Faire Des Quotes

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A writer, I think, is someone who pays attention to the world." [Speech upon being awarded the Friedenspreis des Deutschen Buchhandels (Peace Prize of the German Book Trade), Frankfurt Book Fair, October 12, 2003]
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Susan Sontag
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La parole humaine est comme un chaudron fĂȘlĂ© oĂč nous battons des mĂ©lodies Ă  faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les Ă©toiles.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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AprÚs trois ans, un couple doit se quitter, se suicider, ou faire des enfants, ce qui sont trois façons d'entériner sa fin.
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Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
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Vous savez, Miss Jarmond, faire revivre le passé n'es pas chose facile. On a parfois des surprises désagréables. La vérité est plus terrible que l'ignorance.
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Tatiana de Rosnay (Sarah's Key)
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Tant qu'OphĂ©lie aurait des scrupules, tant qu'elle agirait en accord avec sa conscience, tant qu'elle serait capable de faire face Ă  son reflet chaque matin, elle n'appartiendrait Ă  personne d'autre qu'elle-mĂȘme.
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Christelle Dabos (Les Fiancés de l'hiver (La Passe-Miroir, #1))
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Nous ne choisissons pas nos vies, mais nous décidons quoi faire des joies et des tristesses que nous recevons.
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Paulo Coelho (AdultĂšre (French Edition))
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Donc, il faudra que je meure et flotte comme Ă©cume sur la mer et n'entende jamais plus la musique des vagues, ne voit plus les fleurs ravissantes et le rouge soleil. Ne puis-je rien faire pour gagner une vie Ă©ternelle?
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Hans Christian Andersen
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Aimer à lire, c'est faire un échange des heures d'ennui que l'on doit avoir dans sa vie, contre des heures délicieuses.
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Montesquieu (Pensieri)
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Si je crois en Dieu? Oui, quand je travaille. Quand je suis soumis et modeste, je me sens tellement aidé par quelqu'un qui me fait faire des choses qui me surpassent.
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Henri Matisse
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We are told we must choose — the old or the new. In fact, we must choose both. What is a life if not a series of negotiations between the old and the new?" [Speech upon being awarded the Friedenspreis des Deutschen Buchhandels (Peace Prize of the German Book Trade), Frankfurt Book Fair, October 12, 2003]
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Susan Sontag
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La vraie liberté ne consiste pas à faire ce qu'on veut, mais ce qu'on doit.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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On peut presque tout faire sans lumiĂšre sauf Ă©crire. Ecrire demande des lueurs. Vivre se suffit d’ombre, lire exige la clartĂ©. Fast alles kann man ohne Licht tun, außer Schreiben. Zum Schreiben ist Licht nötig. Zum Leben genĂŒgt Dunkelheit; Lesen braucht Helligkeit.
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Michel Serres
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L'amitié, tout autant que l'amour, peut faire basculer des destins.
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Érik Orsenna (L'Entreprise des Indes)
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Il y a des circonstances oĂč l'on est amenĂ© Ă  faire des choix, donc Ă  renoncer Ă  des choses auxquelles on tient, pour aller vers ce que l'on a le plus Ă  cƓur.
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Laurent Gounelle (L'homme qui voulait ĂȘtre heureux)
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Certains mots sont probablement aptes Ă  changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sĂ©cher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d’autres des notes de violon. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cƓur et il est mĂȘme possible de les dĂ©pĂȘcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires et que nous ne sommes peut-ĂȘtre ni vivants ni morts. (p. 74)
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JĂłn Kalman StefĂĄnsson (HimnarĂ­ki og helvĂ­ti)
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« Au contraire des autres, il voulait faire Ă  travers elle l'expĂ©rience de la sincĂ©ritĂ©, dĂ©couvrir dans l'abstinence le plaisir d'ĂȘtre fidĂšle, cultiver un amour sur le terrain minĂ© des sens. »
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Ahlam Mosteghanemi (ÙÙˆŰ¶Ù‰ Ű§Ù„Ű­ÙˆŰ§Űł)
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Tu n'as rien appris, sinon que la solitude n'apprend rien, que l'indiffĂ©rence n'apprend rien: c'Ă©tait un leurre, une illusion fascinante et piĂ©gĂ©e. Tu Ă©tais seul et voilĂ  tout et tu voulais te protĂ©ger: qu'entre le monde et toi les ponts soient Ă  jamais coupĂ©s. Mais tu es si peu de chose et le monde est un si grand mot: tu n'as jamais fait qu'errer dans une grande ville, que longer sur quelques kilomĂštres des façades, des devantures, des parcs et des quais. L'indiffĂ©rence est inutile. Tu peux vouloir ou ne pas vouloir, qu'importe! Faire ou ne pas faire une partie de billard Ă©lectrique, quelqu'un, de toute façon, glissera une piĂšce de vingt centimes dans la fente de l'appareil. Tu peux croire qu'Ă  manger chaque jour le mĂȘme repas tu accomplis un geste dĂ©cisif. Mais ton refus est inutile. Ta neutralitĂ© ne veut rien dire. Ton inertie est aussi vaine que ta colĂšre.
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Georges Perec (Un Homme qui dort)
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Il ne faut pas désespérer les imbéciles, avec un peu d'entraßnement on peut en faire des militaires.
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Pierre Desproges
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Peut-on se forcer à faire quelque chose qu'on n'a aucune envie de faire uniquement pour prévenir un hypothétique regret situé dans un avenir lointain?
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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J’ai Ă©tĂ© enterrĂ© sous les morts ; mais, maintenant, je suis enterrĂ© sous des vivants, sous des actes, sous des faits, sous la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre, qui veut me faire rentrer sous terre!
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Honoré de Balzac (Le Colonel Chabert)
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Bright star, would I were stedfast as thou art-- Not in lone splendour hung aloft the night And watching, with eternal lids apart, Like nature's patient, sleepless Eremite, The moving waters at their priestlike task Of pure ablution round earth's human shores, Or gazing on the new soft-fallen mask Of snow upon the mountains and the moors-- No--yet still stedfast, still unchangeable, Pillow'd upon my fair love's ripening breast, To feel for ever its soft fall and swell, Awake for ever in a sweet unrest, Still, still to hear her tender-taken breath, And so live ever--or else swoon to death. Glanzvoller Stern! wĂ€r ich so stet wie du, Nicht hing ich nachts in einsam stolzer Pracht! SchautĆœ nicht mit ewigem Blick beiseite zu, Einsiedler der Natur, auf hoher Wacht Beim Priesterwerk der Reinigung, das die See, Die wogende, vollbringt am Meeresstrand; Noch starrt ich auf die Maske, die der Schnee Sanft fallend frisch um Berg und Moore band. Nein, doch unwandelbar und unentwegt MöchtĆœ ruhn ich an der Liebsten weicher Brust, Zu fĂŒhlen, wie es wogend dort sich regt, Zu wachen ewig in unruhiger Lust, Zu lauschen auf des Atems sanftes Wehen - So ewig leben - sonst im Tod vergehen!
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John Keats (Bright Star: Love Letters and Poems of John Keats to Fanny Brawne)
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À partir de lĂ , le dialogue de la journĂ©e suivait une pente uniformĂ©ment descendante, mais avec des lĂšvres et des mains chaleureuses et languides flottant sur les surface les plus sensibles du corps, le monde Ă©tait aussi prĂšs que possible de la perfection. Freud appelait cela un Ă©tat de perversitĂ© polymorphe impersonnel et le regardait d'un mauvais oeil, mais je doute fort qu'il ait jamais eu les mains de Lil lui frĂŽlant le corps. Ou mĂȘme celles de sa propre femme dans le mĂȘme rĂŽle. Freud Ă©tait un bien grand homme, mais je n'arrive pas Ă  me faire Ă  l'idĂ©e que quelqu'un lui ait jamais efficacement flattĂ© le pĂ©nis.
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Luke Rhinehart (The Dice Man)
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Qui croit Pouvoir faire du miel Sans partager le destin des abeilles?
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Muriel Barbery (The Elegance of the Hedgehog)
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Jeannot la bĂȘtise des amoureux est immense, vĂ©gĂ©tale, animale, astrale. Que faire? Comment te faire comprendre que je n'existe plus en dehors de toi.
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Jean Cocteau (Lettres Ă  Jean Marais)
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Comprendre n'est pas réagir mais ne faire qu'un.
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Pierre Bottero (Ellana, la Prophétie (Le Pacte des MarchOmbres, #3))
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J'ai toujours fait des gùteaux. Parce que sinon, la vie était trop dure. Faire des gùteaux, c'était un défi, et un combat.
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Durian Sukegawa
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Elle lui demanda en quoi un jour de pluie pouvait ĂȘtre beau : il lui Ă©numĂ©ra les nuances de couleurs que prendraient le ciel, les arbres et les toits lorsqu'ils se promĂšneraient tantĂŽt, de la puissance sauvage avec laquelle leur apparaĂźtrait l'ocĂ©an, du parapluie qui les rapprocherait pendant la marche, de la joie qu'ils auraient Ă  se rĂ©fugier ici pour un thĂ© chaud, des vĂȘtements qui sĂ©cheraient auprĂšs du feu, de la langueur qui en dĂ©coulerait, de l'opportunitĂ© qu'ils auraient de faire plusieurs fois l'amour, du temps qu'ils prendraient Ă  se raconter leur vie sous les draps du lit, enfants protĂ©gĂ©s par une tente de la nature dĂ©chaĂźnĂ©e...
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Éric-Emmanuel Schmitt (Odette Toulemonde et autres histoires)
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- Pourquoi n'as-tu plus d'amis ? - Ils ont moisi. Je n'avais pas remarqué qu'ils avaient une date de péremption. Il faut faire attention à ça. Mes amis ont commencé à avoir des traces de pourriture, des taches vertes assez dégoûtantes. Ce qu'ils disaient commençait vraiment à sentir mauvais... ("Comment je suis devenu stupide", p210)
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Martin Page (Comment je suis devenu stupide (French Edition))
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Que pouvions-nous faire, donc? Vivre? C'est exactement dans ce genre de situation qu'écrasés par le sentiment de leur propre insignifiance les gens se décident à faire des enfants; ainsi se reproduit l'espÚce, de moins en moins il est vrai.
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Michel Houellebecq (The Possibility of an Island)
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Vous avez dĂ©jĂ  perdu quelqu'un de proche? [...] Vous n'avez jamais l'impression que ces ĂȘtres-lĂ  vivent en vous? ... Vraiment... Qu'ils ont deposĂ© en vous quelque chose qui ne disparaĂźtra que lorsque vous mourrez vous-mĂȘme? ... Des gestes... Une façon de parler ou de penser... Une fidĂ©litĂ© Ă  certaines choses et Ă  certains lieux... Croyez-moi. Les morts vivent. Ils nous font faire des choses. Ils influent sur nos dĂ©cisions. Ils nous forcent. Nous façonnent.
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Laurent Gaudé (La Porte des Enfers)
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... Je n'en pouvais plus de me languir d'elle, je n'en pouvais plus de tendre la main vers elle et de ne rencontrer que son absence au bout de mes doigts. Je me disais: Elle va te repousser, elle va te dire des mots trĂšs durs, elle va te faire tomber le ciel sur la tĂȘte; cela ne me dissuadait pas. Je ne craignais plus de rĂ©silier les serments, de broyer mon Ăąme dans l'Ă©treinte de mon poing; je ne craignais plus d'offenser les dieux, d'incarner l'opprobre jusqu’à la fin des Ăąges.
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Yasmina Khadra
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Mais aujourd'hui, il ne s'agit pas d'honorer la beautĂ©, ni mĂȘme de procurer aux foules un spectacle agrĂ©able. Il s'agit de nous fracasser le crĂąne avec des menaces:"Vous avez intĂ©rĂȘt Ă  trouver ça Ă  votre goĂ»t. Sinon, taisez-vous!" Le beau, qui devrait servir Ă  faire communiquer les hommes dans l'admiration, sert Ă  exclure. Face Ă  un tel totalitarisme, au lieu de se rĂ©volter, les gens sont obĂ©issants et enthousiastes. Ils applaudissent, ils en redemandent. Moi, j'appelle ça du masochisme.
