“
Je t'aime passionément, et je t'aime paisiblement... peut’être est-ce cela l’amour éternel, ce mélange de paix et de feu.
”
”
Jul Maroh (Le bleu est une couleur chaude)
“
Jeter de l'huile sur le feu.
”
”
Rebecca Rosenberg (Madame Pommery, Creator of Brut Champagne)
“
Combattre le feu par le feu
”
”
Rebecca Rosenberg (Madame Pommery, Creator of Brut Champagne)
“
Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle!
Tu te fondais à lui comme une neige au feu
”
”
Arthur Rimbaud (Complete Works)
“
It is impossible for a Parisian to resist the desire to flick through the old volumes laid out by a bookseller.
[Il est impossible, pour un Parisien, de résister au désir de feuilleter de vieux ouvrages étalés par un bouquiniste.]
”
”
Gérard de Nerval (Les Filles du feu - Les Chimères)
“
Jeter de l’huile sur le feu Adding insult to injury As Reynard Wolfe supervises the inventory that determines the company’s fate, I shuffle through correspondence in Louis’s rolltop desk. Louise plays with my chatelaine tools on the Aubusson rug at my feet. She unreels the measuring tape, draws with the pencil, and winds the timepiece. My husband’s gift is useful after all. As
”
”
Rebecca Rosenberg (Madame Pommery, Creator of Brut Champagne)
“
في مكانٍ ما، ينتظرني وجهي الحقيقي
”
”
إريك إيمانويل شميت (La Nuit de feu)
“
Un feu sans allumettes est aussi facile à allumer qu’un éclat d’intelligence dans le regard d’une vache.
”
”
Pierre Bottero (D'un monde à l'autre (La Quête d'Ewilan, #1))
“
Sur terre, ce ne sont pas les occasions de s'émerveiller qui manquent, mais les émerveillés.
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
Le poète est vraiment voleur de feu.
”
”
Arthur Rimbaud (Lettere del veggente)
“
Eduquer, c'est allumer un feu
”
”
Michel de Montaigne
“
Penser à toi, c'est comme jeter des flocons dans un feu. Il est une certaine forme de bonheur qui me fait peur à peu près pour toujours.
”
”
Mathias Malzieu (Le plus petit baiser jamais recensé)
“
Minne, pâle comme une nuit de lune, se réchauffe, un peu blessée, à ce feu de couleurs, et parfois, toute nue au soleil, un miroir à la main, cherche en vain, à travers son corps mince, l'ombre plus noire de son squelette élégant.
”
”
Colette Gauthier-Villars (L'ingénue libertine)
“
The dragon spits fire, what extinguishes its tears. When we live in rancor, we are born to be old. (Le dragon crache du feu, - Ce qui éteint ses larmes. - Quand on vit de rancune, - On naît pour être vieux.)
”
”
Charles de Leusse
“
L'eau est vraiment l'élément transitoire. Il est la métamorphose ontologique essentielle entre le feu et la terre
”
”
Gaston Bachelard (Water and Dreams: An Essay on the Imagination of Matter (The Bachelard Translations))
“
Si le feu brûlait ma maison, qu’emporterais-je? J’aimerais emporter le feu...
”
”
Jean Cocteau
“
Elle lui demanda en quoi un jour de pluie pouvait être beau : il lui énuméra les nuances de couleurs que prendraient le ciel, les arbres et les toits lorsqu'ils se promèneraient tantôt, de la puissance sauvage avec laquelle leur apparaîtrait l'océan, du parapluie qui les rapprocherait pendant la marche, de la joie qu'ils auraient à se réfugier ici pour un thé chaud, des vêtements qui sécheraient auprès du feu, de la langueur qui en découlerait, de l'opportunité qu'ils auraient de faire plusieurs fois l'amour, du temps qu'ils prendraient à se raconter leur vie sous les draps du lit, enfants protégés par une tente de la nature déchaînée...
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (Odette Toulemonde et autres histoires)
“
ليس لديّ سوى يقين واحد، هو أنني سأفقد كلّ شيء.
”
”
إريك إيمانويل شميت (La Nuit de feu)
“
Le pire n'est pas que l'on se brûle, mais que le feu s'éteint.
”
”
Natalie Clifford Barney
“
Ses dernières étincelles de vie ont avivé un feu qui a embrasé le monde entier.
”
”
Eiichiro Oda
“
C'est plus facile de se détruire à petit feu que d'avoir le courage de se remettre en cause.
”
”
Guillaume Musso (La fille de papier)
“
إن ما يشكل روعة الصراع لا نصره ولا هزيمته؛ بل سببه وغايته.
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
La quantité ne fait pas la vérité.
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
لستُ أكثر من قطعة حياة بين عدمين. العدم الذي سبقني والعدم الذي سيأتي بعدي. وحتى وإن تركتني الأبدية وشأني فإن هذين العدمين يقضمانني.
”
”
إريك إيمانويل شميت (La Nuit de feu)
“
Mais surtout, nous ne retrouverons pas ce qui nous a poussés l'un vers l'autre, un jour. Cette urgence très pure. Ce moment unique. Il y a eu des circonstances, une conjonction de hasards, une somme de coïncidences, une simultanéité de désirs, quelque chose dans l'air, quelque chose aussi qui tenait à l'époque, à l'endroit, et ça a formé un moment, et ça a provoqué la rencontre, mais tout s'est distendu, tout est reparti dans des directions différentes, tout a éclaté, à la manière d'un feu d'artifice dont les fusées explosent au ciel nocturne dans tous les sens et dont les éclats retombent en pluie, et meurent à mesure qu'ils chutent et disparaissent avant de pouvoir toucher le sol, pour que ça ne brûle personne, pour que ça ne blesse personne, et le moment est terminé, mort, il ne reviendra pas ; c'est cela qui nous est arrivé.
”
”
Philippe Besson (" Arrête avec tes mensonges ")
“
Fluidité et harmonie. Un marchombre ne recule jamais devant un adversaire, il entre dans son cercle, lui vole son centre, devient maître de sa force et de son équilibre. Un marchombre est eau devant feu, feu devant froid, vent devant le fort, fort devant le faible.
”
”
Pierre Bottero (L'Œil d'Otolep (Les Mondes d'Ewilan, #2))
“
Dénombrer l'infini, n'est-ce pas le refuser?
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
حسب مفكّري اليوم، الإنسان منفرد، ولا مرجع له، وهو المنتج العقلي الوحيد، ويعرّف نفسه بأنه حارس المعنى وسط عالمٍ عبثيّ.
”
”
إريك إيمانويل شميت (La Nuit de feu)
“
على هذه الأرض، ليست مناسبات الدهشة ما نفتقر إليه، إنما نفتقر إلى المندهشين.
”
”
إريك إيمانويل شميت (La Nuit de feu)
“
Bientôt ou dans un cycle, ce sera de nouveau son tour de me prouver la qualité de son feu. Je ne lui manquerai pas, elle ne me manquera pas--et tout sera consumé.
