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Well, said the haut prince, this day must noble knights joust.
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Thomas Malory
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Les droits imprescriptibles du lecteur :
1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre.
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n'importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n'importe oĂč.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire Ă haute voix.
10. Le droit de nous taire.
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Daniel Pennac
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Un bon livre, au contraire, ne cherche pas Ă vous captiver, il vous fait regarder vers le haut (le ciel sans nuage d'Ă©tĂ©) tout en plongeant au fond de vous-mĂȘme.
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Dany LaferriĂšre (L'art presque perdu de ne rien faire)
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The clock strikes off the hollow half-hours of all the life that is left to you, one by one.
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Emily Brontë (Jane Eyre / Les Hauts de Hurle-Vent / Agnes Grey)
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Die Welt ist gierig, und manchmal verschlingt sie kleine Kinder mit Haut und Haaren.
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Christoph Marzi (Lycidas (Uralte Metropole, #1))
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Chaque sourire cachait un bùillement d'ennui, chaque joie une malédiction, tout plaisir son dégoût, et les meilleurs baisers ne vous laissaient sur la lÚvre qu'une irréalisable envie d'une volupté plus haute.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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I think perfectionism is just a high-end, haute couture version of fear.
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Elizabeth Gilbert (Big Magic: Creative Living Beyond Fear)
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Si vous me demandez ce que je viens faire en ce monde, moi artiste, je vous répondrai: je viens vivre tout haut.
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Ămile Zola (The Experimental Novel And Other Essays)
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But for me, dinner at a fine restaurant was the ultimate luxury. It was the very height of civilization. For what was civilization but the intellect's ascendancy out of the doldrums of necessity (shelter, sustenance and survival) into the ether of the finely superfluous (poetry, handbags and haute cuisine)? So removed from daily life was the whole experience that when all was rotten to the core, a fine dinner could revive the spirits. If and when I had twenty dollars left to my name, I was going to invest it right here in an elegant hour that couldn't be hocked.
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Amor Towles (Rules of Civility)
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La plus grande chute est celle qu'on fait du haut de l'innocence.
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Heiner MĂŒller
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In the beginning, she had hauted me, haunted my dreams, but even now, just weeks later, she was slipping away, falling apart in my memory and everyone else's, dying again.
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John Green (Looking for Alaska)
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If crow speaks to the fox, he speaks to him from the top of the tree. (Si corbeau parle au renard, Il lui parle du haut de l' arbre)
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Charles de Leusse
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La solitude offre Ă l'homme intellectuellement haut placĂ© un double avantage : le premier, d'ĂȘtre avec soi-mĂȘme, et le second de n'ĂȘtre pas avec les autres.
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Arthur Schopenhauer (The Wisdom of Life)
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Wir spĂŒren die KĂ€lte, aber sie macht uns nichts aus, denn sie schadet uns nicht. Wenn wir uns gegen die KĂ€lte warm anziehen wĂŒrden, könnten wir andere Dinge nicht mehr spĂŒren, das Kribbeln der Sterne oder die Musik des Mondlichtes auf der Haut. DafĂŒr lohnt es sich, die KĂ€lte zu ertragen.
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Philip Pullman (The Golden Compass (His Dark Materials, #1))
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So there I was eating haute cuisine in a mobile home. He cooked for me as seduction, a courtship, so that I'd never again be impressed with a man who simply took me out to dinner. And I fell in love with him over a deer's liver.
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Kristin Kimball (The Dirty Life: On Farming, Food, and Love)
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Yes Mrs Reed, to you i owe some fearful pangs of mental suffering, but i ought to forgive you, for you knew not what you did while rendering my heart strings, you thought you were only uprooting your bad propensities.
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Charlotte Brontë (Jane Eyre / Les Hauts de Hurle-Vent / Agnes Grey)
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Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout
Contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfants qui s'aiment
Ne sont lĂ pour personne
Et c'est seulement leur ombre
Qui tremble dans la nuit
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris, leurs rires et leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont lĂ pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour
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Jacques Prévert (Paroles)
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D'une complexion farouche et bavarde, ayant le dĂ©sir de ne voir personne et le besoin de parler Ă quelqu'un, il se tirait d'affaire en se parlant Ă lui-mĂȘme. Quiconque a vĂ©cu solitaire sait Ă quel point le monologue est dans la nature. La parole intĂ©rieure dĂ©mange. Haranguer l'espace est un exutoire. Parler tout haut et tout seul, cela fait l'effet d'un dialogue avec le dieu qu'on a en soit.
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Victor Hugo (The Man Who Laughs)
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Wie rau der Morgen war. So weiĂ, so kĂŒhl gegen das sanfte Violett der Nacht; so harsch und bloĂ nach den reich gekleideten TrĂ€umen. So unnachsichtig klar, wie Glassplitter auf der nackten Haut, wenn sie noch weich und verwundbar war unter den Laken. So herzzerreiĂend licht, wenn man sterben musste.
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Lilach Mer (Der siebte Schwan)
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The greatest gift of education, Korya, is the years of shelter provided when learning. Do not think to reduce that learning to facts and the utterances of presumed sages. Much of what one learns in that time is in the sphere of concord, the ways of society, the proprieties of behaviour and thought. Haut would tell you that this is another hard-won achievement of civilization: the time and safe environment in which to learn how to live. When this is destroyed, undermined or discounted, then that civilization is in trouble.
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Steven Erikson (Forge of Darkness (The Kharkanas Trilogy #1))
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Sois satisfait des fleurs, des fruits, mĂȘme des feuilles,
Si c'est dans ton jardin Ă toi que tu les cueilles !
Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,
Ne pas ĂȘtre obligĂ© d'en rien rendre Ă CĂ©sar,
Vis-Ă -vis de soi-mĂȘme en garder le mĂ©rite,
Bref, dĂ©daignant d'ĂȘtre le lierre parasite,
Lors mĂȘme qu'on n'est pas le chĂȘne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-ĂȘtre, mais tout seul !
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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Tout mâavale. Quand jâai les yeux fermĂ©s, câest par mon ventre que je suis avalĂ©e, câest dans mon
ventre que jâĂ©touffe. Quand jâai les yeux ouverts, câest parce que je vois que je suis avalĂ©e, câest dans
le ventre de ce que je vois que je suffoque. Je suis avalée par le fleuve trop grand, par le ciel trop
haut, par les fleurs trop fragiles, par les papillons trop craintifs, par le visage trop beau de ma mĂšre.
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Réjean Ducharme (L'avalée des avalés)
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The look is elegant and sacrilegious and makes me feel sacred and immoral.
Haute couture and getting hauter.
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Chuck Palahniuk (Invisible Monsters)
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Tu es plus arrangeante qu'une commode, Ă jamais sortir un mot plus haut que l'autre, Ă jamais faire de caprices, mais dĂšs qu'on te parle de mari, tu es pire qu'une enclume.
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Christelle Dabos
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Les lÚvres d'une femme m'émeuvent quand elles s'approchent, nues, pour un baiser, elles se déshabillent entiÚrement, du haut des mots jusqu'en bas.
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Erri De Luca (I pesci non chiudono gli occhi)
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Je ne me rendais pas compte que câĂ©tait justement parce quâelle mâavait tant Ă©levĂ©e que je pouvais maintenant la regarder de haut.
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Caroline Dawson (LĂ oĂč je me terre)
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Car tout bourgeois, dans l'Ă©chauffement de sa jeunesse, ne fĂ»t-ce qu'un jour, une minute, s'est cru capable d'immenses passions, de hautes entreprises. Le plus mĂ©diocre libertin. a rĂȘvĂ© des sultanes ; chaque notaire porte en soi les dĂ©bris d'un poĂšte.
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Gustave Flaubert
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Le jeune Apollon me faisant face m'attrape violemment par l'avant-bras, son antipathie me parvenant par vagues, des vagues si hautes que j'ai l'impression de me noyer dans un océan hostile.
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Elisia Blade (Hollywood en Irlande (Crush Story #1))
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All miracles are promised to faith, and what is faith except the audacity of will which does not hesitate in the darkness, but advances towards the light in spite of all ordeals, and surmounting all obstacles? It
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Ăliphas LĂ©vi (Dogme Et Rituel De La Haute Magie Part I (Illustrated English Version))
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Oisive jeunesse
Ă tout asservie,
Par délicatesse
J'ai perdu ma vie.
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Arthur Rimbaud
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Il existe je ne sais quoi de grand et dâĂ©pouvantable dans le suicide. Les chutes dâune multitude de gens sont sans danger, comme celles des enfants qui tombent de trop bas pour se blesser; mais quand un grand homme se brise, il doit venir de bien haut, sâĂȘtre Ă©levĂ© jusquâaux cieux, avoir entrevu quelque paradis inaccessible. Implacables doivent ĂȘtre les ouragans qui le forcent Ă demander la paix de lâĂąme Ă la bouche dâun pistolet⊠Chaque suicide est un poĂšme sublime de mĂ©lancolie.
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Honoré de Balzac (La Peau De Chagrin)
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The Jaghut drew weapons. Beside Onos Toolan, Haut said, âJoin us, First Sword. If we must die, must it be on the back step? I think not.â His eyes flashed from the shadows of his helm. âFirst Sword â do you see? Forkrul Assail, KâChain CheâMalle, Imass and now Jaghut! What a fell party this is!â
Gedoran grunted and said, âAll we now need are a few Thel Akai, Haut, and we can swap old lies all night long!
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Steven Erikson (The Crippled God (Malazan Book of the Fallen, #10))
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It is undoubtedly contagious to breathe the same air as diseased persons, and to be within the circle of attraction and expansion which surrounds the wicked.
