Ces Quotes

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Recette pour aller mieux. Répéter souvent ces trois phrases : le bonheur n'existe pas. L'amour est impossible. Rien n'est grave.
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Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
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Le silence eternel des ces espaces infinis m'effraie - The eternal silence of these infinite spaces frightens me.
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Blaise Pascal (Pensées)
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Ljubav je kao snaga : ako je vise trosis, vise ces je i imati.
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Miroslav Antić
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Il est des petites choses que l'on laisse derriÚre soi, des moments de vie ancrés dans la poussiÚre du temps. On peut tenter de les ignorer, mais ces petits riens mis bout à bout forment une chaßne qui vous raccroche au passé.
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Marc Levy (Le Voleur d'ombres)
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Vous craignez les livres comme certaines bourgades ont craint les violons. Laissez lire, et laissez danser; ces deux amusements ne feront jamais de mal au monde.
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Voltaire
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Je t'inventerai Des mots insensés Que tu comprendras Je te parlerai De ces amants-là Qui ont vue deux fois Leurs coeurs s'embraser Je te raconterai L'histoire de ce roi Mort de n'avoir pas Pu te rencontrer Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas
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Jacques Brel
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Je suis seul au milieu de ces voix joyeuses et raisonnables. Tous ces types passent leur temps Ă  s’expliquer, Ă  reconnaĂźtre avec bonheur qu’ils sont du mĂȘme avis. Quelle importance ils attachent, mon Dieu, Ă  penser tous ensemble les mĂȘmes choses.
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Jean-Paul Sartre (Nausea)
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Comme ils sont Ă©tranges ces jours oĂč la joie de vivre est programmĂ©e dans les calendriers.
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Marc Levy (OĂč es-tu ?)
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The oth­ers went up­stairs, a slow unwilling pro­ces­sion. If this had been an old house, with creak­ing wood, and dark shad­ows, and heav­ily pan­elled walls, there might have been an eerie feel­ing. But this house was the essence of moder­ni­ty. There were no dark corners - ​no pos­si­ble slid­ing pan­els - it was flood­ed with elec­tric light - every­thing was new and bright and shining. There was noth­ing hid­den in this house, noth­ing con­cealed. It had no at­mo­sphere about it. Some­how, that was the most fright­en­ing thing of all. They ex­changed good-​nights on the up­per land­ing. Each of them went in­to his or her own room, and each of them automatical­ly, al­most with­out con­scious thought, locked the door....
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Agatha Christie (And Then There Were None)
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J'ai trop vu, trop senti, trop aimĂ© dans ma vie; Je viens chercher vivant le calme du LĂ©thĂ©. Beaux lieux, soyez pour moi ces bords oĂč l'on oublie: L'oubli seul dĂ©sormais est ma fĂ©licitĂ©.
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Alphonse de Lamartine
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N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, Ă©conomique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.
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Simone de Beauvoir
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Les véritables bonheurs de la vie, ne sont pas dans les sourires de la joie, mais dans ces intervalles d'incertitude, lorsque notre quotidien peut basculer mais qu'on ne sait pas encore de quel cÎté.
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Maxime Chattam (In Tenebris (La trilogie du Mal, #2))
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Nije svatko kovac svog zivota. Nije nitko. Na neke stvari mozes utjecati, na neke ne. Nesto kujes, a nesto nosis kako ti je skovano. No, i jedno i drugo, i to sto kujes i to sto ti je skovano, zapravo su okovi. Sanduk iz kojeg ces kad tad morati izvuci ruku ili ces biti uhvacen.
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Bekim Sejranović (Tvoj sin Huckleberry Finn)
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Cula su naelektrisala vrhove prstiju kojim sam joj doticao kozu i pratio besprekornu liniju glatkih ramena, tragajuci uzalud za malom, najmanjom greskom. Mirisala je na Indiju, na breskvu, na izvor, biseri su virili iz tek odskrinute skoljke njenih usana, osetio sam u bradi laki drhtaj, jeku jedne davne groznice za koju sam mislio da umire kad te obuzme i da se vise ne moze vratiti ako je jednom prebolis. Da, zeleo sam je, jako sam je zeleo... Dodirnuo sam joj mali prst na nozi, bezuspesno pokusao da nadlanicom uklonim beleg iz detinjstva sa njenog levog kolena, udubio se u cudni raspored sicusnih mladeza na tilu vitkih ledja...I trgao se.Uplasen...Koliko to na njoj ima tajnih mesta koja bih zeleo da poljubim? Ali ne sad. Jednom. Mozda... Ja sam momak staromodan. Prevazidjen. Po mojoj religiji, moja zelja je samo pola zelje... Lepo sanjaj, mali misu nabareni. Ko zna da li ces mi ikad vise biti tako blizu? Mozda cu se kajati, mozda cu morati da se napijem svaki put kad se setim ove noci...Neka... Ako ikad budemo spavali zajedno, to ce biti onako kako sam zamislio. I kako Bog zapoveda. I niko nece spavati za vreme tog spavanja... Laku noc, njene pospane oci...
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Đorđe Balaơević (Tri posleratna druga)
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Shakespeare et Dostoievski font persister en vous le regret de n'etre pas un saint ou un criminel. Ces deux manieres de s'autodetruire...
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Emil M. Cioran (Tears and Saints)
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Il faudrait prĂ©venir les gens de ces choses-lĂ . Leur apprendre que l’immortalitĂ© est mortelle, qu’elle peut mourir, que c’est arrivĂ©, que cela arrive encore.
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Marguerite Duras (The Lover)
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- Restons amis ! Cette phrase était vraiment pire que tout. - Je suis sûre qu'une fée meurt à chaque fois qu'on prononce ces mots quelque part, dis-je.
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Kerstin Gier (SmaragdgrĂŒn (Edelstein-Trilogie, #3))
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Jace, tu as vu comment ces filles, elle te regardent?" "C'est normal je suis beau Ă  tomber.
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Cassandra Clare (City of Bones (The Mortal Instruments, #1))
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Je crois que c'est moi qui ai changé: c'est la solution la plus simple. La plus désagréable aussi. Mais einfin je dois reconnaßtre que je suis sujet à ces transformations soudaines. Ce qu'il y a, c'est que je pense trÚs rarement; alors une foule depetites métamorphoses s'accumulent en moi sans que j'y prenne garde et puis, un beau jour, il se produit une véritable révolution. C'est ce qui a donné à ma vie cet aspect huerté, incohérent.
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Jean-Paul Sartre (Nausea)
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Oare ce-s nourii Daca nu o justificare a cerului? Oare ce-i viata Daca nu o amanare a mortii?
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James Clavell (Shƍgun (Asian Saga, #1))
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Elle se sentait noyĂ©e dans le mĂ©pris de ces gredins honnĂȘtes qui l'avaient sacrifiĂ©e d'abord, rejetĂ©e ensuite, comme une chose malpropre et inutile.
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Guy de Maupassant (Boule de Suif (21 contes))
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Chaque matin, je me dégage des bras enchanteurs de Morphée, pétrifiée à l'idée de ces heures interminables qui s'égrÚneront lentement jusqu'à ce que je puisse me replonger dans l'oubli bienfaisant d'un nouveau sommeil.
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Lolita Pille (Hell)
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« L'erreur est de vouloir une vie immobile. On veut que le temps s'arrĂȘte, que l'amour soit Ă©ternel, que rien ne meure jamais, pour se prĂ©lasser dans une perpĂ©tuelle enfance dorlotĂ©e. On bĂątit des murs pour se protĂ©ger et ce sont ces murs qui un jour deviennent une prison. »
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Frédéric Beigbeder (L'amour dure trois ans (Marc Marronnier, #3))
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Crédule enfant, à quoi bon ces vains efforts pour saisir une fugitive apparence? L'objet de ton désir n'existe pas! ... Cette ombre que tu vois, c'est le reflet de ton image.
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Ovid (Les MĂ©tamorphoses)
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Le coucher de soleil, le printemps, le bleu de la mer, les Ă©toiles de la nuit, toutes ces choses que nous disons captivantes n’ont de magie que lorsqu’elles gravitent autour d’une femme, mon garçon
 Car la BeautĂ©, la vraie, l’ unique, la beautĂ© phare, la beautĂ© absolue, c ’est la femme. Le reste, tout le reste n ’est qu ’accessoires de charme.
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Yasmina Khadra
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Aimer c’est, finalement, faire don de nos prĂ©fĂ©rences Ă  ceux que nous prĂ©fĂ©rons. Et ces partages peuplent l’invisible citadelle de notre libertĂ©. Nous sommes habitĂ©s de livres et d’amis.
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Daniel Pennac (Comme un roman)
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Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lĂąches, mĂ©prisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dĂ©pravĂ©es ; le monde n'est qu'un Ă©gout sans fond oĂč les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces ĂȘtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompĂ© en amour, souvent blessĂ© et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arriĂšre ; et on se dit : " J'ai souffert souvent, je me suis trompĂ© quelquefois, mais j'ai aimĂ©. C'est moi qui ai vĂ©cu, et non pas un ĂȘtre factice crĂ©Ă© par mon orgueil et mon ennui.