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Amélie Nothomb (Attentat)
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Je sais fort bien que je ne suis qu'une machine Ă  faire des livres.
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François-René de Chateaubriand
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Aimer lire, c'est faire un échange des heures d'ennui contre des heures délicieuses.
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Montesquieu
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J’établissais confusĂ©ment un lien entre ma classe sociale d’origine et ce qui m’arrivait. PremiĂšre Ă  faire des Ă©tudes supĂ©rieures dans une famille d’ouvriers et de petits commerçants, j’avais Ă©chappĂ© Ă  l’usine et au comptoir. Mais ni le bac ni la licence de lettres n’avaient rĂ©ussi Ă  dĂ©tourner la fatalitĂ© de la transmission d’une pauvretĂ© dont la fille enceinte Ă©tait, au mĂȘme titre que l’alcoolique, l’emblĂšme. J’étais rattrapĂ©e par le cul et ce qui poussait en moi c’était, d’une certaine maniĂšre, l’échec social.
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Annie Ernaux (L'événement)
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Comme tout le monde, je n'ai à mon service que trois moyens d'évaluer l'existence humaine: l'étude de soi, la plus difficile et la plus dangereuse, mais aussi la plus féconde des méthodes; l'observation des hommes, qui s'arrangent le plus souvent pour nous cacher leurs secrets ou pour nous faire croire qu'ils en ont; les livres, avec les erreurs particuliÚres de perspective qui naissent entre leurs lignes.
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Marguerite Yourcenar (Memoirs of Hadrian)
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« Courir aprĂšs un rĂȘve, cela a un prix. Cela peut exiger que nous abandonnions nos habitudes, cela peut nous faire traverser des difficultĂ©s, cela peut nous conduire Ă  des dĂ©ceptions, etc. Mais aussi Ă©levĂ© que soit le prix, ce n'est jamais aussi cher que le prix payĂ© par celui qui n'a pas vĂ©cu. Parce que cette personne va un jour regarder en arriĂšre et elle entendra son propre cƓur dire : “J'ai gaspillĂ© ma vie.” »
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Paulo Coelho (AdultĂšre (French Edition))
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Tout ce qui nous Ă©meut, tu le partages. Mais ce qui t'arrive, nous l'ignorons. Il faudrait ĂȘtre cent papillons pour lire toutes tes pages. Il y en a d'entre vous qui sont comme des dictionnaires; ceux qui les cueillent ont envie de faire relier toutes ces feuilles. Moi, j'aime les roses Ă©pistolaires.
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Rainer Maria Rilke (The Complete French Poems of Rainer Maria Rilke)
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Mais c'est faire un pacte avec le diable, car il perd son Ăąme, celui qui veut ĂȘtre religieusement aimĂ©. Elles m'ont obligĂ© Ă  feindre la mĂ©chancetĂ©, je ne leur pardonnerai jamais ! Mais que faire ? J'avais besoin d'elles, si belles quand elles dorment, besoin de leurs adorables gestes de pĂ©dĂ©raste, besoin de leurs pudeurs, si vite suivies d'Ă©tonnantes docilitĂ©s dans la pĂ©nombre des nuits, car rien ne les surprend ni ne les effraie qui soit service d'amour.
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Albert Cohen (Belle du Seigneur)
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Elle avait réussi à donner un sens à ma vie en la transformant en un bordel perpétuel. Sa trajectoire était claire, elle avait mille directions, des millions d'horizons, mon rÎle consistait à faire suivre l'intendance en cadence, à lui donner les moyens de vivre ses démences et de ne se préoccuper de rien.
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Olivier Bourdeaut (En attendant Bojangles)
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Le monde cessa aussitĂŽt d’ĂȘtre mot pour se faire peau. L’ombre blĂȘme des moustiquaires, le clapotis de la pluie, les lointaines rumeurs des jardins et de la ville, rien de tout cela n’existait plus pour OphĂ©lie. Emma seule chose dont elle avait une perception aiguĂ«, c’etait Thorn et elle, leurs mains dĂ©faisant l’une aprĂšs l’autre chaque retenue, chaque apprĂ©hension, chaque timiditĂ©
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Christelle Dabos (La MĂ©moire de Babel (La Passe-Miroir, #3))
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Ce n'est pas parce qu'une fille est vieille et moche qu'elle est moins chiante et exigeante qu'une bombasse de vingt ans. Ce qui caractérise les femmes, c'est qu'elles peuvent faire profil bas pendant des mois avant d'annoncer la couleur.
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Virginie Despentes (Vernon Subutex 1 (Vernon Subutex, #1))
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Tous les enfants essaient de compenser la séparation du sevrage par des conduites de séduction et de parade; on oblige le garçon à dépasser ce stade, on le délivre de son narcissisme en le fixant sur son pénis; tandis que la fillette est confirmée dans cette tendance à se faire objet qui est commune à tous les enfants.
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Simone de Beauvoir (Le deuxiĂšme sexe, I)
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Aujourd'hui, je suis fou de mort, partout la mort, et ces roses sur ma table qui me parfument tandis que j'Ă©cris, affreusement vivant, ces roses sont des bouts de cadavres qu'on force Ă  faire semblant de vivre trois jours de plus dans de l'eau et les gens achĂštent ces cadavres de fleurs et les jeunes filles s'en repaissent.
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Albert Cohen (Le Livre de ma mĂšre)
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A qui Ă©cris-tu? -A toi. En fait, je ne t'Ă©cris pas vraiment, j'Ă©cris ce que j'ai envie de faire avec toi... Il y avait des feuilles partout. Autour d'elle, Ă  ses pieds, sur le lit. J'en ai pris une au hasard: "...Pique-niquer, faire la sieste au bord d'une riviĂšre, manger des pĂȘches, des crevettes, des croissants, du riz gluant, nager, danser, m'acheter des chaussures, de la lingerie, du parfum, lire le journal, lĂ©cher les vitrines, prendre le mĂ©tro, surveiller l'heure, te pousser quand tu prends toute la place, Ă©tendre le linge, aller Ă  l'OpĂ©ra, faire des barbecues, rĂąler parce que tu as oubliĂ© le charbon, me laver les dents en mĂȘme temps que toi, t'acheter des caleçons, tondre la pelouse, lire le journal par-dessus ton Ă©paule, t'empĂȘcher de manger trop de cacahuĂštes, visiter les caves de la Loire, et celles de la Hunter Valley, faire l'idiote, jacasser, cueillir des mĂ»res, cuisiner, jardiner, te rĂ©veiller encore parce que tu ronfles, aller au zoo, aux puces, Ă  Paris, Ă  Londres, te chanter des chansons, arrĂȘter de fumer, te demander de me couper les ongles, acheter de la vaisselle, des bĂȘtises, des choses qui ne servent Ă  rien, manger des glaces, regarder les gens, te battre aux Ă©checs, Ă©couter du jazz, du reggae, danser le mambo et le cha-cha-cha, m'ennuyer, faire des caprices, bouder, rire, t'entortiller autour de mon petit doigt, chercher une maison avec vue sur les vaches, remplir d'indĂ©cents Caddie, repeindre un plafond, coudre des rideaux, rester des heures Ă  table Ă  discuter avec des gens intĂ©ressants, te tenir par la barbichette, te couper les cheveux, enlever les mauvaises herbes, laver la voiture, voir la mer, t'appeler encore, te dire des mots crus, apprendre Ă  tricoter, te tricoter une Ă©charpe, dĂ©faire cette horreur, recueillir des chats, des chiens, des perroquets, des Ă©lĂ©phants, louer des bicyclettes, ne pas s'en servir, rester dans un hamac, boire des margaritas Ă  l'ombre, tricher, apprendre Ă  me servir d'un fer Ă  repasser, jeter le fer Ă  repasser par la fenĂȘtre, chanter sous la pluie, fuire les touristes, m'enivrer, te dire toute la vĂ©ritĂ©, me souvenir que toute vĂ©ritĂ© n'est pas bonne Ă  dire, t'Ă©couter, te donner la main, rĂ©cupĂ©rer mon fer Ă  repasser, Ă©couter les paroles des chansons, mettre le rĂ©veil, oublier nos valises, m'arrĂȘter de courir, descendre les poubelles, te demander si tu m'aimes toujours, discuter avec la voisine, te raconter mon enfance, faire des mouillettes, des Ă©tiquettes pour les pots de confiture..." Et ça continuais comme ça pendant des pages et des pages...
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Anna Gavalda (Someone I Loved (Je l'aimais))
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Je lis des vieux livres parce que les pages tournĂ©es de nombreuses fois et marquĂ©es par les doigts ont plus de poids pour les yeux, parce que chaque exemplaire d'un livre peut appartenir Ă  plusieurs vies. Les livres devraient rester sans surveillance dans les endroits publics pour se dĂ©placer avec les passants qui les apporteraient un moment avec eux, puis ils devraient mourir comme eux, usĂ©s par les malheurs, contaminĂ©s, noyĂ©s en tombant d'un pont avec les suicidĂ©s, fourrĂ©s dans un poĂȘle l'hiver, dĂ©chirĂ©s par les enfants pour en faire des petits bateaux, bref ils devraient mourir n'importe comment sauf d'ennui et de propriĂ©tĂ© privĂ©e, condamnĂ©s Ă  vie Ă  l’étagĂšre. (p.22)
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Erri De Luca (Tre cavalli)
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« Vous voulez l'égalité ? Commencez par cesser de faire des enfants. » [Corinne Maier, No Kid] Une grÚve des ventres : c'était là la grande crainte exprimée lors des débats (entre hommes) qui ont précédé l'autorisation de la contraception, ce qui constitue un singulier aveu - car enfin, si la maternité dans notre société est une expérience si uniformément merveilleuse, pourquoi les femmes s'en détourneraient-elles ? (p. 87)
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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Il s’était tant de fois entendu dire ces choses, qu’elles n’avaient pour lui rien d’original. Emma ressemblait Ă  toutes les maĂźtresses ; et le charme de la nouveautĂ©, peu Ă  peu tombant comme un vĂȘtement, laissait voir Ă  nu l’éternelle monotonie de la passion, qui a toujours les mĂȘmes formes et le mĂȘme langage. Il ne distinguait pas, cet homme si plein de pratique, la dissemblance des sentiments sous la paritĂ© des expressions. Parce que des lĂšvres libertines ou vĂ©nales lui avaient murmurĂ© des phrases pareilles, il ne croyait que faiblement Ă  la candeur de celles-lĂ  ; on en devait rabattre, pensait-il, les discours exagĂ©rĂ©s cachant les affections mĂ©diocres ; comme si la plĂ©nitude de l’ñme ne dĂ©bordait pas quelquefois par les mĂ©taphores les plus vides, puisque personne, jamais, ne peut donner l’exacte mesure de ses besoins, ni de ses conceptions, ni de ses douleurs, et que la parole humaine est comme un chaudron fĂȘlĂ© oĂč nous battons des mĂ©lodies Ă  faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les Ă©toiles.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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Un guerrier n'est pas ce que vous croyez. Ce n'est pas quelqu'un qui part faire la guerre pour prendre la vie des autres. Pour nous un guerrier c'est quelqu'un qui sacrifie tout de lui pour le bien-ĂȘtre des autres. Il protĂšge et prend soin des aĂźnĂ©s, de ceux qui sont sans dĂ©fense, de ceux qui ne peuvent le faire pour eux-mĂȘmes et par dessus tout les enfants qui sont le futur de notre humanitĂ©.
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Sitting Bull
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Il est bon de savoir quelque chose des moeurs de divers peuples, afin de juger des notres plus sainement et que nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule et contre raison, ainsi qu'ont coutume de faire ceux qui n'ont rien vu; mais lorsqu'on emploie trop de temps à voyager on devient enfin étranger en son pays; et lorsqu'on est trop curieux des choses qui se pratiquaient aux siÚcles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci.
