life was the whole experience that when all was rotten to the core, a fine dinner could revive the spirits.
”
”
Amor Towles (Rules of Civility)
“
C’est Ă©vident, ma chĂšre enfant. Tu es malheureuse parce qu’il serait anormal, voire indĂ©cent d’ĂȘtre heureux quand on est AlgĂ©rien, ou tout simplement quand on a du cƓur. Je connais des algĂ©riens qui sont heureux. Mais ceux-lĂ  sont des amnĂ©siques. Ils ne sont pas nombreux, certes, mais nĂ©anmoins j’en connais, ils ont le geste sĂ»r des complexes ignorĂ©s. Ils ont le verbe haut et ne doutent de rien, les malheureux ! Voyez d’ailleurs les Ăąnes comme ils sourient de toutes leurs narines, contents de leur filiation indĂ©cise, contents parce que le sourire ridicule de leurs narines marque leur satisfaction suprĂȘme de manger des chardons. MĂȘme en français ils sont contents de braire.
”
”
Malek Haddad (L'élÚve Et La Leçon)
“
Sonnet VIII Je vis, je meurs : je me brĂ»le et me noie, J’ai chaud extrĂȘme en endurant froidure ; La vie m’est et trop molle et trop dure, J’ai grands ennuis entremĂȘlĂ©s de joie. Tout en un coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j’endure, Mon bien s’en va, et Ă  jamais il dure, Tout en un coup je sĂšche et je verdoie. Ainsi Amour inconstamment me mĂšne Et, quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine. Puis, quand je crois ma joie ĂȘtre certaine, Et ĂȘtre en haut de mon dĂ©sirĂ© heur, Il me remet en mon premier malheur.
”
”
Louise LabĂ© (ƒuvres complĂštes: Sonnets, Elegies, DĂ©bat de folie et d'amour)
“
C'est que, faute de savoir ce qui est Ă©crit lĂ -haut, on ne sait ni ce qu'on veut ni ce qu'on fait, et qu'on suit sa fantaisie qu'on appelle raison, ou sa raison qui n'est souvent qu'une dangereuse fantaisie qui tourne tantĂŽt bien, tantĂŽt mal.
”
”
Denis Diderot (Jacques le fataliste et son maĂźtre)
“
Hin und wieder spĂŒrte ich die Sonne auf der Haut, die sich aus den zerzausten Wolken befreite. Dazu den Wind und deine Worte. Was hast du zu mir gesagt? Was hast du mir erzĂ€hlt? Wenn ich mich nur an alles erinnern könnte. In jener Zeit waren wir unsterblich. Das Leben erschien uns so lang. Ich spĂŒrte die Sonne und den Wind und deine Worte auf der Haut, und nichts anderes zĂ€hlte.
”
”
Paola Predicatori (Il mio inverno a Zerolandia)
“
Les coutures, les modes sont souvent apliquées à couper les corps féminin de a transcendance: la Chinoise aux pieds bandés peut à peine marcher, les griffes vernies de la star d'Hollywood la privent de ses mains, les hauts talons, les corsets, les paniers, les vertugadins, les crinolines étaient destinés moins à accentuer la combrure du corps féminin qu'à en augmenter l'impotence.
”
”
Simone de Beauvoir (Le deuxiĂšme sexe, I)
“
[Z]urĂŒck blieb ein gebrochener, von der Leere zerrissener Mensch, harrend, dass sich ihm, spĂŒrbar, wieder das Knochenbein der Gewohnheit bildete, Haut der Gewohnheit ihn wieder ĂŒberzöge, und er bald, vielleicht schon am Tage darauf, ruhig und gefasst antworten könnte...
”
”
José Saramago (The Gospel According to Jesus Christ)
“
Je suis trop intelligente, trop exigeante et trop riche pour que personne puisse se charger de moi entiĂšrement. Personne ne me connaĂźt ni ne m'aime tout entiĂšre. Je n'ai que moi. Il ne faut pas que j'essaie de tromper cette solitude en renonçant Ă  ce que je peux seule porter. Il faut que je vive, sachant que personne ne m'aidera Ă  vivre. Ma force, c'est que je m'estime aussi haut que n'importe quel autrui ; je peux bien envier Ă  l'un ou l'autre telle qualitĂ© ; de personne la valeur ne me semble dĂ©passer la mienne : je possĂšde autant. Seule je vivrai, forte de ce que je sais ĂȘtre.
”
”
Simone de Beauvoir (Cahiers de jeunesse: 1926-1930)
“
In the Hautes-Alpes region, it was still believed in 1962 that witches often assumed animal form and entered houses through the chimneys, keyholes, or cat doors. When in the form of a cat, it would sit on the chests of those who were sleeping and press down on them, preventing their breathing.
”
”
Claude Lecouteux (The Tradition of Household Spirits: Ancestral Lore and Practices)
“
His voice was light as a feather and every word that fell from his lips was clear. The sound of his footsteps made Shen Qingqiu's heart leap as if he was bungee jumping at a high altitude after an ice-bucket challenge. Sa voix Ă©tait lĂ©gĂšre comme une plume et chaque mot qui tombait de ses lĂšvres Ă©tait clair. Le son de ses pas fit bondir le cƓur de Shen Qingqiu comme s'il faisait du saut Ă  l'Ă©lastique en haute altitude aprĂšs un ice-bucket challenge.
”
”
ćąšéŠ™é“œè‡­ (The Scum Villain's Self-Saving System: Ren Zha Fanpai Zijiu Xitong, Vol. 1)
“
N’importe ! elle n’était pas heureuse, ne l’avait jamais Ă©tĂ©. D’oĂč venait donc cette insuffisance de la vie, cette pourriture instantanĂ©e des choses oĂč elle s’appuyait ?
 Mais, s’il y avait quelque part un ĂȘtre fort et beau, une nature valeureuse, pleine Ă  la fois d’exaltation et de raffinements, un coeur de poĂšte sous une forme d’ange, lyre aux cordes d’airain, sonnant vers le ciel des Ă©pithalames Ă©lĂ©giaques, pourquoi, par hasard, ne le trouveraitelle pas ? Oh ! quelle impossibilitĂ© ! Rien, d’ailleurs, ne valait la peine d’une recherche ; tout mentait ! Chaque sourire cachait un bĂąillement d’ennui, chaque joie une malĂ©diction, tout plaisir son dĂ©goĂ»t, et les meilleurs baisers ne vous laissaient sur la lĂšvre qu’une irrĂ©alisable envie d’une voluptĂ© plus haute.
”
”
Gustave Flaubert (Madame Bovary)
“
But they’re your countrymen, Witcher,’ Regis said. ‘I mean, they call you Geralt of Rivia.’ ‘A slight correction,’ he replied coldly. ‘I call myself that to make my name sound fancier. It’s an addition that inspires more trust in my clients.’ ‘I see,’ the vampire said, smiling. ‘And why exactly did you choose Rivia?’ ‘I drew sticks, marked with various grand-sounding names. My witcher preceptor suggested that method to me, although not initially. Only after I’d insisted on adopting the name Geralt Roger Eric du Haute-Bellegarde. Vesemir thought it was ridiculous; pretentious and idiotic. I dare say he was right.
”
”
Andrzej Sapkowski (Baptism of Fire (The Witcher, #3))
“
Il ne s'agit point de t'offusquer de ce que l'un diffÚre de l'autre, de ce que les aspirations de l'un s'opposent aux aspirations de l'autre, de ce que le langage de l'un ne soit point le langage de l'autre, il s'agßt de t'en réjouir. Car si te voilà créateur tu batiras un temple de portée plus haute qui sera leur commune mesure. Mais je dis aveugle celui-là qui s'imagine créer s'il démonte la cathédrale et aligne dans l'ordre par rang de taille les pierres l'une aprÚs l'autre. (chapitre LXXV)
”
”
Antoine de Saint-Exupéry (Citadelle)
“
Il s’était retirĂ© en Suisse. Il habitait une espĂšce de haute masure au bord du lac de GenĂšve. Il s’était choisi cette demeure dans le plus Ăąpre recoin du lac, entre Chillon oĂč est le cachot de Bonnivard, et Vevey oĂč est le tombeau de Ludlow. Les Alpes sĂ©vĂšres, pleines de crĂ©puscules, de souffles et de nuĂ©es, l’enveloppaient ; et il vivait lĂ , perdu
”
”
Victor Hugo (L'homme qui rit)
“
nous Ă©prouvons parfois de la pitiĂ© pour des ĂȘtres qui ne connaissent ce sentiment ni pour eux-mĂȘmes ni pour les autres.
”
”
Emily Brontë (Les Hauts de Hurle-vent)
“
J'ai rĂȘvĂ© que je dormais de mon dernier sommeil Ă  cĂŽtĂ© d'elle, mon cƓur immobile contre le sien, ma joue glacĂ©e contre la sienne
”
”
Emily Brontë (Les Hauts de Hurlevent, d'Emily Brontë. Volume 1)
“
Augustus Waters me plaisait. Il me plaisait vraiment, vraiment beaucoup. Le fait qu'il termine son histoire par quelqu'un d'autre me plaisait. Sa voix me plaisait. Qu'il fasse des « entraßnements à haute teneur existentielle » me plaisait. Qu'il soit professeur titulaire de la chaire du Sourire en coin et de celle de la Voix qui fait frissonner ma peau me plaisait. Qu'il ait deux noms me plaisait. J'ai toujours aimé les gens qui ont deux noms parce que cela vous oblige à choisir : Gus ou Augustus ? Moi, je n'ai jamais été qu'Hazel, point.