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Alfred de Musset (On ne badine pas avec l'amour)
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Ces tyrans détrÎnés devenus mes esclaves.
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Pierre Choderlos de Laclos (Les Liaisons dangereuses)
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Il faut éviter de penser à ces difficultés que présente le monde. Sans ça, il deviendrait tout à fait irrespirable.
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Marguerite Duras (Hiroshima mon amour)
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Ces jours qui te semblent vides Et perdus pour l’univers Ont des racines avides Qui travaillent les dĂ©serts
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Paul Valéry
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Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos tĂȘtes ?
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Jean Racine (Andromaque)
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Et ces deux Ăąmes, sƓurs tragiques, s'envolĂšrent ensemble, l'ombre de l'une mĂȘlĂ©e Ă  la lumiĂšre de l'autre.
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Victor Hugo (Ninety-Three)
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Il y a des moments dans l’existence oĂč une porte s’ouvre et oĂč votre vie dĂ©rape dans la lumiĂšre. De rares instants oĂč quelque chose se dĂ©verrouille en vous. Vous flottez en apesanteur, vous filez sur une autoroute sans radar. Les choix deviennent limpides, les rĂ©ponses remplacent les questions, la peur cĂšde la place Ă  l’amour. Il faut avoir connu ces moments. Ils durent rarement.
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Guillaume Musso (Central Park)
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Quand ces enfant sont arrivés à Auschwitz, on n'opéra pas de 'selection'. On ne les mit pas en rang avec les hommes et les femmes. On ne regarda pas qui était en bonne santé, qui était malade, qui pouvait travailler, qui ne le pouvait pas. On les envoya directement dans les chambres à gaze.
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Tatiana de Rosnay (Sarah's Key)
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Mais il avait oubliĂ© l’inventaire, il ne voyait pas son empire, ces magasins crevant de richesses. Tout avait disparu, les victoires bruyantes d’hier, la fortune colossale de demain. D’un regard dĂ©sespĂ©rĂ©, il suivait Denise, et quand elle eut passĂ© la porte, il n’y eut plus rien, la maison devint noire.
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Émile Zola (The Ladies' Paradise (Les Rougon-Macquart #11))
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Il faut longtemps pour que resurgisse Ă  la lumiĂšre ce qui a Ă©tĂ© effacĂ©. Des traces subsistent dans des registres et l'on ignore oĂč ils sont cachĂ©s et quels gardiens veillent sur eux et si ces gardiens consentiront Ă  vous les montrer. Ou peut-ĂȘtre ont-ils oubliĂ© tout simplement que ces registres existaient
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Patrick Modiano (Dora Bruder)
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Les cƓurs des femmes sont comme ces petits meubles Ă  secret, pleins de tiroirs emboĂźtĂ©s les uns dans les autres ; on se donne du mal, on se casse les ongles, et on trouve au fond quelque fleur dessĂ©chĂ©e, des brins de poussiĂšre – ou le vide !
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Gustave Flaubert (Sentimental Education)
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Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse, La honte, les remords, les sanglots, les ennuis, Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits Qui compriment le coeur comme un papier qu'on froisse? Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse?
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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... ces bouquets de fleurs qui partent à la recherche d'un cƓur et ne trouvent qu'un vase.
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Romain Gary (ŰČÙ†ŰŻÚŻÛŒ ۯ۱ ÙŸÛŒŰŽ Ű±Ùˆ)
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Et puis j'étais contrariée par tous ces actes sexuels publics. Que voulez-vous, je venais d'un pays traditionnaliste.
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Marjane Satrapi (Persepolis, Volume 1)
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Pourquoi sommes-nous autant marqués par un détail, un geste, qui font de ces instants minimes le coeur d'une époque?
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David Foenkinos (Delicacy)
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Ne dis pas ces choses, répétait-elle, car je n'aurais plus la force de te quitter, je resterais là... Donne moi du courage plutÎt; dis-moi que nous nous verrons encore...
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Émile Zola
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‱ Chaque fois, tu monteras au front, la peur au ventre, le cƓur serrĂ©, sans meilleure arme que ton envie de vivre encore. Chaque fois, tu te diras que, quoi qu’il puisse t’arriver Ă  prĂ©sent, tous ces moments arrachĂ©s Ă  la fatalitĂ© valaient la peine d’ĂȘtre vĂ©cus. Et que personne ne pourra jamais te les enlever.
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Guillaume Musso (Central Park)
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Elle est inquiÚte, il faut du temps, nous sommes encore un peu étrangers l'un à l'autre, hésitants, incertains, il nous manque des discordes, des différends, des heurts, la découverte de nos travers, défauts et petitesses, toutes ces incompatibilités qui nous permettront de mieux nous sculpter l'un dans l'autre, de bricoler nos rapports, de nous ajuster, d'épouser peu à peu nos formes respectives, et la tendresse vient alors enrichir ce qui manque à l'un par ce qui manque à l'autre..
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Romain Gary (Clair de femme)
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Bien sĂ»r demeuraient nouĂ©es ces Ă©charpes multiples, les souvenirs, mais c'Ă©tait comme s'il fallait dĂ©sormais que le passĂ© puisse luire aussi chamarrĂ©, aussi intense que ce prĂ©sent oĂč ils n'Ă©taient plus lĂ .
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Alain Damasio (La Horde du Contrevent)
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J'exige un vrai bonheur, un vrai amour, une vraie contrĂ©e oĂč le soleil alterne avec la lune, oĂč les saisons se dĂ©roulent en ordre, oĂč de vrais arbres portent de vrais fruits, oĂč de vrais poissons habitent les riviĂšres, et de vrais oiseaux le ciel, oĂč la vrai neige dĂ©couvre de vraies fleurs, oĂč tout sort est vrai, vrai, vĂ©ritable. J’en ai assez de cette lumiĂšre morne, de ces campagnes stĂ©riles, sans jour, sans nuit, oĂč ne survivent que les bĂȘtes fĂ©roces et rapaces, oĂč les lois de la nature ne fonctionnent pas.
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Jean Cocteau
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Tout le monde voulait ĂȘtre dans le coup ce jour-lĂ . Car, ce jour-lĂ , on allait Ă©crire l'Histoire avec un grand H. Il y avait eu un ghetto Ă  Cracovie pendant plus de sept siĂšcles, et voici qu'Ă  la fin de la journĂ©e, ou au plus tard le lendemein, ces sept siĂšcles ne seraient plus qu'une rumeur, et Cracovie serait enfin fiduciare (dĂ©barrassĂ©e des juifs).
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Thomas Keneally (Schindler’s List)
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Quand la dĂ©faite surgit, acceptez-la comme le signal que vos plans ne sont pas cohĂ©rents, reconstruisez ces plans, et reprenez la voile une fois de plus vers vos aspirations. Si vous abandonnez avant d’avoir atteint votre but, vous ĂȘtes un “lĂącheur”.
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Napoleon Hill (Think and Grow Rich)
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Cependant Quenu se rappelait une phrase de Charvet, cette fois, qui dĂ©clarait que "ces bourgeois empĂątĂ©s, ces boutiquiers engraissĂ©s, prĂȘtant leur soutien Ă  un gouvernement d' indigestion gĂ©nĂ©rale, devaient ĂȘtres jetĂ©s les premiers au cloaque." C' Ă©tait grĂące Ă  eux, grĂące Ă  leur Ă©goĂŻsme du ventre, que le despotisme s' imposait et rongeait une nation.
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Émile Zola (The Belly of Paris (Les Rougon-Macquart, #3))
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Ce n'est pas dur à deviner: toutes ces choses qui passent, que nous manquons d'un iota et qui sont ratées pour l'éternité...Toutes ces paroles que nous aurions dû dire, ces gestes que nous aurions dû faire, ces kairos fulgurants qui ont un jour surgi, qu'on n'a pas su saisir et qui se sont enfoncés pour toujours dans le néant...L'échec à un pouce prÚs.
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Muriel Barbery (The Elegance of the Hedgehog)
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Vous avez dĂ©jĂ  perdu quelqu'un de proche? [...] Vous n'avez jamais l'impression que ces ĂȘtres-lĂ  vivent en vous? ... Vraiment... Qu'ils ont deposĂ© en vous quelque chose qui ne disparaĂźtra que lorsque vous mourrez vous-mĂȘme? ... Des gestes... Une façon de parler ou de penser... Une fidĂ©litĂ© Ă  certaines choses et Ă  certains lieux... Croyez-moi. Les morts vivent. Ils nous font faire des choses. Ils influent sur nos dĂ©cisions. Ils nous forcent. Nous façonnent.
