Gen Ai Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Gen Ai. Here they are! All 100 of them:

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Franchement vu la façon dont j'ai été traitée par les gens dits "civilisés", il me tarde finalement d'aller vivre chez les sauvages.
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Jim Fergus (One Thousand White Women: The Journals of May Dodd (One Thousand White Women, #1))
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Je suis vide. Je n'ai que gestes, rĂ©flexes, habitudes. Je veux me remplir. C'est pourquoi je psychanalyse les gens...Je n'assimile pas. Je leur prends leurs pensĂ©es, leurs complexes, leurs hĂ©sitations et rien ne m'en reste. Je n'assimile pas; ou j'assimile trop bien..., c'est la mĂȘme chose. Bien sure, je conserve des mots, des contenants, des Ă©tiquettes; je connais les termes sous lesquels on range les passions, les Ă©motions, mais je ne les Ă©prouve pas.
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Boris Vian (L'arrache-coeur)
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All fiction is metaphor. Science fiction is metaphor. What sets it apart from older forms of fiction seems to be its use of new metaphors, drawn from certain great dominants of our contemporary life -- science, all the sciences, and technology, and the relativistic and the historical outlook, among them. Space travel is one of these metaphors; so is an alternative society, an alternative biology; the future is another. The future, in fiction, is a metaphor. A metaphor for what? If I could have said it non-metaphorically, I would not have written all these words, this novel; and Genly Ai would never have sat down at my desk and used up my ink and typewriter ribbon in informing me, and you, rather solemnly, that the truth is a matter of the imagination.
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Ursula K. Le Guin
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‎"A l'orĂ©e de l'automne, je me trouve sans joie et sans aucune raison d'en avoir. D'ailleurs, je me mĂ©fie des gens heureux. Je ne les envie pas, Je m'en mĂ©fie. Ils m'inquiĂštent. J'ai toujours l'impression que leur optimisme cĂŽtoie l'ignorance ou le blasphĂšme.
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Malek Haddad (L'élÚve Et La Leçon)
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Il y a tant de gens qui poussent la sophistication jusqu'à lire sans lire. Comme des hommes grenouilles, ils traversent les livres sans prendre une goutte d'eau.... - Ce sont les lecteurs-grenouilles. Ils forment l'immense majorité des lecteurs humains, et pourtant je n'ai découvert leur existence que trÚs tard. Je suis d'une telle naïveté. Je pensais que tout le monde lisait comme moi; moi, je lis comme je mange.
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Amélie Nothomb (HygiÚne de l'assassin)
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Cette recommandation (Aime ton prochain comme toi-mĂȘme) paraĂźt, Ă  premiĂšre vue, irrĂ©prochable mais Ă  voir ce que la plupart des gens font de leur vie, Ă  voir ce qu'ils font de leur intelligence, je n'ai pas envie qu'ils m'aiment comme eux-mĂȘmes.
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Amin Maalouf (Balthasar's Odyssey)
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D'aprÚs mon amie Kim, ai-je dit, c'est signe de profondeur d'ùme. Pour elle, le monde est divisé entre les personnes qui envisagent leurs obsÚques et les autres. Les artistes et les gens brillants appartiennent à la premiÚre catégorie.
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Gayle Forman (If I Stay (If I Stay, #1))
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Voici ce que j'ai pensé : pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à la raconter. C'est ce qui dupe les gens : un homme, c'est toujours un conteur d'histoires, il vit entouré de ses histoires et des histoires d'autrui, il voit tout ce qui lui arrive à travers elles ; et il cherche à vivre sa vie comme s'il la racontait. Mais il faut choisir : vivre ou raconter.
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Jean-Paul Sartre (Nausea)
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A qui Ă©cris-tu? -A toi. En fait, je ne t'Ă©cris pas vraiment, j'Ă©cris ce que j'ai envie de faire avec toi... Il y avait des feuilles partout. Autour d'elle, Ă  ses pieds, sur le lit. J'en ai pris une au hasard: "...Pique-niquer, faire la sieste au bord d'une riviĂšre, manger des pĂȘches, des crevettes, des croissants, du riz gluant, nager, danser, m'acheter des chaussures, de la lingerie, du parfum, lire le journal, lĂ©cher les vitrines, prendre le mĂ©tro, surveiller l'heure, te pousser quand tu prends toute la place, Ă©tendre le linge, aller Ă  l'OpĂ©ra, faire des barbecues, rĂąler parce que tu as oubliĂ© le charbon, me laver les dents en mĂȘme temps que toi, t'acheter des caleçons, tondre la pelouse, lire le journal par-dessus ton Ă©paule, t'empĂȘcher de manger trop de cacahuĂštes, visiter les caves de la Loire, et celles de la Hunter Valley, faire l'idiote, jacasser, cueillir des mĂ»res, cuisiner, jardiner, te rĂ©veiller encore parce que tu ronfles, aller au zoo, aux puces, Ă  Paris, Ă  Londres, te chanter des chansons, arrĂȘter de fumer, te demander de me couper les ongles, acheter de la vaisselle, des bĂȘtises, des choses qui ne servent Ă  rien, manger des glaces, regarder les gens, te battre aux Ă©checs, Ă©couter du jazz, du reggae, danser le mambo et le cha-cha-cha, m'ennuyer, faire des caprices, bouder, rire, t'entortiller autour de mon petit doigt, chercher une maison avec vue sur les vaches, remplir d'indĂ©cents Caddie, repeindre un plafond, coudre des rideaux, rester des heures Ă  table Ă  discuter avec des gens intĂ©ressants, te tenir par la barbichette, te couper les cheveux, enlever les mauvaises herbes, laver la voiture, voir la mer, t'appeler encore, te dire des mots crus, apprendre Ă  tricoter, te tricoter une Ă©charpe, dĂ©faire cette horreur, recueillir des chats, des chiens, des perroquets, des Ă©lĂ©phants, louer des bicyclettes, ne pas s'en servir, rester dans un hamac, boire des margaritas Ă  l'ombre, tricher, apprendre Ă  me servir d'un fer Ă  repasser, jeter le fer Ă  repasser par la fenĂȘtre, chanter sous la pluie, fuire les touristes, m'enivrer, te dire toute la vĂ©ritĂ©, me souvenir que toute vĂ©ritĂ© n'est pas bonne Ă  dire, t'Ă©couter, te donner la main, rĂ©cupĂ©rer mon fer Ă  repasser, Ă©couter les paroles des chansons, mettre le rĂ©veil, oublier nos valises, m'arrĂȘter de courir, descendre les poubelles, te demander si tu m'aimes toujours, discuter avec la voisine, te raconter mon enfance, faire des mouillettes, des Ă©tiquettes pour les pots de confiture..." Et ça continuais comme ça pendant des pages et des pages...
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Anna Gavalda (Someone I Loved (Je l'aimais))
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et je trainais derriĂšre eux comme je l’ai fait toute ma vie derriĂšre les gens qui m’intĂ©ressent
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Jack Kerouac (On the Road)
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J'ai jamais aimé faire de la peine aux gens, je suis philosophe.
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Romain Gary
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Les gens n'attendent en général qu'une seule chose de vous: que vous leur renvoyiez l'image de ce qu'ils veulent que vous soyez. Et cette image que je leur proposais, ils n'en voulaient surtout pas. C'était une vue du monde d'en haut, une vue qui n'avait rien à faire ici. Alors s'il y a une leçon que j'ai bien apprise en prÚs de vingt-huit ans de présence sur cette Terre, c'est que l'habit doit faire le moine et peu importe ce que cache la soutane.
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Jean-Paul Didierlaurent (Le Liseur du 6h27)
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Pendant ces années, je n'en ai pas voulu à Philippe Toussaint de la solitude dans laquelle il me laissait parce que je ne la ressentais pas, je ne la vivais pas, elle glissait sur moi. Je crois que la solitude et l'ennui touchent le vide des gens. Moi, j'étais repue.
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Valérie Perrin (Changer l'eau des fleurs)
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Les gens qui ont perdu quelqu'un ont un air particulier, que seuls peut-ĂȘtre ceux qui l'ont dĂ©celĂ© sur leur propre visage peuvent reconnaĂźtre. Je l'ai remarquĂ© sur mon visage et je le remarque Ă  prĂ©sent sur d'autres. C'est un air d'extrĂȘme vulnĂ©rabilitĂ©, une nuditĂ©, une bĂ©ance.
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Joan Didion (The Year of Magical Thinking)
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J'ai connu un homme qui a donnĂ© vingt ans de sa vie Ă  une Ă©tourdie, qui lui a tout sacrifiĂ©, ses amitiĂ©s, son travail, la dĂ©cence mĂȘme de sa vie, et qui reconnut un soir qu'il ne l'avait jamais aimĂ©e. Il s'ennuiyait, voilĂ  tout, il s'ennuiyait, comme la plupart des gens. Il s'Ă©tait donc créé de toutes piĂšces une vie de complications et de drames. Il faut que quelque chose arrive, voilĂ  l'explication de la plupart des engagements humains.
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Albert Camus
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Vous avez simplement cherché à ne pas faire comme les autres femmes, et ma foi vous n'avez pas mal réussi. Comme je vous l'ai déjà dit, la société ne veut pas qu'on se singularise. C'est le seul péché qu'elle ne pardonne pas. Maudit soit celui qui est différent des autres. Et puis, Scarlett, le seul fait que votre scierie marche bien est une injure à tout homme dont les affaires périclitent. Rappelez-vous qu'une femme bien élevée doit rester à son foyer et ignorer ce qui se passe dans le monde brutal des gens laborieux.
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Margaret Mitchell (Gone with the Wind)
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Tu t'imagines qu'un mensonge en vaut un autre, mais tu as tort. Je peux inventer n'importe quoi, me payer la tĂȘte des gens, monter toutes sortes de mystifications, faire toutes sortes de blagues, je n'ai pas l'impression d'ĂȘtre un menteur ; ces mensonges-lĂ , si tu veux appeler cela des mensonges, c'est moi, tel que je suis ; avec ces mensonges-lĂ , je ne dissimule rien, avec ces mensonges-lĂ  je dis en fait la vĂ©ritĂ©. Mais il y a des choses Ă  propos desquelles je ne peux pas mentir. IL y a des choses que je connais Ă  fond, dont j'ai compris le sens, et que j'aime. Je ne plaisante pas avec ces choses-lĂ . Mentir lĂ -dessus, ce serait m'abaisser moi-mĂȘme, et je ne le peux pas, n'exige pas ça de moi, je ne le ferai.
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Milan Kundera (Laughable Loves)
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Rafi Hùdy Mamnoun Abdul-Salùm. C'est mon nom, mais les gens qui me connaissent préfÚrent m'appeler Rafi. Je n'ai jamais compris pourquoi...
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Pierre Bottero (Le Souffle de la HyĂšne (L'Autre, #1))
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J'ai un faible pour les gens qui ne se décident pas à commencer quelque chose.
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Virginia Woolf (The Voyage Out (The Virginia Woolf Library))
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Augustus Waters me plaisait. Il me plaisait vraiment, vraiment beaucoup. Le fait qu'il termine son histoire par quelqu'un d'autre me plaisait. Sa voix me plaisait. Qu'il fasse des « entraßnements à haute teneur existentielle » me plaisait. Qu'il soit professeur titulaire de la chaire du Sourire en coin et de celle de la Voix qui fait frissonner ma peau me plaisait. Qu'il ait deux noms me plaisait. J'ai toujours aimé les gens qui ont deux noms parce que cela vous oblige à choisir : Gus ou Augustus ? Moi, je n'ai jamais été qu'Hazel, point.
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John Green (The Fault in Our Stars)
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Depuis, le Paris oĂč j'ai tentĂ© de retrouver sa trace est demeurĂ© aussi dĂ©sert et silencieux que ce jour-lĂ . Je marche Ă  travers les rues vides. Pour moi, elles le restent, mĂȘme le soir, Ă  l'heure des embouteillages, quand les gens se pressent vers les bouches de mĂ©tro. Je ne peux pas m'empĂȘcher de penser Ă  elle et de sentir un Ă©cho de sa prĂ©sence dans certains quartiers.
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Patrick Modiano (Dora Bruder)
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J'ai l'impression d'ĂȘtre une grenade, maman. Je suis une grenade dĂ©goupillĂ©e et, Ă  un moment donnĂ©, je vais exploser. Alors j'aimerais autant limiter le nombre de victimes, OK ? Je suis une grenade. Je ne veux pas voir de gens. Je veux lire des livres, rĂ©flĂ©chir et ĂȘtre avec vous, parce-que vous, je ne peux pas faire autrement que de vous faire du mal, vous ĂȘtre dĂ©jĂ  dedans jusqu'au cou. Alors laissez-moi faire ce que je veux. Je ne fais pas une dĂ©pression. Je n'ai pas besoin de sortir. Et je ne peux pas ĂȘtre une ado normale parce-que je suis une grenade.
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John Green (The Fault in Our Stars)
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— Je ne suis pas une bonne personne, Monique. Veillez, dans le livre, Ă  ce que ce soit clair. Que je ne prĂ©tends pas l’ĂȘtre. Que j’ai commis des tas d’actes qui ont blessĂ© des tas de gens, et je les referais si je le devais.
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Taylor Jenkins Reid (The Seven Husbands of Evelyn Hugo)
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Je n'appartient pas Ă  un systĂšme, j'ai toujours luttĂ© contre ça. Je vois les gens que j'aime, je vais lĂ  oĂč je veux aller, je lis un livre parce qu'il m'attire et non parce qu'il faut absolument l'avoir lu et toute ma vie est comme cela.
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Marc Levy (Et si c'était vrai)
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Les gens de qualite savent tout sans avoir jamais rien appris. Les choses ne valent que ce qu'on les fait valoir. J'ai une delicatesse furieuse pour tout ce que je porte; et jusqu'a mes chaussettes, je ne puis rien souffrir que ne soit de la bonne ouvriere.
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MoliÚre (Les Précieuses Ridicules)
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Mais comment? Comment fais-tu pour surmonter ça, mon chĂ©ri? lui avait-elle demandĂ©. Tu as endurĂ© tellement d'Ă©preuves, mais tu es toujours content. Comment fais-tu? -J'ai choisi de l'ĂȘtre, avait-il rĂ©pondu. Je peux laisser ruiner mon passĂ©, consacrer mon temps Ă  haĂŻr les gens pourc e qu'ils m'ont fait, comme mon pĂšre l'a fait, ou je peux pardonner et oublier. -Mais ce n'est pas si facile." Il avait sourit, de son sourire de Franck. "Oui, mais, TrĂ©sor, c'est tellement moins fatigant; Il suffit de pardonner une fois. Tandis que la rancune, il faut l'entretenir Ă  longueur de journĂ©e, et recommencer tous les jours. Il faudrait que je fasse une liste pour m'assurer que je hais bien tous ceux qui m'ont causĂ© du tort. Non, avait-il ajoutĂ©, on a tous la possibilitĂ© de pardonner.