”
”
John Green (The Fault in Our Stars)
“
Well, I’m sure you know that our country is the only so-called advanced nation that still has a death penalty. And torture chambers. I mean, why screw around? But listen: If anyone here should wind up on a gurney in a lethal-injection facility, maybe the one at Terre Haute, here is what your last words should be: “This will certainly teach me a lesson.” If Jesus were alive today, we would kill him with lethal injection. I call that progress. We would have to kill him for the same reason he was killed the first time. His ideas are just too liberal.
”
”
Kurt Vonnegut Jr. (Armageddon in Retrospect)
“
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin Des dames regardaient du haut de la montagne Vous ĂȘtes si jolies mais la barque s'Ă©loigne Qui donc a fait pleurer les saules riverains Or des vergers fleuris se figeaient en arriĂšre Les pĂ©tales tombĂ©s des cerisiers de mai Sont les ongles de celle que j'ai tant aimĂ©e Les pĂ©tales flĂ©tris sont comme ses paupiĂšres Sur le chemin du bord du fleuve lentement Un ours un singe un chien menĂ©s par des tziganes Suivaient une roulotte traĂźnĂ©e par un Ăąne Tandis que s'Ă©loignait dans les vignes rhĂ©nanes Sur un fifre lointain un air de rĂ©giment Le mai le joli mai a parĂ© les ruines De lierre de vigne vierge et de rosiers Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes
”
”
Guillaume Apollinaire (Alcools)
“
Mach dir keine Sorgen. Du hast zuviel und zuwenig gesehen, wie alle Menschen vor dir. Du hast zuviel geweint, vielleicht auch zuwenig, wie alle Menschen vor dir. Vielleicht hast du zuviel geliebt, und gehaßt - aber nu wenige Jahre - zwanzig oder so. Was sind schon zwanzig Jahre? Dann war ein Teil von dir tot, genau wie bei allen Menschen, die nicht mehr lieben oder hassen können. Du hast viele Schmerzen ertragen, ungern wie alle Menschen vor dir. Dein Körper war dir sehr bald lĂ€stig. Du hast ihn nie geliebt. Das war schlecht fĂŒr dich - oder auch gut, denn an einem ungeliebten Körper hĂ€ngt die Seele nicht sehr. Und was ist die Seele? Wahrscheinlich hast du nie eine gehabt, nur Verstand, und der war nicht gedenkend der GefĂŒhle. Oder war da manchmal noch etwas anderes? FĂŒr Augenblicke? Beim Anblick von Glockenblumen oder Katzenaugen und des Kummers um einen Menschen, oder gewisser Steine, BĂ€ume und Statuen; der Schwalben ĂŒber der großen Stadt Rom. Mach dir keine Sorgen. Auch wenn du mir einer Seele behaftet wĂ€rest, sie wĂŒnscht nichts als tiefen, traumlosen Schlaf. Der ungeliebte Körper wird nicht mehr schmerzen. Blut, Fleisch, Knochen und Haut, alles wird ein HĂ€ufchen Asche sein, und auch das Gehirn wird endlich aufhören zu denken. DafĂŒr sei Gott bedankt, den es nicht gibt. Mach dir keineSorgen - alles wird vergebens gewesen sein - wie bei allen Menschen vor dir. Eine völlig normale Geschichte.
”
”
Marlen Haushofer
“
Als ich aus Kuwait zurĂŒckkam, war das Geld auf meinem Konto. Was hĂ€tte ich machen sollen? Nach Kuwait fliegen und dem Attache sagen, er solle sein Geld wieder nehmen und mir meien Freundin wiedergeben? Mich, wenn er mir ins Geischt lacht, beim Emir beschweren? Unseren Außenminister bitten, er soll mit dem Emir sprechen? HĂ€tte ich ein paar Kerle von der Russenmafia engagieren und mit ihnen die Anlage aufrollen sollen, in der der Attache gewohnt und sie vermutlich gefangen gehalten hat? Ich weiß, ein richtiger Mann, der seine Frau liebt, haut sie raus. Wenn er dabei zugrunde geht, geht er dabei zugrunde. Besser mit Anstand sterben als in Feigheit leben. Ich weiß auch, dass ich mit drei Millionen eigentlich genug Geld hatte, um mir Russen und die Waffen und den Hubschrauber und was man sonst noch braucht zu besorgen. Aber das ist Film. Das ist nicht meine Welt. Das kann ich nicht. Die Kerle von der Russenmafia wĂŒrden mir einfach Geld abnehmen, und die Waffen wĂ€ren verrostet, und der Hubschrauber hĂ€tte einen Getriebesschaden.
”
”
Bernhard Schlink (SommerlĂŒgen)
“
Lorsque j’ai commencĂ© Ă  voyager en Gwendalavir aux cĂŽtĂ©s d'EwĂŹlan et de Salim, je savais que, au fil de mon Ă©criture, ma route croiserait celle d'une multitude de personnages. Personnages attachants ou irritants, discrets ou hauts en couleurs, pertinents ou impertinents, sympathiques ou malĂ©fiques... Je savais cela et je m'en rĂ©jouissais. Rien, en revanche, ne m'avait prĂ©parĂ© Ă  une rencontre qui allait bouleverser ma vie. Rien ne m'avait prĂ©parĂ© Ă  Ellana. Elle est arrivĂ©e dans la QuĂȘte Ă  sa maniĂšre, tout en finesse tonitruante, en dĂ©licatesse remarquable, en discrĂ©tion Ă©tincelante. Elle est arrivĂ©e Ă  un moment clef, elle qui se moque des serrures, Ă  un moment charniĂšre, elle qui se rit des portes, au sein d’un groupe constituĂ©, elle pourtant pĂ©trie d’indĂ©pendance, son caractĂšre forgĂ© au feu de la solitude. Elle est arrivĂ©e, s'est glissĂ©e dans la confiance d'Ewilan avec l'aisance d'un songe, a captĂ© le regard d’Edwin et son respect, a sĂ©duit Salim, conquis maĂźtre Duom... Je l’ai regardĂ©e agir, admiratif ; sans me douter un instant de la toile que sa prĂ©sence, son charisme, sa beautĂ© tissaient autour de moi. Aucun calcul de sa part. Ellana vit, elle ne calcule pas. Elle s'est contentĂ©e d'ĂȘtre et, ce faisant, elle a tranquillement troquĂ© son statut de personnage secondaire pour celui de figure emblĂ©matique d'une double trilogie qui ne portait pourtant pas son nom. Convaincue du pouvoir de l'ombre, elle n'a pas cherchĂ© la lumiĂšre, a Ă©paulĂ© Ewilan dans sa quĂȘte d'identitĂ© puis dans sa recherche d'une parade au danger qui menaçait l'Empire. Sans elle, Ewilan n'aurait pas retrouvĂ© ses parents, sans elle, l'Empire aurait succombĂ© Ă  la soif de pouvoir des Valinguites, mais elle n’en a tirĂ© aucune gloire, trop Ă©quilibrĂ©e pour ignorer que la victoire s'appuyait sur les Ă©paules d'un groupe de compagnons soudĂ©s par une indĂ©fectible amitiĂ©. Lorsque j'ai posĂ© le dernier mot du dernier tome de la saga d'Ewilan, je pensais que chacun de ses compagnons avait mĂ©ritĂ© le repos. Que chacun d'eux allait suivre son chemin, chercher son bonheur, vivre sa vie de personnage libĂ©rĂ© par l'auteur aprĂšs une Ă©prouvante aventure littĂ©raire. Chacun ? Pas Ellana. Impossible de la quitter. Elle hante mes rĂȘves, se promĂšne dans mon quotidien, fluide et insaisissable, transforme ma vision des choses et ma perception des autres, crochĂšte mes pensĂ©es intimes, escalade mes dĂ©sirs secrets... Un auteur peut-il tomber amoureux de l'un de ses personnages ? Est-ce moi qui ai crĂ©Ă© Ellana ou n'ai-je vraiment commencĂ© Ă  exister que le jour oĂč elle est apparue ? Nos routes sont-elles liĂ©es Ă  jamais ? — Il y a deux rĂ©ponses Ă  ces questions, souffle le vent Ă  mon oreille. Comme Ă  toutes les questions. Celle du savant et celle du poĂšte. — Celle du savant ? Celle du poĂšte ? Qu'est-ce que... — Chut... Écris.
