Dunes Related Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to Dunes Related. Here they are! All 81 of them:

“
No matter how exotic human civilization becomes, no matter the developments of life and society nor the complexity of the machine/human interface, there always come interludes of lonely power when the course of humankind, the very future of humankind, depends upon the relatively simple actions of single individuals.
”
”
Frank Herbert (Dune Messiah (Dune Chronicles, #2))
“
Liberty and Freedom are complex concepts. They go back to religious ideas of Free Will and are related to the Ruler Mystique implicit in absolute monarchs. Without absolute monarchs patterned after the Old Gods and ruling by the grace of a belief in religious indulgence, Liberty and Freedom would never have gained their present meaning. These ideals owe their very existence to past examples of oppression. And the forces that maintain such ideas will erode unless renewed by dramatic teaching or new oppressions. This is the most basic key to my life.
”
”
Frank Herbert (Heretics of Dune (Dune Chronicles #5))
“
No matter how exotic human civilization becomes, no matter the developments of life and society nor the complexity of the machine/ human interface, there always come interludes of lonely power when the course of humankind, the very future of humankind, depends upon the relatively simple actions of single individuals.   —FROM THE TLEILAXU GODBUK
”
”
Frank Herbert (Dune Messiah (Dune Chronicles, #2))
“
At the quantum level our universe can be seen as an indeterminate place, predictable in a statistical way only when you employ large enough numbers. Between that universe and a relatively predictable one where the passage of a single planet can be timed to a picosecond, other forces come into play. For the in-between universe where we find our daily lives, that which you believe is a dominant force. Your beliefs order the unfolding of daily events. If enough of us believe, a new thing can be made to exist. Belief structure creates a filter through which chaos is sifted into order.
”
”
Frank Herbert (Heretics of Dune (Dune Chronicles #5))
“
L'anthropologie n'est ni une religion Ă  laquelle on adhĂšre, ni une maladie qu'on contracte. Elle est d'un mĂȘme mouvement un retour sur Soi et sur l'Autre considĂ©rĂ©s ensemble, mais l'habitude d'une relation Ă  sens unique depuis cinq siĂšcles n'autorise pas l'inversion de cette relation a produire les mĂȘmes effets.
”
”
Jean Copans (Introduction Ă  l'ethnologie et Ă  l'anthropologie)
“
It's hard to explain, but it's related to me know that for every moment of beauty this place gives me, I probably miss a thousand more. And I want them all. I swear I'd live on the dunes if I could. I was born out of my time. I should have been around during the end of the eighteenth century, when the Romantic Era kicked off, and writers and artists were obsessed with nature: the ocean, the mountains, the sky. And they believed in following their own path, experimenting, not blindly obeying rules. I found a quote by Henry David Thoreau- "I wanted to live deep and suck out all the marrow of life"...It made me cry. Urgency is so beautiful.
”
”
Kirsty Eagar (Night Beach)
“
Au début d'une relation, on pourrait presque analyser chaque baiser. Tout se détache parfaitement dans une mémoire qui lentement progresse dans la confusion de la répétition.
”
”
David Foenkinos (La délicatesse)
“
Quite naturally, holders of power wish to suppress wild research. Unrestricted questing after knowledge has a long history of producing unwanted competition. The powerful want a “safe line of investigations,” which will develop only those products and ideas that can be controlled and, most important, that will allow the larger part of the benefits to be captured by inside investors. Unfortunately, a random universe full of relative variables does not insure such a “safe line of investigations.
”
”
Frank Herbert (Heretics of Dune (Dune, #5))
“
Le mythe, Ă©crit Mircea Eliade, "raconte une histoire sacrĂ©e; il relate un Ă©vĂ©nement qui a eu lieu dans le temps primordial, le temps fabuleux des commencements. Autrement dit, le mythe raconte comment, grĂące aux exploits des Etres surnaturels, une rĂ©alitĂ© est venue Ă  l'existence, que ce soit la rĂ©alitĂ© totale: le cosmos,, ou seulement un fragment: une Ăźle, une espĂšce vĂ©gĂ©tale, un comportement humain, une institution. C'est donc toujours le rĂ©cit d'une "crĂ©ation": on rapporte comment quelque chose a Ă©tĂ© produit, a commencĂ© Ă  ĂȘtre" ("Aspects du mythe").
”
”
Mircea Eliade
“
L'un des plus gros problÚmes qu'identifie Jane Ward, c'est le « paradoxe de la misogynie » (un paradoxe dont Donald Trump est sans doute l'incarnation ultime) : le fait que les hommes hétérosexuels expriment leur désir pour les femmes au sein d'une culture qui les encourage à mépriser et à haïr les femmes. Cette association entre hétérosexualité et misogynie a été si bien naturalisée que, symétriquement, l'absence de machisme est interprétée comme un signe d'homosexualité. (p. 23-24)
”
”
Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
“
On fréquente les gens pendant des années, parfois des dizaines d'années, en s'habituant peu à peu à éviter les questions personnelles et les sujets réellement importants ; mais on garde l'espoir que plus tard, dans des circonstances plus favorables, on pourra justement aborder ces sujets, ces questions ; la perspective indéfiniment repoussée d'un mode de relation plus humain et plus complet ne s'efface jamais tout à fait, simplement parce que c'est impossible, parce qu'aucune relation humaine ne s'accommode d'un cadre définitivement étroit et figé. La perspective demeure, donc, d'une relation "authentique et profonde" ; elle demeure pendant des années, parfois des dizaines d'années, jusqu'à ce qu'un événement définitif et brutal (en général de l'ordre du décÚs) vienne vous apprendre qu'il est trop tard, que cette relation "authentique et profonde" dont on avait caressé l'image n'aurait pas lieu, elle non plus, pas davantage que les autres. (Les particules élémentaires, 3e partie, chapitre 1)
”
”
Michel Houellebecq
“
Notre relation pouvait s’envisager sous l’angle du profit. Il me donnait du plaisir et il me faisait revivre ce que je n’aurais jamais imaginĂ© revivre. Que je lui offre des voyages, que je lui Ă©vite de chercher un travail qui l’aurait rendu moins disponible pour moi, me semblait un marchĂ© Ă©quitable, un bon deal, d’autant plus que c’est moi qui en fixais les rĂšgles. J’étais en position dominante et j’utilisais les armes d’une domination dont, toutefois, je connaissais la fragilitĂ© dans une relation amoureuse.
”
”
Annie Ernaux (Le jeune homme)
“
Le fait de ne pas prolonger l’expĂ©rience amoureuse n’est pas un critĂšre de validitĂ© en soi. Dans la rencontre attentionnĂ©e avec l’autre, l’individu est Ă©lectrisĂ©. Dans la rencontre de deux corps s’exalte une sensation de vie intense. Aussi la passion n’est-elle pas toujours liĂ©e Ă  la suite de l’évĂ©nement : il est frĂ©quent de rencontrer sensuellement quelqu’un sans vivre ensuite avec lui. Il faut disjoindre la grĂące de la rencontre, qui est Ă©blouissement rĂ©ciproque, des suites d’une relation. Deux ĂȘtres peuvent s’estimer trop diffĂ©rents, trop Ă©loignĂ©s, pour dĂ©cider de former une relation durable, malgrĂ© un Ă©change merveilleux. Les partenaires savent que, « sans lendemain », cet Ă©change se suffit Ă  lui-mĂȘme, qu’il procure une Ă©nergie fabuleuse. C’est nĂ©anmoins un moment magique. « Une voluptĂ© vraie est aussi difficile Ă  rĂ©ussir qu’un mariage d’amour », estime Vladimir JankĂ©lĂ©vitch (1949). Il ne s’agit pas de ce que l’on appelle communĂ©ment l’état amoureux, aussi cette forme de relation est toujours niĂ©e, vulgarisĂ©e, ramenĂ©e Ă  un Ă©change libertin, de pur sexe, instrumental, intĂ©ressĂ©, etc. Pourtant l’apport Ă©motionnel, sensuel, Ă©nergĂ©tique, affectif, amoureux peut avoir des rĂ©percussions plus grandes dans l’histoire de vie de la personne que des annĂ©es de vie conjugale.
”
”
Serge Chaumier (L'amour fissionnel : Le nouvel art d'aimer)
“
Many forces sought control of the Atreides twins and, when the death of Leto was announced, this movement of plot and counterplot was amplified. Note the relative motivations: the Sisterhood feared Alia, an adult Abomination, but still wanted those genetic characteristics carried by the Atreides. The Church hierarchy of Auquaf and Hajj saw only the power implicit in control of Muad'Dib's heir. CHOAM wanted a doorway to the wealth of Dune. Farad'n and his Sardaukar sought a return to glory for House Corrino. The Spacing Guild feared the equation Arrakis=melange; without the spice they could not navigate. Jessica wished to repair what her disobedience to the Bene Gesserit had created. Few thought to ask the twins what their plans might be, until it was too late. -The Book of Kreos
”
”
Frank Herbert (Children of Dune (Dune, #3))
“
Depuis quelques instants, j'ai l'impression d'avoir dĂ©jĂ  vĂ©cu tout cela, d'avoir Ă©crit cela mot pour mot, mais je comprends Ă  prĂ©sent que ce n'est pas moi, que c'est une autre femme qui prit jadis des notes dans ses cahiers pour me permettre d'y puiser. J'Ă©cris, elle Ă©crivit que la mĂ©moire est fragile et que le cours d'une vie est on ne peut plus bref et que tout se passe si vite que nous ne parvenons pas Ă  saisir les relations entre les Ă©vĂ©nements, nous sommes impuissants Ă  mesurer les consĂ©quences de chaque acte, nous ajoutons foi Ă  la fiction du temps, au prĂ©sent, au passĂ© comme Ă  l'avenir, alors que peut-ĂȘtre tout arrive aussi bien simultanĂ©ment, comme le disaient les trois sƓurs Mora, capables d'entrevoir dans l'espace les esprits de toutes les Ă©poques. VoilĂ  pourquoi ma grand-mĂšre Clara remplissait ses cahiers : pour voir les choses sous leur vraie dimension et dĂ©jouer les piĂšges de la mĂ©moire.
”
”
Isabel Allende (The House of the Spirits)
“
Revenons donc Ă  nos poncifs, ou plutĂŽt Ă  quelques-uns d’entre eux : 1° Le XIXe siĂšcle est le siĂšcle de la science. 2° Le XIXe siĂšcle est le siĂšcle du progrĂšs. 3° Le XIXe siĂšcle est le siĂšcle de la dĂ©mocratie, qui est progrĂšs et progrĂšs continu. 4° Les tĂ©nĂšbres du moyen Ăąge. 5° La RĂ©volution est sainte, et elle a Ă©mancipĂ© le peuple français. 6° La dĂ©mocratie, c’est la paix. Si tu veux la paix, prĂ©pare la paix. 7° L’avenir est Ă  la science. La Science est toujours bienfaisante. 8° L’instruction laĂŻque, c’est l’émancipation du peuple. 9° La religion est la fille de la peur. 10° Ce sont les États qui se battent. Les peuples sont toujours prĂȘts Ă  s’accorder. 11° Il faut remplacer l’étude du latin et du grec, qui est devenue inutile, par celle des langues vivantes, qui est utile. 12° Les relations de peuple Ă  peuple vont sans cesse en s’amĂ©liorant. Nous courons aux États-Unis d’Europe. 13° La science n’a ni frontiĂšres, ni patrie. 14° Le peuple a soif d’égalitĂ©. 15° Nous sommes Ă  l’aube d’une Ăšre nouvelle de fraternitĂ© et de justice. 16° La propriĂ©tĂ©, c’est le vol. Le capital, c’est la guerre. 17° Toutes les religions se valent, du moment qu’on admet le divin. 18° Dieu n’existe que dans et par la conscience humaine. Cette conscience crĂ©e Dieu un peu plus chaque jour. 19° L’évolution est la loi de l’univers. 20° Les hommes naissent naturellement bons. C’est la sociĂ©tĂ© qui les pervertit. 21° Il n’y a que des vĂ©ritĂ©s relatives, la vĂ©ritĂ© absolue n’existe pas. 22° Toutes les opinions sont bonnes et valables, du moment que l’on est sincĂšre. Je m’arrĂȘte Ă  ces vingt-deux Ăąneries, auxquelles il serait aisĂ© de donner une suite, mais qui tiennent un rang majeur par les innombrables calembredaines du XIXe siĂšcle, parmi ce que j’appellerai ses idoles. Idoles sur chacune desquelles on pourrait mettre un ou plusieurs noms.
”
”
LĂ©on Daudet (Le Stupide XIXe siĂšcle (French Edition))
“
De fait, la relation entre l’amour et la nuit n’est pas seulement un thĂšme bien connu de la poĂ©sie romantique. Elle a aussi un soubassement existentiel diversement attestĂ©. Universellement, c’est surtout la nuit qu’hommes et femmes s’unissent sexuellement. MĂȘme lorsqu’il s’agit d'une simple aventure, la formule typique et la promesse seront toujours une « nuit d'amour » — dans ce contexte une « matinĂ©e d’amour » ferait l'effet d une fausse note. [...] Et si souvent les femmes — certaines femmes — dĂ©sirent encore maintenant cette condition, c’est parce qu’agit en elles, plus que la pudeur, un lointain reflet instinctif du phĂ©nomĂšne servant de fondement aux dispositions ou usages rituels dont on a parlĂ© et leur confĂ©rant une signification qui n’a rien de saugrenu. Hathor, dĂ©esse Ă©gyptienne de l’amour, eut aussi le nom de «MaĂźtresse de la Nuit», et l’on peut peut-ĂȘtre saisir un lointain Ă©cho de tout cela dans ce vers de Baudelaire : «Tu charmes comme le soir — Nymphe tĂ©nĂ©breuse et chaude».
