Coup De Coeur Quotes

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Le Chat Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux, MĂȘlĂ©s de mĂ©tal et d'agate. Lorsque mes doigts caressent Ă  loisir Ta tĂȘte et ton dos Ă©lastique, Et que ma main s'enivre du plaisir De palper ton corps Ă©lectrique, Je vois ma femme en esprit. Son regard, Comme le tien, aimable bĂȘte, Profond et froid, coupe et fend comme un dard, Et, des pieds jusques Ă  la tĂȘte, Un air subtil, un dangereux parfum, Nagent autour de son corps brun.
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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As-tu dĂ©jĂ  Ă©tĂ© amoureux? C'est horrible non? Ca rend si vulnĂ©rable. Ca t'ouvre la poitrine et le coeur en grand et du coup, n'importe qui peut venir te bousiller de l'intĂ©rieur. On se forge des dĂ©fenses, on se fabrique une belle armure pour que rien ne puisse jamais nous atteindre, et voilĂ  qu'un imbĂ©cile, pas bien diffĂ©rent des autres s'immisce dans notre imbĂ©cile de vie... On lui offre un morceau de soi alors que l'autre n'a rien demandĂ©. Il a juste fait un truc dĂ©bile un jour, genre t'embrasser ou te sourire, mais, depuis, ta vie ne t'appartient plus. L'amour te prend en otage. Il s'insinue en toi. Il te dĂ©vore de l'intĂ©rieur et te laisse tout seul Ă  chialer dans le noir, au point qu'un simple phrase comme "je crois qu'on devrait rester amis" te fait l'effet d'un Ă©clat de verre qu'on t'aurait plantĂ© dans le coeur. Ca fait mal. Pas juste dans ton imagination. Pas juste dans ta tĂȘte. C'est une douleur Ă  fendre l'Ăąme, qui s'incruste en toi et te dĂ©chire du dedans. Je hais l'amour.
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Neil Gaiman (The Sandman, Vol. 9: The Kindly Ones)
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Notre coeur est un trĂ©sor, videz-le d'un coup, vous ĂȘtes ruinĂ©s.
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Honoré de Balzac (PÚre Goriot)
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Je connais mon coeur, ce coeur, ce nƓud de vipĂšres: etoufflĂ© sous elles, saturĂ© de leur venin, il continue de battre au-dessous de ce grouillement. Ce nƓud de vipĂšres qu'il est impossible de dĂ©nouer, qu'il faudrait trancher d'un coup de couteau, d'un coup de glaive: "Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive
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François Mauriac
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A Mademoiselle Oui, femmes, quoi qu'on puisse dire, Vous avez le fatal pouvoir De nous jeter par un sourire Dans l'ivresse ou le dĂ©sespoir. Oui, deux mots, le silence mĂȘme, Un regard distrait ou moqueur, Peuvent donner Ă  qui vous aime Un coup de poignard dans le coeur. Oui, votre orgueil doit ĂȘtre immense, Car, grĂące Ă  notre lĂąchetĂ©, Rien n'Ă©gale votre puissance, Sinon votre fragilitĂ©. Mais toute puissance sur terre Meurt quand l'abus en est trop grand, Et qui sait souffrir et se taire S'Ă©loigne de vous en pleurant. Quel que soit le mal qu'il endure, Son triste rĂŽle est le plus beau. J'aime encore mieux notre torture Que votre mĂ©tier de bourreau.