”
”
Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
“
I still quote Eugene Debs (1855–1926), late of Terre Haute, Indiana, five times the Socialist Party’s candidate for President, in every speech: “While there is a lower class I am in it, while there is a criminal element I am of it; while there is a soul in prison, I am not free.” In recent years, I’ve found it prudent to say before quoting Debs that he is to be taken seriously. Otherwise many in the audience will start to laugh. They are being nice, not mean, knowing I like to be funny. But it is also a sign of these times that such a moving echo of the Sermon on the Mount can be perceived as outdated, wholly discredited horsecrap. Which it is not.
”
”
Kurt Vonnegut Jr. (Timequake)
“
Car pour s’intĂ©grer Ă  une culture, il faut, je vous le certifie, se dĂ©sintĂ©grer d’abord, du moins partiellement, de la sienne. Se dĂ©sunir, se dĂ©sagrĂ©ger, se dissocier. Tous ceux qui appellent les immigrĂ©s Ă  faire des ‘efforts d’intĂ©gration’ n’osent pas les regarder en face pour leur demander de commencer par faire ces nĂ©cessaires 'efforts de dĂ©sintĂ©gration'. Ils exigent d’eux d’arriver en haut de la montagne sans passer par l’ascension
”
”
NĂ©gar Djavadi (DĂ©sorientale)
“
Et que faudrait-il faire ? Chercher un protecteur puissant, prendre un patron, Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc Et s'en fait un tuteur en lui lĂ©chant l'Ă©corce, Grimper par ruse au lieu de s'Ă©lever par force ? Non, merci ! DĂ©dier, comme tous ils le font, Des vers aux financiers ? se changer en bouffon Dans l'espoir vil de voir, aux lĂšvres d'un ministre, NaĂźtre un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ? Non, merci ! DĂ©jeuner, chaque jour, d'un crapaud ? Avoir un ventre usĂ© par la marche ? une peau Qui plus vite, Ă  l'endroit des genoux, devient sale ? ExĂ©cuter des tours de souplesse dorsale ?... Non, merci ! D'une main flatter la chĂšvre au cou Cependant que, de l'autre, on arrose le chou, Et donneur de sĂ©nĂ© par dĂ©sir de rhubarbe, Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ? Non, merci ! Se pousser de giron en giron, Devenir un petit grand homme dans un rond, Et naviguer, avec des madrigaux pour rames, Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ? Non, merci ! Chez le bon Ă©diteur de Sercy Faire Ă©diter ses vers en payant ? Non, merci ! S'aller faire nommer pape par les conciles Que dans des cabarets tiennent des imbĂ©ciles ? Non, merci ! Travailler Ă  se construire un nom Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres ? Non, Merci ! Ne dĂ©couvrir du talent qu'aux mazettes ? Être terrorisĂ© par de vagues gazettes, Et se dire sans cesse : "Oh ! pourvu que je sois Dans les petits papiers du Mercure François" ?... Non, merci ! Calculer, avoir peur, ĂȘtre blĂȘme, PrĂ©fĂ©rer faire une visite qu'un poĂšme, RĂ©diger des placets, se faire prĂ©senter ? Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais... chanter, RĂȘver, rire, passer, ĂȘtre seul, ĂȘtre libre, Avoir l'Ɠil qui regarde bien, la voix qui vibre, Mettre, quand il vous plaĂźt, son feutre de travers, Pour un oui, pour un non, se battre, - ou faire un vers ! Travailler sans souci de gloire ou de fortune, À tel voyage, auquel on pense, dans la lune ! N'Ă©crire jamais rien qui de soi ne sortĂźt, Et modeste d'ailleurs, se dire : mon petit, Sois satisfait des fleurs, des fruits, mĂȘme des feuilles, Si c'est dans ton jardin Ă  toi que tu les cueilles ! Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard, Ne pas ĂȘtre obligĂ© d'en rien rendre Ă  CĂ©sar, Vis-Ă -vis de soi-mĂȘme en garder le mĂ©rite, Bref, dĂ©daignant d'ĂȘtre le lierre parasite, Lors mĂȘme qu'on n'est pas le chĂȘne ou le tilleul, Ne pas monter bien haut, peut-ĂȘtre, mais tout seul !
”
”
Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
“
Chaque fois que le dĂ©sordre s’accentue, le mouvement s’accĂ©lĂšre, car on fait un pas de plus dans le sens du changement pur et de l’« instantanĂ©itĂ© » ; c’est pourquoi, comme nous le disions plus haut, plus les Ă©lĂ©ments sociaux qui l’emportent sont d’un ordre infĂ©rieur, moins leur domination est durable. Comme tout ce qui n’a qu’une existence nĂ©gative, le dĂ©sordre se dĂ©truit lui-mĂȘme ; c’est dans son excĂšs mĂȘme que peut se trouver le remĂšde aux cas les plus dĂ©sespĂ©rĂ©s, parce que la rapiditĂ© croissante du changement aura nĂ©cessairement un terme ; et, aujourd’hui, beaucoup ne commencent-ils pas Ă  sentir plus ou moins confusĂ©ment que les choses ne pourront continuer Ă  aller ainsi indĂ©finiment ?
”
”
René Guénon (Spiritual Authority & Temporal Power)
“
Un acte qui nous prouverait, ainsi qu'Ă  lui-mĂȘme, qu'il Ă©tait rĂ©ellement possible de mettre en oeuvre les principes Ă©levĂ©s que nous avait enseignĂ©s Julian. Devoir, piĂ©tĂ©, loyautĂ©, sacrifice. Je me rappelle son reflet dans le miroir alors qu'il levait le revolver vers sa tĂȘte. Il avait une expression de concentration extatique, presque de triomphe, celle d'un plongeur de haut vol courant Ă  l'extrĂ©mitĂ© du tremplin : joyeux, les yeux fermĂ©s, dans l'attente du grand plongeon.
”
”
Donna Tartt (The Secret History)
“
Dans le systĂšme de la libertĂ© naturelle, le souverain n'a que trois devoirs Ă  remplir ; trois devoirs, Ă  la vĂ©ritĂ©, d'une haute importance, mais clairs, simples et Ă  la portĂ©e d'une intelligence ordinaire. - Le premier, c'est le devoir de dĂ©fendre la sociĂ©tĂ© de tout acte de violence ou d'invasion de la part des autres sociĂ©tĂ©s indĂ©pendantes. - Le second, c'est le devoir de protĂ©ger, autant qu'il est possible, chaque membre de la sociĂ©tĂ© contre l'injustice ou l'oppression de tout autre membre, ou bien le devoir d'Ă©tablir une administration exacte de la justice. - Et le troisiĂšme, c'est le devoir d'Ă©riger et d'entretenir certains ouvrages publics et certaines institutions que l'intĂ©rĂȘt privĂ© d'un particulier ou de quelques particuliers ne pourrait jamais les porter Ă  Ă©riger ou Ă  entretenir, parce que jamais le profit n'en rembourserait la dĂ©pense Ă  un particulier ou Ă  quelques particuliers, quoiqu'Ă  l'Ă©gard d'une grande sociĂ©tĂ© ce profit fasse beaucoup plus que rembourser les dĂ©penses.
”
”
Adam Smith (An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations)
“
The Tower is not a sacred monument, and no taboo can forbid a commonplace life to develop there, but there can be no question, nonetheless, of a trivial phenomenon here; the installation of a restaurant on the Tower, for instance ... The Eiffel Tower is a comfortable object, and moreover, it is in this that it its an object wither very old (analogous, for instance, to the Circus) or very modern (analogous to certain American institutions such as the drive-in movie, in which one can simultaneously enjoy the film, the car, the food, and the freshness of the night air). Further, by affording its visitor a whole polyphony of pleasures, from technological wonder to haute cuisine, including the panorama, the Tower ultimately reunites with the essential function of all major human sites: autarchy; the Tower can live on itself: one can dream there, eat there, observe there, understand there, marvel there, shop there, as on an ocean liner (another mythic object that sets children dreaming), one can feel oneself cut off from the world and yet the owner of a world.
”
”
Roland Barthes (The Eiffel Tower and Other Mythologies)
“
En effet, c'est une impression gĂ©nĂ©rale qu'Ă©prouvent tous les hommes, quoiqu'ils ne l'observent pas tous, que sur les hautes montagnes, oĂč l'air est pur et subtil, on se sent plus de facilitĂ© dans la respiration, plus de lĂ©gĂšretĂ© dans le corps, plus de sĂ©rĂ©nitĂ© dans l'esprit; les plaisirs y sont moins ardents, les passions plus modĂ©rĂ©es. (...) Il semble qu'en s'Ă©levant au-dessus du sĂ©jour des hommes, on y laisse tous les sentiments bas et terrestres, et qu'Ă  mesure qu'on approche des rĂ©gions Ă©thĂ©rĂ©es, l'Ăąme contracte quelque chose de leur inaltĂ©rable puretĂ©. On y est grave sans mĂ©lancolie, paisible sans indolence, content d'ĂȘtre et de penser : tous les dĂ©sirs trop vifs s'Ă©moussent, ils perdent cette pointe aiguĂ« qui les rend douloureux ; ils ne laissent au fond du cƓur qu'une Ă©motion lĂ©gĂšre et douce...