”
”
Natalie Clifford Barney
“
Les livres ont les mêmes ennemis que l'homme : le feu, l'humide, les bêtes, le temps, et leur propre contenu.
”
”
Paul Valéry
“
L’amour, aussi bien que le feu, ne peut subsister sans un mouvement continuel, et il cesse de vivre dès qu’il cesse d’espérer ou de craindre.
”
”
François de La Rochefoucauld
“
– Si votre maison brûlait, qu’emporteriez- vous ?
– J’emporterais le feu.
”
”
Jean Cocteau
“
Maintenant tu n'as plus de refuges. Tu as peur, tu attends que tout s'arrête, la pluie, les heures, le flot des voitures, la vie, les hommes, le monde, que tout s'écroule, les murailles, les tours, les planchers et les plafonds; que les hommes et les femmes, les vieillards et les enfants, les chiens, les chevaux, les oiseaux, un à un, tombent à terre, paralysés, pestiférés, épileptiques; que le marbre s'effrite, que le bois se pulvérise, que les maisons s'abattent en silence, que les pluies diluviennes dissolvent les peintures, disjoignent les chevilles des armoires centenaires, déchiquettent les tissus, fassent fondre l'encre des journaux; q'un feu sans flammes ronge les marches des escaliers; que les rues s'effondrent en leur exact milieu, découvrant le labyrinthe béant des égouts; que la rouille et la brume envahissent la ville.
”
”
Georges Perec (Un homme qui dort)
“
À l'horloge de tes baisers, le temps se ramollit. Le jour met son pyjama d'étoiles en cachette et s'évapore. L'orchestre à moteur qui fulmine au feu rouge joue en sourdine. La lune te regarde à travers la fenêtre. Elle va peindre ses reflets sur ta peau. Du bout de mes doigts, je m'efforcerai d'être un tout petit peu plus que son pinceau.
”
”
Mathias Malzieu (Le plus petit baiser jamais recensé)
“
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
”
”
Jacques Prévert (Paroles)
“
Shame on military glory, shame on armies, shame on the soldier's profession, which changes men, some into stupid victims, others into base executioners. Yes shame, that's true – but it's too true, it's true in eternity, but not yet for us.
”
”
Henri Barbusse (Under Fire)
“
je finirai bien par te rencontrer quelque part
bon dieu!
et contre tout ce qui me rend absent et douloureux
par le mince regard qui me reste au fond du froid
j'affirme ô mon amour que tu existes
je corrige notre vie
nous n'irons plus mourir de langueur
à des milles de distance dans nos rêves bourrasques
des filets de sang dans la soif craquelée de nos lèvres
les épaules baignées de vols de mouettes
non
j'irai te chercher nous vivrons sur la terre
la détresse n'est pas incurable qui fait de moi
une épave de dérision, un ballon d'indécence
un pitre aux larmes d'étincelles et de lésions profondes
frappe l'air et le feu de mes soifs
coule-moi dans tes mains de ciel de soie
la tête la première pour ne plus revenir
”
”
Gaston Miron (L'Homme rapaillé)
“
Par Odin, Thor et Tom Hiddleston !
”
”
Morgane J.A. (Entre Feu & Glace)
“
Le besoin de comprendre ne se résume pas à un appétit de rationalité, c'est le besoin de se rassurer en identifiant les ténèbres, en mettant de l'ordre dans le chaos.
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
Dieu n'est présent en moi que sous la forme de sa question.
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
هل خلق الإنسان المعنى أو أنَّ خالقًا آخر، أي الله، سبقه؟
”
”
إريك إيمانويل شميت (La Nuit de feu)
“
Si le voyageur n'espère rien, Il ne verra que ce que voient les yeux.
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
Ce qui constitue la beauté d'une bataille, ce n'est ni le succès ni la défaite, c'est la raison de la bataille.
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
Fleur de feu. Oh flower of fire. That fire is not hate or fear, which makes flowers come, not terror or anger or lust, it is love that is the fire of the Bite-Me-Not, love which cannot abandon, love which cannot harm. Love which never dies.
”
”
Tanith Lee
“
D’ailleurs la mort est toujours là ; n’est-elle pas partout sous les pieds de l’homme, qui la rencontre à chaque pas dans cette vie ? L’eau, le feu, la terre, tout la lui offre sans cesse ; il la voit partout dès qu’il la cherche, il la porte à son côté.
”
”
Alfred de Musset (La nuit vénitienne)
“
Alors que la lumière s'épuise de faire des trous dans les nuages, je me couche sur la plage, devant un feu de bois, les chiens contre le flanc, la kayak remonté de moitié sur la rive et, écoutant la musique de la houle, je regarde griller mes poissons embrochés sur des pics de bois vert en pensant que la vie ne devrait être que cela: l'hommage rendu par l'adulte à ses rêves d'enfant.
”
”
Sylvain Tesson (Dans les forêts de Sibérie)
“
Ce n'est pas plus mon affaire d'épouser Edgar Linton que d'être au ciel; et si l'individu pervers qui est ici n'avait pas ainsi dégradé Heathcliff, je n'y aurais jamais songé. Ce serait me dégrader moi-même, maintenant, que d'épouser Heathcliff. Aussi ne saura-t-il jamais comme je l'aime; et cela, non parce qu'il est beau, Nelly, mais parce qu'il est plus moi-même que je ne le suis. De quoi que soient faites nos âmes, la sienne et la mienne sont pareilles et celle de Linton est aussi différente des nôtres qu'un rayon de lune d'un éclair ou que la gelée du feu.
”
”
Emily Brontë (Wuthering Heights)
“
The value of Greek prose composition, he said, was not that it gave one any particular facility in the language that could not be gained as easily by other methods but that if done properly, off the top of one's head, it taught one to think in Greek. One's thought patterns become different, he said, when forced into the confines of a rigid and unfamiliar tongue. Certain common ideas become inexpressible; other, previously undreamt-of ones spring to life, finding miraculous new articulation. By necessity, I suppose, it is difficult for me to explain in English exactly what I mean. I can only say that an incendium is in its nature entirely different from the feu with which a Frenchman lights his cigarette, and both are very different from the stark, inhuman pur that the Greeks knew, the pur that roared from the towers of Ilion or leapt and screamed on that desolate, windy beach, from the funeral pyre of Patroklos.
Pur: that one word contains for me the secret, the bright, terrible clarity of ancient Greek. How can I make you see it, this strange harsh light which pervades Homer's landscapes and illumines the dialogues of Plato, an alien light, inarticulable in our common tongue? Our shared language is a language of the intricate, the peculiar, the home of pumpkins and ragamuffins and bodkins and beer, the tongue of Ahab and Falstaff and Mrs. Gamp; and while I find it entirely suitable for reflections such as these, it fails me utterly when I attempt to describe in it what I love about Greek, that language innocent of all quirks and cranks; a language obsessed with action, and with the joy of seeing action multiply from action, action marching relentlessly ahead and with yet more actions filing in from either side to fall into neat step at the rear, in a long straight rank of cause and effect toward what will be inevitable, the only possible end.