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M.L. Stedman (The Light Between Oceans)
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Il Ă©tait ulcĂ©rĂ© par le fait que la plupart des gens ne veuillent pas s'exprimer. Il gardait dans sa poche un poĂšme de Martin Niemöller, qui vivait dans l'Allemagne nazie. Il disait: “Lorsqu'ils sont venus chercher les communistes, je n'ai rien dit, je n'Ă©tais pas communiste. Lorsqu'ils ont emprisonnĂ© les socialistes, je n'ai rien dit, je n'Ă©tais pas socialiste. Lorsqu'ils sont venus chercher les syndicalistes, je n'ai rien dit, je n'Ă©tais pas syndicaliste. Lorsqu'ils sont venus chercher les juifs, je n'ai rien dit parce que je n'Ă©tais pas juif. Lorsqu'ils sont venus chercher les catholiques, je n'ai rien dit parce que je n'Ă©tais pas catholique. Lorsqu'ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester.” Il avait raison. Si les gens se taisaient, rien ne changerait.
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Malala Yousafzai (I Am Malala: How One Girl Stood Up for Education and Changed the World (Young Readers Edition))
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Un peu comme lorsque je rentre d'un voyage quelque part et que tout le monde me demande comment c'Ă©tait : peu Ă  peu mes diffĂ©rentes rĂ©ponses n'en font plus qu'une, mes impressions se resserrent sur elles-mĂȘmes, ouais, c'est cool, lĂ -bas, et tiens, une anecdote marrante... puis ce discours unique se substitue Ă  la rĂ©alitĂ© du souvenir. Du coup, j'ai franchement eu peur. J'ai ressenti cette crainte familiĂšre, soudainement intense et sincĂšre, qu'une fois toute sensation Ă©chappĂ©e de ma vie, il ne reste plus de celle-ci qu'un clichĂ©. Et le jour de ma mort, saint Pierre me demanderait : - C'Ă©tait comment ? - Vraiment super, en bas. J'aimais bien la bouffe. m'enfin, avec la tourista... Bon, les gens sont tous trĂšs sympas quand mĂȘme. Et ça serait tout. (...) Et j'ai dĂ©cidĂ© de raconter quelque chose de nouveau sur mon sĂ©jour Ă  chaque personne qui voudrait que je lui en parle, sans me rĂ©pĂ©ter une seule fois.
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Benjamin Kunkel (Indecision)
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Quand on s’attend au pire, le moins pire a une saveur toute particuliĂšre, que vous dĂ©gusterez avec plaisir, mĂȘme si ce n’est pas le meilleur. *** Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. Ne cherchez pas Ă  atteindre un bonheur parfait, mais contentez vous des petites choses de la vie, qui, mises bout Ă  bout, permettent de tenir la distance
 Les tout petit riens du quotidien, dont on ne se rend mĂȘme plus compte mais qui font que, selon la façon dont on les vit, le moment peut ĂȘtre plaisant et donne envie de sourire. Nous avons tous nos petits riens Ă  nous. Il faut juste en prendre conscience. *** Le silence a cette vertu de laisser parler le regard, miroir de l’ñme. On entend mieux les profondeurs quand on se tait. *** Au temps des sorciĂšres, les larmes d’homme devaient ĂȘtre trĂšs recherchĂ©es. C’est rare comme la bave de crapaud. Ce qu’elles pouvaient en faire, ça, je ne sais pas. Une potion pour rendre plus gentil ? Plus humain ? Moins avare en Ă©motion ? Ou moins poilu ? *** Quand un silence s’installe, on dit qu’un ange passe
 *** Vide. Je me sens vide et Ă©teinte. J’ai l’impression d’ĂȘtre un peu morte, moi aussi. D’ĂȘtre un champ de bataille. Tout a brĂ»lĂ©, le sol est irrĂ©gulier, avec des trous bĂ©ants, des ruines Ă  perte de vue. Le silence aprĂšs l’horreur. Mais pas le calme aprĂšs la tempĂȘte, quand on se sent apaisĂ©. Moi, j’ai l’impression d’avoir sautĂ© sur une mine, d’avoir explosĂ© en mille morceaux, et de ne mĂȘme pas savoir comment je vais faire pour les rassembler, tous ses morceaux, ni si je les retrouverai tous. *** Accordez-vous le droit de vivre votre chagrin. Il y a un temps pour tout. *** Ce n’est pas d’intuition dont est dotĂ© Romain, mais d’attention. *** ÒȘa fait toujours plaisir un cadeau, surtout de la part des gens qu’on aime.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Mais Ă  cette heure, oĂč suis-je ? Et comment sĂ©parer ce cafĂ© dĂ©sert de cette chambre du passĂ©. Je ne sais plus si je vis ou si je me souviens. Les lumiĂšres des phares sont lĂ . Et l’Arabe qui se dresse devant moi me dit qu’il va fermer. Il faut sortir. Je ne veux plus descendre cette pente si dangereuse. Il est vrai que je regarde une derniĂšre fois la baie et ses lumiĂšres, que ce qui monte alors vers moi n’est pas l’espoir de jours meilleurs, mais une indiffĂ©rence sereine et primitive Ă  tout et Ă  moi-mĂȘme. Mais il faut briser cette courbe trop molle et trop facile. Et j’ai besoin de ma luciditĂ©. Oui, tout est simple. Ce sont les hommes qui compliquent les choses. Qu’on ne nous raconte pas d’histoires. Qu’on ne nous dise pas du condamnĂ© Ă  mort : « Il va payer sa dette Ă  la sociĂ©tĂ© », mais : « On va lui couper le cou. » Ça n’a l’air de rien. Mais ça fait une petite diffĂ©rence. Et puis, il y a des gens qui prĂ©fĂšrent regarder leur destin dans les yeux.
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Albert Camus (L'envers et l'endroit)
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Les autres gens ont au moins un peu d'ambition ou une petite Ă©tincelle d'illusion pour se rĂ©chauffer les mains. Moi je n'ai rien. Je voudrais me balader dans le vaste monde. Toujours plus loin. Un beau jour je tomberais peut-ĂȘtre sur un patelin ou sur un ĂȘtre et je pourrais dire: ça y est, je reste ici, je suis chez moi.
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Irmgard Keun (Ferdinand, der Mann mit dem freundlichen Herzen)
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Oh! les pauvres gens, les pauvres gens, les pauvres gens, come j'ai senti leurs angoisses, comme je suis mort de leur mort! J'ai passé par toutes leurs misÚres; j'ai subi, en une heure, toutes leurs tortures. J'ai su tous les chagrins qui les ont conduits là; car je sens l'infamie trompeuse de la vie, comme personne, plus que moi, ne l'a sentie.
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Guy de Maupassant (Contes et nouvelles)
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J'ai ri. Il a secouĂ© la tĂȘte et m'a regardĂ©e. - Quoi ? Ai-je demandĂ©. - Rien, a t-il rĂ©pondu. - Pourquoi tu me regardes comme ça ? Augustus a eu un petit sourire. - Parce-que tu es belle. J'aime regarder les gens beaux et, depuis un certain temps, j'ai dĂ©cidĂ© de ne me refuser aucun petit plaisir de la vie. D'autant plus que, comme tu l'as dĂ©licieusement fait remarquer, tout ceci tombera dans l'oubli. - Je ne suis pas bel... - Tu es belle comme mille Natalie Portman. Natalie Portman dans V pour Vendetta. (...) - Ah bon ? S'est-il Ă©tonnĂ©. Fille sublime, cheveux courts, dĂ©teste l'autoritĂ© et ne peut s'empĂȘcher de craquer pour le garçon qui ne lui apportera que des ennuies. Ta bio, en somme.
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John Green (The Fault in Our Stars)
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Tu peux ĂȘtre grave et fou, qui empĂȘche ? Tu peux ĂȘtre tout ce que tu veux et fou en surplus, mais il faut ĂȘtre fou, mon enfant. Regarde autour de toi le monde sans cesse grandissant de gens qui se prennent au sĂ©rieux. Outre qu'ils se donnent un ridicule irrĂ©mĂ©diable devant les esprits semblables au mien, ils se font une vie dangereusement constipĂ©e. Ils sont exactement comme si, Ă  la fois, ils se bourraient de tripes qui relĂąchent et de nĂšfles du Japon qui resserrent. Ils gonflent, gonflent, puis ils Ă©clatent et ça sent mauvais pour tout le monde. Je n'ai pas trouvĂ© d'image meilleure que celle-lĂ . D'ailleurs, elle me plaĂźt beaucoup. Il faudrait mĂȘme y employer trois ou quatre mots de dialecte de façon Ă  la rendre plus orduriĂšre que ce qu'elle est en piĂ©montais. Toi qui connais mon Ă©loignement naturel pour tout ce qui est grossier, cette recherche te montre bien tout le danger que courent les gens qui se prennent au sĂ©rieux devant le jugement des esprits originaux. Ne sois jamais une mauvaise odeur pour tout un royaume, mon enfant. PromĂšne-toi comme un jasmin au milieu de tous.
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Jean Giono (The Horseman on the Roof)
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Vous ne me laisserez pas plaider ma cause. Je connais votre cause. Votre cause c'est qu'il s'est passĂ© certaines choses sur lesquelles vous n'avez aucun pouvoir. C'est vrai. Je suis certaine que c'est vrai. Mais ça ne fait pas une cause. Je n'ai pas de sympathie pour les gens auxquels des choses arrivent. C'est peut-ĂȘtre la malchance, mais est-ce que cela doit compter en leur faveur ?
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Cormac McCarthy (All the Pretty Horses (The Border Trilogy, #1))
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Je parcours la salle du regard, et un violent dĂ©goĂ»t m'envahi. Que fais-je ici? Qu'ai-je Ă©tĂ© me mĂȘler de discourir sur l'humanisme? Pourquoi ces gens sont-ils lĂ ? Pourquoi mangent-ils? C'est vrai qu'ils ne savent pas, eux, qu'ils existent. J'ai envie de partir, de m'en aller quelque part oĂč je serais vraiment Ă  ma place, oĂč je m'emboĂźterais...Mais ma place n'est nulle part; je suis de trop.
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Jean-Paul Sartre (Nausea)
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Simplement, j'ai encore dans la tĂȘte, tout Ă  fait vivante, l'image de cet enfant complĂštement absorbĂ© Ă  "dĂ©livrer des souris" d'un bloc de bois, et c'est devenu pour moi une image prĂ©cieuse. Qui m'a enseignĂ© quelque chose. On en a besoin pour vivre. Une image qui a du sens mĂȘme si on ne peut l'expliquer avec des mots. Je crois que le sens de notre vie, aux gens comme nous, c'est d'approfondir ce quelque chose.
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Haruki Murakami (1Q84 (1Q84, #2))
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Je peux exĂ©crer ce shah, mais ce n'est pas contre lui que je me bats. Triompher d'un despote ne peut ĂȘtre le but ultime, je me bats pour que les Persans aient conscience d'ĂȘtre des hommes libres, des fils d'Adam, comme nous disons ici, qu'ils aient foi en eux-mĂȘmes, en leur force, qu'ils retrouvent une place dans le monde d'aujourd'hui. C'est ce que j'ai voulu rĂ©ussir ici. Cette ville a rejetĂ© la tutelle du monarque et des chefs religieux, elle a dĂ©fiĂ© les Puissances, partout elle a suscitĂ© la solidaritĂ© et l'admiration des hommes de coeur. Les gens de Tabriz Ă©taient sur le point de gagner, mais on ne veut pas les laisser gagner, on a trop peur de leur exemple, on veut les humilier, cette population fiĂšre devra se prosterner devant les soldats du tsar pour obtenir son pain. Toi qui es nĂ© libre dans un pays libre, tu devrais comprendre.
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Amin Maalouf (Samarkand)
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C’est Ă©trange. Que j’aie sauvĂ© ou protĂ©gĂ© des gens, c’était toujours parce qu’ils Ă©taient innocents et ne mĂ©ritaient pas la mort. Tout ce que j’ai fait a Ă©tĂ© fait aprĂšs avoir sĂ©rieusement rĂ©flĂ©chi, et chaque choix a Ă©tĂ© pris aprĂšs beaucoup de peine. Pourtant, pourquoi cela semble si risible venant de la bouche d’un autre ? Pourquoi est-ce que ça sonne comme si je n’avais rien accompli, comme si tout Ă©tait un tel
 Ă©chec ?
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ćąšéŠ™é“œè‡­ (Heaven Official's Blessing: Tian Guan Ci Fu (Novel) Vol. 3)
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Quand j’ai sorti la sĂ©rie « Khal Ras » qui relĂšve plus du documentaire de crĂ©ation, des gens se sont mis en colĂšre, car il ne fallait pas dire de gros mots. Avec « Bissara Overdose », c’est diffĂ©rent, car il y a un public fĂ©minin important et c’est un projet post-fĂ©ministe qui se partage plus facilement, car il n’ y a pas d’insultes. Pour mon prochain projet, je prends en compte toutes ces observations, maintenant que je sais que les web-sĂ©ries se partagent moins quand il y a des gros mots. [yabiladi.com]
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Hicham Lasri
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Mais alors ils s’en allaient, dansant dans les rues comme des clochedingues, et je traĂźnais derriĂšre eux comme je l’ai fait toute ma vie derriĂšre les gens qui m’intĂ©ressent, parce que les seuls gens qui existent pour moi sont les dĂ©ments, ceux qui ont la dĂ©mence de vivre, la dĂ©mence de discourir, la dĂ©mence d’ĂȘtre sauvĂ©s, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bĂąiller ni sortir un lieu commun mais qui brĂ»lent, qui brĂ»lent, pareils aux fabuleux feux jaunes des chandelles romaines explosant comme des poelles Ă  frire Ă  travers les Ă©toiles.
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Jack Kerouac (On the Road)
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Toujours », c’était une promesse ! On n’a pas le droit de briser une promesse. – Parfois les gens ne comprennent pas les promesses qu’ils font au moment oĂč ils les font, ai-je remarquĂ©. Isaac m’a jetĂ© un regard assassin. – Ça n’empĂȘche pas de les tenir quoi qu’il arrive. C’est ça, l’amour. C’est tenir sa promesse quoi qu’il arrive. Tu ne crois pas au grand amour ? Je n’ai pas rĂ©pondu. Je n’en savais rien. Mais j’ai pensĂ© que, si le grand amour existait, c’était une excellente dĂ©finition. – Moi, je crois au grand amour, a dit Isaac. Et je l’aime. Et elle a promis, elle m’a promis « toujours ».