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Laurent Gaudé (La Porte des Enfers)
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Il disparut Ă  jamais, cet ĂȘtre sans dĂ©fense Ă  qui personne n'avait jamais tĂ©moignĂ© d'affection, ni portĂ© le moindre intĂ©rĂȘt, non, personne, pas mĂȘme l'un de ces naturalistes toujours prĂȘts Ă  Ă©pingler la plus banale des mouches pour l'examiner au microscope.
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Nikolai Gogol (The Overcoat)
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Zadig dirigeait sa route sur les étoiles... Il admirait ces vastes globes de lumiÚre qui ne paraissent que de faibles étincelles à nos yeux, tandis que la terre, qui n'est en effet qu'un point imperceptible dans la nature, paraßt à notre cupidité quelque chose de si grand et de si noble. Il se figurait alors les hommes tels qu'ils sont en effet, des insectes se dévorant les uns les autres sur un petit atome de boue.
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Voltaire (Zadig et autres contes)
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Le coeur peut s'Ă©mouvoir souvent Ă  la rencontre d'un autre ĂȘtre,car chacun exerce sur chacun des attractions et des rĂ©pulsions.Toutes ces influences font naĂźtre l'amitiĂ©,les caprices,des envies de possession,des ardeurs vives et passagĂšres,mais non pas l'amour vĂ©ritable.Pour qu'il existe cet amour,il faut que les deux ĂȘtres soient tellement nĂ©s l'un pour l'autre,se trouvent accrochĂ©s l'un Ă  l'autre par tant de points,par tant de goĂ»ts pareils,par tant d'affinitĂ©s de chair,de l'esprit,du caractĂšre,se sentent liĂ©s par tant de choses de toute nature,que cela forme un faisceau d'attaches.
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Guy de Maupassant (Fort comme la mort)
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Voyez-vous, lorsqu'on a trop rĂ©ussi sa vie, On sent, -- n'ayant rien fait mon Dieu de vraiment mal! -- Mille petits dĂ©goĂ»ts de soi, dont le total Ne fait pas un remords, mais une gĂȘne obscure ; Et les manteaux de duc traĂźnent dans leur fourrure, Pendant que des grandeurs on monte les degrĂ©s, Un bruit d'illusions sĂšches et de regrets, Comme, quand vous montez lentement vers ces portes, Votre robe de deuil traĂźne des feuilles mortes.
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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Ma vision de l'amour n'a pas changĂ©, mais ma vision du monde, oui. C'est super agrĂ©able d'ĂȘtre lesbienne. Je me sens moins concernĂ©e par la fĂ©minitĂ©, par l'approbation des hommes, par tous ces trucs qu'on s'impose pour eux. Et je me sens aussi moins prĂ©occupĂ©e par mon Ăąge : c'est plus dur de vieillir quand on est hĂ©tĂ©ro. La sĂ©duction existe entre filles, mais elle est plus cool, on n'est pas dĂ©chue Ă  40 ans.
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Virginie Despentes
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Dok god muzika svira, igraj dok te noge nose. Razumes li sta ti govorim? Igraj dok te noge nose. Ne smes da razmisljas zasto igras. Ne smes da razmisljas o znacenju toga. Jer, u osnovi, znacenja nema. Pocnes li da razmisljas, noge ce ti se zaustaviti. Zaustave li ti se jednom noge, ja tu vise nista ne mogu. Tvoje veze ce nestati. Nestace zauvek! I vise neces moci da zivis nigde drugde osim u ovom svetu. Brzo ces biti uvucen u ovaj svet. Zato noge ne smeju da ti se zaustave. Koliko god ti se cinilo besmisleno, ne smes da mislis na to. Prati korake i igraj dok te noge nose. A ono otvrdlo razmeksaj, makar malo. Mora da je ostalo i nesto za sta jos nije prekasno. Upotrebi sve sto se moze upotrebiti. Ucini sve sto mozes. Nema cega da se plasis. Svakako si umoran. Umoran si i uplasen. Svi imaju takve trenutke. Cini ti se da je sve pogesno. I noge ti se zaustave.
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Haruki Murakami (Dance Dance Dance)
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C'est cela l'exil, l'Ă©tranger, cette inexorable observation de l'existence telle qu'elle est vraiment pendant ces quelques heures, lucides, exceptionnelles dans la trame du temps humain, oĂč les habitudes du pays prĂ©cĂ©dent vous abandonnent, sans que les autres, les nouvelles, vous aient encore suffisamment abruti.
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Louis-Ferdinand CĂ©line (Journey to the End of the Night)
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Il me semblait entendre ces paroles sur un rythme d'une douceur infinie, car son regard avait presque la sonorité, et les phrases que ses yeux m'envoyaient retentissaient au fond de mon coeur comme si une bouche invisible les eût soufflées dans mon ùme.
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Théophile Gautier
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Je comprends, chuchota-t-il. Je suis lĂ  et je serai toujours lĂ  car il m'est impossible d'ĂȘtre ailleurs que prĂšs de toi. Et je vais te dire les mots. Ces mots qui refusent de sortir de toi et que, moi, j'ai tant de mal Ă  garder enfermĂ©s. Je t'aime, Ewilan. Plus que la vie, plus que l'amour, plus que tout. Je t'aime.
”
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Pierre Bottero (La ForĂȘt des captifs (Les Mondes d'Ewilan, #1))
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Tous ces vacanciers tassés les uns contre les autres sur une minuscule plage, ou en train de se battre en tenue de soirée devant le buffet, horrifiés à l'idée que le voisin ronfleur ne vole la derniÚre saucisse, ces gens heureux d'avoir été enfermés une dizaine d'heures dans une carlingue avec des gamins braillards autour d'eux, tout ça me donnait envie de vomir.
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”
AgnÚs Martin-Lugand (Les gens heureux lisent et boivent du café)
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Dans les rues, je suis l'obsĂ©dĂ© de ma morte, mornement regardant tous ces agitĂ©s qui ne savent pas qu'ils vont mourir et que le bois de leur cercueil existe dĂ©jĂ  dans une scierie ou dans une forĂȘt, vaguement regardant ces jeunes et fardĂ©s futurs cadavres femelles qui rient avec leurs dents, annonce et commencement de leur squelette, qui montrent leurs trente-deux petits bouts de squelette et qui s'esclaffent comme s'ils ne devaient jamais mourir.
”
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Albert Cohen (Le Livre de ma mĂšre)
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– C’est formidable, dit Anne, quand on se met Ă  penser Ă  tous ces types qui travaillent pour rien. Qui restent huit heures par jour dans leur bureau. Qui peuvent y rester huit heures par jour. – Mais vous avez Ă©tĂ© comme ça, jusqu’ici, dit Amadis. – Vous m’assommez, avec ce qui a Ă©tĂ©. Est-ce qu’on n’a plus le droit de comprendre, mĂȘme aprĂšs avoir Ă©tĂ© cul pendant un bout de temps ?
”
”
Boris Vian (Autumn in Peking)
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Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce Il n'y a pas d'amour heureux Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes Qu'on avait habillés pour un autre destin A quoi peut leur servir de se lever matin Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes Il n'y a pas d'amour heureux Mon bel amour mon cher amour ma déchirure Je te porte dans moi comme un oiseau blessé Et ceux-là sans savoir nous regardent passer Répétant aprÚs moi les mots que j'ai tressés Et qui pour tes grands yeux tout aussitÎt moururent Il n'y a pas d'amour heureux Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare Il n'y a pas d'amour heureux Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri Et pas plus que de toi l'amour de la patrie Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs Il n'y a pas d'amour heureux Mais c'est notre amour à tous les deux
”
”
Louis Aragon (La Diane française: En Étrange Pays dans mon pays lui-mĂȘme)
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- Vous avez lu tous ces livres ? j'ai demandĂ©. - Oui. Certains plusieurs fois, mĂȘme. Ce sont les grands amours de ma vie. Ils me font rire, pleurer, douter, rĂ©flĂ©chir. Ils me permettent de m'Ă©chapper. Ils m'ont changĂ©e, ont fait de moi une autre personne. - Un livre peut nous changer ? - Bien sĂ»r, un livre peut te changer ! Et mĂȘme changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la encontre aura lieu. Il faut se mĂ©fier des livres, ce sont des gĂ©nies endormis.
”
”
Gaël Faye (Petit pays)
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Alors, sĂ»r d'ĂȘtre aimĂ©, il ne se gĂȘna pas pas, et insensiblement ses façons changĂšrent. Il n'avait plus, comme autrefois, de ces mots si doux qui la faisaient pleurer, ni de ces vĂ©hĂ©mentes careses qui la rendaient folle. // Elle n'y voulut pas croire; elle redoubla de tendresse; et Rodolphe, de moins en moins, cacha son indiffĂ©rence.
”
”
Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang. Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit. Je ne vous parlerai mĂȘme pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et dĂ©chĂ©ance. Je veux vous parler de cette lumiĂšre qui brille en chacun de nous. Cette petite lumiĂšre qui fait de chacun de nous un ĂȘtre humain. Parce que cette lumiĂšre est en train de s'Ă©teindre.
