Comment Faire Des Quotes

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Jeannot la bĂȘtise des amoureux est immense, vĂ©gĂ©tale, animale, astrale. Que faire? Comment te faire comprendre que je n'existe plus en dehors de toi.
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Jean Cocteau (Lettres Ă  Jean Marais)
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- Pourquoi n'as-tu plus d'amis ? - Ils ont moisi. Je n'avais pas remarqué qu'ils avaient une date de péremption. Il faut faire attention à ça. Mes amis ont commencé à avoir des traces de pourriture, des taches vertes assez dégoûtantes. Ce qu'ils disaient commençait vraiment à sentir mauvais... ("Comment je suis devenu stupide", p210)
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Martin Page (Comment je suis devenu stupide (French Edition))
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Comment on va faire maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi? Qu'est-ce que ça veut dire la vie sans toi? Qu'est-ce qui se passe pour toi là? Dur Rien? Du vide? De la nuit, des choses de ciel, du réconfort?
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Mathias Malzieu (Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi)
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Je lis des vieux livres parce que les pages tournĂ©es de nombreuses fois et marquĂ©es par les doigts ont plus de poids pour les yeux, parce que chaque exemplaire d'un livre peut appartenir Ă  plusieurs vies. Les livres devraient rester sans surveillance dans les endroits publics pour se dĂ©placer avec les passants qui les apporteraient un moment avec eux, puis ils devraient mourir comme eux, usĂ©s par les malheurs, contaminĂ©s, noyĂ©s en tombant d'un pont avec les suicidĂ©s, fourrĂ©s dans un poĂȘle l'hiver, dĂ©chirĂ©s par les enfants pour en faire des petits bateaux, bref ils devraient mourir n'importe comment sauf d'ennui et de propriĂ©tĂ© privĂ©e, condamnĂ©s Ă  vie Ă  l’étagĂšre. (p.22)
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Erri De Luca (Tre cavalli)
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Il est certain que le plus sûr moyen de connaßtre le bonheur serait de contrÎler nos pensées. La félicité ne dépend pas des conditions extérieures, elle est régie par notre attitude mentale.
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Dale Carnegie (Comment se faire des amis)
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Oh! je voudrais tant que tu te souviennes Des jours heureux oĂč nous Ă©tions amis En ce temps-lĂ  la vie Ă©tait plus belle Et le soleil plus brĂ»lant qu'aujourd'hui. Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Tu vois, je n'ai pas oubliĂ© Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Les souvenirs et les regrets aussi. Et le vent du Nord les emporte, Dans la nuit froide de l'oubli. Tu vois je n'ai pas oubliĂ©, La chanson que tu me chantais... Les feuilles mortes se ramassent Ă  la pelle Les souvenirs et les regrets aussi, Mais mon amour silencieux et fidĂšle Sourit toujours et remercie la vie. Je t'aimais tant, tu Ă©tais si jolie, Comment veux-tu que je t'oublie? En ce temps-lĂ  la vie Ă©tait plus belle Et le soleil plus brĂ»lant qu'aujourd'hui. Tu Ă©tais ma plus douce amie Mais je n'ai que faire des regrets. Et la chanson que tu chantais, Toujours, toujours je l'entendrai. C'est une chanson qui nous ressemble, Toi tu m'aimais, moi je t'aimais Et nous vivions, tous deux ensemble, Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. Mais la vie sĂ©pare ceux qui s'aiment, Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants dĂ©sunis. C'est une chanson qui nous ressemble, Toi tu m'aimais et je t'aimais Et nous vivions tous deux ensemble, Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. Mais la vie sĂ©pare ceux qui s'aiment, Tout doucement, sans faire de bruit Et la mer efface sur le sable Les pas des amants dĂ©sunis.
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Jacques Prévert
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- J'ai un million de choses Ă  te raconter, commença Salim. Si tu savais ce que j'ai vĂ©cu... - Ça peut attendre, Salim. - Comment ça, ça peut attendre ? - Eh bien, tu as peut ĂȘtre des choses plus urgentes Ă  faire. - Tu plaisantes ! Imagine que je... -J'insiste, Salim. Je crois que tu as mieux Ă  faire pour l'instant. - Quoi ? Camille regarda son ami avec un air extrĂȘmement sĂ©rieux. - T'habiller, par exemple. Salim baissa les yeux sans pouvoir retenir un cri horrifiĂ©. Il Ă©tait nu comme un ver.
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Pierre Bottero (L'Ăźle du destin (La QuĂȘte d'Ewilan, #3))
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Oui, moi aussi, je m'Ă©tais souvent demandĂ©: comment font les gents? Et Ă  vrai dire, si ces questions Ă©taient modifiĂ©es, elles n'avaient jamais cessĂ©: comment font les gents, pour Ă©crire, aimer, dormir d'une seule traite, varier les menus de leurs enfants, les laisser grandir, les laisser partir sans s'accrocher Ă  eux, aller une fois par an chez le dentiste, faire du sport, rester fidĂšle, ne pas recommencer Ă  fumer, lire des livres + des bandes dessinĂ©es + des magazines + un quotidien, ne pas ĂȘtre totalement dĂ©passĂ© en matiĂšre de musique, apprendre Ă  respirer, ne pas s'exposer au soleil sans protection, faire leurs courses une seule fois par semaine sans rien oublier?
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Delphine de Vigan (D'aprĂšs une histoire vraie)
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Je n'ai jamais compris comment les guerres pouvaient faire tant de morts quand les chocs frontaux y sont finalement si rares. Je n'ai jamais plus admiré un récit de guerre qu'Hommage à la Catalogne de George Orwell parce qu'il raconte, justement, cette loi de l'attente et de la patience qui est la loi no 1 des combattants. (ch. 12 Les mots de la guerre)
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Bernard-Henri LĂ©vy (War, Evil, and the End of History)
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Je ne sais pas exactement comment je vais faire encore, mais je vais m’en sortir sans lui. J’ai de l’amour en rĂ©serve pour survivre pendant des dĂ©cennies, rien qu’avec ce qu’il m’a donnĂ©. Je souhaite juste ĂȘtre capable d’en offrir aussi.
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Rose-Aimée Automne T. Morin (Il préférait les brûler)
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Quand on s’attend au pire, le moins pire a une saveur toute particuliĂšre, que vous dĂ©gusterez avec plaisir, mĂȘme si ce n’est pas le meilleur. *** Ce n'est pas la vie qui est belle, c'est nous qui la voyons belle ou moins belle. Ne cherchez pas Ă  atteindre un bonheur parfait, mais contentez vous des petites choses de la vie, qui, mises bout Ă  bout, permettent de tenir la distance
 Les tout petit riens du quotidien, dont on ne se rend mĂȘme plus compte mais qui font que, selon la façon dont on les vit, le moment peut ĂȘtre plaisant et donne envie de sourire. Nous avons tous nos petits riens Ă  nous. Il faut juste en prendre conscience. *** Le silence a cette vertu de laisser parler le regard, miroir de l’ñme. On entend mieux les profondeurs quand on se tait. *** Au temps des sorciĂšres, les larmes d’homme devaient ĂȘtre trĂšs recherchĂ©es. C’est rare comme la bave de crapaud. Ce qu’elles pouvaient en faire, ça, je ne sais pas. Une potion pour rendre plus gentil ? Plus humain ? Moins avare en Ă©motion ? Ou moins poilu ? *** Quand un silence s’installe, on dit qu’un ange passe
 *** Vide. Je me sens vide et Ă©teinte. J’ai l’impression d’ĂȘtre un peu morte, moi aussi. D’ĂȘtre un champ de bataille. Tout a brĂ»lĂ©, le sol est irrĂ©gulier, avec des trous bĂ©ants, des ruines Ă  perte de vue. Le silence aprĂšs l’horreur. Mais pas le calme aprĂšs la tempĂȘte, quand on se sent apaisĂ©. Moi, j’ai l’impression d’avoir sautĂ© sur une mine, d’avoir explosĂ© en mille morceaux, et de ne mĂȘme pas savoir comment je vais faire pour les rassembler, tous ses morceaux, ni si je les retrouverai tous. *** Accordez-vous le droit de vivre votre chagrin. Il y a un temps pour tout. *** Ce n’est pas d’intuition dont est dotĂ© Romain, mais d’attention. *** ÒȘa fait toujours plaisir un cadeau, surtout de la part des gens qu’on aime.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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Les heures passĂšrent. MĂȘme si la dĂ©fense et la guerre n'avaient jamais Ă©tĂ© mon dada, la sĂ©curitĂ© des vampires Ă©tait hautement contextuelle et donc incroyablement intĂ©ressante. Il y avait des liens avec l'histoire (les vampires s'Ă©taient fait baiser par le passĂ©!), la politique (La Maison X nous avait baisĂ© par le passĂ©!), la philosophie (pourquoi croyez-vous qu'on nous avait baisĂ© par le passĂ©?) l'Ă©thique (si nous ne buvions pas le sang des humains, nous serions-nous fait baiser par le passĂ©?) et, bien-sĂ»r, la stratĂ©gie (comment nous avait-on baisĂ©? Comment pouvait-on Ă©viter de nous faire baiser de nouveau ou, mieux encore, comment pouvions-nous les baiser en premier?)
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Chloe Neill (Some Girls Bite (Chicagoland Vampires, #1))
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Je choisis des mots simples et concrets... J'essaie de faire des phrases courtes et j'évite les inversions autant que possible. Je ne mets pas un mot trÚs bref à cÎté d'un mot de plusieurs syllables... Si un mot finit par une consonne, je lui trouve un compagnon qui commence par une voyelle. Et je lis mon texte à voix haute pour entendre comment ça sonne.
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Jacques Poulin
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Le monde Ă©tait de trop. On n'en avait clairement pas besoin. On n'avait pas grand chose... Mais on Ă©tait tout. Il ne nous manquait rien. On riait trop fort. On riait pour des choses nulles trop longues Ă  expliquer, vous savez, celles oĂč « il faut ĂȘtre lĂ  pour comprendre. » Il fallait ĂȘtre lĂ  pour comprendre. Et ça, pour ĂȘtre lĂ , j'Ă©tais lĂ . C'Ă©tait une alchimie rare, Ă©vidente. Nous avions l'impression de faire briller le soleil. Qu'est-ce qu'on Ă©tait beaux.
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Sophie Lambda (Tant pis pour l'amour. Ou comment j'ai survécu à un manipulateur)
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Question : On a remarquĂ© que depuis la fin du Protectorat au Maroc, les relations franco-marocaines se dĂ©tĂ©riorent chaque fois que la gauche est au pouvoir. On a remarquĂ© cela Ă  l’époque de Mitterrand et encore aujourd’hui. Comment expliquez-vous cela ? Est-ce que c’est liĂ© Ă  la gauche qui ne possĂšde pas les codes pour avoir de bonnes relations avec le Maroc ou n’a-t-elle pas les outils ou simplement a-t-elle une prĂ©fĂ©rence pour l’AlgĂ©rie ? RĂ©ponse : Il y a les faits historiques de la guerre d’AlgĂ©rie toujours, en toile de fond. Les socialistes français ont envoyĂ© des contingents en AlgĂ©rie. Ils ont aussi Ă  se faire pardonner de ce cĂŽtĂ©-lĂ . Mais il y a eu de mauvaises relations avec la droite Ă  l’indĂ©pendance du Maroc pour commencer et avec l’affaire Ben Barka. Il y a eu des tensions historiques et Ă  l’époque de Mitterrand, les relations avec le Maroc ont fini par ĂȘtre bonnes. Mais on peut ajouter Ă  l’histoire de la RĂ©publique française et Ă  l’histoire dans laquelle les socialistes s’inscrivent, un rapport difficile dĂšs les origines de la Monarchie. Mais ce n’est pas le cas de tous les socialistes en France.
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Pierre Vermeren
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Quelles bizarreries ne trouve-t-on pas dans une ville, qund on sait se promener et regarder? La ville fourmille de monstres innocents. - Seigneur, mon Dieu! vous, le CrĂ©ateur, vous, le MaĂźtre; vous qui avez fait la Loit et la LibertĂ©; vous, le souverain qui laissez faire; vous, le juge qui pardonnez; vous qui ĂȘtes plein de motifs et de causes, et qui avez peut-ĂȘtre mis dans mon esprit le goĂ»t de l'horreur pour convertir mon coeur, comme la guĂ©rison au bout d'une lame; Seigneur, ayez pitiĂ©, ayez pitiĂ© des fous et des folles! Ô CrĂ©ateur! peut-il exister des monstres aux yeux de Celui-lĂ  seul qui sait pourquoi ils existent,comment ils se sont faits et comment ils auraient pu ne pas se faire?
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Charles Baudelaire
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Nous entrerons demain dans la nuit. Que mon pays soit encore quand reviendra le jour ! Que faut-il faire pour le sauver ? Comment Ă©noncer une solution simple ? Les nĂ©cessitĂ©s sont contradictoires. Il importe de sauver l’hĂ©ritage spirituel, sans quoi la race sera privĂ©e de son gĂ©nie. Il importe de sauver la race, sans quoi l’hĂ©ritage sera perdu. Les logiciens, faute d’un langage qui concilierait les deux sauvetages, seront tentĂ©s de sacrifier ou l’ñme, ou le corps. Mais je me moque bien des logiciens. Je veux que mon pays soit – dans son esprit et dans sa chair – quand reviendra le jour. Pour agir selon le bien de mon pays il me faudra peser Ă  chaque instant dans cette direction, de tout mon amour. Il n’est point de passage que la mer ne trouve, si elle pĂšse.
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Antoine de Saint-Exupéry
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J'aurais voulu lui dire que je me sentais comme abimĂ©. Que j'existais sans vivre vraiment. Que des fois j'Ă©tais vide et des je fois je bouillonnais a l’intĂ©rieur, que j'Ă©tais sous pression, prĂȘt a Ă©clater. Que je ressentais plusieurs choses a la fois, comment dire? Que ça grouillait de pensĂ©es dans mon cerveau. Qu'il y avait une sorte d'impatience, comme l'envie de passer Ă  autre chose, quelque chose qui serait bien bien mieux que maintenant, sans savoir ce qui allait mal ni ce qui serait mieux. Que j'avais peur de pas y arriver, peur de pas pouvoir tenir jusque lĂ . De ne jamais ĂȘtre assez fort pour survivre Ă  ça, et que quand je disais "ça", je ne savais mĂȘme pas de quoi je parlais. Que j'arrivais pas Ă  gĂ©rer tout ce qu'il y avait dans ma tĂȘte. Que j'avais toujours l'impression d'ĂȘtre en danger, un danger permanent, de tous les cotĂ©s oĂč je regardais, d'ĂȘtre sur le point de me noyer. Comme si Ă  l'intĂ©rieur de moi le niveau montait et que j'allais ĂȘtre submergĂ©. Mais j'ai pas pu lui dire. J'ai dĂ©gluti et j'ai dit ça va aller, merci. C'Ă©tait plus facile.
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Claire-Lise Marguier (Le faire ou mourir)
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Comment se fait-il que l'humanitĂ©, en dĂ©pit de ressources planĂ©taires suffisantes et de ses prouesses technologiques sans prĂ©cĂ©dent, ne parvienne pas Ă  faire en sorte que chaque ĂȘtre humain puisse se nourrir, se vĂȘtir, s'abriter, se soigner et dĂ©velopper les potentiels nĂ©cessaires Ă  son accomplissement? Comment se fait-il que la moitiĂ© du genre humain, constituĂ©e par le monde fĂ©minin, soit toujours subordonnĂ©e Ă  l'arbitraire d'un masculin outrancier et violent? Comment se fait-il que le monde animal, Ă  savoir les crĂ©atures compagnes de notre destin et auxquelles nous devons mĂȘme notre propre survie Ă  travers l'histoire, soit ravalĂ© dans notre sociĂ©tĂ© d'hyperconsommation Ă  des masses ou Ă  des fabriques de protĂ©ines. Comment les mammifĂšres bipĂšdes auxquels j'appartiens ont-ils pu se croire le droit d'exercer d’innombrables exactions sur le monde animal, domestique ou sauvage? Comment se fait-il que nous n'ayons pas pris conscience de la valeur inestimable de notre petite planĂšte, seule oasis de vie au sein d'un dĂ©sert sidĂ©ral infini, et que nous ne cessions de la piller, de la polluer, de la dĂ©truire aveuglĂ©ment au lieu d'en prendre soin et d'y construire la paix et la concorde entre les peuples?
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Pierre Rabhi (La part du colibri: L'EspĂšce humaine face Ă  son devenir)
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Si vous voulez vous refermer, il faut arrĂȘter d’accepter de vous ouvrir Ă  contre-cƓur. *** Je veux rester lĂ . Je veux ĂȘtre un chĂąteau dans le sable. Je veux ĂȘtre le sable. Les mouettes. La mer. Les vagues. Je veux ĂȘtre une vague qui court sur la plage. Ou alors la plage, et attendre la dĂ©licatesse des vagues qui viennent me caresser doucement. *** - Tu es tĂȘtue ! - Pragmatique
 - FiĂšre ! - RĂ©aliste
 - ObstinĂ©e ! - DĂ©terminĂ©e
 - O.K. J’abandonne. *** Un proverbe arabe dit 'ne baisse pas les bras, tu risquerais de le faire deux secondes avant le miracle. *** On devient fou quand on regarde en face ce genre de vĂ©ritĂ©. Il vaut mieux occulter ce qui est trop dur, ne pas y penser, mettre le quotidien au premier plan, vivre les choses sans penser aux consĂ©quences, se nourrir des souvenirs pour ne pas subir le prĂ©sent, et encore moins ce qui risque d’avenir. *** Quand on vie un grand malheur dans sa vie, on a l’impression que le regard des autres ne nous autorise pas Ă  ĂȘtre joyeux, alors que tout au fond de soi, on sent que c’est cela qui permet de se maintenir en vie. Un proverbe japonais dit « Le bonheur va vers ceux qui savent rire » *** On ne se trompe jamais quand on aime. *** Romain est une de ces rares personnes qui, aprĂšs avoir dit bonjour, demandent comment Ò«a va avec un rĂ©el intĂ©rĂȘt pour la rĂ©ponse. On sent dans son regard et dans son attente qu’il est sincĂšrement Ă  l’écoute des autres.