”
”
Julius Evola (Eros and the Mysteries of Love: The Metaphysics of Sex)
“
Les travaux d’Alexander Todorov sont loin d’ĂȘtre les seuls Ă  avoir mis en Ă©vidence une influence dĂ©terminante de l’apparence physique. D’autres Ă©tudes se sont, par exemple, concentrĂ©es directement sur l’impact qu’a la beautĂ© sur les relations sociales. LĂ  aussi, les rĂ©sultats sont frappants. De nombreuses expĂ©riences ont montrĂ© que les individus considĂ©rĂ©s comme « beaux » sont aussi perçus globalement comme plus sociaux, plus puissants et plus compĂ©tents. Ils reçoivent plus facilement de l’aide lorsqu’ils en ont besoin. S’ils sont confrontĂ©s Ă  la justice, ils ont tendance Ă  ĂȘtre moins facilement jugĂ©s coupables et, quand ils sont condamnĂ©s, Ă©copent d’une sentence moins sĂ©vĂšre. Enfin, pour ce qui nous intĂ©resse directement : une Ă©tude a montrĂ© que les personnes jugĂ©es belles emportent plus facilement la conviction de leurs interlocuteurs. Cet impact massif de la beautĂ© sur les interactions sociales est une application directe de l’effet de halo. Il a Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ© en une formule cruelle, mais Ă©loquente : « Ce qui est beau nous paraĂźt bon10. »
”
”
Clément Viktorovitch (Le Pouvoir rhétorique: Apprendre à convaincre et à décrypter les discours)
“
Esther n'Ă©tait certainement pas bien Ă©duquĂ©e au sens habituel du terme, jamais l'idĂ©e ne lui serait venue de vider un cendrier ou de dĂ©barrasser le relief de ses repas, et c'est sans la moindre gĂȘne qu'elle laissait la lumiĂšre allumĂ©e derriĂšre elle dans les piĂšces qu'elle venait de quitter (il m'est arrivĂ©, suivant pas Ă  pas son parcours dans ma rĂ©sidence de San Jose, d'avoir Ă  actionner dix-sept commutateurs); il n'Ă©tait pas davantage question de lui demander de penser Ă  faire un achat, de ramener d'un magasin oĂč elle se rendait une course non destinĂ©e Ă  son propre usage, ou plus gĂ©nĂ©ralement de rendre un service quelconque. Comme toutes les trĂšs jolies jeunes filles elle n'Ă©tait au fond bonne qu'Ă  baiser, et il aurait Ă©tĂ© stupide de l'employer Ă  autre chose, de la voir autrement que comme un animal de luxe, en tout choyĂ© et gĂ„tĂ©, protĂ©gĂ© de tout souci comme de toute tĂąche ennuyeuse ou pĂ©nible afin de mieux pouvoir se consacrer Ă  son service exclusivement sexuel. Elle n'en Ă©tait pas moins trĂšs loin d'ĂȘtre ce monstre d'arrogance, d'Ă©goĂŻsme absolu et froid, au, pour parler en termes plus baudelairiens, cette infernale petite salope que sont la plupart des trĂšs jolies jeunes filles; il y avait en elle la conscience de la maladie, de la faiblesse et de la mort. Quoique belle, trĂšs belle, infiniment Ă©rotique et dĂ©sirable, Esther n'en Ă©tait pas moins sensible aux infirmitĂ©s animales, parce qu'elle les connaissait ; c'est ce soir-lĂ  que j'en pris conscience, et que je me mis vĂ©ritablement Ă  l'aimer. Le dĂ©sir physique, si violent soit-il, n'avait jamais suffi chez moi Ă  conduire Ă  l'amour, il n'avait pu atteindre ce stade ultime que lorsqu'il s'accompagnait, par une juxtaposition Ă©trange, d'une compassion pour l'ĂȘtre dĂ©sirĂ© ; tout ĂȘtre vivant, Ă©videmment, mĂ©rite la compassion du simple fait qu'il est en vie et se trouve par lĂ -mĂȘme exposĂ© Ă  des souffrances sans nombre, mais face Ă  un ĂȘtre jeune et en pleine santĂ© c'est une considĂ©ration qui paraĂźt bien thĂ©orique. Par sa maladie de reins, par sa faiblesse physique insoupçonnable mais rĂ©elle, Esther pouvait susciter en moi une compassion non feinte, chaque fois que l'envie me prendrait d'Ă©prouver ce sentiment Ă  son Ă©gard. Étant elle-mĂȘme compatissante, ayant mĂȘme des aspirations occasionnelles Ă  la bontĂ©, elle pouvait Ă©galement susciter en moi l'estime, ce qui parachevait l'Ă©difice, car je n'Ă©tais pas un ĂȘtre de passion, pas essentiellement, et si je pouvais dĂ©sirer quelqu'un de parfaitement mĂ©prisable, s'il m'Ă©tait arrivĂ© Ă  plusieurs reprises de baiser des filles dans l'unique but d'assurer mon emprise sur elles et au fond de les dominer, si j'Ă©tais mĂȘme allĂ© jusqu'Ă  utiliser ce peu louable sentiment dans des sketches, jusqu'Ă  manifester une comprĂ©hension troublante pour ces violeurs qui sacrifient leur victime immĂ©diatement aprĂšs avoir disposĂ© de son corps, j'avais par contre toujours eu besoin d'estimer pour aimer, jamais au fond je ne m'Ă©tais senti parfaitement Ă  l'aise dans une relation sexuelle basĂ©e sur la pure attirance Ă©rotique et l'indiffĂ©rence Ă  l'autre, j'avais toujours eu besoin, pour me sentir sexuellement heureux, d'un minimum - Ă  dĂ©faut d'amour - de sympathie, d'estime, de comprĂ©hension mutuelle; l'humanitĂ© non, je n'y avais pas renoncĂ©. (La possibilitĂ© d'une Ăźle, Daniel 1,15)
”
”
Michel Houellebecq
“
DĂ©lires II Alchimie du verbe À moi. L’histoire d’une de mes folies. Depuis longtemps je me vantais de possĂ©der tous les paysages possibles, et trouvais dĂ©risoires les cĂ©lĂ©britĂ©s de la peinture et de la poĂ©sie moderne. J’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, dĂ©cors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires; la littĂ©rature dĂ©modĂ©e, latin d’église, livres Ă©rotiques sans orthographe, romans de nos aĂŻeules, contes de fĂ©es, petits livres de l’enfance, opĂ©ras vieux, refrains niais, rythmes naĂŻfs. Je rĂȘvais croisades, voyages de dĂ©couvertes dont on n’a pas de relations, rĂ©publiques sans histoires, guerres de religion Ă©touffĂ©es, rĂ©volutions de mƓurs, dĂ©placements de races et de continents: je croyais Ă  tous les enchantements. J’inventai la couleur des voyelles! — A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. — Je rĂ©glai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d’inventer un verbe poĂ©tique accessible, un jour ou l’autre, Ă  tous les sens. Je rĂ©servais la traduction. Ce fut d’abord une Ă©tude. J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixais des vertiges.
”
”
Arthur Rimbaud (Une saison en enfer: Exploration poĂ©tique de la douleur et de la quĂȘte de sens dans un monde chaotique (French Edition))
“
Cette qualitĂ© de la joie n’est-elle pas le fruit le plus prĂ©cieux de la civilisation qui est nĂŽtre ? Une tyrannie totalitaire pourrait nous satisfaire, elle aussi, dans nos besoins matĂ©riels. Mais nous ne sommes pas un bĂ©tail Ă  l’engrais. La prospĂ©ritĂ© et le confort ne sauraient suffire Ă  nous combler. Pour nous qui fĂ»mes Ă©levĂ©s dans le culte du respect de l’homme, pĂšsent lourd les simples rencontres qui se changent parfois en fĂȘtes merveilleuses
 Respect de l’homme ! Respect de l’homme !
 LĂ  est la pierre de touche ! Quand le Naziste respecte exclusivement qui lui ressemble, il ne respecte rien que soi-mĂȘme ; il refuse les contradictions crĂ©atrices, ruine tout espoir d’ascension, et fonde pour mille ans, en place d’un homme, le robot d’une termitiĂšre. L’ordre pour l’ordre chĂątre l’homme de son pouvoir essentiel, qui est de transformer et le monde et soi-mĂȘme. La vie crĂ©e l’ordre, mais l’ordre ne crĂ©e pas la vie. Il nous semble, Ă  nous, bien au contraire, que notre ascension n’est pas achevĂ©e, que la vĂ©ritĂ© de demain se nourrit de l’erreur d’hier, et que les contradictions Ă  surmonter sont le terreau mĂȘme de notre croissance. Nous reconnaissons comme nĂŽtres ceux mĂȘmes qui diffĂšrent de nous. Mais quelle Ă©trange parenté ! elle se fonde sur l’avenir, non sur le passĂ©. Sur le but, non sur l’origine. Nous sommes l’un pour l’autre des pĂšlerins qui, le long de chemins divers, peinons vers le mĂȘme rendez-vous. Mais voici qu’aujourd’hui le respect de l’homme, condition de notre ascension, est en pĂ©ril. Les craquements du monde moderne nous ont engagĂ©s dans les tĂ©nĂšbres. Les problĂšmes sont incohĂ©rents, les solutions contradictoires. La vĂ©ritĂ© d’hier est morte, celle de demain est encore Ă  bĂątir. Aucune synthĂšse valable n’est entrevue, et chacun d’entre nous ne dĂ©tient qu’une parcelle de la vĂ©ritĂ©. Faute d’évidence qui les impose, les religions politiques font appel Ă  la violence. Et voici qu’à nous diviser sur les mĂ©thodes, nous risquons de ne plus reconnaĂźtre que nous nous hĂątons vers le mĂȘme but. Le voyageur qui franchit sa montagne dans la direction d’une Ă©toile, s’il se laisse trop absorber par ses problĂšmes d’escalade, risque d’oublier quelle Ă©toile le guide. S’il n’agit plus que pour agir, il n’ira nulle part. La chaisiĂšre de cathĂ©drale, Ă  se prĂ©occuper trop Ăąprement de la location de ses chaises, risque d’oublier qu’elle sert un dieu. Ainsi, Ă  m’enfermer dans quelque passion partisane, je risque d’oublier qu’une politique n’a de sens qu’à condition d’ĂȘtre au service d’une Ă©vidence spirituelle. Nous avons goĂ»tĂ©, aux heures de miracle, une certaine qualitĂ© des relations humaines : lĂ  est pour nous la vĂ©ritĂ©. Quelle que soit l’urgence de l’action, il nous est interdit d’oublier, faute de quoi cette action demeurera stĂ©rile, la vocation qui doit la commander. Nous voulons fonder le respect de l’homme. Pourquoi nous haĂŻrions-nous Ă  l’intĂ©rieur d’un mĂȘme camp ? Aucun d’entre nous ne dĂ©tient le monopole de la puretĂ© d’intention. Je puis combattre, au nom de ma route, telle route qu’un autre a choisie. Je puis critiquer les dĂ©marches de sa raison. Les dĂ©marches de la raison sont incertaines. Mais je dois respecter cet homme, sur le plan de l’Esprit, s’il peine vers la mĂȘme Ă©toile. Respect de l’Homme ! Respect de l’Homme !
 Si le respect de l’homme est fondĂ© dans le cƓur des hommes, les hommes finiront bien par fonder en retour le systĂšme social, politique ou Ă©conomique qui consacrera ce respect. Une civilisation se fonde d’abord dans la substance. Elle est d’abord, dans l’homme, dĂ©sir aveugle d’une certaine chaleur. L’homme ensuite, d’erreur en erreur, trouve le chemin qui conduit au feu.
”
”
Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)
“
L'idĂ©e prĂ©conçue entrave et endommage la libre et pleine manifestation de la vie psychique, que je connais et discerne bien trop peu pour la corriger, sous prĂ©texte de mieux savoir. La raison critique semble avoir rĂ©cemment Ă©liminĂ© avec de nombreuses autres reprĂ©sentations mythiques, aussi l'idĂ©e d'une vie post mortem. Cela n'a Ă©tĂ© possible que parce qu'aujourd'hui les hommes sont identifiĂ©s le plus souvent Ă  leur seule conscience et s'imaginent n'ĂȘtre rien de plus que ce qu'ils savent d'eux-mĂȘmes. Or tout homme qui ne possĂšde qu'un soupçon de ce qu'est la psychologie peut aisĂ©ment se rendre compte que ce savoir est bien bornĂ©. Le rationalisme et le doctrinarisme sont des maladies de notre temps : ils ont la prĂ©tention d'avoir rĂ©ponse Ă  tout. Pourtant bien des dĂ©couvertes, que nous considĂ©rons comme impossibles - quand nous nous plaçons Ă  notre point de vue bornĂ© -, seront encore faites. Nos notions d'espace et de temps ne sont qu'approximativement valables ; elles laissent ouvert un vaste champ de variations relatives ou absolues. Tenant compte de telles possibilitĂ©s, je prĂȘte une oreille attentive aux Ă©tranges mythes de l'Ăąme ; j'observe ce qui se passe et ce qui m'arrive, que cela concorde ou non avec mes prĂ©suppositions thĂ©oriques. (p. 471)
”
”
C.G. Jung (Memories, Dreams, Reflections)
“
Sans doute, l’amitiĂ©, l’amitiĂ© qui a Ă©gard aux individus, est une chose frivole, et la lecture est une amitiĂ©. Mais du moins c’est une amitiĂ© sincĂšre, et le fait qu’elle s’adresse Ă  un mort, Ă  un absent, lui donne quelque chose de dĂ©sintĂ©ressĂ©, de presque touchant. C’est de plus une amitiĂ© dĂ©barrassĂ©e de tout ce qui fait la laideur des autres. Comme nous ne sommes tous, nous les vivants, que des morts qui ne sont pas encore entrĂ©s en fonctions, toutes ces politesses, toutes ces salutations dans le vestibule que nous appelons dĂ©fĂ©rence, gratitude, dĂ©vouement et oĂč nous mĂȘlons tant de mensonges, sont stĂ©riles et fatigantes. De plus, – dĂšs les premiĂšres relations de sympathie, d’admiration, de reconnaissance, – les premiĂšres paroles que nous prononçons, les premiĂšres lettres que nous Ă©crivons, tissent autour de nous les premiers fils d’une toile d’habitudes, d’une vĂ©ritable maniĂšre d’ĂȘtre, dont nous ne pouvons plus nous dĂ©barrasser dans les amitiĂ©s suivantes ; sans compter que pendant ce temps-lĂ  les paroles excessives que nous avons prononcĂ©es restent comme des lettres de change que nous devons payer, ou que nous paierons plus cher encore toute notre vie des remords de les avoir laissĂ© protester. Dans la lecture, l’amitiĂ© est soudain ramenĂ©e Ă  sa puretĂ© premiĂšre. Avec les livres, pas d’amabilitĂ©. Ces amis-lĂ , si nous passons la soirĂ©e avec eux, c’est vraiment que nous en avons envie. Eux, du moins, nous ne les quittons souvent qu’à regret. Et quand nous les avons quittĂ©s, aucune de ces pensĂ©es qui gĂątent l’amitiĂ© : Qu’ont-ils pensĂ© de nous ? – N’avons-nous pas manquĂ© de tact ? – Avons-nous plu ? – et la peur d’ĂȘtre oubliĂ© pour tel autre. Toutes ces agitations de l’amitiĂ© expirent au seuil de cette amitiĂ© pure et calme qu’est la lecture. Pas de dĂ©fĂ©rence non plus ; nous ne rions de ce que dit MoliĂšre que dans la mesure exacte oĂč nous le trouvons drĂŽle ; quand il nous ennuie nous n’avons pas peur d’avoir l’air ennuyĂ©, et quand nous avons dĂ©cidĂ©ment assez d’ĂȘtre avec lui, nous le remettons Ă  sa place aussi brusquement que s’il n’avait ni gĂ©nie ni cĂ©lĂ©britĂ©. L’atmosphĂšre de cette pure amitiĂ© est le silence, plus pur que la parole. Car nous parlons pour les autres, mais nous nous taisons pour nous-mĂȘmes. Aussi le silence ne porte pas, comme la parole, la trace de nos dĂ©fauts, de nos grimaces. Il est pur, il est vraiment une atmosphĂšre. Entre la pensĂ©e de l’auteur et la nĂŽtre il n’interpose pas ces Ă©lĂ©ments irrĂ©ductibles, rĂ©fractaires Ă  la pensĂ©e, de nos Ă©goĂŻsmes diffĂ©rents. Le langage mĂȘme du livre est pur (si le livre mĂ©rite ce nom), rendu transparent par la pensĂ©e de l’auteur qui en a retirĂ© tout ce qui n’était pas elle-mĂȘme jusqu’à le rendre son image fidĂšle, chaque phrase, au fond, ressemblant aux autres, car toutes sont dites par l’inflexion unique d’une personnalitĂ© ; de lĂ  une sorte de continuitĂ©, que les rapports de la vie et ce qu’ils mĂȘlent Ă  la pensĂ©e d’élĂ©ments qui lui sont Ă©trangers excluent et qui permet trĂšs vite de suivre la ligne mĂȘme de la pensĂ©e de l’auteur, les traits de sa physionomie qui se reflĂštent dans ce calme miroir. Nous savons nous plaire tour Ă  tour aux traits de chacun sans avoir besoin qu’ils soient admirables, car c’est un grand plaisir pour l’esprit de distinguer ces peintures profondes et d’aimer d’une amitiĂ© sans Ă©goĂŻsme, sans phrases, comme en soi-mĂȘme.