In a certain sense, this was why I felt so close to the other in the Greek class. They, too, knew this beautiful and harrowing landscape, centuries dead; they'd had the same experience of looking up from their books with fifth-century eyes and finding the world disconcertingly sluggish and alien, as if it were not their home. It was why I admired Julian, and Henry in particular. Their reason, their very eyes and ears were fixed irrevocably in the confines of those stern and ancient rhythms – the world, in fact, was not their home, at least the world as I knew it – and far from being occasional visitors to this land which I myself knew only as an admiring tourist, they were pretty much its permanent residents, as permanent as I suppose it was possible for them to be. Ancient Greek is a difficult language, a very difficult language indeed, and it is eminently possible to study it all one's life and never be able to speak a word; but it makes me smile, even today, to think of Henry's calculated, formal English, the English of a well-educated foreigner, as compared with the marvelous fluency and self-assurance of his Greek – quick, eloquent, remarkably witty. It was always a wonder to me when I happened to hear him and Julian conversing in Greek, arguing and joking, as I never once heard either of them do in English; many times, I've seen Henry pick up the telephone with an irritable, cautious 'Hello,' and may I never forget the harsh and irresistible delight of his 'Khairei!' when Julian happened to be at the other end.
”
”
Donna Tartt (The Secret History)
“
Cette encombrante enveloppe qu'il lui fallait laver, remplir, réchauffer au coin du feu ou sous la toison d'une bête morte, coucher le soir comme un enfant ou comme un vieillard imbécile, servait contre lui d'otage à la nature entière et, pis encore, à la société des hommes.
(L'abîme)
”
”
Marguerite Yourcenar (L'Œuvre au noir)
“
Comme ils ne supportent pas l'ignorance, les hommes créent des savoirs. Ils inventent des myths, ils inventent des dieux, ils inventent un dieu, ils inventent des sciences. Les dieux changent, se succèdent, meurent, les modèles cosmolgiques également, et ne persiste qu'une ambiance, celle d'expliquer.
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
Oh ! qu'on m'aille donc, au lieu de cela, chercher quelque jeune vicaire, quelque vieux curé, au hasard, dans la première paroisse venue, qu'on le prenne au coin de son feu, lisant son livre et ne s'attendant à rien, et qu'on lui dise :
– Il y a un homme qui va mourir, et il faut que ce soit vous qui le consoliez. Il faut que vous soyez là quand on lui liera les mains, là quand on lui coupera les cheveux; que vous montiez dans sa charrette avec votre crucifix pour lui cacher le bourreau; que vous soyez cahoté avec lui par le pavé jusqu'à la Grève : que vous traversiez avec lui l'horrible foule buveuse de sang; que vous l'embrassiez au pied de l'échafaud, et que vous restiez jusqu'à ce que la tête soit ici et le corps là.
Alors, qu'on me l'amène, tout palpitant, tout frissonnant de la tête aux pieds; qu'on me jette entre ses bras, à ses genoux; et il pleurera, et nous pleurerons, et il sera éloquent, et je serais consolé, et mon cœur se dégonflera dans le sien, et il prendra mon âme, et je prendrais son Dieu.
”
”
Victor Hugo (The Last Day of a Condemned Man)
“
Je pense à Dora Bruder. Je me dis que sa fugue n'était pas aussi simple que la mienne une vingtaine d'années plus tard, dans un monde redevenu inoffensif. Cette ville de décembre 1941, son couvre-feu, ses soldats, sa police, tout lui était hostile et voulait sa perte. A seize ans, elle avait le monde entier contre elle, sans qu'elle sache pourquoi.
”
”
Patrick Modiano (Dora Bruder)
“
تظل الموهبة عديمة النفع إذا التزمت بخدمة نفسها، دون أي هدف آخر غير الظهور إلى العلن للتعريف بذاتها ونيل الإعجاب والتصفيق لها. يجدر بالموهبة الحق أن تنقل قيماً تحملها وتتجاوزها
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
Les muettes étoiles ont toujours rendu les hommes bavards.
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
عشت على الدوام دون أن أنتبه، لم أكن أميز فرط النشاط من سعادة الوجود. تحركت فعلا اكثر مما استمتعت. وتراكمت عليّ المشاكل وأنا أهمل الاستمتاع بالكنز البسيط : أن أحيا
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
L’absence est à l’amour ce qu’est au feu le vent; il éteint le petit, il allume le grand
”
”
Roger de Rabutin
“
Sitôt que le soleil pénètre dans une pièce où pétille un feu, le feu disparaît.
”
”
Michael Ondaatje
“
Elle était l’héritière des cendres et du feu et elle ne plierait devant personne.
”
”
Sarah J. Maas (L'Héritière du feu (Keleana, #3))
“
— Il faut être juste, lui dis-je ; il y a des millions
d'hommes qui sont assujetis au travail physique,
— Bien, qu'ils le soient S C'est qu'ils ne savent
pas faire autre chose ; n'importe qui, même un imbécile fini et un malfaiteur, peut s'occuper de travail physique ; ce travail est le propre de l'esclave et du barbare, tandis que le feu sacré
n'est donné qu'à peu de personnes !
”
”
Anton Chekhov
“
Te saluer
comme on lance un bouquet d’oeillets
l’été
sur des dalles fraîches.
Prononcer ton nom
comme on allume un feu
dans une rue déserte.
Te toucher
comme on touche le pain
quand lui seul fait vivre.
”
”
Claude de Burine
“
Ma véritable vie est née
Après que j’ai connu Jeannot
Maintenant nous mélangeons nos
Chaussures dans la cheminée
✫
C’est pour toi que je fais des livres
Pour toi des pièces et des vers
Je les voudrais pareils au givre
Que la vitre montre à l’envers
✫
Cette nuit Noël va descendre
Pour nous réchauffer un peu
Car il – comme la salamandre
Pose ses pieds sur le feu.
(Poèmes de Noël de Jean Cocteau pour Jean Marais)
”
”
Jean Cocteau
“
Lorsque j’ai commencé à voyager en Gwendalavir aux côtés d'Ewìlan et de Salim, je savais que, au fil de mon écriture, ma route croiserait celle d'une multitude de personnages. Personnages attachants ou irritants, discrets ou hauts en couleurs, pertinents ou impertinents, sympathiques ou maléfiques... Je savais cela et je m'en réjouissais.
Rien, en revanche, ne m'avait préparé à une rencontre qui allait bouleverser ma vie.
Rien ne m'avait préparé à Ellana.