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Ăliphas LĂ©vi (Dogme Et Rituel De La Haute Magie Part I (Illustrated English Version))
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Elle les avait démasqués de loin, les petits ambitieux qui la trouvait banale vue de face, mais trÚs jolie vue de dot.
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Pierre Lemaitre (Au revoir lĂ -haut)
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Que me terrassant aient vécu, plus haut et clair que nous ne vivons, ceux qui furent à peine et redeviennent si peu.
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Pierre Michon (Small Lives)
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Quand on se compare Ă ce qui vous entoure, on s'admire ; mais quand on lĂšve les yeux plus haut, vers les maĂźtres, vers l'absolu, vers le rĂȘve, comme on se mĂ©prise  !
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Gustave Flaubert (Correspondance 3e série. 1852-1854 (French Edition))
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J'aimerais bien appartenir Ă une haute classe culturelle qu'Ă une haute classe sociale.
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Imene MELLAL
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Denn gerade so haut dich das Leben ĂŒbers Ohr. Es packt dich, wenn deine Seele noch schlĂ€ft und gibt dir ein Bild ein oder einen Geruch oder einen Klang, die du nicht mehr loswirst.
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Alessandro Baricco (Castelli di rabbia)
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Si la trahison nâa pas accru la simplicitĂ©, la confiance plus haute, lâĂ©tendue de lâamour, on vous aura trahi bien inutilement, et vous pourrez vous dire quâil nâest rien arrivĂ©
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Hamza wolf
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Es ist eine tödliche Spannung, die wie ein schartiges Messer unser RĂŒckenmark entlang kratzt. Die Beine wollen nicht mehr, die HĂ€nde zittern, der Körper ist eine dĂŒnne Haut ĂŒber mĂŒhsam unterdrĂŒcktem Wahnsinn, ĂŒber einem gleich hemmungslos ausbrechenden GebrĂŒll ohne Ende.
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Erich Maria Remarque (Im Westen Nichts Neues)
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Les gens n'attendent en général qu'une seule chose de vous: que vous leur renvoyiez l'image de ce qu'ils veulent que vous soyez. Et cette image que je leur proposais, ils n'en voulaient surtout pas. C'était une vue du monde d'en haut, une vue qui n'avait rien à faire ici. Alors s'il y a une leçon que j'ai bien apprise en prÚs de vingt-huit ans de présence sur cette Terre, c'est que l'habit doit faire le moine et peu importe ce que cache la soutane.
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Jean-Paul Didierlaurent (Le Liseur du 6h27)
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In dieser Traumwelt lebte er mehr als in der wirklichen Welt: Schulsaal, Klosterhof,⊠war nur OberflĂ€che, nur eine dĂŒnne Haut ĂŒber der traumgefĂŒllten, ĂŒnerwirklichen Bilderwelt. Ein nichts war genug, um in diese dĂŒnne Haut ein Loch zu stossen, und hinter der friedlichen dĂŒrren Wirklichkeit die tosenden AbgrĂŒnde, Ströme und Milchstrassen jener Seelenbilderwelt zu entfachen.
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Hermann Hesse
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To be sucked down by this whirling stream is to fall into abysses of madness, more frightful than those of death; to expel the shades of this chaos and compel it to give perfect forms to our thoughts - this is to be a man of genius; it is to create, it is to be victorious over hell! The
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Ăliphas LĂ©vi (Dogme Et Rituel De La Haute Magie Part I (Illustrated English Version))
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La vie est une cĂŽte. Tant qu'on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux; mais, lorsqu'on arrive en haut, on aperçoit tout d'un coup la descente, et la fin, qui est la mort. Ăa va lentement quand on monte, mais ça va vite quand on descend. A votre Ăąge, on est joyeux. On espĂšre tant de choses, qui n'arrivent jamais d'ailleurs. Au mien, on n'attend plus rien... que la mort.
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Guy de Maupassant (Bel-Ami)
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Je suis trop intelligente, trop exigeante et trop riche pour que personne puisse se charger de moi entiĂšrement. Personne ne me connaĂźt ni ne m'aime tout entiĂšre. Je n'ai que moi.
Il ne faut pas que j'essaie de tromper cette solitude en renonçant Ă ce que je peux seule porter. Il faut que je vive, sachant que personne ne m'aidera Ă vivre. Ma force, c'est que je m'estime aussi haut que n'importe quel autrui ; je peux bien envier Ă l'un ou l'autre telle qualitĂ© ; de personne la valeur ne me semble dĂ©passer la mienne : je possĂšde autant. Seule je vivrai, forte de ce que je sais ĂȘtre.
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Simone de Beauvoir (Cahiers de jeunesse: 1926-1930)
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Ils devraient toujours lire le livre à voix haute et claire, se tenir de toutes leurs forces exempts de toute mémoire de l'avoir jamais lu, dans la conviction de n'en connaßtre rien, et cela chaque soir.
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Marguerite Duras (Blue Eyes, Black Hair)
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Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'Ăąme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'Ăąpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
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Victor Hugo (Les ChĂątiments)
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Le plaisir sexuel n'était pas seulement supérieur, en raffinement et en violence, à tous les autres plaisirs que pouvait comporter la vie; il n'était pas seulement l'unique plaisir qui ne s'accompagne d'aucun dommage pour l'organisme, mais qui contribue au contraire à le maintenir à son plus haut niveau de vitalité et de force; il était l'unique plaisir, l'unique objectif en vérité de l'existence humaine, et tous les autres - qu'ils soient associés aux nourritures riches, au tabac, aux alcools ou à la drogue - n'étaient que des compensations dérisoires et désespérées, des mini-suicides qui n'avaient pas le courage de dire leur nom, des tentatives pour détruire plus rapidement un corps qui n'avait plus accÚs au plaisir unique.
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Michel Houellebecq (The Possibility of an Island)
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Ici, je me cache quand je veux. Je puis me cacher des jours et des jours, sans quâon sache si jâexiste ou non, et, sans que je le sache bien moi-mĂȘme. Je mâenferme lĂ -haut. Je lis, je dors, je rĂȘve. Je ne bouge plus.
â
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Anne Hébert (Le Temps Sauvage ; Suivi De La MerciÚre Assassinée ; Et Les Invités Au ProcÚs)
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BientÎt la conversation reprit entre les trois dames, que la présence de cette fille avait rendues subitement amies, presque intimes. Elles devaient faire, leur semblait-il, comme un faisceau de leurs dignités d'épouses en face de cette vendue sans vergogne; car l'amour légal le prend toujours de haut avec son libre confrÚre.
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Guy de Maupassant
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For what was civilization but the intellectâs ascendancy out of the doldrums of necessity (shelter, sustenance and survival) into the ether of the finely superfluous (poetry, handbags and haute cuisine)? So removed from daily life was the whole experience that when all was rotten to the core, a fine dinner could revive the spirits.
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Amor Towles (Rules of Civility)
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Le parti national-socialiste avait fait un fameux cadeau Ă ces SS-lĂ : ils pouvaient marcher au combat sans aucun risque physique, dĂ©crocher les honneurs sans avoir Ă entendre siffler les balles. L'impunitĂ© psychologique Ă©tait plus difficile Ă atteindre. Tous les officiers SS avaient des camarades qui s'Ă©taient suicidĂ©s. Le haut commandment avait pondu des circulaires pour dĂ©noncer ces pertes futiles : il fallait ĂȘtre simple d'esprit pour croire que les juifs, parce qu'ils n'avaient pas de fusils, ne possĂ©daient pas d'armes d'un autre calibre : des armes sociales, Ă©conomiques et politiques. En fait, le juif Ă©tait armĂ© jusqu'aux dents. Trempez votre caractĂšre dans l'acier, soulignaient les circulaires, car l'enfant juif est une bombe Ă retardement culturelle, la femme juive, un tissu biologique de toutes les trahisons, le mĂąle juif, un ennemi plus implacable encore qu'aucun Russe ne saurait l'ĂȘtre. (ch. 20)
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Thomas Keneally (Schindlerâs List)
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Sonnet VIII
Je vis, je meurs : je me brûle et me noie,
Jâai chaud extrĂȘme en endurant froidure ;
La vie mâest et trop molle et trop dure,
Jâai grands ennuis entremĂȘlĂ©s de joie.
Tout en un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment jâendure,
Mon bien sâen va, et Ă jamais il dure,
Tout en un coup je sĂšche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mĂšne
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie ĂȘtre certaine,
Et ĂȘtre en haut de mon dĂ©sirĂ© heur,
Il me remet en mon premier malheur.
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Louise LabĂ© (Ćuvres complĂštes: Sonnets, Elegies, DĂ©bat de folie et d'amour)
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C'est que, faute de savoir ce qui est écrit là -haut, on ne sait ni ce qu'on veut ni ce qu'on fait, et qu'on suit sa fantaisie qu'on appelle raison, ou sa raison qui n'est souvent qu'une dangereuse fantaisie qui tourne tantÎt bien, tantÎt mal.
â
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Denis Diderot (Jacques le fataliste et son maĂźtre)
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But theyâre your countrymen, Witcher,â Regis said. âI mean, they call you Geralt of Rivia.â âA slight correction,â he replied coldly. âI call myself that to make my name sound fancier. Itâs an addition that inspires more trust in my clients.â âI see,â the vampire said, smiling. âAnd why exactly did you choose Rivia?â âI drew sticks, marked with various grand-sounding names. My witcher preceptor suggested that method to me, although not initially. Only after Iâd insisted on adopting the name Geralt Roger Eric du Haute-Bellegarde. Vesemir thought it was ridiculous; pretentious and idiotic. I dare say he was right.