”
”
Jean-Jacques Rousseau (Julie ou la Nouvelle HĂ©loĂŻse (French Edition))
“
Puis il rĂ©flĂ©chit: la rĂ©alitĂ© ne coĂŻncide habituellement pas avec les prĂ©visions; avec une logique perverse, il en dĂ©duisit que prĂ©voir un dĂ©tail circonstanciel, c'est empĂȘcher que celui-ci se rĂ©alise. FidĂšle Ă  cette faible magie, il inventait, pour les empĂȘcher de se rĂ©aliser, des pĂ©ripĂ©ties atroces; naturellement, il finit par craindre que ces pĂ©ripĂ©ties ne fussent prophĂ©tiques. MisĂ©rable dans la nuit, il essayait de s'affirmer en quelque sorte dans la substance fugitive du temps. Il savait que celui-ci se prĂ©cipitait vers l'aube du 29; il raisonnait Ă  haute voix; je suis maintenant dans la nuit du 22; tant que durera cette nuit (et six nuits de plus) je suis invulnĂ©rable, immortel. Il pensait que les nuits de sommeil Ă©taient des piscines profondes et sombres dans lesquels il pouvait se plonger. Il souhaitait parfois avec impatience la dĂ©charge dĂ©finitive qui le libĂ©rerait tant bien que mal de son vain travail d'imagination.
”
”
Jorge Luis Borges (Ficciones)
“
What have you against analysis?’ Nothing—when it serves the cause of enlightenment, freedom, progress. Everything when it is pervaded by the horrible haut goĂ»t of the grave. And thus too with the body. We are to honour and uphold the body when it is a question of emancipation, of beauty, of freedom of thought, of joy, of desire. We must despise it in so far as it sets itself up as the principle of gravity and inertia, when it obstructs the movement toward light; we must despise it in so far as it represents the principle of disease and death, in so far as its specific essence is the essence of perversity, of decay, sensuality, and shame.
”
”
Thomas Mann (The Magic Mountain)
“
PrĂ©face J'aime l'idĂ©e d'un savoir transmis de maĂźtre Ă  Ă©lĂšve. J'aime l'idĂ©e qu'en marge des "maĂźtres institutionnels" que sont parents et enseignants, d'autres maĂźtres soient lĂ  pour dĂ©fricher les chemins de la vie et aider Ă  y avancer. Un professeur d'aĂŻkido cĂŽtoyĂ© sur un tatami, un philosophe rencontrĂ© dans un essai ou sur les bancs d'un amphi-thĂ©Ăątre, un menuisier aux mains d'or prĂȘt Ă  offrir son expĂ©rience... J'aime l'idĂ©e d'un maĂźtre considĂ©rant comme une chance et un honneur d'avoir un Ă©lĂšve Ă  faire grandir. Une chance et un honneur d'assister aux progrĂšs de cet Ă©lĂšve. Une chance et un honneur de participer Ă  son envol en lui offrant des ailes. Des ailes qui porteront l'Ă©lĂšve bien plus haut que le maĂźtre n'ira jamais. J'aime cette idĂ©e, j'y vois une des clefs d'un Ă©quilibre fondĂ© sur la transmission, le respect et l'Ă©volution. Je l'aime et j'en ai fait un des axes du "Pacte des MarchOmbres". Jilano, qui a Ă©tĂ© guidĂ© par EsĂźl, guide Ellana qui, elle-mĂȘme, guidera Salim... Transmission. Ellana, personnage ĂŽ combien essentiel pour moi (et pour beaucoup de mes lecteurs), dans sa complexitĂ©, sa richesse, sa volontĂ©, ne serait pas ce qu elle est si son chemin n avait pas croisĂ© celui de Jilano. Jilano qui a su dĂ©velopper les qualitĂ©s qu'il dĂ©celait en elle. Jilano qui l'a poussĂ©e, ciselĂ©e, enrichie, libĂ©rĂ©e, sans chercher une seule fois Ă  la modeler, la transformer, la contraindre. Respect. q Jilano, maĂźtre marchombre accompli. MaĂźtre accompli et marchombre accompli. Il sait ce qu'il doit Ă  EsĂźl qui l'a formĂ©. Il sait que sans elle, il ne serait jamais devenu l'homme qu'il est. L'homme accompli. Elle l'a poussĂ©, ciselĂ©, enrichi, libĂ©rĂ©, sans chercher une seule fois Ă  le modeler, le transformer, le contraindre. Respect. Évolution. EsĂźl, uniquement prĂ©sente dans les souvenirs de Jilano, ne fait qu'effleurer la trame du Pacte des Marchombres. Nul doute pourtant qu'elle soit parvenue Ă  faire dĂ©couvrir la voie Ă  Jilano et Ă  lui offrir un Ă©lan nĂ©cessaire pour qu'il y progresse plus loin qu'elle. Jilano agit de mĂȘme avec Ellana. Il sait, dĂšs le dĂ©part, qu'elle le distancera et attend ce moment avec joie et sĂ©rĂ©nitĂ©. Ellana est en train de libĂ©rer les ailes de Salim. Jusqu'oĂč s envolera-t-il grĂące Ă  elle ? J'aime cette idĂ©e, dans les romans et dans la vie, d’un maĂźtre transmettant son savoir Ă  un Ă©lĂšve afin qu a terme il le dĂ©passe. J'aime la gĂ©nĂ©rositĂ© qu'elle induit, la confiance qu'elle implique en la capacitĂ© des hommes Ă  s'amĂ©liorer. J'aime cette idĂ©e, mĂȘme si croiser un maĂźtre est une chance rare et mĂȘme s'il existe bien d'autres maniĂšres de prendre son envol. Lire. Écrire. S'envoler. Pierre Bottero
”
”
Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
“
Sagesse (I,X) Non. Il fut gallican, ce siĂšcle, et jansĂ©niste ! C'est vers le Moyen Age Ă©norme et dĂ©licat Qu'il faudrait que mon cƓur en panne naviguĂąt, Loin de nos jours d'esprit charnel et de chair triste. Roi, politicien, moine, artisan, chimiste, Architecte, soldat, mĂ©decin, avocat, Quel temps ! Oui, que mon cƓur naufragĂ© rembarquĂąt Pour toute cette force ardente, souple, artiste ! Et lĂ  que j'eusse part - quelconque, chez les rois Ou bien ailleurs, n'importe, - Ă  la chose vitale, Et que je fusse un saint, actes bons, pensers droits, Haute thĂ©ologie et solide morale, GuidĂ© par la folie unique de la Croix Sur tes ailes de pierre, ĂŽ folle CathĂ©drale !
”
”
Paul Verlaine (Sagesse / Amour / Bonheur)
“
Parfois, le destin ressemble Ă  une tempĂȘte de sable qui se dĂ©place sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui Ă©chapper. Mais la tempĂȘte modifie aussi la sienne. Tu changes Ă  nouveau le rythme de ta marche, et la tempĂȘte change son rythme elle aussi. C'est sans fin, cela se rĂ©pĂšte un nombre incalculable de fois, comme une danse macabre avec le dieu de la Mort, juste avant l'aube. Pourquoi ? parce que la tempĂȘte n'est pas un phĂ©nomĂšne venu d'ailleurs sans aucun lien avec toi. Elle est toi mĂȘme et rien d'autre. elle vient de l'intĂ©rieur de toi. Alors la seule chose que tu puisses faire, c'est pĂ©nĂ©trer dĂ©libĂ©rĂ©ment dedans, fermer les yeux et te boucher les oreilles afin d'empĂȘcher le sable d'y entrer, et la traverser pas Ă  pas. Au coeur de cette tempĂȘte, il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de lune, pas de repĂšre dans l'espace ; par moments, mĂȘme, le temps n'existe plus. Il n'y a que du sable blanc et fin comme des os broyĂ©s qui tourbillonne haut dans le ciel. VoilĂ  la tempĂȘte de sable que tu dois imaginer.
”
”
Haruki Murakami (Kafka on the Shore)
“
It is possible to die through the love of certain people, even as by their hate. There are absorbing passions, under the breath of which we feel ourselves depleted like the spouses of vampires. Not only do the wicked torment the good, but unconsciously the good torture the wicked. The gentleness of Abel was a long and painful bewitchment for the ferocity of Cain. Among evil men, the hatred of good originates in the very instinct of self-preservation; moreover, they deny that what torments them is good and are driven to deify and justify evil for their own peace. In the sight of Cain, Abel was a hypocrite and coward, who abused the pride of humanity by his scandalous submissions. to
”
”
Éliphas LĂ©vi (Dogme Et Rituel De La Haute Magie Part I (Illustrated English Version))
“
victor hugo, Les Contemplations, Mors Je vis cette faucheuse. Elle Ă©tait dans son champ. Elle allait Ă  grands pas moissonnant et fauchant, Noir squelette laissant passer le crĂ©puscule. Dans l'ombre oĂč l'on dirait que tout tremble et recule, L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx. Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux Tombaient ; elle changeait en dĂ©sert Babylone, Le trĂŽne en Ă©chafaud et l'Ă©chafaud en trĂŽne, Les roses en fumier, les enfants en oiseaux, L'or en cendre, et les yeux des mĂšres en ruisseaux. Et les femmes criaient : - Rends-nous ce petit ĂȘtre. Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naĂźtre ? - Ce n'Ă©tait qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ; Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ; Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre ; Les peuples Ă©perdus semblaient sous la faulx sombre Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ; Tout Ă©tait sous ses pieds deuil, Ă©pouvante et nuit. DerriĂšre elle, le front baignĂ© de douces flammes, Un ange souriant portait la gerbe d'Ăąmes.
