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En Inde, la realite, c'est sauvagerie, brutalite, egoisme sans aucune retenue, mepris complet de l'homme pour l'homme et salete inexprimable.
Tout est tragique ici, en Inde, l'art, la religion, les imaginations, les consciences, la vie journaliere ou les plus simples faits ou gestes, il y a un reflet de la terreur sacree dont parlent les anciens.
L'idee des incarnations donne l'habitude de mourir. On se dit qu'on est mort tant de fois deja que cette formalite a remplir perd de son epouvante.
Il fait froid et triste quand on demande aux etres de vous etre un soutien, de vous rechauffer, d'alleger le fardeau de misere inherente a toute existence. C'est en soi qu'il faut cultiver la flamme qui rechauffe.
Ce que nous aimons, ce sont nos sensations, la satisfaction de nos desirs.
Quand les hommes ont peur, ils se tournent vers les dieux, vers le surnaturel, comme les enfants qui s'accrochent aux jupes de leur mere.
Une tradition et une chaine de pensees millenaires sont une force, une energie aussi reelle dans le domaine mental que l'electricite sur le plan physique.
Parfois je fais ce qu'on l'on appelle en tibetain: tsam. C'est a dire que, pendant plusieurs jours, je ne vois personne ni ne parle a personne. C'est tres reposant, ces jours de solitude complete.
Les peuples primitifs restent bien pres de l'animal; leur plus grande joie est de manger. Pas mal de civilises leur ressemblent.
Les voyages ne fouettent pas seulement le sang, comme un sport hygienique, ils fouettent l'esprit et lui communiquent de la vigueur. Voyager, c'est de meme qu'etudier, faire un long bail avec la jeunesse. Il n'existe pas, je crois, de plus efficace fontaine de jouvence que ces deux choses combinees: voyage et activite intellectuelle.
A ceux qui sentent autrement que le public vulgaire, le superflue est plus indispensable que le pretendu necessaire.
Quand on voyage, le voyage lui-meme tient lieu de tout, mais lorsque l'on devient sedentaire, l'on aime bien vivre dans un decor agreable.
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