”
”
Pierre Bottero (La HuitiĂšme Porte (L'Autre, #3))
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On suffoquait, les chevelures s'alourdissaient sur les tĂȘtes en sueur. Depuis trois heures qu'on Ă©tait lĂ , les haleines avaient chauffĂ© l'air d'une odeur humaine. Dans le flamboiement du gaz, les poussiĂšres en suspension s'Ă©paississaient, immobiles au-dessous du lustre. La salle entiĂšre vacillait, glissait Ă  un vertige, lasse et excitĂ©e, prise de ces dĂ©sirs ensommeillĂ©s de minuit qui balbutient au fond des alcĂŽves. Et Nana, en face de ce public pĂąmĂ©, de ces quinze cents personnes entassĂ©es, noyĂ©es dans l'affaissement et le dĂ©traquement nerveux d'une fin de spectacle, restait victorieuse avec sa chair de marbre, son sexe assez fort pour dĂ©truire tout ce monde et n'en ĂȘtre pas entamĂ©.
”
”
Émile Zola (Nana)
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Moi qui Ă©prouve, comme chacun, le besoin d’ĂȘtre reconnu, je me sens pur en toi et vais Ă  toi. J’ai besoin d’aller lĂ  oĂč je suis pur. Ce ne sont point mes formules ni mes dĂ©marches qui t’ont jamais instruit sur qui je suis. C’est l’acceptation de qui je suis qui t’a fait, au besoin, indulgent Ă  ces dĂ©marches comme Ă  ces formules. Je te sais grĂ© de me recevoir tel que me voici. Qu’ai-je Ă  faire d’un ami qui me juge ? Si j’accueille un ami Ă  ma table, je le prie de s’asseoir, s’il boite, et ne lui demande pas de danser
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Antoine de Saint-Exupéry (Lettre à un otage)
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Je suis ravi pour ces rĂ©voltes qui se font entendre un peu partout dans le monde. Une chaine s’est brisĂ©e. En revanche, je reste trĂšs vigilant car nous avons vu comment les amĂ©ricains Ă©taient impliquĂ©s en Tunisie et comment ils le sont avec l’armĂ©e de l’administration de Moubarak. En rĂ©alitĂ© nous avons deux dictateurs qui sont partis mais deux systĂšmes restent Ă  rĂ©former. Nous devrions tendre vers une dĂ©mocratie transparente et incorruptible. Or, qui souhaite cela aujourd’hui ? Surement pas le gouvernement amĂ©ricain et encore moins les europĂ©ens qui n’ont cessĂ© de cautionner et de profiter des avantages des dictateurs. Et les Etats-Unis ne voudraient pas d’une vraie dĂ©mocratie « transparente ». MĂȘme si Barack Obama clame le contraire, son administration a un tout autre programme.
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Tariq Ramadan
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Et comme j’essayais de lui expliquer ce que c’était que ces mariages, je sentis quelque chose de frais et de fin peser lĂ©gĂšrement sur mon Ă©paule. C’était sa tĂȘte alourdie de sommeil qui s’appuyait contre moi avec un joli froissement de rubans, de dentelles et de cheveux ondĂ©s. Elle resta ainsi sans bouger jusqu’au moment oĂč les astres du ciel pĂąlirent, effacĂ©s par le jour qui montait. Moi, je la regardais dormir, un peu troublĂ© au fond de mon ĂȘtre, mais saintement protĂ©gĂ© par cette claire nuit qui ne m’a jamais donnĂ© que de belles pensĂ©es. Autour de nous, les Ă©toiles continuaient leur marche silencieuse, dociles comme un grand troupeau ; et par moments je me figurais qu’une de ces Ă©toiles, la plus fine, la plus brillante ayant perdu sa route, Ă©tait venue se poser sur mon Ă©paule pour dormir..
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Alphonse Daudet (Lettres de mon moulin)
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«  mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces ĂȘtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompĂ© en amour, souvent blessĂ© et souvent malheureux; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arriĂšre et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompĂ© quelquefois, mais j'ai aimĂ©. C'est moi qui ai vĂ©cu, et non pas un ĂȘtre factice crĂ©Ă© par mon orgueil et mon ennui.»
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Alfred de Musset
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Il s’était tant de fois entendu dire ces choses, qu’elles n’avaient pour lui rien d’original. Emma ressemblait Ă  toutes les maĂźtresses ; et le charme de la nouveautĂ©, peu Ă  peu tombant comme un vĂȘtement, laissait voir Ă  nu l’éternelle monotonie de la passion, qui a toujours les mĂȘmes formes et le mĂȘme langage. Il ne distinguait pas, cet homme si plein de pratique, la dissemblance des sentiments sous la paritĂ© des expressions. Parce que des lĂšvres libertines ou vĂ©nales lui avaient murmurĂ© des phrases pareilles, il ne croyait que faiblement Ă  la candeur de celles-lĂ  ; on en devait rabattre, pensait-il, les discours exagĂ©rĂ©s cachant les affections mĂ©diocres ; comme si la plĂ©nitude de l’ñme ne dĂ©bordait pas quelquefois par les mĂ©taphores les plus vides, puisque personne, jamais, ne peut donner l’exacte mesure de ses besoins, ni de ses conceptions, ni de ses douleurs, et que la parole humaine est comme un chaudron fĂȘlĂ© oĂč nous battons des mĂ©lodies Ă  faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les Ă©toiles.
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Gustave Flaubert (Madame Bovary)
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...Ă  propos des intellectuels justement... C'est facile de se foutre de leur gueule... Ouais, c'est vachement facile... Souvent, ils sont pas trĂšs musclĂ©s et en plus, ils n'aiment pas ça, se battre... Ça ne les excite pas plus que ça les bruits des bottes, les mĂ©dailles et les grosses limousines, alors oui, c'est pas trĂšs dur... Il suffit de leur arracher leur livre des mains, leur guitare, leur crayon ou leur appareil photo et dĂ©jĂ  ils ne sont plus bons Ă  rien, ces empotĂ©s... D'ailleurs, les dictateurs, c'est souvent la premiĂšre chose qu'ils font: casser les lunettes, brĂ»ler les livres ou interdire les concerts, ça leur coĂ»te pas cher et ça peut leur Ă©viter bien des contrariĂ©tĂ©s par la suite... Mais tu vois, si ĂȘtre intello ça veut dire aimer s'instruire, ĂȘtre curieux, attentif, admirer, s'Ă©mouvoir, essayer de comprendre comment tout ça tient debout et tenter de se coucher un peu moins con que la veille, alors oui, je le revendique totalement: non seulement je suis une intello, mais en plus je suis fiĂšre de l'ĂȘtre... Vachement fiĂšre, mĂȘme...
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Anna Gavalda
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- LE VICOMTE, suffoquĂ© : Ces grands airs arrogants ! Un hobereau qui... qui... n'a mĂȘme pas de gants ! Et qui sort sans rubans, sans bouffettes, sans ganses ! - CYRANO : Moi, c'est moralement que j'ai mes Ă©lĂ©gances. Je ne m'attife pas ainsi qu'un freluquet, Mais je suis plus soignĂ© si je suis moins coquet ; Je ne sortirais pas avec, par nĂ©gligence, Un affront pas trĂšs bien lavĂ©, la conscience Jaune encore de sommeil dans le coin de son oeil, Un honneur chiffonnĂ©, des scrupules en deuil. Mais je marche sans rien sur moi qui ne reluise, EmpanachĂ© d'indĂ©pendance, et de franchise ; Ce n'est pas une taille avantageuse, c'est Mon Ăąme que je cambre ainsi qu'en un corset, Et tout couvert d'exploits qu'en rubans je m'attache, Retroussant mon esprit ainsi qu'une moustache, Je fais, en traversant les groupes et les ronds, Sonner les vĂ©ritĂ©s comme des Ă©perons." (Acte I, scĂšne IV)
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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Le parti national-socialiste avait fait un fameux cadeau Ă  ces SS-lĂ  : ils pouvaient marcher au combat sans aucun risque physique, dĂ©crocher les honneurs sans avoir Ă  entendre siffler les balles. L'impunitĂ© psychologique Ă©tait plus difficile Ă  atteindre. Tous les officiers SS avaient des camarades qui s'Ă©taient suicidĂ©s. Le haut commandment avait pondu des circulaires pour dĂ©noncer ces pertes futiles : il fallait ĂȘtre simple d'esprit pour croire que les juifs, parce qu'ils n'avaient pas de fusils, ne possĂ©daient pas d'armes d'un autre calibre : des armes sociales, Ă©conomiques et politiques. En fait, le juif Ă©tait armĂ© jusqu'aux dents. Trempez votre caractĂšre dans l'acier, soulignaient les circulaires, car l'enfant juif est une bombe Ă  retardement culturelle, la femme juive, un tissu biologique de toutes les trahisons, le mĂąle juif, un ennemi plus implacable encore qu'aucun Russe ne saurait l'ĂȘtre. (ch. 20)
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Thomas Keneally (Schindler’s List)
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Des occasions prĂ©cieuses, des possibilitĂ©s, des sentiments qu’on ne pourra pas retrouver. C’est cela aussi, vivre. Mais Ă  l’intĂ©rieur de notre esprit – je crois que c’est Ă  l’intĂ©rieur de notre esprit, il y a une petite piĂšce dans laquelle nous stockons le souvenir de toutes ces occasions perdues. Une piĂšce avec des rayonnages, comme dans cette bibliothĂšque, j’imagine. Et il faut que nous fabriquions un index, avec des cartes de rĂ©fĂ©rences, pour connaĂźtre prĂ©cisĂ©ment ce qu’il y a dans nos cƓurs. Il faut aussi balayer cette piĂšce, l’aĂ©rer, changer l’eau des fleurs. En d’autres termes, tu devras vivre dans ta propre bibliothĂšque.