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René Descartes (Discours de la méthode: suivi des Méditations métaphysiques)
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Je ne ressens pas la moindre honte de ne pas ĂȘtre une super bonne meuf. En revanche, je suis verte de rage qu'en tant qu fille qui intĂ©resse peu les hommes, on cherche sans cesse Ă  me faire savoir que je ne devrais mĂȘme pas ĂȘtre lĂ . On a toujours existĂ©. MĂȘme s'il n'est pas question de nous dans les romans d'hommes, qui n'imaginent que des femmes avec qui ils voudraient coucher. On a toujours existĂ©, on n'a jamais parlĂ©. MĂȘme aujourd'hui que les femmes publient beaucoup de romans, on rencontre rarement de personnage fĂ©minins aux physiques ingrats ou mĂ©diocres, inaptes Ă  aimer les hommes ou Ă  s'en faire aimer. Au contraire les hĂ©roines contemporaines aiment les hommes, les rencontrent facilement couchent avec eux en deux chapitres, elles jouissent en quatre lignes et elles aiment toutes le sexe. La figure de la looseuse de la fĂ©minitĂ© m'est plus que sympathique, elle m'est essentielle.
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Virginie Despentes (King Kong théorie)
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Oh! tout ce que nous n'avons point fait et que pourtant nous aurions pu faire...penseront-ils, sur le point de quitter la vie. - Tout ce que nous aurions dĂ» faire et que pourtant nous n'avons point fait! par souci des considĂ©rants, par temporisation, par paresse, et pour s'ĂȘtre trop dit: "Bah! nous aurons toujours le temps." Pour n'avoir pas saisi le chaque jour irremplaçable, l'irretrouvable chaque instant. Pour avoir remis Ă  plus tard la dĂ©cision, l'effort, l'Ă©treinte... L'heure qui passe est bien passĂ©e? -Oh! toi qui viendras, penseront-ils, sois plus habile: Saisis l'instant!
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André Gide
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Oh! je voudrais tant que tu te souviennes Des jours heureux oĂč nous Ă©tions amis En ce temps-lĂ  la vie Ă©tait plus belle Et le soleil plus brĂ»lant qu'aujourd'hui. Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Tu vois, je n'ai pas oubliĂ© Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Les souvenirs et les regrets aussi. Et le vent du Nord les emporte, Dans la nuit froide de l'oubli. Tu vois je n'ai pas oubliĂ©, La chanson que tu me chantais... Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Les souvenirs et les regrets aussi, Mais mon amour silencieux et fidĂšle Sourit toujours et remercie la vie. Je t'aimais tant, tu Ă©tais si jolie, Comment veux-tu que je t'oublie? En ce temps-lĂ  la vie Ă©tait plus belle Et le soleil plus brĂ»lant qu'aujourd'hui. Tu Ă©tais ma plus douce amie Mais je n'ai que faire des regrets. Et la chanson que tu chantais, Toujours, toujours je l'entendrai. C'est une chanson qui nous ressemble, Toi tu m'aimais, moi je t'aimais Et nous vivions, tous deux ensemble, Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. Mais la vie sĂ©pare ceux qui s'aiment, Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants dĂ©sunis. C'est une chanson qui nous ressemble, Toi tu m'aimais et je t'aimais Et nous vivions tous deux ensemble, Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. Mais la vie sĂ©pare ceux qui s'aiment, Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants dĂ©sunis.
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”
Jacques Prévert
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J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-pÚre, il y en avait partout ; défense était de les faire épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées : droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothÚque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait...
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”
Jean-Paul Sartre
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- J'ai un million de choses Ă  te raconter, commença Salim. Si tu savais ce que j'ai vĂ©cu... - Ça peut attendre, Salim. - Comment ça, ça peut attendre ? - Eh bien, tu as peut ĂȘtre des choses plus urgentes Ă  faire. - Tu plaisantes ! Imagine que je... -J'insiste, Salim. Je crois que tu as mieux Ă  faire pour l'instant. - Quoi ? Camille regarda son ami avec un air extrĂȘmement sĂ©rieux. - T'habiller, par exemple. Salim baissa les yeux sans pouvoir retenir un cri horrifiĂ©. Il Ă©tait nu comme un ver.
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Pierre Bottero (L'Ăźle du destin (La QuĂȘte d'Ewilan, #3))
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Alors que la lumiĂšre s'Ă©puise de faire des trous dans les nuages, je me couche sur la plage, devant un feu de bois, les chiens contre le flanc, la kayak remontĂ© de moitiĂ© sur la rive et, Ă©coutant la musique de la houle, je regarde griller mes poissons embrochĂ©s sur des pics de bois vert en pensant que la vie ne devrait ĂȘtre que cela: l'hommage rendu par l'adulte Ă  ses rĂȘves d'enfant.
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Sylvain Tesson (Dans les forĂȘts de SibĂ©rie)
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Oui, moi aussi, je m'Ă©tais souvent demandĂ©: comment font les gents? Et Ă  vrai dire, si ces questions Ă©taient modifiĂ©es, elles n'avaient jamais cessĂ©: comment font les gents, pour Ă©crire, aimer, dormir d'une seule traite, varier les menus de leurs enfants, les laisser grandir, les laisser partir sans s'accrocher Ă  eux, aller une fois par an chez le dentiste, faire du sport, rester fidĂšle, ne pas recommencer Ă  fumer, lire des livres + des bandes dessinĂ©es + des magazines + un quotidien, ne pas ĂȘtre totalement dĂ©passĂ© en matiĂšre de musique, apprendre Ă  respirer, ne pas s'exposer au soleil sans protection, faire leurs courses une seule fois par semaine sans rien oublier?
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Delphine de Vigan (D'aprĂšs une histoire vraie)
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Le voilĂ  le grand drame de notre sociĂ©tĂ©: MĂȘme les riches ne font plus envie. Ils sont gros, moches, et vulgaires, leurs femmes sont liftĂ©es, ils vont en prison, leurs enfants se droguent, ils ont des goĂ»ts de ploucs, ils posent pour Gala. Les riches d'aujourd'hui ont oubliĂ© que l'argent est un moyen non une fin. Ils ne savent plus quoi en faire. Au moins quand on est pauvre, on peut se dire qu'avec du fric, tout s'arrangerait. Mais quand on est riche, on ne peut pas se dire qu'avec une nouvelle baraque dans le Midi, une autre voiture de sport, une paire de pompes Ă  12000 balles, ou un mannequin supplĂ©mentaire, tout s'arrangerait. Quand on est riche, on n'a plus d'excuse. C'est pour ça que tout les milliardaires sont sous Prozac ; parce qu'ils ne font plus rĂȘver personne, mĂȘme pas eux !
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Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
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En mĂȘme temps, c'est quoi ĂȘtre comme tout le monde? Si on croit les professeurs, c'est faire toute une sĂ©rie d'actions dans le bon ordre. Etre soit un homme, soit une femme, et se marier. Faire les courses. Avoir deux ou trois enfants. Les inscrire Ă  l'Ă©cole et leur acheter des livres. Travailler en mĂȘme temps pour faire tout ça. Prendre un prĂȘt bancaire pour avoir un appartement plus grand. Travailler plus, pour rembourser son prĂȘt bancaire. Acheter une petite voiture. Voter. Marier ses enfants. S'occuper des petits-enfants. Mourir. Ne pas laisser de dettes en hĂ©ritage aux enfants.
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Kaouther Adimi (L'envers des autres)
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Bastos, il l'a trouvĂ© au fond d'une poubelle. Tout petit, tout miteux... Il s'est laissĂ© attendrir. Le soir mĂȘme, il a commencĂ© Ă  le regretter. Le petit salopard avait trouvĂ© ses cigarettes dans la poche de sa veste et les avait dĂ©piautĂ©es pour se rouler dedans ! L'odeur des brunes le rendait fou ! Et pas moyen de le dĂ©tourner de son vice ! En tout cas, c'est comme ça que pendant des annĂ©es, Raymond s'est fait faire les poches par son chat...
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Barbara Constantine (Allumer le chat)
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Alors le nomade dans tout ça ? Il est dĂ©jĂ  loin. Il a contournĂ© l'horizon. Difficile de la coincer vivant et de livrer sa moelle sous la forme d'une brique de pages imprimĂ©es. Difficile de le mettre en mots. MĂȘme avec des mots ronds, des mots chauds, des mots caresses, des mots mappe-mondes. Ne reste plus qu'Ă  se faire libre-rĂȘveur Ă  dĂ©faut de le suivre Ă  la trace sur les routes, les chemins buissonniers, les lacets qui montent et descendent Ă  bout de souffle.
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Abdourahman A. Waberi
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J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisĂ©es, les imbaisables, les hystĂ©riques, les tarĂ©es, toutes les exclues du grand marchĂ© Ă  la bonne meuf. Et je commence par lĂ  pour que les choses soient claires : je ne m’excuse de rien, je ne viens pas me plaindre. Je n’échangerais ma place contre aucune autre parce qu’ĂȘtre Virginie Despentes me semble ĂȘtre une affaire plus intĂ©ressante Ă  mener que n’importe quelle autre affaire. Je trouve ça formidable qu’il y ait aussi des femmes qui aiment sĂ©duire, qui sachent sĂ©duire, d’autres se faire Ă©pouser, des qui sentent le sexe et d’autres le gĂąteau du goĂ»ter des enfants qui sortent de l’école. Formidable qu’il y en ait de trĂšs douces, d’autres Ă©panouies dans leur fĂ©minitĂ©, qu’il y en ait de jeunes, trĂšs belles, d’autres coquettes et rayonnantes. Franchement, je suis bien contente pour toutes celles Ă  qui les choses telles qu’elles sont conviennent. C’est dit sans la moindre ironie. Il se trouve simplement que je ne fais pas partie de celles-lĂ . Bien sĂ»r que je n’écrirais pas ce que j’écris si j’étais belle, belle Ă  changer l’attitude de tous les hommes que je croise. C’est en tant que prolotte de la fĂ©minitĂ© que je parle, que j’ai parlĂ© hier et que je recommence aujourd’hui (p. 9-10).
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Virginie Despentes (King Kong théorie)
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Elle n'en revient pas, que l'on puisse avoir de tels Ă©changes laconiques - "Ça va ? - Ça va !" - avec des ĂȘtres qu'on a mis au monde et vus grandir vingt ans durant, Ă  qui on a appris Ă  parler, Ă  qui on a lu mille histoires Ă  l'heure du coucher, pour qui on a fait des repas sans nombre, qu'on a aidĂ©s Ă  faire leurs devoirs et soignĂ©s pendant leurs maladies, dont on a Ă©coutĂ© les problĂšmes et logĂ© les copains. C'est incroyable de s'entendre Ă©changer des "Ça va ? Ça va !" avec ces ĂȘtres-lĂ .
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Nancy Huston (Infrarouge)
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Paul l'a Ă©coutĂ©e, sans ciller, sans rĂ©pliquer ; son beau visage dĂ©truit est demeurĂ© impassible. A la fin, il a seulement glissĂ© : "Je me demandais quand tu te dĂ©ciderais Ă  me faire cet aveu. Je me demandais lequel de vous deux viendrait le faire. Ce que tu m'annonces, je le sais depuis longtemps. Je le sais depuis le jour de mon retour, depuis la seconde exacte oĂč tu as posĂ© ton regard sur moi. C'Ă©tait sur toi, l'effroi, la honte, la gĂȘne, et puis aussi la lĂ©gĂšretĂ© des femmes amoureuses. C'Ă©tait immanquable.
