D Pennac Quotes

We've searched our database for all the quotes and captions related to D Pennac. Here they are! All 72 of them:

Le temps de lire, comme le temps d'aimer, dilate le temps de vivre
Daniel Pennac
L'homme construit des maisons parce qu'il est vivant, mais il écrit des livres parce qu'il se sait mortel. Il habite en bande parce qu'il est grégaire, mais il lit parce qu'il se sait seul. Cette lecture lui est une compagnie qui ne prend la place d'aucune autre, mais qu'aucune autre compagnie ne saurait remplacer.
Daniel Pennac (Comme un roman)
Aimer c’est, finalement, faire don de nos préférences à ceux que nous préférons. Et ces partages peuplent l’invisible citadelle de notre liberté. Nous sommes habités de livres et d’amis.
Daniel Pennac (Comme un roman)
Statisticamente tutto si spiega, personalmente tutto si complica.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
... dove trovare il tempo per leggere? grave problema. che non esiste. nel momento in cui mi pongo il problema del tempo per leggere, vuol dire che quel che manca è la voglia. poiché, a ben vedere, nessuno ha mai tempo per leggere. né i piccoli, né gli adolescenti, né i grandi. la vita è un perenne ostacolo alla lettura. "leggere? vorrei tanto, ma il lavoro, i bambini, la casa, non ho più tempo..." "come la invidio, lei, che ha tempo per leggere!" e perché questa donna, che lavora, fa la spesa, si occupa dei bambini, guida la macchina, ama tre uomini, frequenta il dentista, trasloca la settimana prossima, trova il tempo per leggere, e quel casto scapolo che vive di rendita, no? il tempo per leggere è sempre tempo rubato. (come il tempo per scrivere, d'altronde, o il tempo per amare.) rubato a cosa? diciamo, al dovere di vivere. [...] il tempo per leggere, come il tempo per amare, dilata il tempo per vivere.
Daniel Pennac
Le temps de lire est toujours du temps volé. (Tout comme le temps d'écrire, d'ailleurs, ou le temps d'aimer)
Daniel Pennac (Comme un roman)
Toutes les juives ne sont pas mères, mais toutes les mères sont juives.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Since the dawn of education, the student considered as normal has been the student who puts up the least resistance to teaching, the one who doesn't call our knowledge into question or put our competency to the test, a student who already knows a lot, who is gifted with instant comprehension, who spares us searching for the access roads to his grey matter, a student with a natural urge to learn, who can stop being a kid in turmoil or a teenager with problems during our lessons, a student convinced from the cradle that he has to curb his appetites and emotions by exercising his reason if he doesn't want to live in a jungle filled with predators, a student confident that the intellectual life is a source of infinite pleasures that can be refined to the extreme when most other pleasures are doomed to monotonous repetition - in short, a student who has understod that knowledge is the only answer: the answer to the slavery in which ignorance wants to keep us, the sole consolation for our ontological loneliness.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Vuoi che ti dica una cosa? Più lo si analizza, corpo moderno, più lo si esibisce, meno esso esiste. Annullato, in misura inversamente proporzionale alla sua esposizione.