”
”
Marcel Proust (Days of Reading (Penguin Great Ideas))
“
Plus tard, un jeune professeur de philosophie, rompu Ă  l'analyse logique, fit, sans le vouloir peut-ĂȘtre, la thĂ©orie de cette pratique politique (*). Il la dĂ©voila avec la plus grande clartĂ©, prĂ©cisĂ©ment parce que, Ă©tant un pur logicien et de bonne foi, il Ă©tait aveugle aux leçons de l'histoire (2). Au lieu de mettre cette pratique au compte d'une Ă©poque, d'un pays, d'une structure social ou d'un homme, il la mit directement en relation avec les prĂ©ceptes de la religion. Il alla jusqu'Ă  faire l'apologie de la 'ubudiyya (servitude) islamique, opposĂ© au concept de muwatana (citoyennetĂ©) hellĂ©nique. Ce professeur ignorait sans doute que le procĂšs de la modernitĂ© et de la dĂ©mocratie Ă©tait courant au 19e siĂšcle, mĂȘme en Angleterre, patrie du libĂ©ralisme politique. Il n'avait qu'Ă  revenir Ă  l'autobiographie du cardinal Newman, qui retrace les Ă©tapes de sa conversion au catholicisme romain, pour retrouver l'essentiel de son argumentation. Ce qu'on peut lui reprocher, c'est qu'il se souciait peu des mobiles de sa pensĂ©e ; il s'attribuait une logique qui Ă©tait celle des faits, non celle des concepts qu'il s'acharnait Ă  redĂ©finir ; il ne voyait pas qu'elle soutenait une politique Ă©ducative, poursuivie par diffĂ©rents moyens depuis plus d'une gĂ©nĂ©ration. Qu'un philosophe se dĂ©cide, Ă  une certaine Ă©tape de sa carriĂšre, de s'affilier Ă  l'un des ordres les plus fermĂ©s Ă  l'influence du monde moderne, qu'il arrive par la seule force de ses dĂ©ductions - c'est du moins ce que je prĂ©sume, peut-ĂȘtre Ă  tort - Ă  justifier une totale dĂ©mission de l'esprit, Ă  refuser l'idĂ©e de citoyennetĂ©, Ă  accepter d'investir un homme, chef d'Etat ou dirigeant de confrĂ©rie, d'une pouvoir absolu, prouve Ă  quel point cette politique avait rĂ©ussi et combien l'individu est mallĂ©able. (*)crĂ©er, ou de recrĂ©er un type d'homme qui fut spontanĂ©ment en phase Ă  la fois avec son environement moderne et son hĂ©ritage politique et social." (2) (Hawla Tajdid Taqyim A-turath) chapitre XI, pp 133-134
”
”
Űčۚۯ Ű§Ù„Ù„Ù‡ Ű§Ù„ŰčŰ±ÙˆÙŠ (Le Maroc et Hassan II : Un tĂ©moignage)
“
La sociĂ©tĂ© moderne a commis la sĂ©rieuse faute de substituer, dĂšs le plus bas Ăąge, l’école Ă  l’enseignement familial. Elle y a Ă©tĂ© obligĂ©e par la trahison des femmes. Celles-ci abandonnent leurs enfants au kindergarten pour s’occuper de leur carriĂšre, de leurs ambitions mondaines, de leurs plaisirs sexuels, de leurs fantaisies littĂ©raires ou artistiques, ou simplement pour jouer au bridge, aller au cinĂ©ma, perdre leur temps dans une paresse affairĂ©e. Elles ont causĂ© ainsi l’extinction du groupe familial, oĂč l’enfant grandissait en compagnie d’adultes et apprenait beaucoup d’eux. Les jeunes chiens Ă©levĂ©s dans des chenils avec des animaux du mĂȘme Ăąge sont moins dĂ©veloppĂ©s que ceux qui courent en libertĂ© avec leurs parents. Il en est de mĂȘme des enfants perdus dans la foule des autres enfants et de ceux qui vivent avec des adultes intelligents. L’enfant modĂšle facilement ses activitĂ©s physiologiques, affectives et mentales sur celles de son milieu. Aussi reçoit-il peu des enfants de son Ăąge. Quand il est rĂ©duit Ă  n’ĂȘtre qu’une unitĂ© dans une Ă©cole, il se dĂ©veloppe mal. Pour progresser, l’individu demande la solitude relative, et l’attention du petit groupe familial. C’est Ă©galement grĂące Ă  son ignorance de l’individu que la sociĂ©tĂ© moderne atrophie les adultes. L’homme ne supporte pas impunĂ©ment le mode d’existence et le travail uniforme et stupide imposĂ© aux ouvriers d’usine, aux employĂ©s de bureau, Ă  ceux qui doivent assurer la production en masse. Dans l’immensitĂ© des villes modernes, il est isolĂ© et perdu. Il est une abstraction Ă©conomique, une tĂȘte du troupeau. Il perd sa qualitĂ© d’individu. Il n’a ni responsabilitĂ©, ni dignitĂ©. Au milieu de la foule Ă©mergent les riches, les politiciens puissants, les bandits de grande envergure. Les autres ne sont qu’une poussiĂšre anonyme. Au contraire, l’individu garde sa personnalitĂ© quand il fait partie d’un groupe oĂč il est connu, d’un village, d’une petite ville, oĂč son importance relative est plus grande, dont il peut espĂ©rer devenir, Ă  son tour, un citoyen influent. La mĂ©connaissance thĂ©orique de l’individualitĂ© a amenĂ© sa disparition rĂ©elle.
”
”
Alexis Carrel (Ű§Ù„Ű„Ù†ŰłŰ§Ù† Ű°Ù„Ùƒ Ű§Ù„Ù…ŰŹÙ‡ÙˆÙ„)
“
[...] Pourtant, s’il n’existe pas de moyen infaillible pour permettre au futur disciple d’identifier un MaĂźtre authentique par une procĂ©dure mentale uniquement, il existe nĂ©anmoins cette maxime Ă©sotĂ©rique universelle (127) que tout aspirant trouvera un guide authentique s’il le mĂ©rite. De mĂȘme que cette autre maxime qu’en rĂ©alitĂ©, et en dĂ©pit des apparences, ce n’est pas celui qui cherche qui choisit la voie, mais la voie qui le choisit. En d’autres termes, puisque le MaĂźtre incarne la voie, il a, mystĂ©rieusement et providentiellement, une fonction active Ă  l’égard de celui qui cherche, avant mĂȘme que l’initiation Ă©tablisse la relation maĂźtre-disciple. Ce qui permet de comprendre l’anecdote suivante, racontĂ©e par le Shaykh marocain al-’ArabĂź ad-DarqĂąwĂź (mort en 1823), l’un des plus grands MaĂźtres soufis de ces derniers siĂšcles. Au moment en question, il Ă©tait un jeune homme, mais qui reprĂ©sentait dĂ©jĂ  son propre Shaykh, ’AlĂź al-Jamal, Ă  qui il se plaignit un jour de devoir aller dans tel endroit oĂč il craignait de ne trouver aucune compagnie spirituelle. Son Shaykh lui coupa la parole : « Engendre celui qu’il te faut! » Et un peu plus tard, il lui rĂ©itĂ©ra le mĂȘme ordre, au pluriel : « Engendre-les! »(128) Nous avons vu que le premier pas dans la voie spirituelle est de « renaĂźtre »; et toutes ces considĂ©rations laissent entendre que nul ne « mĂ©rite » un MaĂźtre sans avoir Ă©prouvĂ© une certaine conscience d’« inexistence » ou de vide, avant-goĂ»t de la pauvretĂ© spirituelle (faqr) d’oĂč le faqĂźr tire son nom. La porte ouverte est une image de cet Ă©tat, et le Shaykh ad-DarqĂąwĂź dĂ©clare que l’un des moyens les plus puissants pour obtenir la solution Ă  un problĂšme spirituel est de tenir ouverte « la porte de la nĂ©cessitĂ© »(129) et de prendre garde qu’elle ne se referme. On peut ainsi en dĂ©duire que ce « mĂ©rite » se mesurera au degrĂ© d’acuitĂ© du sens de la nĂ©cessitĂ© chez celui qui cherche un MaĂźtre, ou au degrĂ© de vacuitĂ© de son Ăąme, qui doit ĂȘtre en effet suffisamment vide pour prĂ©cipiter l’avĂšnement de ce qui lui est nĂ©cessaire. Et soulignons pour terminer que cette « passivitĂ© » n’est pas incompatible avec l’attitude plus active prescrite par le Christ : « Cherchez et vous trouverez; frappez et l’on vous ouvrira », puisque la maniĂšre la plus efficace de « frapper » est de prier, et que supplier est la preuve d’un vide et l’aveu d’un dĂ©nuement, d’une « nĂ©cessitĂ© » justement. En un mot, le futur disciple a, aussi bien que le MaĂźtre, des qualifications Ă  actualiser. 127. Voir, dans le Treasury of Traditional Wisdom de Whitall Perry, Ă  la section rĂ©servĂ©e au MaĂźtre spirituel, pp. 288-95, les citations sur ce point particulier, de mĂȘme que sur d’autres en rapport avec cet appendice. 128. Lettres d'un MaĂźtre soufi, pp. 27-28. 129. Ibid., p. 20. - Le texte dit : « porte de la droiture », erreur de traduction corrigĂ©e par l’auteur, le terme arabe ayant bien le sens de « nĂ©cessitĂ© », et mĂȘme de « besoin urgent ». (NdT)
”
”
Martin Lings (The Eleventh Hour: The spiritual crisis of the modern world in the light of tradition and prophecy)
“
[L'art sacrĂ© est le Ciel descendu sur terre, plutĂŽt que la terre tendue vers le Ciel.] Dans le cadre de l'art chrĂ©tien, la seconde image peut nĂ©anmoins s'appliquer d'une maniĂšre relative, et sans abolir la premiĂšre, Ă  l'art gothique flamboyant. Faisons remarquer Ă  cette occasion que le critĂšre spirituel que constitue la beautĂ©, ne saurait concerner l'art nĂ©opaĂŻen qui empoisonna l'Europe au XVIĂš siĂšcle et qui exprime le fatal mariage entre religion et civilisationnisme humaniste. Sans doute, ni le gigantisme froid et anthropolĂątrique de la Renaissance ni la morbide boursouflure du baroque ne prouvent rien contre le Catholicisme lui-mĂȘme, mais ce qu'ils prouvent certainement, c'est d'une part qu'une religion qui supporte ce langage et s'exprime par lui ne saurait avoir le monopole de la VĂ©ritĂ© absolue et exclusive, et d'autre part que le Catholicisme, par cet amalgame, s'est exposĂ© Ă  en ĂȘtre finalement la victime ; non d'une façon totale, ce qui est exclu d'avance, mais nĂ©anmoins d'une façon gravissime. L'humanisation de l'art – a priori divin – a prĂ©figurĂ© celle de la religion, du moins de la religion officielle.
”
”
Frithjof Schuon (From the Divine to the Human: Survey of Metaphsis and Epistemology (The Library of Traditional Wisdom))
“
En ce qui concerne les impasses de la thĂ©ologie — auxquelles les incroyants ont le droit d'ĂȘtre sensibles — nous devons avoir recours Ă  la mĂ©taphysique afin d'Ă©lucider le fond du problĂšme. Les apparentes "absurditĂ©s" qu'impliquent certaines formulations s'expliquent avant tout par la tendance volontariste et simplificatrice inhĂ©rente Ă  la piĂ©tĂ© monothĂ©iste, d'oĂč a priori la rĂ©duction des mystĂšres suprĂȘmes — relevant du Principe divin suprapersonnel — au Principe divin personnel. C'est la distinction entre le Sur-Être et l'Être, ou entre la « DivinitĂ© » et « Dieu » (Gottheit et Cott) en termes eckhartiens ; ou encore, en termes vĂ©dantins : entre le Brahma « suprĂȘme » (Para-Brahtm) et le Brahnia « non-suprĂȘme » (Apara-Brahma). Or en thĂ©ologie sĂ©mitique monothĂ©iste, le Dieu personnel n'est pas conçu comme la projection du pur Absolu ; au contraire, le pur Absolu est considĂ©rĂ© — dans la mesure oĂč on le pressent — comme l'Essence de cet Absolu dĂ©jĂ  relatif qu'est le Dieu personnel ; c'est toujours celui-ci qui est mis en relief et qui est au centre et au sommet. Il en rĂ©sulte des difficultĂ©s graves au point de vue de la logique des choses, mais « inaperçues » au point de vue de la crainte et de l'amour de Dieu : ainsi, la Toute-PossibilitĂ© et la Toute-Puissance appartiennent en rĂ©alitĂ© au Sur-Être ; elles n'appartiennent Ă  l'Être que par participation et d'une façon relative et unilatĂ©rale, ce qui dĂ©charge le Principe-Être d'une certaine « responsabilitĂ© » cosmologique. En parlant, plus haut, d'apparentes « absurditĂ©s », nous avions en vue surtout l'idĂ©e d'un Dieu Ă  la fois infiniment puissant et infiniment bon qui crĂ©e un monde rempli d'imperfections et de calamitĂ©s, y compris un Enfer Ă©ternel ; seule la mĂ©taphysique peut rĂ©soudre ces Ă©nigmes que la foi impose au croyant, et qu'il accepte parce qu'il accepte Dieu ; non par naĂŻvetĂ©, mais grĂące Ă  un certain instinct de l'essentiel et du surnaturel. C'est prĂ©cisĂ©ment la perte de cet instinct qui a permis au rationalisme d'Ă©clore et de se rĂ©pandre ; la piĂ©tĂ© s'affaiblissant, l'impiĂ©tĂ© pouvait s'affirmer. Et si d'une part le monde de la foi comporte incontestablement de la naĂŻvetĂ©, d'autre part le monde de la raison manque totalement d'intuition intellectuelle et spirituelle, ce qui est autrement grave ; c'est la perte du sacrĂ© et la mort de l'esprit. Au lieu de discuter vainement sur ce que Dieu « veut » ou ne « veut pas », les thĂ©ologiens rĂ©pondent volontiers, et avec raison, par une fin de non-recevoir : qui es-tu, homme, pour vouloir sonder les motivations de ton CrĂ©ateur ? Dieu est incomprĂ©hensible, et incomprĂ©hensibles sont ses volontĂ©s ; ce qui, au point de vue de la mĂąyĂą terrestre, est la stricte vĂ©ritĂ©, et la seule vĂ©ritĂ© que l'humanitĂ© Ă  laquelle le Message religieux s'adresse, soit capable d'assimiler avec fruit. Assimilation plus morale qu'intellectuelle ; on ne prĂȘche pas le platonisme aux pĂ©cheurs en danger de perdition, pour lesquels la rĂ©alitĂ©, c'est le monde « tel qu'il est ».