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Philippe Besson (La Trahison de Thomas Spencer)
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Je condamne l'ignorance qui rĂšgne en ce moment dans les dĂ©mocraties aussi bien que dans les rĂ©gimes totalitaires. Cette ignorance est si forte, souvent si totale, qu'on la dirait voulue par le systĂšme, sinon par le rĂ©gime. J'ai souvent rĂ©flĂ©chi Ă  ce que pourrait ĂȘtre l'Ă©ducation de l'enfant. Je pense qu'il faudrait des Ă©tudes de base, trĂšs simples, oĂč l'enfant apprendrait qu'il existe au sein de l'univers, sur une planĂšte dont il devra plus tard mĂ©nager les ressources, qu'il dĂ©pend de l'air, de l'eau, de tous les ĂȘtres vivants, et que la moindre erreur ou la moindre violence risque de tout dĂ©truire. Il apprendrait que les hommes se sont entre-tuĂ©s dans des guerres qui n'ont jamais fait que produire d'autres guerres, et que chaque pays arrange son histoire, mensongĂšrement, de façon Ă  flatter son orgueil. On lui apprendrait assez du passĂ© pour qu'il se sente reliĂ© aux hommes qui l'ont prĂ©cĂ©dĂ©, pour qu'il les admire lĂ  oĂč ils mĂ©ritent de l'ĂȘtre, sans s'en faire des idoles, non plus que du prĂ©sent ou d'un hypothĂ©tique avenir. On essaierait de le familiariser Ă  la fois avec les livres et les choses ; il saurait le nom des plantes, il connaĂźtrait les animaux sans se livrer aux hideuses vivisections imposĂ©es aux enfants et aux trĂšs jeunes adolescents sous prĂ©texte de biologie ; il apprendrait Ă  donner les premiers soins aux blessĂ©s ; son Ă©ducation sexuelle comprendrait la prĂ©sence Ă  un accouchement, son Ă©ducation mentale la vue des grands malades et des morts. On lui donnerait aussi les simples notions de morale sans laquelle la vie en sociĂ©tĂ© est impossible, instruction que les Ă©coles Ă©lĂ©mentaires et moyennes n'osent plus donner dans ce pays. En matiĂšre de religion, on ne lui imposerait aucune pratique ou aucun dogme, mais on lui dirait quelque chose de toutes les grandes religions du monde, et surtout de celles du pays oĂč il se trouve, pour Ă©veiller en lui le respect et dĂ©truire d'avance certains odieux prĂ©jugĂ©s. On lui apprendrait Ă  aimer le travail quand le travail est utile, et Ă  ne pas se laisser prendre Ă  l'imposture publicitaire, en commençant par celle qui lui vante des friandises plus ou moins frelatĂ©es, en lui prĂ©parant des caries et des diabĂštes futurs. Il y a certainement un moyen de parler aux enfants de choses vĂ©ritablement importantes plus tĂŽt qu'on ne le fait. (p. 255)
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Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
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Joseph Voilà c'que c'est, mon vieux Joseph Que d'avoir pris la plus jolie Parmi les filles de Galilée Celle qu'on appelait Marie Tu aurais pu, mon vieux Joseph Prendre Sarah ou Déborah Et rien ne serait arrivé Mais tu as préféré Marie Tu aurais pu, mon vieux Joseph Rester chez toi, tailler ton bois PlutÎt que d'aller t'exiler Et te cacher avec Marie Tu aurais pu, mon vieux Joseph Faire des petits avec Marie Et leur apprendre ton métier Comme ton pÚre te l'avait appris Pourquoi a-t-il fallu, Joseph Que ton enfant, cet innocent Ait eu ces étranges idées Qui ont tant fait pleurer Marie Parfois je pense à toi, Joseph Mon pauvre ami, lorsque l'on rit De toi qui n'avais demandé Qu'à vivre heureux avec Marie
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Georges Moustaki
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Tu t'imagines qu'un mensonge en vaut un autre, mais tu as tort. Je peux inventer n'importe quoi, me payer la tĂȘte des gens, monter toutes sortes de mystifications, faire toutes sortes de blagues, je n'ai pas l'impression d'ĂȘtre un menteur ; ces mensonges-lĂ , si tu veux appeler cela des mensonges, c'est moi, tel que je suis ; avec ces mensonges-lĂ , je ne dissimule rien, avec ces mensonges-lĂ  je dis en fait la vĂ©ritĂ©. Mais il y a des choses Ă  propos desquelles je ne peux pas mentir. IL y a des choses que je connais Ă  fond, dont j'ai compris le sens, et que j'aime. Je ne plaisante pas avec ces choses-lĂ . Mentir lĂ -dessus, ce serait m'abaisser moi-mĂȘme, et je ne le peux pas, n'exige pas ça de moi, je ne le ferai.
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Milan Kundera (Laughable Loves)
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Une population parfaitement dĂ©terminĂ©e est en mesure non seulement de contraindre un dirigeant Ă  fuir son pays, mais Ă©galement de faire reculer un candidat Ă  l'occupation de son territoire par la mise en Ɠuvre d'un formidable ensemble de stratĂ©gies disponible : boycotts et manifestations, occupations de locaux et sit-in, arrĂȘts de travail et grĂšves gĂ©nĂ©rales, obstructions et sabotages, grĂšve des loyers et des impĂŽts, refus de coopĂ©rer, refus de respecter les couvre-feux ou la censure, refus de payer les amendes, insoumission et dĂ©sobĂ©issance civile en tout genre.
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Howard Zinn (Disobedience and Democracy: Nine Fallacies on Law and Order (Radical 60s))
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Accepter que tel ou tel ĂȘtre, que nous aimions, soit mort. Accepter que tel et tel, vivants, aient eu leurs faiblesses, leurs bassesses, leurs erreurs, que nous essayons vainement de recourvrir de pieux mensonges, un peu par respect et par pitiĂ© pour eux, beaucoup par pitiĂ© pour nous-mĂȘmes, et pour la vaine gloire d’avoir aimĂ© seulement la perfection, l’intelligence ou la beautĂ©. Accepter qu’ils soient morts avant leur temps, parce qu’il n’y a pas de temps. Accepter de les oublier, puisque l’oubli fait partie de l’ordre des choses. Accepter de s’en souvenir, puisqu’en secret la mĂ©moire se cĂąche au fond de l’oubli. Accepter mĂȘme, mais en se promettant de faire mieux la prochaine fois, et Ă  la prochaine rencontre, de les avoir maladroitement ou mĂ©diocrement aimĂ©s.
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Marguerite Yourcenar (Pellegrina e straniera)
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J’écris donc d’ici, de chez les invendues, les tordues, celles qui ont le crĂąne rasĂ©e, celles qui ne savent pas s’habiller, celles qui ont peur de puer, celles qui ont les chicots pourris, celles qui ne savent pas s’y prendre, celles Ă  qui les hommes ne font pas de cadeau, celles qui baiseraient n’importe qui voulant bien d’elles, les grosses putes, les petites salopes, les femmes Ă  chatte toujours sĂšche, celles qui ont un gros bides, celles qui voudraient ĂȘtre des hommes, celles qui se prennent pour des hommes, celles qui rĂȘvent de faire hardeuses, celles qui n’en ont rien Ă  foutre des mecs mais que leurs copines intĂ©ressent, celles qui ont un gros cul, celles qui ont les poils drus et bien noirs et qui ne vont pas se faire Ă©piler, les femmes brutales, bruyantes, celles qui cassent tout sur leur passage, celles qui n’aiment pas les parfumeries, celles qui se mettent du rouge trop rouge, celles qui sont trop mal foutues pour pouvoir se saper comme des chaudasses mais qui en crĂšvent d’envie, celles qui veulent porter des fringues d’hommes et la barbe dans la rue, celles qui veulent tout montrer, celles qui sont pudiques par complexe, celles qui ne savent pas dire non, celles qu’on enferme pour les mater, celles qui font peur, celles qui font pitiĂ©, celles qui ne font pas envie, celles qui ont la peau flasque, des rides plein la face, celles qui rĂȘvent de se faire lifter, liposucer, pĂ©ter le nez pour le refaire mais qui n’ont pas l’argent pour le faire, celles qui ne ressemblent Ă  rien, celles qui ne comptent que sur elles-mĂȘmes pour se protĂ©ger, celles qui ne savent pas ĂȘtre rassurantes, celles qui s’en foutent de leurs enfants, celles qui aiment boire jusqu’à se vautrer par terre dans les bars, celles qui ne savent pas se tenir.
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Virginie Despentes (King Kong théorie)
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Je me suis dit, pour la Ă©niĂšme fois, que le corps s'Ă©teignait quand la douleur devenait insoutenable, que la conscience Ă©tait un Ă©tat fugitif, que ça allait passer. Mais, comme chaque fois, je n'ai pas baissĂ© le rideau. Je suis restĂ©e sur la grĂšve Ă  me faire lessiver par les vagues, sans me noyer. (
) Crier ne faisait qu'empirer les choses. Toutes les stimulations, en fait. La seule solution Ă©tait de dĂ©faire le monde, de le rendre noir et silencieux, inhabitĂ©, de revenir au moment qui avait prĂ©cĂ©dĂ© le big bang, au commencement oĂč Ă©tait le Verbe, et de vivre dans cet espace vide et non existant avec le Verbe. On parle souvent du courage des malades du cancer, et je ne nie pas ce courage. Ça faisait des annĂ©es que, malgrĂ© les coups et le poison dans mes veines, j'Ă©tais toujours sur pied. Mais vous pouvez me croire, Ă  cet instant, j'aurais Ă©tĂ© ravie de mourir. 
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John Green (The Fault in Our Stars)
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Et que faudrait-il faire ? Chercher un protecteur puissant, prendre un patron, Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc Et s'en fait un tuteur en lui lĂ©chant l'Ă©corce, Grimper par ruse au lieu de s'Ă©lever par force ? Non, merci ! DĂ©dier, comme tous ils le font, Des vers aux financiers ? se changer en bouffon Dans l'espoir vil de voir, aux lĂšvres d'un ministre, NaĂźtre un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ? Non, merci ! DĂ©jeuner, chaque jour, d'un crapaud ? Avoir un ventre usĂ© par la marche ? une peau Qui plus vite, Ă  l'endroit des genoux, devient sale ? ExĂ©cuter des tours de souplesse dorsale ?... Non, merci ! D'une main flatter la chĂšvre au cou Cependant que, de l'autre, on arrose le chou, Et donneur de sĂ©nĂ© par dĂ©sir de rhubarbe, Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ? Non, merci ! Se pousser de giron en giron, Devenir un petit grand homme dans un rond, Et naviguer, avec des madrigaux pour rames, Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ? Non, merci ! Chez le bon Ă©diteur de Sercy Faire Ă©diter ses vers en payant ? Non, merci ! S'aller faire nommer pape par les conciles Que dans des cabarets tiennent des imbĂ©ciles ? Non, merci ! Travailler Ă  se construire un nom Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres ? Non, Merci ! Ne dĂ©couvrir du talent qu'aux mazettes ? Être terrorisĂ© par de vagues gazettes, Et se dire sans cesse : "Oh ! pourvu que je sois Dans les petits papiers du Mercure François" ?... Non, merci ! Calculer, avoir peur, ĂȘtre blĂȘme, PrĂ©fĂ©rer faire une visite qu'un poĂšme, RĂ©diger des placets, se faire prĂ©senter ? Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais... chanter, RĂȘver, rire, passer, ĂȘtre seul, ĂȘtre libre, Avoir l'Ɠil qui regarde bien, la voix qui vibre, Mettre, quand il vous plaĂźt, son feutre de travers, Pour un oui, pour un non, se battre, - ou faire un vers ! Travailler sans souci de gloire ou de fortune, À tel voyage, auquel on pense, dans la lune ! N'Ă©crire jamais rien qui de soi ne sortĂźt, Et modeste d'ailleurs, se dire : mon petit, Sois satisfait des fleurs, des fruits, mĂȘme des feuilles, Si c'est dans ton jardin Ă  toi que tu les cueilles ! Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard, Ne pas ĂȘtre obligĂ© d'en rien rendre Ă  CĂ©sar, Vis-Ă -vis de soi-mĂȘme en garder le mĂ©rite, Bref, dĂ©daignant d'ĂȘtre le lierre parasite, Lors mĂȘme qu'on n'est pas le chĂȘne ou le tilleul, Ne pas monter bien haut, peut-ĂȘtre, mais tout seul !