Daniel Pennac (Journal d'un corps)
Dans ce monde, il faut être un peu trop bon pour l’être assez.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Il y a ceux qui n'ont jamais lu et qui s'en font une honte, ceux qui n'ont plus le temps de lire et qui en cultivent le regret, il y a ceux qui ne lisent pas de romans, mais des livres *utiles*, mais des essais, mais des ouvrages techniques, mais des biographies, mais des livres d'histoire, il y a ceux qui lisent tout et n'importe quoi, ceux qui "dévorent" et dont les yeux brillent, il y a ceux qui ne lisent que les classiques, monsieur, "car il n'est meilleur critique que le tamis du temps", ceux qui passent leur maturité à "relire", et ceux qui ont lu le dernier untel et le dernier tel autre, car il faut bien, monsieur, se tenir au courant... Mais tous, tous, au nom de la nécessité de lire. Le dogme. (p. 78-79)
Daniel Pennac (Comme un roman)
Il y a donc de "bons" et de "mauvais" romans. Le plus souvent, ce sont les seconds que nous trouvons d'abord sur notre route. Et ma foi, quand ce fut mon tour d'y passer, j'ai le souvenir d'avoir trouvé ça "vachement bien". J'ai eu beaucoup de chance : on ne s'est pas moqué de moi, on n'a pas levé les yeux au ciel, on ne m'a pas traité de crétin. On a juste laissé traîner sur mon passage quelques "bons" romans en se gardant bien de m'interdire les autres. C'était la sagesse. (p. 182)
Daniel Pennac (Comme un roman)
Il sapere è innanzitutto carnale. Le nostre orecchie e i nostri occhi lo captano, la nostra bocca lo trasmette. Certo, ci viene dai libri, ma i libri escono da noi. Fa rumore, un pensiero, e il piacere di leggere è un retaggio del bisogno di dire.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
În orice caz, da, frica a fost pur și simplu problema mare a perioadei mele de școlaritate: zăvorul ei. De aceea, urgența mea, când am devenit profesor, a fost să îngrijesc frica celor mai slabi dintre elevii mei pentru a ace zăvorul să se deschidă, pentru ca informația să aibă șansa să circule
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Le temps de lire, comme le temps d'aimer, dilate le temps de vivre.
Daniel Pennac
Vous ne vous rendez pas compte, monsieur, j’ai douze ans et demi, et je n’ai rien fait.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
C'est exaltant, comme d'ouvrir une cage, et c'est déprimant, comme de tirer sur le fil d'un vieux chandail.
Daniel Pennac (La fata carabina)
Réduits a nous-mêmes, nous nous réduisons à rien.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
D'inverno per vestirmi mi ci vuole il tempo di un cavaliere con l'armatura. Ogni parte del corpo esige la congruenza del tessuto protettore: i piedi sono esigenti riguardo alla lana dei calzini; il busto vuole la tripla protezione della canottiera, della camicia e del pullover. D'inverno vestirmi significa trovare l'equilibrio fra la temperatura interna e quella dei vari fuori: fuori dal letto, fuori dalla camera, fuori di casa... Devo essere immerso nel giusto calore originario; nulla di più sgradevole e di più disdicevole che aver troppo caldo d'inverno.
Daniel Pennac (Journal d'un corps)
In effetti stamattina ho proprio versato tutte le lacrime che avevo in corpo. Sarebbe più giusto dire che il corpo ha versato tutte le lacrime accumulate dalla mente nel corso di quest’inverosimile carneficina. La quantità di sé che viene eliminata con le lacrime! Piangendo si fa molta più acqua che pisciando, ci si pulisce infinitamente meglio che tuffandosi nel lago più puro, si posa il fardello dello spirito sul marciapiede del binario d’arrivo. Una volta che l’anima si è liquefatta, si può celebrare il ricongiungimento con il corpo. Stanotte il mio dormirà bene. Ho pianto di sollievo, credo. [...] Onore alle lacrime!
Daniel Pennac (Journal d'un corps)
Sapevamo che se la comprensione del testo è una dura e solitaria conquista della mente, la frase scema stabilisce invece una connivenza riposante che può esistere solo tra amici intimi. Soltanto con gli amici più stretti ci raccontiamo le storielle più stupide, come per rendere un implicito omaggio alla loro raffinatezza intellettuale. Con gli altri facciamo i brillanti, sfoggiamo il nostro sapere, ce la tiriamo, seduciamo.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Ah! je voulais te dire aussi, n'aie pas peur de leur sabir. Le sabir du pauvre d'aujourd'hui, c'est l'argot du pauvre d'hier, ni plus ni moins. Depuis toujours le pauvre parle argot. Sais-tu pourquoi? Pour faire croire au riche qu'il a quelque chose à lui cacher. Il n'a rien à cacher, bien sûr, il est beaucoup trop pauvre, rien que des petits trafics par-ci par-là, des broutilles, mais il tient à faire croire que c'est un monde entier qu'il cache, un univers qui nous serait interdit, et si vaste qu'il aurait besoin de toute une langue pour l'exprimer. Mais il n'y a pas de monde, bien sûr, et pas de langue. Rien qu'un petit lexique de connivence, histoire de se tenir chaud, de camoufler le désespoir.