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AgnĂšs Ledig (Juste avant le bonheur)
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En honorant l'Ă©cole Ă  l'excĂšs, c'est toi [l'Ă©lĂšve excellent] que tu flattes en douce, tu te poses plus ou moins consciemment en Ă©lĂšve idĂ©al. Ce faisant, tu masques les innombrables paramĂštres qui nous font tellement inĂ©gaux dans l'acquisition du savoir : circonstances, entourage, pathologies, tempĂ©rament
 Ah ! l'Ă©nigme du tempĂ©rament ! « Je dois tout Ă  l'Ă©cole de la RĂ©publique ! » Serait-ce que tu voudrais faire passer tes aptitudes pour des vertus ? (Les unes et les autres n'Ă©tant d'ailleurs pas incompatibles
) RĂ©duire ta rĂ©ussite Ă  une question de volontĂ©, de tĂ©nacitĂ©, de sacrifice, c'est ça que tu veux ? Il est vrai que tu fus un Ă©lĂšve travailleur et persĂ©vĂ©rant, et que le mĂ©rite t'en revient, mais c'est, aussi, pour avoir joui trĂšs tĂŽt de ton aptitude Ă  comprendre, Ă©prouvĂ© dĂšs tes premiĂšres conforntations au travail scolaire la joie immense d'avoir compris, et que l'effort portait en lui-mĂȘme la promesse de cette joie ! À l'heure oĂč je m'asseyais Ă  ma table Ă©crasĂ© par la conviction de mon idiotie, tu t'installais Ă  la tienne vibrant d'impatience, impatience de passer Ă  autre chose aussi, car ce problĂšme de math sur lequel je m'endormais tu l'expĂ©diais, toi, en un tournemain. Nos devoirs, qui Ă©taient les tremplins de ton esprit, Ă©taient les sables mouvants oĂč s'enlisait le mien. Ils te laissaient libre comme l'air, avec la satisfaction du devoir accompli, et moi hĂ©bĂ©tĂ© d'ignorance, maquillant un vague brouillon en copie dĂ©finitive, Ă  grand renfort de traits soigneusement tirĂ©s qui ne trompaient personne. À l'arrivĂ©e, tu Ă©tais le travailleur, j'Ă©tais le paresseux. C'Ă©tait donc ça, la paresse ? Cet enlisement en soi-mĂȘme ? Et le travail, qu'Ă©tait-ce donc ? Comment s'y prenaient-ils, ceux qui travaillaient bien ? OĂč puisaient-ils cette force ? Ce fut l'Ă©nigme de mon enfance. L'effort, oĂč je m'anĂ©antissais, te fut d'entrĂ©e de jeu un gage d'Ă©panouissement. Nous ignorions toi et moi qu'« il faut rĂ©ussir pour comprendre », selon le mot si clair de Piaget, et que nous Ă©tions, toi comme moi, la vivante illustration de cet axiome. (p. 271-272)
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Daniel Pennac (Chagrin d'Ă©cole)
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« Il dit rĂ©solument : « Je ne venais point vous voir parce que cela valait mieux. » Elle demanda, sans comprendre : « Comment ? Pourquoi ? – Pourquoi ? Vous ne devinez pas. – Non, pas du tout. – Parce que je suis amoureux de vous... oh ! un peu, rien qu’un peu... et que je ne veux pas le devenir tout Ă  fait... » Elle ne parut ni Ă©tonnĂ©e, ni choquĂ©e, ni flattĂ©e ; elle continuait Ă  sourire du mĂȘme sourire indiffĂ©rent, et elle rĂ©pondit avec tranquillitĂ© : « Oh ! vous pouvez venir tout de mĂȘme. On n’est jamais amoureux de moi longtemps. » Il fut surpris du ton plus encore que des paroles, et il demanda : « Pourquoi ? – Parce que c’est inutile et que je le fais comprendre tout de suite. Si vous m’aviez racontĂ© plus tĂŽt votre crainte, je vous aurais rassurĂ© et engagĂ© au contraire Ă  venir le plus possible. » Il s’écria, d’un ton pathĂ©tique : « Avec ça qu’on peut commander aux sentiments ! » Elle se tourna vers lui : « Mon cher ami, pour moi un homme amoureux est rayĂ© du nombre des vivants. Il devient idiot, pas seulement idiot, mais dangereux. Je cesse, avec les gens qui m’aiment d’amour, ou qui le prĂ©tendent, toute relation intime, parce qu’ils m’ennuient d’abord, et puis parce qu’ils me sont suspects comme un chien enragĂ© qui peut avoir une crise. Je les mets donc en quarantaine morale jusqu’à ce que leur maladie soit passĂ©e. Ne l’oubliez point. Je sais bien que chez vous l’amour n’est autre chose qu’une espĂšce d’appĂ©tit, tandis que chez moi ce serait, au contraire, une espĂšce de... de... de communion des Ăąmes qui n’entre pas dans la religion des hommes. Vous en comprenez la lettre, et moi l’esprit. Mais... regardez-moi bien en face... » Elle ne souriait plus. Elle avait un visage calme et froid et elle dit en appuyant sur chaque mot : « Je ne serai jamais, jamais votre maĂźtresse, entendez-vous. Il est donc absolument inutile, il serait mĂȘme mauvais pour vous de persister dans ce dĂ©sir... Et maintenant que... l’opĂ©ration est faite... voulez-vous que nous soyons amis, bons amis, mais lĂ , de vrais amis, sans arriĂšre-pensĂ©e ? » Il avait compris que toute tentative resterait stĂ©rile devant cette sentence sans appel. Il en prit son parti tout de suite, franchement, et, ravi de pouvoir se faire cette alliĂ©e dans l’existence, il lui tendit les deux mains : « Je suis Ă  vous, madame, comme il vous plaira. » » (de « Bel-Ami » par Guy de Maupassant)
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Guy de Maupassant
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FOLCO : "Socialisme" et "communisme" sont devenus presque des gros mots. Quelle est l'essence de ce rĂȘve Ă  laquelle on pourrait s'identifier, au lieu de le repousser sans mĂȘme y rĂ©flĂ©chir ? TIZIANO : L'idĂ©e du socialisme Ă©tait simple : crĂ©er une sociĂ©tĂ© dans laquelle il n'y aurait pas de patrons pour contrĂŽler les moyens de production, moyens avec lesquels ils rĂ©duisent le peuple en esclavage; Si tu as une usine et que tu en es le patron absolu, tu peux licencier et embaucher Ă  ta guise, tu peu mĂȘme embaucher des enfants de douze ans et les faire travailler. Il est clair que tu engranges un profit Ă©norme, qui n'est pas dĂ» uniquement Ă  ton travail, mais Ă©galement au travail de ces personnes-lĂ . Alors, si les travailleurs participent dĂ©jĂ  Ă  l'effort de production, pourquoi ne pas les laisser copossĂ©der l'usine ? La sociĂ©tĂ© est pleine d'injustices. On regarde autour de soi et on se dit : mais comment, il n'est pas possible de rĂ©soudre ces injustices ? Je m'explique. Quelqu'un a une entreprise agricole en amont d'un fleuve avec beaucoup d'eau. Il peut construire une digue pour empĂȘcher que l'eau aille jusqu'au paysan dans la vallĂ©e, mais ce n'est pas juste. Ne peut-il pas, au contraire, trouver un accord pour que toute cette eau arrive Ă©galement chez celui qui se trouve en bas ? Le socialisme, c'est l'idĂ©e d'une sociĂ©tĂ© dans laquelle personne n'exploite le travail de l'autre. Chacun fait son devoir et, de tout ce qui a Ă©tĂ© fait en commun, chacun prend ce dont il a besoin. Cela signifie qu'il vit en fonction de ce dont il a besoin, qu'il n'accumule pas, car l'accumulation enlĂšve quelque chose aux autres et ne sert Ă  rien. Regarde, aujourd'hui, tous ces gens richissimes, mĂȘme en Italie ! Toute cette accumulation, Ă  quoi sert-elle ? Elle sert aux gens riches. Elle leur sert Ă  se construire un yacht, une gigantesque villa Ă  la mer. Souvent, tout cet argent n'est mĂȘme pas recyclĂ© dans le systĂšme qui produit du travail. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. C'est de lĂ  qu'est nĂ©e l'idĂ©e du socialisme. FOLCO : Et le communisme ? Quelle est la diffĂ©rence entre le socialisme et le communisme ? TIZIANO : Le communisme a essayĂ© d'institutionnaliser l'aspiration socialiste, en crĂ©ant - on croit toujours que c'est la solution - des institutions et des organismes de contrĂŽle. DĂšs cet instant, le socialisme a disparu, parce que le socialisme a un fond anarchiste. Lorsqu'on commence Ă  mettre en place une police qui contrĂŽle combien de pain tu manges, qui oblige tout le monde Ă  aller au travail Ă  huit heures, et qui envoie au goulag ceux qui n'y vont pas, alors c'est fini. (p. 383-384)
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Tiziano Terzani (La fine Ăš il mio inizio)
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Comme l'impĂŽt est obligatoire pour tous, qu'ils votent ou non, une large proportion de ceux qui votent le font sans aucun doute pour Ă©viter que leur propre argent ne soit utilisĂ© contre eux; alors que, en fait, ils se fussent volontiers abstenus de voter, si par lĂ  ils avaient pu Ă©chapper ne serait-ce qu'Ă  l'impĂŽt, sans parler de toutes les autres usurpations et tyrannies du gouvernement. Prendre le bien d'un homme sans son accord, puis conclure Ă  son consentement parce qu'il tente, en votant, d'empĂȘcher que son bien ne soit utilisĂ© pour lui faire tort, voilĂ  une preuve bien insuffisante de son consentement Ă  soutenir la Constitution. Ce n'est en rĂ©alitĂ© aucunement une preuve. Puisque tous les hommes qui soutiennent la Constitution en votant (pour autant qu'il existe de tels hommes) le font secrĂštement (par scrutin secret), et de maniĂšre Ă  Ă©viter toute responsabilitĂ© personnelle pour l'action de leurs agents ou reprĂ©sentants, on ne saurait dire en droit ou en raison qu'il existe un seul homme qui soutienne la Constitution en votant. Puisque tout vote est secret (par scrutin secret), et puisque tout gouvernement secret est par nĂ©cessitĂ© une association secrĂšte de voleurs, tyrans et assassins, le fait gĂ©nĂ©ral que notre gouvernement, dans la pratique, opĂšre par le moyen d'un tel vote prouve seulement qu'il y a parmi nous une association secrĂšte de voleurs, tyrans et assassins, dont le but est de voler, asservir et -- s'il le faut pour accomplir leurs desseins -- assassiner le reste de la population. Le simple fait qu'une telle association existe ne prouve en rien que "le peuple des Etats-Unis", ni aucun individu parmi ce peuple, soutienne volontairement la Constitution. Les partisans visibles de la Constitution, comme les partisans visibles de la plupart des autres gouvernements, se rangent dans trois catĂ©gories, Ă  savoir: 1. Les scĂ©lĂ©rats, classe nombreuse et active; le gouvernement est pour eux un instrument qu'ils utiliseront pour s'agrandir ou s'enrichir; 2. Les dupes -- vaste catĂ©gorie, sans nul doute, dont chaque membre, parce qu'on lui attribue une voix sur des millions pour dĂ©cider ce qu'il peut faire de sa personne et de ses biens, et parce qu'on l'autorise Ă  avoir, pour voler, asservir et assassiner autrui, cette mĂȘme voix que d'autres ont pour le voler, l'asservir et l'assassiner, est assez sot pour imaginer qu'il est "un homme libre", un "souverain"; assez sot pour imaginer que ce gouvernement est "un gouvernement libre", "un gouvernement de l'Ă©galitĂ© des droits", "le meilleur gouvernement qu'il y ait sur terre", et autres absurditĂ©s de ce genre; 3. Une catĂ©gorie qui a quelque intelligence des vices du gouvernement, mais qui ou bien ne sait comment s'en dĂ©barrasser, ou bien ne choisit pas de sacrifier ses intĂ©rĂȘts privĂ©s au point de se dĂ©vouer sĂ©rieusement et gravement Ă  la tĂąche de promouvoir un changement. Le fait est que le gouvernement, comme un bandit de grand chemin, dit Ă  un individu: "La bourse ou la vie." QuantitĂ© de taxes, ou mĂȘme la plupart, sont payĂ©es sous la contrainte d'une telle menace.
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Lysander Spooner (Outrage À Chefs D'Ă©tat ;Suivi De Le Droit Naturel)
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Il faut que je vous Ă©crive, mon aimable Charlotte, ici, dans la chambre d’une pauvre auberge de village, oĂč je me suis rĂ©fugiĂ© contre le mauvais temps. Dans ce triste gĂźte de D., oĂč je me traĂźne au milieu d’une foule Ă©trangĂšre, tout Ă  fait Ă©trangĂšre Ă  mes sentiments, je n’ai pas eu un moment, pas un seul, oĂč le cƓur in’ait dit de vous Ă©crire : et maintenant, dans cette cabane, dans cette solitude, dans cette prison, tandis que la neige et la grĂȘle se dĂ©chaĂźnent contre ma petite fenĂȘtre, ici, vous avez Ă©tĂ© ma premiĂšre pensĂ©e. DĂšs que je fus entrĂ©, votre image, ĂŽ Charlotte, votre pensĂ©e m’a saisi, si sainte, si vivante ! Bon Dieu, c’est le premier instant de bonheur que je retrouve. Si vous me voyiez, mon amie, dans ce torrent de dissipations ! Comme toute mon Ăąme se dessĂšche ! Pas un moment oĂč le cƓur soit plein ! pas une heure fortunĂ©e ! rien, rien ! Je suis lĂ  comme devant une chambre obscure : je vois de petits hommes et de petits chevaux tourner devant moi, et je me demande souvent si ce n’est pas une illusion d’optique. Je m’en amuse, ou plutĂŽt on s’amuse de moi comme d’une ma"rionnette ; je prends quelquefois mon voisin par sa main de bois, et je recule en frissonnant. Le soir, je fais le projet d’aller voir lever le soleil, et je reste au lit ; le jour, je me promets le plaisir du clair de lune, et je m’oublie dans ma chambre. Je ne sais trop pourquoi je me lĂšve, pourquoi je me coucha. Le levain qui faisait fermenter ma vie, je ne l’ai plus ; le charme qui me tenait Ă©veillĂ© dans les nuits profondes s’est Ă©vanoui ; l’enchantement qui, le matin, m’arrachait au sommeil a fui loin de moi. Je n’ai trouvĂ© ici qu’une femme, une seule, Mlle de B. Elle vous ressemble, ĂŽ Charlotte, si l’on peut vous ressembler. «.Eh quoi ? direz-vous, le voilĂ  qui fait de jolis compliments ! » Cela n’est pas tout Ă  fait imaginaire : depuis quelque temps je suis trĂšs-aimable, parce que je ne puis faire autre chose ; j’ai beaucoup d’esprit, at les dames disent que personne ne sait louer aussi finement
. «Ni mentir, ajouterez-vous, car l’un ne va pas sans l’autre, entendez-vous ?
 » Je voulais parler de Mlle B. Elle a beaucoup d’ñme, on le voit d’abord Ă  la flamme de ses yeux bleus. Son rang lui est Ă  charge ; il ne satisfait aucun des vƓux de son cƓur. Elle aspire Ă  sortir de ce tumulte, et nous rĂȘvons, des heures entiĂšres, au mijieu de scĂšnes champĂȘtres, un bonheur sans mĂ©lange ; hĂ©las ! nous rĂȘvons Ă  vous, Charlotte ! Que de fois n’est-elle pas obligĂ©e de vous rendre hommage !
 Non pas obligĂ©e : elle le fait de bon grĂ© ; elle entend volontiers parler de vous ; elle vous aime. Oh ! si j’étais assis Ă  vos pieds, dans la petite chambre, gracieuse et tranquille ! si nos chers petits jouaient ensemble autour de moi, et, quand leur bruit vous fatiguerait, si je pouvais les rassembler en cercle et les calmer avec une histoire effrayante ! Le soleil se couche avec magnificence sur la contrĂ©e Ă©blouissante de neige ; l’orage est passĂ© ; et moi
. il faut que je rentre dans ma cage
. Adieu. Albert est-il auprĂšs de vous ? Et comment ?
 Dieu veuille me pardonner cette question !
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Johann Wolfgang von Goethe (The Sorrows of Young Werther)
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Le dĂ©ment - N'avez-vous pas entendu parler de ce dĂ©ment qui, dans la clartĂ© de midi alluma une lanterne, se prĂ©cipita au marchĂ© et cria sans discontinuer : « Je cherche Dieu ! Je cherche Dieu ! » –Étant donnĂ© qu'il y avait justement lĂ  beaucoup de ceux qui ne croient pas en Dieu, il dĂ©chaĂźna un Ă©norme Ă©clat de rire. S'est-il donc perdu ? disait l'un. S'est-il Ă©garĂ© comme un enfant ? disait l'autre. Ou bien s'est-il cachĂ© ? A-t-il peur de nous ? S'est-il embarquĂ© ? A-t-il Ă©migrĂ© ?–ainsi criaient-ils en riant dans une grande pagaille. Le dĂ©ment se prĂ©cipita au milieu d'eux et les transperça du regard. « OĂč est passĂ© Dieu ? lança-t-il, je vais vous le dire ! Nous l'avons tuĂ©,–vous et moi ! Nous sommes tous ses assassins ! Mais comment avons-nous fait cela ? Comment pĂ»mes-nous boire la mer jusqu'Ă  la derniĂšre goutte ? Qui nous donna l'Ă©ponge pour faire disparaĂźtre tout l'horizon ? Que fĂźmes-nous en dĂ©tachant cette terre de son soleil ? OĂč l'emporte sa course dĂ©sormais ? OĂč nous emporte notre course ? Loin de tous les soleils ? Ne nous abĂźmons-nous pas dans une chute permanente ? Et ce en arriĂšre, de cĂŽtĂ©, en avant, de tous les cĂŽtĂ©s ? Est-il encore un haut et un bas ? N'errons-nous pas comme Ă  travers un nĂ©ant infini ? L'espace vide ne rĂ©pand-il pas son souffle sur nous ? Ne s'est-il pas mis Ă  faire plus froid ? La nuit ne tombe-t-elle pas continuellement, et toujours plus de nuit ? Ne faut-il pas allumer des lanternes Ă  midi ? N'entendons-nous rien encore du bruit des fossoyeurs qui ensevelissent Dieu ? Ne sentons-nous rien encore de la dĂ©composition divine ?–les dieux aussi se dĂ©composent ! Dieu est mort ! Dieu demeure mort ! Et nous l'avons tuĂ© ! Comment nous consolerons-nous, nous, assassins entre les assassins ? Ce que le monde possĂ©dait jusqu'alors de plus saint et de plus puissant, nos couteaux l'ont vidĂ© de son sang,–qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles cĂ©rĂ©monies expiatoires, quels jeux sacrĂ©s nous faudra-t-il inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne nous faut-il pas devenir nous-mĂȘmes des dieux pour apparaĂźtre seulement dignes de lui ? Jamais il n'y eut acte plus grand,–et quiconque naĂźt aprĂšs nous appartient du fait de cet acte Ă  une histoire supĂ©rieure Ă  ce que fut jusqu'alors toute histoire ! » Le dĂ©ment se tut alors et considĂ©ra de nouveau ses auditeurs : eux aussi se taisaient et le regardaient dĂ©concertĂ©s. Il jeta enfin sa lanterne Ă  terre : elle se brisa et s'Ă©teignit. « Je viens trop tĂŽt, dit-il alors, ce n'est pas encore mon heure. Cet Ă©vĂ©nement formidable est encore en route et voyage,–il n'est pas encore arrivĂ© jusqu'aux oreilles des hommes. La foudre et le tonnerre ont besoin de temps, la lumiĂšre des astres a besoin de temps, les actes ont besoin de temps, mĂȘme aprĂšs qu'ils ont Ă©tĂ© accomplis, pour ĂȘtre vus et entendus. Cet acte est encore plus Ă©loignĂ© d'eux que les plus Ă©loignĂ©s des astres,–et pourtant ce sont eux qui l'ont accompli. » On raconte encore que ce mĂȘme jour, le dĂ©ment aurait fait irruption dans diffĂ©rentes Ă©glises et y aurait entonnĂ© son Requiem aeternam deo. ExpulsĂ© et interrogĂ©, il se serait contentĂ© de rĂ©torquer constamment ceci : « Que sont donc encore ces Ă©glises si ce ne sont pas les caveaux et les tombeaux de Dieu ? »
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Friedrich Nietzsche (The Gay Science: With a Prelude in Rhymes and an Appendix of Songs)
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FRÈRE LAURENCE.—Un arrĂȘt moins rigoureux s’est Ă©chappĂ© de sa bouche: ce n’est pas la mort de ton corps, mais son bannissement. ROMÉO.—Ah! le bannissement! aie pitiĂ© de moi; dis la mort. L’aspect de l’exil porte avec lui plus de terreur, beaucoup plus que la mort. Ah! ne me dis pas que c’est le bannissement. FRÈRE LAURENCE.—Tu es banni de VĂ©rone. Prends patience; le monde est grand et vaste. ROMÉO.—Le monde n’existe pas hors des murs de VĂ©rone; ce n’est plus qu’un purgatoire, une torture, un vĂ©ritable enfer. Banni de ce lieu, je le suis du monde, c’est la mort. Oui, le bannissement, c’est la mort sous un faux nom; et ainsi, en nommant la mort un bannissement, tu me tranches la tĂȘte avec une hache d’or, et souris au coup qui m’assassine. FRÈRE LAURENCE.—O mortel pĂ©chĂ©! ĂŽ farouche ingratitude! Pour ta faute, notre loi demandait la mort; mais le prince indulgent, prenant ta dĂ©fense, a repoussĂ© de cĂŽtĂ© la loi, et a changĂ© ce mot funeste de mort en celui de bannissement: c’est une rare clĂ©mence, et tu ne veux pas la reconnaĂźtre. ROMÉO.—C’est un supplice et non une grĂące. Le ciel est ici, oĂč vit Juliette: les chats, les chiens, la moindre petite souris, tout ce qu’il y a de plus misĂ©rable vivra ici dans le ciel, pourra la voir; et RomĂ©o ne le peut plus! La mouche qui vit de charogne jouira d’une condition plus digne d’envie, plus honorable, plus relevĂ©e que RomĂ©o; elle pourra s’ébattre sur les blanches merveilles de la chĂšre main de Juliette, et dĂ©rober le bonheur des immortels sur ces lĂšvres oĂč la pure et virginale modestie entretient une perpĂ©tuelle rougeur, comme si les baisers qu’elles se donnent Ă©taient pour elles un pĂ©chĂ©; mais RomĂ©o ne le peut pas, il est banni! Ce que l’insecte peut librement voler, il faut que je vole pour le fuir; il est libre et je suis banni; et tu me diras encore que l’exil n’est pas la mort!
 N’as-tu pas quelque poison tout prĂ©parĂ©, quelque poignard affilĂ©, quelque moyen de mort soudaine, fĂ»t-ce la plus ignoble? Mais banni! me tuer ainsi! banni! O moine, quand ce mot se prononce en enfer, les hurlements l’accompagnent.—Comment as-tu le coeur, toi un prĂȘtre, un saint confesseur, toi qui absous les fautes, toi mon ami dĂ©clarĂ©, de me mettre en piĂšces par ce mot bannissement? FRÈRE LAURENCE.—Amant insensĂ©, Ă©coute seulement une parole. ROMÉO.—Oh! tu vas me parler encore de bannissement. FRÈRE LAURENCE.—Je veux te donner une arme pour te dĂ©fendre de ce mot: c’est la philosophie, ce doux baume de l’adversitĂ©; elle te consolera, quoique tu sois exilĂ©. ROMÉO.—Encore l’exil! Que la philosophie aille se faire pendre: Ă  moins que la philosophie n’ait le pouvoir de crĂ©er une Juliette, de dĂ©placer une ville, ou de changer l’arrĂȘt d’un prince, elle n’est bonne Ă  rien, elle n’a nulle vertu; ne m’en parle plus. FRÈRE LAURENCE.—Oh! je vois maintenant que les insensĂ©s n’ont point d’oreilles. ROMÉO.—Comment en auraient-ils, lorsque les hommes sages n’ont pas d’yeux? FRÈRE LAURENCE.—Laisse-moi discuter avec toi ta situation. ROMÉO.—Tu ne peux parler de ce que tu ne sens pas. Si tu Ă©tais aussi jeune que moi, amant de Juliette, mariĂ© seulement depuis une heure, meurtrier de Tybalt, Ă©perdu d’amour comme moi, et comme moi banni, alors tu pourrais parler; alors tu pourrais t’arracher les cheveux et te jeter sur la terre comme je fais, pour prendre la mesure d’un tombeau qui n’est pas encore ouvert.