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John Green (The Fault in Our Stars)
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Les graines de tournesol Krispy Kernel, c'est un peu de la marde, tu trouves pas? Ces gens-là sont en business depuis soixante ans (j'ai vérifié) et ils n'ont pas encore trouvé le moyen de produire des graines de tournesol convenables. J'appelle ça rire du monde. PremiÚrement, le taux d'écales vides par sac est scandaleusement élevé. Et puis, rien qu'à voir on voit bien qu'ils utilisent des graines de mauvaise qualité, toutes petites dont les écales ont tendance à se désagréger, tandis que les LalumiÚre éclatent sous la dent en produisant un tac! sonore avant de libérer de belles grosses graines. [...]
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François Blais (Sam)
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Ces gens-lĂ , les profs, il faut les Ă©viter. Ils sont si habituĂ©s Ă  s'Ă©couter parler et Ă  se mettre en scĂšne qu'il n'y a rien Ă  faire avec eux. Aucun Ă©change n'est possible. En plus, ils sont champions toutes catĂ©gories de l'art subtil du humble-brag: « La semaine prochaine, je ne serai pas disponible. Je serai Ă  San Francisco Ă  me dorer la fraise au soleil aprĂšs avoir lu ma communication de vingt minutes devant quatre personnes qui ne m'auront pas Ă©coutĂ©. J'ai prĂ©sentĂ© le mĂȘme texte le mois dernier Ă  DubaĂŻ, Ă  SĂ©oul et Ă  Istanbul. Dans quelques annĂ©es, je pourrai le publier dans un livre qui va moisir sur les rayons.
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Julie Boulanger (Albertine ou La férocité des orchidées)
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J'avais sautĂ© du haut d'une falaise, et puis, juste au moment oĂč j'allais m'Ă©craser en bas, il s'est passĂ© un Ă©vĂ©nement extraordinaire: j'ai appris que des gens m'aimaient. D'ĂȘtre aimĂ© ainsi, cela fait toute la diffĂ©rence. Cela ne diminue pas la terreur de la chute, mais cela donne une perspective nouvelle Ă  la signification de cette terreur. J'avais sautĂ© de la falaise, et puis, au tout dernier moment, quelque chose s'est interposĂ© et m'a rattrapĂ© en plein vol. Quelque chose que je dĂ©finis comme l'amour. C'est la seule force qui peut stopper un homme dans sa chute, la seule qui soit assez puissante pour nier les lois de la gravitĂ©.
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Paul Auster
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Vous ne saisissez jamais Ă  quel point leur conversation est monotone et... comment dirais-je ?... lourde. Ces histoires de contrats, de filles, de soirĂ©es, ça ne vous ennuie jamais ? – Vous savez, dis-je, j’ai passĂ© dix ans dans un couvent et comme ces gens n’ont pas de mƓurs, cela me fascine encore. » Je n’osais ajouter que ça me plaisait. « Depuis deux ans... dit-elle. Ce n’est pas une question de raisonnement, d’ailleurs, ni de morale, c’est une question de sensibilitĂ©, de sixiĂšme sens... » Je ne devais pas l’avoir. Je sentais clairement que quelque chose me manquait Ă  ce sujet-lĂ . « Anne, dis-je brusquement, me croyez-vous intelligente ?
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Françoise Sagan (Bonjour tristesse)
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Je m'appelle GaĂ«lle, j'ai trente-quatre ans, j'ai un gros cul, je suis assistante dans la com', je m'Ă©clate dans mon boulot, je suis super-pro et je ne supporte pas les incompĂ©tents. Tous les matins, je prends mon mĂ©tro Ă  Ledru-Rollin, je lis les gratuits, je me sape chez Zadig & Voltaire, je fais des rĂ©gimes au printemps, je vote Ă  gauche ou Ă  droite, ça dĂ©pend, j'ai les pieds bien sur terre, j'aime pas revoir mes ex, le passĂ© c'est le passĂ©, j'aime pas trop le théùtre, je prĂ©fĂšre le cinĂ©, je m'engueule souvent avec ma mĂšre, je me pose pas trop de questions, j'aime pas les gens prise de tĂȘte, je lis les bouquins d'AmĂ©lie Nothomb et la Star Ac', ça me fait marrer.
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David Thomas (La Patience des buffles sous la pluie)
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Ce n’est pas des gens comme Aoki que j’ai peur. Des types de son espĂšce, il y en a partout. Je suis rĂ©signĂ© au fait qu’il en existe. Quand j’en aperçois un, je m’arrange simplement pour ne pas croiser son chemin. Avec eux, le salut est dans la fuite. Ça ne m’est pas bien difficile de les Ă©viter, je les repĂšre au premier coup d’Ɠil. D’un autre cĂŽtĂ©, il m’arrive aussi de trouver que les gens comme Aoki sont trĂšs forts. Cette capacitĂ© Ă  attendre tapi dans l’ombre qu’une occasion se prĂ©sente, leur habiletĂ© Ă  manipuler l’esprit des autres, tout le monde n’a pas ce don. Je dĂ©teste ce genre de types, ils me font vomir, mais je leur reconnais un certain talent. Non, en fait, ce qui me fait vraiment peur, ce sont les autres, ceux qui gobent sans le moindre esprit critique tout ce qu’un Aoki peut leur raconter. Incapables de se forger leur propre opinion, ou de comprendre quoi que ce soit par eux-mĂȘmes, ils avalent l’avis de beaux parleurs convaincants comme Aoki et mettent leurs propos en action en groupe. Il ne leur vient jamais Ă  l’idĂ©e, mĂȘme briĂšvement, qu’ils pourraient se tromper, faire une erreur, non. Ou qu’ils pourraient causer un mal dĂ©finitif Ă  quelqu’un, pour rien. Ils sont totalement irresponsables, ne se questionnent jamais sur les consĂ©quences de leurs actes. Ce sont eux qui me font vraiment peur. Ces gens que je vois en rĂȘve n’ont pas de visage. Leur silence envahit tout comme une eau glaciale. Dans ce silence, tout se met Ă  fondre et Ă  disparaĂźtre. Moi aussi je fonds au milieu d’eux, et j’ai beau hurler, personne ne m’entend.
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Haruki Murakami (The Silence)
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Il est injuste qu’on s’attache Ă  moi quoiqu’on le fasse avec plaisir et volontairement. Je tromperais ceux Ă  qui j’en ferais naĂźtre le dĂ©sir, car je ne suis la fin de personne et n’ai de quoi les satisfaire. Ne suis-je pas prĂȘt Ă  mourir et ainsi l’objet de leur attachement mourra. Donc comme je serais coupable de faire croire une faussetĂ©, quoique je la persuadasse doucement, et qu’on la crĂ»t avec plaisir et qu’en cela on me fĂźt plaisir ; de mĂȘme je suis coupable de me faire aimer. Et si j’attire les gens Ă  s’attacher Ă  moi, je dois avertir ceux qui seraient prĂȘts Ă  consentir au mensonge, qu’ils ne le doivent pas croire, quelque avantage qui m’en revĂźnt ; et de mĂȘme qu’ils ne doivent pas s’attacher Ă  moi, car il faut qu’ils passent leur vie et leurs soins Ă  plaire Ă  Dieu ou Ă  le chercher.
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Plaise Pascal
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Ă  l'universitĂ© on m'a injustement reprochĂ© d'ĂȘtre un intrigant, sous prĂ©texte que j'obtenais de garçons rĂ©putĂ©s farouches et impĂ©nĂ©trables qu'ils me livrent leurs tourments secrets. En rĂ©alitĂ©, la plupart de ces confidences m'Ă©taient imposĂ©es - je faisais souvent semblant de dormir, d'ĂȘtre trĂšs occupĂ©, ou affichais une indiffĂ©rence hostile, quand je me rendais compte (et certains indices ne trompent pas) qu'une rĂ©vĂ©lation intime se profilait Ă  l'horizon; car les rĂ©vĂ©lations intimes des jeunes gens ou du moins leurs modes d'expression sont rarement inĂ©dits et souvent expurgĂ©s. S'abstenir de juger permet de conserver indĂ©finiment de l'espoir. Aujourd'hui encore, j'aurais un peu peur de passer Ă  cĂŽtĂ© de quelque chose si j'oubliais ce principe que formulait mon snob de pĂšre, et que, snob moi-mĂȘme, j'ai fait mien : le sens des convenances les plus Ă©lĂ©mentaires est inĂ©galement rĂ©parti Ă  la naissance.
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F. Scott Fitzgerald (Gatsby le magnifique (French Edition))
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« Écoute, Egor PĂ©trovitch, lui dit-il. Qu’est ce que tu fais de toi ? Tu te perds seulement avec ton dĂ©sespoir. Tu n’as ni patience ni courage. Maintenant, dans un accĂšs de tristesse, tu dis que tu n’as pas de talent. Ce n’est pas vrai. Tu as du talent ; je t’assure que tu en as. Je le vois rien qu’à la façon dont tu sens et comprends l’art. Je te le prouverai par toute ta vie. Tu m’as racontĂ© ta vie d’autrefois. À cette Ă©poque aussi le dĂ©sespoirte visitait sans que tu t’en rendisses compte. À cette Ă©poque aussi, ton premier maĂźtre, cet homme Ă©trange, dont tu m’as tant parlĂ©, a Ă©veillĂ© en toi, pour la premiĂšre fois, l’amour de l’art et a devinĂ© ton talent. Tu l’as senti alors aussi fortement que maintenant. Mais tu ne savais pas ce qui se passait en toi. Tu ne pouvais pas vivre dans la maison du propriĂ©taire, et tu ne savais toi-mĂȘme ce que tu dĂ©sirais. Ton maĂźtre est mort trop tĂŽt. Il t’a laissĂ© seulement avec des aspirations vagues et, surtout, il ne t’a pas expliquĂ© toimĂȘme. Tu sentais le besoin d’une autre route plus large, tu pressentais que d’autres buts t’étaient destinĂ©s, mais tu ne comprenais pas comment tout cela se ferait et, dans ton angoisse, tu as haĂŻ tout ce qui t’entourait alors. Tes six annĂ©es de misĂšre ne sont pas perdues. Tu as travaillĂ©, pensĂ©, tu as reconnu et toi-mĂȘme et tes forces ; tu comprends maintenant l’art et ta destination. Mon ami, il faut avoir de la patience et du courage. Un sort plus enviĂ© que le mien t’est rĂ©servĂ©. Tu es cent fois plus artiste que moi, mais que Dieu te donne mĂȘme la dixiĂšme partie de ma patience. Travaille, ne bois pas, comme te le disait ton bonpropriĂ©taire, et, principalement, commence par l’a, b, c. « Qu’est-ce qui te tourmente ? La pauvretĂ©, la misĂšre ? Mais la pauvretĂ© et la misĂšre forment l’artiste. Elles sont insĂ©parables des dĂ©buts. Maintenant personne n’a encore besoin de toi ; personne ne veut te connaĂźtre. Ainsi va le monde. Attends, ce sera autre chose quand on saura que tu as du talent. L’envie, la malignitĂ©, et surtout la bĂȘtise t’opprimeront plus fortement que la misĂšre. Le talent a besoin de sympathie ; il faut qu’on le comprenne. Et toi, tu verras quelles gens t’entoureront quand tu approcheras du but. Ils tĂącheront de regarder avec mĂ©pris ce qui s’est Ă©laborĂ© en toi au prix d’un pĂ©nible travail, des privations, des nuits sans sommeil. Tes futurs camarades ne t’encourageront pas, ne te consoleront pas. Ils ne t’indiqueront pas ce qui en toi est bon et vrai. Avec une joie maligne ils relĂšveront chacune de tes fautes. Ils te montreront prĂ©cisĂ©ment ce qu’il y a de mauvais en toi, ce en quoi tu te trompes, et d’un air calme et mĂ©prisant ils fĂȘteront joyeusement chacune de tes erreurs. Toi, tu esorgueilleux et souvent Ă  tort. Il t’arrivera d’offenser une nullitĂ© qui a de l’amour-propre, et alors malheur Ă  toi : tu seras seul et ils seront plusieurs. Ils te tueront Ă  coups d’épingles. Moi mĂȘme, je commence Ă  Ă©prouver tout cela. Prends donc des forces dĂšs maintenant. Tu n’es pas encore si pauvre. Tu peux encore vivre ; ne nĂ©glige pas les besognes grossiĂšres, fends du bois, comme je l’ai fait un soir chez de pauvres gens. Mais tu es impatient ; l’impatience est ta maladie. Tu n’as pas assez de simplicitĂ© ; tu ruses trop, tu rĂ©flĂ©chis trop, tu fais trop travailler ta tĂȘte. Tu es audacieux en paroles et lĂąche quand il faut prendra l’archet en main. Tu as beaucoup d’amour-propre et peu de hardiesse. Sois plus hardi, attends, apprends, et si tu ne comptes pas sur tes forces, alors va au hasard ; tu as de la chaleur, du sentiment, peut-ĂȘtre arriveras-tu au but. Sinon, va quand mĂȘme au hasard. En tout cas tu ne perdras rien, si le gain est trop grand. Vois-tu, aussi, le hasard pour nous est une grande chose. »
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Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
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SOLITAIRE Nul ne sait ce que je dis Ce que je veux nul ne le sait. Sept souriceaux, une souris Sont endormis sur le parquet. Une souris, sept souriceaux, Pourtant il me semble en voir huit ? Alors je mets mon chapeau Je souhaite bonne nuit. Alors je mets mon chapeau Et me laisse aller, OĂč irai-je si tard la nuit Tout seul, esseulĂ© ? À la foire une gargote Me fait signe : eh toi, gogo Viens, j'ai tonneau plein de vin Et d'or plein tonneau. Vite alors j'ouvre la porte Et tombe au-dedans : Qui que vous soyez, bonne fĂȘte À tous, braves gens ! Nul ne sait ce que je dis Ce que je veux nul ne le sait. Deux ivrognes, une bouteille Sont endormis sur le parquet. Deux ivrognes, une bouteille Il me semble en voir trois pourtant, Vaut-il la peine Ă  ce jeu d'ĂȘtre Le quatriĂšme ? Non, vraiment ! Alors je mets mon chapeau Et me laisse aller, OĂč irai-je si tard la nuit Tout seul, esseulĂ© ? (p. 416-417 de L'Anthologie de la poĂ©sie yiddish de Charles Dobzynski)
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Itzik Manger
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Pourquoi n'allez vous pas Ă  l'Ă©cole? Tous les jours je vous vois en train de flĂąner. _ Oh, on se passe fort bien de moi! Je suis insociable, parait-il. Je ne m'intĂšgre pas. C'est vraiment bizarre. Je suis trĂšs sociable, au contraire. Mais tout dĂ©pend de ce qu'on entend par sociable, n'est-ce pas? Pour moi ça veut dire parler de choses et d'autres, comme maintenant. (...) Mais je ne pense pas que ce soit favoriser la sociabilitĂ© que de rĂ©unir tout un tas de gens et de les empĂȘcher ensuite de parler. (...) On ne pose jamais de question, en tout cas la plupart d'entre nous; les rĂ©ponses arrivent toutes seules, bing, bing, bing, et on reste assis quatre heures de plus Ă  Ă©couter le tĂ©lĂ©prof. Ce n'est pas ma conception de la sociabilitĂ©. (...) On nous abrutit tellement qu'Ă  la fin de la journĂ©e on a qu'une envie: se coucher ou aller dans un parc d'attraction bousculer les gens. (...) Au fond, je dois ĂȘtre ce qu'on m'accuse d'ĂȘtre. Je n'ai pas d'amis. C'est sensĂ© prouver que je suis anormale. Mais tous les gens que je connais passent leur temps Ă  brailler, Ă  danser comme des sauvages ou Ă  se taper dessus. Vous avez remarquĂ© Ă  quel point les gens se font du mal aujourd'hui?