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Andrzej Sapkowski (Baptism of Fire (The Witcher, #3))
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Hin und wieder spĂŒrte ich die Sonne auf der Haut, die sich aus den zerzausten Wolken befreite. Dazu den Wind und deine Worte. Was hast du zu mir gesagt? Was hast du mir erzĂ€hlt? Wenn ich mich nur an alles erinnern könnte.
In jener Zeit waren wir unsterblich. Das Leben erschien uns so lang.
Ich spĂŒrte die Sonne und den Wind und deine Worte auf der Haut, und nichts anderes zĂ€hlte.
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Paola Predicatori (Il mio inverno a Zerolandia)
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Les coutures, les modes sont souvent apliquées à couper les corps féminin de a transcendance: la Chinoise aux pieds bandés peut à peine marcher, les griffes vernies de la star d'Hollywood la privent de ses mains, les hauts talons, les corsets, les paniers, les vertugadins, les crinolines étaient destinés moins à accentuer la combrure du corps féminin qu'à en augmenter l'impotence.
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Simone de Beauvoir (Le deuxiĂšme sexe, I)
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Câest Ă©vident, ma chĂšre enfant. Tu es malheureuse parce quâil serait anormal, voire indĂ©cent dâĂȘtre heureux quand on est AlgĂ©rien, ou tout simplement quand on a du cĆur. Je connais des algĂ©riens qui sont heureux. Mais ceux-lĂ sont des amnĂ©siques. Ils ne sont pas nombreux, certes, mais nĂ©anmoins jâen connais, ils ont le geste sĂ»r des complexes ignorĂ©s. Ils ont le verbe haut et ne doutent de rien, les malheureux ! Voyez dâailleurs les Ăąnes comme ils sourient de toutes leurs narines, contents de leur filiation indĂ©cise, contents parce que le sourire ridicule de leurs narines marque leur satisfaction suprĂȘme de manger des chardons. MĂȘme en français ils sont contents de braire.
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Malek Haddad (L'élÚve Et La Leçon)
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Si elle avait dit oui Ă voix haute, si elle avait acceptĂ© de participer de plein grĂ© Ă la scĂšne d'amour, l'excitation serait retombĂ©e. Car ce qui excitait l'Ăąme, c'Ă©tait justement d'ĂȘtre trahie par le corps qui agissait contre sa volontĂ©, et d'assister Ă cette trahison (p.125)
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LeĂŻla Slimani (Dans le jardin de l'ogre)
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His voice was light as a feather and every word that fell from his lips was clear. The sound of his footsteps made Shen Qingqiu's heart leap as if he was bungee jumping at a high altitude after an ice-bucket challenge.
Sa voix Ă©tait lĂ©gĂšre comme une plume et chaque mot qui tombait de ses lĂšvres Ă©tait clair. Le son de ses pas fit bondir le cĆur de Shen Qingqiu comme s'il faisait du saut Ă l'Ă©lastique en haute altitude aprĂšs un ice-bucket challenge.
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ćąšéŠéè (The Scum Villain's Self-Saving System: Ren Zha Fanpai Zijiu Xitong, Vol. 1)
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Nâimporte ! elle nâĂ©tait pas heureuse, ne lâavait jamais Ă©tĂ©. DâoĂč venait donc cette insuffisance de la vie, cette pourriture instantanĂ©e des choses oĂč elle sâappuyait ?⊠Mais, sâil y avait quelque part un ĂȘtre fort et beau, une nature valeureuse, pleine Ă la fois dâexaltation et de raffinements, un coeur de poĂšte sous une forme dâange, lyre aux cordes dâairain, sonnant vers le ciel des Ă©pithalames Ă©lĂ©giaques, pourquoi, par hasard, ne le trouveraitelle pas ? Oh ! quelle impossibilitĂ© ! Rien, dâailleurs, ne valait la peine dâune recherche ; tout mentait ! Chaque sourire cachait un bĂąillement dâennui, chaque joie une malĂ©diction, tout plaisir son dĂ©goĂ»t, et les meilleurs baisers ne vous laissaient sur la lĂšvre quâune irrĂ©alisable envie dâune voluptĂ© plus haute.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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I still quote Eugene Debs (1855â1926), late of Terre Haute, Indiana, five times the Socialist Partyâs candidate for President, in every speech: âWhile there is a lower class I am in it, while there is a criminal element I am of it; while there is a soul in prison, I am not free.â In recent years, Iâve found it prudent to say before quoting Debs that he is to be taken seriously. Otherwise many in the audience will start to laugh. They are being nice, not mean, knowing I like to be funny. But it is also a sign of these times that such a moving echo of the Sermon on the Mount can be perceived as outdated, wholly discredited horsecrap. Which it is not.
â
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Kurt Vonnegut Jr. (Timequake)
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Il ne s'agit point de t'offusquer de ce que l'un diffÚre de l'autre, de ce que les aspirations de l'un s'opposent aux aspirations de l'autre, de ce que le langage de l'un ne soit point le langage de l'autre, il s'agßt de t'en réjouir. Car si te voilà créateur tu batiras un temple de portée plus haute qui sera leur commune mesure.
Mais je dis aveugle celui-là qui s'imagine créer s'il démonte la cathédrale et aligne dans l'ordre par rang de taille les pierres l'une aprÚs l'autre.
(chapitre LXXV)
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Antoine de Saint-Exupéry (Citadelle)
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El cristianismo no debĂa odiar a la magia; pero la ignorancia humana siempre tiene miedo de lo desconocido.
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Ăliphas LĂ©vi (Dogme et rituel de la haute magie: Tome 1. Dogme (French Edition))
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Mais celui qui parle le langage de la raison est celui qui aime le moins. Gauvain savait déjà cette vérité-là (52).
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BenoĂźte Groult (Salz auf unserer Haut: Roman (German Edition))
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Augustus Waters me plaisait. Il me plaisait vraiment, vraiment beaucoup. Le fait qu'il termine son histoire par quelqu'un d'autre me plaisait. Sa voix me plaisait. Qu'il fasse des « entraßnements à haute teneur existentielle » me plaisait. Qu'il soit professeur titulaire de la chaire du Sourire en coin et de celle de la Voix qui fait frissonner ma peau me plaisait. Qu'il ait deux noms me plaisait. J'ai toujours aimé les gens qui ont deux noms parce que cela vous oblige à choisir : Gus ou Augustus ? Moi, je n'ai jamais été qu'Hazel, point.
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John Green (The Fault in Our Stars)
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Well, Iâm sure you know that our country is the only so-called advanced nation that still has a death penalty. And torture chambers. I mean, why screw around? But listen: If anyone here should wind up on a gurney in a lethal-injection facility, maybe the one at Terre Haute, here is what your last words should be: âThis will certainly teach me a lesson.â If Jesus were alive today, we would kill him with lethal injection. I call that progress. We would have to kill him for the same reason he was killed the first time. His ideas are just too liberal.
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Kurt Vonnegut Jr. (Armageddon in Retrospect)
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Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous ĂȘtes si jolies mais la barque s'Ă©loigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains
Or des vergers fleuris se figeaient en arriĂšre
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupiÚres
Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traßnée par un ùne
Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment
Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes
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Guillaume Apollinaire (Alcools)
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Dans le systĂšme de la libertĂ© naturelle, le souverain n'a que trois devoirs Ă remplir ; trois devoirs, Ă la vĂ©ritĂ©, d'une haute importance, mais clairs, simples et Ă la portĂ©e d'une intelligence ordinaire. - Le premier, c'est le devoir de dĂ©fendre la sociĂ©tĂ© de tout acte de violence ou d'invasion de la part des autres sociĂ©tĂ©s indĂ©pendantes. - Le second, c'est le devoir de protĂ©ger, autant qu'il est possible, chaque membre de la sociĂ©tĂ© contre l'injustice ou l'oppression de tout autre membre, ou bien le devoir d'Ă©tablir une administration exacte de la justice. - Et le troisiĂšme, c'est le devoir d'Ă©riger et d'entretenir certains ouvrages publics et certaines institutions que l'intĂ©rĂȘt privĂ© d'un particulier ou de quelques particuliers ne pourrait jamais les porter Ă Ă©riger ou Ă entretenir, parce que jamais le profit n'en rembourserait la dĂ©pense Ă un particulier ou Ă quelques particuliers, quoiqu'Ă l'Ă©gard d'une grande sociĂ©tĂ© ce profit fasse beaucoup plus que rembourser les dĂ©penses.
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Adam Smith (An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations)
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Mach dir keine Sorgen. Du hast zuviel und zuwenig gesehen, wie alle Menschen vor dir. Du hast zuviel geweint, vielleicht auch zuwenig, wie alle Menschen vor dir. Vielleicht hast du zuviel geliebt, und gehaĂt - aber nu wenige Jahre - zwanzig oder so. Was sind schon zwanzig Jahre? Dann war ein Teil von dir tot, genau wie bei allen Menschen, die nicht mehr lieben oder hassen können.
Du hast viele Schmerzen ertragen, ungern wie alle Menschen vor dir. Dein Körper war dir sehr bald lĂ€stig. Du hast ihn nie geliebt. Das war schlecht fĂŒr dich - oder auch gut, denn an einem ungeliebten Körper hĂ€ngt die Seele nicht sehr. Und was ist die Seele? Wahrscheinlich hast du nie eine gehabt, nur Verstand, und der war nicht gedenkend der GefĂŒhle. Oder war da manchmal noch etwas anderes? FĂŒr Augenblicke? Beim Anblick von Glockenblumen oder Katzenaugen und des Kummers um einen Menschen, oder gewisser Steine, BĂ€ume und Statuen; der Schwalben ĂŒber der groĂen Stadt Rom.