”
”
Victor Hugo
“
Oder wie jener Zeck auf dem Baum, dem doch das Leben nichts anderes zu bieten hat als ein immerwĂ€hrendes ĂŒberwintern. Der kleine hĂ€ssliche Zeck, der seinen bleigrauen Körper zur Kugel formt, um der Außenwelt die geringstmögliche FlĂ€che zu bieten; der seine Haut glatt und derb macht, um nichts zu verströmen, kein bisschen von sich hinauszutranspirieren. Der Zeck, der sich extra klein und unansehnlich macht, damit niemand ihn sehe und zertrete. Der einsame Zeck, der in sich versammelt auf seinem Baume hockt, blind, taub und stumm, und nur wittert, jahrelang wittert, meilenweit, das Blut vorĂŒberwandernder Tiere, die er aus eigner Kraft niemals erreichen wird. Der Zeck könnte sich fallen lassen. Er könnte sich auf den Boden des Waldes fallen lassen, mit seinen sechs winzigen Beinchen ein paar Millimeter dahin und dorthin kriechen und sich unters Laub zum Sterben legen, es wĂ€re nicht schade um ihn, weiß Gott nicht. Aber der Zeck, bockig, stur und eklig, bleibt hocken und lebt und wartet. Wartet, bis ihm der höchst unwahrscheinliche Zufall das Blut in Gestalt eines Tieres direkt unter den Baum treibt. Und dann erst gibt er seine ZurĂŒckhaltung auf, lĂ€sst sich fallen und krallt und bohrt und beisst sich in das fremde Fleisch...
”
”
Patrick SĂŒskind (Perfume: The Story of a Murderer)
“
Il est un cĂŽtĂ© de la « culture bourgeoise » qui en dĂ©voile toute la petitesse, c'est son aspect de « roulement » conventionnel, de manque d'imagination, bref d'inconscience et de vanitĂ© : on ne se demande pas un instant « Ă  quoi bon tout cela » ; aucun auteur ne se demande s'il vaut la peine d'Ă©crire une nouvelle histoire aprĂšs tant d'autres histoires ; on semble en Ă©crire simplement parce que d'autres en ont Ă©crit, et parce qu'on ne voit pas pourquoi on ne le ferait pas et pourquoi on ne gagnerait pas une gloire que d'autres ont gagnĂ©e. C'est un perpetuum mobile que rien ne peut arrĂȘter, sauf une catastrophe ou, moins tragiquement, la disparition progressive des lecteurs ; sans public point de cĂ©lĂ©britĂ©, nous l'avons dit plus haut. Et ceci est arrivĂ© dans une certaine mesure : on ne lit plus d'anciens auteurs dont le prestige paraissait assurĂ© ; le grand public a d'autres besoins, d'autres ressources et d'autres distractions, fussent-elle des plus basses. La culture c'est, de plus en plus, l'absence de culture : la manie de se couper de ses racines et d'oublier d'oĂč l'on vient. Une des raisons subjectives de ce que nous pouvons appeler le « roulement culturel » est que l'homme n'aime pas se perdre tout seul, qu'il aime par consĂ©quent trouver des complices pour une perdition commune ; c'est ce que fait la culture profane, inconsciemment ou consciemment, mais non innocemment car l'homme porte au fond de lui-mĂȘme l'instinct de sa raison d'ĂȘtre et de sa vocation. On a souvent reprochĂ© aux civilisations orientales leur stĂ©rilitĂ© culturelle, c'est-Ă -dire le fait qu'elles ne comportent pas un fleuve habituel de production littĂ©raire, artistique et philosophique ; nous croyons pouvoir nous dispenser Ă  prĂ©sent de la peine d'en expliquer les raisons.
”
”
Frithjof Schuon (To Have a Center (Library of Traditional Wisdom))
“
LA ROSE ET LE RESADA Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous deux adoraient la belle PrisonniĂšre des soldats Lequel montait Ă  l'Ă©chelle Et lequel guettait en bas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Qu'importe comment s'appelle Cette clartĂ© sur leur pas Que l'un fut de la chapelle Et l'autre s'y dĂ©robĂąt Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Tous les deux Ă©taient fidĂšles Des lĂšvres du coeur des bras Et tous les deux disaient qu'elle Vive et qui vivra verra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Quand les blĂ©s sont sous la grĂȘle Fou qui fait le dĂ©licat Fou qui songe Ă  ses querelles Au coeur du commun combat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Du haut de la citadelle La sentinelle tira Par deux fois et l'un chancelle L'autre tombe qui mourra Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Ils sont en prison Lequel A le plus triste grabat Lequel plus que l'autre gĂšle Lequel prĂ©fĂšre les rats Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Un rebelle est un rebelle Deux sanglots font un seul glas Et quand vient l'aube cruelle Passent de vie Ă  trĂ©pas Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas RĂ©pĂ©tant le nom de celle Qu'aucun des deux ne trompa Et leur sang rouge ruisselle MĂȘme couleur mĂȘme Ă©clat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Il coule il coule il se mĂȘle À la terre qu'il aima Pour qu'Ă  la saison nouvelle MĂ»risse un raisin muscat Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas L'un court et l'autre a des ailes De Bretagne ou du Jura Et framboise ou mirabelle Le grillon rechantera Dites flĂ»te ou violoncelle Le double amour qui brĂ»la L'alouette et l'hirondelle La rose et le rĂ©sĂ©da
”
”
Louis Aragon
“
And please, whatever you do, don’t tell us that what we do, either in love or lust, is unnatural. For one thing if what you mean by that is that animals don’t do it, then you are quite simply in factual error. There are plenty of activities or qualities we could list that are most certainly unnatural if you are so mad as to think that humans are not part of nature, or so dull-witted as to believe that ‘natural’ means ‘all natures but human nature’: mercy, for example, is unÂŹnatural, an altruistic, non-selfish care and love for other species is unnatural; charity is unnatural, justice is unnatural, virtue is unnatural, indeed — and this surely is the point — the idea of virtue is unnatural, within such a foolish, useless meaning of the word ‘natural’. Animals, poor things, eat in order to survive: we, lucky things, do that too, but we also have Abbey Crunch biscuits, Armagnac, selle d’agneau, tortilla chips, sauce bĂ©arnaise, Vimto, hot buttered crumpets, Chateau Margaux, ginger-snaps, risotto nero and peanut-butter sandwiches — these things have nothing to do with survival and everything to do with pleasure, connoisseurship and plain old greed. Animals, poor things, copulate in order to reproduce: we, lucky things, do that too, but we also have kinky boots, wank-mags, leather thongs, peep-shows, statuettes by Degas, bedshows, Tom of Finland, escort agencies and the Journals of AnaĂŻs Nin — these things have nothing to do with reproduction and everything to do with pleasure, connoisseurship and plain old lust. We humans have opened up a wide choice of literal and metaphorical haute cuisine and junk food in many areas of our lives, and as a punishment, for daring to eat the fruit of every tree in the garden, we were expelled from the Eden the animals still inhabit and we were sent away with the two great Jewish afflictions to bear as our penance: indigestion and guilt.
”
”
Stephen Fry (Moab Is My Washpot (Memoir, #1))
“
- Maman, pourquoi les nuages vont dans un sens et nous dans l'autre ? Isaya sourit, caressa la joue de sa fille du bout des doigts. - Il y a deux rĂ©ponses Ă  ta question. Comme Ă  toutes les questions, tu le sais bien. Laquelle veux-tu entendre ? - Les deux. -Laquelle en premier alors ? La fillette plissa le nez. - Celle du savant. - Nous allons vers le nord parce que nous cherchons une terre oĂč nous Ă©tablir. Un endroit oĂč construire une belle maison, Ă©lever des coureurs et cultiver des racines de niam. C'est notre rĂȘve depuis des annĂ©es et nous avons quittĂ© Al-Far pour le vivre. - Je n’aime pas les galettes de niam... - Nous planterons aussi des fraises, promis. Les nuages, eux, n'ont pas le choix. Ils vont vers le sud parce que le vent les pousse et, comme ils sont trĂšs trĂšs lĂ©gers, il sont incapables de lui rĂ©sister. - Et la rĂ©ponse du poĂšte ? - Les hommes sont comme les nuages. Ils sont chassĂ©s en avant par un vent mystĂ©rieux et invisible face auquel ils sont impuissants. Ils croient maĂźtriser leur route et se moquent de la faiblesse des nuages, mais leur vent Ă  eux est mille fois plus fort que celui qui souffle lĂ -haut. La fillette croisa les bras et parut se dĂ©sintĂ©resser de la conversation afin d'observer un vol de canards au plumage chatoyant qui se posaient sur la riviĂšre proche. Indigo, Ă©meraude ou vert pĂąle, ils se bousculaient dans une cacophonie qui la fit rire aux Ă©clats. Lorsque les chariots eurent dĂ©passĂ© les volatiles, elle se tourna vers sa mĂšre. - Cette fois, je prĂ©fĂšre la rĂ©ponse du savant. -Pourquoi ? demande Isaya qui avait attendu sereinement la fin de ce qu'elle savait ĂȘtre une intense rĂ©flexion. - J'aime pas qu'on me pousse en cachette.