”
”
Frithjof Schuon (The Transfiguration of Man)
“
publics dans notre article du 20 Juillet qui n'a Ă©tĂ© publiĂ©que le 25 ; ils se sont dĂ©cidĂ©s cette fois Ă  s'exĂ©cuter de bonne ou mauvaise grĂące, ils l'ont fait dans l'intĂ©rĂȘt de l'infaillibilitĂ© de la vaccination. Je ne pondrai rĂ©- pas Ă  ce qu'ily a d'impertinent dans l'articledu Dr. Larocque ; je vais relater les faits de l'enfant Leblanc,et chacun jugerade la valeur du raisonnement des vaccinateurs pubiloset de leurs amis.Mr. le Dr, A.B. Larocqueveut Ă  tout prixsauver la vaccination en disant que les accusations portĂ©escontre ce* te pratiquesont ,non seulement exagĂ©rĂ©esmais ,encore faussesc'est ,lĂ  du moins le sens de son Ă©crit. Il voudrait aussi sans doute que les mauvais effetsde la (jĂ©nisse municipale sur l'enfani de Mde.Vve. Leblanc soient dĂ»s Ă  une autre cause qu'Ă  celle du virus animal. " Ce cas, dit-ilest ,JugĂ© d'une maniĂšre officielle par une commission de mĂ©decins. " Il est bien vrai que le Dr. LarocqueĂ©tait accompagnĂ© par pludes sieurs vaccinateurs publics; mais,quiavait autoritĂ© de quer convoune assemblĂ©e de mĂ©decins pour faire une investigation sur les faits qui se rapportent au cas de l'enfant de Mme. Leblanc ? Peret sonne, le Dr. Larocquesait parfaitementque si nous nous sommes ĂŻcucontrĂ©s chez le Dr.Roy, ce n'Ă©tait pas Ă  la demande du Bureau de SantĂ© : au contrairec'est , moi quiai proposĂ©dans la ruelle Rolaux land Drs.Ricard,Larocque,Desrosiers
”
”
Anonymous
“
[...] Si vous prenez une carte, vous constatez que l’AlgĂ©rie a une tout petite façade dans la mĂ©diterranĂ©e et a un Ă©norme ventre dans le Sahara, ventre totalement artificiel puisque le Sahara n'a jamais Ă©tĂ© algĂ©rien puisque l’AlgĂ©rie n'a jamais existĂ© par le passĂ©, et le Maroc, lui, est un pays qui, avec le sahara occidental, dispose d'une immense façade atlantique, de vives relations tournĂ©es vers l'ouest - le Maroc n'a pas de richesses miniĂšres, mais a une immense face Ă  l'atlantique, l’AlgĂ©rie a d'immense richesses en pĂ©trole et en gaz, mais elle est coincĂ©e dans la mĂ©diterranĂ©e. le dĂ©troit de Gibraltar peut ĂȘtre fermĂ© demain que l’AlgĂ©rie sera totalement enclavĂ©e, alors que le Maroc a cette immensitĂ© d'ouverture vers l'Atlantique, et l’AlgĂ©rie ne peut pas le supporter, dans le rapport gĂ©opolitique nord africain, il est bien Ă©vident que la riche AlgĂ©rie n'est qu'un pays enclavĂ©, par rapport au Maroc, bien moins dotĂ© au point de vue minier, mais qu'il a d’immenses façades d'ouvertures sur l'atlantique.
”
”
Bernard Lugan
“
Il semble grenouiller avec aisance dans cet estran qu'est devenu l'espace plus ou moins flou des relations publiques, du journalisme et de la pub, marque d'une Ă©poque qui se plaĂźt Ă  entretenir la confusion des genres pour faire du business.
”
”
Kauffman, Jean-Paul
“
Se convertir d’une religion à une autre, c’est non seulement changer de concepts et de moyen, mais aussi remplacer une sentimentalité par une autre. Qui dit sentimentalité, dit limitation : la marge sentimentale qui enveloppe chacune des religions historiques prouve à sa manière la limite de tout exotérisme et par conséquent la limite des revendications exotériques. Intérieurement ou substantiellement, la revendication religieuse est absolue, mais extérieurement ou formellement, donc sur le plan de la contingence humaine, elle est forcément relative ; si la métaphysique ne suffisait pas pour le prouver, les faits eux-mêmes le prouveraient. Plaçons-nous maintenant, à titre d’exemple, au point de vue de l’Islam exotérique, donc totalitaire : aux débuts de l’expansion musulmane, les circonstances étaient telles que la revendication doctrinale de l’Islam s’imposait d’une façon absolue ; mais plus tard, la relativité propre à toute expression formelle devait apparaître nécessairement. Si la revendication exotérique — non ésotérique — de l’Islam était absolue et non relative, aucun homme de bonne volonté ne pourrait résister à cette revendication ou à cet « impératif catégorique » : tout homme qui lui résisterait serait foncièrement mauvais, comme c’était le cas aux débuts de l’Islam, où on ne pouvait pas sans perversité préférer les idoles magiques au pur Dieu d’Abraham. Saint-Jean Damascène avait une fonction élevée à la cour du calife de Damas (4) ; il ne s’est pas converti à l’Islam, pas plus que ne le fit Saint-François d’Assise en Tunisie ni saint Louis en Egypte, ni saint Grégoire Palamas en Turquie (5). Or, il n’y a que deux conclusions possibles : ou bien ces saints étaient des hommes foncièrement mauvais, — supposition absurde puisque c’étaient des saints, — ou bien la revendication de l’Islam comporte, comme celle de toute religion, un aspect de relativité ; ce qui est métaphysiquement évident puisque toute forme a des limites et que toute religion est extrinsèquement une forme, l’absoluité ne lui appartenant que dans son essence intrinsèque et supraformelle. La tradition rapporte que le soufi Ibrāhīm ben Adham eut pour maître occasionnel un ermite chrétien, sans que l’un des deux se convertît à la religion de l’autre ; de même la tradition rapporte que Seyyid Alī Hamadānī, qui joua un rôle décisif dans la conversion du Cachemire à l’Islam, connaissait Lallā Yōgīshwari, la yōginī nue de la vallée, et que les deux saints avaient un profond respect l’un pour l’autre, malgré la différence de religion et au point qu’on a parlé d’influences réciproques (6). Tout ceci montre que l’absoluité de toute religion est dans la dimension intérieure, et que la relativité de la dimension extérieure devient forcément apparente au contact avec d’autres grandes religions ou de leurs saints. ---- Notes en bas de page ---- (4) C’est là que le saint écrivit et publia, avec l’acquiescement du calife, son célèbre traité à la défense des images, prohibées par l’empereur iconoclaste Léon III. (5) Prisonnier des Turcs pendant un an, il eut des discussions amicales avec le fils de l’émir, mais ne se convertit point, pas plus que le prince turc ne devint chrétien (6) De nos jours encore, les musulmans du Cachemire vénèrent Lallā, la Shivaïte dansante, à l’égal d’une sainte de l’Islam, à côté de Seyyid Alī ; les hindous partagent ce double culte. La doctrine de la sainte se trouve condensée dans un de ses chants : « Mon gourou ne m’a donné qu’un seul précepte. Il m’a dit : du dehors entre dans ta partie la plus intérieure. Ceci est devenu pour moi une règle ; et c’est pour cela que, nue, je danse » (Lallā Vākyāni, 94)
”
”
Frithjof Schuon (Form and Substance in the Religions (Library of Perennial Philosophy))
“
Les maires, les communes et leurs municipalitĂ©s sont la cible de prĂ©dilection des islamistes. C'est contre le bloc communal que les musulmans radicalisĂ©s vont concentrer les efforts de leur action militante. Avec des constantes obsessionnelles : les piscines plutĂŽt que les patinoires. Pourquoi les piscines ? Parce que la nuditĂ© relative de leurs usagers en ferait un lieu de perdition aux yeux des hommes touchĂ©s par la beautĂ© du divin. Bizarre... Je n'ai personnellement pas le souvenir que le moindre fait divers sordide, que le moindre attentat Ă  la pudeur ait entachĂ© l'activitĂ© d'une piscine municipale, mais peu importe. Je pense surtout que l'idĂ©e de la femme occidentale que se fabriquent et que vĂ©hiculent ces individus est indigne. Et que nous sommes priĂ©s, nous, pays d'accueil de ne pas ĂȘtre scandalisĂ©s -au nom du respect que l'on doit aux diffĂ©rences culturelles - par ces discours injurieux. Nous ne sommes autorisĂ©s Ă  nous scandaliser, nous sommes mĂȘme exhortĂ©s Ă  le faire, lorsque les mĂȘmes jugements sont portĂ©s par les ultra-conservateurs de la chrĂ©tientĂ©.
”
”
Francois Pupponi (Les Emirats de la RĂ©publique (French Edition))
“
Participant d’une dĂ©marche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accĂšs par le temps, cette Ă©dition numĂ©rique redonne vie Ă  une Ɠuvre existant jusqu’alors uniquement sur un support imprimĂ©, conformĂ©ment Ă  la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative Ă  l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siĂšcle. Cette Ă©dition numĂ©rique a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  partir d’un support physique parfois ancien conservĂ© au sein des collections de la BibliothĂšque nationale de France, notamment au titre du dĂ©pĂŽt lĂ©gal. Elle peut donc reproduire, au-delĂ  du texte lui-mĂȘme, des Ă©lĂ©ments propres Ă  l’exemplaire qui a servi Ă  la numĂ©risation.
”
”
Rene Corpel (La grande bordée (French Edition))
“
La transmission n'est pas un mouvement Ă  sens unique. À la diffĂ©rence de l'histoire, la transmission est toujours une opĂ©ration bilatĂ©rale, un travail de relation, prĂ©levĂ©e sur le vivant. Elle ne peut se comprendre comme le transfert d'un objet d'une main Ă  une autre. Elle exige une double activitĂ©: de la part de celle qui transmet et de la part de celle qui accueille la transmission. Elle ne peut fonctionner sans contrainte. Prise dans le jeu des gĂ©nĂ©rations, elle a rapport au dĂ©sir des anciennes, comme des nouvelles. C'est aux nouvelles qu'il appartient de dĂ©terminer si elles veulent de l'hĂ©ritage et ce qui, dans cet hĂ©ritage, les intĂ©resse. C'est aux anciennes qu'il appartient d'entendre la demande, d'inflĂ©chir leur langage vers un autre langage, en un Ă©change dans lequel, chacune restant ce qu'elle est, faisant honneur Ă  son histoire propre, s'adresse cependant Ă  l'autre et Ă©coute son adresse.
”
”
Françoise Collin (Anthologie québécoise (1977-2000))
“
At the quantum level our universe can be seen as an indeterminate place, predictable in a statistical way only when you employ large enough numbers. Between that universe and a relatively predictable one where the passage of a single planet can be timed to a picosecond, other forces come into play. For the in-between universe where we find our daily lives, that which you believe is a dominant force. Your beliefs order the unfolding of daily events. If enough of us believe, a new thing can be made to exist. Belief structure creates a filter through which chaos is sifted into order. —ANALYSIS OF THE TYRANT, THE TARAZA FILE: BG ARCHIVES
”
”
Frank Herbert (Heretics of Dune (Dune, #5))
“
On pourrait, Ă  la maniĂšre de Bachelard qui parlait de « narcissisme cosmique » Ă  propos d’une expĂ©rience esthĂ©tique de la nature fondĂ©e sur la relation « je suis beau parce que la nature est belle et la nature est belle parce que je suis beau24 », appeler narcissisme hermĂ©neutique cette forme de rencontre avec les Ɠuvres et les auteurs dans laquelle l’hermĂ©neute affirme son intelligence et sa grandeur par son intelligence empathique des grands auteurs.
”
”
Pierre Bourdieu (Les RÚgles de l'art. GenÚse et structure du champ littéraire (LIBRE EXAMEN) (French Edition))
“
l’analyse de la structure interne du champ littĂ©raire (etc.), univers obĂ©issant Ă  ses propres lois de fonctionnement et de transformation, c’est-Ă -dire la structure des relations objectives entre les positions qu’y occupent des individus ou des groupes placĂ©s en situation de concurrence pour la lĂ©gitimité ; enfin, l’analyse de la genĂšse des habitus des occupants de ces positions, c’est-Ă -dire les systĂšmes de dispositions qui, Ă©tant le produit d’une trajectoire sociale et d’une position Ă  l’intĂ©rieur du champ littĂ©raire (etc.), trouvent dans cette position une occasion plus ou moins favorable de s’actualiser
”
”
Pierre Bourdieu (Les RÚgles de l'art. GenÚse et structure du champ littéraire (LIBRE EXAMEN) (French Edition))
“
La richesse en consĂ©quence fut privĂ©e de sens, en dehors de la valeur productive. L'oisivetĂ© contemplative, le don aux pauvres, l'Ă©clat des cĂ©rĂ©monies et des Ă©glises cessĂšrent d'avoir le moindre prix ou passĂšrent pour un signe du dĂ©mon. La doctrine de Luther est la nĂ©gation achevĂ©e d'un systĂšme de consumation intense des ressources. Une immense armĂ©e de clercs sĂ©culiers et rĂ©guliers dilapidait les richesses excĂ©dantes de l'Europe, provoquant les nobles et les marchands Ă  des dilapidations rivales: c'est le scandale qui dressa Luther, mais il n'y sut opposer qu'une nĂ©gation plus entiĂšre du monde. L'Église, faisant d'un gaspillage gĂ©ant le moyen d'ouvrir aux hommes les portes du ciel donnait un pĂ©nible sentiment: elle avait moins rĂ©ussi Ă  rendre cĂ©leste la terre que le ciel terre Ă  terre. Elle avait tournĂ© le dos en mĂȘme temps Ă  chacune de ses possibilitĂ©s. Mais elle avait maintenu l'Ă©conomie dans une stabilitĂ© relative. Il est singulier que l'Église romaine, dans l'image qu'une ville mĂ©diĂ©vale a laissĂ©e du monde qu'elle crĂ©a, ait figurĂ© d'une façon heureuse l'effet d'un usage immĂ©diat des richesses. Cela s'est jouĂ© dans un Ă©cheveau de contradictions, mais la lumiĂšre en est parvenue jusqu'Ă  nous: Ă  travers le monde de la pure utilitĂ© qui lui succĂ©da, oĂč la richesse perdit sa valeur immĂ©diate, et signifia principalement la possibilitĂ© d'accroĂźtre les forces productives, elle rayonne encore Ă  nos yeux.