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Haruki Murakami (Kafka on the Shore)
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C'est seulement Ă  partir de ce moment que je commençai Ă  comprendre (ce que taisent la plupart du temps les Ă©crivains) que les malades, les estropiĂ©s, les gens laids, fanĂ©s, flĂ©tris, les ĂȘtres physiquement infĂ©rieurs aiment au contraire avec plus de passion et de violence, que les gens heureux et bien portants ; ils aiment d'un amour fanatique, sombre, aucune passion sur terre n'est plus violente et avide que celle de ces dĂ©sespĂ©rĂ©s, de ces bĂątards de Dieu qui ne trouvent que dans l'amour d'autrui et pour autrui leur raison de vivre. Le fait que c'est prĂ©cisĂ©ment de l'abĂźme le plus profond de la dĂ©tresse que s'Ă©lĂšve le plus furieusement le cri panique du dĂ©sir de vivre, ce terrible secret, jamais, dans mon inexpĂ©rience, je ne l'avais soupçonnĂ©. Et c'est seulement en cette minute qu'il avait pĂ©nĂ©trĂ© en moi comme un fer brĂ»lant.
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Stefan Zweig (Beware of Pity)
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Elle aimait la vie, il aimait la mort, Il aimait la mort, et ses sombres promesses, Avenir incertain d'un garçon en dĂ©tresse, Il voulait mourir, laisser partir sa peine, Oublier tous ces jours Ă  la mĂȘme rengaine... Elle aimait la vie, heureuse d'exister, Voulait aider les gens et puis grandir en paix, C'Ă©tait un don du ciel, toujours souriante, Fleurs et nature, qu'il pleuve ou qu'il vente. Mais un beau jour, la chute commença, Ils tombĂšrent amoureux, mauvais choix, Elle aimait la vie et il aimait la mort, Qui d'entre les deux allait ĂȘtre plus fort? Ils s'aimaient tellement, ils auraient tout sacrifiĂ©, Amis et famille, capables de tout renier, Tout donner pour s'aimer, tel Ă©tait leur or, Mais elle aimait la vie et il aimait la mort... Si diffĂ©rents et pourtant plus proches que tout, Se comprenant pour protĂ©ger un amour fou, L'un ne rĂȘvait que de mourir et de s'envoler, L'autre d'une vie avec lui, loin des atrocitĂ©s... Fin de l'histoire : obligĂ©s de se sĂ©parer, Ils s'Ă©taient promis leur Ă©ternelle fidĂ©litĂ©. Aujourd'hui, le garçon torturĂ© vit pour elle, Puisque la fille, pour lui, a rendu ses ailes... Il aimait la mort, elle aimait la vie, Il vivait pour elle, elle est morte pour lui »
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William Shakespeare
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- LE VICOMTE, suffoquĂ© : Ces grands airs arrogants ! Un hobereau qui... qui... n'a mĂȘme pas de gants ! Et qui sort sans rubans, sans bouffettes, sans ganses ! - CYRANO : Moi, c'est moralement que j'ai mes Ă©lĂ©gances. Je ne m'attife pas ainsi qu'un freluquet, Mais je suis plus soignĂ© si je suis moins coquet ; Je ne sortirais pas avec, par nĂ©gligence, Un affront pas trĂšs bien lavĂ©, la conscience Jaune encore de sommeil dans le coin de son oeil, Un honneur chiffonnĂ©, des scrupules en deuil. Mais je marche sans rien sur moi qui ne reluise, EmpanachĂ© d'indĂ©pendance et de franchise ; Ce n'est pas une taille avantageuse, c'est Mon Ăąme que je cambre ainsi qu'en un corset, Et tout couvert d'exploits qu'en rubans je m'attache, Retroussant mon esprit ainsi qu'une moustache, Je fais, en traversant les groupes et les ronds, Sonner les vĂ©ritĂ©s comme des Ă©perons.
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Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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AprĂšs le dĂ©cĂšs de cette vieille dame, tous les dimanches, j'allais au bord d'un Ă©tang Ă  lotus en banlieu de Hanoi, oĂč il y avait toujours deux ou trois femmes au dos arquĂ©, aux mains tremblantes, qui, assises dans le fond d'une barque ronde, se dĂ©plaçaient sur l'eau Ă  l'aide d'une perche pour placer des feuilles de thĂ© Ă  l'intĂ©rieur des fleurs de lotus ouvertes. Elles y retournaient le jour suivant pour les recueillir, unes Ă  unes, avant que les pĂ©tales se fanent, aprĂšs que les feuilles emprisonnĂ©es avaient absorbĂ© le parfum des pistils pendant la nuit. Elles me disaient que chaque feuille de thĂ© conservait ainsi l'Ăąme de ces fleurs Ă©phĂ©mĂšres.
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Kim ThĂșy (RU (French Edition))
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D’oĂč viennent ces influences mystĂ©rieuses qui changent en dĂ©couragement notre bonheur et notre confiance en dĂ©tresse ? On dirait que l’air, l’air invisible est plein d’inconnaissables Puissances, dont nous subissons les voisinages mystĂ©rieux. Je m’éveille plein de gaietĂ©, avec des envies de chanter dans la gorge. – Pourquoi ? – Je descends le long de l’eau ; et soudain, aprĂšs une courte promenade, je rentre dĂ©solĂ©, comme si quelque malheur m’attendait chez moi. – Pourquoi ? – Est-ce un frisson de froid qui, frĂŽlant ma peau, a Ă©branlĂ© mes nerfs et assombri mon Ăąme ? Est-ce la forme des nuages, ou la couleur du jour, la couleur des choses, si variable, qui, passant par mes yeux, a troublĂ© ma pensĂ©e ? Sait-on ? Tout ce qui nous entoure, tout ce que nous voyons sans le regarder, tout ce que nous frĂŽlons sans le connaĂźtre, tout ce que nous touchons sans le palper, tout ce que nous rencontrons sans le distinguer, a sur nous, sur nos organes et, par eux, sur nos idĂ©es, sur notre cƓur lui-mĂȘme, des effets rapides, surprenants et inexplicables ?
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Guy de Maupassant (Le Horla et autres contes fantastiques (Classiques hachette))
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Oui, moi aussi, je m'Ă©tais souvent demandĂ©: comment font les gents? Et Ă  vrai dire, si ces questions Ă©taient modifiĂ©es, elles n'avaient jamais cessĂ©: comment font les gents, pour Ă©crire, aimer, dormir d'une seule traite, varier les menus de leurs enfants, les laisser grandir, les laisser partir sans s'accrocher Ă  eux, aller une fois par an chez le dentiste, faire du sport, rester fidĂšle, ne pas recommencer Ă  fumer, lire des livres + des bandes dessinĂ©es + des magazines + un quotidien, ne pas ĂȘtre totalement dĂ©passĂ© en matiĂšre de musique, apprendre Ă  respirer, ne pas s'exposer au soleil sans protection, faire leurs courses une seule fois par semaine sans rien oublier?
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Delphine de Vigan (D'aprĂšs une histoire vraie)
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- T'as pas apportĂ© des fleurs Ă  Irina? -Offrir des fleurs aux femmes est une hĂ©rĂ©sie. Les fleurs sont des sexes obscĂšnes, elles symbolisent l'Ă©phĂ©mĂšre et l'infidĂ©litĂ©, elles s'Ă©cartĂšlent sur le bord des chemins, s'offrent Ă  tous les vents, Ă  la trompe des insectes, aux nuages de graines, aux dents des bĂȘtes; on les foule, on les cueille, on y plonge le nez. A la femme qu'on aime il faudrait offrir des pierres, des fossiles, du gneiss, enfin une de ces choses qui durent Ă©ternellement et survivent Ă  la flĂ©trissure. C'est ce que j'aurai aimĂ© rĂ©pondre Ă  Volodia mais mon russe est trop faible et je dis: -Si! mais elles ont fanĂ© en route. Le banya, Volodia, tu l'as prĂ©parĂ©?