”
”
Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
“
Mais oui, maĂźtresse... Tenez ! juste au-dessus de nous, voilĂ  le Chemin de saint Jacques (la Voie lactĂ©e). Il va de France droit sur l’Espagne. C’est saint Jacques de Galice qui l’a tracĂ© pour montrer sa route au brave Charlemagne lorsqu’il faisait la guerre aux Sarrasins. Plus loin, vous avez le Char des Ames (la Grande Ourse) avec ses quatre essieux resplendissants. Les trois Ă©toiles qui vont devant sont les Trois BĂȘtes, et cette toute petite contre la troisiĂšme c’est le Charretier. Voyez-vous tout autour cette pluie d’étoiles qui tombent ? Ce sont les Ăąmes dont le bon Dieu ne veut pas chez lui... Un peu plus bas, voici le RĂąteau ou les Trois Rois (Orion). C’est ce qui nous sert d’horloge, Ă  nous autres. Rien qu’en les regardant, je sais maintenant qu’il est minuit passĂ©. Un peu plus bas, toujours vers le midi, brille Jean de Milan, le flambeau des astres (Sirius). Sur cette Ă©toile-lĂ , voici ce que les bergers racontent. Il paraĂźt qu’une nuit Jean de Milan, avec les Trois Rois et la PoussiniĂšre (la PlĂ©iade), furent invitĂ©s Ă  la noce d’une Ă©toile de leurs amies. PoussiniĂšre, plus pressĂ©e, partit, dit-on, la premiĂšre, et prit le chemin haut. Regardez-la, lĂ -haut, tout au fond du ciel. Les Trois Rois coupĂšrent plus bas et la rattrapĂšrent ; mais ce paresseux de Jean de Milan, qui avait dormi trop tard, resta tout Ă  fait derriĂšre, et furieux, pour les arrĂȘter, leur jeta son bĂąton. C’est pourquoi les Trois Rois s’appellent aussi le BĂąton de Jean de Milan... Mais la plus belle de toutes les Ă©toiles, maĂźtresse, c’est la nĂŽtre, c’est l’Etoile du Berger, qui nous Ă©claire Ă  l’aube quand nous sortons le troupeau, et aussi le soir quand nous le rentrons. Nous la nommons encore Maguelonne, la belle Maguelonne qui court aprĂšs Pierre de Provence (Saturne) et se marie avec lui tous les sept ans
”
”
Alphonse Daudet (Lettres de mon moulin)
“
Les Poets de Sept ans Et la MĂšre, fermant le livre du devoir, S'en allait satisfaite et trĂšs fiĂšre sans voir, Dans les yeux bleus et sous le front plein d'Ă©minences, L'Ăąme de son enfant livrĂ©e aux rĂ©pugnances. Tout le jour, il suait d'obĂ©issance ; trĂšs Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits Semblaient prouver en lui d'Ăącres hypocrisies. Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies, En passant il tirait la langue, les deux poings A l'aine, et dans ses yeux fermĂ©s voyait des points. Une porte s'ouvrait sur le soir : Ă  la lampe On le voyait, lĂ -haut, qui rĂąlait sur la rampe, Sous un golfe de jour pendant du toit. L'Ă©tĂ© Surtout, vaincu, stupide, il Ă©tait entĂȘtĂ© A se renfermer dans la fraĂźcheur des latrines: Il pensait lĂ , tranquille et livrant ses narines. Quand, lavĂ© des odeurs du jour, le jardinet DerriĂšre la maison, en hiver, s'illunait , Gisant au pied d'un mur, enterrĂ© dans la marne Et pour des visions Ă©crasant son oeil darne, Il Ă©coutait grouiller les galeux espaliers. PitiĂ© ! Ces enfants seuls Ă©taient ses familiers Qui, chĂ©tifs, fronts nus, oeil dĂ©teignant sur la joue, Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue Sous des habits puant la foire et tout vieillots, Conversaient avec la douceur des idiots ! Et si, l'ayant surpris Ă  des pitiĂ©s immondes, Sa mĂšre s'effrayait, les tendresses profondes, De l'enfant se jetaient sur cet Ă©tonnement. C'Ă©tait bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment! A sept ans, il faisait des romans, sur la vie Du grand dĂ©sert oĂč luit la LibertĂ© ravie, ForĂȘts, soleils, rives, savanes ! - Il s'aidait De journaux illustrĂ©s oĂč, rouge, il regardait Des Espagnoles rire et des Italiennes. Quand venait, l'Oeil brun, folle, en robes d'indiennes, -Huit ans -la fille des ouvriers d'Ă  cĂŽtĂ©, La petite brutale, et qu'elle avait sautĂ©, Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses, Et qu'il Ă©tait sous elle, il lui mordait les fesses, Car elle ne portait jamais de pantalons; - Et, par elle meurtri des poings et des talons, Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre. Il craignait les blafards dimanches de dĂ©cembre, OĂč, pommadĂ©, sur un guĂ©ridon d'acajou, Il lisait une Bible Ă  la tranche vert-chou; Des rĂȘves l'oppressaient, chaque nuit, dans l'alcĂŽve. Il n'aimait pas Dieu; mais les hommes qu'au soir fauve, Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg OĂč les crieurs, en trois roulements de tambour, Font autour des Ă©dits rire et gronder les foules. - Il rĂȘvait la prairie amoureuse, oĂč des houles Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or, Font leur remuement calme et prennent leur essor ! Et comme il savourait surtout les sombres choses, Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes, Haute et bleue, Ăącrement prise d'humiditĂ©, Il lisait son roman sans cesse mĂ©ditĂ©, Plein de lourds ciels ocreux et de forĂȘts noyĂ©es, De fleurs de chair aux bois sidĂ©rals dĂ©ployĂ©es, Vertige, Ă©croulement, dĂ©routes et pitiĂ© ! - Tandis que se faisait la rumeur du quartier, En bas, - seul et couchĂ© sur des piĂšces de toile Écrue et pressentant violemment la voile!
”
”
Arthur Rimbaud
“
Seigneur je suis trĂšs fatiguĂ©. Je suis nĂ© fatiguĂ©. Et j'ai beaucoup marchĂ© depuis le chant du coq Et le morne est bien haut qui mĂšne Ă  leur Ă©cole. Seigneur, je ne veux plus aller Ă  leur Ă©cole, Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus. Je veux suivre mon pĂšre dans les ravines fraĂźches Quand la nuit flotte encore dans le mystĂšre des bois OĂč glissent les esprits que l'aube vient chasser. Je veux aller pieds nus par les rouges sentiers Que cuisent les flammes de midi, Je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers, Je veux me rĂ©veiller Lorsque lĂ -bas mugit la sirĂšne des blancs Et que l'Usine Sur l'ocĂ©an des cannes Comme un bateau ancrĂ© Vomit dans la campagne son Ă©quipage nĂšgre... Seigneur, je ne veux plus aller Ă  leur Ă©cole, Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus. Ils racontent qu'il faut qu'un petit nĂšgre y aille Pour qu'il devienne pareil Aux messieurs de la ville Aux messieurs comme il faut Mais moi je ne veux pas Devenir, comme ils disent, Un monsieur de la ville, Un monsieur comme il faut. Je prĂ©fĂšre flĂąner le long des sucreries OĂč sont les sacs repus Que gonfle un sucre brun autant que ma peau brune. Je prĂ©fĂšre vers l'heure oĂč la lune amoureuse Parle bas Ă  l'oreille des cocotiers penchĂ©s Ecouter ce que dit dans la nuit La voix cassĂ©e d'un vieux qui raconte en fumant Les histoires de Zamba et de compĂšre Lapin Et bien d'autres choses encore Qui ne sont pas dans les livres. Les nĂšgres, vous le savez, n'ont que trop travaillĂ©. Pourquoi faut-il de plus apprendre dans les livres Qui nous parlent de choses qui ne sont point d'ici ? Et puis elle est vraiment trop triste leur Ă©cole, Triste comme Ces messieurs de la ville, Ces messieurs comme il faut Qui ne savent plus danser le soir au clair de lune Qui ne savent plus marcher sur la chair de leurs pieds Qui ne savent plus conter les contes aux veillĂ©es. Seigneur, je ne veux plus aller Ă  leur Ă©cole.