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Alfred de Musset
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DarlĂšne dĂ©pose sa tĂȘte sur le coeur d'Ashton et le rejoint lentement du reste de son corps. D'un coup, comme ça, c'est comme s'ils Ă©taient venus au monde pour s'endormir ensemble
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Noémie D. Leclerc (DarlÚne)
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Attendez!... Je choisis mes rimes... LĂ , j'y suis. (Il fait ce qu'il dit, Ă  mesure.) Je jette avec grĂące mon feutre, Je fais lentement l'abandon Du grand manteau qui me calfeutre, Et je tire mon espadon; ÉlĂ©gant comme CĂ©ladon, Agile comme Scaramouche, Je vous prĂ©viens, cher Mirmidon, Qu'Ă  la fin de l'envoi, je touche! (Premier engagement de fer.) Vous auriez bien dĂ» rester neutre; OĂč vais-je vous larder, dindon ?... Dans le flanc, sous votre maheutre ?... Au coeur, sous votre bleu cordon ?... - Les coquilles tintent, ding-don ! Ma pointe voltige: une mouche ! DĂ©cidĂ©ment... c'est au bedon, Qu'Ă  la fin de l'envoi, je touche. Il me manque une rime en eutre... Vous rompez, plus blanc qu'amidon ? C'est pour me fournir le mot pleutre ! - Tac! je pare la pointe dont Vous espĂ©riez me faire don: - J'ouvre la ligne, - je la bouche... Tiens bien ta broche, Laridon ! A la fin de l'envoi, je touche. (Il annonce solennellement:) Envoi Prince, demande Ă  Dieu pardon ! Je quarte du pied, j'escarmouche, Je coupe, je feinte... (Se fendant.) HĂ©! LĂ  donc! (Le vicomte chancelle, Cyrano salue.) A la fin de l'envoi, je touche.
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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L'amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, -- ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l'abßme le coeur entier. Elle ne savait pas que, sur la terrasse des maisons, la pluie fait des lacs quand les gouttiÚres sont bouchées, et elle fût ainsi demeurée en sa sécurité, lorsqu'elle découvrit subitement une lézarde dans le mur.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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L'Horloge Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit: "Souviens-toi! Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi Se planteront bientĂŽt comme dans une cible; Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ; Chaque instant te dĂ©vore un morceau du dĂ©lice A chaque homme accordĂ© pour toute sa saison. Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote: Souviens-toi! - Rapide, avec sa voix D'insecte, Maintenant dit: Je suis Autrefois, Et j'ai pompĂ© ta vie avec ma trompe immonde! Remember! Souviens-toi, prodigue! Esto memor! (Mon gosier de mĂ©tal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folĂątre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lĂącher sans en extraire l'or! Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, Ă  tout coup! c'est la loi. Le jour dĂ©croĂźt; la nuit augmente; souviens-toi! Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide. TantĂŽt sonnera l'heure oĂč le divin Hasard, OĂč l'auguste Vertu, ton Ă©pouse encor vierge, OĂč le repentir mĂȘme (oh! la derniĂšre auberge!), OĂč tout te dira: Meurs, vieux lĂąche! il est trop tard!
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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Je veux que tu en aies toi-mĂȘme la preuve par expĂ©rience, sans la chercher ailleurs. Quand on n'aime pas pour son propre compte, on voit d'un oeil chagrin l'humeur des amants. Il y a encore en moi quelque ardeur amoureuse, mon corps a toujours de la sĂšve; et mes sens ne sont pas Ă©teints pour les agrĂ©ments et les plaisirs de la vie. Je suis un rieur de bon goĂ»t, un convive agrĂ©able; dans un dĂźner, je ne coupe jamais la parole Ă  personne; j'ai le bon esprit de ne pas me rendre importun aux convives; je sais prendre part Ă  la conversation avec mesure, et me taire Ă  propos, quand c'est Ă  d'autres Ă  parler; je ne suis point cracheur ni pituiteux, et point roupieux le moins du monde; enfin, je suis d'ÉphĂšse, et non pas d'Apulie (53), je ne suis pas un « petit coeur ».