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William Shakespeare (Romeo and Juliet)
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J’ai d’ailleurs un ami qui, ces jours-ci, m’a affirmĂ© que nous ne savons mĂȘme pas ĂȘtre paresseux. Il prĂ©tend que nous paressons lourdement, sans plaisir, ni bĂ©atitude, que notre repos est fiĂ©vreux, inquiet, mĂ©content ; qu’en mĂȘme temps que la paresse, nous gardons notre facultĂ© d’analyse, notre opinion sceptique, une arriĂšre-pensĂ©e, et toujours sur les bras une affaire courante, Ă©ternelle, sans fin. Il dit encore que nous nous prĂ©parons Ă  ĂȘtre paresseux et Ă  nous reposer comme Ă  une affaire dure et sĂ©rieuse et que, par exemple, si nous voulons jouir de la nature, nous avons l’air d’avoir marquĂ© sur notre calendrier, encore la semaine derniĂšre, que tel et tel jour, Ă  telle et telle heure, nous jouirons de la nature. Cela me rappelle beaucoup cet Allemand ponctuel qui, en quittant Berlin, nota tranquillement sur son carnet. « En passant Ă  Nuremberg ne pas oublier de me marier. » Il est certain que l’Allemand avait, avant tout, dans sa tĂȘte, un systĂšme, et il ne sentait pas l’horreur du fait, par reconnaissance pour ce systĂšme. Mais il faut bien avouer que dans nos actes Ă  nous, il n’y a mĂȘme aucun systĂšme. Tout se fait ainsi comme par une fatalitĂ© orientale. Mon ami a raison en partie. Nous semblons traĂźner notre fardeau de la vie par force, par devoir, mais nous avons honte d’avouer qu’il est au-dessus de nos forces, et que nous sommes fatiguĂ©s. Nous avons l’air, en effet, d’aller Ă  la campagne pour nous reposer et jouir de la nature. Regardez avant tout les bagages rien laissĂ© de ce qui est usĂ©, de ce qui a servi l’hiver, au contraire, nous y avons ajoutĂ© des choses nouvelles. Nous vivons de souvenirs et l’ancien potin et la vieille affaire passent pour neufs. Autrement c’est ennuyeux ; autrement il faudra jouer au whist avec l’accompagnement du rossignol et Ă  ciel ouvert. D’ailleurs, c’est ce qui se fait. En outre, nous ne sommes pas bĂątis pour jouir de la nature ; et, en plus, notre nature, comme si elle connaissait notre caractĂšre, a oubliĂ© de se parer au mieux. Pourquoi, par exemple, est-elle si dĂ©veloppĂ©e chez nous l’habitude trĂšs dĂ©sagrĂ©able de toujours contrĂŽler, Ă©plucher nos impressions – souvent sans aucun besoin – et, parfois mĂȘme, d’évaluer le plaisir futur, qui n’est pas encore rĂ©alisĂ©, de le soupeser, d’en ĂȘtre satisfait d’avance en rĂȘve, de se contenter de la fantaisie et, naturellement, aprĂšs, de n’ĂȘtre bon Ă  rien pour une affaire rĂ©elle ? Toujours nous froisserons et dĂ©chirerons la fleur pour sentir mieux son parfum, et ensuite nous nous rĂ©volterons quand, au lieu de parfum, il ne restera plus qu’une fumĂ©e. Et cependant, il est difficile de dire ce que nous deviendrions si nous n’avions pas au moins ces quelques jours dans toute l’annĂ©e et si nous ne pouvions satisfaire par la diversitĂ© des phĂ©nomĂšnes de la nature notre soif Ă©ternelle, inextinguible de la vie naturelle, solitaire. Et enfin, comment ne pas tomber dans l’impuissance en cherchant Ă©ternellement des impressions, comme la rime pour un mauvais vers, en se tourmentant de la soif d’activitĂ© extĂ©rieure, en s’effrayant enfin, jusqu’à en ĂȘtre malade, de ses propres illusions, de ses propres chimĂšres, de sa propre rĂȘverie et de tous ces moyens auxiliaires par lesquels, en notre temps, on tĂąche, n’importe comment, de remplir le vide de la vie courante incolore. Et la soif d’activitĂ© arrive chez nous jusqu’à l’impatience fĂ©brile. Tous dĂ©sirent des occupations sĂ©rieuses, beaucoup avec un ardent dĂ©sir de faire du bien, d’ĂȘtre utiles, et, peu Ă  peu, ils commencent dĂ©jĂ  Ă  comprendre que le bonheur n’est pas dans la possibilitĂ© sociale de ne rien faire, mais dans l’activitĂ© infatigable, dans le dĂ©veloppement et l’exercice de toutes nos facultĂ©s.
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Fyodor Dostoevsky
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RhinocĂ©ros , EugĂšne Ionesco Le Vieux Monsieur et le Logicien vont s’asseoir Ă  l’une des tables de la terrasse, un peu Ă  droite et derriĂšre Jean et BĂ©renger. BĂ©renger, Ă  Jean : Vous avez de la force. Jean : Oui, j’ai de la force, j’ai de la force pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai de la force parce que j’ai de la force, ensuite j’ai de la force parce que j’ai de la force morale. J’ai aussi de la force parce que je ne suis pas alcoolisĂ©. Je ne veux pas vous vexer, mon cher ami, mais je dois vous dire que c’est l’alcool qui pĂšse en rĂ©alitĂ©. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Voici donc un syllogisme exemplaire. Le chat a quatre pattes. Isidore et Fricot ont chacun quatre pattes. Donc Isidore et Fricot sont chats. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Mon chien aussi a quatre pattes. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Alors c’est un chat. BĂ©renger, Ă  Jean : Moi, j’ai Ă  peine la force de vivre. Je n’en ai plus envie peut-ĂȘtre. Le Vieux Monsieur, au Logicien aprĂšs avoir longuement rĂ©flĂ©chi : Donc logiquement mon chien serait un chat. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Logiquement, oui. Mais le contraire est aussi vrai. BĂ©renger, Ă  Jean : La solitude me pĂšse. La sociĂ©tĂ© aussi. Jean, Ă  BĂ©renger : Vous vous contredisez. Est-ce la solitude qui pĂšse, ou est-ce la multitude ? Vous vous prenez pour un penseur et vous n’avez aucune logique. Le Vieux Monsieur, au Logicien : C’est trĂšs beau la logique. Le Logicien, au Vieux Monsieur : A condition de ne pas en abuser. BĂ©renger, Ă  Jean : C’est une chose anormale de vivre. Jean : Au contraire. Rien de plus naturel. La preuve : tout le monde vit. BĂ©renger : Les morts sont plus nombreux que les vivants. Leur nombre augmente. Les vivants sont rares. Jean : Les morts, ca n’existe pas, c’est le cas de le dire !
 Ah ! ah !
 (Gros rire) Ceux-lĂ  aussi vous pĂšsent ? Comment peuvent peser des choses qui n’existent pas ? BĂ©renger: Je me demande moi-mĂȘme si j’existe ! Jean, Ă  BĂ©renger : Vous n’existez pas, mon cher, parce que vous ne pensez pas ! Pensez, et vous serez. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Autre syllogisme : tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat. Le Vieux Monsieur : Et il a quatre pattes. C’est vrai, j’ai un chat qui s’appelle Socrate. Le Logicien : Vous voyez
 Jean, Ă  BĂ©renger : Vous ĂȘtes un farceur, dans le fond. Un menteur. Vous dites que la vie ne vous intĂ©resse pas. Quelqu’un, cependant, vous intĂ©resse ! BĂ©renger : Qui ? Jean : Votre petite camarade de bureau, qui vient de passer. Vous en ĂȘtes amoureux ! Le Vieux Monsieur, au Logicien : Socrate Ă©tait donc un chat ! Le Logicien : La logique vient de nous le rĂ©vĂ©ler. Jean : Vous ne vouliez pas qu’elle vous voie dans le triste Ă©tat oĂč vous vous trouviez. Cela prouve que tout ne vous est pas indiffĂ©rent. Mais comment voulez-vous que Daisy soit sĂ©duite par un ivrogne ? Le Logicien : Revenons Ă  nos chats. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Je vous Ă©coute. BĂ©renger, Ă  Jean : De toute façon, je crois qu’elle a dĂ©jĂ  quelqu’un en vue. Jean, Ă  BĂ©renger : Qui donc ? BĂ©renger, Ă  Jean : Dudard. Un collĂšgue du bureau : licenciĂ© en droit, juriste, grand avenir dans la maison, de l’avenir dans le cƓur de Daisy, je ne peux pas rivaliser avec lui. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Le chat Isidore a quatre pattes. Le Vieux Monsieur : Comment le savez-vous ? Le Logicien : C’est donnĂ© par hypothĂšse. BĂ©renger, Ă  Jean : Il est bien vu par le chef. Moi, je n’ai pas d’avenir, pas fait d’études, je n’ai aucune chance. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ah ! par hypothĂšse ! Jean, Ă  BĂ©renger : Et vous renoncez, comme cela
 BĂ©renger, Ă  Jean : Que pourrais-je faire ? Le Logicien, au Vieux Monsieur : Fricot aussi a quatre pattes. Combien de pattes auront Fricot et Isidore ? Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ensemble ou sĂ©parĂ©ment ? Jean, Ă  BĂ©renger : La vie est une lutte, c’est lĂąche de ne pas combattre !
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EugÚne Ionesco (Rhinocéros)
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Certes le dirigeant doit miser sur des leviers du succĂšs et de l’excellence, mais son action trouvera des limites dans la volontĂ© et les stratĂ©gies des individus Ă  ne pas coopĂ©rer, Ă  plutĂŽt miser sur des stratĂ©gies personnelles. Alors, comment faire partager une passion commune pour la transformer en une vision et en des projets communs ? Comment introduire la mĂȘme passion dans le cƓur des autres ? Comment agir sur son propre cƓur et sur son esprit ?
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Abdou Karim GUEYE Le Coeur et l'Esprit
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Jusqu’à quel point faut-il consentir des « accommodements raisonnables » Ă  des personnes qui veulent vivre intĂ©gralement, dans des sociĂ©tĂ©s sĂ©cularisĂ©es, les prĂ©ceptes de leur religion ? Comment faire en sorte que la libertĂ© de religion reconnue par les chartes des droits ne soit pas la voie de passage vers l’établissement d’un cadre de vie publique qui rende impossibles les autres libertĂ©s proclamĂ©es par ces chartes ? Plus fondamentalement, comment faire coexister, dans la formulation de choix politiques et dans la mise en place d’un cadre de vie commun, des visions de l’ĂȘtre humain, des rapports entre hommes et femmes, de la sociĂ©tĂ©, de l’histoire, aussi radicalement opposĂ©es que les visions fondamentalistes et les visions sĂ©cularisĂ©es ? Ce ne sont pas des questions gratuites. Partout maintenant, les fondamentalismes religieux veulent substituer aux codes civils et criminels et aux cadres politiques d’inspiration libĂ©rale, au sens large du terme, des codes civils et criminels et des cadres politiques traduisant trĂšs prĂ©cisĂ©ment des opinions religieuses. Faut-il insister en rappelant les pratiques que semble vouloir Ă©tablir sur les terres qu’il a conquises le « Califat » autoproclamĂ© de l’« État islamique » ? Les dĂ©mocraties libĂ©rales occidentales, dont la quĂ©bĂ©coise et la canadienne, fiĂšres de leurs gĂ©nĂ©reuses dĂ©clarations des droits de la personne, doivent apprendre Ă  vivre, dans et hors leurs frontiĂšres, avec des groupes qui veulent mettre en place un ordre social radicalement diffĂ©rent nourri d’une foi intransigeante. Plus fondamentalement, il faut courir le risque de prĂ©server des libertĂ©s pour tous, y incluant pour des personnes qui les rĂ©clament au nom des principes libĂ©raux eux-mĂȘmes tout en rĂȘvant parfois d’un nouvel ordre social et politique oĂč ces libertĂ©s ne seraient plus reconnues, du moins sous leur forme actuelle. Le sacrifice de plus de 150 militaires canadiens dans les paysages arides de l’Afghanistan ne nous a apportĂ© aucun avancement dans la solution de cet enjeu dĂ©sormais capital. Il sera prĂ©sent probablement longtemps dans les sociĂ©tĂ©s se rĂ©clamant de la dĂ©mocratie libĂ©rale.
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Claude Corbo (ÉCHEC DE FÉLIX-GABRIEL MARCHAND : UNE INTERPRÉTATION EN FORME DRAMATIQUE)
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en se connaissant mieux, l'individu est Ă  mĂȘme de faire des choix et de prendre des dĂ©cisions qui aspirent Ă  ces valeurs profondes.
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AmĂ©lie Barthelot (MÉDITATION : Le guide pratique pour commencer la mĂ©ditation et vivre une vie incroyable et sans stress (comment mĂ©diter, mĂ©ditation pour dĂ©butant, pratiquer ... pleine conscience) (French Edition))
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Le reproche que l’on peut faire aux modernistes n'est pas de constater les « affaiblissements » et « durcissements » qui se produisent au sein des civilisations traditionnelles, — car on ne saurait reprocher Ă  quelqu’un de voir une chose qui existe, — mais de conclure Ă  l’infĂ©rioritĂ© globale desdites civilisations ; or, pour avoir le droit de juger ainsi, le monde moderne devrait lui-mĂȘme possĂ©der les valeurs spirituelles — donc fondamentales — de toute civilisation normale, ce qui prĂ©cisĂ©ment n’est pas le cas, ou en d’autres termes, il devrait dĂ©montrer comment il est possible Ă  l’esprit humain de porter toute son attention sur les domaines les plus divergents, ou encore, comment une civilisation peut concilier pratiquement les progrĂšs modernes — fruits de tant d’efforts intenses conditionnĂ©s par une surestimation des choses terrestres — avec un esprit contemplatif,c’est-Ă -dire tournĂ© vers les rĂ©alitĂ©s transcendantes et par consĂ©quent indiffĂ©rent Ă  l’égard des choses de ce monde. Car toute la question se rĂ©duit en somme Ă  l’alternative suivante : ou bien le monde moderne possĂšde les valeurs spirituelles des civilisations normales, et dans ce cas, il peut citer en exemple ses progrĂšs qui,lorsqu'on les isole artificiellement de leur ambiance de compossibles, sont incontestables ; ou bien, le monde moderne ne possĂšde pas lesdites valeurs, mais alors il est dĂ©pourvu de ce qui seul donne un sens Ă  la vie et la rend digne d’ĂȘtre vĂ©cue. FatalitĂ© et ProgrĂ©s
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Frithjof Schuon
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Pour illustrer ceci et mieux faire comprendre ce que nous voulons dire, le meilleur exemple nous paraĂźt ĂȘtre celui des Principes du calcul infinitĂ©simal, ouvrage dont on parle peu et qui, bien qu’il ait Ă©tĂ© publiĂ© aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, est typique de l’inspiration premiĂšre et de la mĂ©thode de RenĂ© GuĂ©non. On aurait d’ailleurs tort de le considĂ©rer comme un Ă©crit d’importance secondaire car il contient, notamment dans les considĂ©rations dĂ©veloppĂ©es sur la notion d’« intĂ©gration », un enseignement essentiel dont on ne trouve pas l’équivalent dans le reste de l’oeuvre guĂ©nonienne. Cet enseignement s ’appuie conjointement sur un examen critique des thĂ©ories avancĂ©es par Leibniz pour justifier la mĂ©thode infinitĂ©simale, de sorte que la lumiĂšre de l’Intellect primordial est projetĂ©e ici, non pas sur une doctrine ou un symbole traditionnel, mais bien sur les thĂšses d’un philosophe « semi-profane ». On juge mieux, par cet exemple, comment certaines mĂ©prises ont pu naĂźtre au sujet de la portĂ©e exacte de la doctrine exposĂ©e par GuĂ©non : s’il est bien Ă©vident qu’aucune organisation initiatique n’a jamais fondĂ© sa mĂ©thode spirituelle sur la lecture de Leibniz, la comprĂ©hension parfaite du symbolisme mathĂ©matique exposĂ© au chapitre XVIII du Symbolisme de la Croix implique, en revanche, une connaissance approfondie de la mĂ©thode diffĂ©rentielle et du calcul intĂ©gral.
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Charles-André Gilis (Introduction à l'enseignement et au mystÚre de René Guénon)
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La Milice Rebelle passe devant moi dans un bruit de tonnerre, continuant Ă  ouvrir les cages et Ă  en libĂ©rer les occupants. S'en vont les lapins qui auraient dĂ» ĂȘtre Ă©bouillantĂ©s vifs demain. Ceci va faire considĂ©rablement reculer l'Ă©tude gouvernementale sur le coup de chaleur. Il est indispensable que nous continuions Ă  vĂ©rifier des faits Ă©tablis depuis un siĂšcle. Ces vĂ©rifications sont essentielles Ă  la dĂ©fense nationale. Nous avons derriĂšre nous une longue et glorieuse histoire de lapins cuits, brĂ»lĂ©s et Ă©bouillantĂ©s. Et nous devons trouver de nouvelles mĂ©thodes de cuisson, de brĂ»lure et d'Ă©bouillantage. Sinon comment pourrions-nous faire part de nos progrĂšs au CongrĂšs ?
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William Kotzwinkle (Dr. Rat)
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This is an egregious breach of journalistic ethics. It’s absolutely inappropriate, whether they consider themselves “journalists” or not. You don’t “act” the part of an independent, objective host and secretly rehearse your exchanges with a candidate. Ever. If neither gifts nor praise worked, Trump would use insults or threats. Commentators like Charles Krauthammer, Brit Hume, George Will, Jonah Goldberg, Dana Perino, Rich Lowry, Steve Hayes, Marc Thiessen, and Chris Stirewalt were derided as “dummies” or “losers” or “lightweights” or “failures” for offering their honest, albeit unflattering, analysis of Trump. Anyone who didn’t fall under the Trump spell was fair game. Plenty of straight news reporters were hit too. The Des Moines Register’s journalists were banned from Trump’s campaign events because the paper’s editorial board had harshly criticized him. The Washington Post was later banned for similar reasons. So were Univision, the Daily Beast, and others. The message was clear: cover Trump “nicely,” and good things happen. Hit him too hard, and suffer the consequences. He’d been laying the groundwork for that basic strategy for months before he launched his campaign.   In
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Megyn Kelly (Settle for More)
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Toute la difficultĂ© de "l'authenticitĂ©" pour un gay, c'est qu'il est bien difficile de savoir comment s'identifier Ă  une "identitĂ©" qui est nĂ©cessairement plurielle, multiple : c'est une identitĂ© sans identitĂ©. Une identitĂ© toujours Ă  crĂ©er. En effet, il n'y a pas de "moi" Ă  "ĂȘtre", qui prĂ©existerait Ă  ce que l'on fait advenir Ă  l'existence, dĂšs lors qu'on veut s'arracher aux contenus psychologiques imposĂ©s par le discours social et culture (mĂ©dical, psychanalytique, juridique
) sur l'homosexualitĂ©. C'est pourquoi Henning Bech peut dire que l'homosexuel est un "existentialiste-nĂ©" car l'existence prĂ©cĂšde et prĂ©cĂ©dera (toujours) l'essence : l'identitĂ© gay, dĂšs lors qu'elle est choisie et non plus subie, n'est jamais donnĂ©e. Mais pour se construire, elle se rĂ©fĂšre nĂ©cessairement Ă  des modĂšles dĂ©jĂ  Ă©tablis, dĂ©jĂ  visibles (dans leur multiplicitĂ©), et l'on peut dire, par consĂ©quent, qu'il s'agit de "se faire gay" non seulement au sens de se crĂ©er comme tel, mais aussi, peut-ĂȘtre, de le faire en s'inspirant d'exemples dĂ©jĂ  disponibles dans la sociĂ©tĂ© et dans l'histoire, et en les retravaillant, en les transformant. Si "identitĂ©" il y a, c'est une identitĂ© personnelle qui se crĂ©e dans le rapport Ă  une identitĂ© collective. Elle s'invente dans et par les "personnages sociaux", les "rĂŽles" que l'on "joue" et qu'on porte Ă  l'existence dans un horizon de recrĂ©ation collective de la subjectivitĂ©. (p. 171-172)
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Didier Eribon (Insult and the Making of the Gay Self (Series Q))
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Comment pourrait-on faire sentir l'intensité de cette honte à ceux qui ne l'ont jamais vécue ? Et la force des motivations engendrées par la volonté d'en sortir ? (p. 47)
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Didier Eribon (Insult and the Making of the Gay Self (Series Q))
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Dans notre société, on relÚve plus les erreurs qu'on valide les progrÚs. On préfÚre faire des critiquesque de donner des encouragements.