”
”
Georges Bataille (ƒuvres complùtes, tome VII)
“
J'ai citĂ© dans Chez soi les trĂšs belles lignes de Serge Rezvani sur les « surprises de la rĂ©pĂ©tition », sur l'intĂ©rĂȘt merveilleux qu'on peut trouver Ă  renouveler chaque jour des gestes et des rituels qui sont chargĂ©s de sens Ă  nos yeux, en apprenant Ă  apprĂ©cier leurs plus infimes variations, comme une palette qu'on Ă©largit et enrichit sans cesse. J'en trouve un autre Ă©loge chez la philosophe SĂ©verine Auffret : « Un accroissement continuel de jouissance nous vient de l'audition rĂ©pĂ©tĂ©e d'une musique. La premiĂšre audition n'emporte pas notre adhĂ©sion. C'est Ă  la deuxiĂšme, Ă  la troisiĂšme, Ă  la suivante que le plaisir s'affirme, semblable Ă  ce rythme propre du corps tout de scansion, de rĂ©pĂ©tition : parcours d'un mĂȘme espace, rĂ©itĂ©ration d'un mĂȘme geste ; cette demande qu'on fait dans le coĂŻt, comme le petit enfant qu'on berce, jette en l'air, soulĂšve, balance : "Encore !" » (p. 46)
”
”
Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
“
En attendant, bien des hommes restent des « menhirs ». Et le plus triste est peut-ĂȘtre que nous en arrivons Ă  Ă©rotiser leur froideur et leur mutisme, Ă  y voir du mystĂšre, de la profondeur, un trait viril et attirant. C'est ce qu'une de mes amies et moi avons baptisĂ© l'« effet Don Draper ». Au cours d'une conversation, nous avions essayĂ© de cerner ce qui rendait le hĂ©ros de la sĂ©rie Mad Men aussi sĂ©duisant, et nous Ă©tions arrivĂ©es Ă  cette conclusion : l'attitude de ces hommes est si frustrante que la moindre ouverture de leur part, le moindre Ă©change authentique, si timide et Ă©phĂ©mĂšre soit-il, sont vĂ©cus comme une Ă©piphanie bouleversante. Le gars vous grommelle trois mots un peu personnels et vous vous convulsez d'Ă©motion sur la moquette, foudroyĂ©e par cet instant de communion sublime. (p. 203)
”
”
Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
“
Liberty and Freedom are complex concepts. They go back to religious ideas of Free Will and are related to the Ruler Mystique implicit in absolute monarchs. Without absolute monarchs patterned after the Old Gods and ruling by the grace of a belief in religious indulgence, Liberty and Freedom would never have gained their present meaning. These ideals owe their very existence to past examples of oppression. And the forces that maintain such ideas will erode unless renewed by dramatic teaching or new oppressions. This is the most basic key to my life. -Leto II, God Emperor of Dune: Dar-es-Balat Records
”
”
Frank Herbert (Heretics of Dune (Dune, #5))
“
Un deuil ne se borne pas, comme on le dit souvent, Ă  envahir les sentiments ; il consiste plutĂŽt en une frĂ©quentation ininterrompue du disparu, comme si ce dernier devenait plus proche. Car la mort ne le rend pas seulement invisible : elle le rend aussi plus accessible Ă  notre regard. Elle nous le vole, mais elle le complĂšte Ă©galement d'une maniĂšre inĂ©dite. DĂšs le moment qui fige pour nos yeux ces contours mouvants qui traduisaient l'action et les changements constants d'une physionomie, celle-ci nous rĂ©vĂšle souvent pour la premiĂšre fois sa quintessence, l'Ă©lĂ©ment que le dĂ©roulement de l'existence ne nous donnait pas le loisir de percevoir totalement. Et cette nouvelle connaissance prend la forme d'une expĂ©rience spontanĂ©ment partagĂ©e comme au temps du contact personnel, elle ne rĂ©sulte pas d'un effort de pensĂ©e dĂ©libĂ©rĂ©, animĂ© par le dĂ©sir de cĂ©lĂ©brer le dĂ©funt ou de trouver consolation. Cette appropriation passionnĂ©e, cette dĂ©couverte pour la premiĂšre fois possible, nulle diversion, nulle autre impression de notre vie ne peut la dĂ©tourner de son cours, il suffit d'Ă©couter le message qui nous parvient de ces lĂšvres muettes : « Écoute ce vent qui souffle! la nouvelle ininterrompue qui se forme dans le silence. » C'est ce qui m'est arrivĂ© durant cet hiver 1926-1927 que Rainer Maria Rilke, dans une lettre Ă©crite de son lit de mort, appelait « un mauvais vent qui souffle ». Alors la bouleversante diffĂ©rence entre survivre et mourir devint mineure. IrrĂ©sistiblement s'imposa la constatation que toute relation humaine tient Ă  la force que nous lui consacrons : toutes ne sont-elles pas, et bien souvent les plus chĂšres, des signes et des images de nos tout premiers Ă©lans amoureux, qui nous ont appris Ă  aimer, avant mĂȘme leur propre naissance? - de mĂȘme que les nuages de l'est brillent grĂące au rayonnement du soleil qui se couche Ă  l'ouest. De leur vivant, nous distinguons mal ceux auxquels nous sommes unis avec le plus d'Ă©clat - d'un Ă©clat qui ne peut cesser de rayonner. Il y a une part de notre amour qui reste enfermĂ©e dans le cercueil, celle que nous pleurons et dont la perte nous endeuille le plus ; et l'autre, qui continue Ă  vivre et Ă  rĂ©agir Ă  tout ce qui nous arrive, en dialogue, une part qui semble toujours sur le point de redevenir rĂ©alitĂ©, parce qu'elle touche Ă  ce qui nous rĂ©unit Ă©ternellement avec la vie et la mort.
”
”
Lou Andreas-Salomé (Rainer Maria Rilke)
“
În mod cu totul firesc, cei ce dețin puterea caută să Ăźmpiedice dezvoltarea cercetării „sălbatice”. Căutarea neĂźngrădită a cunoașterii a produs, de cĂąnd lumea, concurenți indezirabili. Cei puternici nu doresc decĂąt „cercetări restrĂąnse”, menite să dea naștere doar unor produse și idei controlabile și, mai cu seamă, permiÈ›Ăąnd ca majoritatea beneficiilor să revină investitorilor care aparțin sistemului. Din nefericire, un univers al hazardului, plin de variabile relative, nu poate oferi garanția unor asemenea „cercetări restrĂąnse”.
”
”
Frank Herbert (Heretics of Dune (Dune, #5))
“
È del tutto naturale che chiunque detenga il potere desideri sopprimere la ricerca "incontrollata". Il perseguimento senza restrizioni del sapere ha una lunga storia e ha sempre prodotto una concorrenza non voluta. I potenti vogliono una "linea sicura di indagini", in grado di dare origine soltanto a quei prodotti e a quelle idee che possono venir controllati e, cosa piĂč importante, a cose che consentano alla maggior parte dei profitti di venir rastrellati appunto da chi vi ha investito mezzi e uomini "dall'alto". Sfortunatamente, un universo aleatorio e pieno di variabili relative non puĂČ assicurare una simile "linea sicura d'indagine
”
”
Frank Herbert (Heretics of Dune (Dune, #5))
“
Muad'Dib gave us a particular kind of knowledge about prophetic insight, about the behaviour which surrounds such insight and its influence upon events whcih are seen to be "on line." (That is, events which are set to occur in a related system which the prophet reveals and interprets.) As has been noted elsewhere, such insight operates as a peculiar trap for the prophet himself. He can become the victim of what he knows — which is a relatively common human failing.
”
”
Frank Herbert (Children of Dune (Dune, #3))
“
passé et futur. Le principe de la réciprocité : Une personne qui a reçu une aide ou une faveur d'une autre personne se sentira redevable envers elle, et sera donc plus susceptible de lui rendre service à l'avenir. Ces principes sont applicables à toutes les relations sociales, y compris les relations amoureuses. Par exemple, si une personne aide son partenaire à résoudre un problÚme difficile, cette derniÚre sera plus susceptible
”
”
Albert MIRAK (Relation amoureuse saine: Les clés pour construire un amour sain et épanouissant. Comment réussir sa vie de couple, mieux vivre ensemble avec plus d'amour et moins de conflits. (French Edition))
“
Quite naturally, holders of power wish to suppress wild research. Unrestricted questing after knowledge has a long history of producing unwanted competition. The powerful want a “safe line of investigations,” which will develop only those products and ideas that can be controlled and, most important, that will allow the larger part of the benefits to be captured by inside investors. Unfortunately, a random universe full of relative variables does not insure such a “safe line of investigations.” —ASSESSMENT OF IX, BENE GESSERIT ARCHIVES
”
”
Frank Herbert (Heretics of Dune (Dune, #5))
“
Muad'Dib gave us a particular kind of knowledge about prophetic insight, about the behaviour which surrounds such insight and its influence upon events whcih are seen to be "on line." (That is, events which are set to occur in a related system which the prophet reveals and interprets.) As has been noted elsewhere, such insight operates as a peculiar trap for the prophet himself. He can become the victim of what he knows — which is a relatively common human failing.
”
”
Frank Herbert (Children of Dune (Dune, #3))
“
Muad'Dib gave us a particular kind of knowledge about prophetic insight, about the behaviour which surrounds such insight and its influence upon events which are seen to be "on line." (That is, events which are set to occur in a related system which the prophet reveals and interprets.) As has been noted elsewhere, such insight operates as a peculiar trap for the prophet himself. He can become the victim of what he knows — which is a relatively common human failing.
”
”
Frank Herbert (Children of Dune (Dune, #3))
“
No matter how exotic human civilization becomes, no matter the developments of life and society nor the complexity of the machine/human interface, there always come interludes of lonely power when the course of humankind the very future of humankind, depends upon the relatively simple actions of single individuals.
”
”
Frank Herbert (Dune Messiah (Dune, #2))
“
du roman n’entretient pas une relation avec l’apparition, dans le champ, d’une pluralitĂ© de perspectives concurrentes).
”
”
Pierre Bourdieu (Les RÚgles de l'art. GenÚse et structure du champ littéraire (LIBRE EXAMEN) (French Edition))
“
Lama JigmĂ©: Qu'entendez-vous par "personne" quand vous parlez de Dieu? S'agit-il d'une personne semblable Ă  une personne humaine? Dom Robert: On est ici au cƓur de la rĂ©flexion philosophique et thĂ©ologique chrĂ©tienne, et la notion de personne peut ĂȘtre source de nombreux malentendus si l'on n'en comprend pas le sense profond. Cette notion, qui deviendra si importante dans la thĂ©ologie chrĂ©tienne, est issue du thĂ©Ăątre. Le mot "personne", *persona*, vient de deux racines latines: *per* (Ă  travers) et *sonare* (donner un son). Dans le thĂ©Ăątre grec antique, les personnages portaient un masque dont une des fonctions Ă©tait de faire porter la voix. Une "personne", au premier sens de l'Ă©tymologie, est quelqu'un qui exprime une parole adressĂ©2 Ă  quelqu'un d'autre; l'autre acception souligne ce qu'on voit du personnage. Le masque est Ă  la fois porte-voix et visage, ce qui veut dire que la personne se manifest, sans jeu de mots, par la voix et par ce qu'on voit ! Toute relation interpersonnelle passe par le regard et par la parole. Pour les chrĂ©tiens, l'aboutissement de notre destinĂ©e est la vision face Ă  face du Verbe, la parole de Dieu.
”
”
Robert Le Gall (Le moine et le lama)
“
Je crois fermement que les gens n'ont pas besoin d'un partenaire pour ĂȘtre heureux. Si quelqu'un veut avoir une relation, trĂšs bien. S'il ne veut pas, trĂšs bien aussi. Il en va de mĂȘme pour les enfants, le mariage, etc. Il n'existe pas de baromĂštre universel du bonheur. La vie d'une personne peut ĂȘtre tout aussi Ă©panouie sans partenaire qu'avec.