Elle est arrivée dans la Quête à sa manière, tout en finesse tonitruante, en délicatesse remarquable, en discrétion étincelante. Elle est arrivée à un moment clef, elle qui se moque des serrures, à un moment charnière, elle qui se rit des portes, au sein d’un groupe constitué, elle pourtant pétrie d’indépendance, son caractère forgé au feu de la solitude.
Elle est arrivée, s'est glissée dans la confiance d'Ewilan avec l'aisance d'un songe, a capté le regard d’Edwin et son respect, a séduit Salim, conquis maître Duom... Je l’ai regardée agir, admiratif ; sans me douter un instant de la toile que sa présence, son charisme, sa beauté tissaient autour de moi.
Aucun calcul de sa part. Ellana vit, elle ne calcule pas. Elle s'est contentée d'être et, ce faisant, elle a tranquillement troqué son statut de personnage secondaire pour celui de figure emblématique d'une double trilogie qui ne portait pourtant pas son nom. Convaincue du pouvoir de l'ombre, elle n'a pas cherché la lumière, a épaulé Ewilan dans sa quête d'identité puis dans sa recherche d'une parade au danger qui menaçait l'Empire.
Sans elle, Ewilan n'aurait pas retrouvé ses parents, sans elle, l'Empire aurait succombé à la soif de pouvoir des Valinguites, mais elle n’en a tiré aucune gloire, trop équilibrée pour ignorer que la victoire s'appuyait sur les épaules d'un groupe de compagnons soudés par une indéfectible amitié.
Lorsque j'ai posé le dernier mot du dernier tome de la saga d'Ewilan, je pensais que chacun de ses compagnons avait mérité le repos. Que chacun d'eux allait suivre son chemin, chercher son bonheur, vivre sa vie de personnage libéré par l'auteur après une éprouvante aventure littéraire.
Chacun ?
Pas Ellana.
Impossible de la quitter. Elle hante mes rêves, se promène dans mon quotidien, fluide et insaisissable, transforme ma vision des choses et ma perception des autres, crochète mes pensées intimes, escalade mes désirs secrets...
Un auteur peut-il tomber amoureux de l'un de ses personnages ?
Est-ce moi qui ai créé Ellana ou n'ai-je vraiment commencé à exister que le jour où elle est apparue ? Nos routes sont-elles liées à jamais ?
— Il y a deux réponses à ces questions, souffle le vent à mon oreille. Comme à toutes les questions. Celle du savant et celle du poète.
— Celle du savant ? Celle du poète ? Qu'est-ce que...
— Chut... Écris.
”
”
Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
“
Je m'entends dire : "Il y a en moi ce qui se trouve chez beaucoup d'hommes dans le monde, amours, coups de feu, des phrases pleines d'épines, aucune envie d'en parler. Nous sommes ordinaires nous autres hommes. Ce qui est spécial, c'est vivre, regarder le soir le creux de sa main et savoir que le lendemain sera nouveau, que le tailleur de la nuit coud la peau, raccommode les cals, reprise les accrocs et dégonfle la fatigue." (p. 44)
”
”
Erri De Luca (Tre cavalli)
“
C’est alors que tout a vacillé. La mer a charrié
un souffle épais et ardent. Il m’a semblé que le ciel s’ouvrait sur
toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être
s’est tendu et j’ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a
cédé, j’ai touché le ventre poli de la crosse et c’est là, dans le
bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J’ai
secoué la sueur et le soleil. J’ai compris que j’avais détruit
l’équilibre du jour, le silence exceptionnel d’une plage où j’avais
été heureux. Alors, j’ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s’enfonçaient sans qu’il y parût. Et c’était comme
quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur
”
”
Albert Camus (The Stranger)
“
Toute ma vie fut la promesse
De cette rencontre avec toi.
C’est Dieu qui t’envoie, je le sais
Pour me garder jusqu’à la mort…
Tu apparaissais dans mes rêves ;
Sans te voir je te chérissais
Ton regard me faisait languir,
Ta voix résonnait dans mon âme
Depuis toujours… En vérité
Je t’ai reconnu tout de suite.
Ce fut pour moi un froid, un feu,
Et dans mon cœur, j’ai dit : c’est lui !
Je t’entendais dans le silence,
Quand j’allais secourir les pauvres
Ou quand la prière apaisait
L’angoisse de mon âme en peine.
”
”
Alexander Pushkin (Eugene Onegin)
“
De ce visage en feu, la voix effrayante proféra :
"Pape Clément!... Chevalier Guillaume!... Roi Philippe!... Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races!...
”
”
Maurice Druon
“
One's thought patterns become different, he said, when forced into the confines of a rigid and unfamiliar tongue. Certain common ideas become inexpressible; other, previously undreamt-of ones spring to life, finding miraculous new articulation. I can only say that an incendium is in its nature entirely different from the feu with which a Frenchman lights his cigarette, and both are very different from the stark, inhuman pur that the Greeks knew, the pur that roared from the towers of Ilion or leapt and screamed on that desolate, windy beach, from the funeral pyre of Patroklos.
”
”
Donna Tartt (The Secret History)
“
Il pleut doucement, ma mère,
Et c’est l’automne
Si doucement
Que c’est la même pluie
Et le même automne
Qu’il y a bien des ans.
Il pleut et il y a encore,
Comme il y a bien des ans,
Combien de cœurs au fil de l’eau
Et combien de petits sabots
Rêvant au coin de l’âtre.
Et c’est le soir, ma mère,
Et tes genoux sont là
Si près du feu
Que c’est le même soir
Et les mêmes genoux
Qu’il y a bien des ans.
Il pleut doucement, ma mère,
Et c’est l’automne
Et c’est le soir, ma mère,
Et tes genoux sont là.
Prends-moi sur tes genoux, ce soir,
Comme il y a bien des ans
Et raconte-moi l’histoire
De la Belle au bois dormant.
”
”
Maurice Carême
“
La différence de ceux qui sont frappés demeure dans la ressemblance des maux qui les frappent ; et pour être exposés aux mêmes tourments, la vertu et le vice ne se confondent pas. Car, comme un même feu fait briller l’or et noircir la paille, comme un même fléau écrase le chaume et purifie le froment, ou encore, comme le marc ne se mêle pas avec l’huile, quoiqu’il soit tiré de l’olive par le même pressoir, ainsi un même malheur, venant à tomber sur les bons et sur les méchants, éprouve, purifie et fait resplendir les uns, tandis qu’il damne, écrase et anéantit les autres. C’est pour cela qu’en une même affliction, les méchants blasphèment contre Dieu, les bons, au contraire, le prient et le bénissent : tant il importe de considérer, non les maux qu’on souffre, mais l’esprit dans lequel on les subit ; car le même mouvement qui tire de la boue une odeur fétide, imprimé à un vase de parfums, en fait sortir les plus douces exhalaisons.