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Sylvain Tesson (Dans les forĂȘts de SibĂ©rie)
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Et voilĂ . Maintenant le ressort est bandĂ©. Cela n'a plus qu'Ă  se dĂ©rouler tout seul. C'est cela qui est commode dans la tragĂ©die. On donne le petit coup de pouce pour que cela dĂ©marre, rien, un regard pendant une seconde Ă  une fille qui passe et lĂšve les bras dans la rue, une envie d'honneur un beau matin, au rĂ©veil, comme de quelque chose qui se mange, une question de trop qu'on se pose un soir
 C'est tout. AprĂšs, on n'a plus qu'Ă  laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul. C'est minutieux, bien huilĂ© depuis toujours. La mort, la trahison, le dĂ©sespoir sont lĂ , tout prĂȘts, et les Ă©clats, et les orages, et les silences, tous les silences : le silence quand le bras du bourreau se lĂšve Ă  la fin, le silence au commencement quand les deux amants sont nus l'un en face de l'autre pour la premiĂšre fois, sans oser bouger tout de suite, dans la chambre sombre, le silence quand les cris de la foule Ă©clatent autour du vainqueur - et on dirait un film dont le son s'est enrayĂ©, toutes ces bouches ouvertes dont il ne sort rien, toute cette clameur qui n'est qu'une image, et le vainqueur, dĂ©jĂ  vaincu, seul au milieu de son silence

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Jean Anouilh
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Ces derniÚres siÚcles, les Européens, ils sont allés un peu partout, ils ont fondé des commerces un peu partout, ils ont volé un peu partout, ils ont creusé un peu partout, ils ont construit un peu partout, ils se sont reproduits un peu partout, ils ont colonisé un peu partout, et maintenant, ils s'offusqueraient qu'on vienne chez eux ? Mais je n'en crois pas mes oreilles ! Leur territoire, les Européens, ils sont venus l'agrandir chez nous sans vergogne, non ? Ce sont eux qui ont commencé à déplacer les frontiÚres. Maintenant, c'est notre tour à nous, va falloir qu'ils s'habituent, parce qu'on va tous venir chez eux, les Africains, les Arabes, les Latinos, les Asiatiques. Moi, à la différence d'eux, je ne traverse pas la frontiÚre avec des armes, des soldats ou la noble mission de changer leur langue, leurs lois, leur religion.
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Éric-Emmanuel Schmitt
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- Offre ton identitĂ© au Conseil, jeune apprentie. La voix Ă©tait douce, l’ordre sans appel. - Je m’appelle Ellana Caldin. - Ton Ăąge. Ellana hĂ©sita une fraction de seconde. Elle ignorait son Ăąge exact, se demandait si elle n’avait pas intĂ©rĂȘt Ă  se vieillir. Les apprentis qu’elle avait discernĂ©s dans l’assemblĂ©e Ă©taient tous plus ĂągĂ©s qu’elle, le Conseil ne risquait-il pas de la considĂ©rer comme une enfant ? Les yeux noirs d’Ehrlime fixĂ©s sur elle la dissuadĂšrent de chercher Ă  la tromper. - J’ai quinze ans. Des murmures Ă©tonnĂ©s s’élevĂšrent dans son dos. Imperturbable, Ehrlime poursuivit son interrogatoire. - Offre-nous le nom de ton maĂźtre. - Jilano AlhuĂŻn. Les murmures, qui s’étaient tus, reprirent. Plus marquĂ©s, Ehrlime leva une main pour exiger un silence qu’elle obtint immĂ©diatement. - Jeune Ellana, je vais te poser une sĂ©rie de questions. A ces questions, tu devras rĂ©pondre dans l’instant, sans rĂ©flĂ©chir, en laissant les mots jaillir de toi comme une cascade vive. Les mots sont un cours d’eau, la source est ton Ăąme. C’est en remontant tes mots jusqu’à ton Ăąme que je saurai discerner si tu peux avancer sur la voie des marchombres. Es-tu prĂȘte ? - Oui. Une esquisse de sourire traversa le visage ridĂ© d’Ehrlime. - Qu’y a-t-il au sommet de la montagne ? - Le ciel. - Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude. - À qui s’adresse-t-il ? - À la lune. - OĂč va la riviĂšre ? L’anxiĂ©tĂ© d’Ellana s’était dissipĂ©e. Les questions d’Ehrlime Ă©taient trop imprĂ©vues, se succĂ©daient trop rapidement pour qu’elle ait d’autre solution qu’y rĂ©pondre ainsi qu’on le lui avait demandĂ©. Impossible de tricher. Cette Ă©vidence se transforma en une onde paisible dans laquelle elle s’immergea, laissant Ehrlime remonter le cours de ses mots jusqu’à son Ăąme, puisque c’était ce qu’elle dĂ©sirait. - Remplir la mer. - À qui la nuit fait-elle peur ? - À ceux qui attendent le jour pour voir. - Combien d’hommes as-tu dĂ©jĂ  tuĂ©s ? - Deux. - Es-tu vent ou nuage ? - Je suis moi. - Es-tu vent ou nuage ? - Vent. - MĂ©ritaient-ils la mort ? - Je l’ignore. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Je suis moi. - Es-tu ombre ou lumiĂšre ? - Les deux. - OĂč se trouve la voie du marchombre ? - En moi. Ellana s’exprimait avec aisance, chaque rĂ©ponse jaillissant d’elle naturellement, comme une expiration aprĂšs une inspiration. FluiditĂ©. Le sourire sur le visage d’Ehrlime Ă©tait revenu, plus marquĂ©, et une pointe de jubilation perçait dans sa voix ferme. - Que devient une larme qui se brise ? - Une poussiĂšre d’étoiles. - Que fais-tu devant une riviĂšre que tu ne peux pas traverser ? - Je la traverse. - Que devient une Ă©toile qui meurt ? - Un rĂȘve qui vit. - Offre-moi un mot. - Silence. - Un autre. - Harmonie. - Un dernier. - FluiditĂ©. - L’ours et l’homme se disputent un territoire. Qui a raison ? - Le chat qui les observe. - Marie tes trois mots. - Marchombre.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Ce qui est pire c’est qu’on se demande comment le lendemain on trouvera assez de force pour continuer Ă  faire ce qu’on a fait la veille et depuis dĂ©jĂ  tellement trop longtemps, oĂč on trouvera la force pour ces dĂ©marches imbĂ©ciles, ces mille projets qui n’aboutissent Ă  rien, ces tentatives pour sortir de l’accablante nĂ©cessitĂ©, tentatives qui toujours avortent, et toutes pour aller se convaincre une fois de plus que le destin est insurmontable, qu’il faut retomber au bas de la muraille, chaque soir, sous l’angoisse de ce lendemain, toujours plus prĂ©caire, plus sordide. C’est l’ñge aussi qui vient peut-ĂȘtre, le traĂźtre, et nous menace du pire. On n’a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilĂ . Toute la jeunesse est allĂ©e mourir dĂ©jĂ  au bout du monde dans le silence de vĂ©ritĂ©. Et oĂč aller dehors, je vous le demande, dĂšs qu’on a plus en soi la somme suffisante de dĂ©lire ? La vĂ©ritĂ©, c’est une agonie qui n’en finit pas. La vĂ©ritĂ© de ce monde c’est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir.