Daniel Pennac
Lo sa qual è l'unico modo per far ridere il buon Dio?". Esitazione all'altro capo del filo. "Raccontargli i propri progetti." In altre parole, niente panico, non c'è nulla che vada come previsto, è l'unica cosa che ci insegna il futuro quando diventa passato.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Il mal di grammatica si cura con la grammatica, gli errori di ortografia con l’esercizio dell’ortografia, la paura di leggere con la lettura, quella di non capire con l’immersione nel testo, e l’abitudine a non riflettere con il pacato sostegno di una ragione strettamente limitata all’oggetto che ci riguarda, qui e ora, in questa classe, durante quest’ora di lezione, fintanto che ci siamo.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
... tu sais le pauvre parle fort, c'est une de ses caractéristiques, un invariant historique et géographique, il parle fort depuis toujours et dans le monde entier, il parle d'autant plus fort qu'il est entouré de pauvres, le pauvre, et qui parlent fort eux aussi, pour se faire entendre, comprends-tu? Le pauvre a la cloison mince. Et il jure beaucoup, c'est vrai, mais sans penser à mal, rassure-toi...
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Il faudrait inventer un temps particulier pour l'apprentissage. Le "présent d'incarnation", par exemple. Je suis ici, dans cette classe, et je comprends, enfin ! Ça y est ! Mon cerveau diffuse dans mon corps : ça "s'incarne". Quand ce n'est pas le cas, quand je n'y comprends rien, je me délite sur place, je me désintègre dans ce temps qui ne passe pas, je tombe en poussière et le moindre souffle m'éparpille. Seulement, pour que la connaissance ait une chance de s'incarner dans le présent d'un cours, il faut cesser d'y brandir le passé comme une honte et l'avenir comme un châtiment. (p. 70)
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
[...] e io sfrego, con il guanto, con il sapone, ogni volta stupito dalla densità di quei piccoli corpi, come se maneggiassi energia allo stato puro, tutta l’energia di due esistenze a venire fantasticamente racchiusa in quella carne infantile così compatta, sotto quella pelle così delicata. Non saranno mai più così densi, né i lineamenti dei visi saranno mai più così netti, né così bianco il bianco dei loro occhi, né le orecchie così perfettamente disegnate, né così compatta la grana della pelle. L’uomo nasce nell’iperrealismo per dilatarsi pian piano fino a un puntinismo alquanto approssimativo per poi disperdersi in una polvere di astrattismo.
Daniel Pennac (Journal d'un corps)
En honorant l'école à l'excès, c'est toi [l'élève excellent] que tu flattes en douce, tu te poses plus ou moins consciemment en élève idéal. Ce faisant, tu masques les innombrables paramètres qui nous font tellement inégaux dans l'acquisition du savoir : circonstances, entourage, pathologies, tempérament… Ah ! l'énigme du tempérament ! « Je dois tout à l'école de la République ! » Serait-ce que tu voudrais faire passer tes aptitudes pour des vertus ? (Les unes et les autres n'étant d'ailleurs pas incompatibles…) Réduire ta réussite à une question de volonté, de ténacité, de sacrifice, c'est ça que tu veux ? Il est vrai que tu fus un élève travailleur et persévérant, et que le mérite t'en revient, mais c'est, aussi, pour avoir joui très tôt de ton aptitude à comprendre, éprouvé dès tes premières conforntations au travail scolaire la joie immense d'avoir compris, et que l'effort portait en lui-même la promesse de cette joie ! À l'heure où je m'asseyais à ma table écrasé par la conviction de mon idiotie, tu t'installais à la tienne vibrant d'impatience, impatience de passer à autre chose aussi, car ce problème de math sur lequel je m'endormais tu l'expédiais, toi, en un tournemain. Nos devoirs, qui étaient les tremplins de ton esprit, étaient les sables mouvants où s'enlisait le mien. Ils te laissaient libre comme l'air, avec la satisfaction du devoir accompli, et moi hébété d'ignorance, maquillant un vague brouillon en copie définitive, à grand renfort de traits soigneusement tirés qui ne trompaient personne. À l'arrivée, tu étais le travailleur, j'étais le paresseux. C'était donc ça, la paresse ? Cet enlisement en soi-même ? Et le travail, qu'était-ce donc ? Comment s'y prenaient-ils, ceux qui travaillaient bien ? Où puisaient-ils cette force ? Ce fut l'énigme de mon enfance. L'effort, où je m'anéantissais, te fut d'entrée de jeu un gage d'épanouissement. Nous ignorions toi et moi qu'« il faut réussir pour comprendre », selon le mot si clair de Piaget, et que nous étions, toi comme moi, la vivante illustration de cet axiome. (p. 271-272)
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Il tempo per leggere è sempre tempo rubato. (Come il tempo per scrivere, d'altronde, o il tempo per amare.) Rubato a cosa? Diciamo, al dovere di vivere. E forse questa la ragione per cui la metropolitana - assennato simbolo del suddetto dovere - finisce per essere la più grande biblioteca del mondo. Il tempo per leggere, come il tempo per amare, dilata il tempo per vivere. Se dovessimo considerare l'amore tenendo conto dei nostri impegni, chi ci si arrischierebbe? Chi ha tempo di essere innamorato? Eppure, si è mai visto un innamorato non avere tempo per amare?