Mach dir keine Sorgen.
Auch wenn du mir einer Seele behaftet wĂ€rest, sie wĂŒnscht nichts als tiefen, traumlosen Schlaf. Der ungeliebte Körper wird nicht mehr schmerzen. Blut, Fleisch, Knochen und Haut, alles wird ein HĂ€ufchen Asche sein, und auch das Gehirn wird endlich aufhören zu denken. DafĂŒr sei Gott bedankt, den es nicht gibt.
Mach dir keineSorgen - alles wird vergebens gewesen sein - wie bei allen Menschen vor dir. Eine völlig normale Geschichte.
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Marlen Haushofer
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Als ich aus Kuwait zurĂŒckkam, war das Geld auf meinem Konto. Was hĂ€tte ich machen sollen? Nach Kuwait fliegen und dem Attache sagen, er solle sein Geld wieder nehmen und mir meien Freundin wiedergeben? Mich, wenn er mir ins Geischt lacht, beim Emir beschweren? Unseren AuĂenminister bitten, er soll mit dem Emir sprechen? HĂ€tte ich ein paar Kerle von der Russenmafia engagieren und mit ihnen die Anlage aufrollen sollen, in der der Attache gewohnt und sie vermutlich gefangen gehalten hat? Ich weiĂ, ein richtiger Mann, der seine Frau liebt, haut sie raus. Wenn er dabei zugrunde geht, geht er dabei zugrunde. Besser mit Anstand sterben als in Feigheit leben. Ich weiĂ auch, dass ich mit drei Millionen eigentlich genug Geld hatte, um mir Russen und die Waffen und den Hubschrauber und was man sonst noch braucht zu besorgen. Aber das ist Film. Das ist nicht meine Welt. Das kann ich nicht. Die Kerle von der Russenmafia wĂŒrden mir einfach Geld abnehmen, und die Waffen wĂ€ren verrostet, und der Hubschrauber hĂ€tte einen Getriebesschaden.
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Bernhard Schlink (SommerlĂŒgen)
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AprĂšs un premier avantage, n'allez pas vous endormir ou vouloir donner Ă vos troupes un repos hors de saison. Poussez votre pointe avec la mĂȘme rapiditĂ© qu'un torrent qui se prĂ©cipiterait de mille toises de haut. Que votre ennemi n'ait pas le temps de se reconnaĂźtre, et ne pensez Ă recueillir les fruits de votre victoire que lorsque sa dĂ©faite entiĂšre vous aura mis en Ă©tat de le faire sĂ»rement, avec loisir et tranquillitĂ©.
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Sun Tzu (The Art of War)
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What have you against analysis?â Nothingâwhen it serves the cause of enlightenment, freedom, progress. Everything when it is pervaded by the horrible haut goĂ»t of the grave. And thus too with the body. We are to honour and uphold the body when it is a question of emancipation, of beauty, of freedom of thought, of joy, of desire. We must despise it in so far as it sets itself up as the principle of gravity and inertia, when it obstructs the movement toward light; we must despise it in so far as it represents the principle of disease and death, in so far as its specific essence is the essence of perversity, of decay, sensuality, and shame.
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Thomas Mann (The Magic Mountain)
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Lorsque jâai commencĂ© Ă voyager en Gwendalavir aux cĂŽtĂ©s d'EwĂŹlan et de Salim, je savais que, au fil de mon Ă©criture, ma route croiserait celle d'une multitude de personnages. Personnages attachants ou irritants, discrets ou hauts en couleurs, pertinents ou impertinents, sympathiques ou malĂ©fiques... Je savais cela et je m'en rĂ©jouissais.
Rien, en revanche, ne m'avait préparé à une rencontre qui allait bouleverser ma vie.
Rien ne m'avait préparé à Ellana.
Elle est arrivĂ©e dans la QuĂȘte Ă sa maniĂšre, tout en finesse tonitruante, en dĂ©licatesse remarquable, en discrĂ©tion Ă©tincelante. Elle est arrivĂ©e Ă un moment clef, elle qui se moque des serrures, Ă un moment charniĂšre, elle qui se rit des portes, au sein dâun groupe constituĂ©, elle pourtant pĂ©trie dâindĂ©pendance, son caractĂšre forgĂ© au feu de la solitude.
Elle est arrivĂ©e, s'est glissĂ©e dans la confiance d'Ewilan avec l'aisance d'un songe, a captĂ© le regard dâEdwin et son respect, a sĂ©duit Salim, conquis maĂźtre Duom... Je lâai regardĂ©e agir, admiratif ; sans me douter un instant de la toile que sa prĂ©sence, son charisme, sa beautĂ© tissaient autour de moi.
Aucun calcul de sa part. Ellana vit, elle ne calcule pas. Elle s'est contentĂ©e d'ĂȘtre et, ce faisant, elle a tranquillement troquĂ© son statut de personnage secondaire pour celui de figure emblĂ©matique d'une double trilogie qui ne portait pourtant pas son nom. Convaincue du pouvoir de l'ombre, elle n'a pas cherchĂ© la lumiĂšre, a Ă©paulĂ© Ewilan dans sa quĂȘte d'identitĂ© puis dans sa recherche d'une parade au danger qui menaçait l'Empire.
Sans elle, Ewilan n'aurait pas retrouvĂ© ses parents, sans elle, l'Empire aurait succombĂ© Ă la soif de pouvoir des Valinguites, mais elle nâen a tirĂ© aucune gloire, trop Ă©quilibrĂ©e pour ignorer que la victoire s'appuyait sur les Ă©paules d'un groupe de compagnons soudĂ©s par une indĂ©fectible amitiĂ©.
Lorsque j'ai posé le dernier mot du dernier tome de la saga d'Ewilan, je pensais que chacun de ses compagnons avait mérité le repos. Que chacun d'eux allait suivre son chemin, chercher son bonheur, vivre sa vie de personnage libéré par l'auteur aprÚs une éprouvante aventure littéraire.
Chacun ?
Pas Ellana.
Impossible de la quitter. Elle hante mes rĂȘves, se promĂšne dans mon quotidien, fluide et insaisissable, transforme ma vision des choses et ma perception des autres, crochĂšte mes pensĂ©es intimes, escalade mes dĂ©sirs secrets...
Un auteur peut-il tomber amoureux de l'un de ses personnages ?
Est-ce moi qui ai créé Ellana ou n'ai-je vraiment commencĂ© Ă exister que le jour oĂč elle est apparue ? Nos routes sont-elles liĂ©es Ă jamais ?
â Il y a deux rĂ©ponses Ă ces questions, souffle le vent Ă mon oreille. Comme Ă toutes les questions. Celle du savant et celle du poĂšte.
â Celle du savant ? Celle du poĂšte ? Qu'est-ce que...
â Chut... Ăcris.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Car pour sâintĂ©grer Ă une culture, il faut, je vous le certifie, se dĂ©sintĂ©grer dâabord, du moins partiellement, de la sienne. Se dĂ©sunir, se dĂ©sagrĂ©ger, se dissocier. Tous ceux qui appellent les immigrĂ©s Ă faire des âefforts dâintĂ©grationâ nâosent pas les regarder en face pour leur demander de commencer par faire ces nĂ©cessaires 'efforts de dĂ©sintĂ©gration'. Ils exigent dâeux dâarriver en haut de la montagne sans passer par lâascension
â
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Négar Djavadi (Désorientale)
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Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,
Grimper par ruse au lieu de s'élever par force ?
Non, merci ! Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers ? se changer en bouffon
Dans l'espoir vil de voir, aux lĂšvres d'un ministre,
NaĂźtre un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci ! Déjeuner, chaque jour, d'un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? une peau
Qui plus vite, Ă l'endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ?...
Non, merci ! D'une main flatter la chĂšvre au cou
Cependant que, de l'autre, on arrose le chou,
Et donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci ! Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ?
Non, merci ! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant ? Non, merci !
S'aller faire nommer pape par les conciles
Que dans des cabarets tiennent des imbéciles ?
Non, merci ! Travailler Ă se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres ? Non,
Merci ! Ne découvrir du talent qu'aux mazettes ?
Ătre terrorisĂ© par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse : "Oh ! pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François" ?...
Non, merci ! Calculer, avoir peur, ĂȘtre blĂȘme,
Préférer faire une visite qu'un poÚme,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais... chanter,
RĂȘver, rire, passer, ĂȘtre seul, ĂȘtre libre,
Avoir l'Ćil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaĂźt, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, - ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
Ă tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N'écrire jamais rien qui de soi ne sortßt,
Et modeste d'ailleurs, se dire : mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, mĂȘme des feuilles,
Si c'est dans ton jardin Ă toi que tu les cueilles !
Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,
Ne pas ĂȘtre obligĂ© d'en rien rendre Ă CĂ©sar,
Vis-Ă -vis de soi-mĂȘme en garder le mĂ©rite,
Bref, dĂ©daignant d'ĂȘtre le lierre parasite,
Lors mĂȘme qu'on n'est pas le chĂȘne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-ĂȘtre, mais tout seul !
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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Haute couture and getting hauter.
Fire inches down the foyer wallpaper. Me, for added set dressing I started the fire. Special effects can go a long way to heighten a mood, and it's not as if this is a real house. What's burning down is a re-creation of a period revival house patterned after a copy of a copy of a copy of a mock-Tudor big manor house. It's a hundred generations removed from anything original, but the truth is aren't we all?