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Christel Petitcollin (Je pense trop : comment canaliser ce mental envahissant)
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Plus la banque de donnĂ©es de l'enfant est riche, plus il pourra faire de connexions ensuite, donc assimiler de nouveaux savoirs. À l'inverse, un enfant peu stimulĂ©, pas trĂšs curieux de nature, va se constituer une trĂšs petite banque de donnĂ©es et aura du mal Ă  faire des ponts entre un nouvel apprentissage et son matĂ©riau personnel de base. [
] L'enfant petit doit vivre des expĂ©rimentations qui vont lui permettre, des annĂ©es plus tard, de passer de la pensĂ©e concrĂšte Ă  la pensĂ©e abstraite. En voici un exemple frappant. Le petit enfant aime jouer avec de la pĂąte Ă  modeler. Vers 4-6 ans, il dĂ©couvre un concept essentiel sans le savoir : la conservation de la quantitĂ©. C'est un test qui est fait chez l'orthophoniste pour un enfant en difficultĂ© mathĂ©matique. Il joue avec sa pĂąte Ă  modeler. Elle est en boule ; puis on lui propose de l'Ă©taler et d'en faire un long serpentin. Si on lui demande : "Est-ce que tu as autant de pĂąte Ă  modeler que tout Ă  l'heure ?", il peut rĂ©pondre par l'affirmative. Mais certains enfants n'imaginent pas que la mĂȘme quantitĂ© puisse changer de forme. Donc, il rĂ©pondent : "Pas du tout, lĂ , il y en a beaucoup plus. Tu ne vois pas comment c'est long ?" Tant que l'enfant n'a pas compris ce concept de conservation de la quantitĂ© (ou du nombre), il ne peut pas faire des conversions ; il ne peut pas concevoir que des centimĂštres deviennent des mĂštres, et qu'une mĂȘme quantitĂ© puisse s'appeler de diffĂ©rentes façons. ArrivĂ© Ă  l'Ăąge des opĂ©rations concrĂštes, comme dirait Jean Piaget, il bute sur des concepts qu'il ne comprend pas, parce que le "terrain" n'a pas Ă©tĂ© prĂ©parĂ© en lui pour qu'il les intĂšgre. (p. 74-75)
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Isabelle Peloux (L'école du Colibri: La pédagogie de la coopération (Domaine du possible) (French Edition))
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rallumant une nouvelle clope. Tu ne m’as pas toujours respectĂ© pourtant
 — Mais non
 mais
 pour
 pourquoi
 vous
 tu
 mais qu’est-ce que je t’ai fait, bon sang ! Vouvoiement, tutoiement, sacrĂ© dilemme dans son crĂąne de piaf. C’est au moins la cinquiĂšme fois qu’il me pose la question et il ne sait toujours pas comment s’y prendre. Finalement, ça m’amuse de le voir jouer les Ă©quilibristes. Moi, je n’hĂ©site pas un seul instant. Tutoiement. C’est bon, ça fait un an que je lui balance du « vous » Ă  toutes les sauces, que je suis Ă  ses petits soins, que dis-je, que je m’agenouille devant lui comme un serf devant son suzerain. Alors maintenant, on arrĂȘte la comĂ©die, c’est fini. On joue d’égal Ă  Ă©gal. Si nous avions Ă©tĂ© deux personnes raisonnables, nous nous serions attablĂ©s autour de son bureau, nous aurions discutĂ© de nos diffĂ©rends et peut-ĂȘtre, je dis bien peut-ĂȘtre, serions-nous arrivĂ©s Ă  un accord. Mais lĂ , au vu des circonstances et de tout ce qui nous sĂ©pare, il n’y a plus de discussion possible. J’ai choisi mon camp. Je serai le dominant et lui le dominĂ©. Les rĂŽles sont donc changĂ©s. — Qu’est-ce que tu m’as fait ? m’indignĂ©-je en recrachant la fumĂ©e de ma tige sur son visage. Non, mais tu te fous de moi ? Ça fait un an que tu me pourris la vie ! Douze mois consĂ©cutifs, bordel de merde ! — Je
 je ne vous ai pas
 je ne t’ai pas pourri la vie ! Jamais ! Vous
 tu
 tu sais que tu vas au-devant de graves ennuis ? Adam a tout entendu et lĂ , il est parti donner l’alerte. Les forces d’intervention vont arriver ici d’une minute Ă  l’autre ! Tu ne sais pas dans quel pĂ©trin tu t’es fourrĂ©, mon pauvre ami. Alors le mieux pour toi, c’est que tu me dĂ©taches de ce fauteuil et que l’on oublie rapidement cette histoire ! La sonnerie du tĂ©lĂ©phone stoppe subitement ses « conseils avisĂ©s ». J’hĂ©site un instant. Je n'ai pas forcĂ©ment envie de dĂ©crocher et Ă  vrai dire, j'ai une vague idĂ©e de la personne qui se trouve derriĂšre le combinĂ©, mais comme je suis de nature curieuse, je dĂ©cide tout de mĂȘme d'en savoir un peu plus. Deux secondes aprĂšs avoir rĂ©pondu « allÎ », j’arrache violemment le fil qui relie le tĂ©lĂ©phone Ă  la prise murale et envoie valdinguer l’appareil Ă  l’autre bout de la piĂšce. Fin de la discussion. — C’est bien ce que je pensais
 un nĂ©gociateur. — Tu aurais dĂ» Ă©couter ce qu’il avait Ă  te dire, reprend l’autre empaffĂ© en me gratifiant d’un sourire qui pue la haine. Maintenant, c’est sĂ»r que tu vas devoir te coltiner le RAID. Et crois-moi, ça va te coĂ»ter cher ! Ils sont sans pitiĂ© avec les preneurs d’otage
 Non vraiment, Adam a fait du bon boulot. Je suis fier de
 Un mollard gros comme une balle de 22 Long Rifle fuse alors sur son visage. Façon de lui signifier qu’il peut d’ores et dĂ©jĂ  la mettre en sourdine. Adam, c’est le veilleur de nuit de la tour. Je ne le connais pas bien. La seule chose que je peux dire sur lui, c’est que je le croise plus souvent que ma femme et mon fils
 À mon grand dĂ©sarroi. Je lui rĂ©torque quand bien mĂȘme : — Ces graves ennuis comme tu dis si bien, je ne les ai eus qu’avec toi ! Alors tu sais, les flics peuvent descendre en rappel par les fenĂȘtres ou balancer des lance-roquettes sur cette tour de merde, ce ne sera que de la roupie de sansonnet Ă  cĂŽtĂ© de ce que j’ai subi ! Tiens, prends ça ! Clac ! Cette baffe est douloureuse. Je le vois Ă  sa grimace. C’est vrai que je ne l’ai pas ratĂ©. Ça fait deux heures que je suis sur lui Ă  viser sa joue rougie par le feu de mes allers-retours, alors forcĂ©ment, Ă  un moment donnĂ© on attrape le coup de main. Je craque mes phalanges pour lui faire comprendre
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Thierry Vernhes (FrĂšres de sang - Nouvelle (French Edition))
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Beaucoup d’amitiĂ©s (et d’amours) se terminent lĂ , ne survivent pas au passage d’une phase Ă  l’autre, et finissent au mieux par ressembler Ă  ‘’ce pacte d’invisibilitĂ© et de non-agression’’ [
]. Comment notre amitiĂ© a-t-elle pu survivre aux silences et aux affrontements, traverser l’épreuve de la diffĂ©rence, faire du dĂ©saccord radical ‘’ce qui nous oblige Ă  rester ensemble’’, devenir une ‘’amitiĂ© dialectique’’, semblable Ă  celle qui te reliait Ă  Pierre Vadeboncoeur, celle de ‘’deux ĂȘtres qui savent, chacun pour soi, que l’autre vit dans un monde qui n’est pas le sien, et qui acceptent sereinement qu’il en soit ainsi’’ ? La rĂ©ponse que tu donnes a la justesse du paradoxe liĂ© au processus mĂȘme de la connaissance qui est aussi celui de l’amitiĂ© : plus nous connaissons quelque chose, plus l’inconnu grandit, plus nous sommes liĂ©s Ă  quelqu’un que nous aimons, plus la distance entre nous grandit et nous rend ‘’son identitĂ© de plus en plus Ă©nigmatique, sa vĂ©ritĂ© de plus en plus insaisissable, et toutes deux, pourtant, toujours plus irremplaçables’’. C’est ainsi que sans avoir cessĂ© d’ĂȘtre soi, sans avoir renoncĂ© Ă  incarner la vĂ©ritĂ© qui nous a Ă©tĂ© confiĂ©e, sans nous ĂȘtre dĂ©robĂ©s ‘’à cette force aveugle qui, sans que nous le sachions, nous façonne et nous oriente de maniĂšre si imprĂ©visible et, Ă  partir des mĂȘmes matĂ©riaux, fait tel visage Ă  l’un et tel autre Ă  celui-là’’, nous nous sommes si bien perdus de vue que nous en sommes venus Ă  ne plus voir que le monde qui surgit entre nous des pĂŽles contraires dont nous avons la garde, Ă  voir que la distance qui nous sĂ©pare est aussi le chemin qui nous relie, que l’existence de l’autre Ă  l’autre bout du chemin nous libĂšre de nous-mĂȘmes, du noyau dur de notre ĂȘtre [
]. Don Quichotte et Sancho tiennent chacun un bout du monde pour ne pas qu’il s’écroule dans le non-sens ou pour en retarder la chute. [
] Ce qui nous relie dĂ©sormais, ‘’ce lien entre nous, c’est certain, qui ne se brisera qu’avec la mort’’, n’est-ce pas au fond la fidĂ©litĂ© Ă  l’enfance, Ă  ce que nous Ă©tions lorsque nous n’étions pas encore sĂ»rs d’ĂȘtre quelqu’un, fidĂ©litĂ© Ă  cette affinitĂ© Ă©lective qu’aucun dĂ©saccord ne peut plus effacer, car elle ne repose plus sur ‘’les ressemblances de tempĂ©rament ou les communautĂ©s de vues ou de goĂ»ts’’, mais sur ce dĂ©sir d’ĂȘtre autre, que l’autre a Ă©veillĂ© en nous, et qui a donnĂ© Ă  chacun la force d’ĂȘtre soi en imitant, en admirant l’autre ?
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Yvon Rivard
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parfois je me demande si je devrais vraiment me sentir de cette maniĂšre, quand il est question d'elle. j'y repense, de temps en temps, souvent pour ĂȘtre honnĂȘte, Ă  tout ce qui s'est passĂ©. comment j'ai abordĂ© les choses et comment elle l'a fait. Ă  l'Ă©poque, je me demandais toujours, si tout ce que je ressentais, Ă©tait liĂ© au fait que j'Ă©tais amoureuse d'elle. avec le temps, j'ai appris que non, l'amour platonique peut ĂȘtre tout aussi ĂȘtre fort que l'amour romantique, et se sentir aussi mal, parce que quelqu'un dĂ©cide que nous n'en valons pas la peine, n'est pas toujours synonyme d'envie de sortir avec la personne qui nous a fait cela. je ne pense pas qu'elle est vraiment fait quelque chose de mal au fond, bien Ă©videmment, elle Ă©tait parfois tellement autocentrĂ©e que ses dĂ©cisions n'Ă©taient prises qu'en fonction de ses Ă©motions et jamais celles des autres; mais n'est-ce pas la vie au final, prĂ©server notre bonheur, qu'importe ce qu'il faille faire ? je pense dĂ©finitivement, que la maniĂšre dont elle m'a "jetĂ©e" aurait pu ĂȘtre diffĂ©rente. une derniĂšre petite discussion, un dernier adieu, un dernier cĂąlin; aprĂšs tout ce que nous avions vĂ©cu ensemble. au final, je pense que c'est cela qui m'a le plus brisĂ©e. qu'elle ai dit adieu Ă  tout ça, sans mĂȘme penser Ă  moi, sans mĂȘme penser Ă  la personne qui l'avait soutenu, aimĂ©e, dĂ©fendu Ă  chaque occasion. bien sĂ»r je n'ai jamais Ă©tĂ© parfaite et j'ai fais des erreurs, des erreurs que j'aurais pu ne pas commettre; mais il n'a jamais Ă©tĂ© question, de la blesser. jamais. Ă  l'inverse, la maniĂšre dont elle m'a mise de cĂŽtĂ©, dont elle m'a balayĂ©e sous la porte; je pense que c'est ça qui m'a fait le plus de mal. c'Ă©tait d'avoir l'impression d'avoir Ă©tĂ© abandonnĂ©e, pour quelque chose, dont j'avais l'impression ĂȘtre en faute; mĂȘme si ce n'Ă©tait pas vrai. ce n'Ă©tait pas vrai. et peut ĂȘtre que je ne suis pas objective, mais ce n'Ă©tait pas vrai. j'ai fais tout ce que j'ai pu pour lui assurer le bonheur; mĂȘme quand elle ne m'aimait plus et agissait en consĂ©quences, pour me le montrer; mĂȘme quand elle faisait tout cela, je remerciais le monde d'ĂȘtre ami avec elle. pour qu'elle ne soit jamais triste. pour qu'elle ne soit jamais seule. je n'ai jamais Ă©tĂ© parfaite; mais je l'aimais tellement, si fort, que j'aurais tout fais pour elle. mais quand j'y repense, quand je repense Ă  tout ce qu'on a vĂ©cu, tout ce qui s'est passĂ©, tout ce qu'elle m'a dit; elle ne m'aurait jamais rendu la pareille. elle n'aurait jamais levĂ© le petit doigt, pour me dĂ©fendre comme je l'ai fait. pour me soutenir comme je l'ai fait. pour m'aimer, comme je l'ai fait. alors oui nous avons vĂ©cu de jolies choses et je ne les oublierai jamais. mais je n'oublierai jamais non plus, toutes les fois, oĂč elle m'a fait sentir comme si je ne mĂ©ritais rien. comme si je n'Ă©tais plus rien. je ne sais jamais comment finir ces textes, je les fais de moins en moins et avec de moins en moins de tristesse et je pense que cette une bonne chose. peut ĂȘtre que c'est ça ma malĂ©diction; ne jamais avoir de finalitĂ© Ă  tout ce qui la concerne. alors je le finis de cette maniĂšre, avec un point que j'amĂšne moi-mĂȘme; comme j'aurais toujours du le faire. point. point.
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emrulis
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parfois, je me demande si je devrais vraiment me sentir de cette maniĂšre, quand il est question d'elle. j'y repense, de temps en temps, souvent pour ĂȘtre honnĂȘte, Ă  tout ce qui s'est passĂ©. comment j'ai abordĂ© les choses et comment elle l'a fait. Ă  l'Ă©poque, je me demandais toujours si tout ce que je ressentais Ă©tait liĂ© au fait que j'Ă©tais amoureuse d'elle. avec le temps, j'ai appris que non, l'amour platonique peut ĂȘtre tout aussi fort que l'amour romantique, et se sentir aussi mal, parce que quelqu'un dĂ©cide que nous n'en valons pas la peine, n'est pas toujours synonyme d'envie de sortir avec la personne qui nous a fait cela. je ne pense pas qu'elle ait vraiment fait quelque chose de mal au fond. bien Ă©videmment, elle Ă©tait parfois tellement autocentrĂ©e que ses dĂ©cisions n'Ă©taient prises qu'en fonction de ses Ă©motions et jamais celles des autres ; mais n'est-ce pas la vie au final, prĂ©server notre bonheur, qu'importe ce qu'il faille faire ? je pense dĂ©finitivement que la maniĂšre dont elle m'a « jetĂ©e » aurait pu ĂȘtre diffĂ©rente. une derniĂšre petite discussion, un dernier adieu, un dernier cĂąlin ; aprĂšs tout ce que nous avions vĂ©cu ensemble. au final, je pense que c'est cela qui m'a le plus brisĂ©e. qu'elle aie dit adieu Ă  tout ça, sans mĂȘme penser Ă  moi, sans mĂȘme penser Ă  la personne qui l'avait soutenu, aimĂ©, dĂ©fendu Ă  chaque occasion. bien sĂ»r, je n'ai jamais Ă©tĂ© parfaite et j'ai fait des erreurs, des erreurs que j'aurais pu ne pas commettre ; mais il n'a jamais Ă©tĂ© question de la blesser. jamais. Ă  l'inverse, la maniĂšre dont elle m'a mise de cĂŽtĂ©, dont elle m'a balayĂ©e sous la porte ; je pense que c'est ça qui m'a fait le plus de mal. c'Ă©tait d'avoir l'impression d'avoir Ă©tĂ© abandonnĂ©e pour quelque chose dont j'avais l'impression d'ĂȘtre en faute ; mĂȘme si ce n'Ă©tait pas vrai. ce n'Ă©tait pas vrai. et peut-ĂȘtre que je ne suis pas objective, mais ce n'Ă©tait pas vrai. j'ai fait tout ce que j'ai pu pour lui assurer le bonheur ; mĂȘme quand elle ne m'aimait plus et agissait en consĂ©quence, pour me le montrer ; mĂȘme quand elle faisait tout cela, je remerciais le monde d'ĂȘtre ami avec elle. pour qu'elle ne soit jamais triste. pour qu'elle ne soit jamais seule. je n'ai jamais Ă©tĂ© parfaite ; mais je l'aimais tellement, si fort, que j'aurais tout fait pour elle. mais quand j'y repense, quand je repense Ă  tout ce qu'on a vĂ©cu, tout ce qui s'est passĂ©, tout ce qu'elle m'a dit ; elle ne m'aurait jamais rendu la pareille. elle n'aurait jamais levĂ© le petit doigt pour me dĂ©fendre comme je l'ai fait. pour me soutenir comme je l'ai fait. pour m'aimer, comme je l'ai fait. alors oui, nous avons vĂ©cu de jolies choses et je ne les oublierai jamais. mais je n'oublierai jamais non plus toutes les fois oĂč elle m'a fait sentir comme si je ne mĂ©ritais rien. comme si je n'Ă©tais plus rien. je ne sais jamais comment finir ces textes, je les fais de moins en moins et avec de moins en moins de tristesse et je pense que c’est une bonne chose. peut-ĂȘtre que c'est ça ma malĂ©diction ; ne jamais avoir de finalitĂ© Ă  tout ce qui la concerne. alors je le finis de cette maniĂšre, avec un point que j'amĂšne moi-mĂȘme ; comme j'aurais toujours dĂ» le faire. point. point.
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emrulis
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cĂ©lĂšbre film de Stanley Kubrick, Orange mĂ©canique, sorti en 1971, elle a envahi la tĂ©lĂ©vision et le cinĂ©ma oĂč la violence des sons et des couleurs, la transformation de la musique en simple bruitage agressent parfois outrageusement les sens. Dans les productions amĂ©ricaines, la violence en tant que telle est mĂȘme mise en avant, exhibĂ©e, promue. Elle est le bain culturel dans lequel Ă©voluent nos enfants avec leurs consoles de jeux et autres jouets Ă©lectroniques. Mais comme, Nietzsche et quelques autres rĂ©gnants, il est interdit d'interdire, Ă  chacun de s'interroger : que faire et comment faire ? Peut-ĂȘtre remonter aux sources, aux racines du fait culturel, indissociable du fait religieux, oĂč ont Ă©tĂ© mis en Ɠuvre, par le mythe et par le rite, des mĂ©canismes d'attĂ©nuation, voire d'Ă©radication de la violence. 1 Concernant l'histoire et la pensĂ©e de ces naturalistes, on se reportera Ă  mon ouvrage La Cannelle et le Panda, Ă©d. Fayard,
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Jean-Marie Pelt (La loi de la jungle : L'agressivité chez les plantes, les animaux, les humains (Documents) (French Edition))
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Lorsque je pense à moi à des ùges divers, soit à autant de vies antérieures consumées, c'est comme si je parlais d'une longue série ininterrompue de morts, d'un tunnel de corps mourant l'un dans l'autre. Il y a un instant, celui qui, reflété par la mare sombre de sa tasse de café, écrivait les mots «mourant l'un dans l'autre» est tombé de son tabouret, sa peau s'est fendue, les os de son visage sont devenus apparents, du sang noir a jailli de ses yeux crevés. Dans un instant, celui qui va écrire «celui qui va écrire» tombera à son tour dans la poussiÚre de l'autre. Comment pénétrer dans cet ossuaire? Et pour quoi faire? Quel masque de gaze, quels gants de chirurgien pourraient protéger contre l'infection émanant du souvenir?
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Mircea Cărtărescu (Orbitor. Aripa stùngă)
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Techniques Anunnaki-Ulema pour vivre plus longtemps, plus heureux, plus riche et influencer les autres     Le « Livre de Ramadosh » est la plus grande publication sur les pouvoirs extraordinaires des Anunnaki-Ulemas jamais publiĂ©e. DĂ©couvrez leurs techniques qui changeront votre vie pour toujours. Vous ne serez jamais la mĂȘme personne. Ce livre rĂ©vĂšle des connaissances qui datent de milliers d'annĂ©es.  Ces techniques et leçons vous apportent santĂ©, bonheur et prospĂ©ritĂ©. De plus, elles vous enseignent Ă  revisiter le passĂ© et l'avenir, Ă  voyager dans le temps/espace, Ă  voir vos amis et animaux dĂ©cĂ©dĂ©s dans la vie aprĂšs la mort, quelles sont les heures secrĂštes pour ouvrir votre « Conduit » et filer dans votre « Double » vers des univers multiples, Ă  porter chance et Ă  changer votre avenir.   Apprenez: ‱ Godabaari : Une technique Ulema visant au dĂ©veloppement d’une facultĂ© capable de faire bouger les objets Ă  distance en utilisant les vibrations dĂ©gagĂ©es par le «conduit» implantĂ© dans le cerveau. ‱ Gubada-Ari : Le triangle de la technique de vie. Comment appliquer la valeur de la forme «triangulaire» Ă  la santĂ©, au succĂšs et Ă  la paix d’esprit, et trouver les endroits les plus sains et les zones les plus chanceuses sur Terre, en incluant les pays et les places les plus intimes et comment en profiter.  ‱ Cadari: Une technique secrĂšte dĂ©veloppĂ©e par les Anunnaki-Ulema il y a des siĂšcles et qui leur a permis de lire dans les pensĂ©es, les intentions et les sentiments des autres. ‱ Daemat : Comment demeurer et avoir l’air de 37 ans de façon permanente ‱ Arwadi: Le pouvoir surnaturel qui permet aux initiĂ©s d'arrĂȘter ou de renvoyer vos difficultĂ©s, problĂšmes et incidents dans un autre temps et un autre lieu pour ainsi se libĂ©rer des soucis, de l'anxiĂ©tĂ© et de la peur ‱ Baaniradu : Technique de guĂ©rison par le toucher  ‱ Bisho: Technique utilisĂ©e dans le blocage de mauvaises vibrations des autres et vos ennemis qui affectent nĂ©gativement votre vie.   ***   ***   *** La description de l'au-dela (la vie apres la mort), des univers parallĂšles et des 4e et 5e dimensions LES ENSEIGNEMENTS SECRETS DES MAITRES ILLUMINES. SixiĂšme Edition.