Daniel Pennac (Comme un roman)
La lettura non ha niente a che fare con l'organizzazione del tempo sociale. La lettura è, come l'amore, un modo di essere. La questione non è di sapere se ho o non ho tempo per leggere (tempo che nessuno, d'altronde, mi darà), ma se mi concedo o no la gioia di essere lettore.
Daniel Pennac (Comme un roman)
L’infamia che copre questa apoteosi della sensazione sta nella bruttezza delle parole che si usano per parlarne. “Farsi una sega” suona nevrotico, “menarselo” è idiota, “accarezzarsi” fa tanto cagnolino, “masturbarsi” è disgustoso (c’è qualcosa di spugnoso in questo verbo, anche in latino), “toccarsi” non vuol dire niente. “Ti sei toccato?” domanda il confessore. Certo! Altrimenti come faccio a lavarmi? Ne ho discusso a lungo con Etienne e i compagni. Credo di aver trovato l’espressione giusta: prendersi in mano. D’ora in avanti, quando un adulto mi raccomanderà di prendere in mano la mia vita, potrò prometterglielo senza correre il rischio di mentirgli.
Daniel Pennac (Le Dictateur et le hamac)
Il tempo per leggere, come il tempo per amare, dilata il tempo per vivere
Daniel Pennac
Le temps de lire, comme le temps d'aimer, dilate le temps de vivre. Si on devait envisager l'amour du point de vue de notre emploi du temps, qui s'y risquerait ? Qui a le temps d'être amoureux ? A-t-on jamais vu pourtant un amoureux ne pas prendre le temps d'aimer ? Je n'ai jamais eu le temps de lire, mais rien, jamais, n'a pu m'empêcher de finir un roman que j'aimais".
Daniel Pennac (Comme un roman)
Qui étaient-ils, mes élèves ? Pour un certain nombre d'entre eux le genre d'élève que j'avais été à leur âge et qu'on trouve un peu partout dans les boîtes où échouent les garçons et les filles éliminés par les lycées honorables. Beaucoup redoublaient et se tenaient en piètre estime. D'autres se sentaient simplement à côté, hors du "système". Certains avaient perdu jusqu'au vertige le sens de l'effort, de la durée, de la contrainte, bref du travail ; ils laissaient tout bonnement aller la vie, s'adonnant, à partir des années quatre-vingt, à une consommation effrénée, ne sachant point user d'eux-mêmes et ne mettant leur être que dans ce qui était étranger à eux (la réflexion de Rousseau, transposée au plan matériel, ne les avait pas laissés indifférents). (p. 166)
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Pour qu'ils aient une chance d'y arriver, il fallait leur réapprendre la notion même d'effort, par conséquent leur redonner le goût de la solitude et du silence, et surtout la maîtrise du temps, donc de l'ennui. Il m'est arrivé de leur conseiller des exercices d'ennui, oui, pour les installer dans la durée. Je les priais de ne rien faire : ne pas se distraire, ne rien consommer, pas même de la conversation, ne pas travailler non plus, bref, ne rien faire, rien de rien. (p. 169-170)
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Ces professeurs, rencontrés dans les dernières années de ma scolarité, me changèrent beaucoup de tous ceux qui réduisaient leurs élèves à une masse commune et sans consistance, « cette classe », dont ils ne parlaient qu'au superlatif d'infériorité. Aux yeux de ceux-là nous étions toujours lap lus mauvaise quatrième, troisième, seconde, première ou terminale de leur carrière, ils n'avaient jamais eu de classe mois… si… On eût dit qu'ils s'adressaient d'année en année à un public de moins en moins digne de leur enseignement. Ils s'en plaignaient à la direction, aux conseils de classes, aux réunions de parents. Leurs jérémiades éveillaient en nous une férocité particulière, quelque chose comme la rage que mettrait le naufragé à entraîner dans sa noyade le capitaine pleutre qui a laissé le bateau s'empaler sur le récif. (Oui, enfin, c'est une image… Disons qu'ils étaient surtout nos coupables idéaux comme nous étions les leurs ; leur dépression routinière entretenait chez nous une méchanceté de confort.) (p. 262-263)