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Chuck Palahniuk (Invisible Monsters Remix)
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Chaque fois que le dĂ©sordre sâaccentue, le mouvement sâaccĂ©lĂšre, car on fait un pas de plus dans le sens du changement pur et de lâ« instantanĂ©itĂ© » ; câest pourquoi, comme nous le disions plus haut, plus les Ă©lĂ©ments sociaux qui lâemportent sont dâun ordre infĂ©rieur, moins leur domination est durable. Comme tout ce qui nâa quâune existence nĂ©gative, le dĂ©sordre se dĂ©truit lui-mĂȘme ; câest dans son excĂšs mĂȘme que peut se trouver le remĂšde aux cas les plus dĂ©sespĂ©rĂ©s, parce que la rapiditĂ© croissante du changement aura nĂ©cessairement un terme ; et, aujourdâhui, beaucoup ne commencent-ils pas Ă sentir plus ou moins confusĂ©ment que les choses ne pourront continuer Ă aller ainsi indĂ©finiment ?
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René Guénon (Spiritual Authority & Temporal Power)
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The Tower is not a sacred monument, and no taboo can forbid a commonplace life to develop there, but there can be no question, nonetheless, of a trivial phenomenon here; the installation of a restaurant on the Tower, for instance ... The Eiffel Tower is a comfortable object, and moreover, it is in this that it its an object wither very old (analogous, for instance, to the Circus) or very modern (analogous to certain American institutions such as the drive-in movie, in which one can simultaneously enjoy the film, the car, the food, and the freshness of the night air). Further, by affording its visitor a whole polyphony of pleasures, from technological wonder to haute cuisine, including the panorama, the Tower ultimately reunites with the essential function of all major human sites: autarchy; the Tower can live on itself: one can dream there, eat there, observe there, understand there, marvel there, shop there, as on an ocean liner (another mythic object that sets children dreaming), one can feel oneself cut off from the world and yet the owner of a world.
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Roland Barthes (The Eiffel Tower and Other Mythologies)
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En effet, c'est une impression gĂ©nĂ©rale qu'Ă©prouvent tous les hommes, quoiqu'ils ne l'observent pas tous, que sur les hautes montagnes, oĂč l'air est pur et subtil, on se sent plus de facilitĂ© dans la respiration, plus de lĂ©gĂšretĂ© dans le corps, plus de sĂ©rĂ©nitĂ© dans l'esprit; les plaisirs y sont moins ardents, les passions plus modĂ©rĂ©es. (...) Il semble qu'en s'Ă©levant au-dessus du sĂ©jour des hommes, on y laisse tous les sentiments bas et terrestres, et qu'Ă mesure qu'on approche des rĂ©gions Ă©thĂ©rĂ©es, l'Ăąme contracte quelque chose de leur inaltĂ©rable puretĂ©. On y est grave sans mĂ©lancolie, paisible sans indolence, content d'ĂȘtre et de penser : tous les dĂ©sirs trop vifs s'Ă©moussent, ils perdent cette pointe aiguĂ« qui les rend douloureux ; ils ne laissent au fond du cĆur qu'une Ă©motion lĂ©gĂšre et douce...
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Jean-Jacques Rousseau (Julie ou la Nouvelle Héloïse (French Edition))
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Lorsqu'on me demandait ce que j'espĂ©rais trouver en ExtrĂȘme-Amont, cette question banale posĂ©e mille fois, je rĂ©pondais maintenant : "J'espĂšre trouver mon visage. Quelqu'un lĂ -haut le sculpte Ă coup de salves dures. Chaque acte que je fais le modifie et l'affine. Mes fautes le balafrent. Mais peu importe : il se fait ; il m'attend, posĂ© sur un socle. Et je le verrai, comme je vous vois devant moi, comme on se regarde dans un miroir enfin exact. Je verrai ce visage que je me suis fait tout au long de ma vie, juste avant de mourir. Ce sera ma rĂ©compense.
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Alain Damasio (La Horde du Contrevent)
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Puis il rĂ©flĂ©chit: la rĂ©alitĂ© ne coĂŻncide habituellement pas avec les prĂ©visions; avec une logique perverse, il en dĂ©duisit que prĂ©voir un dĂ©tail circonstanciel, c'est empĂȘcher que celui-ci se rĂ©alise. FidĂšle Ă cette faible magie, il inventait, pour les empĂȘcher de se rĂ©aliser, des pĂ©ripĂ©ties atroces; naturellement, il finit par craindre que ces pĂ©ripĂ©ties ne fussent prophĂ©tiques. MisĂ©rable dans la nuit, il essayait de s'affirmer en quelque sorte dans la substance fugitive du temps. Il savait que celui-ci se prĂ©cipitait vers l'aube du 29; il raisonnait Ă haute voix; je suis maintenant dans la nuit du 22; tant que durera cette nuit (et six nuits de plus) je suis invulnĂ©rable, immortel. Il pensait que les nuits de sommeil Ă©taient des piscines profondes et sombres dans lesquels il pouvait se plonger. Il souhaitait parfois avec impatience la dĂ©charge dĂ©finitive qui le libĂ©rerait tant bien que mal de son vain travail d'imagination.
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Jorge Luis Borges (Ficciones)
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Câest aprĂšs cette soirĂ©e que vous avez commencĂ© Ă
mâĂ©crire des lettres. Beaucoup de lettres. Quelquefois
une chaque jour. CâĂ©tait des lettres trĂšs courtes, dessortes de billets, câĂ©tait, oui, des sortes dâappels criĂ©s
dâun lieu invivable, mortel, dâune sorte de dĂ©sert. Ces
appels Ă©taient dâune Ă©vidente beautĂ©.
Je ne vous répondais pas.
Je gardais toutes les lettres.
Il y avait en haut des pages le nom de lâendroit oĂč
elles avaient Ă©tĂ© Ă©crites et lâheure ou le temps : Soleil ou
Pluie. Ou Froid. Ou : Seul.
Et puis une fois, vous ĂȘtes restĂ© longtemps sans
Ă©crire. Un mois peut-ĂȘtre, je ne sais plus pour ce
temps-lĂ ce quâil avait durĂ©
â
â
Marguerite Duras (Yann Andrea Steiner)
â
Préface
J'aime l'idée d'un savoir transmis de maßtre à élÚve.
J'aime l'idĂ©e qu'en marge des "maĂźtres institutionnels" que sont parents et enseignants, d'autres maĂźtres soient lĂ pour dĂ©fricher les chemins de la vie et aider Ă y avancer. Un professeur d'aĂŻkido cĂŽtoyĂ© sur un tatami, un philosophe rencontrĂ© dans un essai ou sur les bancs d'un amphi-théùtre, un menuisier aux mains d'or prĂȘt Ă offrir son expĂ©rience...
J'aime l'idée d'un maßtre considérant comme une chance et un honneur d'avoir un élÚve à faire grandir. Une chance et un honneur d'assister aux progrÚs de cet élÚve. Une chance et un honneur de participer à son envol en lui offrant des ailes. Des ailes qui porteront l'élÚve bien plus haut que le maßtre n'ira jamais.
J'aime cette idée, j'y vois une des clefs d'un équilibre fondé sur la transmission, le respect et l'évolution.
Je l'aime et j'en ai fait un des axes du "Pacte des MarchOmbres".
Jilano, qui a Ă©tĂ© guidĂ© par EsĂźl, guide Ellana qui, elle-mĂȘme, guidera Salim...
Transmission.
Ellana, personnage Î combien essentiel pour moi (et pour beaucoup de mes lecteurs), dans sa complexité, sa richesse, sa volonté, ne serait pas ce qu elle est si son chemin n avait pas croisé celui de Jilano. Jilano qui a su développer les qualités qu'il décelait en elle. Jilano qui l'a poussée, ciselée, enrichie, libérée, sans chercher une seule fois à la modeler, la transformer, la contraindre. Respect. q Jilano, maßtre marchombre accompli. Maßtre accompli et marchombre accompli. Il sait ce qu'il doit à Esßl qui l'a formé. Il sait que sans elle, il ne serait jamais devenu l'homme qu'il est. L'homme accompli. Elle l'a poussé, ciselé, enrichi, libéré, sans chercher une seule fois à le modeler, le transformer, le contraindre. Respect.
Ăvolution.
Esßl, uniquement présente dans les souvenirs de Jilano, ne fait qu'effleurer la trame du Pacte des Marchombres. Nul doute pourtant qu'elle soit parvenue à faire découvrir la voie à Jilano et à lui offrir un élan nécessaire pour qu'il y progresse plus loin qu'elle.
Jilano agit de mĂȘme avec Ellana. Il sait, dĂšs le dĂ©part, qu'elle le distancera et attend ce moment avec joie et sĂ©rĂ©nitĂ©.
Ellana est en train de libérer les ailes de Salim.
Jusqu'oĂč s envolera-t-il grĂące Ă elle ?
J'aime cette idĂ©e, dans les romans et dans la vie, dâun maĂźtre transmettant son savoir Ă un Ă©lĂšve afin qu a terme il le dĂ©passe. J'aime la gĂ©nĂ©rositĂ© qu'elle induit, la confiance qu'elle implique en la capacitĂ© des hommes Ă s'amĂ©liorer.
J'aime cette idĂ©e, mĂȘme si croiser un maĂźtre est une chance rare et mĂȘme s'il existe bien d'autres maniĂšres de prendre son envol.
Lire.
Ăcrire.
S'envoler.
Pierre Bottero
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Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
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Sagesse (I,X)
Non. Il fut gallican, ce siÚcle, et janséniste !
C'est vers le Moyen Age énorme et délicat
Qu'il faudrait que mon cĆur en panne naviguĂąt,
Loin de nos jours d'esprit charnel et de chair triste.