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Louis-Ferdinand CĂ©line
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Spleen Je suis comme le roi d'un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant trĂšs vieux, Qui, de ses prĂ©cepteurs mĂ©prisant les courbettes, S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bĂȘtes. Rien ne peut l'Ă©gayer, ni gibier, ni faucon, Ni son peuple mourant en face du balcon. Du bouffon favori la grotesque ballade Ne distrait plus le front de ce cruel malade; Son lit fleurdelisĂ© se transforme en tombeau, Et les dames d'atour, pour qui tout prince est beau, Ne savent plus trouver d'impudique toilette Pour tirer un souris de ce jeune squelette. Le savant qui lui fait de l'or n'a jamais pu De son ĂȘtre extirper l'Ă©lĂ©ment corrompu, Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent, Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent, II n'a su rĂ©chauffer ce cadavre hĂ©bĂ©tĂ© OĂč coule au lieu de sang l'eau verte du LĂ©thĂ© // I'm like the king of a rain-country, rich but sterile, young but with an old wolf's itch, one who escapes his tutor's monologues, and kills the day in boredom with his dogs; nothing cheers him, darts, tennis, falconry, his people dying by the balcony; the bawdry of the pet hermaphrodite no longer gets him through a single night; his bed of fleur-de-lys becomes a tomb; even the ladies of the court, for whom all kings are beautiful, cannot put on shameful enough dresses for this skeleton; the scholar who makes his gold cannot invent washes to cleanse the poisoned element; even in baths of blood, Rome's legacy, our tyrants' solace in senility, he cannot warm up his shot corpse, whose food is syrup-green Lethean ooze, not blood. — Robert Lowell, from Marthiel & Jackson Matthews, eds., The Flowers of Evil (NY: New Directions, 1963)
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Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal)
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Lorsque j’ai commencĂ© Ă  voyager en Gwendalavir aux cĂŽtĂ©s d'EwĂŹlan et de Salim, je savais que, au fil de mon Ă©criture, ma route croiserait celle d'une multitude de personnages. Personnages attachants ou irritants, discrets ou hauts en couleurs, pertinents ou impertinents, sympathiques ou malĂ©fiques... Je savais cela et je m'en rĂ©jouissais. Rien, en revanche, ne m'avait prĂ©parĂ© Ă  une rencontre qui allait bouleverser ma vie. Rien ne m'avait prĂ©parĂ© Ă  Ellana. Elle est arrivĂ©e dans la QuĂȘte Ă  sa maniĂšre, tout en finesse tonitruante, en dĂ©licatesse remarquable, en discrĂ©tion Ă©tincelante. Elle est arrivĂ©e Ă  un moment clef, elle qui se moque des serrures, Ă  un moment charniĂšre, elle qui se rit des portes, au sein d’un groupe constituĂ©, elle pourtant pĂ©trie d’indĂ©pendance, son caractĂšre forgĂ© au feu de la solitude. Elle est arrivĂ©e, s'est glissĂ©e dans la confiance d'Ewilan avec l'aisance d'un songe, a captĂ© le regard d’Edwin et son respect, a sĂ©duit Salim, conquis maĂźtre Duom... Je l’ai regardĂ©e agir, admiratif ; sans me douter un instant de la toile que sa prĂ©sence, son charisme, sa beautĂ© tissaient autour de moi. Aucun calcul de sa part. Ellana vit, elle ne calcule pas. Elle s'est contentĂ©e d'ĂȘtre et, ce faisant, elle a tranquillement troquĂ© son statut de personnage secondaire pour celui de figure emblĂ©matique d'une double trilogie qui ne portait pourtant pas son nom. Convaincue du pouvoir de l'ombre, elle n'a pas cherchĂ© la lumiĂšre, a Ă©paulĂ© Ewilan dans sa quĂȘte d'identitĂ© puis dans sa recherche d'une parade au danger qui menaçait l'Empire. Sans elle, Ewilan n'aurait pas retrouvĂ© ses parents, sans elle, l'Empire aurait succombĂ© Ă  la soif de pouvoir des Valinguites, mais elle n’en a tirĂ© aucune gloire, trop Ă©quilibrĂ©e pour ignorer que la victoire s'appuyait sur les Ă©paules d'un groupe de compagnons soudĂ©s par une indĂ©fectible amitiĂ©. Lorsque j'ai posĂ© le dernier mot du dernier tome de la saga d'Ewilan, je pensais que chacun de ses compagnons avait mĂ©ritĂ© le repos. Que chacun d'eux allait suivre son chemin, chercher son bonheur, vivre sa vie de personnage libĂ©rĂ© par l'auteur aprĂšs une Ă©prouvante aventure littĂ©raire. Chacun ? Pas Ellana. Impossible de la quitter. Elle hante mes rĂȘves, se promĂšne dans mon quotidien, fluide et insaisissable, transforme ma vision des choses et ma perception des autres, crochĂšte mes pensĂ©es intimes, escalade mes dĂ©sirs secrets... Un auteur peut-il tomber amoureux de l'un de ses personnages ? Est-ce moi qui ai crĂ©Ă© Ellana ou n'ai-je vraiment commencĂ© Ă  exister que le jour oĂč elle est apparue ? Nos routes sont-elles liĂ©es Ă  jamais ? — Il y a deux rĂ©ponses Ă  ces questions, souffle le vent Ă  mon oreille. Comme Ă  toutes les questions. Celle du savant et celle du poĂšte. — Celle du savant ? Celle du poĂšte ? Qu'est-ce que... — Chut... Écris.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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À l'Ăąge de quinze ans Annabelle faisait partie de ces trĂšs rares jeunes filles sur lesquelles tous les hommes s'arrĂȘtent, sans distinction d'Ăąge ni d'Ă©tat; de ces jeunes filles dont le simple passage, le long de la rue commerçante d'une ville d'importance moyenne, accĂ©lĂšre le rythme cardiaque des jeunes gens et des hommes d'Ăąge mĂ»r, fait pousser des grognements de regret aux vieillards. Elle prit rapidement conscience de ce silence qui accompagnait chacune de ses apparitions, dans un cafĂ© ou dans une salle de cours, mais il lui fallut des annĂ©es pour en comprendre pleinement la raison. Au CEG de CrĂ©cy-en-Brie, il Ă©tait communĂ©ment admis qu'elle «était avec» Michel; mais mĂȘme sans cela, Ă  vrai dire, aucun garçon n'aurait osĂ© tenter quoi que ce soit avec elle. Tel est l'un des principaux inconvĂ©nients de l'extrĂȘme beautĂ© chez les jeunes filles: seuls les dragueurs expĂ©rimentĂ©s, cyniques et sans scrupule se sentent Ă  la hauteur; ce sont donc en gĂ©nĂ©ral les ĂȘtres les plus vils qui obtiennent le trĂ©sor de leur virginitĂ©, et ceci constitue pour elles le premier stade d'une irrĂ©mĂ©diable dĂ©chĂ©ance.
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Michel Houellebecq (The Elementary Particles)
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La Lo­te­rĂ­a, con su re­par­to se­ma­nal de enor­mes pre­mios, era el Ășnico acon­te­ci­mien­to pĂș­bli­co al que los pro­les pres­ta­ban ver­da­de­ra aten­ciĂłn. Era pro­ba­ble que hu­bie­se mi­llo­nes de pro­les para quie­nes la Lo­te­rĂ­a fuese la razĂłn prin­ci­pal, si no la Ășnica, para se­guir con vida. Era su de­lei­te, su lo­cu­ra, su anal­gé­si­co, su es­ti­mu­lan­te in­te­lec­tual. En lo que se re­fe­rĂ­a a la Lo­te­rĂ­a, hasta quie­nes ape­nas sa­bĂ­an leer y es­cri­bir eran ca­pa­ces de lle­var a cabo in­trin­ca­dos cĂĄlcu­los y sor­pren­den­tes lo­gros me­mo­rĂ­s­ti­cos. HabĂ­a toda una tribu de in­di­vi­duos que se ga­na­ban la vida ven­dien­do sis­te­mas, pre­dic­cio­nes y amu­le­tos de la suer­te. Wins­ton no tenĂ­a nada que ver con la Lo­te­rĂ­a, que se ges­tio­na­ba desde el Mi­nis­te­rio de la Abun­dan­cia, pero sabĂ­a (como cual­quier otro miem­bro del Par­ti­do) que los pre­mios eran casi todos ima­gi­na­rios. Solo se pa­ga­ban pe­que­ñas sumas y los ga­na­do­res de los pre­mios gor­dos en reali­dad no exis­tĂ­an. En au­sen­cia de ver­da­de­ra co­mu­ni­ca­ciĂłn entre una parte de Ocea­nĂ­a y otra, no re­sul­ta­ba di­fí­cil ama­ñar­lo.
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George Orwell (1984)
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Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goĂ»t, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin Ă  Combray (parce que ce jour-lĂ  je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante LĂ©onie m’offrait aprĂšs l’avoir trempĂ© dans son infusion de thĂ© ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelĂ© avant que je n’y eusse goĂ»tĂ© ; peut-ĂȘtre parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pĂątissiers, leur image avait quittĂ© ces jours de Combray pour se lier Ă  d’autres plus rĂ©cents ; peut-ĂȘtre parce que, de ces souvenirs abandonnĂ©s si longtemps hors de la mĂ©moire, rien ne survivait, tout s’était dĂ©sagrĂ©gĂ© ; les formes — et celle aussi du petit coquillage de pĂątisserie, si grassement sensuel sous son plissage sĂ©vĂšre et dĂ©vot — s’étaient abolies, ou, ensommeillĂ©es, avaient perdu la force d’expansion qui leur eĂ»t permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d’un passĂ© ancien rien ne subsiste, aprĂšs la mort des ĂȘtres, aprĂšs la destruction des choses, seules, plus frĂȘles mais plus vivaces, plus immatĂ©rielles, plus persistantes, plus fidĂšles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des Ăąmes, Ă  se rappeler, Ă  attendre, Ă  espĂ©rer, sur la ruine de tout le reste, Ă  porter sans flĂ©chir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.