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
les profs ne sont pas préparés à la collision entre le savoir et l'ignorance, voilà tout ! (p. 290)
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Je repense souvent à ma rencontre avec Maximilien. Drôle d'expérience pour lui comme pour moi. En l'espace d'une seconde j'ai frémi devant le voyou et récupéré mes billes devant l'élève. Lui a kiffé en intimidant le bouffon puis blêmi devant la statue de Victor Hugo (rue Lesage, à Belleville, parmi les gosses que j'ai vus grandir, certains m'appelaient en blaguant m'sieur Hugo). (p. 216)
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Ce sont des gosses en échec scolaire, m'explique-t-il, la mère est seule le plus souvent, certains ont déjà eu des ennuis avec la police, ils ne veulent pas entendre parler des adultes, ils se retrouvent dans des classes relais, quelque chose comme tes classes aménagées des années soixante-dix, je suppose. Je prends les caïds, les petits chefs de quinze ou seize ans, je les isole provisoirement du groupe, parce que c'est le groupe qui les tue, toujours, il les empêche des e constituer, je leur colle une caméra dans les mains et je leur confie un de leurs potes à interviewer, un gars qu'ils choisissent eux-mêmes. Ils font l'interview seuls dans un coin, loin des regards, ils reviennent, et nous visionnons le film tous ensemble, avec le groupe, cette fois. Ça ne rate jamais : l'interviewé joue la comédie habituelle devant l'objectif, et celui qui filme entre dans son jeu. Ils font les mariolles, ils en rajoutent sur leur accent, ils roulent des mécaniques dans leur vocabulaire de quatre sous en gueulant le plus fort possible, comme moi quand j'étais môme, ils en font des caisses, comme s'ils s'adressaient au groupe, comme si le seul spectateur possible, c'était le groupe, et pendant la projection leurs copains se marrent. Je projette le film une deuxième, une troisième, une quatrième fois. Les rires s'espacent, deviennent moins assurés. L'intervieweur et l'interviewé sentent monter quelque chose de bizarre, qu'ils n'arrivent pas à identifier. À la cinquième ou à la sixième projection, une vraie gêne s'installe entre leur public et eux. À la septième ou à la huitième (je t'assure, il m'est arrivé de projeter neuf fois le même film !), ils ont tous compris, sans que je le leur explique, que ce qui remonte à la surface de ce film, c'est la frime, le ridicule, le faux, leur comédie ordinaire, leurs mimiques de groupe, toutes leurs échappatoires habituelles, et que ça n'a pas d'intérêt, zéro, aucune réalité. Quand ils ont atteint ce stade de lucidité, j'arrête les projections et je les renvoie avec la caméra refaire l'interview, sans explication supplémentaire. Cette fois on obtient quelque chose de plus sérieux, qui a un rapport avec leur vie réelle ; ils se présentent, ils disent leur nom, leur prénom, ils parlent de leur famille, de leur situation scolaire, il y ades silences, ils cherchent leurs mots, on les voit réfléchir, celui qui répond autant que celui qui questionne, et, petit à petit, on voit apparaître l'adolescence chez ces adolescents, ils cessent d'être des jeunes quis 'amusent à faire peur, ils redeviennent des garçons et des filles ed leur âge, quinze ans, seize ans, leur adolescence traverse leur apparence, elle s'impose, leurs vêtements, leurs casquettes redeviennent des accessoires, leur gestuelle s'atténue, instinctivement celui qui filme resserre le cadre, il zoome, c'est leur visage qui compte maintenant, on dirait que l'interviewer écoute le visage de l'autre, et sur ce visage, ce qui apparaît, c'est l'effort de comprendre, comme s'ils s'envisageaient pour la première fois tels qu'ils sont : lis font connaissance avec la complexité. (p. 236-237)