Roi, politicien, moine, artisan, chimiste,
Architecte, soldat, médecin, avocat,
Quel temps ! Oui, que mon cĆur naufragĂ© rembarquĂąt
Pour toute cette force ardente, souple, artiste !
Et lĂ que j'eusse part - quelconque, chez les rois
Ou bien ailleurs, n'importe, - Ă la chose vitale,
Et que je fusse un saint, actes bons, pensers droits,
Haute théologie et solide morale,
Guidé par la folie unique de la Croix
Sur tes ailes de pierre, Î folle Cathédrale !
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Paul Verlaine (Sagesse / Amour / Bonheur)
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Parfois, le destin ressemble Ă une tempĂȘte de sable qui se dĂ©place sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui Ă©chapper. Mais la tempĂȘte modifie aussi la sienne. Tu changes Ă nouveau le rythme de ta marche, et la tempĂȘte change son rythme elle aussi. C'est sans fin, cela se rĂ©pĂšte un nombre incalculable de fois, comme une danse macabre avec le dieu de la Mort, juste avant l'aube. Pourquoi ? parce que la tempĂȘte n'est pas un phĂ©nomĂšne venu d'ailleurs sans aucun lien avec toi. Elle est toi mĂȘme et rien d'autre. elle vient de l'intĂ©rieur de toi. Alors la seule chose que tu puisses faire, c'est pĂ©nĂ©trer dĂ©libĂ©rĂ©ment dedans, fermer les yeux et te boucher les oreilles afin d'empĂȘcher le sable d'y entrer, et la traverser pas Ă pas. Au coeur de cette tempĂȘte, il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de lune, pas de repĂšre dans l'espace ; par moments, mĂȘme, le temps n'existe plus. Il n'y a que du sable blanc et fin comme des os broyĂ©s qui tourbillonne haut dans le ciel. VoilĂ la tempĂȘte de sable que tu dois imaginer.
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Haruki Murakami (Kafka on the Shore)
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The provisional object of Christianity was to establish, by obedience and faith, a supernatural or religious equality among men, to immobilize intelligence by faith, so as to provide a fulcrum for virtue which came for the destruction of the aristocracy of science, or rather to replace that aristocracy, then already destroyed. Philosophy, on the contrary, has laboured to bring back men by liberty and reason to natural inequality, and to substitute wits for virtue by inaugurating the reign of industry. Neither of these operations has proved complete or adequate; neither has brought men to perfection and felicity. That which is now dreamed, almost without daring to hope for it, is an alliance between the two forces so long regarded as contrary, and there is good ground for desiring it, seeing that these two great powers of the human soul are no more opposed to one another than is the sex of man opposed to that of woman. Undoubtedly they differ, but their apparently contrary dispositions come only from their aptitude to meet and unite.
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Ăliphas LĂ©vi (Dogme Et Rituel De La Haute Magie Part I (Illustrated English Version))
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victor hugo, Les Contemplations, Mors
Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
Elle allait Ă grands pas moissonnant et fauchant,
Noir squelette laissant passer le crépuscule.
Dans l'ombre oĂč l'on dirait que tout tremble et recule,
L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx.
Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux
Tombaient ; elle changeait en désert Babylone,
Le trÎne en échafaud et l'échafaud en trÎne,
Les roses en fumier, les enfants en oiseaux,
L'or en cendre, et les yeux des mĂšres en ruisseaux.
Et les femmes criaient : - Rends-nous ce petit ĂȘtre.
Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naĂźtre ? -
Ce n'était qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ;
Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ;
Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre ;
Les peuples éperdus semblaient sous la faulx sombre
Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ;
Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit.
DerriÚre elle, le front baigné de douces flammes,
Un ange souriant portait la gerbe d'Ăąmes.
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Victor Hugo
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Le Goût du néant
Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,
LâEspoir, dont lâĂ©pĂ©ron attisait ton ardeur,
Ne veut plus tâenfourcher! Couche-toi sans pudeur,
Vieux cheval dont le pied Ă chaque obstacle bute.
Résigne-toi, mon coeur; dors ton sommeil de brute.
Esprit vaincu, fourbu! Pour toi, vieux maraudeur,
Lâamour nâa plus de goĂ»t, non plus que la dispute;
Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte!
Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur!
Le Printemps adorable a perdu son odeur!
Et le Temps mâengloutit minute par minute,
Comme la neige immense un corps pris de roideur;
Je contemple dâen haut le globe en sa rondeur
Et je nây cherche plus lâabri dâune cahute.
Avalance, veux-tu mâemporter dans ta chute?
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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Câest dâabord Ă ton pays de tenir, envers toi, un certain nombre dâengagements. Que tu y sois considĂ©rĂ© comme un citoyen Ă part entiĂšre, que tu nây subisses ni oppression, ni discrimination, ni privations indues. Ton pays et ses dirigeants ont lâobligation de tâassurer cela ; sinon, tu ne leur dois rien. Ni attachement au sol, ni salut au drapeau. Le pays oĂč tu peux vivre la tĂȘte haute, tu lui donnes tout, tu lui sacrifies tout, mĂȘme ta propre vie ; celui oĂč tu dois vivre la tĂȘte basse, tu ne lui donnes rien. Quâil sâagisse de ton pays dâaccueil ou de ton pays dâorigine. La magnanimitĂ© appelle la magnanimitĂ©, lâindiffĂ©rence appelle lâindiffĂ©rence, et le mĂ©pris appelle le mĂ©pris. Telle est la charte des ĂȘtres libres et, pour ma part, je nâen reconnais aucune autre.
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Amin Maalouf (The Disoriented)
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Il est un cĂŽtĂ© de la « culture bourgeoise » qui en dĂ©voile toute la petitesse, c'est son aspect de « roulement » conventionnel, de manque d'imagination, bref d'inconscience et de vanitĂ© : on ne se demande pas un instant « Ă quoi bon tout cela » ; aucun auteur ne se demande s'il vaut la peine d'Ă©crire une nouvelle histoire aprĂšs tant d'autres histoires ; on semble en Ă©crire simplement parce que d'autres en ont Ă©crit, et parce qu'on ne voit pas pourquoi on ne le ferait pas et pourquoi on ne gagnerait pas une gloire que d'autres ont gagnĂ©e. C'est un perpetuum mobile que rien ne peut arrĂȘter, sauf une catastrophe ou, moins tragiquement, la disparition progressive des lecteurs ; sans public point de cĂ©lĂ©britĂ©, nous l'avons dit plus haut. Et ceci est arrivĂ© dans une certaine mesure : on ne lit plus d'anciens auteurs dont le prestige paraissait assurĂ© ; le grand public a d'autres besoins, d'autres ressources et d'autres distractions, fussent-elle des plus basses. La culture c'est, de plus en plus, l'absence de culture : la manie de se couper de ses racines et d'oublier d'oĂč l'on vient.
Une des raisons subjectives de ce que nous pouvons appeler le « roulement culturel » est que l'homme n'aime pas se perdre tout seul, qu'il aime par consĂ©quent trouver des complices pour une perdition commune ; c'est ce que fait la culture profane, inconsciemment ou consciemment, mais non innocemment car l'homme porte au fond de lui-mĂȘme l'instinct de sa raison d'ĂȘtre et de sa vocation. On a souvent reprochĂ© aux civilisations orientales leur stĂ©rilitĂ© culturelle, c'est-Ă -dire le fait qu'elles ne comportent pas un fleuve habituel de production littĂ©raire, artistique et philosophique ; nous croyons pouvoir nous dispenser Ă prĂ©sent de la peine d'en expliquer les raisons.
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Frithjof Schuon (To Have a Center (Library of Traditional Wisdom))
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LA ROSE ET LE RESADA
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
PrisonniĂšre des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fut de la chapelle
Et l'autre s'y dérobùt
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidÚles
Des lĂšvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blĂ©s sont sous la grĂȘle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe Ă ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gĂšle
Lequel préfÚre les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
MĂȘme couleur mĂȘme Ă©clat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mĂȘle
Ă la terre qu'il aima
Pour qu'Ă la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda
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Louis Aragon
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And please, whatever you do, donât tell us that what we do, either in love or lust, is unnatural. For one thing if what you mean by that is that animals donât do it, then you are quite simply in factual error.
There are plenty of activities or qualities we could list that are most certainly unnatural if you are so mad as to think that humans are not part of nature, or so dull-witted as to believe that ânaturalâ means âall natures but human natureâ: mercy, for example, is unÂŹnatural, an altruistic, non-selfish care and love for other species is unnatural; charity is unnatural, justice is unnatural, virtue is unnatural, indeed â and this surely is the point â the idea of virtue is unnatural, within such a foolish, useless meaning of the word ânaturalâ. Animals, poor things, eat in order to survive: we, lucky things, do that too, but we also have Abbey Crunch biscuits, Armagnac, selle dâagneau, tortilla chips, sauce bĂ©arnaise, Vimto, hot buttered crumpets, Chateau Margaux, ginger-snaps, risotto nero and peanut-butter sandwiches â these things have nothing to do with survival and everything to do with pleasure, connoisseurship and plain old greed. Animals, poor things, copulate in order to reproduce: we, lucky things, do that too, but we also have kinky boots, wank-mags, leather thongs, peep-shows, statuettes by Degas, bedshows, Tom of Finland, escort agencies and the Journals of AnaĂŻs Nin â these things have nothing to do with reproduction and everything to do with pleasure, connoisseurship and plain old lust. We humans have opened up a wide choice of literal and metaphorical haute cuisine and junk food in many areas of our lives, and as a punishment, for daring to eat the fruit of every tree in the garden, we were expelled from the Eden the animals still inhabit and we were sent away with the two great Jewish afflictions to bear as our penance: indigestion and guilt.