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Jean-Maximillien De La Croix de Lafayette (OVNIs et extraterrestres : Transcriptions des rĂ©unions entre les États-Unis et les Extraterrestres en 1947 et 1948)
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Comment faire comprendre l’intérêt d’une connaissance toute spéculative à des gens pour qui l’intelligence n’est qu’un moyen d’agir sur la matière et de la plier à des fins pratiques, et pour qui la science, dans le sens restreint où ils l’entendent, vaut surtout dans la mesure où elle est susceptible d’aboutir à des applications industrielles ? Nous n’exagérons rien ; il n’y a qu’à regarder autour de soi pour se rendre compte que telle est bien la mentalité de l’immense majorité de nos contemporains ; et l’examen de la philosophie, à partir de Bacon et de Descartes, ne pourrait que confirmer encore ces constatations. Nous rappellerons seulement que Descartes a limité l’intelligence à la raison, qu’il a assigné pour unique rôle à ce qu’il croyait pouvoir appeler métaphysique de servir de fondement à la physique, et que cette physique elle-même était essentiellement destinée, dans sa pensée, à préparer la constitution des sciences appliquées, mécanique, médecine et morale, dernier terme du savoir humain tel qu’il le concevait ; les tendances qu’il affirmait ainsi ne sont-elles pas déjà celles-là mêmes qui caractérisent à première vue tout le développement du monde moderne ? Nier ou ignorer toute connaissance pure et supra-rationnelle, c’était ouvrir la voie qui devait mener logiquement, d’une part, au positivisme et à l’agnosticisme, qui prennent leur parti des plus étroites limitations de l’intelligence et de son objet, et, d’autre part, à toutes les théories sentimentalistes et volontaristes, qui s’efforcent de chercher dans l’infra-rationnel ce que la raison ne peut leur donner.
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René Guénon (East and West)
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 Le Bouddha ne fut tout d’abord figurĂ© que par des empreintes de pieds, ou par des symboles tels que l’arbre ou la roue (et il est remarquable que, de la mĂȘme façon, le Christ aussi ne fut reprĂ©sentĂ© pendant plusieurs siĂšcles que par des figurations purement symboliques) ; comment et pourquoi en vint-on Ă  admettre par la suite une image anthropomorphique ? Il faut voir lĂ  comme une concession aux besoins d’une Ă©poque moins intellectuelle, oĂč la comprĂ©hension doctrinale Ă©tait dĂ©jĂ  affaiblie ; les « supports de contemplation », pour ĂȘtre aussi efficaces que possible, doivent en effet ĂȘtre adaptĂ©s aux conditions de chaque Ă©poque ; mais encore convient-il de remarquer que l’image humaine elle-mĂȘme, ici comme dans le cas des « dĂ©itĂ©s » hindoues, n’est rĂ©ellement « anthropomorphique » que dans une certaine mesure, en ce sens qu’elle n’est jamais « naturaliste » et qu’elle garde toujours, avant tout et dans tous ses dĂ©tails, un caractĂšre essentiellement symbolique. Cela ne veut d’ailleurs point dire qu’il s’agisse d’une reprĂ©sentation « conventionnelle » comme l’imaginent les modernes, car un symbole n’est nullement le produit d’une invention humaine ; « le symbolisme est un langage hiĂ©ratique et mĂ©taphysique, non un langage dĂ©terminĂ© par des catĂ©gories organiques ou psychologiques ; son fondement est dans la correspondance analogique de tous les ordres de rĂ©alitĂ©, Ă©tats d’ĂȘtre ou niveaux de rĂ©fĂ©rence ». La forme symbolique « est rĂ©vĂ©lĂ©e » et « vue » dans le mĂȘme sens que les incantations vĂȘdiques ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©es et « entendues », et il ne peut y avoir aucune distinction de principe entre vision et audition, car ce qui importe n’est pas le genre de support sensible qui est employĂ©, mais la signification qui y est en quelque sorte « incorporĂ©e ». L’élĂ©ment proprement « surnaturel » est partie intĂ©grante de l’image, comme il l’est des rĂ©cits ayant une valeur « mythique », au sens originel de ce mot ; dans les deux cas, il s’agit avant tout de moyens destinĂ©s, non Ă  communiquer, ce qui est impossible, mais Ă  permettre de rĂ©aliser le « mystĂšre », ce que ne saurait Ă©videmment faire ni un simple portrait ni un fait historique comme tel. C’est donc la nature mĂȘme de l’art symbolique en gĂ©nĂ©ral qui Ă©chappe inĂ©vitablement au point de vue « rationaliste » des modernes, comme lui Ă©chappe, pour les mĂȘmes raisons, le sens transcendant des « miracles » et le caractĂšre « thĂ©ophanique » du monde manifestĂ© lui-mĂȘme ; l’homme ne peut comprendre ces choses que s’il est Ă  la fois sensitif et spirituel, et s’il se rend compte que « l’accĂšs Ă  la rĂ©alitĂ© ne s’obtient pas en faisant un choix entre la matiĂšre et l’esprit supposĂ©s sans rapports entre eux, mais plutĂŽt en voyant dans les choses matĂ©rielles et sensibles une similitude formelle des prototypes spirituels que les sens ne peuvent atteindre directement » ; il s’agit lĂ  « d’une rĂ©alitĂ© envisagĂ©e Ă  diffĂ©rents niveaux de rĂ©fĂ©rence, ou, si l’on prĂ©fĂšre, de diffĂ©rents ordres de rĂ©alitĂ©, mais qui ne s’excluent pas mutuellement.
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René Guénon (Studies in Hinduism: Collected Works)
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[...] l’esprit occidental est presque entiĂšrement d’essence chrĂ©tienne dans tout ce qu’il a de positif. Il n’est pas au pouvoir des hommes de se dĂ©faire, par leurs propres moyens, c’est-Ă -dire par de simples idĂ©ologies, d’une si profonde hĂ©rĂ©ditĂ© ; leurs intelligences s’exercent selon des habitudes sĂ©culaires, mĂȘme lorsqu’elles inventent des erreurs. On ne peut faire abstraction de cette formation intellectuelle et mentale, si diminuĂ©e soit-elle (1) ; s’il en est ainsi, et si le point de vue traditionnel subsiste inconsciemment mĂȘme chez ceux qui estiment ne plus devoir se rĂ©clamer d’aucune tradition, ou chez ceux qui, par simple souci d’impartialitĂ©, veulent se placer en dehors du point de vue chrĂ©tien ou juif, comment pourrait-on supposer que les Ă©lĂ©ments constitutifs d’une autre tradition puissent ĂȘtre interprĂ©tĂ©s dans leur vĂ©ritable sens ? N’est-il pas frappant que les opinions courantes sur l’Islam par exemple, soient Ă  peu prĂšs identiques chez la majoritĂ© des Occidentaux, qu’ils se disent chrĂ©tiens ou qu’ils se flattent de ne plus l’ĂȘtre ? Les rĂ©serves qu’ils formulent Ă  l’égard de l’Islam, — pour ne rien dire des cas d’ignorance pure et simple ou d’une hostilitĂ© franchement moderniste, — proviennent gĂ©nĂ©ralement beaucoup moins d’une juste apprĂ©ciation des choses, qu’elles ne sont le fait d’une hĂ©rĂ©ditĂ© mentale et psychique, qui subsiste dans la pensĂ©e occidentale et qui souvent n’y est plus autre chose que le rĂ©sidu de la vraie spiritualitĂ© chrĂ©tienne." 1. Les erreurs philosophiques elles-mĂȘmes ne seraient pas concevables, si elles ne reprĂ©sentaient la nĂ©gation de certaines vĂ©ritĂ©s, et si ces nĂ©gations n’étaient des rĂ©actions directes ou indirectes contre certaines limitations formelles de la tradition ; on voit par lĂ  qu’aucune erreur, philosophique ou religieuse, ne peut prĂ©tendre Ă  une parfaite indĂ©pendance et autonomie vis-Ă -vis de la tradition ou de la conception traditionnelle qu’elle rejette ou qu’elle dĂ©figure. "Christianisme et Islam", in Etudes Traditionnelles numĂ©ro spĂ©cial Tradition islamique, 1934.
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Frithjof Schuon
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et quant aux silences, comment raconter des silences au moyen de mots ? Seule la poésie pourrait le faire.
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René Daumal (Le Mont Analogue (French Edition))
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Le monde doit trouver une meilleure mĂ©thode [que celle de Summerhill]. Car la politique ne sauvera pas l'humanitĂ©. Elle ne l'a jamais fait dans le passĂ©. La plupart des journaux politiques sont pleins de haine et de venin. Trop d'entre eux sont socialistes parce qu'ils dĂ©testent les riches au lieu d'aimer les pauvres. Comment pouvons-nous avoir des foyers oĂč rĂšgne l'amour, alors que le foyer n'est qu'un petit coin d'un pays qui exprime de la haine de mille façons ? Je me refuse Ă  faire de l'Ă©ducation une question d'examens, de classes, ou d'instruction acadĂ©mique. Les Ă©coles Ă©vitent la question la plus importante, Ă  savoir que tout le grec, toutes les maths et toute l'histoire au monde n'aideront pas Ă  rendre le foyer plus chaud, l'enfant exempt d'inhibitions et les parents de nĂ©vroses. (p. 130-131)
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A.S. Neill (Summerhill: A Radical Approach to Child Rearing)
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Le mariage, Jacopo, est un contrat absurde qui humilie Ă  la fois l'homme et la femme. Pour moi, si on rencontre un homme qui vous plaĂźt, on l'aime jusqu'Ă  ce que, eh bien, tant que ça dure
 Et puis on se laisse, si possible, en bons amis. Oh, Jacopo, parler avec toi est une fontaine d'intuitions pour ta putain de mĂšre ! Tu sais que m'est venue une idĂ©e sur l'amour ? - Quelle idĂ©e, maman, dis-moi ? - Si tu Ă©tais obligĂ© de rester toujours seul en ta propre compagnie, comment t'en trouverais-tu ? - Oh lĂ , je prĂ©fĂšre ne pas y penser ! Je deviendrais fou, je m'ennuierais. - VoilĂ  ! Je crois que, Ă  part l'attraction des sens qui est une chose encore plus obscure que tout ce qu'on a pu en dire
 Schopenhauer, aussi
 - Ah oui, que dit-il ? - Tu verras toi-mĂȘme, je n'ai pas envie d'en parler maintenant
 À part
 non ! pas Ă  part, parce que les sens suivant l'intelligence et inversement, il me semble qu'on tombe amoureux parce qu'avec le temps on se lasse de soi-mĂȘme et on veut entrer en un autre. Mais pas pour cette idĂ©e magnifique mais trop fatale de la pomme de Platon, tu sais, non ? - Oui, oui. - On veut entrer en un "autre" inconnu pour le connaĂźtre, le faire sien, comme un livre, un paysage. Et puis, quand on l'a absorbĂ©, qu'on s'est nourri de lui jusqu'Ă  ce qu'il soit devenu une part de nous-mĂȘme, on recommence Ă  s'ennuyer. Tu lirais toujours le mĂȘme livre, toi ? (p. 479)
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Goliarda Sapienza (L'arte della gioia)
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« Si pour un instant Dieu oubliait que je suis une marionnette de chiffon et m'offrait un morceau de vie, je profiterais de ce temps du mieux que je pourrais. Sans doute je ne dirais pas tout ce que je pense, mais je penserais tout ce que je dirais. Je donnerais du prix aux choses, non pour ce qu'elles valent, mais pour ce qu'elles reprĂ©sentent. Je dormirais peu, je rĂȘverais plus, sachant qu'en fermant les yeux, Ă  chaque minute nous perdons 60 secondes de lumiĂšre. Je marcherais quand les autres s'arrĂȘteraient, je me rĂ©veillerais quand les autres dormiraient. Si Dieu me faisait cadeau d'un morceau de vie, je m'habillerai simplement, je me coucherais Ă  plat ventre au soleil, laissant Ă  dĂ©couvert pas seulement mon corps, mais aussi mon Ăąme. Aux hommes, je montrerais comment ils se trompent, quand ils pensent qu'ils cessent d'ĂȘtre amoureux parce qu'ils vieillissent, sans savoir qu'ils vieillissent quand ils cessent d'ĂȘtre amoureux ! A l'enfant je donnerais des ailes mais je le laisserais apprendre Ă  voler tout seul. Au vieillard je dirais que la mort ne vient pas avec la vieillesse mais seulement avec l'oubli. J'ai appris tant de choses de vous les hommes
 J'ai appris que tout le monde veut vivre en haut de la montagne, sans savoir que le vrai bonheur se trouve dans la maniĂšre d'y arriver. J'ai appris que lorsqu'un nouveau-nĂ© serre pour la premiĂšre fois, le doigt de son pĂšre, avec son petit poing, il le tient pour toujours. J'ai appris qu'un homme doit uniquement baisser le regard pour aider un de ses semblables Ă  se relever. J'ai appris tant de choses de vous, mais Ă  la vĂ©ritĂ© cela ne me servira pas Ă  grand chose, si cela devait rester en moi, c'est que malheureusement je serais en train de mourir. Dis toujours ce que tu ressens et fais toujours ce que tu penses. Si je savais que c'est peut ĂȘtre aujourd'hui la derniĂšre fois que je te vois dormir, je t'embrasserais trĂšs fort et je prierais pour pouvoir ĂȘtre le gardien de ton Ăąme. Si je savais que ce sont les derniers moments oĂč je te vois, je te dirais 'je t'aime' sans stupidement penser que tu le sais dĂ©jĂ . Il y a toujours un lendemain et la vie nous donne souvent une autre possibilitĂ© pour faire les choses bien, mais au cas oĂč elle se tromperait et c'est, si c'est tout ce qui nous reste, je voudrais te dire combien je t'aime, que jamais je ne t'oublierais. Le lendemain n'est sĂ»r pour personne, ni pour les jeunes ni pour les vieux. C'est peut ĂȘtre aujourd'hui que tu vois pour la derniĂšre fois ceux que tu aimes. Pour cela, n'attends pas, ne perds pas de temps, fais-le aujourd'hui, car peut ĂȘtre demain ne viendra jamais, tu regretteras toujours de n'avoir pas pris le temps pour un sourire, une embrassade, un baiser parce que tu Ă©tais trop occupĂ© pour accĂ©der Ă  un de leur dernier dĂ©sir. Garde ceux que tu aimes prĂšs de toi, dis-leur Ă  l'oreille combien tu as besoin d'eux, aime les et traite les bien, prends le temps pour leur dire 'je regrette' 'pardonne-moi' 's'il te plait' 'merci' et tous les mots d'amour que tu connais. Personne ne se souviendra de toi pour tes pensĂ©es secrĂštes. Demande la force et la sagesse pour les exprimer. Dis Ă  tes amis et Ă  ceux que tu aimes combien ils sont importants pour toi. Monsieur MĂĄrquez a terminĂ©, disant : Envoie cette lettre Ă  tous ceux que tu aimes, si tu ne le fais pas, demain sera comme aujourd'hui. Et si tu ne le fais pas cela n'a pas d'importance. Le moment sera passĂ©. Je vous dis au revoir avec beaucoup de tendresse »
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Gabriel GarcĂ­a MĂĄrquez
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Dans son Ă©ditorial publiĂ© en ligne vendredi soir, le Financial Times qualifie l’épisode de « dĂ©bĂącle » pour l’exĂ©cutif britannique. « La colĂšre du premier ministre contre l’UE est une rĂ©ponse excessive Ă  une question assez mineure », Ă©crit le quotidien financier, qui calcule que la « rallonge » demandĂ©e Ă©quivaut Ă  0,1 % du revenu national brut. « Pareille somme, poursuit l’éditorial, mĂ©rite Ă  peine une note de bas de page dans les comptes annuels britanniques. » L’opposition travailliste pilonne, elle aussi : « Qu’a bien pu faire notre premier ministre ? Comment a-t-il pu ĂȘtre surpris ? », a demandĂ©, Ed Balls, responsable des finances dans le Shadow cabinet. M. Cameron est Ă  prĂ©sent « isolĂ©, un pied dehors et ignoré » en Europe, estime le Labour.
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Anonymous
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Nul ne conteste l'appartenance de cette savane au BrĂ©sil et son droit d'en user comme bon lui semble. La querelle ne surgit que plus haut vers le nord. Une belle question de droit international: Ă  qui appartient une richesse essentielle Ă  la survie gĂ©nĂ©rale de l'humanitĂ© ? La forĂȘt amazonienne est la premiĂšre rĂ©serve de biodiversitĂ© de la planĂšte (le cinquiĂšme des espĂšces de plantes, le cinquiĂšme des espĂšces d'oiseaux, le dixiĂšme des espĂšces de mammifĂšres). Et, plus vaste foret du monde, elle freine les progrĂšs de l'effet de serre. Dans ces conditions, Ă  qui appartient la forĂȘt amazonienne? Pour obtenir le poste de directeur gĂ©nĂ©ral de l'organisation mondiale du commerce, le français Pascal Lamy Ă©tait venu faire compagne au brĂ©sil. Quelqu'un l'interroger sur l'Amazonie: Faut-il envisager pour elle un statut particulier? - la question pourrait ĂȘtre Ă©voquĂ©e, rĂ©pond le candidat. Il croyait s'ĂȘtre montrĂ© prudent. Il vient d'allumer un incendie qui mettra des semaines Ă  s'Ă©teindre. Qu'en se le dise, s'exclame la presse de SĂŁo Paolo et vocifĂšrent les politiques, jamais, au grand jamais le BrĂ©sil n'acceptera la moindre limitation de sa souverainetĂ© sur quelque partie que ce soit de son territoire! Combat des Titans: la plus grande ferme du monde face Ă  la plus grande foret du monde. Pour nourrir la planĂšte, faut-il l'asphyxier?? Et bataille de juristes: Amazonie, Antarctique: le plus chaud, le trĂšs froid ; le trĂšs humide, le trĂšs glacĂ©. Comment prĂ©server ces deux espaces essentiels Ă  notre survie??
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Érik Orsenna (Voyage aux pays du coton: Petit prĂ©cis de mondialisation)
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Nul ne conteste l'appartenance de cette savane au BrĂ©sil et don droit d'en user comme bon lui semble. La querelle ne surgit que plus haut vers le nord. Une belle question de droit international: Ă  qui appartient une richesse essentielle Ă  la survie gĂ©nĂ©rale de l'humanitĂ© ? La forĂȘt amazonienne est la premiĂšre rĂ©serve de biodiversitĂ© de la planĂšte (le cinquiĂšme des espĂšces de plantes, le cinquiĂšme des espĂšces d'oiseaux, le dixiĂšme des espĂšces de mammifĂšres). Et, plus vaste foret du monde, elle freine les progrĂšs de l'effet de serre. Dans ces conditions, Ă  qui appartient la forĂȘt amazonienne? Pour obtenir le poste de directeur gĂ©nĂ©ral de l'organisation mondiale du commerce, le français Pascal Lamy Ă©tait venu faire compagne au brĂ©sil. Quelqu'un l'interroger sur l'Amazonie: Faut-il envisager pour elle un statut particulier? - la question pourrait ĂȘtre Ă©voquĂ©e, rĂ©pond le candidat. Il croyait s'ĂȘtre montrĂ© prudent. Il vient d'allumer un incendie qui mettra des semaines Ă  s'Ă©teindre. Qu'en se le dise, s'exclame la presse de SĂŁo Paolo et vocifĂšrent les politiques, jamais, au grand jamais le BrĂ©sil n'acceptera la moindre limitation de sa souverainetĂ© sur quelque partie que ce soit de son territoire! Combat des Titans: la plus grande ferme du monde face Ă  la plus grande foret du monde. Pour nourrir la planĂšte, faut-il l'asphyxier?? Et bataille de juristes: Amazonie, Antarctique: le plus chaud, le trĂšs froid; le trĂšs humide, le trĂšs glacĂ©. Comment prĂ©server ces deux espaces essentiels Ă  notre survie??