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Ray Bradbury (Fahrenheit 451)
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J'ai paru tout Ă  l'heure expliquer mes penchants par des influences extĂ©rieures ; elles ont certainement contribuĂ© Ă  les fixer ; mais je vois bien qu'on doit toujours en revenir Ă  des raisons beaucoup plus intimes, beaucoup plus obscures, que nous comprenons mal parce qu'elles se cachent en nous-mĂȘmes. Il ne suffit pas d'avoir de tels instincts pour en Ă©claircir la cause, et personne, aprĂšs tout, ne peut l'expliquer tout Ă  fait ; ainsi, je n'insisterai pas. Je voulais seulement montrer que ceux-ci, justement parce qu'ils m'Ă©taient naturels, pouvaient longtemps se dĂ©velopper Ă  mon insu. Les gens qui parlent par ouĂŻ-dire se trompent presque toujours, parce qu'ils voient du dehors, et qu'ils voient grossiĂšrement. Ils ne se figurent pas que des actes qu'ils jugent rĂ©prĂ©hensibles puissent ĂȘtre Ă  la fois faciles et spontanĂ©s, comme le sont pourtant la plupart des actes humains. Ils accusent l'exemple, la contagion morale et reculent seulement la difficultĂ© d'expliquer. Ils ne savent pas que la nature est plus diverse qu'on ne suppose ; ils ne veulent pas le savoir, car il leur est plus facile de s'indigner que de penser. Ils font l'Ă©loge de la puretĂ© ; ils ne savent pas combien la puretĂ© peut contenir de trouble ; ils ignorent surtout la candeur de la faute. (p. 40)
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Marguerite Yourcenar
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Je me rappelle mon entrĂ©e sur la scĂšne, Ă  mon premier concert. [
] Je n'aimais pas ce public pour qui l'art n'est qu'une vanitĂ© nĂ©cessaire, ces visage composĂ©s dissimulant les Ăąmes, l'absence des Ăąmes. Je concevais mal qu'on pĂ»t jouer devant des inconnus, Ă  heure fixe, pour un salaire versĂ© d'avance. Je devinais les apprĂ©ciations toutes faites, qu'ils se croyaient obligĂ©s de formuler en sortant ; je haĂŻssais leur goĂ»t pour l'emphase inutile, l'intĂ©rĂȘt mĂȘme qu'ils me portaient, parce que j'Ă©tais de leur monde, et l'Ă©clat factice dont se paraient les femmes. Je prĂ©fĂ©rais encore les auditeurs de concerts populaires, donnĂ©s le soir dans quelque salle misĂ©rable, oĂč j'acceptais parfois de jouer gratuitement. Des gens venaient lĂ  dans l'espoir de s'instruire. Ils n'Ă©taient pas plus intelligents que les autres, ils Ă©taient seulement de meilleur volontĂ©. Ils avaient dĂ», aprĂšs leur repas, s'habiller le mieux possible ; ils avaient dĂ» consentir Ă  avoir froid, pendant deux longues heures, dans une salle presque noire. Les gens qui vont au théùtre cherchent Ă  s'oublier eux-mĂȘmes ; ceux qui vont au concert cherchent plutĂŽt Ă  se retrouver. Entre la dispersion du jour et la dissolution du sommeil, ils se retrempent dans ce qu'ils sont. Visage fatiguĂ©s des auditeurs du soir, visages qui se dĂ©tendent dans leurs rĂȘves et semblent s'y baigner. Mon visage
 En ne suis-je pas aussi trĂšs pauvre, moi qui n'ai ni amour, ni foi, ni dĂ©sir avouable, moi qui n'ai que moi-mĂȘme sur qui compter, et qui me suis presque toujours infidĂšle ? (p. 82-83)
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Marguerite Yourcenar (Alexis ou le Traité du vain combat / Le Coup de grùce)
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Ce n’est pas de gens comme Aoki que j’ai peur. Des types de son espĂšce, il y en a partout. Je suis rĂ©signĂ© au fait qu’il en existe. Quand j’en aperçois un, je m’arrange simplement pour ne pas croiser son chemin. Avec eux, le salut est dans la fuite. Ça ne m’est pas bien difficile de les Ă©viter, je les repĂšre au premier coup d’Ɠil. D’un autre cĂŽtĂ©, il m’arrive aussi de trouver que les gens comme Aoki sont trĂšs forts. Cette capacitĂ© Ă  attendre tapi dans l’ombre qu’une occasion se prĂ©sente, leur habiletĂ© Ă  manipuler l’esprit des autres, tout le monde n’a pas ce don. Je dĂ©teste ce genre de types, ils me font vomir, mais je leur reconnais un certain talent. Non, en fait, ce qui me fait vraiment peur, ce sont les autres, ceux qui gobent sans le moindre esprit critique tout ce qu’un Aoki peut leur raconter. Incapables de se forger leurs propres opinions, ou de comprendre quoi que ce soit par eux-mĂȘmes, ils avalent l’avis de beaux parleurs convaincants comme Aoki et mettent leurs propos en action en groupe. Il ne leur vient jamais Ă  l’idĂ©e, mĂȘme briĂšvement, qu’ils pourraient se tromper, faire une erreur, non. Ou qu’ils pourraient causer un mal dĂ©finitif Ă  quelqu’un, pour rien. Ils sont totalement irresponsables, ne se questionnent jamais sur les consĂ©quences de leurs actes. Ce sont eux qui me font vraiment peur. Ces gens que je vois en rĂȘve n’ont pas de visage. Leur silence envahit tout comme une eau glaciale. Dans ce silence, tout se met Ă  fondre et Ă  disparaĂźtre. Moi aussi je fonds au milieu d’eux, et j’ai beau hurler, personne ne m’entend.
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Haruki Murakami (The Silence)
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Je n'en sais rien, Tarrou, je vous jure que je n'en sais rien. Quand je suis entrĂ© dans ce mĂ©tier, je l'ai fait abstraitement, en quelque sorte, parce que j'en avais besoin, parce que c'Ă©tait une situation comme les autres, une de celles que les jeunes gens se proposent. Peut-ĂȘtre aussi parce que c'Ă©tait particuliĂšrement difficile pour un fils d'ouvrier comme moi. Et puis il a fallu voir mourir. Savez-vous qu'il y a des gens qui refusent de mourir ? Avez-vous jamais entendu une femme crier : « jamais ! » au moment de mourir ? Moi, oui. Et je me suis aperçu alors que je ne pouvais pas m'y habituer. J'Ă©tais jeune alors et mon dĂ©goĂ»t croyait s'adresser Ă  l'ordre mĂȘme du monde. Depuis, je suis devenu plus modeste. Simplement, je ne suis toujours pas habituĂ© Ă  voir mourir. je ne sais rien de plus. Mais aprĂšs tout... Rieux se tut et se rassit. Il se sentait la bouche sĂšche. - AprĂšs tout ? dit doucement Tarrou. - AprĂšs tout, reprit le docteur, et il hĂ©sita encore, regardant Tarrou avec attention, c'est une chose qu'un homme comme vous peut comprendre, n'est-ce pas, mais puisque l'ordre du monde est rĂ©glĂ© par la mort, peut-ĂȘtre vaut-il mieux pour Dieu qu'on ne croie pas en lui et qu'on lutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les yeux vers ce ciel oĂč il se tait. - Oui, approuva Tarrou, je peux comprendre. Mais vos victoires seront toujours provisoires, voilĂ  tout. Rieux parut s'assombrir. - Toujours, je le sais. Ce n'est pas une raison pour cesser de lutter. - Non, ce n'est pas une raison. Mais j'imagine alors ce que doit ĂȘtre cette peste pour vous. - Oui, dit Rieux. Une interminable dĂ©faite.
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Albert Camus (The Plague)
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Les gens ont peur d’ĂȘtre bannis socialement ou obligĂ©s de quitter le pays. Il y a des lignes rouges que personne n’ose dĂ©passer, sur lesquelles veillent l’Etat et les oulĂ©mas. Je me souviens de la virulence avec laquelle un alem de l’Establishment avait excommuniĂ© le philosophe Mohamed Aziz Lahbabi. Celui-ci m’avait appelĂ© pour me demander de raisonner le alem en question. « Dis-lui que je fais mes priĂšres, que je ne suis pas un mĂ©crĂ©ant ». J’ai eu Ă  faire moi-mĂȘme Ă  un alem, le jour oĂč il m’a conviĂ©, sur le ton de la dĂ©fiance, Ă  un dĂ©bat sur la culture musulmane. Il Ă©tait question, au dĂ©part, qu’Abdellah Laroui et Mehdi Mandjera soient Ă  mes cĂŽtĂ©s pour confronter nos idĂ©es avec cinq oulĂ©mas de la vieille Ă©cole. J’ai essayĂ© finalement de m’en sortir tout seul, sans m’éloigner de la logique coranique. A vrai dire, je me sens obligĂ©, en tant que dĂ©fenseur d’une laĂŻcitĂ© tolĂ©rante, d’acquĂ©rir continuellement des connaissances religieuses prĂ©cises. En fait, entre 1968 et 1972, je me suis sĂ©rieusement penchĂ© sur l’exĂ©gĂšse du Coran, dont l’une des versions les plus exhaustives en 10 volumes que j’ai lue quatre fois. Peu importe Ă  quel degrĂ© de croyance je me situais, je voulais m’instruire. Dans la foulĂ©e, j’ai dĂ©cidĂ© de prendre une posture d’avocat sans prĂ©jugĂ©, se proposant de dĂ©fendre un client sans savoir s’il avait raison ou tort. Et en l’occurrence, je me suis fait l’avocat de l’Islam. Or, un avocat ne peut que donner raison Ă  son client. J’ai alors Ă©crit mon livre, Ce que dit le muezzin. Me suis-je convaincu moi-mĂȘme, Ă  l’arrivĂ©e ? En tout cas, j’ai au moins rendu hommage Ă  la religion dans laquelle j’avais Ă©tĂ© Ă©levĂ©. [Interview Economia, Octobre 2010]
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Mohammed Chafik
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Parfois, dans la vie, on a le sentiment de croiser des gens du mĂȘme univers que nous. Des extra-humains, diffĂ©rents des autres, qui vivent sur la mĂȘme longueur d'onde, ou dans la mĂȘme illusion. *** J’en ai assez d’ĂȘtre blasĂ©e. De me mĂ©fier de tout et de tout le monde. *** coalescence : rapprochement de personnes sensibles et meurtries dont le contact entraĂźne une reconstruction solide de chaque Ă©lĂ©ment Ă  travers le tout qu'ils forment. *** Partie. OĂč Ò«a ? DĂ©cĂ©dĂ©e. ÉlĂ©gant, mais long. Un peu pompeux. Trop officiel. Au ciel. À d’autres ! Morte. Ben oui, morte. *** Je suis quoi face Ă  l’ocĂ©an ? Je suis quoi sur cette terre ? Un grain de sable, comme tous les autres. Avec des grains qui Ă©crasent ceux d’en dessous et les empĂȘchent de respirer. *** On cherche l’harmonie pour se faire du bien. Et pour supporter d’ĂȘtre les grains qui Ă©touffent sous les autres. *** - Croire en quoi ? - En la force qu’on a tous au fond de nous quand il est question d’une autre vie que la nĂŽtre. Comme vous pour votre fils. Et j’espĂšre que Caroline l’aura aussi *** Tu peux tendre la main Ă  quelqu’un, mais tu ne peux pas le sortir du trou dans lequel il s’enforce s’il ne prend pas la main que tu lui tends. À moins d’y tomber avec lui, ce qui ne rĂ©sout pas les choses. On est Ă  deux au fond du trou, mais on est quand mĂȘme au fond du trou. *** Et puis, elle obtient enfin l’autorisation de les ouvrir, Ă  condition de ne regarder que le ciel, et nulle part ailleurs
 En Ă©cartant les paupiĂšres doucement, c’est comme ci elle ouvrait le rideau d’un théùtre tandis que l’obscuritĂ© est totale dans la salle. Elle entre alors dans la troisiĂšme dimension. La quatriĂšme, peut-ĂȘtre. Longueur, largeur, profondeur, et paix de cƓur.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Il etait plutot fin, donc, le sable, delie, ne s'agglomerait pas, c'etait de la pierre, en fait, de la pierre pilee, rien a voir ou presque avec la poussiere, c'est ce que je veux dire. Mais plus maintenant. C'est que ca vole, quand meme, le sable. Et il volait, la, sous les pieds des enfants, et partout ca retombait, et pour la premiere fois j'ai vu la plage comme une grande plage de poussiere. Je dis grande parce que j n'avais jamais vu autant de poussiere, meme chez moi, apres le depart de Constance. Et j'ai forcement pense a Laura, mais ce n'est pas ca, je n'ai pas eu a y penser, bien sur, j'y pensais, je ne faisais que ca, mais j'y pensais avec recul, enfin j'essayais, parce que le moins qu'on puisse dire c'est que j'avais besoin de distance, sauf que je n'arrivais pas a' en prendre, de la distance, je souffrais, c'est egalement le moins qu'on puisse dire, et le seul resultat de mes efforts c'etait ca: penser que je m'etais trompe, que Laura en fin de compte n'avait jamais convenu, depuis le debut, ni pour le menage, ni comme femme, donc, comme femme susceptible d'apporter un peu d'order, dans ma vie, et alors j'en trouvais la verfication maintenant, sur le sable, ce sable que je n'avais jamais aime, au fond, pas plus que la poussiere, ou Laura me laissait, jusqu'a la mordre. Et j'ai vu que le gens s'y couchaient, dans ce sable, que n'etait plus que poussiere, maintenant, et je me suis dit je suis comme eux, a cette difference pres qu'ils sont beaucoup plus forts, eux. Parce qu'ils s'entrainen, en fait. A y retourner, donc. A la poussiere, oui. Je pensais ca aussi parce que je me sentais mort, bien sur, mais tout de meme. Et je le pensais encore parce que j n'etais pas pret, moi. Je me sentais mort depuis deux minutes, seulement. Mort, mais supris.