”
”
Augustine of Hippo (Saint Augustin: les 9 oeuvres majeures et complètes (Les confessions, La cité de Dieu, De la trinité, Traité du libre arbitre...) (French Edition))
“
عندما أخضع لبرنامج زمني دقيق، يراودني شعور بأنني دخلت الأسر، كأنني أمام ورقة امتحان. لا أفعل شيئاً سوى ملء الفراغات أو إثبات صحة الرسم. لا أعود حياً.
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
Le déguisement, ça me connaît : j'ai vécu vingt ans avec mon père déguisé en ma tante.
”
”
Emmanuelle Bayamack-Tam (Une fille du feu)
“
Pourquoi la nature aurait-elle accouché d’un poisson si elle n’avait pas inventé l’eau..
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt
“
Mon cœur est un phœnix cherchant à s'envoler dans un monde hivernal et glacé.
”
”
Morgane J.A. (Entre Feu & Glace)
“
Astronaute, j'explorais tous les secrets d'un univers bien plus vaste que ce que j'imaginais.
”
”
Morgane J.A. (Entre Feu & Glace)
“
-Charmant-anglais-qui-m'a-aidé-à-retrouver-mon-chemin ne te plaît pas ?
-Si Maladroite-française-qui-a-détruit-mon-burger te convient, ça me va aussi.
-Moi c'est Freya.
”
”
Morgane J.A. (Entre Feu & Glace)
“
S'il pouvait trouver la lumière, ne serait-ce que dans le ciel, c'était bien ici.
”
”
Morgane J.A. (Entre Feu & Glace)
“
Peut-être était-ce seulement en se perdant que l'on cherchait à se trouver.
”
”
Morgane J.A. (Entre Feu & Glace)
“
Si, d'aventure, il prenait à mes meubles la fantaisie de se faire épousseter le jour où j'aurais quelque chose de plus intéressant à faire, je revendique hautement le droit de les précipiter tous dans le feu de joie le plus proche, de m'établir près du brasier et d'y réchauffer gaiement mes pieds glacés après avoir vendu tous mes chiffons au premier chineur venu.
”
”
Elizabeth von Arnim (Elizabeth and Her German Garden (Elizabeth))
“
[…] chacun souhaitait le voir, et ceux qui, habitués par le passé aux émotions violentes, ne ressentaient que le poids de l’ennui, se réjouissaient d’avoir en leur présence un objet capable de retenir leur attention. Rien ne venait jamais échauffer son visage d’une pâleur mortelle, pourtant doté d’une forme régulière et de beaux traits, ni le rouge de la modestie ou le feu plus intense de la passion […].
”
”
John William Polidori (Le Vampyre suivi de Lord Ruthwen ou Les Vampires)
“
The history of Vietnam lies in this bowl, for it is in Hanoi, the Vietnamese heart, that phở was born, a combination of the rice noodles that predominated after a thousand years of Chinese occupation and the taste for beef the Vietnamese acquired under the French, who turned their cows away from ploughs and into bifteck and pot-au-feu. The name of their national soup is pronounced like this French word for fire...
”
”
Camilla Gibb (The Beauty of Humanity Movement)
“
Jean-François Copé en donnera un exemple comique en montant prestement sur la tribune au moment de l'ovation vibrante qui salue le discours de François Fillon, faisant ainsi croire que ces applaudissements s'adressaient à lui.
”
”
Roselyne Bachelot (À Feu et à sang)
“
تصوري للسفر قد تغير: فاتجاه الرحلة أقل أهمية مما ستهجره وتتخلى عنه. ليس الرحيل أن تبحث، بل أن تترك كل شيء، أقرباءك وجيرانك وعاداتك ورغباتك وآراءك وحتى ذاتك. ليس الرحيل سوى استسلام للمجهول، لغير المتوقع، للاحتمالات اللا متناهية، لا بل للمستحيل. أن ترحل معناه أن تضيع كل العلامات التي تعرفها، أن تترك جانباً السيطرة على ذاتك، والوهم بأنك تعرف، أن تحفر في داخلك وتعثر على تدبير استشفائي كي تجعل كل ما هو استثنائي يظهر. والمسافر الحقيقي، يبقى دون حقائب ودون هدف
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
J’habite une blessure sacrée
j’habite des ancêtres imaginaires
j’habite un vouloir obscur
j’habite un long silence
j’habite une soif irrémédiable
j’habite un voyage de mille ans
j’habite une guerre de trois cent ans
j’habite un culte désaffecté
entre bulbe et caïeu j’habite l’espace inexploité
j’habite du basalte non une coulée
mais de la lave le mascaret
qui remonte la valleuse à toute allure
et brûle toutes les mosquées
je m’accommode de mon mieux de cet avatar
d’une version du paradis absurdement ratée
-c’est bien pire qu’un enfer-
j’habite de temps en temps une de mes plaies
chaque minute je change d’appartement
et toute paix m’effraie
tourbillon de feu
ascidie comme nulle autre pour poussières
de mondes égarés
ayant crachés volcan mes entrailles d’eau vive
je reste avec mes pains de mots et mes minerais secrets
j’habite donc une vaste pensée
mais le plus souvent je préfère me confiner
dans la plus petite de mes idées
”
”
Aimé Césaire (Notebook of a Return to the Native Land (Wesleyan Poetry Series))
“
Orgueilleux, Henri Guaino répète à qui veut l'entendre : « C'est moi qui ai fait gagner Chirac en 1995, qui ai fait gagner Sarkozy en 2007, et qui le ferai encore gagner en 2012. Et puis, en 2017, ce sera mon tour d'être Président de la République. »
”
”
Roselyne Bachelot (À Feu et à sang)
“
Sure, there are good things, lots, sure, blow jobs, chocolate mousse, winning streaks, the warm fire in your enemy’s house, good book, hunk of cheese, flagon of ale, office raise, championship ring, the misfortunes of others, sure, good things, beyond count, queens, kings, old clocks, comfy clothes, lots, innumerable items in stock, baseball cards and bingo buttons, pot-au-feu, listen, we could go on and on like a long speech, sure it’s a great world, sights to see, canyons full of canyon, corn on the cob, the eroded great pyramids, contaminated towns, eroded hillsides, deleafed trees, those whitened limbs stark and noble in the evening light, geeeez, what gobs of good things, no shit, service elevators, what would we do without, and all the inventions of man, Krazy Glue and food fights, girls wrestling amid mounds of Jell-O, drafts of dark beer, no end of blue sea, formerly full of fish, eroded hopes, eruptions of joy, because we’re winning, have won, won, won what? the . . . the Title.
”
”
William H. Gass (Tests of Time)
“
Tu viens d'incendier la Bibliothèque ?
- Oui.
J'ai mis le feu là.
- Mais c'est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore.
Quoi! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d'oeuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire,
Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des jobs, debout sur l'horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur;
Il luit; parce qu'il brille et qu'il les illumine,
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine
Il parle, plus d'esclave et plus de paria.
Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille
L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître
À mesure qu'il plonge en ton coeur plus avant,
Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l'homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C'est à toi comprends donc, et c'est toi qui l'éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l'erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un noeud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !
- Je ne sais pas lire.
”
”
Victor Hugo
“
Avant-hier, je me suis couché à 5 h[eures] du matin et hier à 3 h[eures]. Depuis lundi dernier j’ai laissé de côté toute autre chose, et j’ai exclusivement toute la semaine pioché ma Bovary, ennuyé de ne pas avancer. Je suis maintenant arrivé à mon bal, que je commence lundi. J’espère que ça ira mieux. J’ai fait, depuis que tu m’as vu, 25 pages net (25 p[ages] en 6 semaines). Elles ont été dures à rouler. Je les lirai demain à Bouilhet. – Quant à moi, je les ai tellement travaillées, recopiées, changées, maniées, que pour le moment je n’y vois que du feu. Je crois pourtant qu’elles se tiennent debout. –
”
”
Gustave Flaubert (GUSTAVE FLAUBERT: Correspondance - Tome 2 -1851-1858 (French Edition))
“
Oh ! aimer une femme ! être prêtre ! être haï ! l’aimer de toutes les fureurs de son âme, sentir qu’on donnerait pour le moindre de ses sourires son sang, ses entrailles, sa renommée, son salut, l’immortalité et l’éternité, cette vie et l’autre ; regretter de ne pas être roi, génie, empereur, archange, dieu, pour lui mettre un plus grand esclave sous les pieds ; l’étreindre nuit et jour de ses rêves et de ses pensées ; et la voir amoureuse d’une livrée de soldat ! et n’avoir à lui offrir qu’une sale soutane de prêtre dont elle aura peur et dégoût ! Être présent, avec sa jalousie et sa rage, tandis qu’elle prodigue à un misérable fanfaron imbécile des trésors d’amour et de beauté ! Voir ce corps dont la forme vous brûle, ce sein qui a tant de douceur, cette chair palpiter et rougir sous les baisers d’un autre ! Ô ciel ! aimer son pied, son bras, son épaule, songer à ses veines bleues, à sa peau brune, jusqu’à s’en tordre des nuits entières sur le pavé de sa cellule, et voir toutes les caresses qu’on a rêvées pour elle aboutir à la torture ! N’avoir réussi qu’à la coucher sur le lit de cuir ! Oh ! ce sont là les véritables tenailles rougies au feu de l’enfer ! Oh ! bienheureux celui qu’on scie entre deux planches, et qu’on écartèle à quatre chevaux ! — Sais-tu ce que c’est que ce supplice que vous font subir, durant les longues nuits, vos artères qui bouillonnent, votre cœur qui crève, votre tête qui rompt, vos dents qui mordent vos mains ; tourmenteurs acharnés qui vous retournent sans relâche, comme sur un gril ardent, sur une pensée d’amour, de jalousie et de désespoir ! Jeune fille, grâce ! trêve un moment ! un peu de cendre sur cette braise ! Essuie, je t’en conjure, la sueur qui ruisselle à grosses gouttes de mon front ! Enfant ! torture-moi d’une main, mais caresse-moi de l’autre ! Aie pitié, jeune fille ! aie pitié de moi !
”
”
Victor Hugo (Notre-Dame de Paris (French Edition))
“
Pourtant, affin que je face fin à ce prologue, tout ainsi comme je me donne à cent mille panerés de beaulx diables, corps et ame, trippes et boyaul, en cas que j'en mente en toute l'hystoire d'un seul mot, pareillement le feu sainct Antoine vous arde, mau de terre vous vire, le lancy, le maulubec vous trousse, la caquesangue vous viengne,
Le mau fin feu de ricqueracque,
Aussi menu que poil de vache,
Tout renforcé de vif argent,
Vous puisse entrer au fondement,
et comme Sodome et Gomorre puissiez tomber en soulphre, en feu et en abysme, en cas que vous ne croyez fermement tout ce que je vous racompteray en ceste presente Chronicque!
”
”
François Rabelais (Gargantua and Pantagruel)
“
Il y a dans toute poésie une contradiction essentielle. La poésie, c'est de la multiplicité broyée et qui rend des flammes. Et la poésie, qui ramène l'ordre, ressuscite d'abord le désordre, le désordre aux aspects enflammés; elle fait s'entre-choquer des aspects qu'elle ramène a un point unique : feu, geste, sang, cri.
Ramener la poésie et l'ordre dans un monde dont l'existence même est un défi a l'ordre, c'est ramener la guerre et la permanence de la guerre; c'est amener un état de cruauté appliqué, c'est susciter une anarchie sans nom, l'anarchie des choses et des aspects qui se réveillent avant de sombrer et de se fondre a nouveau dans l'unité. Mais celui qui réveille cette anarchie dangereuse en est toujours la première victime
”
”
Antonin Artaud
“
Le soleil, plus bas, semblait saigner; et une large traînée lumineuse, une route éblouissante courait sur l'eau depuis la limite de l'Océan jusqu'au sillage de la barque.
Les derniers souffles de vent tombèrent; toute ride s'aplanit; et la voile immobile était rouge. Une accalmie illimitée semblait engourdir l'espace, faire le silence autour de cette rencontre d'éléments : tandis que, cambrant sous le ciel son ventre luisant et liquide, la mer, fiancée monstrueuse, attendait l'amant de feu qui descendait vers elle. Il précipitait sa chute, empourpré comme par le désir de leur embrassement. Il la joignit; et, peu à peu, elle le dévora.
Alors de l'horizon une fraîcheur accourut; un frisson plissa le sein mouvant de l'eau comme si l'astre englouti eût jeté sur le monde un soupir d'apaisement.
”
”
Guy de Maupassant (Une vie)
“
وكم من الأيام كرست في سبيل فك ألغازي! لم تكن في الأمر نرجسية بقدر ما كان قلقاً. لم أكن أفهم .. كنت أبحث دون جدوى عن العلاقة بين هذا الشخص وبيني، أما أنا فلم أتغير في داخلي... وإنما كان هذا التحول مستمراً دون أي رغبة مني ولا سيطرة عليه لأقاومه. كنت أعد نفسي ضحية قدر محتوم، هو قدر النمو والكبر. أي رابط بين هذا الجسد الذي يتخذ شكل الرجل وبيني؟ إن الطفل الذي كان يختبئ في انعكاس صورتي قد بقي في داخلي، بل أكثر من ذلك، بقي أنا.
”
”
Éric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu)
“
Un déplacement en Argentine, début décembre, pour représenter la France à l'investiture de Cristina Kirchner, m'a permis, par contraste, de mesurer l'anémie de notre militantisme. Là-bas, le parti au pouvoir compte trois millions d'adhérents, à rapporter aux quarante millions d'Argentins.