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Plautus (Miles Gloriosus)
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Mais les signes de ce qui m'attendait rĂ©ellement, je les ai tous nĂ©gligĂ©s. Je travaille mon diplĂŽme sur le surrĂ©alisme Ă  la bibliothĂšque de Rouen, je sors, je traverse le square Verdrel, il fait doux, les cygnes du bassin ont reparu, et d'un seul coup j'ai conscience que je suis en train de vivre peut-ĂȘtre mes derniĂšres semaines de fille seule, libre d'aller oĂč je veux, de ne pas manger ce midi, de travailler dans ma chambre sans ĂȘtre dĂ©rangĂ©e. Je vais perdre dĂ©finitivement la solitude. Peut-on s'isoler facilement dans un petit meublĂ©, Ă  deux. Et il voudra manger ses deux repas par jour. Toutes sortes d'images me traversent. Une vie pas drĂŽle finalement. Mais je refoule, j'ai honte, ce sont des idĂ©es de fille unique, Ă©gocentrique, soucieuse de sa petite personne, mal Ă©levĂ©e au fond. Un jour, il a du travail, il est fatiguĂ©, si on mangeait dans la chambre au lieu d'aller au restau. Six heures du soir cours Victor-Hugo, des femmes se prĂ©cipitent aux Docks, en face du Montaigne, prennent ci et ça sans hĂ©sitation, comme si elles avaient dans la tĂȘte toute la programmation du repas de ce soir, de demain peut-ĂȘtre, pour quatre personnes ou plus aux goĂ»ts diffĂ©rents. Comment font-elles ? [...] Je n'y arriverai jamais. Je n'en veux pas de cette vie rythmĂ©e par les achats, la cuisine. Pourquoi n'est-il pas venu avec moi au supermarchĂ©. J'ai fini par acheter des quiches lorraines, du fromage, des poires. Il Ă©tait en train d'Ă©couter de la musique. Il a tout dĂ©ballĂ© avec un plaisir de gamin. Les poires Ă©taient blettes au coeur, "tu t'es fait entuber". Je le hais. Je ne me marierai pas. Le lendemain, nous sommes retournĂ©s au restau universitaire, j'ai oubliĂ©. Toutes les craintes, les pressentiments, je les ai Ă©touffĂ©s. SublimĂ©s. D'accord, quand on vivra ensemble, je n'aurai plus autant de libertĂ©, de loisirs, il y aura des courses, de la cuisine, du mĂ©nage, un peu. Et alors, tu renĂącles petit cheval tu n'es pas courageuse, des tas de filles rĂ©ussissent Ă  tout "concilier", sourire aux lĂšvres, n'en font pas un drame comme toi. Au contraire, elles existent vraiment. Je me persuade qu'en me mariant je serai libĂ©rĂ©e de ce moi qui tourne en rond, se pose des questions, un moi inutile. Que j'atteindrai l'Ă©quilibre. L'homme, l'Ă©paule solide, anti-mĂ©taphysique, dissipateur d'idĂ©es tourmentantes, qu'elle se marie donc ça la calmera, tes boutons mĂȘme disparaĂźtront, je ris forcĂ©ment, obscurĂ©ment j'y crois. Mariage, "accomplissement", je marche. Quelquefois je songe qu'il est Ă©goĂŻste et qu'il ne s'intĂ©resse guĂšre Ă  ce que je fais, moi je lis ses livres de sociologie, jamais il n'ouvre les miens, Breton ou Aragon. Alors la sagesse des femmes vient Ă  mon secours : "Tous les hommes sont Ă©goĂŻstes." Mais aussi les principes moraux : "Accepter l'autre dans son altĂ©ritĂ©", tous les langages peuvent se rejoindre quand on veut.