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Stephen Fry (Moab Is My Washpot (Memoir, #1))
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Ecoute : l'intellectuel essaie de connaĂźtre et de reprĂ©senter au moyen de la logique l'essence du monde. Il sait que notre intelligence et son instrument, la logique, sont des outils imparfaits - tout comme un artiste sensĂ© n'ignore pas que son pinceau ou son ciseau ne pourront jamais exprimer parfaitement la splendeur d'un ange ou d'un saint. Pourtant tous deux essaient, le penseur comme l'artiste, chacun Ă sa maniĂšre. Ils ne peuvent pas faire autrement, ils n'en ont pas le droit. Car un ĂȘtre humain s'acquitte de sa tĂąche la plus haute, la plus normale, en cherchant Ă mettre en valeur les dons qu'il a reçus de la nature. [...] Nous autres, nous sommes changeants, en devenir, nous sommes un ensemble de possibles, il n'y a pas pour nous de perfection, pas d'ĂȘtre absolu. Mais lĂ oĂč nous passons de la puissance Ă l'acte, de la possibilitĂ© Ă la rĂ©alisation, nous avons part Ă l'ĂȘtre vĂ©ritable, nous nous rapprochons d'un pas du divin et de la perfection. Se rĂ©aliser, c'est cela. (p. 309-310)
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Hermann Hesse (Narcissus and Goldmund)
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- Maman, pourquoi les nuages vont dans un sens et nous dans l'autre ?
Isaya sourit, caressa la joue de sa fille du bout des doigts.
- Il y a deux réponses à ta question. Comme à toutes les questions, tu le sais bien. Laquelle veux-tu entendre ?
- Les deux.
-Laquelle en premier alors ?
La fillette plissa le nez.
- Celle du savant.
- Nous allons vers le nord parce que nous cherchons une terre oĂč nous Ă©tablir. Un endroit oĂč construire une belle maison, Ă©lever des coureurs et cultiver des racines de niam. C'est notre rĂȘve depuis des annĂ©es et nous avons quittĂ© Al-Far pour le vivre.
- Je nâaime pas les galettes de niam...
- Nous planterons aussi des fraises, promis. Les nuages, eux, n'ont pas le choix. Ils vont vers le sud parce que le vent les pousse et, comme ils sont trÚs trÚs légers, il sont incapables de lui résister.
- Et la réponse du poÚte ?
- Les hommes sont comme les nuages. Ils sont chassés en avant par un vent mystérieux et invisible face auquel ils sont impuissants. Ils croient maßtriser leur route et se moquent de la faiblesse des nuages, mais leur vent à eux est mille fois plus fort que celui qui souffle là -haut.
La fillette croisa les bras et parut se désintéresser de la conversation afin d'observer un vol de canards au plumage chatoyant qui se posaient sur la riviÚre proche. Indigo, émeraude ou vert pùle, ils se bousculaient dans une cacophonie qui la fit rire aux éclats.
Lorsque les chariots eurent dépassé les volatiles, elle se tourna vers sa mÚre.
- Cette fois, je préfÚre la réponse du savant.
-Pourquoi ? demande Isaya qui avait attendu sereinement la fin de ce qu'elle savait ĂȘtre une intense rĂ©flexion.
- J'aime pas qu'on me pousse en cachette.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Mais oui, maĂźtresse... Tenez ! juste au-dessus de nous, voilĂ le Chemin de saint Jacques (la Voie lactĂ©e). Il va de France droit sur lâEspagne. Câest saint Jacques de Galice qui lâa tracĂ© pour montrer sa route au brave Charlemagne lorsquâil faisait la guerre aux Sarrasins. Plus loin, vous avez le Char des Ames (la Grande Ourse) avec ses quatre essieux resplendissants. Les trois Ă©toiles qui vont devant sont les Trois BĂȘtes, et cette toute petite contre la troisiĂšme câest le Charretier. Voyez-vous tout autour cette pluie dâĂ©toiles qui tombent ? Ce sont les Ăąmes dont le bon Dieu ne veut pas chez lui... Un peu plus bas, voici le RĂąteau ou les Trois Rois (Orion). Câest ce qui nous sert dâhorloge, Ă nous autres. Rien quâen les regardant, je sais maintenant quâil est minuit passĂ©. Un peu plus bas, toujours vers le midi, brille Jean de Milan, le flambeau des astres (Sirius). Sur cette Ă©toile-lĂ , voici ce que les bergers racontent. Il paraĂźt quâune nuit Jean de Milan, avec les Trois Rois et la PoussiniĂšre (la PlĂ©iade), furent invitĂ©s Ă la noce dâune Ă©toile de leurs amies. PoussiniĂšre, plus pressĂ©e, partit, dit-on, la premiĂšre, et prit le chemin haut. Regardez-la, lĂ -haut, tout au fond du ciel. Les Trois Rois coupĂšrent plus bas et la rattrapĂšrent ; mais ce paresseux de Jean de Milan, qui avait dormi trop tard, resta tout Ă fait derriĂšre, et furieux, pour les arrĂȘter, leur jeta son bĂąton. Câest pourquoi les Trois Rois sâappellent aussi le BĂąton de Jean de Milan... Mais la plus belle de toutes les Ă©toiles, maĂźtresse, câest la nĂŽtre, câest lâEtoile du Berger, qui nous Ă©claire Ă lâaube quand nous sortons le troupeau, et aussi le soir quand nous le rentrons. Nous la nommons encore Maguelonne, la belle Maguelonne qui court aprĂšs Pierre de Provence (Saturne) et se marie avec lui tous les sept ans
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Alphonse Daudet (Lettres de mon moulin)
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Les Poets de Sept ans
Et la MĂšre, fermant le livre du devoir,
S'en allait satisfaite et trĂšs fiĂšre sans voir,
Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences,
L'ùme de son enfant livrée aux répugnances.
Tout le jour, il suait d'obéissance ; trÚs
Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits
Semblaient prouver en lui d'Ăącres hypocrisies.
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
A l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
Une porte s'ouvrait sur le soir : Ă la lampe
On le voyait, lĂ -haut, qui rĂąlait sur la rampe,
Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été
Surtout, vaincu, stupide, il Ă©tait entĂȘtĂ©
A se renfermer dans la fraĂźcheur des latrines:
Il pensait lĂ , tranquille et livrant ses narines.
Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
DerriĂšre la maison, en hiver, s'illunait ,
Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne
Et pour des visions écrasant son oeil darne,
Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
Pitié ! Ces enfants seuls étaient ses familiers
Qui, chétifs, fronts nus, oeil déteignant sur la joue,
Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
Conversaient avec la douceur des idiots !
Et si, l'ayant surpris à des pitiés immondes,
Sa mĂšre s'effrayait, les tendresses profondes,
De l'enfant se jetaient sur cet étonnement.
C'était bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment!
A sept ans, il faisait des romans, sur la vie
Du grand dĂ©sert oĂč luit la LibertĂ© ravie,
ForĂȘts, soleils, rives, savanes ! - Il s'aidait
De journaux illustrĂ©s oĂč, rouge, il regardait
Des Espagnoles rire et des Italiennes.
Quand venait, l'Oeil brun, folle, en robes d'indiennes,
-Huit ans -la fille des ouvriers d'à cÎté,
La petite brutale, et qu'elle avait sauté,
Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses,
Car elle ne portait jamais de pantalons;
- Et, par elle meurtri des poings et des talons,
Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.
Il craignait les blafards dimanches de décembre,
OĂč, pommadĂ©, sur un guĂ©ridon d'acajou,
Il lisait une Bible Ă la tranche vert-chou;
Des rĂȘves l'oppressaient, chaque nuit, dans l'alcĂŽve.
Il n'aimait pas Dieu; mais les hommes qu'au soir fauve,
Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
OĂč les crieurs, en trois roulements de tambour,
Font autour des édits rire et gronder les foules.
- Il rĂȘvait la prairie amoureuse, oĂč des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor !
Et comme il savourait surtout les sombres choses,
Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
Haute et bleue, ùcrement prise d'humidité,
Il lisait son roman sans cesse médité,
Plein de lourds ciels ocreux et de forĂȘts noyĂ©es,
De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
Vertige, écroulement, déroutes et pitié !
- Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
En bas, - seul et couché sur des piÚces de toile
Ăcrue et pressentant violemment la voile!
â
â
Arthur Rimbaud
â
Seigneur je suis trÚs fatigué.
Je suis né fatigué.
Et j'ai beaucoup marché depuis le chant du coq
Et le morne est bien haut qui mÚne à leur école.
Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,
Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus.
Je veux suivre mon pĂšre dans les ravines fraĂźches
Quand la nuit flotte encore dans le mystĂšre des bois
OĂč glissent les esprits que l'aube vient chasser.
Je veux aller pieds nus par les rouges sentiers
Que cuisent les flammes de midi,
Je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers,
Je veux me réveiller
Lorsque lĂ -bas mugit la sirĂšne des blancs
Et que l'Usine
Sur l'océan des cannes
Comme un bateau ancré
Vomit dans la campagne son équipage nÚgre...
Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,
Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus.
Ils racontent qu'il faut qu'un petit nĂšgre y aille
Pour qu'il devienne pareil
Aux messieurs de la ville
Aux messieurs comme il faut
Mais moi je ne veux pas
Devenir, comme ils disent,
Un monsieur de la ville,
Un monsieur comme il faut.