En France, où nous sommes soixante-cinq millions, l'UMP peine à afficher deux cent mille militants ! Et encore, le chiffre mériterait d'être vérifié.
”
”
Roselyne Bachelot (À Feu et à sang)
“
Il y a une extase qui nous porte au point le plus haut de la vie, au delà duquel la vie ne peut s'élever. Le paradoxe est qu'elle se produit alors qu'on est - sans s'en rendre compte- pleinement vivant. Cette extase, cette inconscience d'exister appartiennent à l'artiste, saisi et projeté hors de lui même dans une nappe de feu; au soldat, pris de folie guerrière sur le champ de bataille, qui refuse de faire quartier. Elles appartenaient aussi à Buck, en tête de la meute, poussant le cri du loup, tendu vers la proie vivante qui fuyait à toute allure devant lui au clair de lune. Il exprimait ainsi le tréfonds de lui même, de cette partie de son être plus ancienne que lui, et qui remonte à l'origine des temps. Le flot de la vie le subjuguait, tel un raz de marrée; il était tout à la joie immense de sentir jouer ses muscles, ses articulations, ses tendons, qui n'avaient rien de la mort, débordaient de vigueur et de puissance, et trouvaient leur expression dans le mouvement, volant triomphalement entre les étoiles et la surface inanimée de la terre.
”
”
Jack London (The Call of the Wild)
“
Cette qualité de la joie n’est-elle pas le fruit le plus précieux de la civilisation qui est nôtre ? Une tyrannie totalitaire pourrait nous satisfaire, elle aussi, dans nos besoins matériels. Mais nous ne sommes pas un bétail à l’engrais. La prospérité et le confort ne sauraient suffire à nous combler. Pour nous qui fûmes élevés dans le culte du respect de l’homme, pèsent lourd les simples rencontres qui se changent parfois en fêtes merveilleuses…
Respect de l’homme ! Respect de l’homme !… Là est la pierre de touche ! Quand le Naziste respecte exclusivement qui lui ressemble, il ne respecte rien que soi-même ; il refuse les contradictions créatrices, ruine tout espoir d’ascension, et fonde pour mille ans, en place d’un homme, le robot d’une termitière. L’ordre pour l’ordre châtre l’homme de son pouvoir essentiel, qui est de transformer et le monde et soi-même. La vie crée l’ordre, mais l’ordre ne crée pas la vie.
Il nous semble, à nous, bien au contraire, que notre ascension n’est pas achevée, que la vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier, et que les contradictions à surmonter sont le terreau même de notre croissance. Nous reconnaissons comme nôtres ceux mêmes qui diffèrent de nous. Mais quelle étrange parenté ! elle se fonde sur l’avenir, non sur le passé. Sur le but, non sur l’origine. Nous sommes l’un pour l’autre des pèlerins qui, le long de chemins divers, peinons vers le même rendez-vous.
Mais voici qu’aujourd’hui le respect de l’homme, condition de notre ascension, est en péril. Les craquements du monde moderne nous ont engagés dans les ténèbres. Les problèmes sont incohérents, les solutions contradictoires. La vérité d’hier est morte, celle de demain est encore à bâtir. Aucune synthèse valable n’est entrevue, et chacun d’entre nous ne détient qu’une parcelle de la vérité. Faute d’évidence qui les impose, les religions politiques font appel à la violence. Et voici qu’à nous diviser sur les méthodes, nous risquons de ne plus reconnaître que nous nous hâtons vers le même but.
Le voyageur qui franchit sa montagne dans la direction d’une étoile, s’il se laisse trop absorber par ses problèmes d’escalade, risque d’oublier quelle étoile le guide. S’il n’agit plus que pour agir, il n’ira nulle part. La chaisière de cathédrale, à se préoccuper trop âprement de la location de ses chaises, risque d’oublier qu’elle sert un dieu. Ainsi, à m’enfermer dans quelque passion partisane, je risque d’oublier qu’une politique n’a de sens qu’à condition d’être au service d’une évidence spirituelle. Nous avons goûté, aux heures de miracle, une certaine qualité des relations humaines : là est pour nous la vérité.
Quelle que soit l’urgence de l’action, il nous est interdit d’oublier, faute de quoi cette action demeurera stérile, la vocation qui doit la commander. Nous voulons fonder le respect de l’homme. Pourquoi nous haïrions-nous à l’intérieur d’un même camp ? Aucun d’entre nous ne détient le monopole de la pureté d’intention. Je puis combattre, au nom de ma route, telle route qu’un autre a choisie. Je puis critiquer les démarches de sa raison. Les démarches de la raison sont incertaines. Mais je dois respecter cet homme, sur le plan de l’Esprit, s’il peine vers la même étoile.
Respect de l’Homme ! Respect de l’Homme !… Si le respect de l’homme est fondé dans le cœur des hommes, les hommes finiront bien par fonder en retour le système social, politique ou économique qui consacrera ce respect. Une civilisation se fonde d’abord dans la substance. Elle est d’abord, dans l’homme, désir aveugle d’une certaine chaleur. L’homme ensuite, d’erreur en erreur, trouve le chemin qui conduit au feu.
”
”
Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)
“
Il y a quelque chose d’ineffablement touchant dans notre campagne pétersbourgeoise, quand, au printemps, elle déploie soudain toute sa force, s’épanouit, se pare, s’enguirlande de fleurs. Elle me fait songer à ces jeunes filles languissantes, anémiées, qui n’excitent que la pitié, parfois l’indifférence, et brusquement, du jour au lendemain, deviennent inexprimablement merveilleuses de beauté: vous demeurez stupéfaits devant elles, vous demandant quelle puissance a mis ce feu inattendu dans ces yeux tristes et pensifs, qui a coloré d’un sang rose ces joues pâles naguère, qui a répandu cette passion sur ces traits qui n’avaient pas d’expression, pourquoi
s’élèvent et s’abaissent si profondément ces jeunes seins ? Mon Dieu ! qui a pu donner à la pauvre fille cette force, cette soudaine plénitude de vie, cette
beauté ? Qui a jeté cet éclair dans ce sourire ? Qui donc fait ainsi étinceler cette gaieté ? Vous regardez autour
de vous, vous cherchez quelqu’un, vous devinez... Mais que les heures passent et peut-être demain retrouverezvous le regard triste et pensif d’autrefois, le même visage pâle, les mêmes allures timides, effacées : c’est le sceau du chagrin, du repentir, c’est aussi le regret de l’épanouissement éphémère... et vous déplorez que cette beauté se soit fanée si vite : quoi ! vous n’avez pas même eu le temps de l’aimer !...