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Annie Ernaux (A Frozen Woman)
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JEANNE ENDORMIE. - III Jeanne dort; elle laisse, ĂŽ pauvre ange banni, Sa douce petite Ăąme aller dans l'infini; Ainsi le passereau fuit dans la cerisaie; Elle regarde ailleurs que sur terre, elle essaie, HĂ©las, avant de boire Ă  nos coupes de fiel, De renouer un peu dans l'ombre avec le ciel. Apaisement sacrĂ© ! ses cheveux, son haleine, Son teint, plus transparent qu'une aile de phalĂšne, Ses gestes indistincts, son calme, c'est exquis. Le vieux grand-pĂšre, esclave heureux, pays conquis, La contemple. Cet ĂȘtre est ici-bas le moindre Et le plus grand; on voit sur cette bouche poindre Un rire vague et pur qui vient on ne sait d'oĂč; Comme elle est belle ! Elle a des plis de graisse au cou; On la respire ainsi qu'un parfum d'asphodĂšle; Une poupĂ©e aux yeux Ă©tonnĂ©s est prĂšs d'elle, Et l'enfant par moments la presse sur son coeur. Figurez-vous cet ange obscur, tremblant, vainqueur, L'espĂ©rance Ă©toilĂ©e autour de ce visage, Ce pied nu, ce sommeil d'une grĂące en bas Ăąge. Oh ! quel profond sourire, et compris de lui seul, Elle rapportera de l'ombre Ă  son aĂŻeul ! Car l'Ăąme de l'enfant, pas encor dĂ©dorĂ©e, Semble ĂȘtre une lueur du lointain empyrĂ©e, Et l'attendrissement des vieillards, c'est de voir Que le matin veut bien se mĂȘler Ă  leur soir. Ne la rĂ©veillez pas. Cela dort, une rose. Jeanne au fond du sommeil mĂ©dite et se compose Je ne sais quoi de plus cĂ©leste que le ciel. De lys en lys, de rĂȘve en rĂȘve, on fait son miel, Et l'Ăąme de l'enfant travaille, humble et vermeille, Dans les songes ainsi que dans les fleurs l'abeille.
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Victor Hugo (L'Art d'ĂȘtre grand-pĂšre)
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Mais un soir que j'Ă©tois assis prĂšs de la tombe oĂč reposent LĂ©once et Delphine, tout Ă  coup un remords s'Ă©leva dans le fond de mon coeur, et je me reprochai d'avoir regardĂ© leur destinĂ©e comme la plus funeste de toutes. Peut-ĂȘtre dans ce moment, mes amis, touchĂ©s de mes regrets, vouloient-ils me consoler, cherchoient-ils Ă  me faire connoĂźtre qu'ils Ă©toient heureux, qu'ils s'aimoient, et que l'Être-suprĂȘme ne les avoit point abandonnĂ©s, puisqu'il n'avoit pas permis qu'ils survĂ©cussent l'un Ă  l'autre. Je passai la nuit Ă  rĂȘver sur le sort des hommes; ces heures furent les plus dĂ©licieuses de ma vie, et cependant le sentiment de la mort les a remplies tout entiĂšres; mais je n'en puis douter, du haut du ciel mes amis dirigeoient mes mĂ©ditations; ils Ă©cartoient de moi ces fantĂŽmes de l'imagination qui nous font horreur du terme de la vie; il me sembloit qu'au clair de la lune, je voyois leurs ombres lĂ©gĂšres passer Ă  travers les feuilles sans les agiter; une fois je leur ai demandĂ© si je ne ferois pas mieux de les rejoindre, s'il n'Ă©toit pas vrai que sur cette terre les Ăąmes fiĂšres et sensibles n'avoient rien Ă  attendre que des douleurs succĂ©dant Ă  des douleurs; alors il m'a semblĂ© qu'une voix, dont les sons se mĂȘloient au souffle du vent, me disoit :—Supporte la peine, attends la nature, et fais du bien aux hommes.— J'ai baissĂ© la tĂȘte, et je me suis rĂ©signĂ©; mais, avant de quitter ces lieux, j'ai Ă©crit, sur un arbre voisin de la tombe de mes amis, ce vers, la seule consolation des infortunĂ©s que la mort a privĂ© des objets de leur affection: On ne me rĂ©pond pas, mais peut-ĂȘtre on m'entend.»