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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Il y a des personnes Ă  qui on n'ose donner d'autres marques de la passion qu'on a pour elles que par les choses qui ne les regardent point ; et, n'osant leur faire paraĂźtre qu'on les aime, on voudrait du moins qu'elles vissent que l'on ne veut ĂȘtre aimĂ© de personne. L'on voudrait qu'elles sussent qu'il n'y a point de beautĂ©, dans quelques rang qu'elle pĂ»t ĂȘtre, que l'on ne regardĂąt avec indiffĂ©rence, et qu'il n'y a point de couronne que l'on voulĂ»t acheter au prix de ne les voir jamais. Les femmes jugent d'ordinaire de la passion qu'on a pour elles, continua-t-il, par le soin qu'on prend de leur plaire et de les chercher ; mais ce n'est pas une chose difficile pour peu qu'elles soient aimables ; ce qui est difficile, c'est de ne s'abandonner pas au plaisir de les suivre ; c'est de les Ă©viter, par peur de laisser paraĂźtre au public, et quasi Ă  elles-mĂȘmes, les sentiments que l'on a pour elles.
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Madame de La Fayette (Madame de La Fayette: la princesse de ClĂšves)
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Bien sĂ»r, rien n'interdit Ă  une femme d'avoir des enfants et de se rĂ©aliser en mĂȘme temps dans d'autres domaines. Au contraire, vous y ĂȘtes mĂȘme vivement encouragĂ©e : en posant la cerise de l'accomplissement personnel sur le gĂąteau de la maternitĂ©, vous flatterez notre bonne conscience et notre narcissisme collectif. Nous n'aimons pas nous avouer que nous voyons les femmes avant tout comme des reproductrices. [
] Mais alors, vous avez intĂ©rĂȘt Ă  avoir beaucoup d'Ă©nergie, un bon sens de l'organisation et une grande capacitĂ© de rĂ©sistance Ă  la fatigue ; vous avez intĂ©rĂȘt Ă  ne pas trop aimer dormir ou paresser, Ă  ne pas dĂ©tester les horaires, Ă  savoir faire plusieurs choses Ă  la fois. (p. 82)
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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- Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pĂšres nous valaient bien, n'en dis pas de mal !... - T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violĂ©s, volĂ©s, Ă©tripĂ©s et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maĂźtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nĂ©s fidĂšles, on en crĂšve nous autres ! Soldats gratuits, hĂ©ros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi MisĂšre. C'est lui qui nous possĂšde ! Quand on est pas sage, il serre... On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gĂȘne pour parler, faut faire bien attention si on tient Ă  pouvoir manger... Pour des riens, il vous Ă©trangle... C'est pas une vie... - Il y a l'amour, Bardamu ! - Arthur, l'amour c'est l'infini mis Ă  la portĂ©e des caniches et j'ai ma dignitĂ© moi ! que je lui rĂ©ponds.
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Louis-Ferdinand CĂ©line
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Ah! je voulais te dire aussi, n'aie pas peur de leur sabir. Le sabir du pauvre d'aujourd'hui, c'est l'argot du pauvre d'hier, ni plus ni moins. Depuis toujours le pauvre parle argot. Sais-tu pourquoi? Pour faire croire au riche qu'il a quelque chose à lui cacher. Il n'a rien à cacher, bien sûr, il est beaucoup trop pauvre, rien que des petits trafics par-ci par-là, des broutilles, mais il tient à faire croire que c'est un monde entier qu'il cache, un univers qui nous serait interdit, et si vaste qu'il aurait besoin de toute une langue pour l'exprimer. Mais il n'y a pas de monde, bien sûr, et pas de langue. Rien qu'un petit lexique de connivence, histoire de se tenir chaud, de camoufler le désespoir.
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Daniel Pennac
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Il reste que, face aux femmes volontairement sans descendance, on brandit toujours cette menace : « Un jour, tu le regretteras ! » Cela traduit un raisonnement trĂšs Ă©trange. Peut-on se forcer Ă  faire quelque chose qu'on n'a aucune envie de faire uniquement pour prĂ©venir un hypothĂ©tique regret situĂ© dans un avenir lointain ? Cet argument ramĂšne les personnes concernĂ©es prĂ©cisĂ©ment Ă  la logique que nombre d'entre elles cherchent Ă  fuir, cette logique de prĂ©voyance Ă  laquelle incite la prĂ©sence d'un enfant et qui peut dĂ©vorer le prĂ©sent dans l'espoir d'assurer l'avenir : prendre un crĂ©dit, se tuer au travail, se soucier du patrimoine qu'on lui lĂ©guera, de la façon dont on paiera ses Ă©tudes
 (p. 120-121)
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Mona Chollet (SorciÚres : La puissance invaincue des femmes)
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Mais le narrateur est plutĂŽt tentĂ© de croire qu’en donnant trop d’importance aux belles actions, on rend finalement un hommage indirect et puissant au mal. Car on laisse supposer alors que ces belles actions n’ont tant de prix que parce qu’elles sont rares et que la mĂ©chancetĂ© et l’indiffĂ©rence sont des moteurs bien plus frĂ©quents dans les actions des hommes. C’est lĂ  une idĂ©e que le narrateur ne partage pas. Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l’ignorance, et la bonne volontĂ© peut faire autant de dĂ©gĂąts que la mĂ©chancetĂ©, si elle n’est pas Ă©clairĂ©e. Les hommes sont plutĂŽt bons que mauvais, et en vĂ©ritĂ© ce n’est pas la question. Mais ils ignorent plus ou moins, et c’est ce qu’on appelle vertu ou vice, le vice le plus dĂ©sespĂ©rant Ă©tant celui de l’ignorance qui croit tout savoir et qui s'autorise alors a tuer. L'Ăąme du meurtrier est aveugle et il n’y a pas de vraie bontĂ© ni de belle amour sans toute la clairvoyance possible.
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Albert Camus (The Plague)
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My father gave my stature tall, And rule of life decorous; My mother my nature genial And joy in making stories; Full well my grandsire loved the fair, A tendency that lingers; My grandam gold and gems so rare, An itch still in the fingers. If no part from this complex all Can now be separated, What can you name original That is in me created? - - - GER: Vom Vater hab ich die Statur, Des Lebens ernstes FĂŒhren, Von MĂŒtterchen die Frohnatur Und Lust zu fabulieren. Urahnherr war der Schönsten hold, Das spukt so hin und wieder, Urahnfrau liebte Schmuck und Gold, Das zuckt wohl durch die Glieder. Sind nun die Elemente nicht Aus dem Komplex zu trennen, Was ist denn an dem ganzen Wicht Original zu nennen? Zahme Xenien VI.
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Johann Wolfgang von Goethe (Xenien)
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Il paraĂźt qu'Ă  soixante-dix ans, c'est le meilleur souvenir qu'il vous reste. Le sexe. C'est ma grand-mĂšre qui m'a dit ça. Elle m'a dit, tu sais quand on a mon Ăąge, les plus beaux souvenirs qu'il vous reste ce sont les nuits d'amour. C'est ses mots Ă  elle, mais je sais bien ce que ça veut dire. Ça veut dire qu'il n'y a rien de tel, aprĂšs avoir bien pris son pied, que de se coller contre un homme en lui tenant la bite encore toute chaude comme un petit Ă©cureuil endormi. Tricote-toi des souvenirs, elle me dit, ma grand-mĂšre, alors moi, je fais comme elle me dit et je me tricote des souvenirs pour me faire des pulls et des pulls pour quand je serai vieille et que j'aurai toujours froid. Parce que les vieux, ils ont toujours froid. Ils ont froid de ne plus pouvoir vivre les choses. C'est ça, qui donne froid, c'est de plus pouvoir s'assouvir, de plus pouvoir se donner Ă  fond Ă  ce qu'on a envie de vivre.
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David Thomas (La Patience des buffles sous la pluie)
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Quand on s’attend au pire, le moins pire a une saveur toute particuliĂšre, que vous dĂ©gusterez avec plaisir, mĂȘme si ce n’est pas le meilleur. *** Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. Ne cherchez pas Ă  atteindre un bonheur parfait, mais contentez vous des petites choses de la vie, qui, mises bout Ă  bout, permettent de tenir la distance
 Les tout petit riens du quotidien, dont on ne se rend mĂȘme plus compte mais qui font que, selon la façon dont on les vit, le moment peut ĂȘtre plaisant et donne envie de sourire. Nous avons tous nos petits riens Ă  nous. Il faut juste en prendre conscience. *** Le silence a cette vertu de laisser parler le regard, miroir de l’ñme. On entend mieux les profondeurs quand on se tait. *** Au temps des sorciĂšres, les larmes d’homme devaient ĂȘtre trĂšs recherchĂ©es. C’est rare comme la bave de crapaud. Ce qu’elles pouvaient en faire, ça, je ne sais pas. Une potion pour rendre plus gentil ? Plus humain ? Moins avare en Ă©motion ? Ou moins poilu ? *** Quand un silence s’installe, on dit qu’un ange passe
 *** Vide. Je me sens vide et Ă©teinte. J’ai l’impression d’ĂȘtre un peu morte, moi aussi. D’ĂȘtre un champ de bataille. Tout a brĂ»lĂ©, le sol est irrĂ©gulier, avec des trous bĂ©ants, des ruines Ă  perte de vue. Le silence aprĂšs l’horreur. Mais pas le calme aprĂšs la tempĂȘte, quand on se sent apaisĂ©. Moi, j’ai l’impression d’avoir sautĂ© sur une mine, d’avoir explosĂ© en mille morceaux, et de ne mĂȘme pas savoir comment je vais faire pour les rassembler, tous ses morceaux, ni si je les retrouverai tous. *** Accordez-vous le droit de vivre votre chagrin. Il y a un temps pour tout. *** Ce n’est pas d’intuition dont est dotĂ© Romain, mais d’attention. *** ÒȘa fait toujours plaisir un cadeau, surtout de la part des gens qu’on aime.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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PrĂ©face J'aime l'idĂ©e d'un savoir transmis de maĂźtre Ă  Ă©lĂšve. J'aime l'idĂ©e qu'en marge des "maĂźtres institutionnels" que sont parents et enseignants, d'autres maĂźtres soient lĂ  pour dĂ©fricher les chemins de la vie et aider Ă  y avancer. Un professeur d'aĂŻkido cĂŽtoyĂ© sur un tatami, un philosophe rencontrĂ© dans un essai ou sur les bancs d'un amphi-thĂ©Ăątre, un menuisier aux mains d'or prĂȘt Ă  offrir son expĂ©rience... J'aime l'idĂ©e d'un maĂźtre considĂ©rant comme une chance et un honneur d'avoir un Ă©lĂšve Ă  faire grandir. Une chance et un honneur d'assister aux progrĂšs de cet Ă©lĂšve. Une chance et un honneur de participer Ă  son envol en lui offrant des ailes. Des ailes qui porteront l'Ă©lĂšve bien plus haut que le maĂźtre n'ira jamais. J'aime cette idĂ©e, j'y vois une des clefs d'un Ă©quilibre fondĂ© sur la transmission, le respect et l'Ă©volution. Je l'aime et j'en ai fait un des axes du "Pacte des MarchOmbres". Jilano, qui a Ă©tĂ© guidĂ© par EsĂźl, guide Ellana qui, elle-mĂȘme, guidera Salim... Transmission. Ellana, personnage ĂŽ combien essentiel pour moi (et pour beaucoup de mes lecteurs), dans sa complexitĂ©, sa richesse, sa volontĂ©, ne serait pas ce qu elle est si son chemin n avait pas croisĂ© celui de Jilano. Jilano qui a su dĂ©velopper les qualitĂ©s qu'il dĂ©celait en elle. Jilano qui l'a poussĂ©e, ciselĂ©e, enrichie, libĂ©rĂ©e, sans chercher une seule fois Ă  la modeler, la transformer, la contraindre. Respect. q Jilano, maĂźtre marchombre accompli. MaĂźtre accompli et marchombre accompli. Il sait ce qu'il doit Ă  EsĂźl qui l'a formĂ©. Il sait que sans elle, il ne serait jamais devenu l'homme qu'il est. L'homme accompli. Elle l'a poussĂ©, ciselĂ©, enrichi, libĂ©rĂ©, sans chercher une seule fois Ă  le modeler, le transformer, le contraindre. Respect. Évolution. EsĂźl, uniquement prĂ©sente dans les souvenirs de Jilano, ne fait qu'effleurer la trame du Pacte des Marchombres. Nul doute pourtant qu'elle soit parvenue Ă  faire dĂ©couvrir la voie Ă  Jilano et Ă  lui offrir un Ă©lan nĂ©cessaire pour qu'il y progresse plus loin qu'elle. Jilano agit de mĂȘme avec Ellana. Il sait, dĂšs le dĂ©part, qu'elle le distancera et attend ce moment avec joie et sĂ©rĂ©nitĂ©. Ellana est en train de libĂ©rer les ailes de Salim. Jusqu'oĂč s envolera-t-il grĂące Ă  elle ? J'aime cette idĂ©e, dans les romans et dans la vie, d’un maĂźtre transmettant son savoir Ă  un Ă©lĂšve afin qu a terme il le dĂ©passe. J'aime la gĂ©nĂ©rositĂ© qu'elle induit, la confiance qu'elle implique en la capacitĂ© des hommes Ă  s'amĂ©liorer. J'aime cette idĂ©e, mĂȘme si croiser un maĂźtre est une chance rare et mĂȘme s'il existe bien d'autres maniĂšres de prendre son envol. Lire. Écrire. S'envoler. Pierre Bottero
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Pierre Bottero (Ellana, l'Envol (Le Pacte des MarchOmbres, #2))
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victor hugo, Les Contemplations, Mors Je vis cette faucheuse. Elle Ă©tait dans son champ. Elle allait Ă  grands pas moissonnant et fauchant, Noir squelette laissant passer le crĂ©puscule. Dans l'ombre oĂč l'on dirait que tout tremble et recule, L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx. Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux Tombaient ; elle changeait en dĂ©sert Babylone, Le trĂŽne en Ă©chafaud et l'Ă©chafaud en trĂŽne, Les roses en fumier, les enfants en oiseaux, L'or en cendre, et les yeux des mĂšres en ruisseaux. Et les femmes criaient : - Rends-nous ce petit ĂȘtre. Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naĂźtre ? - Ce n'Ă©tait qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ; Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ; Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre ; Les peuples Ă©perdus semblaient sous la faulx sombre Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ; Tout Ă©tait sous ses pieds deuil, Ă©pouvante et nuit. DerriĂšre elle, le front baignĂ© de douces flammes, Un ange souriant portait la gerbe d'Ăąmes.