Je préfÚre flùner le long des sucreries
OĂč sont les sacs repus
Que gonfle un sucre brun autant que ma peau brune.
Je prĂ©fĂšre vers l'heure oĂč la lune amoureuse
Parle bas à l'oreille des cocotiers penchés
Ecouter ce que dit dans la nuit
La voix cassée d'un vieux qui raconte en fumant
Les histoires de Zamba et de compĂšre Lapin
Et bien d'autres choses encore
Qui ne sont pas dans les livres.
Les nÚgres, vous le savez, n'ont que trop travaillé.
Pourquoi faut-il de plus apprendre dans les livres
Qui nous parlent de choses qui ne sont point d'ici ?
Et puis elle est vraiment trop triste leur école,
Triste comme
Ces messieurs de la ville,
Ces messieurs comme il faut
Qui ne savent plus danser le soir au clair de lune
Qui ne savent plus marcher sur la chair de leurs pieds
Qui ne savent plus conter les contes aux veillées.
Seigneur, je ne veux plus aller à leur école.
â
â
Guy Tirolien (Balles d'or: PoÚmes (Poésie) (French Edition))
â
Qui vous le dit, quâelle (la vie) ne vous attend pas ? Certes, elle continue, mais elle ne vous oblige pas Ă suivre le rythme. Vous pouvez bien vous mettre un peu entre parenthĂšses pour vivre ce deuil⊠accordez-vous le temps.
***
Parce que Ò«a me fait plaisir. Parce que je sais aussi que lâentourage peut se montrer trĂšs discret dans pareille situation, et que de se changer les idĂ©es de temps en temps fait du bien. Parce que je sais que vous aimez la montagne et que vous nâiriez pas toute seule.
***
Oui. Si vous perdez une jambe, Ò«a se voit, les gens sont conciliants. Et encore, pas tous. Mais quand câest un morceau de votre cĆur qui est arrachĂ©, Ò«a ne se voit pas de lâextĂ©rieur, et câest au moins aussi douloureux⊠Ce nâest pas de la faute des gens. Ils ne se fient quâaux apparences. Il faut gratter pour voir ce quâil y a au fond. Si vous jetez une grosse pierre dans une mare, elle va faire des remous Ă la surface. Des gros remous d'abord, qui vont gifler les rives, et puis des remous plus petits, qui vont finir par disparaĂźtre. Peu Ă peu, la surface redevient lisse et paisible. Mais la grosse pierre est quand mĂȘme au fond. La grosse pierre est quand mĂȘme au fond.
***
La vie sâapparente Ă la mer. Il y a les bruit des vagues, quand elles sâabattent sur la plage, et puis le silence dâaprĂšs, quand elles se retirent. Deux mouvement qui se croissent et sâentrecoupent sans discontinuer. Lâun est rapide, violent, lâautre est doux et lent. Vous aimeriez vous retirer, dans le mĂȘme silence des vagues, partir discrĂštement, vous faire oublier de la vie. Mais dâautres vague arrivent et arriveront encore et toujours. Parce que câest Ò«a la vie⊠Câest le mouvement, câest le rythme, le fracas parfois, durant la tempĂȘte, et le doux clapotis quand tout est calme. Mais le clapotis quand mĂȘme Un bord de mer n'est jamais silencieux, jamais. La vie non plus, ni la vĂŽtre, ni la mienne. Il y a les grains de sables exposĂ©s aux remous et ceux protĂ©gĂ©s en haut de la plage. Lesquels envier? Ce n'est pas avec le sable d'en haut, sec et lisse, que l'on construit les chĂąteaux de sable, c'est avec celui qui fraye avec les vagues car ses particules sont coalescentes. Vous arriverez Ă reconstruire votre chĂąteau, vous le construirez avec des grains qui vous ressemblent, qui ont aussi connu les dĂ©ferlantes de la vie, parce qu'avec eux, le ciment est solide..
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« Tu ne sais jamais Ă quel point tu es fort jusquâau jour oĂč ĂȘtre fort reste la seule option. » Câest Bob Marley qui a dit Ò«a.
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Manon ne referme pas violemment la carte du restaurant. Elle nâĂ©prouve pas le besoin quâil lui lise le menu pour quâelle ne voie pas le prix, et elle trouvera Ă©gal que chaque bouchĂ©e vaille cinq euros. Manon profite de la vie. Elle accepte lâinvitation avec simplicitĂ©. Elle dĂ©fend la place des femmes sans ĂȘtre une fĂ©ministe acharnĂ©e et cela ne lui viendrait mĂȘme pas Ă lâidĂ©e de payer sa part. Dâabord, parce quâelle sait que Paul sâen offusquerait, ensuite, parce quâelle aime ces petites marques de galanterie, quâelle regrette de voir disparaĂźtre avec lâĂ©volution dâune sociĂ©tĂ© en pertes de repĂšres.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Sein braungebrannter Oberkörper war noch ein wenig feucht und Wasser tropfte von seinen langen dunklen Haaren auf seine Haut. Ich biss mir auf die Unterlippe, was die einzige Bewegung war, zu der ich fĂ€hig war. Mir war klar, dass ich ihn peinlicherweise jetzt genau wie die Schlampen im Club wollĂŒstig anschmachtete, aber ich konnte nichts dagegen tun. Eigentlich sollte ich wirklich gehen, aber ich konnte nicht. AuĂerdem, hatte er mich nicht schon einmal genau so im Badezimmer beobachtet? Also war es nur fair.
Er war so verdammt gut anzusehen und mein Körper reagierte wie der jeder Frau bei diesem Anblick. Mir wurde heiĂ, nicht nur im Gesicht, sondern ĂŒberall, vor allem weiter unten. Dabei hatte ich ihn schon in seinen Badeshorts gesehen, aber dennoch, das hier war etwas komplett anderes. Was noch schlimmer wurde, als er das Tuch von der HĂŒfte löste und begann, damit seine Haare zu rubbeln. Unter der Haut bewegten sich die Muskeln seines RĂŒckens, die hinunter zur schmalen HĂŒfte verliefen. Mein Blick ging noch tiefer und ich hatte keine Spucke mehr im Mund, als ich seinen Po betrachtete. UnwillkĂŒrlich krallte ich die Finger in meine Shorts, was zur Folge hatte, dass mir das Handy aus der Hand rutschte und auf den Boden fiel. Der Teppich war dick und dĂ€mpfte das GerĂ€usch, aber man konnte es dennoch deutlich hören. Instinktiv wollte ich die Augen zusammenpressen, so wie kleine Kinder, die sich nur mit dem Gesicht hinter einem Vorhang versteckten, und glauben, wenn sie den anderen nicht sehen konnten, dann wĂŒrden sie auch nicht gesehen werden. Was natĂŒrlich nicht der Fall war.
Daher schluckte ich und sah wieder hoch und â wie erwartet â in Johnnys Gesicht, als er ĂŒber die Schulter blickte. Und was ich in seinen tiefblauen Augen lodern sah, erregte mich stĂ€rker und machte mir gleichzeitig mehr Angst, als alles zuvor. Meine Augen blieben an seinen haften, auch als ich aus den Augenwinkeln bemerkte, wie er das Handtuch wieder um die HĂŒfte legte. Langsam drehte er sich um und beinahe raubtierhaft zielstrebig kam er auf mich zu, wie ein geschmeidiger Panther, den nichts stoppen konnte. Kurz vor mir blieb er stehen, als wĂŒrde er warten, ob ich davonlief oder nicht.
Auf keinen Fall, jetzt nicht mehr.
Zu keinem Zeitpunkt hatte er den Blickkontakt zu mir unterbrochen, er musste meine Gedanken darin gelesen haben. Seine HĂ€nde umfassten mein Gesicht, strichen mir halbfeuchte Haare aus der Stirn und dann beugte er sich zu mir hinab. Ich hielt den Atem an, wartete auf seine Lippen, die sich aber nicht auf meine legten, sondern einen Zentimeter vorher verharrten. Als wĂŒrde er noch immer auf meine Entscheidung warten. Mir wurde klar, dass ich diese schon lange getroffen hatte, nur viel zu feige und engstirnig gewesen war, sie mir auch einzugestehen.
Ich griff in seine nassen Haare und zog ihn das verbleibende StĂŒck zu mir hinunter. Ein Blitzschlag fuhr von meinen Lippen ausgehend durch meinen Körper, zwischen meine Beine â dann war es um mich und meine Selbstbeherrschung geschehen. Und wie es aussah, auch um seine. Denn statt weiterhin so sanft mein Gesicht zu halten, rutschten seine HĂ€nde meinen RĂŒcken entlang bis er an meiner HĂŒfte angelangt war und sie fest drĂŒckte. Wie von selbst bog sich ihm mein Körper entgegen und ich strich mit der Zunge ĂŒber seine Lippen, dann öffnete ich den Mund fĂŒr seine und unser Kuss wurde fordernder. Seine HĂ€nde glitten noch weiter hinunter, umfassten meinen Po und wĂ€hrend wir uns keuchend kĂŒssten, hob er mich mit einem Ruck hoch. Meine Beine schlang ich um seine HĂŒfte und unter dem Tuch konnte ich ihn spĂŒren, was mir ein Stöhnen entlockte, das mir noch nie ĂŒber die Lippen gekommen war. Daraufhin gab Johnny einen erstickten Laut von sich, kĂŒsste mein Kinn, meinen Hals und knabberte am Ohr, an dem er heiser flĂŒsterte: »Sag mir, dass ich aufhören soll.«
»Hör nicht auf«, bat ich leise und drĂŒckte mich nur noch fester an ihn.
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Martina Riemer (Road to Hallelujah (Herzenswege #1))