”
”
Fyodor Dostoevsky
“
[Correspondance entre Massignon et Paul Claudel]
Si je vais là-bas, je pense prendre comme sujet "La langue arabe considérée comme moyen d'expression (traduisez pour nous : le témoignage de l'arabe en faveur du Verbe) et comme instrument d'action intellectuelle et sociale" (ou quelque chose d'approchant) - - Cela me permettrait de faire une révision exacte des auteurs et des tendances dominantes et d'en faire une critique "constructrice". Le difficile sera de tâcher de dégager (ce que nul philologue n'a fait jusqu'ici, hélas) de cette admirable langue sa logique fondamentale, l'ordre des idées dans le jeu normal et saint de sa syntaxe, logique qui doit nécessairement démolir le Coran et la Tradition comme des construction de guingois, destinées à remplir chez les Arabes l'ineffable rôle du Verbe et de l'Eglise. Je vous indique là, bien entendu la basse continue, la pédale harmonique de mes conférences, non pas leurs sujets effectifs précis que je tâcherai de cristalliser en un "Selectae" des textes arabes remarquables pour l'enchaînement solide des preuves et la loyauté des matériaux employés? Il y en a, dans tout les domaines de la pensée, Dieu merci !
J'aimerais que vous me parliez de la langue française à ce point de vue là, pour que mon travail puisse se guider sur une transposition de ce que vous trouvez, à ce point de vue, dans la langue française, d'"édifiant", de catholique. Hélas, pourquoi Dieu ne me permet-il pas de l'aller prier dans un pauvre coin, et se sert-il de ma lâcheté rivée au monde, pour saboter des tâches si peu à ma taille.
[Paul Claudel : Louis Massignon, Correspondance 1908-1953, « Braises ardentes, semences de feu », nouvelle édition renouvelée (1908-1914) et augmentée 1915-1953)
p230 (Lettre du samedi 10 août 1912)]
”
”
Louis Massignon
“
Père prend les deux planches sous les bras, il avance, il pose une des planches contre la barrière, il grimpe. Nous nous couchons à plat ventre derrière le grand arbre, nous bouchons nos oreilles avec nos mains, nous ouvrons la bouche. Il y a une explosion. Nous courons jusqu'aux barbelés avec les deux autres planches et le sac de toile. Notre Père est couché près de la seconde barrière. Oui, il y a un moyen de traverser la frontière: c'est de faire passer quelqu'un devant soi. Prenant le sac de toile, marchant dans les traces de pas, puis sur le corps inerte de notre Père, l'un de nous s'en va dans l'autre pays.
***
Nous sommes nus. Nous nous frappons l'un l'autre avec une ceinture. Nous disons à chaque coup:
– Ça ne fait pas mal.
Nous frappons plus fort, de plus en plus fort. Nous passons nos mains au-dessus d'une flamme. Nous entaillons notre cuisse, notre bras, notre poitrine avec un couteau et nous versons de l'alcool sur nos blessures. Nous disons chaque fois:
– Ça ne fait pas mal.
Au bout d'un certain temps, nous ne sentons effectivement plus rien. C'est quelqu'un d'autre qui a mal, c'est quelqu'un d'autre qui se brûle, qui se coupe, qui souffre. Nous ne pleurons plus.
***
Nous entrons dans le camp. Il est vide. Il n'y a personne nulle part. Certains bâtiments continuent à se consumer. La puanteur est insupportable. Nous nous bouchons le nez et nous avançons tout de même. Une barrière de fils de fer barbelés nous arrête. Nous montons sur un mirador. Nous voyons une grande place sur laquelle se dressent quatre grands bûchers noirs. Nous repérons une ouverture, une brèche dans la barrière. Nous descendons du mirador, nous trouvons l'entrée. C'èst une grande porte en fer, ouverte. Au-dessus, il est écrit en langue étrangère: «Camp de transit.» Nous entrons.
Les bûchers noirs que nous avons vus d'en haut, ce sont des cadavres calcinés. Certains ont très bien brûlé, il ne reste que des os. D'autres sont à peine noircis. Il y en a beaucoup. Des grands et des petits. Des adultes et des enfants. Nous pensons qu'on les a tués d'abord, puis entassés et àrrosés d'essence pour y mettre le feu. Nous vomissons. Nous sortons du camp en courant. Nous rentrons.
”
”
Ágota Kristóf (Le grand cahier)
“
Maldoror, écoute-moi. Remarque ma figure, calme comme un miroir, et je crois avoir une intelligence égale à la tienne. Un jour, tu m’appelas le soutien de ta vie. Depuis lors, je n’ai pas démenti la confiance que tu m’avais vouée. Je ne suis qu’un simple habitant des roseaux, c’est vrai ; mais, grâce à ton propre contact, ne prenant que ce qu’il y avait de beau en toi, ma raison s’est agrandie, et je puis te parler. Je suis venu vers toi, afin de te retirer de l’abîme. Ceux qui s’intitulent tes amis te regardent, frappés de consternation, chaque fois qu’ils te rencontrent, pâle et voûté, dans les théâtres, dans les places publiques, ou pressant, de deux cuisses nerveuses, ce cheval qui ne galope que pendant la nuit, tandis qu’il porte son maître-fantôme, enveloppé dans un long manteau noir. Abandonne ces pensées, qui rendent ton cœur vide comme un désert ; elles sont plus brûlantes que le feu. Ton esprit est tellement malade que tu ne t’en aperçois pas, et que tu crois être dans ton naturel, chaque fois qu’il sort de ta bouche des paroles insensées, quoique pleines d’une infernale grandeur. Malheureux ! qu’as-tu dit depuis le jour de ta naissance ? Ô triste reste d’une intelligence immortelle, que Dieu avait créée avec tant d’amour ! Tu n’as engendré que des malédictions, plus affreuses que la vue de panthères affamées ! Moi, je préférerais avoir les paupières collées, mon corps manquant des jambes et des bras, avoir assassiné un homme, que ne pas être toi ! Parce que je te hais. Pourquoi avoir ce caractère qui m’étonne ? De quel droit viens-tu sur cette terre, pour tourner en dérision ceux qui l’habitent, épave pourrie, ballottée par le scepticisme ? Si tu ne t’y plais pas, il faut retourner dans les sphères d’où tu viens. Un habitant des cités ne doit pas résider dans les villages, pareil à un étranger. Nous savons que, dans les espaces, il existe des sphères plus spacieuses que la nôtre, et donc les esprits ont une intelligence que nous ne pouvons même pas concevoir. Eh bien, va-t’en !… retire-toi de ce sol mobile !… montre enfin ton essence divine, que tu as cachée jusqu’ici ; et, le plus tôt possible, dirige ton vol ascendant vers la sphère, que nous n’envions point, orgueilleux que tu es ! Car, je ne suis pas parvenu à reconnaître si tu es un homme ou plus qu’un homme ! Adieu donc ; n’espère plus retrouver le crapaud sur ton passage. Tu es la cause de ma mort. Moi, je pars pour l’éternité, afin d’implorer ton pardon !
”
”
Comte de Lautréamont