”
”
Ana Huang (Twisted Hate (Twisted, #3))
“
En avançant dans l’écoute [d’un enregistrement d’une rĂ©union qui s’était tenue chez François] cependant j’ai commencĂ© Ă  faire la grimace. Du haut de mes trente-quatre ans, forte de mes lectures, de mon Ă©criture, baignĂ©e dans l’ùre post #metoo, l’ambiance m’est enfin apparue dans ce qu’elle avait de violent. Cette culture de la vanne bien placĂ©e, des rires gras, des piques incessantes, ne faisait aucune place Ă  un partage sincĂšre d’émotions. L’ironie Ă©tait partout, Ă©puisante. Dans les accents de ma voix j’ai reconnu le contentement, le si pathĂ©tique contentement, que je ressentais Ă  chaque fois que je parvenais avec l’une de mes rĂ©pliques Ă  tirer quelques Ă©clats de rire. J’ai reconnu la fiertĂ© que j’avais d’ĂȘtre cette jeune fille qui se fait sa place au milieu des hommes. Ça m’a frappĂ©, la façon que j’avais de m’occuper, seule, du bien-ĂȘtre de tous, « quelqu’un veut quelque chose Ă  boire ? », de l’avancement du repas, « Vincent, tu peux mettre la table ? ». Oh c’était subtile, ils ne restaient pas tous assis le cul sur leur chaise, sinon ça aurait Ă©tĂ© trop remarquable et je me serais insurgĂ©e, mais c’était en mĂȘme temps tout Ă  fait flagrant. Je ne parle mĂȘme pas des autres fonctions que je ne remplissais, la naĂŻve, la bourgeoise, sans que je ne me prenne jamais au sĂ©rieux, ni que d’autres le fassent Ă  ma place. Pendant que j’écoutais cette version plus jeune de moi-mĂȘme se tordre pour occuper la place qu’elle Ă©tait si avide de se faire, je me suis rendu compte d’une chose Ă©tonnante. Je ressentais pour elle de la pitiĂ©. Mieux : de l’indulgence. Pour la premiĂšre fois, je sentais la domination masculine, non comme quelque chose ayant une existence extĂ©rieure Ă  moi, apprĂ©hendĂ©e seulement par la raison, mais comme quelque chose dont j’avais fait l’expĂ©rience. Le fĂ©minisme m’était entrĂ© dans le corps. Ce qui valait pour ma place Ă  Fakir valait aussi pour ma relation avec François, et dans ce domaine-lĂ  aussi, la duretĂ© avec laquelle je m’étais jugĂ©e moi-mĂȘme a disparu. (p. 85-86)
”
”
Johanna Silva (L'amour et la révolution)
“
Nous comprenons assez bien, intuitivement tout au moins, que nous nous sommes fourvoyĂ©s dans une impasse et que ce ne sont pas seulement les mĂ©thodes pĂ©dagogiques (la guerre des Ă©coles a un petit cĂŽtĂ© absurde, dĂ©risoire et ringard) ni l'institution scolaire que nous devons radicalement changer, en tout cas pas frontalement, ni bureaucratiquement, ni par le biais d'une nouvelle et vaine rĂ©forme institutionnelle qui serait parachutĂ©e, sans l'acquiescement vrai, profond et spontanĂ© des acteurs de la relation Ă©ducative, ceux-lĂ  mĂȘmes que l'on somme d'appliquer les rĂ©formes successives sur le terrain sans les avoir prĂ©alablement consultĂ©s, Ă  moins qu'il ne s'agisse de consultations biaisĂ©es et devant ultĂ©rieurement servir d'alibi et de justification. C'est nous-mĂȘmes qu'il conviendrait de changer en effet. Changer notre rapport aux autres et Ă  nous-mĂȘmes, changer notre rapport aux institutions, Ă  la sociĂ©tĂ©, Ă  l'histoire, notre rapport Ă  la connaissance, aux savoirs et au monde. Nous ne pouvons pas passer tout notre temps Ă  chercher des coupables Ă  l'extĂ©rieur de nous-mĂȘmes. Nous ne pouvons pas sans cesse stigmatiser l'attitude, certes inadaptĂ©e, dĂ©stabilisatrice et parfois condamnable de la hiĂ©rarchie (les inspecteurs sont des victimes de cette logique, en mĂȘme temps qu'ils aident Ă  sa perpĂ©tuation) ou dĂ©noncer l'incurie ou l'indiffĂ©rence, certes bien rĂ©elles elles aussi, des hommes politiques et des syndicats enseignants. Un professeur animĂ© par une Ă©thique jungienne de l'action Ă©ducative ne se dĂ©charge pas en permanence de ses responsabilitĂ©s qui lui incombe en tant qu'acteur de sa propre vie et de la vie de la communautĂ© Ă  laquelle il appartient peu ou prou) sur les autres, sur la sociĂ©tĂ©, sur l'État et sur les institutions (phĂ©nomĂšne de projection, de diabolisation, ressentiment et amertume Ă©rigĂ©s en art de viver). Un enseignant dont l'action s'inspire de l'attitude jungienne cherche Ă  ĂȘtre instituant, c'est-Ă -dire Ă  modifier un peu et dans la mesure de ses forces et du degrĂ© de rĂ©ceptivitĂ© des autres - ses collĂšgues mais aussi ses supĂ©rieurs hiĂ©rarchiques - les institutions de l'intĂ©rieur par son action au jour le jour (une action semĂ©e d'embĂ»ches), sans toutefois tomber dans l'activisme (pour Ă©chapper Ă  son angoisse et se donner bonne conscience) et/ou le volontarisme (attitude faustienne et promĂ©thĂ©enne). (p. 113)
”
”
Jean-Daniel Rohart (Comment réenchanter l'école ? : Plaidoyer pour une éducation postmoderne)
“
Quand Ă  la doctrine muhammadienne, elle rĂ©tablit Ă  cet Ă©gard les choses dans une autre perspective spĂ©cifiquement diffĂ©rente : c'est le CƓur qui est la facultĂ© ou l'organe de connaissance intuitive, ce CƓur qui n'a qu'une relation symbolique avec l'organe corporel de mĂȘme nom, et que le hadith qudsĂź Ă©nonce ainsi : « Mon Ciel et Ma Terre ne peuvent Me contenir, mais le CƓur de Mon serviteur croyant Me contient ». Qu'on le remarque bien, il ne s'agit pas ainsi d'une simple question de terminologie. Tout d'abord le CƓur qui est la rĂ©alitĂ© centrale de l'ĂȘtre, est par exemple selon les termes de l'Ă©cole du Sheikh al-Akbar « la rĂ©alitĂ© essentielle ( al-haqĂźqa ) qui rĂ©unit d'une part tous les attributs et toutes les fonctions seigneuriales, d'autre part tous les caractĂšres et les Ă©tats gĂ©nĂ©rĂ©s, tant spirituels qu'individuels. ».
”
”
Michel Vùlsan (L'Islam et la fonction de René Guénon)
“
Mais la relation entre l’Ɠuvre de RenĂ© GuĂ©non- et sa source « fonctionnelle » islamique, d’aprĂšs les quelques donnĂ©es que nous venons de faire connaitrc, ou tout simplement de rappeler, pourra paraĂźtre, malgrĂ© tout, seulement virtuelle, sinon accidentelle. Et mĂȘme si, Ă  part cela, les livres et les articles de RenĂ© GuĂ©non contiennent de frĂ©quentes rĂ©fĂ©rences aux doctrines islamiques, ces rĂ©fĂ©rences ne prouvent pas nĂ©cessairement une procession islamique du dĂ©veloppement gĂ©nĂ©ral et final de toute son Ɠuvre ; du reste, lui-mĂȘme ne s'est jamais prĂ©sentĂ© spĂ©cialement au nom de l’Islam, mais au nom de la conscience traditionnelle et initiatique d’une façon universelle. Ce n’est pas nous non plus qui pourrions envisager de restreindre ce large privilĂšge de son message ", et si nous disons qu'il y a une relation autrement sure entre cette Ɠuvre universelle et l’Islam, c’est, tout d’abord, que. en raison d’une cohĂ©rence naturelle entre toutes les forces de la tradition, tout ce qu’on peut trouver du cĂŽtĂ© islamique comme Ă©tant intervenu dans la genĂšse et le dĂ©veloppement du travail de RenĂ© Guenon ne pouvait que s'accorder avec ce qui Ă©tait augurĂ© et soutenu en mĂȘme temps par des forces traditionnelles orientales autres qu’islamiques.
”
”
Michel Vùlsan (L'Islam et la fonction de René Guénon)
“
[
] D’autre part, la thĂšse de RenĂ© GuĂ©non sur l’unitĂ© fondamentale des formes traditionnelles n’apparaĂźtra pas comme tout Ă  fait nouvelle en Islam, car il y a quelques prĂ©cĂ©dents prĂ©cieux, tout d’abord avec le Cheikh al-Akbar [Ibn `ArabĂź] dont l’enseignement ne pouvait pourtant pas ĂȘtre aussi explicite que celui de RenĂ© GuĂ©non en raison des rĂ©serves qu’impose tout milieu traditionnel particulier ; il y aura quand mĂȘme intĂ©rĂȘt Ă  s’y reporter. Ce que nous venons de signaler comme points critiques et solutions Ă  envisager lorsqu’il s’agira de juger de l’orthodoxie islamique de l’enseignement de RenĂ© GuĂ©non, aussi bien que de son orthodoxie d’une façon gĂ©nĂ©rale, ne doit pas faire oublier que ce qui est requis sous ce rapport de tout Oriental ou Occidental qui voudrait en juger, ce sont non seulement des qualitĂ©s intellectuelles de jugement, mais aussi la connaissance Ă©tendue et profonde des doctrines qui doivent ĂȘtre Ă©voquĂ©es en l’occurrence. La mĂ©thode facile et expĂ©ditive des citations tronquĂ©es et retranchĂ©es de leurs relations conceptuelles d’ensemble, aggravĂ©e peut-ĂȘtre encore par des mĂ©prises terminologiques ne saurait avoir ici aucune excuse, car RenĂ© GuĂ©non ne parle pas au nom ni dans les termes d’une thĂ©ologie ou d’une doctrine particuliĂšre dont les rĂ©fĂ©rences seraient immĂ©diates. De toutes façons, une des choses les plus absurdes serait de demander Ă  des « autoritĂ©s » exotĂ©riques, qu’elles soient d’Orient ou d’Occident, d’apprĂ©cier le degrĂ© de cette orthodoxie, soit d’une façon gĂ©nĂ©rale, soit par rapport Ă  quelque tradition particuliĂšre. Ces « autoritĂ©s », en tant qu’exotĂ©riques, et quelles que puissent ĂȘtre leurs prĂ©tentions de compĂ©tence, sincĂšres ou non, n’ont dĂ©jĂ  aucune qualitĂ© pour porter un jugement sur les doctrines Ă©sotĂ©riques et mĂ©taphysiques de leurs propres traditions. L’histoire est lĂ  du reste pour prouver Ă  tout homme intelligent et de bonne foi, que chaque fois que de telles ingĂ©rences se sont produites, qu’elles aient Ă©tĂ© provoquĂ©es par de simples imprudences ou par des fautes graves, soit d’un cĂŽtĂ© soit de l’autre, il en est rĂ©sultĂ© un amoindrissement de spiritualitĂ© et la tradition dans son ensemble a eu Ă  souffrir par la suite. (É. T. n° 305 Janv.-FĂ©v. 1953, p. 14)
”
”
Michel Vùlsan (L'Islam et la fonction de René Guénon)
“
L'autonomie, dont on peut faire un principe de l'action individuelle et collective, appelle quelques prĂ©cisions. Le terme dĂ©signe littĂ©ralement le fait de se donner Ă  soi-mĂȘme ses propres normes, ou encore de s'organiser par soi-mĂȘme. [
] On peut voir alors qu'il existe une ample gamme allant des autonomies *intĂ©grĂ©es*, dont les normes se distinguent faiblement de celles auxquelles elles ses soustraient (hormis par le fait d'en contrĂŽler par soi-mĂȘme l'application), jusqu'aux autonomies *antagonistes*, dont les rĂšgles marquent un fort Ă©cart par rapport Ă  celles qu'elles rĂ©cusent. On peut aussi distinguer des autonomies *inconsĂ©quentes*, qui refusent une domination imposĂ©e de l'extĂ©rieur pour mieux affirmer des rapports de domination Ă  l'intĂ©rieur, et des autonomies *consĂ©quentes*, qui excluent l'imposition venue de l'extĂ©rieur pour mieux Ă©carter les formes de domination qui pourraient exister en leur sein. On peut enfin opposer des autonomies *fermĂ©es*, voire sĂ©grĂ©gationnistes, fondĂ©es sur une logique identitaire qui instaure une frontiĂšre ontologique entre la collectivitĂ© autonome et le monde environnant, et des autonomies *ouvertes*, qui considĂšrent les relations avec les autres collectivitĂ©s comme une condition de leur propre existence sociale. On ne peut donc juger d'une expĂ©rience d'autonomie sans se demander : autonomie par rapport Ă  quoi ? autonomie pour quoi, pour quel projet social ? (p. 75-76)
”
”
JĂ©rĂŽme Baschet (AdiĂłs al Capitalismo: AutonomĂ­a, sociedad del buen vivir y multiplicidad de mundos)
“
[...] l'exigence de chastetĂ© des jeunes filles prive les jeunes gens d'objets d'amour, ce qui crĂ©e les conditions typiques de notre ordre social, inĂ©vitables quoique non dĂ©sirĂ©es en elles-mĂȘmes: le mariage monogamique donne naissance Ă  l'adultĂšre, la chastetĂ© des filles donne naissance Ă  la prostitution. L'adultĂšre et la prostitution sont le lot de la double morale sexuelle qui accorde Ă  l'homme, avant comme pendant le mariage, ce qu'elle refuse Ă  la femme, pour des raisons Ă©conomiques. Etant donnĂ© les urgences naturelles de la sexualitĂ©, la rigueur de la morale sexuelle engendre l'opposĂ© de ce Ă  quoi elle vise ; l'immoralitĂ© au sens rĂ©actionnaire, c'est-Ă -dire l'adultĂšre et les relations sexuelles extra-matrimoniales, se redouble en phĂ©nomĂšnes sociaux grotesques: la perversion sexuelle d'une part, et la sexualitĂ© mercenaire, Ă  l'intĂ©rieur comme Ă  l'extĂ©rieur du mariage, d'autre part. (p. 85-86)
”
”
Wilhelm Reich (The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure)
“
Pour l'homme de loi, le mariage est l'union de deux personnes de sexe opposĂ© fondĂ©e sur un document officiel ; pour le psychiatre, c'est un lien affectif fondĂ© sur une union sexuelle, accompagnĂ© d'habitude d'un dĂ©sir de paternitĂ©. Pour le psychiatre, il n'y a pas de mariage dĂšs lors que les partenaires possĂšdent simplement les papiers, mais ne vivent pas ensemble. L'acte de mariage n'est pas en lui-mĂȘme un mariage. Il y a mariage pour le psychiatre, lorsque deux individus de sexe opposĂ© s'aiment, s'occupent l'un de l'autre, vivent ensemble et, pour la progĂ©niture, font de cette union une famille. Pour le psychiatre, le mariage est une union rĂ©elle et pratique de nature sexuelle, sans considĂ©ration d'une Ă©ventuelle inscription sur les registres d'Ă©tat civil. Pour le psychiatre, l'acte de mariage n'est que la confirmation officielle d'une relation sexuelle dĂ©cidĂ©e, entreprise et vĂ©cue par les partenaires ; il considĂšre que ce sont les partenaires, et non les reprĂ©sentants de la loi, qui font qu'un mariage est ou n'est pas. (p. 188)
”
”
Wilhelm Reich (The Sexual Revolution: Toward a Self-governing Character Structure)
“
He could see it stretching ahead of him, a time of relative quiet in a hidden sietch, a moment of peace between periods of violence.