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Érik Orsenna (Voyage aux pays du coton: Petit prĂ©cis de mondialisation)
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La plainte entoure et enrobe la douleur et la peine d'un surcroĂźt, elle empĂȘche de mettre en place des stratĂ©gies de survie et de dĂ©passement du malheur, des stratĂ©gies vivantes et concrĂštes qui pourraient nous permettre de faire face au mieux Ă  la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons momentanĂ©ment plongĂ©s. La plainte s'avĂšre ĂȘtre une mauvaise rĂ©ponse Ă  la douleur et Ă  la peine, car, en tant qu'elle est une fixation rĂ©pĂ©titive, elle alimente le chagrin et ne cesse de l'amplifier, au lieu de l'Ă©puiser. La plainte entretient la peine et lui donne un nouvel Ă©lan. Signant un refus obstinĂ© de la situation qui a gĂ©nĂ©rer la peine, la plainte se met Ă  "porter plainte et Ă  se rĂ©pandre en accusation". (p. 73)
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Jean-Daniel Rohart (Comment réenchanter l'école ? : Plaidoyer pour une éducation postmoderne)
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De plus, le fait de structurer, de charpenter ses cours et d'inscrire son action pĂ©dagogique dans un cadre strict et prĂ©cis, en mĂȘme temps qu'original et attractif, peut contribuer Ă  rassurer les Ă©lĂšves, Ă  structurer leur pensĂ©e, Ă  canaliser leurs Ă©nergies, tout en ayant un effet bĂ©nĂ©fique pour l'enseignant lui aussi, lequel doit mettre en place des scĂ©narios et des stratĂ©gies appropriĂ©s pour vaincre son angoisse (proche parent et alimentĂ©e par celle des Ă©lĂšves) et trouver le calme intĂ©rieur en classe, mĂȘme au milieu des petites tempĂȘtes qui, parfois, agitent ce microcosme parcouru d'incidents divers. Faire fonctionner le cours harmonieusement est une victoire remportĂ©e non sur les Ă©lĂšves, mais sur l'adversitĂ©, sur les forces de dissolution, d'Ă©clatement et de dispersion, les forces qui agitent le groupe-classe. Dans le contexte actuel, il s'agit lĂ  d'un vĂ©ritable dĂ©fi pour les enseignants. Dans cet esprit-lĂ , dans cette logique relationnelle lĂ , il n'y a ni Ă©chec, ni succĂšs, ni amis, ni ennemis, mais seulement des personnes et des situations existentielles [
] dans lesquelles le comportement d'autrui (chef d'Ă©tablissement, mais aussi Ă©lĂšves, inspecteur, voir collĂšgues) Ă  notre Ă©gard permet de mettre Ă  jour nos propres faiblesses et de nous engager dans la voie de leur dĂ©passement progressif. Pour le dire avec les mots de Jung, "tout ce qui m'irrite chez les autres peut servir ma connaissance de moi-mĂȘme". (p. 88-89)
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Jean-Daniel Rohart (Comment réenchanter l'école ? : Plaidoyer pour une éducation postmoderne)
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Ce qui est certain, c'est que si le lien se trouve ĂȘtre dĂ©finitivement rompu entre le professeur et ses Ă©lĂšves lorsque celui-lĂ  se retranche derriĂšre sa persona, son statut, sa fonction au sein de l'institution, la fatigue, l'ennui, voire les signes avant-coureurs de la dĂ©pression risquent de s'installer de maniĂšre plus ou moins durable et d'empoisonner la relation professeur-Ă©lĂšve, cette situation faisant obstacle Ă  la transmission optimale des savoirs, cette transmission Ă©tant la raison d'ĂȘtre principale de l'Ă©cole, sa mission. On assiste dĂ©sormais en classe Ă  un vĂ©ritable combat archĂ©typique entre les forces de vie et les forces de mort. Une bonne gestion archĂ©typique suppose que l'enseignant soit au moins sensibilisĂ© Ă  cette dimension autrement que de maniĂšre purement intellectuelle et, surtout, qu'il soit capable de l'animer et de la vivre de maniĂšre relativement harmonieuse, en acceptant d'ĂȘtre provisoirement dĂ©stabilisĂ©, en acceptant de vivre une part inĂ©vitable d'angoisse et d'instabilitĂ© Ă©motionnelle, ainsi que l'imprĂ©visibilitĂ© des rapports avec ses Ă©lĂšves, en mettant en place une gestion de la relation Ă©ducative qui reste au plus prĂšs de la vie et de sa dynamique, des Ă©nergies mises en jeu, sans faire intervenir de maniĂšre exagĂ©rĂ©e la morale, la biensĂ©ance et son confort personnel et en acceptant de prendre une part normale de risque. (p. 92)
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Jean-Daniel Rohart (Comment réenchanter l'école ? : Plaidoyer pour une éducation postmoderne)
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MalgrĂ© tout, elle se sent obligĂ©e d'assister Ă  ce genre de vernissage. Elle doit se tenir au courant des derniĂšres tendances et comprendre pourquoi ça marche. Par-dessus tout, il lui faut trouver un moyen d'insuffler une dose de l'engouement ambiant dans son propre travail. Mais comment faire ? Comment doit-elle s'y prendre pour que les gens s'extasient subitement devant ses photos Ă  elle ? Peut-ĂȘtre faut-il choquer, tout simplement— et si c'Ă©tait ça, le secret ?
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Nick Alexander (The Photographer's Wife)
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Bref, je n’ai jamais compris le comment et le pourquoi de cette lubie. Et, vu le caractĂšre profondĂ©ment vicieux du personnage, je n’exclus pas qu’il ait inventĂ© sa fable dans l’unique but de me nuire. Mais le drĂŽle, dans l’histoire, c’est d’abord les proportions que prit la rumeur (le grand rabbin Sitruk, nouvellement Ă©lu, crut bon de s’en inquiĂ©ter et lui donna, ainsi, un Ă©cho inespĂ©rĂ©); et c’est, ensuite, la rĂ©action de ma mĂšre elle-mĂȘme quand, la chose commençant de s’imprimer dans des journaux communautaires qu’elle ne lisait certes pas (mais enfin, on ne sait jamais...), je dĂ©cidai de la mettre au courant. Je le fis avec mĂ©nagement. Je pris beaucoup de prĂ©cautions avant de formuler les termes de l’offense. Je jurai d’ailleurs, dans le mĂȘme souffle, que l’affront ne resterait pas impuni et que je n’aurais de cesse que de faire ravaler Ă  Hallier sa calomnie (ce que j’avais, du reste, dĂ©jĂ  fait en allant, le jour mĂȘme, l’interpeller chez Lipp, lui demander de me suivre sur le trottoir et, comme il s’y refusait, le bousculer sur place, Ă  sa table, prĂšs de la caisse - scandale qui fut assez mal pris et me valut une longue << interdiction de Lipp>> qui ne fut levĂ©e, des annĂ©es plus tard, qu’à la mort de <>
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Houllebecq, Levy
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Joe Biden et Kamala Harris ont rĂ©pĂ©tĂ© Ă  qui voulait l’entendre que l’équitĂ© raciale Ă©tait au cƓur de l’action de leur administration. Plaçant l’équitĂ© en opposition directe Ă  l’égalitĂ©, Kamala Harris a ainsi proclamé : « Je suis fiĂšre de me tenir aux cĂŽtĂ©s du prĂ©sident Joe Biden pour faire de l’équitĂ© l’une des pierres angulaires de la vision de cette administration31. » Il n’est donc guĂšre surprenant que Biden, dĂšs son premier jour Ă  la prĂ©sidence, ait signĂ© un dĂ©cret qui oblige « le gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă  s’engager dans une approche globale en vue de la promotion de l’équité » par l’adoption d’un « programme ambitieux d’équitĂ© impliquant tout le gouvernement »32. Afin de promouvoir l’équitĂ©, les DĂ©mocrates promettent d’élaborer des politiques « conscientes de la race » et « sensibles Ă  la race »33. En pratique, ce que signifie ĂȘtre « consciente de la race » pour une mesure est trĂšs variable. Parfois, cela consiste simplement Ă  s’assurer qu’elle n’aura pas d’effet discriminant, comme une loi qui obligerait les motocyclistes Ă  porter des casques et n’inclurait aucune exception pour les sikhs, tenus de porter leur turban pour raisons religieuses34. Mais, de plus en plus, ces mesures varient en fonction de la couleur de peau (ou de la composition ethnique de son lieu de rĂ©sidence)35 du citoyen auquel elles s’appliquent.
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Yascha Mounk (Le piÚge de l'identité: Comment une idée progressiste est devenue une idéologie mortifÚre (French Edition))
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Jamais il ne commence une phrase par : La vie, tu verras 
 Je ne tiens de lui aucune parole de sagesse, aucune recommandation sur l’avenir, aucun cadeau de son expĂ©rience. Je ne l’entends pas m’encourager Ă  faire mes premiers pas ni Ă  tenir en Ă©quilibre sur un vĂ©lo. Il ne m’apprend ni Ă  ma raser ni Ă  planter un clou. Certes, j’entends parler ici ou lĂ  des principes fondateurs d’une vie d’homme, des bienfaits du travail, des vertus de la patience et des commandements de l’honnĂȘtetĂ©, mais comment les faire siens si aucun ĂȘtre de confiance ne vous les souffle Ă  l’oreille comme un secret dont vous ĂȘtes l’unique destinataire ? MĂȘme l’idiot, le taiseux, l’égocentrique, le poĂšte ou le tyran, quelles que soient ses valeurs, se sent investi du devoir de les transmettre. Je me serais contentĂ© d’un peu de sens commun, d’un poncif, d’un dicton populaire. MĂȘme un proverbe napolitain aurait fait l’affaire.
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Tonino Benacquista (Porca miseria)
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Ne pas se soucier du « bien Ă©crire » ne signifie pas ne guĂšre se prĂ©occuper de ce qu'implique le fait de prĂ©fĂ©rer un verbe particulier, d'Ă©lire tel mot plutĂŽt que tel autre. Cela relĂšve mĂȘme, dit Amos Oz, d'un choix moral - « Les mots peuvent tuer : nous le savons que trop, mais ils guĂ©rissent aussi parfois, dans une certaine mesure. » Il se rappelle avoir souvent Ă©tĂ© consternĂ© par les mots (« puissant », « formidable », « explosif ») employĂ©s pour le lancement de ses romans dans des pays dits civilisĂ©s. La dĂ©gradation, la corruption du langage, souligne-t-il Ă  la suite de Victor Klemperer, annoncent souvent les pires barbaries : « Partout oĂč des groupes particuliers d'ĂȘtres humains sont dĂ©signĂ©s sous les termes “d'Ă©lĂ©ments nĂ©gatifs”, de “parasites” ou “d'Ă©trangers indĂ©sirables”, par exemple ils seront traitĂ©s tĂŽt ou tard comme des sous-hommes. » Au bout du compte la question la plus essentielle que se pose l'homme de mots n'est-elle pas de savoir comment ferrailler contre l'injustice, la violence, le prĂ©jugĂ©, en agissant de telle maniĂšre qu'il ne peut ĂȘtre accusĂ©e de faire des phrases ? (p. 167-168)
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Linda LĂȘ (Chercheurs d’ombres)
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26 avril (1996). {Les lieux, les dates et les personnages Ă©voquĂ©s dans les pages qui suivent sont aussi authentiques que possible.} Les souvenirs sont encore lĂ , les impressions plutĂŽt (les chiens la nuit, les trottoirs et la chaussĂ©e crevĂ©e aprĂšs l'hiver, les sons de la langue roumaine
) qui ne sont pas encore des souvenirs, mais semblent disponibles, mobilisĂ©es, prĂ©sentes. Ce n'est pas que je me souviens : je sais comment faire pour descendre au rez-de-chaussĂ©e aprĂšs le rĂ©veil, traverser le terrain qui sĂ©pare la Casa de Oaspeți [la Maison d'hĂŽtes de l'UniversitĂ©] de la rue, entre les voitures abandonnĂ©es (un car allemand immobilisĂ© lĂ  sans doute depuis longtemps) ou en cours de rĂ©paration sur un pont rudimentaire, passer devant l'Academia de Arte devant laquelle de bon matin sont dĂ©jĂ  rassemblĂ©s des Ă©tudiants en musique, Ă  cĂŽtĂ© du robinet vissĂ© Ă  un simple tuyau plantĂ© dans le sol, et qui coule toujours (les chiens viennent pĂ©riodiquement y boire). Tout cela m'est prĂ©sent. Mais je sens aussi comment ces diverses sensations s'Ă©cartent les unes des autres, se dĂ©solidarisent dĂ©jĂ  : certaines prennent de l'importance aux dĂ©pens des autres, forment de petits groupes, s'organisent en "souvenirs" aptes Ă  entrer dans la mĂ©moire profonde.
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Pierre Pachet (Conversation Ă  Jassy)
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Le roi Hiang (Xiang Yu n.n.) avait Ă©tabli son camp et Ă©levĂ© des retranchements Ă  Kai-hia : ses soldats Ă©taient mal nourris et Ă©puisĂ©s. L’armĂ©e de Han et les troupes des seigneurs renfermĂšrent dans un cercle de plusieurs rangs d'Ă©paisseur. De nuit, le roi Hiang entendit que de toutes parts, dans l’armĂ©e de Han, on chantait des chants de Tch’ou ; il en fut fort effrayĂ© et dit : « Han a-t-il gagnĂ© Ă  lui toute la population de Tch’ou ? Comment va-t-il tant de gens de Tch’ou ? » Le roi Hiang se leva alors pendant la nuit pour boire dans sa tente ; il avait une belle femme, nommĂ©e Yu qui toujours l’accompagnait, et un excellent cheval nommĂ© Tchoei, que toujours il montait ; le roi Hiang chanta donc tristement ses gĂ©nĂ©reux regrets; il fit sur lui-mĂȘme ces vers : « Ma force dĂ©racinait les montagnes ; mon Ă©nergie dominait le monde ; Les temps ne me sont plus favorables ; Tchoei ne court plus ; Si Tchoei ne court plus, que puis-je faire ? Yu ! Yu ! Qu'allez-vous devenir ? » Il chanta plusieurs stances et sa belle femme chantait avec lui. Le roi Hiang versait d’abondantes larmes ; tous les assistants pleuraient et aucun d’eux ne pouvait lever la tĂȘte pour le regarder. Puis le roi Hiang monta Ă  cheval, et, avec une escorte d’environ huit cents cavaliers excellents de sa garde, il rompit, Ă  la tombĂ©e de la nuit, le cercle qui l’enserrait, sortit du cĂŽtĂ© du sud, et galopa jusqu’au jour

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China, Sima Qian, Xiang Yu
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Le roi Hiang (Xiang Yu n.n.) avait Ă©tabli son camp et Ă©levĂ© des retranchements Ă  Kai-hia : ses soldats Ă©taient mal nourris et Ă©puisĂ©s. L’armĂ©e de Han et les troupes des seigneurs renfermĂšrent dans un cercle de plusieurs rangs d'Ă©paisseur. De nuit, le roi Hiang entendit que de toutes parts, dans l’armĂ©e de Han, on chantait des chants de Tch’ou ; il en fut fort effrayĂ© et dit : « Han a-t-il gagnĂ© Ă  lui toute la population de Tch’ou ? Comment va-t-il tant de gens de Tch’ou ? » Le roi Hiang se leva alors pendant la nuit pour boire dans sa tente ; il avait une belle femme, nommĂ©e Yu qui toujours l’accompagnait, et un excellent cheval nommĂ© Tchoei, que toujours il montait ; le roi Hiang chanta donc tristement ses gĂ©nĂ©reux regrets; il fit sur lui-mĂȘme ces vers : « Ma force dĂ©racinait les montagnes ; mon Ă©nergie dominait le monde ; Les temps ne me sont plus favorables ; Tchoei ne court plus ; Si Tchoei ne court plus, que puis-je faire ? Yu ! Yu ! Qu'allez-vous devenir ? » Il chanta plusieurs stances et sa belle femme chantait avec lui. Le roi Hiang versait d’abondantes larmes ; tous les assistants pleuraient et aucun d’eux ne pouvait lever la tĂȘte pour le regarder. Puis le roi Hiang monta Ă  cheval, et, avec une escorte d’environ huit cents cavaliers excellents de sa garde, il rompit, Ă  la tombĂ©e de la nuit, le cercle qui l’enserrait, sortit du cĂŽtĂ© du sud, et galopa jusqu’au jour

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Sima Qian (MĂ©moires historiques - DeuxiĂšme Section (French Edition))
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Nous savons qu'au village, les nouveau-nĂ©s sont emmaillotĂ©s dans des tissus blancs, quelque soit leur sexe. C'est la « moașa », la sage-femme, qui les emmaillote pour la premiĂšre fois. Mais en plus de cette couverture corporelle complĂšte, ils reçoivent la protection magique d'un petit Ă©lĂ©ment de couleur rouge qui peut ĂȘtre un accessoire de laine : pompon, gland ou un ruban nouĂ©, soit une bande de motifs dĂ©coratifs brodĂ©s au point de croix avec un fil de coton rouge. Il Ă©tait de pratique courante que la sage-femme mette au poignet droit du nouveau-nĂ© un simple fil de coton, tournĂ© trois fois, ou trois brins de fils rouges tressĂ©s. Le bĂ©bĂ© gardait ce bracelet, selon les coutumes, trois, neuf ou quarante jours, pendant le temps jugĂ© dangereux oĂč les fĂ©es lui tissaient son avenir. Il fallait donc aider l'enfant Ă  recevoir le meilleur lot et essayer d'attirer le plus de chance de son cĂŽtĂ©. La couleur rouge est dotĂ©e d'un pouvoir magique censĂ© donner la force, la santĂ© et la chance Ă  celui qui en porte. [...] L'association « fil rouge/fil blanc » se rencontre aussi dans la charmante coutume des souhaits du 1er mars. Autrefois, les parents mettaient au cou de leurs enfants, le matin du 1er mars, une piĂšce d'or ou d'argent attachĂ©e par un fil rouge, ou par des fils tordus rouges et blancs pour leur porter chance et santĂ© durant toute l'annĂ©e. Il fallait faire attention qu'une femme enceinte ne soit pas prĂ©sente au moment oĂč les enfants recevaient ce cadeau nommĂ© « mărțișor » (littĂ©ralement : petit mars) car l'effet aurait Ă©tĂ© contraire. [...] Aujourd'hui, cette coutume s'est Ă©tendue Ă  tous les Ăąges de la vie. Entre amis, entre membres d'une mĂȘme famille, de la main Ă  la main ou par lettre, les « mărțișori » sont offerts ou envoyĂ©s sous la forme d'une petite amulette suspendue Ă  un nƓud confectionnĂ© avec deux brins de fil, rouge et blanc. (pp. 121-122)
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Denise Pop-CĂąmpeanu (Se vĂȘtir : Quand, pourquoi, comment)
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Alexandre avait commencĂ© Ă  causer avec son voisin, un fonctionnaire, depuis trĂšs longtemps employĂ© Ă  l'hĂŽtel de ville de MontrĂ©al; de l'avis de son mĂ©decin, il lui aurait fallu trois mois de vacances. Mais comment faire? Une seule de ces filles Ă©tait mariĂ©e. Il disait que la vie des homme semblait ĂȘtre de sortir de leur campagne afin de faire assez d'argent dans la ville pour venir refaire leur santĂ© Ă  la campagne.
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Gabrielle Roy (Alexandre Chenevert)
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Le Zen sous-entend que l'on suive e mouvement de la vie, sans valoir ni l'arrĂȘter ni interrompre son cours. C'est la raison pour laquelle on le dĂ©finit quelquefois comme « un chemin sans dĂ©tours », ou un « le fait d'aller droit devant soi ». Une telle attitude suppose une comprĂ©hension immĂ©diate des choses en tant que vie et mouvement et non simplement en tant que sensations et concepts, lesquels ne sont que les symboles morts d'une rĂ©alitĂ© vivante. POur cette raison, Takuan commente l'arte de l'escrime (kendo) -- un art profondĂ©ment imprĂ©gnĂ© des principes zen -- en ces termes: « Cette qualitĂ©, qu'on peut dĂ©signer par l'attitude mentale de ''non-ingĂ©rence'', constitue l'Ă©lĂ©ment le plus vital tant dans l'art de l'escrime, que dans le Zen. Si deux actions sont distantes, mĂȘme de l'Ă©paisseur d'un cheveu, il y a interruption. » Lorsqu'on tape dans ses mains, le son se dĂ©gage immĂ©diatement. Le son n'attend, ni ne pense avant de sortir. Il n'y a aucun Ă©tat intermĂ©diaireL un mouvement succĂšde Ă  un autre, sans l'intervention du mental conscient. Si vous ĂȘtes indĂ©cis et si vous rĂ©flĂ©chissez Ă  ce qu'il convient de faire, au moment oĂč votre adversaire est prĂȘt Ă  vous abattre, vous lui laissez la place, c'est-Ă -dire la possibiliitĂ© de vous porter un coup fatal. Que votre dĂ©fense suive l'attaque, sans intervalle, et il n'y aura pas deux mouvements sĂ©parĂ©s appelĂ©s attaque et dĂ©fense.