”
”
Guy Tirolien (Balles d'or: PoÚmes (Poésie) (French Edition))
“
La civilisation occidentale s'est entiĂšrement tournĂ©e, depuis deux ou trois siĂšcles, vers la mise Ă  la disposition de l'homme de moyens mĂ©caniques de plus en plus puissants. Si l'on adopte ce critĂšre, on fera de la quantitĂ© d'Ă©nergie disponible par tĂȘte d'habitant l'expression du plus ou moins haut degrĂ© de dĂ©veloppement des sociĂ©tĂ©s humaines. La civilisation occidentale, sous sa forme nord-amĂ©ricaine, occupera la place de tĂȘte, les sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes venant ensuite, avec, Ă  la traĂźne, une masse de sociĂ©tĂ©s asiatiques et africaines qui deviendront vite indistinctes. Or ces centaines ou mĂȘme ces milliers de sociĂ©tĂ©s qu'on appelle "insuffisamment dĂ©veloppĂ©es" et "primitives", qui se fondent dans un ensemble confus quand on les envisage sous le rapport que nous venons de citer (et qui n'est guĂšre propre Ă  les qualifier, puisque cette ligne de dĂ©veloppement leur manque ou occupe chez elles une place trĂšs secondaire), elles se placent aux antipodes les unes des autres ; selon le point de vue choisi, on aboutirait donc Ă  des classements diffĂ©rents. Si le critĂšre retenu avait Ă©tĂ© le degrĂ© d'aptitude Ă  triompher des milieux gĂ©ographiques les plus hostiles, il n'y a guĂšre de doute que les Eskimos d'une part, les BĂ©douins de l'autre, emporteraient la palme. (p.36)
”
”
Claude LĂ©vi-Strauss (Race et histoire)
“
L'homme qui se juge supĂ©rieur, infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  un autre ne comprend pas la rĂ©alitĂ©. Cette idĂ©e-lĂ  n'a peut-ĂȘtre de sens que dans le cadre d'une doctrine qui considĂšre le "moi" comme une illusion et, Ă  moins d'y adhĂ©rer, mille contre-exemples se pressent, tout notre systĂšme de pensĂ©e repose sur une hiĂ©rarchie des mĂ©rites selon laquelle, disons, le Mahatma Gandhi est une figure humaine plus haute que le tueur pĂ©dophile Marc Dutroux. Je prends Ă  dessein un exemple peu contestable, beaucoup de cas se discutent, les critĂšres varient, par ailleurs les bouddhistes eux-mĂȘmes insistent sur la nĂ©cessitĂ© de distinguer, dans la conduite de la vie, l'homme intĂšgre du dĂ©pravĂ©. Pourtant, et bien que je passe mon temps Ă  Ă©tablir de telles hiĂ©rarchies, bien que comme Limonov je ne puisse pas rencontrer un de mes semblables sans me demander plus ou moins consciemment si je suis au-dessus ou au-dessous de lui et en tirer soulagement ou mortification, je pense que cette idĂ©e - je rĂ©pĂšte : "L'homme qui se juge supĂ©rieur, infĂ©rieur ou Ă©gal Ă  un autre, ne comprends pas la rĂ©alitĂ©" est le sommet de la sagesse et qu'une vie ne suffit pas Ă  s'en imprĂ©gner, Ă  la digĂ©rer, Ă  se l'incorporer, en sorte qu'elle cesse d'ĂȘtre une idĂ©e pour informer le regard et l'action en toutes circonstances. Faire ce livre, pour moi, est une façon bizarre d'y travailler. (p. 227-228)
”
”
Emmanuel CarrĂšre (Limonov)
“
Chaque fois que je vais dans un super-market, ce qui du reste m'arrive rarement, je me crois en Russie. C'est la mĂȘme nourriture imposĂ©e d'en haut, pareille oĂč qu'on aille, imposĂ©e par des trusts au lieu de l'ĂȘtre par des organismes d’État. Les États-Unis, en un sens, sont aussi totalitaires que l'URSS, et dans l'un comme dans l'autre pays, et comme partout d'ailleurs, le progrĂšs (c'est-Ă -dire l'accroissement de l'immĂ©diat bien-ĂȘtre humain) ou mĂȘme le maintien du prĂ©sent Ă©tat de choses dĂ©pend de structures de plus en plus complexes et de plus en plus fragiles. Comme l'humanisme un peu bĂ©at du bourgeois de 1900, le progrĂšs Ă  jet continu est un rĂȘve d'hier. Il faut rĂ©apprendre Ă  aimer la condition humaine telle qu'elle est, accepter ses limitations et ses dangers, se remettre de plain-pied avec les choses, renoncer Ă  nos dogmes de partis, de pays, de classes, de religions, tous intransigeants et donc tous mortels. Quand je pĂ©tris la pĂąte, je pense aux gens qui ont fait pousser le blĂ©, je pense aux profiteurs qui en font monter artificiellement le prix, aux technocrates qui en ont ruinĂ© la qualitĂ© - non que les techniques rĂ©centes soient nĂ©cessairement un mal, mais parce qu'elles se sont mises au service de l'aviditĂ© qui en est un, et parce que la plupart ne peuvent s'exercer qu'Ă  l'aide de grandes concentrations de forces, toujours pleines de potentiels pĂ©rils. Je pense aux gens qui n'ont pas de pain, et Ă  ceux qui en ont trop, je pense Ă  la terre et au soleil qui font pousser les plantes. Je me sens Ă  la fois idĂ©aliste et matĂ©rialiste. Le prĂ©tendu idĂ©aliste ne voit pas le pain, ni le prix du pain, et le matĂ©rialiste, par un curieux paradoxe, ignore ce que signifie cette chose immense et divine que nous appelons "la matiĂšre". (p. 242)
”
”
Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
“
Qui vous le dit, qu’elle (la vie) ne vous attend pas ? Certes, elle continue, mais elle ne vous oblige pas Ă  suivre le rythme. Vous pouvez bien vous mettre un peu entre parenthĂšses pour vivre ce deuil
 accordez-vous le temps. *** Parce que Ò«a me fait plaisir. Parce que je sais aussi que l’entourage peut se montrer trĂšs discret dans pareille situation, et que de se changer les idĂ©es de temps en temps fait du bien. Parce que je sais que vous aimez la montagne et que vous n’iriez pas toute seule. *** Oui. Si vous perdez une jambe, Ò«a se voit, les gens sont conciliants. Et encore, pas tous. Mais quand c’est un morceau de votre cƓur qui est arrachĂ©, Ò«a ne se voit pas de l’extĂ©rieur, et c’est au moins aussi douloureux
 Ce n’est pas de la faute des gens. Ils ne se fient qu’aux apparences. Il faut gratter pour voir ce qu’il y a au fond. Si vous jetez une grosse pierre dans une mare, elle va faire des remous Ă  la surface. Des gros remous d'abord, qui vont gifler les rives, et puis des remous plus petits, qui vont finir par disparaĂźtre. Peu Ă  peu, la surface redevient lisse et paisible. Mais la grosse pierre est quand mĂȘme au fond. La grosse pierre est quand mĂȘme au fond. *** La vie s’apparente Ă  la mer. Il y a les bruit des vagues, quand elles s’abattent sur la plage, et puis le silence d’aprĂšs, quand elles se retirent. Deux mouvement qui se croissent et s’entrecoupent sans discontinuer. L’un est rapide, violent, l’autre est doux et lent. Vous aimeriez vous retirer, dans le mĂȘme silence des vagues, partir discrĂštement, vous faire oublier de la vie. Mais d’autres vague arrivent et arriveront encore et toujours. Parce que c’est Ò«a la vie
 C’est le mouvement, c’est le rythme, le fracas parfois, durant la tempĂȘte, et le doux clapotis quand tout est calme. Mais le clapotis quand mĂȘme Un bord de mer n'est jamais silencieux, jamais. La vie non plus, ni la vĂŽtre, ni la mienne. Il y a les grains de sables exposĂ©s aux remous et ceux protĂ©gĂ©s en haut de la plage. Lesquels envier? Ce n'est pas avec le sable d'en haut, sec et lisse, que l'on construit les chĂąteaux de sable, c'est avec celui qui fraye avec les vagues car ses particules sont coalescentes. Vous arriverez Ă  reconstruire votre chĂąteau, vous le construirez avec des grains qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les dĂ©ferlantes de la vie, parce qu'avec eux, le ciment est solide.. *** « Tu ne sais jamais Ă  quel point tu es fort jusqu’au jour oĂč ĂȘtre fort reste la seule option. » C’est Bob Marley qui a dit Ò«a. *** Manon ne referme pas violemment la carte du restaurant. Elle n’éprouve pas le besoin qu’il lui lise le menu pour qu’elle ne voie pas le prix, et elle trouvera Ă©gal que chaque bouchĂ©e vaille cinq euros. Manon profite de la vie. Elle accepte l’invitation avec simplicitĂ©. Elle dĂ©fend la place des femmes sans ĂȘtre une fĂ©ministe acharnĂ©e et cela ne lui viendrait mĂȘme pas Ă  l’idĂ©e de payer sa part. D’abord, parce qu’elle sait que Paul s’en offusquerait, ensuite, parce qu’elle aime ces petites marques de galanterie, qu’elle regrette de voir disparaĂźtre avec l’évolution d’une sociĂ©tĂ© en pertes de repĂšres.