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Madame de Staël (Delphine)
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A ce discours, Candide s’évanouit encore; mais revenue Ă  soi, et ayant dit tout ce qu’il devait dire, il s’enquit de la cause et de l’effet, et de la raison suffisante qui avait mis Pangloss dans un si piteux Ă©tat. HĂ©las! dit l’autre, c’est l’amour: l’amour, le consolateur du genre humain, le conservateur de l’univers, l’ñme de tous les ĂȘtres sensibles, le tender amour. HĂ©las! dit Candide, je l’ai connu cet amour, ce souverain des coeurs, cette Ăąme de notre Ăąme, il ne m’a jamais valu qu’un baiser et vingt coups de pied au cul. Comment cette belle cause a-t-elle pu produire en vous un effet si abominable? Pangloss rĂ©pondit en ces termes: O mon cher Candide! vous avez connu Paquette, cette jolie suivante de notre auguste baronne: j’ai goĂ»tĂ© dans ses bras les dĂ©lices du paradis, qui ont produit ces tourments d’enfer dont vous me voyez dĂ©vorĂ©; elle en Ă©tait infectĂ©e, elle en est peut-ĂȘtre morte. Paquette tenait ce present d’un Cordelier trĂšs savant qui avait remontĂ© Ă  la source, car il l’avait eu d’une vieille comtesse, qui l’avait reçu d’un capitaine de cavalerie, qui le devait Ă  une marquise, qui le tenait d’un page, qui l’avait reçu d’un jĂ©suite, qui, Ă©tant novice, l’avait eu en droite ligne d’un des compagnons de Christophe Colomb. Pour moi, je ne le donnerai Ă  personne, car je me meurs. O Pangloss! s’écria Candide, voilĂ  une Ă©trange gĂ©nĂ©alogie! n’est-ce pas le diable qui en fut la souche? Point du tout, rĂ©pliqua ce grand home; c’était une chose indispensable dans le meilleur des mondes, un ingredient nĂ©cessaire; car si Colomb n’avait pas attrapĂ© dans une Ăźle de l'AmĂ©rique cette maladie qui empoisonne la source de la generation, qui souvent meme empĂȘche la generation, et qui est Ă©videmment l’opposĂ© du grand but de la nature, nous n’aurions ni le chocolat ni la cochenille; il faut encore observer que jusqu’aujourd’hui, dans notre continent, cette maladie nous est particuliĂšre, comme la controverse.
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Voltaire (Candide)
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FRÈRE LAURENCE.—Un arrĂȘt moins rigoureux s’est Ă©chappĂ© de sa bouche: ce n’est pas la mort de ton corps, mais son bannissement. ROMÉO.—Ah! le bannissement! aie pitiĂ© de moi; dis la mort. L’aspect de l’exil porte avec lui plus de terreur, beaucoup plus que la mort. Ah! ne me dis pas que c’est le bannissement. FRÈRE LAURENCE.—Tu es banni de VĂ©rone. Prends patience; le monde est grand et vaste. ROMÉO.—Le monde n’existe pas hors des murs de VĂ©rone; ce n’est plus qu’un purgatoire, une torture, un vĂ©ritable enfer. Banni de ce lieu, je le suis du monde, c’est la mort. Oui, le bannissement, c’est la mort sous un faux nom; et ainsi, en nommant la mort un bannissement, tu me tranches la tĂȘte avec une hache d’or, et souris au coup qui m’assassine. FRÈRE LAURENCE.—O mortel pĂ©chĂ©! ĂŽ farouche ingratitude! Pour ta faute, notre loi demandait la mort; mais le prince indulgent, prenant ta dĂ©fense, a repoussĂ© de cĂŽtĂ© la loi, et a changĂ© ce mot funeste de mort en celui de bannissement: c’est une rare clĂ©mence, et tu ne veux pas la reconnaĂźtre. ROMÉO.—C’est un supplice et non une grĂące. Le ciel est ici, oĂč vit Juliette: les chats, les chiens, la moindre petite souris, tout ce qu’il y a de plus misĂ©rable vivra ici dans le ciel, pourra la voir; et RomĂ©o ne le peut plus! La mouche qui vit de charogne jouira d’une condition plus digne d’envie, plus honorable, plus relevĂ©e que RomĂ©o; elle pourra s’ébattre sur les blanches merveilles de la chĂšre main de Juliette, et dĂ©rober le bonheur des immortels sur ces lĂšvres oĂč la pure et virginale modestie entretient une perpĂ©tuelle rougeur, comme si les baisers qu’elles se donnent Ă©taient pour elles un pĂ©chĂ©; mais RomĂ©o ne le peut pas, il est banni! Ce que l’insecte peut librement voler, il faut que je vole pour le fuir; il est libre et je suis banni; et tu me diras encore que l’exil n’est pas la mort!