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Christian Oster (Une femme de ménage)
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En ce qui concerne l’arabe et le berbĂšre, je ne dirai qu’une chose : j’estime qu’un berbĂšre qui ne connaĂźt pas l’arabe, ne connaĂźt pas le Maroc et l’arabe qui ne sait pas le berbĂšre, non plus. Quant Ă  l’origine des uns et des autres, et puisqu’on parle beaucoup ces derniers temps d’ADN, je voudrais dĂ©plorer le fait que chez nous, on a l’esprit insuffisamment scientifique pour remettre en cause des donnĂ©es historiques hĂ©ritĂ©es, qu’on s’en tient Ă  ce qui a Ă©tĂ© dit il y a mille ans. Or, je peux vous dire que les civilisations berbĂšre et Ă©gyptienne ont une mĂȘme origine, le centre du Grand Sahara. Quand je travaillais sur le dictionnaire berbĂšre (j’y ai consacrĂ© 27 ans de ma vie), il y a eu une racine berbĂšre qui m’a intriguĂ©e. Il s’agit d’un verbe, Sko, qui veut dire dans tous les dialectes berbĂšres, « bĂątir », sauf chez les touaregs oĂč il veut dire « enterrer ». Or, c’est de notoriĂ©tĂ© publique, le touareg est un isolant linguistique, conservateur, qui peut porter les traces d’une signification originelle. Petit Ă  petit, j’ai rĂ©uni suffisamment d’élĂ©ments pour affirmer qu’à l’époque des hordes dans le Grand Sahara, on a commencĂ© Ă  enterrer les morts. Puis, les gens n’étant pas sĂ©dentarisĂ©s, on a Ă©tĂ© obligĂ©s de construire un Ă©difice reconnaissable sur chaque tombe. Par ce dĂ©tail linguistique, je suis arrivĂ© Ă  l’hypothĂšse de l’origine historique commune, saharienne, des BerbĂšres et des Egyptiens. Quand j’ai exposĂ© ma thĂšse Ă  l’AcadĂ©mie Royale du Maroc, elle a Ă©tĂ© accueillie trĂšs froidement. Mais une anthroplogue amĂ©ricaine qui menait une recherche sur les deux civilisations puis un livre paru en 2000 2 ont corroborĂ© mon propos et montrĂ© qu’au moment de la dĂ©sertification, les populations ont Ă©migrĂ© vers l’Ouest (le Maghreb) et l’Est (l’Egypte) au plus proche des points d’eau 3, avec une particularitĂ© bovine du cĂŽtĂ© du Nil et une orientation pastoraliste ovine du cĂŽtĂ© du Maghreb. [Interview Economia, Octobre 2010]
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Mohammed Chafik
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en vĂ©ritĂ© il est trĂšs agrĂ©able de se rĂ©unir, de s’asseoir et de bavarder des intĂ©rĂȘts publics. Parfois mĂȘme je suis prĂȘt Ă  chanter de joie, quand je rentre dans la sociĂ©tĂ© et vois des hommes solides, sĂ©rieux, trĂšs bien Ă©levĂ©s, qui se sont rĂ©unis, parlent de quelque chose sans rien perdre de leur dignitĂ©. De quoi parlent-ils ? ça c’est une autre question. J’oublie mĂȘme, parfois, de pĂ©nĂ©trer le sens de la conversation, me contentant du tableau seul. Mais jusqu’ici, je n’ai jamais pu pĂ©nĂ©trer le sens de ce dont s’entretiennent chez nous les gens du monde qui n’appartiennent pas Ă  un certain groupe. Dieu sait ce que c’est. Sans doute quelque chose de charmant, puisque ce sont des gens charmants. Mais tout cela paraĂźt incomprĂ©hensible. On dirait toujours que la conversation vient de commencer ; comme si l’on accordait les instruments. On reste assis pendant deux heures et, tout ce temps, on ne fait que commencer la conversation. Parfois tous ont l’air de parler de choses sĂ©rieuses, de choses qui provoquent la rĂ©flexion. Mais ensuite, quand vous vous demandez de quoi ils ont parlĂ©, vous ĂȘtes incapable de le dire : de gants, d’agriculture, ou de la constance de l’amour fĂ©minin ? De sorte que, parfois, je l’avoue, l’ennui me gagne. On a l’impression de rentrer par une nuit sombre Ă  la maison en regardant tristement de cĂŽtĂ© et d’entendre soudain de la musique. C’est un bal, un vrai bal. Dans les fenĂȘtres brillamment Ă©clairĂ©es passent des ombres ; on entend des murmures de voix, des glissements de pas ; sur le perron se tiennent des agents. Vous passez devant, distrait, Ă©mu ; le dĂ©sir de quelque chose s’est Ă©veillĂ© en vous. Il vous semble avoir entendu le battement de la vie, et, cependant, vous n’emportez avec vous que son pĂąle motif, l’idĂ©e, l’ombre, presque rien. Et l’on passe comme si l’on n’avait pas confiance. On entend autre chose. On entend, Ă  travers les motifs incolores de notre vie courante, un autre motif, pĂ©nĂ©trant et triste, comme dans le bal des Capulet de Berlioz. L’angoisse et le doute rongent votre coeur, comme cette angoisse qui est au fond du motif lent de la triste chanson russe : Écoutez... d’autres sons rĂ©sonnent. Tristesse et orgie dĂ©sespĂ©rĂ©es... Est-ce un brigand qui a entonnĂ©, lĂ -bas, la chanson ? Ou une jeune fille qui pleure Ă  l’heure triste des adieux ? Non ; ce sont les faucheurs qui rentrent de leur travail... Autour sont les forĂȘts et les steppes de Saratov.
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Fyodor Dostoevsky
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banquet oifert Ă  un dĂ©putĂ© par ses Ă©lecteurs reconnaissants. La cheminĂ©e est ornĂ©e d’une pendule d’un goĂ»t atrocement troubadour, reprĂ©sentant le templier Bois-Guilbert enlevant une RĂ©becca dorĂ©e sur un cheval argentĂ©. A droite et Ă  gauche de cette odieuse horloge sont placĂ©s deux flambeaux de plaquĂ© sous un globe. Ces magnificences sont l’objet de la secrĂšte envie de plus d’une mĂ©nagĂšre de Pont-de-Arche, et la servante elle-mĂȘme ne les essuie qu’en tremblant. Je ne parle pas de quelques caniches en verre filĂ©, d’un petit saint Jean en pĂąte de sucre, d’un NapolĂ©on en chocolat, d’un cabaret chargĂ© de porcelaines communes et pompeusement installĂ© sur une table ronde, de gravures reprĂ©sentant les Adieux de Fontainebleau, Souvenirs et regrets, la Famille du marin, les Petits Braconniers et autres vulgaritĂ©s du mĂȘme genre. — Concevez-vous rien de pareil ? Je n’ai jamais su comprendre, pour ma part, cet amour du commun et du laid. Je conçois que tout le monde n’ait pas pour logement des Alhambras, des Louvres ou des ParthĂ©nons ; mais il est toujours si facile de ne pas avoir de pendule ! de laisser les murailles nues, et de se priver de lithographies de Maurin ou d’aquatintes de Jazet ! Les gens qui remplissaient ce salon me semblaient, Ă  force de vulgaritĂ©, les plus Ă©tranges du monde ; ils avaient des façons de parler incroyables, et s’exprimaient en style fleuri, comme feu Prudhomme, Ă©lĂšve de Brard et Saint-Omer. Leurs tĂȘtes, Ă©panouies sur leurs cravates blanches, et leurs cols de chemise gigantesques faisaient penser Ă  certains produits de la famille des cucurbitacĂ©s. Quelques hommes ressemblent Ă  des animaux, au lion, au cheval, Ă  l’ñne ; ceux-ci, tout bien considĂ©rĂ©, avaient l’air encore plus vĂ©gĂ©tal que bestial. Des femmes, je n’en dirai rien, m’étant promis de ne jamais tourner en ridicule ce sexe charmant. Au milieu de ces lĂ©gumes humains, Louise faisait l’effet d’une rose dans un carrĂ© de choux. Elle portait une simple robe blanche serrĂ©e Ă  la taille par un ruban bleu ; ses cheveux, sĂ©parĂ©s en bandeaux, encadraient harmonieusement son front pur. Une grosse natte se tordait derriĂšre sa nuque, couverte de cheveux follets et d’un duvet de pĂȘche. Une quakeresse n’aurait rien trouvĂ© Ă  redire Ă  cette mise, qui faisait paraĂźtre d’un grotesque et d’un ridicule achevĂ©s les harnais et les plumets de corbillard. des autres femmes ; il Ă©tait impossible d’ĂȘtre de meilleur goĂ»t. J’avais peur que mon infante ne profitĂąt de la circonstance pour dĂ©ployer quelque toilette excessive et prĂ©tentieuse, achetĂ©e d’occasion. Cette pauvre robe de mousseline qui n’a jamais vu l’Inde, et qu’elle a probablement faite elle-mĂȘme, m’a touchĂ© et sĂ©duit ; je ne tiens pas Ă  la parure. J’ai eu pour maĂźtresse une gitana grenadine qui n’avait pour tout vĂȘtement que des pantoufles bleues et un collier de grains d’ambre ; mais rien ne me contrarie comme un fourreau mal taillĂ© et d’une couleur hostile. Les dandies bourgeois prĂ©fĂ©rant de
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Théophile Gautier (La Croix de Berny: Roman steeple-chase (French Edition))
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Wilhelm, on deviendrait furieux de voir qu’il y ait des hommes incapables de goĂ»ter et de sentir le peu de biens qui ont encore quelque valeur sur la terre. Tu connais les noyers sous lesquels je me .suis assis avec Charlotte, Ă  St
, chez le bon pasteur, ces magnifiques noyers, qui, Dieu le sait, me remplissaient toujours d’une joie calme et profonde. Quelle paix, quelle fraĂźcheur ils rĂ©pandaient sur le presbytĂšre ! Que les rameaux Ă©taient majestueux ! Et le souvenir enfin des vĂ©nĂ©rables pasteurs qui les avaient plantĂ©s, tant d’annĂ©es auparavant !
 Le maĂźtre d’école nous a dit souvent le nom de l’un d’eux, qu’il avait appris de son grand-pĂšre. Ce fut sans doute un homme vertueux, et, sous ces arbres, sa mĂ©moire me fut toujours sacrĂ©e. Eh bien, le maĂźtre d’école avait hier les larmes aux yeux, comme nous parlions ensemble de ce qu’on les avait abattus. Abattus ! j’en suis furieux, je pourrais tuer le chien qui a portĂ© le premier coup de hache. Moi, qui serais capable de prendre le deuil, si, d’une couple d’arbres tels que ceux-lĂ , qui auraient existĂ© dans ma cour, l’un venait Ă  mourir de vieillesse, il faut que je voie une chose pareille !
 Cher Wilhelm, il y a cependant une compensation. Chose admirable que l’humanitĂ© ! Tout le village murmure, et j’espĂšre que la femme du pasteur s’apercevra au beurre, aux Ɠufs et autres marques d’amitiĂ©, de la blessure qu’elle a faite Ă  sa paroisse. Car c’est elle, la femme du nouveau pasteur (notre vieux est mort), une personne sĂšche, maladive, qui fait bien de ne prendre au monde aucun intĂ©rĂȘt, attendu que personne n’en prend Ă  elle. Une folle, qui se pique d’ĂȘtre savante ; qui se mĂȘle de l’étude du canon ; qui travaille Ă©normĂ©ment Ă  la nouvelle rĂ©formation morale et critique du christianisme ; Ă  qui les rĂȘveries de Lavater font lever les Ă©paules ; dont la santĂ© est tout Ă  fait dĂ©labrĂ©e, et qui ne goĂ»te, par consĂ©quent, aucune joie sur la terre de Dieu ! Une pareille crĂ©ature Ă©tait seule capable de faire abattre mes noyers. Vois-tu, je n’en reviens pas. Figure-toi que les feuilles tombĂ©es lui rendent la cour humide et malpropre ; les arbres interceptent le jour Ă  madame, et, quand les noix sont mĂ»res, les enfants y jettent des pierres, et cela lui donne sur les nerfs, la trouble dans ses profondes mĂ©ditations, lorsqu’elle pĂšse et met en parallĂšle Kennikot, Semler et MichaĂ«lis. Quand j’ai vu les gens du village, surtout les vieux, si mĂ©contents, je leur ai dit : « Pourquoi l’avez-vous souffert ?— A la campagne, m’ontils rĂ©pondu, quand le maire veut quelque chose, que peut-on /aire ? * Mais voici une bonne aventure. : le- pasteur espĂ©rait aussi tirer quelque avantage des caprices de sa femme, qui d’ordinaire ne rendent pas sa soupe plus grasse, et il croyait partager le produit avec le maire ; la chambre des domaines en fut avertie et dit : « A moi, s’il vous plaĂźt ! » car elle avait d’anciennes prĂ©tentions sur la partie du presbytĂšre oĂč les arbres Ă©taient plantĂ©s, et elle les a vendus aux enchĂšres. Ils sont Ă  bas ! Oh ! si j’étais prince, la femme du pasteur, le maire, la chambre des domaines, apprendraient
. Prince !
 Eh ! si j’étais prince, que m’importeraient les arbres de mon pays ?