”
”
AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
“
Memories fill my mind, as though they are my own, of not just events from Gideon's life, but of various flavors and textures: breast milk running easily down into my stomach, chicken cooked with butter and parsley, split peas and runner beans and butter beans, and oranges and peaches, strawberries freshly picked from the plant; hot, strong coffees each morning; pasta and walnuts and bread and brie; then something sweet: a pan cotta, with rose and saffron, and a white wine: tannin, soil, stone fruits, white blossom; and---oh my god---ramen, soba, udon, topped with nori and sesame seeds; miso with tofu and spring onions, fugu and tuna sashimi dipped in soy sauce, onigiri with a soured plum stuffed in the middle; and then something I don't know, something unfamiliar but at the same time deeply familiar, something I didn't realize I craved: crispy ground lamb, thick, broken noodles, chili oil, fragrant rice cooked in coconut milk, tamarind... and then a bright green dessert---the sweet, floral flavor of pandan fills my mouth.
”
”
Claire Kohda (Woman, Eating)
“
Sein braungebrannter Oberkörper war noch ein wenig feucht und Wasser tropfte von seinen langen dunklen Haaren auf seine Haut. Ich biss mir auf die Unterlippe, was die einzige Bewegung war, zu der ich fĂ€hig war. Mir war klar, dass ich ihn peinlicherweise jetzt genau wie die Schlampen im Club wollĂŒstig anschmachtete, aber ich konnte nichts dagegen tun. Eigentlich sollte ich wirklich gehen, aber ich konnte nicht. Außerdem, hatte er mich nicht schon einmal genau so im Badezimmer beobachtet? Also war es nur fair. Er war so verdammt gut anzusehen und mein Körper reagierte wie der jeder Frau bei diesem Anblick. Mir wurde heiß, nicht nur im Gesicht, sondern ĂŒberall, vor allem weiter unten. Dabei hatte ich ihn schon in seinen Badeshorts gesehen, aber dennoch, das hier war etwas komplett anderes. Was noch schlimmer wurde, als er das Tuch von der HĂŒfte löste und begann, damit seine Haare zu rubbeln. Unter der Haut bewegten sich die Muskeln seines RĂŒckens, die hinunter zur schmalen HĂŒfte verliefen. Mein Blick ging noch tiefer und ich hatte keine Spucke mehr im Mund, als ich seinen Po betrachtete. UnwillkĂŒrlich krallte ich die Finger in meine Shorts, was zur Folge hatte, dass mir das Handy aus der Hand rutschte und auf den Boden fiel. Der Teppich war dick und dĂ€mpfte das GerĂ€usch, aber man konnte es dennoch deutlich hören. Instinktiv wollte ich die Augen zusammenpressen, so wie kleine Kinder, die sich nur mit dem Gesicht hinter einem Vorhang versteckten, und glauben, wenn sie den anderen nicht sehen konnten, dann wĂŒrden sie auch nicht gesehen werden. Was natĂŒrlich nicht der Fall war. Daher schluckte ich und sah wieder hoch und – wie erwartet – in Johnnys Gesicht, als er ĂŒber die Schulter blickte. Und was ich in seinen tiefblauen Augen lodern sah, erregte mich stĂ€rker und machte mir gleichzeitig mehr Angst, als alles zuvor. Meine Augen blieben an seinen haften, auch als ich aus den Augenwinkeln bemerkte, wie er das Handtuch wieder um die HĂŒfte legte. Langsam drehte er sich um und beinahe raubtierhaft zielstrebig kam er auf mich zu, wie ein geschmeidiger Panther, den nichts stoppen konnte. Kurz vor mir blieb er stehen, als wĂŒrde er warten, ob ich davonlief oder nicht. Auf keinen Fall, jetzt nicht mehr. Zu keinem Zeitpunkt hatte er den Blickkontakt zu mir unterbrochen, er musste meine Gedanken darin gelesen haben. Seine HĂ€nde umfassten mein Gesicht, strichen mir halbfeuchte Haare aus der Stirn und dann beugte er sich zu mir hinab. Ich hielt den Atem an, wartete auf seine Lippen, die sich aber nicht auf meine legten, sondern einen Zentimeter vorher verharrten. Als wĂŒrde er noch immer auf meine Entscheidung warten. Mir wurde klar, dass ich diese schon lange getroffen hatte, nur viel zu feige und engstirnig gewesen war, sie mir auch einzugestehen. Ich griff in seine nassen Haare und zog ihn das verbleibende StĂŒck zu mir hinunter. Ein Blitzschlag fuhr von meinen Lippen ausgehend durch meinen Körper, zwischen meine Beine – dann war es um mich und meine Selbstbeherrschung geschehen. Und wie es aussah, auch um seine. Denn statt weiterhin so sanft mein Gesicht zu halten, rutschten seine HĂ€nde meinen RĂŒcken entlang bis er an meiner HĂŒfte angelangt war und sie fest drĂŒckte. Wie von selbst bog sich ihm mein Körper entgegen und ich strich mit der Zunge ĂŒber seine Lippen, dann öffnete ich den Mund fĂŒr seine und unser Kuss wurde fordernder. Seine HĂ€nde glitten noch weiter hinunter, umfassten meinen Po und wĂ€hrend wir uns keuchend kĂŒssten, hob er mich mit einem Ruck hoch. Meine Beine schlang ich um seine HĂŒfte und unter dem Tuch konnte ich ihn spĂŒren, was mir ein Stöhnen entlockte, das mir noch nie ĂŒber die Lippen gekommen war. Daraufhin gab Johnny einen erstickten Laut von sich, kĂŒsste mein Kinn, meinen Hals und knabberte am Ohr, an dem er heiser flĂŒsterte: »Sag mir, dass ich aufhören soll.« »Hör nicht auf«, bat ich leise und drĂŒckte mich nur noch fester an ihn.
”
”
Martina Riemer (Road to Hallelujah (Herzenswege #1))
“
« Norbert de Varenne parlait d’une voix claire, mais retenue, qui aurait sonnĂ© dans le silence de la nuit s’il l’avait laissĂ©e s’échapper. Il semblait surexcitĂ© et triste, d’une de ces tristesses qui tombent parfois sur les Ăąmes et les rendent vibrantes comme la terre sous la gelĂ©e. Il reprit : « Qu’importe, d’ailleurs, un peu plus ou un peu moins de gĂ©nie, puisque tout doit finir ! » Et il se tut. Duroy, qui se sentait le cƓur gai, ce soir-lĂ , dit, en souriant : « Vous avez du noir, aujourd’hui, cher maĂźtre. » Le poĂšte rĂ©pondit. « J’en ai toujours, mon enfant, et vous en aurez autant que moi dans quelques annĂ©es. La vie est une cĂŽte. Tant qu’on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux ; mais, lorsqu’on arrive en haut, on aperçoit tout d’un coup la descente, et la fin qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça va vite quand on descend. À votre Ăąge, on est joyeux. On espĂšre tant de choses, qui n’arrivent jamais d’ailleurs. Au mien, on n’attend plus rien... que la mort. » Duroy se mit Ă  rire : « Bigre, vous me donnez froid dans le dos. » Norbert de Varenne reprit : « Non, vous ne me comprenez pas aujourd’hui, mais vous vous rappellerez plus tard ce que je vous dis en ce moment. » « Il arrive un jour, voyez- vous, et il arrive de bonne heure pour beaucoup, oĂč c’est fini de rire, comme on dit, parce que derriĂšre tout ce qu’on regarde, c’est la mort qu’on aperçoit. » « Oh ! vous ne comprenez mĂȘme pas ce mot-lĂ , vous, la mort. À votre Ăąge, ça ne signifie rien. Au mien, il est terrible. » « Oui, on le comprend tout d’un coup, on ne sait pas pourquoi ni Ă  propos de quoi, et alors tout change d’aspect, dans la vie. Moi, depuis quinze ans, je la sens qui me travaille comme si je portais en moi une bĂȘte rongeuse. Je l’ai sentie peu Ă  peu, mois par mois, heure par heure, me dĂ©grader ainsi qu’une maison qui s’écroule. Elle m’a dĂ©figurĂ© si complĂštement que je ne me reconnais pas. Je n’ai plus rien de moi, de moi l’homme radieux, frais et fort que j’étais Ă  trente ans. Je l’ai vue teindre en blanc mes cheveux noirs, et avec quelle lenteur savante et mĂ©chante ! Elle m’a pris ma peau ferme, mes muscles, mes dents, tout mon corps de jadis, ne me laissant qu’une Ăąme dĂ©sespĂ©rĂ©e qu’elle enlĂšvera bientĂŽt aussi. » « Oui, elle m’a Ă©miettĂ©, la gueuse, elle a accompli doucement et terriblement la longue destruction de mon ĂȘtre, seconde par seconde. Et maintenant je me sens mourir en tout ce que je fais. Chaque pas m’approche d’elle, chaque mouvement, chaque souffle hĂąte son odieuse besogne. Respirer, dormir, boire, manger, travailler, rĂȘver, tout ce que nous faisons, c’est mourir. Vivre enfin, c’est mourir ! » » (de « Bel-Ami » par Guy de Maupassant)
”
”
Guy de Maupassant