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Ils [ces professeurs habités par la passion communicative de leur matière] accompagnaient nos efforts pas à pas, se réjouissaient de nos progrès, ne s'impatientaient pas de nos lenteurs, ne considéraient jamais nos échecs comme une injure personnelle et se montraient avec nous d'une exigence d'autant plus rigoureuse qu'elle était fondée sur al qualité, la constance et la générosité de leur propre travail. (p. 259)
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Ce n'était pas seulement leur savoir que ces professeurs partageaient avec nous, c'était le désir même du savoir ! (p. 262)
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Aussi loin que je me souvienne, quand les jeunes professeurs sont découragés par une classe, ils se plaignent de n'avoir pas été formés pour ça. Le « ça » d'aujourd'hui, parfaitement réel, recouvre des domaines aussi variés que la mauvaise éducation des enfants par la famille défaillante, les dégâts culturels liés au chômage et à l'exclusion, la perte des valeurs civiques qui s'ensuit, la violence dans certains établissements, les disparités linguistiques, le retour du religieux, mais aussi la télévision, les jeux électroniques, bref tout ce qui nourrit plus ou moins le diagnostic social que nous servent chaque matin nos premiers bulletins d'information. (p. 266)
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
L'idée qu'on puisse enseigner sans difficulté tient à une représentation éthérée de l'élève. La sagesse pédagogique devrait nous représente le cancre comme l'élève le plus normal qui soit : celui qui justifie pleinement la fonction de professeur puisque nous avons tout à lui apprendre, à commencer par la nécessité même d'apprendre ! Or, il n'en est rien. Depuis la nuit des temps scolaires l'élève considéré comme normal est l'élève qui oppose le moins de résistance à l'enseignement, celui qui ne douterait pas de notre savoir et ne mettrait pas notre compétence à l'épreuve, un élève acquis d'avance, doué d'une compréhension immédiate, qui nous épargnerait la recherche des voies d'accès à sa comprenette, un élève naturellement habité par la nécessité d'apprendre, qui cesserait d'être un gosse turbulent ou un adolescent à problèmes pendant notre heure de cours, un élève convainc dès le berceau qu'il faut juguler ses appétits et ses émotions par l'exercice de sa raison si on ne veut pas vivre dans une jungle de prédateurs, un élève assuré que la vie intellectuelle est une source de plaisirs qu'on peut varier à l'infini, raffiner à l'extrême, quand la plupart de nos autres plaisirs sont voués à la monotonie de la répétition ou à l'usure du corps, bref un élève qui aurait compris que le savoir est la seule solution : solution à l'esclavage où nous maintiendrait l'ignorance et consolation unique à notre ontologique solitude. (p. 268-269)
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Non sapevo, leggendoli, che mi istruivo, che quei libri avrebbero risvegliato in me una fame che sarebbe sopravvissuta persino al loro oblio.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
La lecture, acte de communication? Encore une blague de commentateurs! Ce que nous lisons, nous taisons. Le plaisir du livre lu, nous le gardons le plus souvent au secret de notre jalousie. Soit parce que nous n'y voyons pas matière a discours, soit parce que, avant d'en pouvoir dire un mot, il nous faut laisser le temps faire son délicieux travail de distillation. Ce silence-la est le garant de notre intimité. Le livre est lu mais nous y sommes encore. Sa seule évocation ouvre un refuge a nos refus.