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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(...) Cărțile de filozofie, ce le traducea, erau subt raport terminologic, produsul unui proces de două ori milenar. Klain și-ar fi ușurat enorm munca de traducător, dacă ar fi acceptat de fiecare dată termenii latini ca atare. Dorința de a vorbi cĂąt mai apropiat de Ăźnțelegerea poporului, conștiința ce-o avea despre posibilitățile intrinseci ale limbii romĂąne, dar Ăźn același timp și concepția, ce-și formase despre veșmĂąntul ce urma să-l Ăźmbrace gĂąndirea filozofică romĂąnească, i-au impus Ăźncă o altă atitudine. El nu va primi neologismul decĂąt atunci cĂąnd pentru redarea unui termen nu se găsea Ăźn limba romĂąnească vorbită de popor nici un echivalent, nici un element utilizat cel puțin Ăźntr-o circumscriere a termenului Ăźn chestiune. În acest sens eforturile lui Klain de a face „pre limba romĂąnească” disciplinele filozofice au fost Ăźntr-adevăr extraordinare. În pragul oricărui manual de Logică vom ĂźntĂąlni termeni specifici ai domeniului precum „axiomă” sau „definiție”. Ce va face Klain? Pentru fiecare dintre acești termeni, el va căuta mai ĂźntĂąi rădăcini romĂąnești, și numai cĂąnd nu le va găsi, și numai cu sfială el va adopta termenul străin. Iată bunăoară termenul „definitio”: călăuzit de criteriul arătat, Klain va căuta un echivalent romĂąnesc. Nu ne-a rămas nici o urmă cu privire la procesul de adulmecare a celui mai potrivit și neaoș cuvĂąnt romĂąnesc, proces ce a trebuit să intervină Ăźn vederea transpunerilor, dar bănuim că operația n-a fost tocmai ușoară. „Definitio?” „HotărĂąre” va spune Klain, gĂąndindu-se că a „defini” Ăźnseamnă a „mărgini” un lucru, a-i pune hotar, spre a-l deosebi de altul. Pentru termenul de „axiomă” Klain nu găsește Ăźnsă Ăźn nici un fel vreun echivalent romĂąnesc. Astfel el Ăźl va accepta ca atare: axiomă. Sunt neologisme pe cari Klain le acceptă; astfel: „idee”. Dar Ăźn loc de „cauză”, el preferă „pricină”; Ăźn loc de „corpuri” (Ăźn Fizică) el spune „trupuri”. În loc de „gen” - „neam”. În loc de „silogismele, cari păcătuiesc prin quaternio terminorum” Klain va zice: „Silogismii cei răi și vicleni cari au patru graiuri”. Și așa mai departe. CercetĂąnd manuscrisele lui Klain, am făcut pe fața interioară a unei coperte o descoperire impresionantă cu privire la truda lui Klain. CĂąteodată el s-a căznit zeci de ani să „romĂąnizeze” cĂąte-un termen. Astfel termenul de „principiu”, atĂąt de frecvent Ăźn Logică sau Ăźn Metafizică, Klain Ăźl traduce ĂźntĂąi prin cuvĂąntul „Început”; după vreo treizeci de ani el traduce același termen prin cuvĂąntul „temei”. Nu acem aici de a face numai cu o ispravă lingvistică; avem aici mărturia cea mai izbitoare cu privire la felul cum gĂąndirea filozofică a lui Klain s-a tot adĂąncit. În tinerețe Klain gĂąndea Ăźncă foarte teologic; de aceea „principium” este pentru el „ünceput”; mai tĂąrziu gĂąndirea sa devine mai filozofică, mai metafizică, și atunciel scrie „temei”. Încercarea de „romĂąnizare” a lui Klain n-a reușit, a Ăźnvins neologismul. Și pentru precizia terminologiei filozofice romĂąnești e desigur un bine că a Ăźnvins neologismul. Dar cĂątă plasticitate, cĂątă viață, cĂąte nuanțe și ce savoare, ce adĂąncime și ce perspective s-ar putea introduce Ăźn graiul filozofic romĂąnesc, dacă uneori, la locul potrivit, s-ar recurge iarăși la cuvĂąntul Ăźntr-adevăr romĂąnesc așa cum Ăźl dezvăluia pĂąnă la „rădăcini”, și cum Ăźl ridica Ăźn slava conștiinței un Samoil Klain!
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Lucian Blaga (Luntrea lui Caron)
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Les deux femmes, vĂȘtues de noir, remirent le corps dans le lit de ma sƓur, elles jetĂšrent dessus des fleurs et de l’eau bĂ©nite, puis, lorsque le soleil eut fini de jeter dans l’appartement sa lueur rougeĂątre et terne comme le regard d’un cadavre, quand le jour eut disparu de dessus les vitres, elles allumĂšrent deux petites bougies qui Ă©taient sur la table de nuit, s’agenouillĂšrent et me dirent de prier comme elles. Je priai, oh ! bien fort, le plus qu’il m’était possible ! mais rien
 LĂ©lia ne remuait pas ! Je fus longtemps ainsi agenouillĂ©, la tĂȘte sur les draps du lit froids et humides, je pleurais, mais bas et sans angoisses ; il me semblait qu’en pensant, en pleurant, en me dĂ©chirant l’ñme avec des priĂšres et des vƓux, j’obtiendrais un souffle, un regard, un geste de ce corps aux formes indĂ©cises et dont on ne distinguait rien si ce n’est, Ă  une place, une forme ronde qui devait ĂȘtre La tĂȘte, et plus bas une autre qui semblait ĂȘtre les pieds. Je croyais, moi, pauvre naĂŻf enfant, je croyais que la priĂšre pouvait rendre la vie Ă  un cadavre, tant j’avais de foi et de candeur ! Oh ! on ne sait ce qu’a d’amer et de sombre une nuit ainsi passĂ©e Ă  prier sur un cadavre, Ă  pleurer, Ă  vouloir faire renaĂźtre le nĂ©ant ! On ne sait tout ce qu’il y a de hideux et d’horrible dans une nuit de larmes et de sanglots, Ă  la lueur de deux cierges mortuaires, entourĂ© de deux femmes aux chants monotones, aux larmes vĂ©nales, aux grotesques psalmodies ! On ne sait enfin tout ce que cette scĂšne de dĂ©sespoir et de deuil vous remplit le cƓur : enfant, de tristesse et d’amertume ; jeune homme, de scepticisme ; vieillard, de dĂ©sespoir ! Le jour arriva. Mais quand le jour commença Ă  paraĂźtre, lorsque les deux cierges mortuaires commençaient Ă  mourir aussi, alors ces deux femmes partirent et me laissĂšrent seul. Je courus aprĂšs elles, et me traĂźnant Ă  leurs pieds, m’attachant Ă  leurs vĂȘtements : — Ma sƓur ! leur dis-je, eh bien, ma sƓur ! oui, LĂ©lia ! oĂč est-elle ? Elles me regardĂšrent Ă©tonnĂ©es. — Ma sƓur ! vous m’avez dit de prier, j’ai priĂ© pour qu’elle revienne, vous m’avez trompĂ© ! — Mais c’était pour son Ăąme ! Son Ăąme ? Qu’est-ce que cela signifiait ? On m’avait souvent parlĂ© de Dieu, jamais de l’ñme. Dieu, je comprenais cela au moins, car si l’on m’eĂ»t demandĂ© ce qu’il Ă©tait, eh bien, j’aurais pris La linotte de LĂ©lia, et, lui brisant la tĂȘte entre mes mains, j’aurais dit : « Et moi aussi, je suis Dieu ! » Mais l’ñme ? l’ñme ? qu’est-ce cela ? J’eus la hardiesse de le leur demander, mais elles s’en allĂšrent sans me rĂ©pondre. Son Ăąme ! eh bien, elles m’ont trompĂ©, ces femmes. Pour moi, ce que je voulais, c’était LĂ©lia, LĂ©lia qui jouait avec moi sur le gazon, dans les bois, qui se couchait sur la mousse, qui cueillait des fleurs et puis qui les jetait au vent ; c’était Lelia, ma belle petite sƓur aux grands yeux bleus, LĂ©lia qui m’embrassait le soir aprĂšs sa poupĂ©e, aprĂšs son mouton chĂ©ri, aprĂšs sa linotte. Pauvre sƓur ! c’était toi que je demandais Ă  grands cris, en pleurant, et ces gens barbares et inhumains me rĂ©pondaient : « Non, tu ne la reverras pas, tu as priĂ© non pour elle, mais tu as priĂ© pour son Ăąme ! quelque chose d’inconnu, de vague comme un mot d’une langue Ă©trangĂšre ; tu as priĂ© pour un souffle, pour un mot, pour le nĂ©ant, pour son Ăąme enfin ! » Son Ăąme, son Ăąme, je la mĂ©prise, son Ăąme, je la regrette, je n’y pense plus. Qu’est-ce que ça me fait Ă  moi, son Ăąme ? savez-vous ce que c’est que son Ăąme ? Mais c’est son corps que je veux ! c’est son regard, sa vie, c’est elle enfin ! et vous ne m’avez rien rendu de tout cela. Ces femmes m’ont trompĂ©, eh bien, je les ai maudites. Cette malĂ©diction est retombĂ©e sur moi, philosophe imbĂ©cile qui ne sais pas comprendre un mot sans L’épeler, croire Ă  une Ăąme sans la sentir, et craindre un Dieu dont, semblable au PromĂ©thĂ©e d’Eschyle, je brave les coups et que je mĂ©prise trop pour blasphĂ©mer.
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Gustave Flaubert (La derniÚre heure : Conte philosophique inachevé)
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Je pense que j’ai soif d’égalitĂ© et de justice autant que n’importe qui. Mais je dĂ©teste par-dessus tout les gens qui manquent d’imagination. Ceux que T. S. Eliot appelait « les hommes vides ». Ils bouchent leur vide avec des brins de paille qu’ils ne sentent pas, et ne se rendent pas compte de ce qu’ils font. Et avec leurs mots creux, ils essaient d’imposer leur propre insensibilitĂ© aux autres.
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Haruki Murakami
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J'ai des amis qui sont parents et qui ne se sentent pas obligĂ©s pour autant d'avoir chacun une grosse job steady ou de prendre le plus de contrats possible pour en piler pendant que c'est le temps. Certains sont travailleurs autonomes, d'autres travaillent Ă  salaire pendant que leur conjoint s'occupe des enfants. Je connais des mĂšres et des pĂšres au foyer nouveau genre et des couples qui travaillent Ă  temps partiel. Certains sont pas mal Ă©colos sur les bords, c'est sĂ»r, d'autres un peu hippies, altermondialistes ou vĂ©gĂ©taliens. D'autres non. Plusieurs ont juste un sens commun un peu diffĂ©rent du gros bon sens qui s'Ă©nonce aujourd'hui sur toutes les tribunes. Leurs enfants sont bien--je ne veux pas dire parfaits, je veux dire aussi bien que les autres. Pas moins heureux, pas moins Ă©quilibrĂ©s, pas moins beaux. Des petits hipsters de friperie qui passent beaucoup de temps avec leur pĂšre et leur mĂšre. Ils ont tout ce dont ils ont besoin, mĂȘme s'ils se passent de certaines choses. Et la plupart des affaires dont ils se privent n'ont pas l'air de leur manquer tant que ça. Ces gens-lĂ  font des choix de vie dont le motif premier n'est pas l'argent, et ils s'arrangent. Ils ne sont ni riches, ni pauvres, mais ils ne se rĂ©clament pas de la classe moyenne. Ils ne se reconnaissent pas en elle et elle ne se reconnaitrait pas en eux. Ils dĂ©pensent moins qu'elle, consomment moins qu'elle et polluent moins qu'elle aussi. Certains vivent mĂȘme en partie de ce qu'elle jette. Ils ont moins Ă  perdre qu'elle, aussi, et moins peur des tempĂȘtes qui s'annoncent. Ils ne portent pas encore de nom et pourtant ils existent. Et c'est eux le sel de la terre, dĂ©sormais.
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Samuel Archibald (Le sel de la terre)
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A qui recommander mon livre? Aux amateurs du genre, bien entendu, mais aussi aux gens qui, comme moi, sont à la base fans de polars, ou ont d'autres lectures. Le fantastique n'est pas mon premier amour, et en mettant les pieds dedans, j'ai amené tout ce qui m'a fait aimer l'écriture et a construit mon sens du récit.
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Marika Gallman
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Aujourd'hui je rĂ©alise que j'ai '''#1000 Raisons ''' : -#1000 Raisons de ne dire que du bien et de m'abstenir de dire du mal. -#1000 Raisons d'ĂȘtre discret quant a ma personne... et encore plus quant au autres. -#1000 Raisons d'ĂȘtre sage....mĂȘme si tout le monde ne l'est pas. -#1000 Raisons de descendre des nuages...sans pour autant m'arrĂȘter de voler. -#1000 Raisons d'ĂȘtre franc...mĂȘme si le mensonge est a la mode. -#1000 Raisons de songer au bonheur de ma tite personne ...sans oublier les malheurs de l'humanitĂ©!!! -#1000 Raisons d'ĂȘtre quelqu'un de bien , de libre et de plus authentique...dans le monde corrompue d'aujourd'hui ! * -#1000 Raisons de chercher la perfection sans ignorer l'imperfection humaine ! -#1000 Raisons d'aimer mon prochain et d'aider autant que je peut ! -#1000 Raisons d'hĂąter mes pas dans le droit chemin peut importe les obstacles -#1000 Raisons de me rĂ©concilier avec l'amour du savoir et la passion du partage -#1000 Raisons de conquĂ©rir les mers du savoir en admettant mon ignorance * -#1000 Raisons de d'AGIR* plutĂŽt que de parler ...et de PARLER* quand il le faut!!! -#1000 Raisons de m'inspirer et inspirer les gens pour un monde meilleur ! ''..par se qu'il y'a plein de raisons pour que nous continuons de mĂ»rir et que se monde puisse nous cueillir tels des fruits avant de pĂ©rir.'' #be_inspired
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#Mohammed_El_Amin_OGGADI
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L’extrait du Journal de Gide n’est peut-ĂȘtre pas mauvais au point de vue de mes livres, mais il est vraiment terrible pour Gide lui-mĂȘme, ou plus prĂ©cisĂ©ment pour son “intellectualitĂ©â€ ; du reste, malgrĂ© ce que semblait espĂ©rer SecrĂ©tant ! qui se trouvait Ă  ce moment-lĂ  chez P. Georges, j’aurais Ă©tĂ© bien Ă©tonnĂ© que le rĂ©sultat soit autre ; Gide paraĂźt ĂȘtre de ces gens pour qui la question de la vĂ©ritĂ© des idĂ©es ne se pose mĂȘme pas ! - Quant Ă  ce M. Étiemble, je n’en avais jamais entendu parler, et je ne sais pas du tout Ă  qui il a pu s’adresser pour tĂącher de me trouver. J’ai eu seulement connaissance, dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, des efforts qu’a faits F. Bonjean pour me rencontrer, d’abord en allant dans l’Inde, puis encore tout rĂ©cemment en retournant au Maroc... Pour en revenir Ă  Étiemble, je suis trĂšs heureux de ce que vous lui avez dit pour le dĂ©courager ; il faut en effet faire tout le possible pour empĂȘcher ces “intrusions”, surtout du cĂŽtĂ© des Ă©crivains et journalistes, indiscrets par profession, et qui au fond ne comprennent rien, ainsi que vous avez pu tout de suite vous en rendre compte dans ce cas ; vous pouvez penser comme je serais disposĂ© Ă  donner, Ă  quelque titre que ce soit, ma collaboration Ă  une “propagande” quelconque ! Si tout cela s’amplifie ces temps-ci comme vous le pensez, il va falloir que je prenne de mon cĂŽtĂ© plus de prĂ©cautions que jamais pour Ă©viter tout ce monde... lettre du 10 novembre 1945 Ă  un correspondant inconnu
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René Guénon
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Souvent, quand les gens m'abordent, c'est pour me raconter un Ă©pisode de leur vie, par exemple : "J'ai vu votre reportage sur l'euthanasie, ma mĂšre m'en a parlĂ©, et je ne sais pas quoi en penser." Ça va dans toutes les directions, et je ne considĂšre pas cela comme le symptĂŽme d'une crise des valeurs. C'est ce que prĂ©tend le Vatican et c'est de la foutaise. Au contraire, depuis que les gens ont quittĂ© les bancs d'Ă©glise, donc l'institution qui avait des rĂ©ponses toutes prĂ©parĂ©es aux interrogations sur le sens de la vie, ils ont entrepris un cheminement plus personnel et, mon dieu - si je puis dire -, plus authentique.