 N’as-tu pas quelque poison tout prĂ©parĂ©, quelque poignard affilĂ©, quelque moyen de mort soudaine, fĂ»t-ce la plus ignoble? Mais banni! me tuer ainsi! banni! O moine, quand ce mot se prononce en enfer, les hurlements l’accompagnent.—Comment as-tu le coeur, toi un prĂȘtre, un saint confesseur, toi qui absous les fautes, toi mon ami dĂ©clarĂ©, de me mettre en piĂšces par ce mot bannissement? FRÈRE LAURENCE.—Amant insensĂ©, Ă©coute seulement une parole. ROMÉO.—Oh! tu vas me parler encore de bannissement. FRÈRE LAURENCE.—Je veux te donner une arme pour te dĂ©fendre de ce mot: c’est la philosophie, ce doux baume de l’adversitĂ©; elle te consolera, quoique tu sois exilĂ©. ROMÉO.—Encore l’exil! Que la philosophie aille se faire pendre: Ă  moins que la philosophie n’ait le pouvoir de crĂ©er une Juliette, de dĂ©placer une ville, ou de changer l’arrĂȘt d’un prince, elle n’est bonne Ă  rien, elle n’a nulle vertu; ne m’en parle plus. FRÈRE LAURENCE.—Oh! je vois maintenant que les insensĂ©s n’ont point d’oreilles. ROMÉO.—Comment en auraient-ils, lorsque les hommes sages n’ont pas d’yeux? FRÈRE LAURENCE.—Laisse-moi discuter avec toi ta situation. ROMÉO.—Tu ne peux parler de ce que tu ne sens pas. Si tu Ă©tais aussi jeune que moi, amant de Juliette, mariĂ© seulement depuis une heure, meurtrier de Tybalt, Ă©perdu d’amour comme moi, et comme moi banni, alors tu pourrais parler; alors tu pourrais t’arracher les cheveux et te jeter sur la terre comme je fais, pour prendre la mesure d’un tombeau qui n’est pas encore ouvert.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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C’est pourquoi les journĂ©es sont si longues : toutes ces minutes une Ă  une, ces minutes une Ă  la fois. Vous avez dĂ©jĂ  observĂ© une minute de silence dans une cĂ©rĂ©monie ? C’est long, une minute. D’abord on pense Ă  celui qu’on commĂ©more, puis on pense Ă  une foule de choses: il faut que j’achĂšte du vernis Ă  ongles, que je passe Ă  la librairie, ma commande doit ĂȘtre prĂȘte ; il faut que je tĂ©lĂ©phone Ă  Suzy - et quand le prĂ©sident regarde sa montre et qu’on se rassoit, on est soulagĂ©e de s’asseoir comme si on avait Ă©tĂ© debout longtemps. Ici, chaque journĂ©e se dĂ©compose dans toutes ses minutes. Et pendant chacune de ces minutes, il faut ĂȘtre sur le qui-vive sans jamais de relĂąche, pour parer un coup, pour ne pas tomber, pour s’obliger Ă  bouger les orteils dans les godasses sinon ils gĂšleront, pour garder sa tĂȘte, pour garder sa mĂ©moire, cette assurance que j’ai d’ĂȘtre encore moi - rester sur le qui-vive pour rester prĂ©sente Ă  soi-mĂȘme et ordonner Ă  son coeur de battre. J’ai beau lui commander, mon coeur ne rĂ©pond plus Ă  la commande. La dysenterie vide aussi le sang du coeur. S’il y avait seulement un peu d’eau pour se laver. J’ai essayĂ© avec de la neige. Cela ne lave pas, la neige, et c’est glaçant au ventre. J’ai renoncĂ©. Cela m’est Ă©gal maintenant.