Daniel Pennac (Comme un roman)
La quantità di sé che viene eliminata con le lacrime! Piangendo si fa molta più acqua che pisciando, ci si pulisce infinitamente meglio che tuffandosi nel lago più puro, si posa il fardello dello spirito sul marciapiede del binario d’arrivo. Una volta che l’anima si è liquefatta, si può celebrare il ricongiungimento con il corpo. Stanotte il mio dormirà bene.
Daniel Pennac (Storia di un corpo)
Il y a bien eu un sursaut, au début du millénaire, avec la littérature policière. La vraie, celle qui tentait de recréer une mythologie de notre époque, les livres de Jean-Claude Izzo et les valeurs de vivre à Marseille, de Leonardo Padura et les soubresauts de l’histoire à travers les rues de La Havane, les romans absolument postmodernes et tellement jubilatoires de Daniel Pennac, la profondeur de l’épopée humaine d’Ed McBain.
Anonymous
Nous y tournons en rond, généralement plus soucieux de chercher des coupables que de trouver des solutions.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Niente televisione, ma pianoforte dalle cinque alle sei, chitarra dalle sei alle sette, danza il mercoledì, judo, tennis, scherma il sabato, sci di fondo ai primi fiocchi di neve, corso di vela ai primi raggi di sole, ceramica i giorni di pioggia, viaggio in Inghilterra, ginnastica ritmica... Nessunissima possibilità lasciata al più piccolo quarto d'ora di faccia a faccia con se stesso.
Daniel Pennac
Ça fait du bruit, une pensée, et le goût de lire est un héritage du besoin de dire.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Piangendo [...] ci si pulisce meglio che tuffandosi nel lago più puro. Si posa il fardello sul marciapiede del binario d'arrivo.
Daniel Pennac
Je pense encore au cordonnier de P., mort de n'avoir pas trouvé repreneur à sa cordonnerie. "Alors ma vie ne vaut rien?" C'est ce qu'il ne cessait de répéter. Personne ne voulait racheter sa raison d'être. "Tout ça pour rien?" Il en est mort de chagrin.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
La nostra voce è la musica che fa il vento quando ci attraversa il corpo (be', quando non esce da sotto).
Daniel Pennac (Journal d'un corps)
Nous autres les élèves, nous passons, vous, vous restez! Nous sommes libres et vous en avez pris pour perpète. Nous, les mauvais, nous n'allons nulle part mais au moins nous y allons! L'estrade ne sera pas l'enclos minable de notre vie!
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Seulement, de part et d'autre de la double fenêtre, deux minces fenestrons verticaux restent fermés. L'espace est vaste entre les deux fenestrons, de quoi livrer passage à tous les oiseaux du ciel. Pourtant ça ne rate jamais, il faut toujours que trois ou quatre de ces idiotes ce payent les fenestrons! C'est notre proportion de cancres. Nos déviantes. On n'est pas dans la ligne. On ne suit pas le droit chemin. On batifole en marge. Résultat: fenestron. Poe! Assommée sur le tapis. Alors, l'un de nous deux se lève, prend l'hirondelle estourbie au creux de sa main - ça ne pèse guère, ces os plein de vent -, attend qu'elle se rèveille, et l'envoie rejoindre ses copins. La ressuscitèe s'envole, groggy encore un peu, zigzaguant dans l'espace retrouvé, puis elle pique droit vers le sud et disparaît dans son avenir.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
C'est l'affreuse loterie de la vie
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Le savoir est d'abord charnel. Ce sont nos oreilles et nos yeux qui le captent, notre bouche qui le transmet. Certes, il nous vient de livres, mais les livres sortent de nous. Ça fait du bruit, une pensèe, et le gout de lire est un héritage du besoin de dire.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Chaque élève joue de son instrument, ce n'est pas la peine d'aller contre. Le délicat, c'est de bien connaître nos musiciens et de trouver l'harmonie. Une bonne classe, ce n'est pas un regiment qui marche au pas, c'est un orchestre qui travaille la même symphonie. Et si vous avez hérité du petit triangle qui ne sait faire que ting ting, ou de la guimbarde qui ne fait que bloïng bloïng, le tout est qu'ils le fassent au bon moment, le mieux possible, qu'ils deviennent un excellent triangle, un irréprochable guimbarde, et qu'ils soient fiers de la qualité que leur contribution confère à l'ensemble. Comme le goût de l'harmonie les fait tous progresser, le petit triangle finira lui aussi par connaître la musique, peut-être pas aussi brillamment que le premier violon, mais il connaîtra la même musique.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