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Alan W. Watts (The Spirit of Zen)
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La plupart du temps, d'ailleurs, les femmes qui ont un compagnon fermĂ© sur le plan Ă©motionnel expriment un profond dĂ©sespoir. Quand Shere Hite a menĂ© son enquĂȘte auprĂšs de 4 500 femmes dans les annĂ©es 1970, 98 % de celles qui Ă©taient dans une relation avec un homme auraient souhait un « dialogue plus intime » avec lui ; elles auraient voulu qu'il leur parle davantage « de ses pensĂ©es, sentiments, projets, prĂ©occupations, et qu'il les interroge sur les leurs ». Certaines disaient ne s'ĂȘtre jamais senties aussi seules qu'au cours de leur mariage ; d'autres en pleuraient, la nuit, aux cĂŽtĂ©s de leur Ă©poux endormi. Il n'est pas certain que les choses aient radicalement changĂ© en cinquante ans (ni qu'elles soient trĂšs diffĂ©rentes de ce cĂŽtĂ©-ci de l'Atlantique). En fĂ©vrier 2021, dans le courrier du cƓur du site amĂ©ricain The Cut, baptistĂ© « Ask Polly », une trentenaire britannique partageait les dispositions dans lesquelles elle se sentait aprĂšs une rupture. Dans leur entourage, disait-elle, tout le monde les considĂ©rĂ©s, son ex-compagnon et elle, comme le couple idĂ©al. Et pourtant, son dĂ©sir d'intimitĂ© avait toujours Ă©tĂ© frustrĂ©. « Je pense qu'entretenir une relation profonde, intensĂ©ment nourrie, avec une autre personne fait partie des plus grandes joies que l'existence puisse vous apporter », Ă©crivait-elle. Elle estimait aussi que faire son propre « travail de l'ombre », essayer de se comprendre soi-mĂȘme, Ă©tait un des aspects « les plus fascinants et les plus urgents » du fait d'ĂȘtre en vie. Lui, en revanche ne comprenait pas ce qu'elle voulait de lui et trouvait qu'elle compliquait les choses inutilement. Autour d'elle, elle voyait un grand nombre d'autres couples dans lesquels la femme espĂ©rait elle aussi de son partenaire le mĂȘme investissement Ă©motionnel et rĂ©flexif que le sien - en vain. Elle en venait Ă  ne plus jamais vouloir ĂȘtre en couple avec un homme « qui n'aurait pas suivi une thĂ©rapie », clamait-elle. (p. 204-205)
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Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
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Soulever la question de la fĂ©tichisation amoureuse et sexuelle suscite en gĂ©nĂ©ral de vives protestations, et expose Ă  se voir accusĂ© de vouloir faire la « police des couples ». Les inclinations personnelles, surtout dans ce domaine, ne se discuteraient pas. Ce serait donc pure coĂŻncidence si les « inclinations personnelles » des millions d'hommes qui fantasment sur les femmes asiatiques se rejoignent
 Le plus vraisemblable est cependant que nos goĂ»ts, lĂ  encore, sont tributaires des prĂ©jugĂ©s et des reprĂ©sentations en circulation dans nos sociĂ©tĂ©s, dont nous sommes forcĂ©ment imprĂ©gnĂ©s. L'autrice Dalia Gebrial remarque que l'amour, « reprĂ©sentĂ© comme un royaume des affects apolitique, transcendant, dans lequel on tombe malgrĂ© soi, est en rĂ©alitĂ© profondĂ©ment politisĂ©, et liĂ© aux violences structurelles plus larges auxquelles l'ensemble des femmes racisĂ©es, en particulier, doivent faire face ». (p. 95)
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Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
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« Les femmes aussi sont violentes, au moins psychologiquement » ; tel est l'argument classiquement utilisĂ© pour nier la dimension de genre des violences au sein du couple. Il suggĂšre que les victimes chercheraient les coups en maltraitant Ă©motionnellement leur compagnon, en visant lĂ  oĂč ça fait mal, au point de le faire sortir de ses gonds. Or il existe d'autres situations oĂč les hommes peuvent subir des brimades et des humiliations, Ă  commencer par le travail. Pour autant, les coups infligĂ©s Ă  un supĂ©rieur hiĂ©rarchique, un contremaĂźtre ou un patron ne sont pas un flĂ©au social, et nous ne tenons pas un dĂ©compte d'homicides dont ceux-ci seraient rĂ©guliĂšrement victimes. Pourquoi serait-il possible de rĂ©frĂ©ner ses pulsions dans le contexte professionnel, et pas face Ă  une femme ? Et, plus largement, pourquoi les hommes seraient-ils les seuls Ă  ne pas pouvoir se maĂźtriser quand ils subissent un affront ou une humiliation ? Ce prĂ©jugĂ© empĂȘche aussi de voir les nombreux cas oĂč la violence physique est exercĂ©e de maniĂšre froide et rĂ©flĂ©chie. Par ailleurs, cette image des femmes comme des crĂ©atures Ă  la parole venimeuse, capables de faire du mal de façon sournoise, comme on jette un mauvais sort, me rappelle la dĂ©fiance Ă  l'Ă©gard de la parole fĂ©minine qui se manifestait Ă  l'Ă©poque des chasses aux sorciĂšres. Quoi qu'il en soit, Ă©voquer l'oppression subie dans une trĂšs grande majoritĂ© des cas par des femmes au sein du couple n'implique pas qu'elles seraient pour leur part incapables de la moindre violence, physique ou psychique. Cependant, du fait qu'elles sont structurellement en position de faiblesse, que la sociĂ©tĂ© autorise et favorise la violence chez les hommes et la dĂ©courage chez elles, le plus probable est que ces actes ou ces paroles restent dĂ©risoires, et essentiellement rĂ©actifs ou dĂ©fensifs. (p. 106-107)
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Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
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Il est donc possible que la haine produise les mĂȘmes effets que la tendresse? Quest-ce que cest donc que lamour des hommes dont les femmes ont la bontĂ© de faire tant de cas? Ce nest donc en eux qu'une passion brutale, ou un besoin naturel quils peuvent Ă©galement satisfaire avec lobjet le plus odieux, puisquil peuvent allier le projet et la pensĂ©e de se servir dune femme et de lĂ©gorger aprĂšs. Quand on veut entendre ses reflexions sur un pareil sujet, il est impossible de ne pas prendre en aversion tout le genre masculin. Je sçai quil y a eu des femmes assĂ©s cruelles pour faire perir des hommes quelles avoient comblĂ©s de leurs faveurs ; mais cest un autre cas, ou elles craignoient leur indescretion ne sen voyant plus aimĂ©es, ou elles en estoient maltraitĂ©es, ou cest laffreuse jalousie qui les portoient Ă  cet excĂšs, et qui a produit cent mille fois le mĂȘme effet dans le cƓur des hommes, enfin, il y a quelque apparence dexcuse et de raison, mais du moins ce nest pas un projet formĂ© d'avance, excecutĂ© methodiquement, ce sont des passions aveugles, Ă©ffrenĂ©es, qui dĂ©chirent lĂąme successivement et l'entrainent Ă  des crimes qui peuvent estre suivis du remords et du repentir ; et quand cela ne seroit pas, quand elles sapplaudiroient de leur vangeance? C'est toujours Ă  titre de vangeance, elles ne lont pas projettĂ©, ny voulu ainsi ; cest la fougue des differentes passions qui produits de tels desordres ; mais quelle est la sorte de passion d'un homme qui dit en luy mĂȘme, je vais joĂŒir de cette femme, et je la tuerai aprĂšs. Comment expliquer ce dĂ©rĂšglement d'imagination? Je crois que c'est un phoenomene inexplicable, et si il n'y en avoit pas tant dexemples consacrĂ©s par lhistoire, et connus par lexpĂ©rience, on devroit en prendre le recit pour une fable.
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Henriette de Marans (Une femme d'encre et de papier à l'époque des LumiÚres : Henriette de Marans, (1719-1784) : avec l'édition critique de ses manuscrits et inédits (1752-v 1785))
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Il paraĂźt qu'avec toutes ces conneries fĂ©ministes, #MeToo et tout ça, il est difficile d'ĂȘtre un homme de nos jours. Ils ne savent plus comment draguer, comment prendre l'ascenseur avec leurs collĂšgues, comment faire des blagues... Qu'ont-ils encore le droit de dire et de faire ? Tant d'angoisses existentielles pour lesquelles je n'arrive pas Ă  ressentir beaucoup d'empathie. Tout le temps qu'ils passent Ă  pleurnicher sur leur sort de pauvres mecs persĂ©cutĂ©s, ils esquivent habilement leur devoir: celui d'ĂȘtre un peu moins des purs produits du patriarcat.
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Pauline Harmange (Moi les hommes, je les déteste)
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Le dĂ©sastre commence au stade du faire-part de naissance : ce n'est plus Évelyne et Jacques qui font part de la venue au monde d'Antoine, mais Antoine qui fait savoir qu'il est arrivĂ© chez Évelyne et Jacques. Le parent Ă©merveillĂ© fait circuler sur Internet des photos de famille miĂšvres, montre Ă  qui veut (et qui ne veut pas) des films vidĂ©o de son enfant prenant le bain ou dĂ©ballant des cadeaux de NoĂ«l. Il circule avec un badge « bĂ©bĂ© Ă  bord » sur la lunette arriĂšre de son auto : une sorte d'image pieuse des temps modernes, aussi utile qu'un gri-gri magique pour conjurer le mauvais sort. Il prend au mot toute personne qui lui demande poliment « Comment va le petit ? », comme on dirait « bonjour », sans attendre forcĂ©ment de rĂ©ponse. Car le parent gaga se sent obligĂ© de tenir la terre entiĂšre au courant des progrĂšs fulgurants de sa progĂ©niture (« Oscar va sur le pot », « Alice fait ses nuits », « NoĂ© a dessinĂ© un bonhomme de neige incroyablement ressemblant », « Hier, Ulysse a dit Papa caca », « Malo passe en CM2 »).
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Corinne Maier (No Kid: Quarante raisons de ne pas avoir d'enfant)
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Adam passa la main dans ses cheveux ras. Il sentit qu'en faisant cela, il ressemblait Ă  un AmĂ©ricain. 'Vous savez quoi?' dit-il; 'vous savez quoi? Nous passons notre temps Ă  faire de la saloperie de cinĂ©ma. Du cinĂ©ma, oui. Du thĂ©Ăątre aussi, et du roman psychologique. Nous n’avons plus grand-chose de simple, nous sommes des cafards, des demi-portions. De vieilles loques. On dirait que nous sommes nĂ©s sous la plume d’un Ă©crivain des annĂ©es trente, prĂ©cieux, beaux, raffinĂ©s, pleins de culture, pleins de cette saloperie de culture. Ça me colle dans les dos comme un manteau mouillĂ©. Ça me colle partout.' 'Eh - qu'est-ce qui est simple, Ă  ce compte-lĂ ?' intervint, assez mal Ă  propos, l'Ă©tudiant Ă  lunettes. 'Comment, qu'est-ce qui est simple? Vous ne le savez pas? Vous ne vous en doutez donc pas quand mĂȘme un peu, vous?' Adam eut un geste vers sa poche pour prendre le paquet de cigarettes, mais, nerveusement, sa main s'arrĂȘta. 'Vous ne la voyez donc pas, cette vie, cette putain de vie, autour de vous? Vous ne voyez pas que les gens vivent, qu'ils vivent, qu'ils mangent, etc? Qu'ils sont heureux? Vous ne voyez pas que celui qui a Ă©crit, "la terre est bleue comme une orange" est un fou, ou un imbĂ©cile? - Mais non , vous vous dites, c'est un gĂ©nie, il a disloquĂ© la rĂ©alitĂ© en deux mots. Ça dĂ©colle de la rĂ©alitĂ©. C'est un charme infantile. Pas de maturitĂ©. Tout ce que vous voudrez. Mais moi, j'ai besoin de systĂšmes, ou alors je deviens fou. Ou bien la terre est orange, ou bien l'orange est bleue. Mais dans le systĂšme qui consiste Ă  se servir de la parole, la terre est bleu et les oranges sont orange. Je suis arrivĂ© Ă  un point oĂč je ne peux plus souffrir d'incartades. Vous comprenez, j'ai trop de mal Ă  trouver la rĂ©alitĂ©. Je manque d'humour? Parce que d'aprĂšs vous il faut de l'humour pour comprendre ça? Vous savez ce que je dis? Je manque si peu d'humour que je suis allĂ© beaucoup plus loin que vous. Et voilĂ . J'en reviens ruinĂ©. Mon humour, Ă  moi, il Ă©tait dans l'indicible. Il Ă©tait cachĂ© et je ne pouvais le dire. Et comme je ne pouvais le mettre en mots, il Ă©tait beaucoup plus Ă©norme que le vĂŽtre. Hein. En fait il n'avait pas de dimensions. Vous savez. Moi je fais tout comme ça. La terre est bleue comme une orange, mais le ciel est nu comme une pendule, l'eau rouge comme un grĂȘlon. Et mĂȘme mieux: le ciel colĂ©optĂšre inonde les bractĂ©es. Vouloir dormir. Cigarette cigare galvaude les Ăąmes. 11Ăš. 887. A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z. et Cie.' 'Attendez, attendez un moment, je -' commença la jeune fille. Adam continua: 'Je voudrais arrĂȘter ce jeu stupide. Si vous saviez comme je voudrais. Je suis Ă©crasĂ©, bientĂŽt presque Ă©crasĂ©..." dit-il, la voix non pas plus faible, mais plus impersonnelle.
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J.M.G. Le Clézio (Le Proces-Verbal (Collection Folio) (French Edition) by Jean-Marie Gustave Le Clezio(1973-03-16))
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Enfin, certains hommes sont en proie au doute. Si beaucoup ne se reconnaissent plus dans la virilitĂ© obligatoire, cet idĂ©al n’a pas disparu pour autant. Les uns voudraient « bien faire », mais sans savoir comment ; les autres sentent qu’ils « font mal », mais sans identifier le lien entre leur situation personnelle et l’organisation de la sociĂ©tĂ©. Dans la forĂȘt des injonctions contradictoires, il arrive que les hommes de bonne volontĂ© se sentent perdus : ils ne savent plus quelle est leur place, leur rĂŽle, leur statut, leur fonction – en un mot, ce qu’on attend d’eux. Personne n’a encore inventĂ© la boussole fĂ©ministe Ă  usage masculin. En fait, les hommes sont moins troublĂ©s par le « dĂ©clin de l’autoritĂ© » ou la « fĂ©minisation du monde » que par l’avĂšnement d’une sociĂ©tĂ© de l’égalitĂ©. Les failles du masculin sont Ă©largies par la tectonique des genres qui secoue nos sociĂ©tĂ©s : une marche vers l’émancipation des femmes, leur rĂŽle accru dans tous les domaines. La solution n’est pas d’abjurer humblement les valeurs viriles, ni de se les rĂ©approprier avec Ă©clat, mais d’entendre la critique que le fĂ©minisme lance aux sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques : leur inachĂšvement en matiĂšre de libertĂ© et d’égalitĂ© – leur permanent dĂ©ni de justice.
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Ivan Jablonka (A History of Masculinity)
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Jusqu’au jour oĂč cette enfance blessĂ©e lui est remontĂ©e d’un seul coup. Acide. Elle avait beau mĂącher, ruminer, dĂ©glutir, ça ne passait plus. Elle croyait qu’elle Ă©tait quitte, qu’elle avait eu sa dose. Elle croyait qu’elle pouvait s’en tirer comme ça, presque indemne, Ă  peine un peu plus sensible, mais elle n’en finissait plus de faire rouler dans sa bouche ces petits morceaux d’enfance comme des cailloux terreux qu’elle refusait de cracher. Elle ne voulait pas grandir, comment peut-on grandir avec ces blessures Ă  l’intĂ©rieur de soi ? Elle voulait combler par le vide ce manque qu’ils avaient creusĂ© en elle, leur faire payer ce dĂ©goĂ»t qu’elle avait d’elle-mĂȘme, cette culpabilitĂ© qui la reliait encore Ă  eux. 
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Lou Delvig (Jours sans faim)
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GĂŒnther Anders ancre son acceptation du recours Ă  la violence dans une critique des formes traditionnelles de la contestation. Il dit que la contestation contemporaine prend la plupart du temps deux formes : soit des formes joyeuses, comme la manifestation, oĂč nous chantons et sourions, soit des formes autosacrificielles, dont la grĂšve de la faim est la modalitĂ© la plus extrĂȘme et la grĂšve la modalitĂ© plus courante, oĂč nous nous faisons souffrir nous-mĂȘmes. Mais dans les deux cas, Anders s’interroge : comment de telles modalitĂ©s pourraient-elles faire plier les gouvernants et ceux qui nous menacent ? Ces mĂ©thodes qui dĂ©finissent ce que nous appelons les « pratiques de la lutte », ne lui semblent pas susceptibles de modifier les comportements des dominants. (p. 16)
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Geoffroy de Lagasnerie (Sortir de notre impuissance politique)
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L’action semble succĂ©der Ă  la pensĂ©e, mais, en rĂ©alitĂ©, l’action et la pensĂ©e se produisent simultanĂ©ment. En menant une action qui est sous le contrĂŽle de la volontĂ©, nous pouvons indirectement gouverner les sentiments qui Ă©chappent Ă  son influence.
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Dale Carnegie (Comment se faire des amis)
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Cette courbe est fondamentale, car elle permet de mieux comprendre le dialogue difficile qui caractĂ©rise parfois le dĂ©bat public sur la mondialisation : certains s’émerveillent de la rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s et de la pauvretĂ© mondiales que permettrait la formidable croissance des pays les moins avancĂ©s, alors que d’autres se lamentent de la hausse massive des inĂ©galitĂ©s qu’entraĂźneraient inexorablement les excĂšs de l’hypercapitalisme mondialisĂ©. En rĂ©alitĂ©, l’un et l’autre discours ont chacun leur part de vĂ©ritĂ© : les inĂ©galitĂ©s ont diminuĂ© entre le bas et le milieu de la rĂ©partition mondiale des revenus, et elles ont augmentĂ© entre le milieu et le haut de la distribution. Ces deux aspects de la mondialisation sont tout aussi rĂ©els l’un que l’autre, et la question n’est pas de nier l’un ou l’autre, mais bien plutĂŽt de savoir comment faire pour conserver les bons aspects de la mondialisation tout en se dĂ©barrassant des mauvais. On notera au passage l’importance du langage, des catĂ©gories et du dispositif cognitif utilisĂ© : si l’on dĂ©crivait les inĂ©galitĂ©s par un indicateur unique, comme le coefficient de Gini, alors on pourrait avoir l’illusion que rien ne change, prĂ©cisĂ©ment car l’on ne se donnerait pas les moyens de voir que les Ă©volutions sont complexes et multidimensionnelles, et que l’on laisse plusieurs effets se mĂȘler et se compenser au sein d’un indicateur unique. C’est pourquoi dans ce livre je n’aurai pas recours Ă  ce type d’indicateur « synthĂ©tique ». Je prendrai toujours soin de dĂ©crire les inĂ©galitĂ©s et leur Ă©volution en distinguant clairement les diffĂ©rents dĂ©ciles et centiles de revenus et patrimoines concernĂ©s, et par consĂ©quent les groupes sociaux en jeu.
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Thomas Piketty (Capital and Ideology)
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L’éloge sincĂšre est le miel des relations entre les hommes.
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Dale Carnegie (Comment se faire des amis)
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Au tĂ©lĂ©phone, un ami Ă©crivain me parle d'exil. Apparemment, il ne pourra plus rien Ă©crire 'ici'. Tout est fermĂ©, bloquĂ©, et les lecteurs restent inimaginables, Ă  l'autre bout de son tunnel. Je ne sais trop quoi lui dire, car je suis sĂ»r qu'il se trompe, ou plutĂŽt qu'il est trompĂ© par une souffrance que je connais bien, moi aussi, et qui nous a donnĂ© notre lot de poĂštes Ă  la tĂȘte flambĂ©e. Je lui parle de ça, de la tentation Ă©pouvantable de partir, du leurre qu'est ce dĂ©sir d'aller trouver ailleurs on ne sait quoi. Je regarde dehors pendant que je l'Ă©coute se plaindre, avec une voix tremblante, pleine de cette Ă©motion impĂ©rissable du poĂšte dĂ©sertĂ© par le dĂ©sir, et auquel il ne vient plus que des mots anciens, pour parler de l'Ă©ternelle misĂšre de ne plus savoir comment faire. Je regarde dehors et aperçois le bouleau qui balance dans le vent. On oscille sans cesse, on hĂ©site tous, toujours on bat la mesure d'une inaliĂ©nable incertitude. C'est comme ça. Je lui dis que j'aime ce qu'il est, ce qu'il fait, mais ce n'est pas assez, comme de raison. L'amour n'est pas assez quand on est seul et enfoncĂ© si loin dans l'inquiĂ©tude. Je l'Ă©coute et je regarde les arbres secouĂ©s par le vent et c'est pareil : nous sommes tous secouĂ©s, bardassĂ©s, perpĂ©tuellement Ă©branlĂ©s sur nos racines.
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Robert Lalonde (Le Monde sur le flanc de la truite)
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Un exemple de symbolisme, Ă  premiĂšre vue arbitraire et excessif mais en fin de compte plausible, est le hadĂźth qui voue les peintres et les sculpteurs au fond de l’enfer. On objectera Ă©videmment que les arts plastiques sont naturels Ă  l’homme, qu’ils existent partout et qu’ils peuvent avoir une fonction sacrale, – c’est lĂ  mĂȘme leur raison d’ĂȘtre la plus profonde, – ce qui est vrai, mais passe Ă  cĂŽtĂ© de l’intention essentielle du hadĂźth. C’est-Ă -dire que le sens littĂ©ral de la sentence, par sa violence mĂȘme, reprĂ©sente une « guerre prĂ©ventive » contre l’abus ultime de l’intelligence humaine, Ă  savoir le naturalisme sous toutes ses formes : naturalisme artistique d’une part et naturalisme philosophique et scientiste d’autre part ; donc imitation exacte, extĂ©riorisante et « accidentalisante » des apparences, et recours Ă  la seule logique, Ă  la seule raison, coupĂ©e de ses racines. L’homme est homo sapiens et homo faber : il est un penseur et par lĂ  mĂȘme aussi un producteur, un artisan, un artiste ; or, il est une phase finale de ces dĂ©veloppements qui lui est interdite, – elle est prĂ©figurĂ©e par le fruit dĂ©fendu du Paradis, – une phase donc qu’il ne doit jamais atteindre, de mĂȘme que l’homme peut se faire roi ou empereur mais non pas Dieu ; en anathĂ©matisant les crĂ©ateurs d’images, le ProphĂšte entend prĂ©venir la subversion finale. Selon la conception musulmane, il n’y a qu’un seul pĂ©chĂ© qui mĂšne au fond de l’enfer, – c’est-Ă -dire qui ne sera jamais pardonnĂ© , – et c’est le fait d’associer d’autres divinitĂ©s au Dieu unique ; si l’Islam place les dits crĂ©ateurs dans la gĂ©henne, c’est qu’il semble assimiler fort paradoxalement les arts plastiques Ă  ce mĂȘme pĂ©chĂ© gravissime, et cette disproportion prouve prĂ©cisĂ©ment qu’il a en vu, non les arts dans leur Ă©tat normal, – bien qu’il les interdise assurĂ©ment, – mais la raison pour laquelle il les interdit ; Ă  savoir la subversion naturaliste dont les arts plastiques sont, pour la sensibilitĂ© sĂ©mitique, les symboles et les prĂ©figurations (1). Cet exemple, auquel nous nous sommes arrĂȘtĂ© un peu longuement, peut montrer comment les formulations excessives peuvent vĂ©hiculer des intentions d’autant plus profondes, ce qui nous ramĂšne une fois de plus au principe credo quia absurdum [je le crois parce que c'est absurde]. (1) En condamnant les images, l’Islam – bienheureusement « stĂ©rile » – refuse en mĂȘme temps le « culturisme » qui est la plaie de l’Occident, Ă  savoir les torrents de crĂ©ations artistiques et littĂ©raires, qui gonflent les Ăąmes et distraient de la « seule chose nĂ©cessaire ».