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Alain Crevier (À Propos de la vie: le sens de la vie selon 20 personnalitĂ©s)
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Savez-vous qu'il existe des textes de l'Ă©poque du ProphĂšte, notamment la biographie de Mohammed Ă©crite par un de ses compagnons, rapportant des faits et des comportements du dernier des prophĂštes qui choqueraient le meilleur des croyants ? Savez-vous qu'Ibn Al Mouquaffa'a a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© par le gouverneur de Bassora pour avoir Ă©tĂ© un libre penseur, mais surtout pour ne pas avoir fait son Ă©loge ? Que de textes classiques seraient impubliables aujourd'hui, jugĂ©s trop libertins, trop audacieux ! J'ai eu, comme beaucoup de gens de ma gĂ©nĂ©ration, la faiblesse de croire que le monde allait en s'amĂ©liorant, que l'homme faisait confiance Ă  la science pour progresser, que ce fameux progrĂšs avait quelque chose d'irrĂ©versible. HĂ©las, le monde arabe flirte avec le chaos, la religion devenant la passion du dĂ©possĂ©dĂ©, le pĂ©trole est un malheur qui prĂ©pare la dĂ©cadence... Ce pessimisme-lĂ  n'arrange rien dans notre solitude face Ă  l'intolĂ©rance, face Ă  la horde au cƓur ficelĂ© et aux yeux rĂ©vulsĂ©s, face au fanatisme qui couvre nos maisons comme une couverture destinĂ©e Ă  nous servir de linceul en cas de victoire de l'ignorance et de la grande brutalitĂ© de ceux qui logent deux balles dans la nuque du poĂšte.
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Ben Jelloun Tahar
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La vĂ©ritĂ©, c'est que tout va trop vite. C'est qu'elle s'Ă©loigne de moi, qu'elle se met Ă  aimer d'autres gens, et j'ai peur de ne plus ĂȘtre la seule, de moins compter, de ne pas faire le poids face Ă  la compĂ©tition. Elle va se rendre compte qu'elle vaut mieux que moi. Elle va comprendre que la personne qu'elle est seule est mieux que celle qu'elle est Ă  mes cĂŽtĂ©s. Ma sƓur, c'est toute ma vie. La vĂ©ritĂ©, c'est que je suis terrifiĂ©e de la personne que je suis sans elle... Non. C'est faux. La vĂ©ritĂ©, la vraie, c'est que je ne suis pas certaine de savoir exister par moi-mĂȘme, tout simplement parce que je n'ai jamais eu Ă  le faire.
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Morgane Moncomble (En équilibre)
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Depuis le dĂ©but de cette lettre, j’ai rĂ©flĂ©chi Ă  la violence. A la tienne, Ă  la violence en gĂ©nĂ©ral. Tu as rĂ©agi radicalement, entiĂšrement, comme l’expression honnĂȘte de ce que tu es : un ĂȘtre capable de rĂ©sister. Je te comprends mieux, d’autant plus que j’identifie cette violence en moi, par exemple, dans ma dĂ©cision de m’isoler . Je ne frappe pas les gens, je les fais disparaitre
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Martin Page (La folle rencontre de Flora et Max)
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- Vous avez déjà entendu dire que rester assis était le plus court chemin vers la mort? m'a-t-il lancé entre deux halÚtements. Je mange comme un oisillon - des légumes, du poisson bouilli, du putain de quinoa - mais je reste assis toute la journée. Un gros lard qui engouffrait une barre au sirop d'érable m'a dépassé en courant jusqu'au quatriÚme étage. Une barre de sirop d'érable! Merde, qui mange ce genre de truc? - Les gens qui ne sont pas assis toute la journée? ai-je proposé.
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Alafair Burke (The Ex)
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C’était l’ivresse de trancher, d’un seul coup, tous les liens : rupture brutale et volontaire avec la discipline qu’on vous impose, le pensionnat, vos maĂźtres, vos camarades de classe. DĂ©sormais, vous n’aurez plus rien Ă  faire avec ces gens-là ; rupture avec vos parents qui n’ont pas su vous aimer et dont vous vous dites qu’il n’y a aucun recours Ă  espĂ©rer d’eux ; sentiment de rĂ©volte et de solitude portĂ© Ă  son incandescence et qui vous coupe le souffle et vous met en Ă©tat d’apesanteur. Sans doute l’une des rares occasions de ma vie oĂč j’ai Ă©tĂ© vraiment moi-mĂȘme et oĂč j’ai marchĂ© Ă  mon pas. Cette extase ne peut durer longtemps. Elle n’a aucun avenir. Vous ĂȘtes trĂšs vite brisĂ© net dans votre Ă©lan. La fugue – paraĂźt-il – est un appel au secours et quelquefois une forme de suicide. Vous Ă©prouvez quand mĂȘme un bref sentiment d’éternitĂ©. Vous n’avez pas seulement tranchĂ© les liens avec le monde, mais aussi avec le temps. Et il arrive qu’à la fin d’une matinĂ©e, le ciel soit d’un bleu lĂ©ger et que rien ne pĂšse plus sur vous. Les aiguilles de l’horloge du jardin des Tuileries sont immobiles pour toujours. Une fourmi n’en finit pas de traverser la tache de soleil. 
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Patrick Modiano (Dora Bruder)
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La maladie Docteur, je sens un mal mortel Ici, dans la rĂ©gion de mon ĂȘtre. Tous mes organes me font mal : Le jour, c’est le soleil, La nuit, ce sont la lune et les Ă©toiles. J’ai mal Ă  ce nuage dans le ciel, Que je n’ai mĂȘme pas remarquĂ©, Et je m’éveille tous les matins Avec un goĂ»t d’hiver. C’est en vain que j’ai pris ces remĂšdes : J’ai haĂŻ, aimĂ©, appris Ă  lire Lu quelques livres, CausĂ© aux gens, pensĂ©, ÉtĂ© bon, Ă©tĂ© beau. Tout cela est restĂ© sans effet, docteur, Et j’ai dĂ©pensĂ© en vain beaucoup d’annĂ©es. Je crois ĂȘtre tombĂ© malade de la mort Le jour OĂč je suis nĂ©. (Traduction d’Alain Bosquet)
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Marin Sorescu
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Voilà quatre ans que j'ai quitté la Russie et lors de mon départ je n'étais pas en possession de toutes mes facultés mentales. Je ne connaissais rien de la vie; je n'en sais guÚre plus aujourd'hui. J'ai besoin de connaßtre les gens de coeur.
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Fyodor Dostoevsky (THE IDIOT)
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Ce n'est pas ma mort qui me rĂ©jouit tant, dit-elle, mais ce qui la suivra... le temps oĂč nous ne nous quitterons plus, mon petit verre en cristal... peux-tu imaginer notre vie, moi te suivant partout, invisible, sans que les gens se doutent jamais qu'ils ont affaire Ă  deux femmes et non pas Ă  une seule? ... peux-tu imaginer cela ? [...] ah maintenant que je t'ai vu souffrir, je peux tranquillement fermer mes deux yeux, car je te laisse avec ton panache sur la terre...
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Simone Schwarz-Bart, Pluie et vent sur Télumée Miracle
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je rentre ---------- (grains d’amour tremblements des vagues) allez viens ma belle boire un café jusqu’à ce que ce vent mordant quitte la ville allez viens boire ce jus aux copeaux de chocolat tu es toute glacée et ton foulard est minuscule les chiens aboient et pourtant tu dois être sereine pendant que les voitures passent mais elle s’enveloppait encore et encore dans son petit foulard sans fin ne te perds pas dedans je lui ai dit et doucement je lui ai enserré les épaules et elle a esquissé un sourire doux comme un coucher de soleil qui tombe de fatigue des journaux jaunis volaient dans les rues et au tournant une paire de chaussures grinçait des dents ne regarde pas je lui ai dit le monde est ainsi fait le café n’est plus loin et il y fera chaud elle a acquiescé de sa main gantée je te crois je lui ai dit pour la rassurer allez viens sauter ce fossé par lequel passaient les grecs et les romains de la cité d’autrefois d’un pas leste elle fut de l’autre côté et sur ma rive est restée son odeur laisse le parfum à dieu et vas-y je me suis dit il y a encore deux rues à parcourir comme deux contes de fées voilà on y est le café est bondé on voit comme dans un rêve la buée dans laquelle se drapent les gens tu t’installes ma belle et tu m’appelles quand tu deviens réelle d’ici là je rentre sur la terre ferme d’une nébuleuse molle comme un caramel (traduit du roumain par Radu Bata)
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Mircea Țuglea
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chacun de mener ses réflexions comme il veut. Pourvu toutefois qu'il réfléchisse : dans l'Europe d'aujourd'hui, tout étourdie par les coups qu'on lui porte, en France, en Belgique, en Angleterre, le moindre divertissement de la pensée est une complicité criminelle avec le colonialisme. Ce livre n'avait nul besoin d'une préface. D'autant moins qu'il ne s'adresse pas à nous. J'en ai fait une, cependant, pour mener jusqu'au bout la dialectique : nous aussi, gens de l'Europe, on nous décolonise : cela veut dire qu'on extirpe par une opération sanglante le colon qui est en chacun de nous. Regardons
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Frantz Fanon (Les damnĂ©s de la terre (AnnotĂ©) (Les Ɠuvres de Frantz FANON t. 2) (French Edition))
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p62 "Les dirigeants avaient vite compris que pour asservir les gens aujourd'hui, il ne fallait plus la force, il fallait crĂ©er le manque et le besoin". p62 "Force, rĂ©pression, ça pas marcher, qu'il disait. Juste crĂ©er plus rĂ©volte. Quand Parti fait taire les gens, eux crier plus fort. Pour contrĂŽler information et peuple, il faut donner trop. Gens pas savoir trier, pas le temps, ni envie, pas possible. Pour contrĂŽler l'individu, il faut faire croire au besoin, mĂȘme quand il n'a pas, surtout quand il n'a pas. On dit besoin d'acheter voiture, pas possible vivre sans. Il voudra voiture plus que bonheur, car voiture devient bonheur. On dit besoin tĂ©lĂ©phone, mais pas un vieux, un neuf, beau, dernier modĂšle. Et on dit bonheur dedans. Lui besoin, pas possible de faire sans. Et comma ça pour tout. Pour manipuler, il faut pas obliger, mais inciter. Et gens stupides qui croient que bonheur est d'avoir, pas ĂȘtre. Français ĂȘtre une belle langue qui a compris, qui dit je suis heureux, pas j'ai heureux. Mais français peuple d'abrutis, ont oubliĂ© leur langue, leur pensĂ©e, trop fiers de leurs droits de l'homme, oubliĂ© ça fragile. Pas vouloir comprendre qu'il existe la dictature du besoin, faux besoin, dictature par argent. Acheter mĂȘme quand pas avoir l'argent, surtout quand pas l'avoir. Stupide. Pendant gens occupĂ©s Ă  acheter pour combler vide, eux perdre libertĂ© de dire non, je veux pas, pas besoin. Eux perdre libertĂ© de chercher vraie vie, vrai bonheur. Et peuple tendre lui-mĂȘme les clĂ©s de la prison oĂč se mettre".
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Isabelle Aupy (L'Homme qui n'aimait plus les chats)
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J'ai vu tant de choses, tu sais. J'ai vu les rĂ©seaux sociaux naĂźtre et asservir les gens. J'ai vu les pandĂ©mies enfermer des pays entiers. J'ai vu le changement climatique ravager le monde. J'ai vu la guerre se dĂ©clarer Ă  quelques kilomĂštres de chez moi. J'ai vu l'intelligence artificielle redĂ©finir notre maniĂšre de vivre. J'ai vu les extrĂȘmes monter et diviser les peuples. J'ai vu les femmes perdre des droits fondamentaux sur leurs corps. J'ai vu les murs s'Ă©riger autour des villes et des cƓurs. J'ai vu les dĂ©finitions de l'amour et de la libertĂ© ĂȘtre réécrites encore et encore pour nous opprimer.
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Margot Dessenne (Les Effacés (Absolu, #2))
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Je savais pourquoi ils avaient peur de moi à ce point. J'étais la seule femme à avoir découvert la brÚche dans leur vérité affreuse. Ils m'ont condamnée à mort, non parce que j'ai tué, car il y a des milliers de gens qui tuent chaque jour, non. Ils m'ont condamnée à mort parce qu'ils ont peur que je vive. Ils savent que si je vis, je finirais par les tuer. Et de fait, ma vie signifie leur mort et ma mort, leur vie. Or, ils sont assoiffés de vie et la vie pour eux, c'est un surcroßt de crime, un surcroßt de richesse.
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Nawal El Saadawi (Ferdaous, une voix en enfer)
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AI's ambition: 'Let's automate tasks.' ML's efficiency: 'Let's optimize outcomes.' GenAI's confidence: 'Let's automate success!
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Brahmanand Savanth
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RĂ©trospectivement, je me demande pourquoi je me suis privĂ© d'un truc [la guerre] aussi romanesque et valorisant. Un peu par trouille : j'y serais sans doute allĂ© si je n'avais appris, au moment oĂč on me le proposait, que Jean Hatzfeld venait d'ĂȘtre amputĂ© d'une jambe aprĂšs avoir reçu lĂ -bas une rafale de kalachnikov. Mais je ne veux pas m'accabler : c'Ă©tait aussi par circonspection. Je me mĂ©fiais, je me mĂ©fie toujours des unions sacrĂ©es - mĂȘme rĂ©duites au petit cercle qui m'entoure. Autant je me crois sincĂšrement incapable de violence gratuite, autant je m'imagine volontiers, peut-ĂȘtre trop, les raisons ou concours de circonstances qui auraient pu en d'autres temps me pousser vers la collaboration, le stalinisme ou la rĂ©volution culturelle. J'ai peut-ĂȘtre trop tendance aussi Ă  me demander si, parmi les valeurs qui vont de soi dans mon milieu, celles que les gens de mon Ă©poque, de mon pays, de ma classe sociale, croient indĂ©passables, Ă©ternelles et universelles, il ne s'en trouverait pas qui paraĂźtront un jour grotesques, scandaleuses ou tout simplement erronĂ©es. Quand des gens peu recommandables comme Limonov ou ses pareils disent que l'idĂ©ologie des droits de l'homme et de la dĂ©mocratie, c'est exactement aujourd'hui l'Ă©quivalent du colonialisme catholique - les mĂȘmes bonnes intentions, la mĂȘme bonne foi, la mĂȘme certitude absolue d'apporter aux sauvages le vrai, le beau, le bien -, cet argument relativiste ne m'enchante pas, mais je n'ai rien de bien solide Ă  lui opposer. Et comme je suis facilement, sur les questions politiques, de l'avis du dernier qui a parlĂ©, je prĂȘtais une oreille attentive aux esprits subtils expliquant qu'Izetbegović, prĂ©sentĂ© comme un apĂŽtre de la tolĂ©rance, Ă©tait en rĂ©alitĂ© un Musulman fondamentaliste, entourĂ© de Moudajhidines, rĂ©solu Ă  instaurer Ă  Sarajevo une rĂ©publique islamique et fortement intĂ©ressĂ©, contrairement Ă  Milosević, Ă  ce que le siĂšge et la guerre durent le plus longtemps possible. Que les Serbes, dans leur histoire, avaient assez subi le joug ottoman pour qu'on comprenne qu'ils n'aient pas envie d'y repiquer. Enfin, que sur toutes les photos publiĂ©es par la presse et montrant des victimes des Serbes, une sur deux si on regardait bien Ă©tait une victime serbe. Je hochais la tĂȘte : oui, c'Ă©tait plus compliquĂ© que ça. (p. 310-311)
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Emmanuel CarrĂšre (Limonov)
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Je prĂ©fĂšre devenir aveugle, ĂȘtre brĂ»lĂ©e dans un incendie ou mourir par petits morceaux que d'adresser la parole Ă  ce bouc. Ce que j'ai fait Ă  son Vendredi, je suis prĂȘte Ă  le refaire. Ces gens-lĂ  ne sont ni des parents, ni des amis, ils sont prĂȘts Ă  lĂ©cher le derriĂšre des toubabs pour avoir des mĂ©dailles, tout le monde le sait. Ne pleure plus, lĂšve-toi, on s'en va. Moi j'ai assez vu leurs figures!