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Victor Hugo
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De mĂȘme, ces obsĂ©dĂ©s des points de suspension semblent vous dire : ah, si on me laissait faire, vous verriez cette superbe description que je vous brosserais lĂ , et ce dialogue percutant, et cette analyse brillante. J'ai tout ça au bout des doigts, mais bon je me retiens. pour cette fois ! On a envie de leur suggĂ©rer Ă  l'oreille : laissez-vous donc tenter, mon vieux, ne muselez plus ainsi ce gĂ©nie qu'on devine en vous et qui ne demande qu'Ă  nous exploser Ă  la gueule. LĂąchez-vous et le monde de la littĂ©rature en sera sous le choc, je vous le garantis.
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Anne-Laure Bondoux (Et je danse, aussi)
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Qui veut ĂȘtre assassin, de nos jours, doit ĂȘtre un homme de science. Non, non, je n'Ă©tais ni l'un ni l'autre. Mesdames et messieurs les jurĂ©s, la majoritĂ© des pervers sexuels qui brĂ»lent d'avoir avec une gamine quelque relation physique palpitante capable de les faire gĂ©mir de plaisir, sans aller nĂ©cessairement jusqu'au coĂŻt, sont des ĂȘtres insignifiants, inadĂ©quats, passifs, timorĂ©s, qui demandent seulement Ă  la sociĂ©tĂ© de leur permettre de poursuivre leur activitĂ©s pratiquement inoffensives, prĂ©tendument aberrantes, de se livrer en toute intimitĂ© Ă  leurs petites perversions sexuelles brĂ»lantes et moites sans que la police et la sociĂ©tĂ© ne leur tombent dessus. Nous ne sommes pas des monstres sexuels! Nous ne violons pas comme le font ces braves soldats. Nous sommes des hommes infortunĂ©s et doux, aux yeux de chien battu, suffisamment intĂ©grĂ©s socialement pour maĂźtriser nos pulsions en prĂ©sence des adultes, mais prĂȘts Ă  sacrifier des annĂ©es et des annĂ©es de notre vie pour pouvoir toucher une nymphette ne serait-ce qu'une seule fois. Nous ne sommes pas des tueurs, assurĂ©ment. Les poĂštes ne tuent point.
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Vladimir Nabokov (Lolita)
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Mais je comprends aussi que rien de ce qui concerne l'homme ne se compte, ni ne se mesure. L'Ă©tendue vĂ©ritable n'est point pour l'Ɠil, elle n'est accordĂ©e qu'Ă  l'esprit. Elle vaut ce que vaut le langage, car c'est le langage qui noue les choses. Il me semble dĂ©sormais entrevoir mieux ce qu'est une civilisation. Une civilisation est un hĂ©ritage de croyances, de coutumes et de connaissances, lentement acquises au cours des siĂšcles, difficiles parfois Ă  justifier par la logique, mais qui se justifient d'elles-mĂȘmes, comme des chemins, s'ils conduisent quelque part, puisqu'elles ouvrent Ă  l'homme son Ă©tendue intĂ©rieure. Une mauvaise littĂ©rature nous a parlĂ© du besoin d'Ă©vasion. Bien sĂ»r, on s'enfuit en voyage Ă  la recherche de l'Ă©tendue. Mais l'Ă©tendue ne se trouve pas. Elle se fonde. Et l'Ă©vasion n'a jamais conduit nulle part. Quand l'homme a besoin, pour se sentir homme, de courir des courses, de chanter en chƓur, ou de faire la guerre, ce sont dĂ©jĂ  des liens qu'il s'impose afin de se nouer Ă  autrui et au monde. Mais combien pauvres ! Si une civilisation est forte, elle comble l'homme, mĂȘme si le voilĂ  immobile.
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Antoine de Saint-Exupéry (Pilote de Guerre)
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Un Ă©clat de rire grossier, un haussement d'Ă©paules, accompagnĂ© de quelque maxime triviale sur la folie des femmes, avaient constamment accueilli les confidences de ce genre de chagrins, que le besoin d'Ă©panchement l'avait portĂ©e Ă  faire, Ă  son mari, dans les premiĂšres annĂ©es de leur mariage. Ces sortes de plaisanteries, quand surtout elles portaient sur les maladies de ses enfants, retournait le poignard dans le coeur de Madame de RĂ©nal. VoilĂ  ce qu'elle trouva au lieu des flatteries empressĂ©es et mielleuses du couvent jĂ©suitique oĂč elle avait passĂ© sa jeunesse (partie I, ch. VII)
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Stendhal (Le Rouge Et Le Noir)
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Je me suis figurĂ© qu’une femme devait faire plus de cas de son Ăąme que de son corps, contre l’usage gĂ©nĂ©ral qui veut qu’elle permette qu’on l’aime avant d’avouer qu’elle aime, et qu’elle abandonne ainsi le trĂ©sor de son coeur avant de consentir Ă  la plus lĂ©gĂšre prise sur celui de sa beautĂ©. J’ai voulu, oui, voulu absolument tenter de renverser cette marche uniforme ; la nouveautĂ© est ma rage. Ma fantaisie et ma paresse, les seuls dieux dont j’aie jamais encensĂ© les autels, m’ont vainement laissĂ© parcourir le monde, poursuivi par ce bizarre dessein ; rien ne s’offrait Ă  moi. Peut-ĂȘtre je m’explique mal. J’ai eu la singuliĂšre idĂ©e d’ĂȘtre l’époux d’une femme avant d’ĂȘtre son amant. J’ai voulu voir si rĂ©ellement il existait une Ăąme assez orgueilleuse pour demeurer fermĂ©e lorsque les bras sont ouverts, et livrer la bouche Ă  des baisers muets ; vous concevez que je ne craignais que de trouver cette force Ă  la froideur. Dans toutes les contrĂ©es qu’aime le soleil, j’ai cherchĂ© les traits les plus capables de rĂ©vĂ©ler qu’une Ăąme ardente y Ă©tait enfermĂ©e : j’ai cherchĂ© la beautĂ© dans tout son Ă©clat, cet amour qu’un regard fait naĂźtre ; j’ai dĂ©sirĂ© un visage assez beau pour me faire oublier qu’il Ă©tait moins beau que l’ĂȘtre invisible qui l’anime ; insensible Ă  tout, j’ai rĂ©sistĂ© Ă  tout,... exceptĂ© Ă  une femme, – Ă  vous, Laurette, qui m’apprenez que je me suis un peu mĂ©pris dans mes idĂ©es orgueilleuses ; Ă  vous, devant qui je ne voulais soulever le masque qui couvre ici-bas les hommes qu’aprĂšs ĂȘtre devenu votre Ă©poux. – Vous me l’avez arrachĂ©, je vous supplie de me pardonner, si j’ai pu vous offenser. ( Le prince )
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Alfred de Musset (La nuit vénitienne)
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Eh bien, c'est l'histoire d'un petit ourson qui s'appelle
 Arthur. Et y'a une fĂ©e, un jour, qui vient voir le petit ourson et qui lui dit : Arthur tu vas partir Ă  la recherche du Vase Magique. Et elle lui donne une Ă©pĂ©e hmm
 magique (ouais, parce qu'y a plein de trucs magiques dans l'histoire, bref) alors le petit ourson il se dit : "Heu, chercher le Vase Magique ça doit ĂȘtre drĂŽlement difficile, alors il faut que je parte dans la forĂȘt pour trouver des amis pour m'aider." Alors il va voir son ami Lancelot
 le cerf (parce que le cerf c'est majestueux comme ça), heu, Bohort le faisan et puis LĂ©odagan
 heu
 l'ours, ouais c'est un ours aussi, c'est pas tout Ă  fait le mĂȘme ours mais bon. Donc LĂ©odagan qui est le pĂšre de la femme du petit ourson, qui s'appelle GueniĂšvre la truite
 non, non, parce que c'est la fille de
 non c'est un ours aussi puisque c'est la fille de l'autre ours, non parce qu'aprĂšs ça fait des machins mixtes, en fait un ours et une truite
 non en fait ça va pas. Bref, sinon y'a Gauvain le neveu du petit ourson qui est le fils de sa sƓur Anna, qui est restĂ©e Ă  Tintagel avec sa mĂšre Igerne la
 bah non, ouais du coup je suis obligĂ© de foutre des ours de partout sinon on pige plus rien dans la famille
 Donc c'est des ours, en gros, enfin bref
 Ils sont tous lĂ  et donc Petit Ourson il part avec sa troupe Ă  la recherche du Vase Magique. Mais il le trouve pas, il le trouve pas parce qu'en fait pour la plupart d'entre eux c'est
 c'est des nazes : ils sont hyper mous, ils sont bĂȘtes, en plus y'en a qu'ont la trouille. Donc il dĂ©cide de les faire bruler dans une grange pour s'en dĂ©barrasser
 Donc la fĂ©e revient pour lui dire : "Attention petit ourson, il faut ĂȘtre gentil avec ses amis de la forĂȘt" quand mĂȘme c'est vrai, et du coup Petit Ourson il lui met un taquet dans la tĂȘte Ă  la fĂ©e, comme ça : "BAH !". Alors la fĂ©e elle est comme ça et elle s'en va
 et voilĂ  et en fait il trouve pas le vase. En fait il est
 il trouve pas
 et Petit Ourson il fait de la dĂ©pression et tous les jours il se demande s'il va se tuer ou
 pas

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Alexandre Astier (Kaamelott, livre 3, premiùre partie : Épisodes 1 à 50)
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A dog is "der Hund"; a woman is "die Frau"; a horse is "das Pferd"; now you put that dog in the genitive case, and is he the same dog he was before? No, sir; he is "des Hundes"; put him in the dative case and what is he? Why, he is "dem Hund." Now you snatch him into the accusative case and how is it with him? Why, he is "den Hunden." But suppose he happens to be twins and you have to pluralize him- what then? Why, they'll swat that twin dog around through the 4 cases until he'll think he's an entire international dog-show all in is own person. I don't like dogs, but I wouldn't treat a dog like that- I wouldn't even treat a borrowed dog that way. Well, it's just the same with a cat. They start her in at the nominative singular in good health and fair to look upon, and they sweat her through all the 4 cases and the 16 the's and when she limps out through the accusative plural you wouldn't recognize her for the same being. Yes, sir, once the German language gets hold of a cat, it's goodbye cat. That's about the amount of it.