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Frithjof Schuon (Approches du phénomÚne religieux)
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Elle ne comprenait pas qu'une partie de ce peuple en haillons n'eût rien à faire en ce lieu. Comment Dieu pouvait-il choisir ceux-ci plutÎt que ceux-là ? Ce Dieu des uns et pas des autres, comment l'admettre, comment le vivre ?
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Andrée Chedid (Le Message)
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Urbain VIII fit alors envoyer par l'ambassade une note destinĂ©e Ă  l'inquisiteur et Ă  GalilĂ©e, rĂ©pĂ©tant les conditions auxquelles le livre devait rĂ©pondre pour que l'imprimatur lui soit octroyĂ©. J'ai reproduit cette note autrefois. Elle est remarquable. Dans l'Ă©tat des connaissances du temps, un scientifique d'aujourd'hui ne pourrait donner de meilleurs conseils. En voici l'essentiel: « L'inquisiteur pouvait permettre la publication Ă  Florence, s'il s'agissait de considĂ©rations purement mathĂ©matiques sur le systĂšme de Copernic. En aucun cas, ce livre ne pourrait admettre d'allĂ©gations absolues, mais il devait se maintenir dans les limites de l'hypothĂšse; surtout il n'y serait pas question de l'Écriture Sainte. « Il ne doit pas avoir pour titre et pour sujet le flux et le reflux de la mer ... mais l'examen mathĂ©matique de l'hypothĂšse copernicienne relative au mouvement de la Terre, en vue de prouver que (la rĂ©lĂ©vation divine et la doctrine sacrĂ©e Ă©tant rĂ©servĂ©es) cene hypothĂšse se concilie avec les phĂ©nomĂšnes apparents et n'est pas dĂ©truite par les arguments contraires qui peuvent ĂȘtre empruntĂ©s Ă  l'expĂ©rience et Ă  la philosophie pĂ©ripatĂ©ticienne» (c'est-Ă -dire celle d'Aristote et de PtolĂ©mĂ©e)." « Le but de l'ouvrage doit ĂȘtre surtout de faire voir que I'on connaĂźt toutes les raisons qui peuvent ĂȘtre invoquĂ©es en faveur de la doctrine» (copernicienne - c'est moi qui souligne), et que ce n'est pas pour les avoir ignorĂ©es qu'a Ă©tĂ© promulguĂ© Ă  Rome le dĂ©cret (de 1616) «auquel l'ouvrage devra se conformer dans son commencement et dans sa fin, qui seront envoyĂ©s Ă  l'inquisiteur ... AprĂšs ces prĂ©cautions, le livre ne rencontrera aucun obstacle Ă  Rome et l'inquisiteur pourra donner satisfaction Ă  l'auteur ... ». Quand on lit sans parti pris ces directives du pape, Ă©crit Aubanel, «on ne peut qu'ĂȘtre frappĂ© de sa sagesse et de la libertĂ© qu'il donne Ă  GalilĂ©e. Que lui demande-t-on ? De ne pas enseigner comme une vĂ©ritĂ© absolue une thĂ©orie gu'il n'appuie que sur des probabilitĂ©s; de laisser de cĂŽtĂ© l'Ecriture Sainte; de ne point faire dĂ©pendre toute la question de sa preuve fameuse - et fausse - du flux et du reflux. Il a mĂȘme la permission - et ceci est Ă  retenir - de combattre Aristote et de montrer l'impuissance de sa philosophie Ă  dĂ©mentir la doctrine qu'il prĂ©conise. OĂč donc trouver dans ces lignes la moindre entrave Ă  la science? Il n'yen a aucune ».
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Philippe Decourt (I. Faut-il réhabiliter Galilée ? - II. Comment on falsifie l'histoire : le cas Pasteur)
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se dit donc que le flĂ©au est irrĂ©el, c’est un mauvais rĂȘve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais rĂȘve en mauvais rĂȘve, ce sont les hommes qui passent, et les humanistes en premier lieu, parce qu’ils n’ont pas pris leurs prĂ©cautions. Nos concitoyens n’étaient pas plus coupables que d’autres, ils oubliaient d’ĂȘtre modestes, voilĂ  tout, et ils pensaient que tout Ă©tait encore possible pour eux, ce qui supposait que les flĂ©aux Ă©taient impossibles. Ils continuaient de faire des affaires, ils prĂ©paraient des voyages et ils avaient des opinions. Comment auraient-ils pensĂ© Ă  la peste qui supprime l’avenir, les dĂ©placements et les discussions
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Albert Camus (La peste: une peste inconnue)
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Utiliser son sac avec grace, c'est comme manger avec elegance, marcher avec prestance ou saisir un verre de champagne avec classe. La beaute se definit en general par la sobriete et l'economie des moyens, par l'adaptation des formes a leur fin, des formes simples, pures et primaires. Investir dans un sac de qualite, c'est non seulement se faire plaisir mais aussi se revolter contre la mediocrite et la consommation de masse grandissante qui peu a peu detruisent notre culture, notre civilisation et nos sens. Acheter de la qualite, c'est encourager une autre forme de commerce, respecter ce que nous possedons, vivre avec la lenteur d'un cuir qui se patine et pratiquer la simplicite: ne pas toujours chercher a acquerir plus tout en se contentant de ce que l'on a. Mon conseil est donc celui-ci: ne regardez pas les sacs exposes dans les magasins pour choisir un modele mais ceux portes par les femmes, dans la rue. C'est la meilleure facon de voir comment le cuir se drappe, la forme se bombe, la matiere se patine et s'ils ont, visuellement, une belle architecture une fois portes. L'argent devrait etre utilise pour vivre dans la qualite, y compris la qualite esthetique. Les belles choses apportent une joie durable. Le choix d'un sac pour longtemps ne serait-il pas le besoin d'une certaine forme de stabilite, d'harmonie et de confort dans ses besoins materiels? Affirmer son style, c'est exprimer par ses choix ses gouts et ses valeurs. Les exterioriser ensuite par le bon choix de vetements et de sacs est l'etape suivante. Etre chic, c'est savoir resister a la tentation. Faire des economies ce n'est pas acheter au meilleur prix l'objet convoite, c'est apprendre sereinement a s'en passer. Le voyage est sans doute la meilleure des situations pour apprecier les bienfaits du minimalisme et s'en inspirer pour l'appliquer au quotidien. Le voyage est l'occasion ideale de "refaire son bagage", c'est-a-dire de repenser la facon dont on vit sa vie et de l'ameliorer. On a tout son temps, en voyage, pour penser, reflechir a ce qui fait le "sel de la vie". C'est sur la route qu'on apprend a se passer du superflu: pas de television, de distractions, de consommation et de shopping. La vie est simplifiee au profit de la mobilite. On a egalement plus de temps pour soi-meme et/ou les rencontres. En voyage, on devient, comme le prescrit le zen, prepare a toutes les eventualites de la vie. le voyage est un retour vers l'essentiel. Proverbe tibetain Vivre avec peu est comme une invitation au voyage, a un vol interieur qui libere du reel et du poids de l'existence.
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Dominique Loreau (Mon sac, reflet de mon Ăąme. L'art de choisir, ranger et vider son sac (French Edition))
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L'Ă©conomie est devenue le succube de l'homme. Toute notre vie est dĂ©terminĂ©e par l'Ă©conomie. Je pense que la grande bataille de notre avenir sera la bataille contre l'Ă©conomie qui domine nos vies, la bataille pour le retour Ă  une forme de spiritualitĂ© - qu'on peut appeler religiositĂ©, si l'on veut - Ă  laquelle on puisse s'adresser. Car c'est une constante dans l'histoire de l'humanitĂ©, ce dĂ©sir de savoir ce qu'on est venu faire sur Terre. Il nous faut de nouveaux modĂšles de dĂ©veloppement. Pas seulement la croissance, mais Ă©galement la parcimonie. Tu vois, Folco, je dis, moi, qu'il faut se libĂ©rer des dĂ©sirs. Mais, prĂ©cisĂ©ment Ă  cause du systĂšme pervers de notre sociĂ©tĂ© de consommation, notre vie est entiĂšrement axĂ©e autour des jeux, du sport, de la nourriture, des plaisirs. La question est de savoir comment sortir de ce cercle vicieux : petit Ă  petit, l'oiseau fait son nid. Mais, putain, ce systĂšme nous impose des comportements qui sont complĂštement absurdes. On ne veut pas certaines choses, mais le systĂšme de la sociĂ©tĂ© de consommation nous sĂ©duit et nous convainc de dĂ©sirer ces choses-lĂ . Toute notre vie dĂ©pend de ce mĂ©canisme. Il suffit pourtant de dĂ©cider de ne pas participer Ă  ce systĂšme en rĂ©sistant, en jeĂ»nant ; alors, c'est comme si on utilisait la non-violence contre la violence. Finalement, Ă  quoi bon toute cette violence ? Ils ne vont tout de mĂȘme pas nous les enfourner dans la gueule, leurs trucs ! Ce qu'il faut, c'est un effort spirituel profond, une rĂ©flexion profonde, un rĂ©veil profond. Ce qui, du reste, a quelque chose Ă  voir avec la vĂ©ritĂ©, dont plus personne ne se soucie. Et lĂ , une fois de plus, Gandhi Ă©tait extraordinaire. Il cherchait la vĂ©ritĂ©, ce qui est derriĂšre tout. "Avant, je croyais que Dieu Ă©tait la vĂ©ritĂ©. Maintenant, je dirais que la vĂ©ritĂ© est Dieu." (p. 459-460)
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Tiziano Terzani (La fine Ăš il mio inizio)
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En attendant, bien des hommes restent des « menhirs ». Et le plus triste est peut-ĂȘtre que nous en arrivons Ă  Ă©rotiser leur froideur et leur mutisme, Ă  y voir du mystĂšre, de la profondeur, un trait viril et attirant. C’est ce qu’une de mes amies et moi avons baptisĂ© l’« effet Don Draper ». Au cours d’une conversation, nous avions essayĂ© de cerner ce qui rendait le hĂ©ros de la sĂ©rie Mad Men aussi sĂ©duisant, et nous Ă©tions arrivĂ©es Ă  cette conclusion : l’attitude de ces hommes est si frustrante que la moindre ouverture de leur part, le moindre Ă©change authentique, si timide et Ă©phĂ©mĂšre soit-il, sont vĂ©cus comme une Ă©piphanie bouleversante. Le gars vous grommelle trois mots un peu personnels et vous vous convulsez d’émotion sur la moquette, foudroyĂ©e par cet instant de communion sublime. De fait, certaines des scĂšnes les plus marquantes de Mad Men sont celles oĂč ce hĂ©ros barricadĂ© derriĂšre ses secrets laisse entrevoir ses sentiments, sa vulnĂ©rabilitĂ©, son Ăąme. Il se livre rarement Ă  ses Ă©pouses successives, Betty et Megan, femmes-trophĂ©es Ă  la beautĂ© spectaculaire avec lesquelles il entretient des relations convenues (et oppressives), mais plutĂŽt Ă  d’autres femmes : sa collaboratrice Peggy Olson75, ou Anna Draper, la veuve de l’homme dont il a usurpĂ© l’identitĂ©. Toutefois, si ce mĂ©canisme peut donner de splendides moments de tĂ©lĂ©vision, dans la vie, il encourage surtout les femmes Ă  repartir pour six mois, ou dix ans, de maltraitance psychologique, dans l’espoir – en gĂ©nĂ©ral vain – qu’un jour le miracle se reproduira et s’installera dans la durĂ©e pour devenir la normalitĂ©. On voit mieux combien cette situation est intenable si on transpose la disette Ă©motionnelle Ă  d’autres de nos besoins : certes, quand nous souffrons de la faim, un quignon de pain rassis peut prendre des allures de festin insensé ; quand nous mourons de soif, une gorgĂ©e d’eau croupie nous semble d’une fraĂźcheur merveilleuse. Pour autant, pouvons-nous nous condamner Ă  un rĂ©gime aussi pauvre et triste ? Pouvons-nous en faire un principe de vie, et nous priver des nourritures aussi variĂ©es que fabuleuses, des mille boissons dĂ©licieuses qui existent sur Terre ?
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Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
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Devenir indĂ©pendante signifie donc remettre de l’ordre en soi, et non renoncer Ă  toute vie sexuelle ou amoureuse – loin de lĂ . À part dans un cas, peut-ĂȘtre : quand nous entretenons des relations suivies ou Ă©pisodiques avec des hommes non par rĂ©el dĂ©sir, mais par addiction Ă  leur regard, par conformisme, parce que cela « se fait », ou par peur d’ĂȘtre seule. Certaines jugent alors indispensable d’apprendre Ă  s’en passer complĂštement, pour y revenir plus tard en ayant bĂąti un socle d’autonomie. Dans Une rĂ©volution intĂ©rieure, Gloria Steinem Ă©voque une musicienne de sa connaissance, du nom de Tina, qui avait l’habitude de lĂącher tout ce qu’elle Ă©tait en train de faire dĂšs qu’un homme lui manifestait de l’intĂ©rĂȘt. Elle finit par prendre une mesure radicale : « Pendant cinq ans, elle composa, voyagea, vĂ©cut seule, vit des amis, mais elle refusa toutes les sollicitations masculines. Elle rĂ©para sa maison, prit des vacances dans des lieux inconnus et enseigna l’écriture de chansons. Elle vĂ©cut une vie pleine, mais une vie qui n’incluait ni sexe ni romance. » Au dĂ©but, ce fut difficile : « Sans se voir Ă  travers les yeux d’un homme, elle n’était mĂȘme pas sĂ»re d’exister. Mais, peu Ă  peu, elle commença Ă  prendre plaisir Ă  se rĂ©veiller seule, Ă  parler Ă  son chat, Ă  quitter une fĂȘte quand elle en avait envie. Pour la premiĂšre fois, elle sentit son “centre” se dĂ©placer des hommes Ă  un nouveau lieu Ă  l’intĂ©rieur d’elle-mĂȘme. » Au bout de cinq ans, elle rencontra un homme trĂšs diffĂ©rent de ceux qu’elle attirait et qui l’attiraient auparavant, et elle l’épousa.
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Mona Chollet (Réinventer l'amour: Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)
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Camarades, vous allez donc rĂ©unir vos terres en coopĂ©rative! conclut l'envoyĂ© du parti devant les paysans rassemblĂ©s dans la cour de la mairie. Vous verrez, tout sera merveilleux. Et pour commencer, avez-vous des demandes particuliĂšres Ă  formuler ? –Moi, dit l'un, je voudrais bien qu'on rĂ©pare la toiture de ma maison. –AccordĂ©. –Moi, dit un autre, j'aimerais pouvoir faire curer mon puits. –Entendu. –Pour moi, c'est ma cave qui aurait besoin d'ĂȘtre Ă©tayĂ©e. –Ce sera fait. Les demandes se succĂšdent et seul un petit vieux, premier rang, ne dit rien, se contentant d'Ă©couter en souriant dans sa barbe. Le propagandiste finit par le remarquer et lui dit : –Et vous, brave homme, vous n'avez rien Ă  demander? –Si. Une paire de couilles –Comment! Mais pourquoi? –Oh! Comme les autres, de toute façon, ils auront peau de zob... (p. 98-99)
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Alain Paruit (Les barbelés du rire: Humour politique dans les pays de l'Est (French Edition))
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les choses dont j'ai peur je me rĂ©veillerai un beau jour sans avoir rien rĂȘvĂ© contente sĂ»re de moi j'aurai des plans des solutions pour tous les problĂšmes le manque de confiance ne me rongera plus comme un ver je serai un fruit arrosĂ© d'insecticides une petite roue dans un engrenage efficace je serai mĂąchĂ© par la grande machine sans le sentir super la vie est belle je dirai tout Ă  fait convaincue je ne pleurerai plus en pensant Ă  mon pĂšre je rĂ©pĂ©terai que nous nous en allons tous un jour je serai « socialy correct » je ne ferai que des choses sensĂ©es Ă  significations profondes qui sait si j'Ă©crirai toujours occupĂ©e Ă  polir mon image j'aurai enfin plein d'amis ils m'apporteront pour mon anniversaire des appareils Ă©lectromĂ©nagers pour rendre mon travail plus facile pour qu'il me reste le temps pour les choses plus importantes la retouche la promotion de mes idĂ©es Ă  servir d'exemple aux jeunes hommes en train de se former je ne serai entourĂ©e que de choses utiles j'aurai des plans quotidiens mensuels annuels que je suivrai avec acharnement selon des graphiques je ne perdrai plus mon temps je m'endormirai de bonne heure je me rĂ©veillerai tĂŽt bien reposĂ©e aprĂšs un sommeil sans rĂȘves j'aurai une famille comme il faut fondĂ©e sur des principes sains protĂ©gĂ©e par l'Ă©tat je serai la « succesfull woman » du dĂ©but du millĂ©naire peut-ĂȘtre un jour je ne m'apitoierai plus sur les chiens errants je ne connaĂźtrai plus la solitude je serai acclamĂ©e par la foule peut-ĂȘtre ce jour n'est pas trop lointain qu'est-ce que je peux faire comment me dĂ©fendre avec mon bouclier en chiffons mon armĂ©e en peluche j'ai trĂšs peur je sens que ça va commencer cette nuit je n'ai aucun cauchemar aujourd'hui je n'ai pas rongĂ© mes ongles je n'ai pas fait craquer mes doigts je n'ai pas fumĂ© trop j'ai trouvĂ© normal tout ce que l'on a dit autour de moi j'ai Ă©tĂ© d'accord j'ai trĂšs peur que vienne plus vite la griffe dans mon estomac les hommes sans tĂȘte aux marteaux piqueurs les griffons les charognes qui habitent mon sommeil avec eux je me dĂ©brouille plus facilement si j'Ă©cris sur les choses dont j'ai peur elles ne deviendront pas plus pĂąles si je raconte le rĂȘve oĂč je ne peux plus attendre mon pĂšre on en dĂ©duira que nous deux n'avons jamais su grand chose l'un de l'autre un poĂšme sur la crainte de ne plus Ă©crire a toutes les chances d'ĂȘtre un mauvais poĂšme les choses dont j'ai peur ne sont pas des maladies vaincues ce sont des maladies inguĂ©rissables des miroirs dont je ne peux plus dĂ©tourner mon regard (traduit du roumain par Laetiția Ilea)
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Letiția Ilea
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Parti de Iași un 23 mai, j'y retournai un mois plus tard–n'ayant, dans l'intervalle, pas mĂ©nagĂ© ma peine. Entre la poursuite des lectures que je jugeais indispensables, les appels aux amis et maintes tentatives d'Ă©tablir de nouveaux contacts, les semaines eurent tĂŽt fait de filer. À Bucarest, Dieu merci, on s'Ă©tait mis en quatre pour m'assister. Suite Ă  l'intercession de Dan Berindei, vice-prĂ©sident de l'AcadĂ©mie roumaine,
 trois professeurs d'histoire de l'universitĂ© Alexandru Ioan Cuza, de Iași, se dirent prĂȘts Ă  faire ma connaissance. Quant Ă  Ana Blandiana, poĂ©tesse, prĂ©sidente de la Fondation de l'acadĂ©mie civique et inlassable animatrice du mĂ©morial de Sighet, elle m'offrit d'approcher un confrĂšre Ă©crivain qui, sous peu, m'ouvrirait d'Ă©clairantes perspectives sur le climat intellectuel rĂ©gnant en ville dans le troisiĂšme quart du XIXe siĂšcle. Folles journĂ©es qui me virent zigzaguer d'un coin Ă  l'autre de la vie, entre la commĂ©moration des soixante-dix ans du pogrom, les assises d'un colloque international consacrĂ© aux journĂ©es meurtriĂšres des 28 et 30 juin 1941 et les rencontres desquelles risquait fort de dĂ©pendre la suite de mon entreprise ! Comment en rendre compte ? Pas facile–quand bien mĂȘme, c'est vrai, relativement au colloque, Ă  dĂ©faut de comprendre le roumain, mes stations au Centre d'histoire des Juifs et d'Ă©tudes hĂ©braĂŻques me laissent davantage d'impressions que de souvenirs prĂ©cis. Hormis, bien sĂ»r, le vif plaisir d'y avoir retrouvĂ© Felicia Waldman, celui d'avoir pu faire la connaissance du professeur Carol Iancu, auteur du magistral essai intitulĂ© "Les Juifs en Roumanie (1866–1919)", et l'intense Ă©motion que nous valut l'exposĂ© d'Avinoam Safran, le fils d'Alexandre Safran, c'est Ă©rudit issu d'une illustre lignĂ©e rabbinique, que le sort dĂ©signa pour devenir–le 4 fĂ©vrier 1940, Ă  seulement vingt-neuf ans–grand rabbin de Roumanie, et dont l'inouĂŻe dĂ©termination face au "Conducător" Antonescu arracha Ă  une mort programmĂ©e un nombre considĂ©rable de coreligionnaires. (p. 58–59)
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Jil Silberstein (Dor de Iași: imagini din Iașul vechi/ images du vieux IaƟi/ Images of Old IaƟi)