”
”
Frank Herbert (Dune (Dune, #1))
“
Un jour, au debut des annees soixante-dix, pendant l'occupation russe du pays, tous les deux chasses de nos emplois, tous les deux en mauvaise sante, ma femme et moi sommes alles voir, dans un hopital de la banlieue de Prague, un grand medicin, ami de tous les opposants, un vieux sage juif, comme nous l'appelions, le professeur Smahel. Nous y avons rencontre E., un journaliste, lui aussi chasse de partout, lui aussi en mauvaise sante, et tous les quatre nous sommes restes longtemps a bavarder, heureux de l'atmosphere de sympathie mutuelle. Pour le retour, E. nous a pris dans sa voiture et s'est mis a parler de Bohumil Hrabal, alors le plus grand ecrivain tcheque vivant; d'une fantaisie sans bornes, feru d'experiences plebeiennes (ses romans sont peuples des gens les plus ordinaires), il etait tres lu et tres aime (toute la vague de la jeune cinematographie tcheque l'a adore comme son saint patron). Il etait profondement apolitique. Ce qui, dans un regime pour lequel 'tout etait politique', n'etait pas innocent: son apolitisme se moquait du monde ou sevissaient les ideologies. C'est pour cela qu'il s'est trouve pendant longtemps dans une relative disgrace (inutilisable qu'il etait pour tous les engagements officiels), mais c'est pour ce meme apolitisme (il ne s'est jamais engage contre le regime non plus) que, pendant l'occupation russe, on l'a laisse en paix et qu'il a pu, comme ci, comme ca, publier quelques livres. E. l'injuriait avec fureur: Comment peut-il accepter qu'on edite ses livres tandis que ses collegues sont interdits de publication? Comment peut-il cautionner ainsi le regime? Sans un seul mot de protestation? Son comportement est detestable et Hrabal est un collabo. J'ai reagi avec le meme fureur: Quelle absurdite de parler de collaboration si l'esprit des livres de Hrabal, leur humour, leur imagination sont le contraire meme de la mentalite qui nous gouverne et veut nous etouffer dans sa camisole de force? Le monde ou l'on peut lire Hrabal est tout a fait different de celui ou sa voix ne serait pas audible. Un seul livre de Hrabal rend un plus grand service aux gens, a leur liberte d'esprit, que nous tous avec nos gestes et nos proclamations protestataires! La discussion dans la voiture s'est vite transformee en querrelle haineuse. En y repensant plus tard, etonne par cette haine (authentique et parfaitement reciproque), je me suis dit: notre entente chez le medicin etait passagere, due aux circonstances historiques particulieres qui faisaient de nous des persecutes; notre desaccord, en revanche, etait fondamental et independant des circonstances; c'etait le desaccord entre ceux pour qui la lutte politique est superieure a la vie concrete, a l'art, a la pensee, et ceux pour qui le sens de la politique est d'etre au service de la vie concrete, de l'art, de la pensee. Ces deux attitudes sont, peut-etre, l'une et l'autre legitimes, mais l'une avec l'autre irreconciliables.
”
”
Milan Kundera (Encounter)
“
Either we abandon the long-honored Theory of Relativity, or we cease to believe that we can engage in continued accurate prediction of the future. Indeed, knowing the future raises a host of questions which cannot be answered under conventional assumptions unless one first projects an Observer outside of Time and, second, nullifies all movement. If you accept the Theory of Relativity, it can be shown that Time and the Observer must stand still in relationship to each or inaccuracies will intervene. This would seem to say that it is impossible to engage in accurate prediction of the future. How, then, do we explain the continued seeking after this visionary goal by respected scientists? How, then, do we explain Muad’Dib? —LECTURES ON PRESCIENCE BY HARQ AL-ADA
”
”
Frank Herbert (Children of Dune (Dune, #3))
“
La communisation est la production d'une relation diffĂ©rente aux autres et Ă  soi-mĂȘme, oĂč la solidaritĂ© ne naĂźt pas d'un devoir moral extĂ©rieur Ă  nous, mais plutĂŽt d'actes pratiques et d'interrelations.
”
”
Gilles Dauvé (Communisation)
“
Liberty and Freedom are complex concepts. They go back to religious ideas of Free Will and are related to the Ruler Mystique implicit in absolute monarchs. Without absolute monarchs patterned after the Old Gods and ruling by the grace of a belief in religious indulgence, Liberty and Freedom would never have gained their present meaning. These ideals owe their very existence to past examples of oppression. And the forces that maintain such ideas will erode unless renewed by dramatic teaching or new oppressions.
”
”
Frank Herbert (Heretics of Dune (Dune, #5))
“
Des partenaires qui se confirment à la lettre à leurs scripts de genre respectifs ont toutes les chances de se rendre trÚs malheureux. Ces scripts produisent d'un cÎté une créature sentimentale et dépendante, aux demandes tyranniques, qui surinvestit la sphÚre affective et amoureuse, et de l'autre un escogriffe mutique et mal dégrossi, barricadé dans l'illusion d'une autonomie farouche, qui semble toujours se demander par quel dramatique manque de vigilance il a bien pu tomber dans ce traquenard. (p. 15)
”
”
Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
“
Paris est une ville dont on pourrait parler au pluriel, comme les Grecs l’a fait avec AthĂšne. Car il y a beaucoup de Paris et celui des touristes n'a qu'une relation superficielle avec celui des Parisiens. Un Ă©tranger qui traverse Paris dans en voiture ou en autobus et qui va d'un musĂ©e Ă  l’autre n'a aucune idĂ©e de ce monde qu'il ne voit pas, bien qu'il soit dans elle. Personne ne peut affirmer de connaĂźtre bien une ville s'il n'a pas perdu son temps dans elle. L'Ăąme d'une grande ville ne laisse pas se comprendre lĂ©gĂšrement. Pour qu’on se familiarise vraiment avec elle, on doit dans elle, on a dĂ» s’ennuyer et pĂątir un peu dans elle. Bien sĂ»r, chacun peut s'acheter un guide de la ville et constater que tous les monuments indiquĂ©s sont lĂ . Mais, Ă  l'intĂ©rieur de la frontiĂšre de Paris, une ville qui est accessible autant dure que Tombouctou l’était autrefois se cache.
”
”
Julien Green (Paris)
“
II L'Association bretonne. Il est une institution qui distingue la Bretagne des autres provinces et oĂč se rĂ©flĂšte son gĂ©nie, l'Association bretonne. Dans ce pays couvert encore de landes et de terres incultes, et oĂč il reste tant de ruines des anciens Ăąges, des hommes intelligents ont compris que ces deux intĂ©rĂȘts ne devaient pas ĂȘtre sĂ©parĂ©s, les progrĂšs de l'agriculture et l'Ă©tude des monuments de l'histoire locale. Les comices agricoles ne s'occupent que des travaux d'agriculture, les sociĂ©tĂ©s savantes que de l'esprit; l'Association bretonne les a rĂ©unis: elle est Ă  la fois une association agricole et une association littĂ©raire. Aux expĂ©riences de l'agriculture, aux recherches archĂ©ologiques, elle donne de la suite et de l'unitĂ©; les efforts ne sont plus isolĂ©s, ils se font avec ensemble; l'Association bretonne continue, au XIXe siĂšcle, l'oeuvre des moines des premiers temps du christianisme dans la Gaule, qui dĂ©frichaient le sol et Ă©clairaient les Ăąmes. Un appel a Ă©tĂ© fait dans les cinq dĂ©partements de la Bretagne Ă  tous ceux qui avaient Ă  coeur les intĂ©rĂȘts de leur patrie, aux Ă©crivains et aux propriĂ©taires, aux gentilshommes et aux simples paysans, et les adhĂ©sions sont arrivĂ©es de toutes parts. L'Association a deux moyens d'action: un bulletin mensuel, et un congrĂšs annuel. Le bulletin rend compte des travaux des associĂ©s, des expĂ©riences, des essais, des dĂ©couvertes scientifiques; le congrĂšs ouvre des concours, tient des sĂ©ances publiques, distribue des prix et des rĂ©compenses. Afin de faciliter les rĂ©unions et d'en faire profiter tout le pays, le congrĂšs se tient alternativement dans chaque dĂ©partement; une annĂ©e Ă  Rennes, une autre Ă  Saint-Brieuc, une autre fois Ă  VitrĂ© ou Ă  Redon; en 1858, il s'est rĂ©uni Ă  Quimper. A chaque congrĂšs, des questions nouvelles sont agitĂ©es, discutĂ©es, Ă©claircies[1]: ces savants modestes qui consacrent leurs veilles Ă  des recherches longues et pĂ©nibles, sont assurĂ©s que leurs travaux ne seront pas ignorĂ©s; tant d'intelligences vives et distinguĂ©es, qui demeureraient oisives dans le calme des petites villes, voient devant elles un but Ă  leurs efforts; la publicitĂ© en est assurĂ©e, ils seront connus et apprĂ©ciĂ©s. D'un bout de la province Ă  l'autre, de Rennes Ă  Brest, de Nantes Ă  Saint-Malo, on se communique ses oeuvres et ses plans; tel antiquaire, Ă  Saint-Brieuc, s'occupe des mĂȘmes recherches qu'un autre Ă  Quimper: il est un jour dans l'annĂ©e oĂč ils se retrouvent, oĂč se resserrent les liens d'Ă©tudes et d'amitiĂ©. [Note 1: Voir l'Appendice.] Le congrĂšs est un centre moral et intellectuel, bien plus, un centre national: ces congrĂšs sont de vĂ©ritables assises bretonnes; ils remplacent les anciens États: on y voit rĂ©unis, comme aux États, les trois ordres, le clergĂ©, la noblesse et le tiers-Ă©tat, le tiers-Ă©tat plus nombreux qu'avant la RĂ©volution, et de plus, mĂȘlĂ©s aux nobles et aux bourgeois, les paysans. La Bretagne est une des provinces de France oĂč les propriĂ©taires vivent le plus sur leurs terres; beaucoup y passent l'annĂ©e tout entiĂšre. De lĂ  une communautĂ© d'habitudes, un Ă©change de services, des relations plus familiĂšres et plus intimes, qui n'ĂŽtent rien au respect d'une part, Ă  la dignitĂ© de l'autre. PropriĂ©taires et fermiers, rĂ©unis au congrĂšs, sont soumis aux mĂȘmes conditions et jugĂ©s par les mĂȘmes lois; souvent le propriĂ©taire concourt avec son fermier. Dans ces mĂȘlĂ©es animĂ©es, oĂč l'on se communique ses procĂ©dĂ©s, oĂč l'on s'aide de ses conseils, oĂč l'on distribue des prix et des encouragements, les riches propriĂ©taires et les nobles traitent les paysans sur le pied de l'Ă©galitĂ©; ici, la supĂ©rioritĂ© est au plus habile: c'est un paysan, GuĂ©venoux, qui, en 1857, eut les honneurs du congrĂšs de Redon. Voici quatorze ans que l'Association bretonne existe; l'ardeur a toujours Ă©tĂ© en croissant; les congrĂšs sont devenus des solennitĂ©s: on y vient de tous les points
”
”
Anonymous
“
Ces enfants mĂ»rissent trop tĂŽt parce que, ayant Ă©tĂ© rendus sensibles aux malheurs, c'est ce qu'ils savent 2le mieux voir. Ils sont attirĂ©s par les blessĂ©s et dĂ©sirent les aider. Ils comprennent ce more de relation qui les revalorise. Le comportement oblatif qui consiste Ă  donner Ă  ses propres dĂ©pens leur permet de gagner un peu d'affection, au risque de rencontrer quelqu'un qui en profitera, car ils sont faciles Ă  exploiter. Ce don de soi n'a pas la grandeur du sacrifice puisqu'ils le font discrĂštement, parfois mĂȘme en cachette. L'oblativitĂ© prend plutĂŽt l'effet d'un rachat par ceux qui ont commis le crime de survivre quand leurs proches sont morts. Ces enfants, adultes trop tĂŽt, aiment devenir parents de leurs parents. Ils se sentent un peu mieux en vivant de cette maniĂšre qui les prive d'une Ă©tape de leur dĂ©veloppement mais les revalorise et les socialise. Ne les fĂ©licitez pas pour ce comportement, car ils dĂ©testent tout ce qu'ils font. Vous risqueriez de saboter ce lien fragile. Vous les trouverez mignon et touchant parce que ce sont des enfants. Mais leur fraĂźcheur apparente masque leur malaise. Quand on est malheureux, le plaisir nous fait peur. Non seulement, on n'a pas le dĂ©sir du plaisir, mais on n'a honte Ă  l'idĂ©e d'avoir du plaisir. Alors l'enfant trop adulte dĂ©couvre un compromis: il s'occupera des autres. Ces enfants qui veulent fuir leur enfance haĂŻssent le passĂ© qui s'impose dans leur mĂ©moire encore fraĂźche. Ils la combattent grĂące Ă  une prĂ©paration comportementale au dĂ©ni, une jovialitĂ© excessive, une recherche exaspĂ©rĂ©e de ce qui peut faire rire, une quĂȘte d'engagements superficiels, une hyperactivitĂ© incessante qui les pousse vers le prĂ©sent en fuyant le passĂ©.
”
”
Boris Cyrulnik (Les vilains petits canards)
“
Nous pouvons encore prĂ©ciser la signification du dĂ©doublement du point par polarisation, telle que nous venons de l’exposer, en nous plaçant au point de vue proprement « ontologique » ; et, pour rendre la chose plus aisĂ©ment comprĂ©hensible, nous pouvons envisager tout d’abord l’application du point de vue logique et mĂȘme simplement grammatical. En effet, nous avons ici trois Ă©lĂ©ments, les deux points et leur distance, et il est facile de se rendre compte que ces trois Ă©lĂ©ments correspondent trĂšs exactement Ă  ceux d’une proposition : les deux points reprĂ©sentent les deux termes de celle-ci, et leur distance, exprimant la relation qui existe entre eux, joue le rĂŽle de la « copule », c’est-Ă -dire de l’élĂ©ment qui relie les deux termes l’un Ă  l’autre. Si nous considĂ©rons la proposition sous sa forme la plus habituelle et en mĂȘme temps la plus gĂ©nĂ©rale, celle de la proposition attributive, dans laquelle la « copule » est le verbe « ĂȘtre »[1], nous voyons qu’elle exprime une identitĂ©, au moins sous un certain rapport, entre le sujet et l’attribut ; et ceci correspond au fait que les deux points ne sont en rĂ©alitĂ© que le dĂ©doublement d’un seul et mĂȘme point, se posant pour ainsi dire en face de lui-mĂȘme comme nous l’avons expliquĂ©. [1] Toutes les autres formes de propositions qu’envisagent certains logiciens peuvent toujours se ramener Ă  la forme attributive parce que le rapport exprimĂ© par celle-ci a un caractĂšre plus fondamental que tous les autres.
”
”
René Guénon (The Symbolism of the Cross)
“
Vous les hommes, vous ĂȘtes tous Ă  votre maniĂšre victime d'une femme. Mais ça vous sert. Et tu sais Ă  quoi ? A vous justifier du mal que vous ferez Ă  la suivante.