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Mark Twain
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[...] Un soir nous Ă©tions plusieurs ministres Ă  rompre le jeĂ»ne au Palais Royal de FĂšs, en prĂ©sence de Sa MajestĂ©, tout au dĂ©but de son rĂšgne. A ma gauche Si Mohamed El-Fassi, Ă  ma droite une autre personnalitĂ©. Ayant devant moi la soupiĂšre, El-Fassi me demanda de le servir. - "Non", lui rĂ©pondis-je. -"Et pourquoi", dit-il, Ă©tonnĂ© ? - "Parce que, simplement, tu avais proclamĂ© que la langue Tamazight n'est pas une langue et qu'il n'y avait pas lieu d'avancer son apport sur le plan de notre civilisation". Oui, j'ai dit cela. - "Mais d'abord mon bol , et je raconte!" Écoutons-le : - "A l'Ă©poque oĂč j'ai Ă©tĂ© prisonnier avec d'autres nationalistes, Ă  AĂŻn-Kardous, j'ai demandĂ© Ă  un fqih berbĂ©risant de m'initier Ă  la langue berbĂšre. Il m'a rĂ©pondu : "Pourquoi voudrais-tu perdre ton temps pour un jargon mĂ©prisĂ© par Dieu lui-mĂȘme ? Et, continuant : "Le CrĂ©ateur a donnĂ© Ă  chaque peuple une langue mais, Ă  la fin, il a dĂ» se rendre compte que l'un d'entre deux a Ă©tĂ© oubliĂ©. Il trouva la solution en ramassant les restes des langues Ă©parpillĂ©es sur le sol, et offrit cette mixture, ne pouvant faire autrement, Ă  ce bon peuple Amazigh". - "On dĂ©nonce mĂȘme Dieu", ai-je rĂ©torquĂ©, furieux. "Mais tu viens de donner la preuve de l'universalitĂ© de la langue berbĂšre." - "Universelle!" plaisanta mon autre voisin... "Elle n'est mĂȘme pas dans les archives". La discussion devient gĂ©nĂ©rale, les uns pour, les autres... Sa MajestĂ©, pour mettre fin Ă  toutes nos grandes phrases, posa cette question Ă  El-Fassi : - "Le berbĂšre est-il une langue, oui ou non ?" - "A la rĂ©flexion, oui, MajestĂ©; il a ses contes et ses lĂ©gendes, sa poĂ©sie, et ses structures ne peuvent ĂȘtre niĂ©es". - "Alors," conclut Sa MajestĂ©, "nous aborderons cette question dans une vingtaine d'annĂ©es. Contentons-nous, maintenant, de consolider notre unitĂ©. (Tifinagh N°1 - Repris de "Le Maroc des potentialitĂ©s, 1989, p276-280)
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Mahjoubi Aherdan (Le Maroc des potentialités)
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Hier j'Ă©tais au soleil couchant dans une bruyĂšre pierreuse oĂč croissent des chĂȘnes trĂšs petits et tordus, dans le fond une ruine sur la colline, et dans le vallon du blĂ©. C'Ă©tait romantique, on ne peut davantage, Ă  la Monticelli, le soleil versait des rayons trĂšs jaunes sur les buissons et le terrain, absolument une pluie d'or. Et toutes les lignes Ă©taient belles, l'ensemble d'une noblesse charmante. On n'aurait pas du tout Ă©tĂ© surpris de voir surgir soudainement des cavaliers et des dames, revenant d'une chasse au faucon, ou d'entendre la voix d'un vieux troubadour provençal. Les terrains semblaient violets, les lointains bleus. J'en ai rapportĂ© une Ă©tude d'ailleurs, mais qui reste bien en dessous de ce que j'avais voulu faire.
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Vincent van Gogh (Dear Theo)
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Il y a ceux que le malheur effondre. Il y a ceux qui en deviennent tout rĂȘveurs. Il y a ceux qui parlent de tout et de rien au bord de la tombe, et ça continue dans la voiture, de tout et de rien, pas mĂȘme du mort, de petits propos domestiques, il y a ceux qui se suicideront aprĂšs et ça ne se voit pas sur leur visage, il y a ceux qui pleurent beaucoup et cicatrisent vite, ceux qui se noyent dans les larmes qu'ils versent, il y a ceux qui sont contents, dĂ©barrassĂ©s de quelqu'un, il y a ceux qui ne peuvent plus voir le mort, ils essayent mais ils ne peuvent plus, le mort a emportĂ© son image, il y a ceux qui voient le mort partout, ils voudraient l'effacer, ils vendent ses nippes, brĂ»lent ses photos, dĂ©mĂ©nagent, changent de continent, rebelotent avec un vivant, mais rien Ă  faire, le mort est toujours lĂ , dans le rĂ©troviseur, il y a ceux qui pique-niquent au cimetiĂšre et ceux qui le contournent parce qu'ils ont une tombe creusĂ©e dans la tĂȘte, il y a ceux qui ne mangent plus, il y a ceux qui boivent, il y a ceux qui se demandent si leur chagrin est authentique ou fabriquĂ©, il y a ceux qui se tuent au travail et ceux qui prennent enfin des vacances, il y a ceux qui trouvent la mort scandaleuse et ceux qui la trouvent naturelle avec un Ăąge pour, des circonstances qui font que, c'est la guerre, c'est la maladie, c'est la moto, la bagnole, l'Ă©poque, la vie, il y a ceux qui trouvent que la mort c'est la vie. Et il y a ceux qui font n'importe quoi. Qui se mettent Ă  courrir, par exemple. À courir comme s'ils ne devaient jamais plus s'arrĂȘter. C'est mon cas.
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Daniel Pennac (La fata carabina)
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Je suis encore un homme jeune, et pourtant, quand je songe Ă  ma vie, c’est comme une bouteille dans laquelle on aurait voulu faire entrer plus qu’elle ne peut contenir. Est-ce le cas pour toute vie humaine, ou suis-je nĂ© dans une Ă©poque qui repousse toute limite et qui bat les existences comme les cartes d’un grand jeu de hasard ? Moi, je ne demandais pas grand-chose. J'aurais aimĂ© ne jamais quitter le village. Les montagnes, les bois, nos riviĂšres, tout cela m’aurait suffi. J’aurais aimĂ© ĂȘtre tenu loin de la rumeur du monde, mais autour de moi bien des peuples se sont entretuĂ©s. Bien des pays sont morts et ne sont plus que des noms dans les livres d’Histoire. Certains en ont dĂ©vorĂ© d’autres, les ont Ă©ventrĂ©s, violĂ©s, souillĂ©s. Et ce qui est juste n’a pas toujours triomphĂ© de ce qui est sale. Pourquoi ai-je dĂ», comme des milliers d’autres hommes, porter une croix que je n’avais pas choisie, endurer un calvaire qui n’était pas fait pour mes Ă©paules et qui ne me concernait pas? Qui a donc dĂ©cidĂ© de venir fouiller mon obscure existence, de dĂ©terrer ma maigre tranquillitĂ©, mon anonymat gris, pour me lancer comme une boule folle et minuscule dans un immense jeu de quilles? Dieu? Mais alors, s’Il existe, s’Il existe vraiment, qu’Il se cache. Qu’Il pose Ses deux mains sur Sa tĂȘte, et qu’Il la courbe. Peut-ĂȘtre, comme nous l'apprenait jadis Peiper, que beaucoup d’hommes ne sont pas dignes de Lui, mais aujourd’hui je sais aussi qu’Il n'est pas digne de la plupart d’entre nous, et que si la crĂ©ature a pu engendrer l’horreur c’est uniquement parce que son CrĂ©ateur lui en a soufflĂ© la recette.
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Philippe Claudel (Brodeck)
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J’allais ouvrir la bouche et aborder cette fille , quand quelqu’un me toucha l’épaule. Je me retournai, surpris, et j’aperçus un homme d’aspect ordinaire, ni jeune ni vieux, qui me regardait d’un air triste. — Je voudrais vous parler, dit-il. Je fis une grimace qu’il vit sans doute, car il ajouta : — « C’est important. » Je me levai et le suivis Ă  l’autre bout du bateau : — « Monsieur, reprit-il, quand l’hiver approche avec les froids, la pluie et la neige, votre mĂ©decin vous dit chaque jour : « Tenez-vous les pieds bien chauds, gardez-vous des refroidissements, des rhumes, des bronchites, des pleurĂ©sies. » Alors vous prenez mille prĂ©cautions, vous portez de la flanelle, des pardessus Ă©pais, des gros souliers, ce qui ne vous empĂȘche pas toujours de passer deux mois au lit. Mais quand revient le printemps avec ses feuilles et ses fleurs, ses brises chaudes et amollissantes, ses exhalaisons des champs qui vous apportent des troubles vagues, des attendrissements sans cause, il n’est personne qui vienne vous dire : « Monsieur, prenez garde Ă  l’amour ! Il est embusquĂ© partout ; il vous guette Ă  tous les coins ; toutes ses ruses sont tendues, toutes ses armes aiguisĂ©es, toutes ses perfidies prĂ©parĂ©es ! Prenez garde Ă  l’amour !
 Prenez garde Ă  l’amour ! Il est plus dangereux que le rhume, la bronchite et la pleurĂ©sie ! Il ne pardonne pas, et fait commettre Ă  tout le monde des bĂȘtises irrĂ©parables. » Oui, monsieur, je dis que, chaque annĂ©e, le gouvernement devrait faire mettre sur les murs de grandes affiches avec ces mots : « Retour du printemps. Citoyens français, prenez garde Ă  l’amour ; » de mĂȘme qu’on Ă©crit sur la porte des maisons : « Prenez garde Ă  la peinture ! » — Eh bien, puisque le gouvernement ne le fait pas, moi je le remplace, et je vous dis : « Prenez garde Ă  l’amour ; il est en train de vous pincer, et j’ai le devoir de vous prĂ©venir comme on prĂ©vient, en Russie, un passant dont le nez gĂšle. » Je demeurai stupĂ©fait devant cet Ă©trange particulier, et, prenant un air digne : — « Enfin, monsieur, vous me paraissez vous mĂȘler de ce qui ne vous regarde guĂšre. » Il fit un mouvement brusque, et rĂ©pondit : — « Oh ! monsieur ! monsieur ! si je m’aperçois qu’un homme va se noyer dans un endroit dangereux, il faut donc le laisser pĂ©rir ?
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Guy de Maupassant
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Parfois, le destin ressemble Ă  une tempĂȘte de sable qui se dĂ©place sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui Ă©chapper. Mais la tempĂȘte modifie aussi la sienne. Tu changes Ă  nouveau le rythme de ta marche, et la tempĂȘte change son rythme elle aussi. C'est sans fin, cela se rĂ©pĂšte un nombre incalculable de fois, comme une danse macabre avec le dieu de la Mort, juste avant l'aube. Pourquoi ? parce que la tempĂȘte n'est pas un phĂ©nomĂšne venu d'ailleurs sans aucun lien avec toi. Elle est toi mĂȘme et rien d'autre. elle vient de l'intĂ©rieur de toi. Alors la seule chose que tu puisses faire, c'est pĂ©nĂ©trer dĂ©libĂ©rĂ©ment dedans, fermer les yeux et te boucher les oreilles afin d'empĂȘcher le sable d'y entrer, et la traverser pas Ă  pas. Au coeur de cette tempĂȘte, il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de lune, pas de repĂšre dans l'espace ; par moments, mĂȘme, le temps n'existe plus. Il n'y a que du sable blanc et fin comme des os broyĂ©s qui tourbillonne haut dans le ciel. VoilĂ  la tempĂȘte de sable que tu dois imaginer.