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Ousmane SembĂšne
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- Rien n'est moins sĂ»r. Mais, pour le cas oĂč les jurĂ©s m'auraient lu, croyez bien que ça ne change rien Ă  ma thĂ©orie. Il y a tant de gens qui poussent la sophistication jusqu'Ă  lire sans lire. Comme des hommes-grenouilles, ils traversent les livres sans prendre une goutte d'eau. - Oui, vous en aviez parlĂ© au cours d'une entrevue prĂ©cĂ©dente. - Ce sont les lecteurs-grenouilles. Ils forment l'immense majoritĂ© des lecteurs humains, et pourtant je n'ai dĂ©couvert leur existence que trĂšs tard. Je suis d'une telle naĂŻvetĂ©. Je pensais que tout le monde lisait comme moi ; moi, je lis comme je mange : ça ne signifie pas soulement que j'en ai besoin, ça signifie surtout que ça entre dans mes composantes et que ça les modifie. On n'est pas le mĂȘme selon qu'on a mangĂ© du boudin ou du caviar ; on n'est pas le mĂȘme non plus selon qu'on vient de lire du Kant (Dieu m'en prĂ©serve ) ou du Queneau. Enfin, quand je dis , je devrais dire , car la plupart des gens Ă©mergent de Proust ou de Simenon dans un Ă©tat identique, sans avoir perdu une miette de ce qu'ils Ă©taient et sans avoir acquis une miette supplĂ©mentaire. Ils ont lu, c'est tout : dans le meilleur des cas, ils savent .
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Amélie Nothomb
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Comment est-ce possible? Comment tout cela tient-il ensemble? Je croise des gens par dizaines, je vois des faces prĂ©occupĂ©es, j'ai l'impression parfois de lire dans leurs pensĂ©es. Tout le monde est triste. Pas autant que moi, mais tout le monde laisse des traĂźnĂ©es de tristesse. Parfois j'aperçois un sourire dĂ©concentrĂ© ou plus Ă©mouvant encore un rictus qui semble se diriger vers moi, c'est peut-ĂȘtre faux, ce n'est peut-ĂȘtre toujours que de la distraction, mais ça me tue, c'est comme un laser, ça crie toujours pourquoi dans ma tĂȘte, ça le crie toujours plus fort, pourquoi, comment est-ce possible, pourquoi dois-je dĂ©cider, Ă  propos de tout, si c'est beau ou laid, si ça mĂ©rite d'exister, plus que moi, moins que moi, plus que n'importe quoi d'autre qui n'existe pas, mais qui le pourrait.
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Alexie Morin (Royauté)
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J'ai connu plusieurs types, dans ma vie, qui voulaient devenir artistes, et qui étaient soutenus par leurs parents ; aucun n'a réussi à percer. C'est curieux, on pourrait croire que le besoin de s'exprimer, de laisser une trace dans le monde, est une force puissante ; et pourtant en général ça ne suffit pas. Ce qui marche le mieux, ce qui pousse avec la plus grande violence les gens à se dépasser, c'est encore le pur et simple besoin d'argent.
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Michel Houellebecq
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[...] Lorsque Hugue CapĂ© est Ă©lu roi de France en 987 - la dynastie marocaine a dĂ©jĂ  un siĂšcle et demi d'histoire. donc du coup on est en prĂ©sence d'un trĂšs vieil Ă©tat - et les marocains ont toujours jouĂ©s maladroitement, parce que ce sont des gens bien Ă©levĂ©es, ce sont des gens polis, ce sont des gens qui, sĂ»r de leur bon droit ont pensĂ© qu'ils pouvaient discuter avec les algĂ©riens comme un discute entre gens bien Ă©levĂ©s, hors ils ont eu en face d'eux, des gens qui n'appliquaient pas les rĂšgles de la diplomatie traditionnelles, et qui Ă©taient restĂ©s, peut ĂȘtre, dans cette politique des ouvertures barbaresques ou du rapt ou de la piraterie, mais non pas des usages qui Ă©tait les usages classiques de la veille diplomatie, et les marocains se sont trouvĂ©s du jour au lendemain pris par cette rĂ©alitĂ© algĂ©rienne, et ils commencent a comprendre maintenant, que l'on ne nĂ©gocie pas avec l’AlgĂ©rie, comme on nĂ©gocie avec l’Espagne et la France, pays de veilles civilisations et de veilles traditions politiques. Alors aujourd'hui la situation est claire, les marocains ont proposĂ©s une large autonomie au sahara occidental, dans le cadre du Maroc, et on s'achemine vers ce genre de solution, alors que vont faire les algĂ©riens ? ou bien ils vont accepter ou bien ils vont refuser. Et l'ONU, qui est en charge du dossier, commence Ă  en avoir assez et je l'ai bien senti lors de cette rĂ©union Ă  New York, ou il y avait tout les responsables de l'ONU pour la communautĂ© internationale, il est temps qu'un accord soit enfin trouvĂ©, d'autant plus que le polisario n'existe plus - les deux tiers des troupes du polisario ont fait dĂ©fection et sont parti au Maroc et ont ralliĂ© le Maroc donc il n'y a plus en fait que l'AlgĂ©rie en premiĂšre ligne, face au Maroc.
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Bernard Lugan
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Chaque fois que, parlant de mon travail, je versais dans l'ironie et le scepticisme, je pouvais compter sur lui [HervĂ©] pour me dire, par exemple : "Tu dis que tu ne crois pas Ă  la rĂ©surrection. Mais d'abord tu n'as aucune idĂ©e de ce que cela signifie, la rĂ©surrection. Et puis, en posant d'entrĂ©e cette incroyance, en en faisant un savoir et une supĂ©rioritĂ© sur les gens dont tu parles, tu t'interdis tout accĂšs Ă  ce qu'ils Ă©taient et croyaient. MĂ©fie-toi de ce savoir-lĂ . Ne commence pas par te dire que tu en sais plus qu'eux. Efforce-toi d'apprendre auprĂšs d'eux au lieu de leur faire la leçon. Ça n'a rien Ă  voir avec la contrainte mentale consistant Ă  essayer de croire quelque chose que tu ne crois pas. Ouvre-toi au mystĂšre, au lieu de l'Ă©carter a priori." Je protestais, pour la forme. Mais mĂȘme sans croire en Dieu, je lui ai toujours rendu grĂące, Ă  lui et Ă  notre marraine, d'avoir placĂ© HervĂ© auprĂšs de moi. (p. 392-393)
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Emmanuel CarrĂšre (Le Royaume)
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Personne ne sait ce qui s'est passĂ© le jour de PĂąques, mais une chose est certaine, c'est qu'il s'est passĂ© quelque chose. Quand je dis qu'on ne sait pas ce qui s'est passĂ©, j'ai tort. On le sait trĂšs bien, seulement selon ce qu'on croit ce sont deux choses diffĂ©rentes et incompatibles. Si on est chrĂ©tien, on croit que JĂ©sus est ressuscitĂ© : c'est cela, ĂȘtre chrĂ©tien. Sinon, on croit ce que croyait Renan, ce que croient les gens raisonnables. Qu'un petit groupe de femmes et d'hommes - les femmes d'abord -, dĂ©sespĂ©rĂ©s de la perte de leur gourou, s'est montĂ© le bourrichon, racontĂ© cette histoire de rĂ©surrection, et qu'il s'est passĂ© cette chose nullement surnaturelle mais stupĂ©fiante et qu'il vaut la peine de raconter en dĂ©tail : leur croyance naĂŻve, bizarre, qui aurait normalement dĂ» s'Ă©tioler puis s'Ă©teindre avec eux, a conquis le monde au point qu'aujourd'hui encore un quart environ des hommes vivant sur terre la partagent. (p. 341)
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Emmanuel CarrĂšre (Le Royaume)
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La vie et encore assez douce pour nous
 mĂȘme si nous savons que cela ne tardera pas. Et cela aussi sera un bien. MĂȘme la mort sera un bien, je pense, non parce qu’elle mettra fin aux anciennes amertumes, mais parce qu’à mon avis elle sera la derniĂšre des aigres saveurs qui m’ont signalĂ© que j’étais en vie. Par-dessous toutes choses je continue d’entendre le cri de la terre, mais il n’affecte plus ce que je vois et ce que je fais. Au contraire, il rehausse mes plaisirs, car le lever du soleil est plus Ă©clatant Ă  couse des sombres gouffres au fond de moi, et la sourire de Saranna est plus chaleureux Ă  cause de la cruautĂ© que j’ai connue, et les soins que je prodigue aux gens et aux animaux ont plus de valeur Ă  cause des tueries que j’ai commises.
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Orson Scott Card (A Planet Called Treason)
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J'ai connu et connais encore un tres grand nombre de gens ages, orgeilleux,pleins d'assurance, abrupts dans leur jugements, qui, si dans l'autre monde on leur pose la question :"qu'est ce qu tu fais la-bas?" ne seront pas en etat de repondre autre chose que :"je fus un homme tres comme il faut
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Leo Tolstoy (Jeunesse)
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Vous n'avez jamais vu fusiller un homme? Non, bien sĂ»r, cela se fait gĂ©nĂ©ralement sur invitation et le public est choisi d'avance. Le rĂ©sultat est que vous en ĂȘtes restĂ© aux estampes et aux livres. Un bandeau, un poteau, et au loin quelques soldats. Eh bien, non! Savez-vous que le peloton des fusilleurs se place au contraire Ă  un mĂštre cinquante du condamnĂ©? Savez-vous que si le condamnĂ© faisait deux pas en avant, il heurterait les fusils avec sa poitrine? Savez-vous qu'Ă  cette courte distance, les fusilleurs concentrent leur tir sur la rĂ©gion du cƓur et qu'Ă  eux tous, avec leurs grosses balles, ils y font un trou oĂč l'on pourrait mettre le poing? Non, vous ne le savez pas parce que ce sont lĂ  des dĂ©tails dont on ne parle pas. Le sommeil des hommes est plus sacrĂ© que la vie pour les pestifĂ©rĂ©s. On ne doit pas empĂȘcher les braves gens de dormir. Il y faudrait du mauvais goĂ»t, et le goĂ»t consiste Ă  ne pas insister, tout le monde sait ça. Mais moi, je n'ai pas bien dormi depuis ce temps-lĂ . Le mauvais goĂ»t m'est restĂ© dans la bouche et je n'ai pas cessĂ© d'insister, c'est-Ă -dire d'y penser.
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Albert Camus (The Plague)
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Dans mon enfance, la SuĂšde Ă©tait un pays oĂč les gens reprisaient encore leurs chaussettes. J'ai mĂȘme appris Ă  le faire. Puis soudain, un jour, c'Ă©tait fini. On a commencer Ă  jeter les chaussettes trouĂ©es. Personne ne prenait plus la peine de les raccommoder. Toute la sociĂ©tĂ© s'est transformĂ©e. Le fait de jeter les affaires usĂ©es, c'est devenu la seule rĂšgle qui concernait vraiment tout le monde. Bon, il devait bien y en avoir qui continuaient Ă  repriser leurs affaires. Mails on ne les voyait plus. Aussi longtemps que ça ne concernait que les chaussettes, ce n'Ă©tait peut-ĂȘtre pas si grave. Mais le phĂ©nomĂšne s'est Ă©tendu. A la fin, c'est devenu comme une sorte de morale, invisible mais omniprĂ©sent. Je crois que ça a transformĂ© notre vision du bien et du mal: ce qu'on a le droit de faire aux autres, et ce qu'on ne peut pas leur faire. Tout est devenu tellement plus dur.
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Henning Mankell (The Fifth Woman (Kurt Wallander, #6))
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Cette politesse a aussi un autre aspect - trĂšs rĂ©pandu, pas seulement rĂ©servĂ© Ă  ma famille - c'est qu'elle permet d'Ă©viter de jamais devoir ĂȘtre reconnaissant envers qui que ce soit. Celui qui n'accepte jamais rien ne doit jamais, non plus, dire merci et peut ainsi se soustraire Ă  la pĂ©nible obligation d'ĂȘtre un jour redevable Ă  quelqu'un de quelque chose. Cette sorte de politesse n'est rien d'autre que de l'Ă©goĂŻsme. J'ai toujours dĂ©fendu le point de vue que donner - du moins dans notre sociĂ©tĂ© suralimentĂ©e, oĂč l'on ignore le besoin matĂ©riel - rend beaucoup beaucoup moins heureux que prendre. En effet, donner, n'importe quel millionnaire peut le faire (et, sur la Rive dorĂ©e, il n'y a que des millionnaires), mais accepter quelque chose avec gratitude et ne pas envoyer, dĂšs le lendemain, un cadeau de mĂȘme valeur en Ă©change, cela, rares sont les gens entre Zurich et Rapperswil qui en sont capables. (p. 70)
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Fritz Zorn (Mars)
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A vrai dire, je n'ai plus la moindre envie de sortir : la nuit a l'air si sale, dehors. Un décor mal repeint, triste et laid. Une immense lassitude, partout. Les gens doivent se traßner péniblement. Des scaphandriers au fond de la mer. La nuit est si sale. La vie est si sale. Il n'y a que des fantÎmes, ou des automates sinistres. Comme je serais bien dans mon lit, cachée sous les couvertures. Somnoler. Somnoler. Bienheureuse somnolence, objet de tous mes désirs. Je bùille.
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Jean-Pierre Martinet (LA SOMNOLENCE)