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Charlotte Delbo
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Une flamme brĂ»le en moi. Comme une veilleuse sacrĂ©e devant l'image de Dieu. Et d'Ă©tranges ailes immenses, s'Ă©talent devant moi, comme les ailes d'un oiseau sauvage. Une griffe lacĂšre mon coeur. Et de grosses gouttes silencieuses comme des larmes et comme du sang tombent l'une aprĂšs l'autre et trouent mon coeur. Ne pleure pas et n'aie pas peur, ĂŽ TrĂšs AimĂ©e. C'est le grand aigle de la Souffrance et c'est la flamme sacrĂ©e de l'Amour. Ne pleure pas. Moi je souris Ă  ma Peine et Ă  ses coups. Mon coeur est felĂ© et le sang coule en moi. La nuit vient et Tu passes trĂšs lĂ©gĂšrement Ta main sur mon front et les ailes s'en vont et le sang s'arrĂȘte. Toutes les blessures se guĂ©rissent et se ferment la nuit. Dieu lĂ -haut est jaloux et se venge. Non, ne pleurons pas, n'acceptons pas. Je sens en moi quelque chose d'immortel qui brĂ»le et sourit. J'ai en moi la mĂȘme flamme que Lui et la mĂȘme essence que les Ă©toiles. L'immortalitĂ© se dĂ©chaĂźne en moi et le plaisir de la Toute puissance et le grand Baiser que les CrĂ©ateurs de l'univers portent dans leurs flancs. Des chaĂźnes infrangibles m'attachent Ă  la terre mais je sens en moi Quelqu'un qui n'accepte pas de s'incliner devant Dieu. ~ P 50
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Nikos Kazantzakis (Le lys et le serpent)
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Je veux que tu en aies toi-mĂȘme la preuve par expĂ©rience, sans la chercher ailleurs. Quand on n'aime pas pour son propre compte, on voit d'un oeil chagrin l'humeur des amants. Il y a encore en moi quelque ardeur amoureuse, mon corps a toujours de la sĂšve; et mes sens ne sont pas Ă©teints pour les agrĂ©ments et les plaisirs de la vie. Je suis un rieur de bon goĂ»t, un convive agrĂ©able; dans un dĂźner, je ne coupe jamais la parole Ă  personne; j'ai le bon esprit de ne pas me rendre importun aux convives; je sais prendre part Ă  la conversation avec mesure, et me taire Ă  propos, quand c'est Ă  d'autres Ă  parler; je ne suis point cracheur ni pituiteux, et point roupieux le moins du monde; enfin, je suis d'ÉphĂšse, et non pas d'Apulie, je ne suis pas un « petit coeur ».
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Plautus (Miles Gloriosus)
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Aujourd’hui, les gens ne se contentent plus d’exprimer leurs griefs en ligne Ă  coups de hashtags. C’est comme si quelqu’un avait appuyĂ© sur un interrupteur collectif, mettant la rage au coeur de tous ceux, nombreux, qui ont ouvert les yeux face aux terribles injustices ayant cours en AmĂ©rique.
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Courrier International
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On cause de son mal, on ne se coupe pas le cƓur en quatre tout d'un coup, on s'habitue Ă  la sĂ©paration, enfin !
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Émile Zola (La Faute de l'abbĂ© Mouret (Les Rougon-Macquart, #5))