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Haruki Murakami (Kafka on the Shore)
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Ma libertĂ© Longtemps je t'ai gardĂ©e Comme une perle rare Ma libertĂ© c'est toi qui m'as aidĂ© A larguer les amarres Pour aller n'importe oĂč Pour aller jusqu'au bout Des chemins de fortune Pour cueillir en rĂȘvant Une rose des vents Sur un rayon de lune Ma libertĂ© Devant tes volontĂ©s Mon Ăąme Ă©tait soumise Ma libertĂ© je t'avais tout donnĂ© Ma derniĂšre chemise Et combien j'ai souffert Pour pouvoir satisfaire Tes moindres exigences J'ai changĂ© de pays J'ai perdu mes amis Pour gagner ta confiance Ma libertĂ© Tu as su dĂ©sarmer Toutes mes habitudes Ma libertĂ© toi qui m'as fait aimer MĂȘme la solitude Toi qui m'as fait sourire Quand je voyais finir Une belle aventure Toi qui m'as protĂ©gĂ© Quand j'allais me cacher Pour soigner mes blessures Ma libertĂ© Pourtant je t'ai quittĂ©e Une nuit de dĂ©cembre J'ai dĂ©sertĂ© les chemins Ă©cartĂ©s Que nous suivions ensemble Lorsque sans me mĂ©fier Les pieds et poings liĂ©s Je me suis laissĂ© faire Et je t'ai trahie pour Une prison d'amour Et sa belle geĂŽliĂšre Et je t'ai trahie pour Une prison d'amour Et sa belle geĂŽliĂšre
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Georges Moustaki
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Esther n'Ă©tait certainement pas bien Ă©duquĂ©e au sens habituel du terme, jamais l'idĂ©e ne lui serait venue de vider un cendrier ou de dĂ©barrasser le relief de ses repas, et c'est sans la moindre gĂȘne qu'elle laissait la lumiĂšre allumĂ©e derriĂšre elle dans les piĂšces qu'elle venait de quitter (il m'est arrivĂ©, suivant pas Ă  pas son parcours dans ma rĂ©sidence de San Jose, d'avoir Ă  actionner dix-sept commutateurs); il n'Ă©tait pas davantage question de lui demander de penser Ă  faire un achat, de ramener d'un magasin oĂč elle se rendait une course non destinĂ©e Ă  son propre usage, ou plus gĂ©nĂ©ralement de rendre un service quelconque. Comme toutes les trĂšs jolies jeunes filles elle n'Ă©tait au fond bonne qu'Ă  baiser, et il aurait Ă©tĂ© stupide de l'employer Ă  autre chose, de la voir autrement que comme un animal de luxe, en tout choyĂ© et gĂ„tĂ©, protĂ©gĂ© de tout souci comme de toute tĂąche ennuyeuse ou pĂ©nible afin de mieux pouvoir se consacrer Ă  son service exclusivement sexuel. Elle n'en Ă©tait pas moins trĂšs loin d'ĂȘtre ce monstre d'arrogance, d'Ă©goĂŻsme absolu et froid, au, pour parler en termes plus baudelairiens, cette infernale petite salope que sont la plupart des trĂšs jolies jeunes filles; il y avait en elle la conscience de la maladie, de la faiblesse et de la mort. Quoique belle, trĂšs belle, infiniment Ă©rotique et dĂ©sirable, Esther n'en Ă©tait pas moins sensible aux infirmitĂ©s animales, parce qu'elle les connaissait ; c'est ce soir-lĂ  que j'en pris conscience, et que je me mis vĂ©ritablement Ă  l'aimer. Le dĂ©sir physique, si violent soit-il, n'avait jamais suffi chez moi Ă  conduire Ă  l'amour, il n'avait pu atteindre ce stade ultime que lorsqu'il s'accompagnait, par une juxtaposition Ă©trange, d'une compassion pour l'ĂȘtre dĂ©sirĂ© ; tout ĂȘtre vivant, Ă©videmment, mĂ©rite la compassion du simple fait qu'il est en vie et se trouve par lĂ -mĂȘme exposĂ© Ă  des souffrances sans nombre, mais face Ă  un ĂȘtre jeune et en pleine santĂ© c'est une considĂ©ration qui paraĂźt bien thĂ©orique. Par sa maladie de reins, par sa faiblesse physique insoupçonnable mais rĂ©elle, Esther pouvait susciter en moi une compassion non feinte, chaque fois que l'envie me prendrait d'Ă©prouver ce sentiment Ă  son Ă©gard. Étant elle-mĂȘme compatissante, ayant mĂȘme des aspirations occasionnelles Ă  la bontĂ©, elle pouvait Ă©galement susciter en moi l'estime, ce qui parachevait l'Ă©difice, car je n'Ă©tais pas un ĂȘtre de passion, pas essentiellement, et si je pouvais dĂ©sirer quelqu'un de parfaitement mĂ©prisable, s'il m'Ă©tait arrivĂ© Ă  plusieurs reprises de baiser des filles dans l'unique but d'assurer mon emprise sur elles et au fond de les dominer, si j'Ă©tais mĂȘme allĂ© jusqu'Ă  utiliser ce peu louable sentiment dans des sketches, jusqu'Ă  manifester une comprĂ©hension troublante pour ces violeurs qui sacrifient leur victime immĂ©diatement aprĂšs avoir disposĂ© de son corps, j'avais par contre toujours eu besoin d'estimer pour aimer, jamais au fond je ne m'Ă©tais senti parfaitement Ă  l'aise dans une relation sexuelle basĂ©e sur la pure attirance Ă©rotique et l'indiffĂ©rence Ă  l'autre, j'avais toujours eu besoin, pour me sentir sexuellement heureux, d'un minimum - Ă  dĂ©faut d'amour - de sympathie, d'estime, de comprĂ©hension mutuelle; l'humanitĂ© non, je n'y avais pas renoncĂ©. (La possibilitĂ© d'une Ăźle, Daniel 1,15)
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Michel Houellebecq
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Augmentez la dose de sports pour chacun, dĂ©veloppez l'esprit d'Ă©quipe, de compĂ©tition, et le besoin de penser est Ă©liminĂ©, non ? Organiser, organisez, super-organisez des super-super-sports. Multipliez les bandes dessinĂ©es, les films; l'esprit a de moins en moins d'appĂ©tits. L'impatience, les autos-trades sillonnĂ©es de foules qui sont ici, lĂ , partout, nulle part. Les rĂ©fugiĂ©s du volant. Les villes se transforment en auberges routiĂšres; les hommes se dĂ©placent comme des nomades suivant les phases de la lune, couchant ce soir dans la chambre oĂč tu dormais Ă  midi et moi la veille. (1re partie) On vit dans l'immĂ©diat. Seul compte le boulot et aprĂšs le travail l'embarras du choix en fait de distractions. Pourquoi apprendre quoi que ce soit sinon Ă  presser les boutons, brancher des commutateurs, serrer des vis et des Ă©crous ? Nous n'avons pas besoin qu'on nous laisse tranquilles. Nous avons besoin d'ĂȘtre sĂ©rieusement tracassĂ©s de temps Ă  autre. Il y a combien de temps que tu n'as pas Ă©tĂ© tracassĂ©e sĂ©rieusement ? Pour une raison importante je veux dire, une raison valable ? - Tu dois bien comprendre que notre civilisation est si vaste que nous ne pouvons nous permettre d'inquiĂ©ter ou de dĂ©ranger nos minoritĂ©s. Pose-toi la question toi-mĂȘme. Que recherchons-nous, par-dessus tout, dans ce pays ? Les gens veulent ĂȘtre heureux, d'accord ? Ne l'as-tu pas entendu rĂ©pĂ©ter toute la vie ? Je veux ĂȘtre heureux, dĂ©clare chacun. Eh bien, sont-ils heureux ? Ne veillons-nous pas Ă  ce qu'ils soient toujours en mouvement, toujours distraits ? Nous ne vivons que pour ça, c'est bien ton avis ? Pour le plaisir, pour l'excitation. Et tu dois admettre que notre civilisation fournit l'un et l'autre Ă  satiĂ©tĂ©. Si le gouvernement est inefficace, tyrannique, vous Ă©crase d'impĂŽts, peu importe tant que les gens n'en savent rien. La paix, Montag. Instituer des concours dont les prix supposent la mĂ©moire des paroles de chansons Ă  la mode, des noms de capitales d'État ou du nombre de quintaux de maĂŻs rĂ©coltĂ©s dans l'Iowa l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Gavez les hommes de donnĂ©es inoffensives, incombustibles, qu'ils se sentent bourrĂ©s de "faits" Ă  Ă©clater, renseignĂ©s sur tout. Ensuite, ils s'imagineront qu'ils pensent, ils auront le sentiment du mouvement, tout en piĂ©tinant. Et ils seront heureux, parce que les connaissances de ce genre sont immuables. Ne les engagez pas sur des terrains glissants comme la philosophie ou la sociologie Ă  quoi confronter leur expĂ©rience. C'est la source de tous les tourments. Tout homme capable de dĂ©monter un Ă©cran mural de tĂ©lĂ©vision et de le remonter et, de nos jours ils le sont Ă  peu prĂšs tous, est bien plus heureux que celui qui essais de mesurer, d'Ă©talonner, de mettre en Ă©quations l'univers ce qui ne peut se faire sans que l'homme prenne conscience de son infĂ©rioritĂ© et de sa solitude. Nous sommes les joyeux drilles, les boute-en-train, toi, moi et les autres. Nous faisons front contre la marĂ©e de ceux qui veulent plonger le monde dans la dĂ©solation en suscitant le conflit entre la thĂ©orie et la pensĂ©e. Nous avons les doigts accrochĂ©s au parapet. Tenons bon. Ne laissons pas le torrent de la mĂ©lancolie et de la triste philosophie noyer notre monde. Nous comptons sur toi. Je ne crois pas que tu te rendes compte de ton importance, de notre importance pour protĂ©ger l'optimisme de notre monde actuel.
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Ray Bradbury (Fahrenheit 451)
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[...] Pierre de la Coste : Comme par exemple Stephen Hawking dans l'un de ces derniers livres dit "j'ai pas besoin de dieu pour expliquer l'univers, il me suffit des lois de la gravitation" Etienne Klein : Ne me faites pas rire... [...] Il a Ă©crit un livre il y a quelques annĂ©es qui s'appelle une brĂšve histoire du temps, et c'est toujours le mĂȘme truc, il fait 180 pages sur la thĂ©orie des cordes, puis derniĂšre page, Dieu arrive, on sait pas pourquoi, il arrive comme ça. Dans le premier livre, c'Ă©tait "bientĂŽt grĂące Ă  la thĂ©orie des cordes, nous connaĂźtrons la pensĂ©e de Dieu" - On apprend lĂ  que Dieu pense... ce qui est en soit une information thĂ©ologique de premiĂšre importance..., et puis il y a une espĂšce de naĂŻvetĂ© comme ça Ă  parler de Dieu sans dire que quel Dieu on parle... Et puis lĂ  dans le dernier livre que vous citez, effectivement, pareil, 180 pages sur la thĂ©orie des cordes... puis derniĂšre page, "finalement, on a pas besoin de Dieu pour crĂ©er l'univers, les lois de la gravitation ont suffit pour le faire" - mais vous voyez la naĂŻvetĂ© du truc...? Et aprĂšs ça fait la Une du Times, ça fait la Une de la presse française... Et prenons le au sĂ©rieux, imaginons qu'effectivement, au dĂ©but entre guillemets, il n'y avait pas d'espace, pas de temps, pas de matiĂšre, pas d’énergie, pas de rayonnement, mais il y avait les lois de la gravitation...- Alors les lois de la gravitation sont lĂ , transcendantes, et "pof" elle crĂ©ent l'univers. ça veut dire que, si vous dĂ©finissez Dieu comme Ă©tant celui qui a crĂ©Ă© l'univers, vous devez admettre que les lois de la gravitation c'est Dieu... et Ă  ce moment lĂ , quand vous tombez dans les escaliers, sous l'effet de la gravitation, sans le savoir vous accomplissez une action de grĂące... et donc, vous voyez cette naĂŻvetĂ© lĂ  est quand mĂȘme coupable [...] "Les Rendez-vous du futur Étienne Klein [20m45]"
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Étienne Klein