La première qualité d'un professeur, c'est le sommeil. Le bon professeur est celui qui se couche tôt
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
À chaque rencontre, on constate qu'une vie s'est épanouie, aussi imprévisible que la forme d'un nuage
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Vint une année où je fus particulièrement mécontent de moi. Tout à fait malheureux d'être ce que j'etais. Assez désireux de ne pas devenir. La fenêtre de ma chambre donnais sur le baous de La Gaude et de Saint-Jeannet, deux rochers abrupts de nos Alpes du Sud, réputés abréger la souffrance des amoureux éconduits. Un matin que j'envisageais ces falaises avec un peu trop d'affection, on a frappé à la porte de ma chambre. C'était mon père. Il a juste passé sa tête par l'entrebâillement: -Ah! Daniel, j'ai complètement oublié de te dire: le suicide est une imprudence.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Che faccia farebbe la mia vecchia mamma, di cui abbiamo appena festeggiato centouno anni (ci metto davvero troppo tempo a scrivere questo libro) se le chiedessi a bruciapelo: “A proposito, mammina, tu mi hai desiderato?”. “Sì, mi hai sentito bene: sono stato un figlio espressamente voluto da te, da papà, da voi due?” Vedo il suo sguardo posarsi su di me. Sento il lungo silenzio che seguirebbe. E, visto che siamo in vena di domande: “Di’ un po’, come te la cavi, tu, nella vita?”. [...] Ma sapere se fui desiderato, no. A quell’epoca e nella mia famiglia c’era un aggettivo per definire simili domande: strambe.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Quand Suzanne imitait l’accent français, mon accent, elle m’offrait la physiologie de notre langue. Son visage rétrécissait, ses sourcils se haussaient, elle redressait la tête, baissait à demi les paupières, avançait une bouche hautaine et boudeuse : Vous autres, maudits Français, toujours à parler avec votre bouche en cul-de-poule, comme si vous chiiez des œufs en or sur nos pauvres têtes!
Daniel Pennac (Journal d'un corps)
Au fond, ce journal aura été un perpétuel exercice d’accommodation. Échapper au flou, maintenir le corps et l’esprit dans le même axe… J’ai passé ma vie à « faire le point ».
Daniel Pennac (Journal d'un corps)
En otras palabras, no pierda la cabeza, nada ocurre como está previsto, es lo único que nos enseña el futuro al convertirse en pasado.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Sentí muy pronto las ganas de huir... ¿Pero hacia dónde? Confusión. Huir de mí mismo, digamos, y sin embargo, seguir siendo yo mismo. Pero en un yo que hubiera sido aceptable para los demás.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Todo lo malo que se dice de la escuela nos oculta el número de niños que ha salvado de las taras, los prejuicios, la altivez, la ignorancia, la estupidez, la codicia, la inmovilidad o el fatalismo de las familias
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Los diccionarios solo garantizan una pizca de eternidad...
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Giovedì 28 Febbraio 1957, Essere a temperatura ambiente. Ecco tutta la mia ambizione.
Daniel Pennac (Journal d'un corps)
Ridotti a noi stessi, siamo ridotti a nulla. Tanto che, qualche volta, ci uccidiamo. Come minimo, è una lacuna nella nostra educazione.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Vergogna a coloro che fanno dei giovani più abbandonati un oggetto fantasmatico di terrore nazionale! Costoro sono la feccia di una società senza onore che ha perduto finanche il sentimento della paternità.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)
Y cuando callan los reconozco por su silencio inquieto y hostil, tan distinto del silencio atento de alumno que capta. El zoquete oscila perpetuamente entre la excusa de ser y el deseo de existir a pesar de todo, de encontrar su lugar, imponerlo incluso, aunque sea con violencia, que es su antidepresivo.
Daniel Pennac (Chagrin d'école)