”
”
Frederico Moccia
“
La primautĂ© de l’intention divine — donc du message — dans l’ordre des apparences, implique une consĂ©quence fort paradoxale, mais nĂ©anmoins pertinente, Ă  savoir l’existence d’une « double rĂ©alitĂ© » qui fait penser Ă  la « double vĂ©ritĂ© » des scolastiques. C’est-Ă -dire qu'il faut distinguer, dans certains cas, entre une « rĂ©alitĂ© de fait » et une « rĂ©alitĂ© d’apparence » : que la terre soit ronde et qu’elle tourne autour du soleil, c’est un fait, mais qu’elle soit plate et que le soleil voyage d'un horizon Ă  l’autre, n’en est pas moins, dans l’intention divine, une rĂ©alitĂ© pour nous ; sans quoi l’expĂ©rience de l’homme — crĂ©ature centrale et partant « omnisciente » — ne se bornerait pas, a priori et « naturellement », Ă  ces constatations physiquement illusoires mais symboliquement pleines de sens. Encore que l’illusion physique soit relative, Ă  un certain point de vue, car la terre, pour l’homme, est incontestablement faite de rĂ©gions plates dont seulement la somme — imperceptible aux crĂ©atures terrestres — constitue une sphĂšre ; si bien qu’on devrait dire que la terre est plate et ronde Ă  la fois. Quant au symbolisme traditionnel, il implique une portĂ©e morale, ce qui nous permet de conclure que l’homme n’a droit, en principe et a priori, qu’à une connaissance qu’il supporte, c’est-Ă -dire qu’il est capable d’assimiler ; donc d’intĂ©grer dans la connaissance totale et spirituelle qu’il est censĂ© possĂ©der en sa qualitĂ© d’homo sapiens (19)". 19. Incontestablement, la science moderne regorge de connaissances, mais la preuve est faite que l’homme ne les supporte pas, ni intellectuellement ni moralement. Ce n’est pas pour rien que les Écritures sacrĂ©es sont volontiers aussi naĂŻves que possible, ce qui excite sans doute la moquerie des sceptiques mais n’empĂȘche ni les simples ni les sages de dormir tranquilles.
”
”
Frithjof Schuon (To Have a Center (Library of Traditional Wisdom))
“
Je n'ai jamais vu le Sheikh Ahmed, qui Ă©tait encore trĂšs peu connu Ă  l'Ă©poque dĂ©jĂ  lointaine oĂč j'Ă©tais en AlgĂ©rie [Ă  SĂ©tif, durant l'annĂ©e scolaire 1917-1918], et d'ailleurs je n'ai pas eu l'occasion d'aller dans la province d'Oran; c'est seulement beaucoup plus tard que je suis entrĂ© en correspondance avec Mostaganem par l'entremise de Taillard. Quant au 1er voyage de Sh.[eikh] A.[ĂŻssa] [F. Schuon], voici ce qu'il en est exactement : quand il m'a annoncĂ© qu'il partait pour l'AlgĂ©rie, sa lettre m'est arrivĂ©e trop tard pour qu'une rĂ©ponse puisse encore lui parvenir avant la date de son dĂ©part, de sorte que je n'ai pas pu lui donner alors une indication quelconque; tout ce que j'ai pu faire et ce que j'ai fait Ă©tait d'invoquer pour lui la barakah de Sidi Abul-Hassan [ash-ShĂądhilĂź], en demandant qu'il soit conduit auprĂšs du Sheikh Ahmed, et c'est ce qui est arrivĂ© en effet, Ă  la suite d'un ensemble de circonstances assez singuliĂšres comme vous le savez; je dois dire que lui-mĂȘme n'a jamais rien su de cela, car j'ai trouvĂ© inutile de lui en parler. Pour ce qui est de la suite, c'est lui qui me l'a racontĂ© la 1re fois qu'il est venu ici: Ă  son arrivĂ©e, il n'a pas pu voir le Sheikh Ahmed qui Ă©tait souffrant, et ceux qui l'ont reçu lui ont dĂ©clarĂ© que, ne le connaissant pas, ils ne pouvaient pas l'admettre Ă  sĂ©journer Ă  la zawĂźyah; au cours de la conversation, il lui est arrivĂ© de prononcer mon nom, je ne sais Ă  quel propos, et l'attitude Ă  son Ă©gard a changĂ© aussitĂŽt : on lui a dit alors qu'on venait justement de recevoir une lettre de moi le jour mĂȘme, et, bien que naturellement il n'y ait eu dans cette lettre rien le concernant, cette coĂŻncidence a Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©e comme un signe favorable, de sorte qu'on l'a autorisĂ© Ă  rester. Quelques jours plus tard, il m'a Ă©crit pour me faire savoir oĂč il Ă©tait, mais il ne savait pas encore de quoi il s'agissait en rĂ©alitĂ© ni ce que c'Ă©tait que la tarĂźqah; c'est en lui rĂ©pondant que je lui ai donnĂ© des explications qui l'ont dĂ©terminĂ© Ă  demander son rattachement; il ne s'agit donc pas d'une lettre qui lui aurait Ă©tĂ© renvoyĂ©e de France comme vous l'avez entendu dire, puisque je n'avais pas pu lui Ă©crire avant son dĂ©part. Vous voyez par tout cela que je pourrais bien dire, sans exagĂ©ration, que sans moi il n'y aurait jamais eu de Sh. A. ! - Je vous disais la derniĂšre fois qu'il n'y avait aucune diffĂ©rence entre son cas et celui des autres moqaddem qui ont cessĂ© d'entretenir des relations avec Mostaganem; il y en a cependant une qui, en un certain sens, serait Ă  son dĂ©savantage : c'est que les autres avaient Ă©tĂ© nommĂ©s par le Sheikh Ahmed, tandis que lui ne l'a Ă©tĂ© qu'aprĂšs sa mort et par le Sheikh Adda. 16 septembre 1950 [Cahiers de l'UnitĂ© n°13, Stanislas Ibranoff, RenĂ© GuĂ©non et la tradition hindoue par Renaud Fabbri]
”
”
René Guénon
“
De tous les bords, tous les journaux (il en est dans toutes les langues et tous les formats) l'annoncent d'un mĂȘme coeur au monde : l'amour universel, les voies ferrĂ©es, le commerce, la vapeur, l'imprimerie, le cholĂ©ra, embrasseront ensemble tous les pays et les climats [...] Certes, la terre ne se se nourrira pas pour autant de glands, si la faim ne l'y force ; elle ne dĂ©posera pas le dur soc ; souvent elle mĂ©prisera l'or et l'argent pour se contenter de billets. La gĂ©nĂ©reuse race ne se privera pas non plus du sang bien-aimĂ© de ses frĂšres - et mĂȘme elle couvrira de cadavres l'Europe et l'autre rive de l'Atlantique, jeune mĂšre d'une pure civilisation, chaque fois qu'une fatale raison de poivre, de cannelle, de canne Ă  sucre ou de quelque autre Ă©pice, ou toute autre raison qui tourne Ă  l'or, poussera dans des camps contraires la fraternelle engeance. Sous tout rĂ©gime, la vraie valeur, la modestie et la foi, l'amour de la justice seront toujours Ă©trangers, exclus des relations civiles, et sans cesse malheureux, accablĂ©s et vaincus, car la nature a voulu qu'ils restassent cachĂ©s. L'impudence, la fraude et la mĂ©diocritĂ© triompheront toujours, destinĂ©s par nature Ă  surnager. Quiconque a la force et le pouvoir, qu'il les cumule ou ls partage, il en abusera, sous quelque nom que ce soit. (Palinodia, palinodie)
”
”
Giacomo Leopardi (Canti)
“
L’intĂ©rĂȘt de l’enfant ne se mesurait pas en termes purement financiers, et ne se rĂ©sumait pas au confort matĂ©riel. Elle l’envisagerait donc d’un point de vue le plus large possible. L’intĂ©rĂȘt de l’enfant, son bonheur, son bien-ĂȘtre devaient se conformer au concept philosophique de la vie bonne. Elle Ă©numĂ©rait quelques ingrĂ©dients pertinents, quelques buts vers lesquels l’enfant pouvait tendre en grandissant. L’indĂ©pendance intellectuelle et financiĂšre, l’intĂ©gritĂ©, la compassion et l’altruisme, un travail gratifiant par le degrĂ© d’implication requis, un vaste rĂ©seau d’amitiĂ©s, l’obtention de l’estime d’autrui, les efforts pour donner un sens Ă  son existence, et la prĂ©sence au centre de celle-ci d’une relation significative, ou d’un petit nombre d’entre elles, reposant avant tout sur l’amour.
”
”
L’intĂ©rĂȘt de l’enfant, Ian Mc Ewan
“
Face Ă  des Ă©volutions aussi spectaculaires, les discours de justification de l’inĂ©galitĂ© patrimoniale extrĂȘme oscillent souvent entre plusieurs attitudes, et prennent parfois des formes Ă©tonnantes. Dans les pays occidentaux, une distinction trĂšs forte est souvent faite entre d’une part les « oligarques » russes, les pĂ©tro- milliardaires moyen-orientaux et autres milliardaires chinois, mexicains, guinĂ©ens, indiens ou indonĂ©siens, dont on considĂšre souvent qu’ils ne « mĂ©ritent » pas vĂ©ritablement leur fortune, car elle aurait Ă©tĂ© obtenue par l’entremise de relations avec les pouvoirs Ă©tatiques (par exemple par l’appropriation indue de ressources naturelles ou de diverses licences) et ne serait guĂšre utile pour la croissance ; et d’autre part les « entrepreneurs » europĂ©ens et Ă©tatsuniens, californiens de prĂ©fĂ©rence, dont il est de bon ton de chanter les louanges et les contributions infinies au bien-ĂȘtre mondial, et de penser qu’ils devraient ĂȘtre encore plus riches si la planĂšte savait les rĂ©compenser comme ils le mĂ©ritent. Peut-ĂȘtre mĂȘme devrait-on Ă©tendre notre dette morale considĂ©rable Ă  leur Ă©gard en une dette financiĂšre sonnante et trĂ©buchante, ou bien en leur cĂ©dant nos droits de vote, ce qui d’ailleurs n’est pas loin d’ĂȘtre dĂ©jĂ  le cas dans plusieurs pays. Un tel rĂ©gime de justification des inĂ©galitĂ©s, qui se veut Ă  la fois hypermĂ©ritocratique et occidentalo-centrĂ©, illustre bien le besoin irrĂ©pressible des sociĂ©tĂ©s humaines de donner du sens Ă  leurs inĂ©galitĂ©s, parfois au-delĂ  du raisonnable. De fait, ce discours de quasi-bĂ©atification de la fortune n’est pas exempt de contradictions, pour certaines abyssales. Est-on bien sĂ»r que Bill Gates et les autres techno-milliardaires auraient pu dĂ©velopper leurs affaires sans les centaines de milliards d’argent public investies dans la formation et la recherche fondamentale depuis des dĂ©cennies, et pense-t-on vraiment que leur pouvoir de quasi-monopole commercial et de brevetage privĂ© de connaissances publiques aurait pu prospĂ©rer autrement qu’avec le soutien actif du systĂšme lĂ©gal et fiscal en vigueur ?
”
”
Thomas Piketty (Capital and Ideology)
“
Mais cette approche centrĂ©e sur les idĂ©ologies, les institutions et al diversitĂ© des trajectoires possibles se diffĂ©rencie Ă©galement de certaines doctrines parfois qualifiĂ©es de <>, selon lesquelles l'Ă©tat des forces Ă©conomiques et des rapports de production dĂ©terminerait presque mĂ©caniquement la <> idĂ©ologique d'une sociĂ©tĂ©. J'insiste au contraire sur le fait qu'il existe une vĂ©ritable autonomie de la sphĂšre des idĂ©es, c'est-Ă -dire de la sphĂšre idĂ©ologico-politique. Pour un mĂȘme Ă©tat de dĂ©veloppement de l'Ă©conomie et des forces productives (dans la mesure oĂč ces mots ont un sens, ce qui n'est pas certain), il existe toujours une multiplicitĂ© de rĂ©gimes idĂ©ologiques, politiques et inĂ©galitaires possibles. Par exemple, la thĂ©orie du passage mĂ©canique du <> au <> Ă  la suite de la rĂ©volution industrielle ne permet pas de rendre compte de la complexitĂ© et de la diversitĂ© des trajectoires historiques et politico-idĂ©ologiques observĂ©es dans les diffĂ©rents pays et rĂ©gions du monde, en particulier entre rĂ©gions colonisatrices et colonisĂ©es, comme d'ailleurs au sein de chaque ensemble, et surtout ne permet pas de tirer les leçons les plus utiles pour les Ă©tapes suivantes. En reprenant le fil de cette histoire, on constate qu'il a toujours existĂ© et qu'il existera toujours des alternatives. À tous les niveaux de dĂ©veloppement, il existe de multiple façons de structurer un systĂšme Ă©conomique, social et politique, de dĂ©finir les relations de propriĂ©tĂ©, d'organiser un rĂ©gime fiscal ou Ă©ducatif, de traiter un problĂšme de dette publique ou privĂ©e, de rĂ©guler les relations entre les diffĂ©rentes communautĂ©s humaines, et ainsi de suite. Il existe toujours plusieurs voies possibles permettant d'organiser une sociĂ©tĂ© et les rapports de pouvoir et de propriĂ©tĂ© en son sien, et ces diffĂ©rences ne portent pas que sur des dĂ©tails, tant s'en faut. En particulier, il existe plusieurs façons d'organiser les rapports de propriĂ©tĂ© au XXIe siĂšcle, et certaines peuvent constituer un dĂ©passement du capitalisme bien plus rĂ©el que la voie consistant Ă  promettre sa destruction sans se soucier de ce qui suivra.
”
”
Thomas Piketty (Capital and Ideology)
“
Parmi les européens reçus par le cheikh Allawi, certains lui parlÚrent de la philosophie de Bergson. Et ayant remarqué que le Maßtre prenait, en ces occasion, divers énoncés bergsoniens comme point de départ pour le développement de considérations métaphysiques, les visiteurs estimÚrent que ce "mystique" musulman n'était pas trÚs éloigné des vues de l'auteur européen. Malentendu en quelque sorte classique ; en effet, quand on cite à un oriental d'élite des fragments d'une philosophie quelconque, il est aussitÎt porté à voir là, non pas un "systÚme close" de raisonnement, mais simplement des allusions relatives à une vérité transcendante ; comblant alors les lacunes qu'il croit devoir attribuer uniquement à l'exposé maladroit de son interlocuteur, il transpose immédiatement les conceptions philosophiques sur un plan supérieur et entiÚrement étranger aux intentions de leur auteur. De tels malentendus se produisent d'autant plus facilement que l'interlocuteur européen, traduisant des conceptions modernes et occidentales dans une langue orientale - qui est toujours incomparablement moins étroitement déterminée qu'une langue de l'Occident - fait, dÚs le départ, de fausse assimilations. (Le Prototype unique)
”
”
Titus Burckhardt
“
Men are shit. She has known this since Percy, who took her virginity on the sand dunes at Santa Cruz but never called her back for a third date. Since Jean-Claude, who let her fly from the country she loved and back to the one she hated, without ever thinking to follow. Since Lenny Lynden, who accepted Terra as her replacement as easily as pancakes instead of French toast. For as long as she has been a woman, Evelyn has understood the fundamental indifference of men.
”
”
Laura Elizabeth Woollett (Beautiful Revolutionary)