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Marcel Proust (Swann's Way (In Search of Lost Time, #1))
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Quand je considĂšre ma vie, je suis Ă©pouvantĂ© de la trouver informe. L'existence des hĂ©ros, celle qu'on nous raconte, est simple ; elle va droit au but comme une flĂšche. Et la plupart des hommes aiment Ă  rĂ©sumer leur vie dans une formule, parfois dans une vanterie ou dans une plainte, presque toujours dans une rĂ©crimination ; leur mĂ©moire leur fabrique complaisamment une existence explicable et claire. Ma vie a des contours moins fermes... Le paysage de mes jours semble se composer, comme les rĂ©gions de montagne, de matĂ©riaux divers entassĂ©s pĂȘle-mĂȘle. J'y rencontre ma nature, dĂ©jĂ  composite, formĂ©e en parties Ă©gales d'instinct et de culture. Ça et lĂ , affleurent les granits de l'inĂ©vitable ; partout, les Ă©boulements du hasard. Je m'efforce de reparcourir ma vie pour y trouver un plan, y suivre une veine de plomb ou d'or, ou l'Ă©coulement d'une riviĂšre souterraine, mais ce plan tout factice n'est qu'un trompe-l'oeil du souvenir. De temps en temps, dans une rencontre, un prĂ©sage, une suite dĂ©finie d'Ă©vĂ©nements, je crois reconnaĂźtre une fatalitĂ©, mais trop de routes ne mĂšnent nulle part, trop de sommes ne s'additionnent pas. Je perçois bien dans cette diversitĂ©, dans ce dĂ©sordre, la prĂ©sence d'une personne, mais sa forme semble presque toujours tracĂ©e par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflĂ©tĂ©e sur l'eau. Je ne suis pas de ceux qui disent que leurs actions ne leur ressemblent pas. Il faut bien qu'elles le fassent, puisqu'elles sont ma seule mesure, et le seul moyen de me dessiner dans la mĂ©moire des hommes, ou mĂȘme dans la mienne propre ; puisque c'est peut-ĂȘtre l'impossibilitĂ© de continuer Ă  s'exprimer et Ă  se modifier par l'action que constitue la diffĂ©rence entre l'Ă©tat de mort et celui de vivant. Mais il y a entre moi et ces actes dont je suis fait un hiatus indĂ©finissable. Et la preuve, c'est que j'Ă©prouve sans cesse le besoin de les peser, de les expliquer, d'en rendre compte Ă  moi-mĂȘme. Certains travaux qui durĂšrent peu sont assurĂ©ment nĂ©gligeables, mais des occupations qui s'Ă©tendirent sur toute la vie ne signifient pas davantage. Par exemple, il me semble Ă  peine essentiel, au moment oĂč j'Ă©cris ceci, d'avoir Ă©tĂ© empereur..." (p.214)
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Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
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J’aime beaucoup les cimetiĂšres, moi, ça me repose et me mĂ©lancolise j’en ai besoin. Et puis, il y a aussi de bons amis lĂ  dedans, de ceux qu’on ne va plus voir ; et j’y vais encore, moi, de temps en temps. Justement, dans ce cimetiĂšre Montmartre, j’ai une histoire de cƓur, une maĂźtresse qui m’avait beaucoup pincĂ©, trĂšs Ă©mu, une charmante petite femme dont le souvenir, en mĂȘme temps qu’il me peine Ă©normĂ©ment, me donne des regrets
 des regrets de toute nature. Et je vais rĂȘver sur sa tombe
 C’est fini pour elle. Et puis, j’aime aussi les cimetiĂšres, parce que ce sont des villes monstrueuses, prodigieusement habitĂ©es. Songez donc Ă  ce qu’il y a de morts dans ce petit espace, Ă  toutes les gĂ©nĂ©rations de Parisiens qui sont logĂ©s lĂ , pour toujours, troglodytes dĂ©finitifs enfermĂ©s dans leurs petits caveaux, dans leurs petits trous couverts d’une pierre ou marquĂ©s d’une croix, tandis que les vivants occupent tant de place et font tant de bruit, ces imbĂ©ciles. Me voici donc entrant dans le cimetiĂšre Montmartre, et tout Ă  coup imprĂ©gnĂ© de tristesse, d’une tristesse qui ne faisait pas trop, de mal, d’ailleurs, une de ces tristesses qui vous font penser, quand on se porte bien : « Ça n’est pas drĂŽle, cet endroit-lĂ , mais le moment n’en est pas encore venu pour moi
 » L’impression de l’automne, de cette humiditĂ© tiĂšde qui sent la mort des feuilles et le soleil affaibli, fatiguĂ©, anĂ©mique, aggravait en la poĂ©tisant la sensation de solitude et de fin dĂ©finitive flottant sur ce lieu, qui sent la mort des hommes.
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Guy de Maupassant (La Maison Tellier)
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Je me mis dĂšs lors Ă  lire avec aviditĂ© et bientĂŽt la lecture fut ma passion. Tous mes nouveaux besoins, toutes mes aspirations rĂ©centes, tous les Ă©lans encore vagues de mon adolescence qui s’élevaient dans mon Ăąme d’une façon si troublante et qui Ă©taient provoquĂ©s par mon dĂ©veloppement si prĂ©coce, tout cela, soudainement, se prĂ©cipita dans une direction, parut se satisfaire complĂštement de ce nouvel aliment et trouver lĂ  son cours rĂ©gulier. BientĂŽt mon cƓur et ma tĂȘte se trouvĂšrent si charmĂ©s, bientĂŽt ma fantaisie se dĂ©veloppa si largement, que j’avais l’air d’oublier tout ce qui m’avait entourĂ©e jusqu’alors. Il semblait que le sort lui mĂȘme m’arrĂȘtĂąt sur le seuil de la nouvelle vie dans laquelle je me jetais, Ă  laquelle je pensais jour et nuit, et, avant de m’abandonner sur la route immense, me faisait gravir une hauteur d’oĂč je pouvais contempler l’avenir dans un merveilleux panorama, sous une perspective brillante, ensorcelante. Je me voyais destinĂ©e Ă  vivre tout cet avenir en l’apprenant d’abord par les livres ; de vivre dans les rĂȘves, les espoirs, la douce Ă©motion de mon esprit juvĂ©nile. Je commençai mes lectures sans aucun choix, par le premier livre qui me tomba sous la main. Mais, le destin veillait sur moi. Ce que j’avais appris et vĂ©cu jusqu’à ce jour Ă©tait si noble, si austĂšre, qu’une page impure ou mauvaise n’eĂ»t pu dĂ©sormais me sĂ©duire. Mon instinct d’enfant, ma prĂ©cocitĂ©, tout mon passĂ© veillaient sur moi ; et maintenant ma conscience m’éclairait toute ma vie passĂ©e. En effet, presque chacune des pages que je lisais m’était dĂ©jĂ  connue, semblait dĂ©jĂ  vĂ©cue, comme si toutes ces passions, toute cette vie qui se dressaient devant moi sous des formes inattendues, en des tableaux merveilleux, je les avais dĂ©jĂ  Ă©prouvĂ©es. Et comment pouvais-je ne pas ĂȘtre entraĂźnĂ©e jusqu’à l’oubli du prĂ©sent, jusqu’à l’oubli de la rĂ©alitĂ©, quand, devant moi dans chaque livre que je lisais, se dressaient les lois d’une mĂȘme destinĂ©e, le mĂȘme esprit d’aventure qui rĂšgnent sur la vie de l’homme, mais qui dĂ©coulent de la loi fondamentale de la vie humaine et sont la condition de son salut et de son bonheur ! C’est cette loi que je soupçonnais, que je tĂąchais de deviner par toutes mes forces, par tous mes instincts, puis presque par un sentiment de sauvegarde. On avait l’air de me prĂ©venir, comme s’il y avait en mon Ăąme quelque chose de prophĂ©tique, et chaque jour l’espoir grandissait, tandis qu’en mĂȘme temps croissait de plus en plus mon dĂ©sir de me jeter dans cet avenir, dans cette vie. Mais, comme je l’ai dĂ©jĂ  dit, ma fantaisie l’emportait sur mon impatience, et, en vĂ©ritĂ©, je n’étais trĂšs hardie qu’en rĂȘve ; dans la rĂ©alitĂ©, je demeurais instinctivement timide devant l’avenir.
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Fyodor Dostoevsky (Netochka Nezvanova)
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She was the first close friend who I felt like I’d re­ally cho­sen. We weren’t in each other’s lives be­cause of any obli­ga­tion to the past or con­ve­nience of the present. We had no shared his­tory and we had no rea­son to spend all our time to­ gether. But we did. Our friend­ship in­ten­si­fied as all our friends had chil­dren – she, like me, was un­con­vinced about hav­ing kids. And she, like me, found her­self in a re­la­tion­ship in her early thir­ties where they weren’t specif­i­cally work­ing to­wards start­ing a fam­ily. By the time I was thirty-four, Sarah was my only good friend who hadn’t had a baby. Ev­ery time there was an­other preg­nancy an­nounce­ment from a friend, I’d just text the words ‘And an­other one!’ and she’d know what I meant. She be­came the per­son I spent most of my free time with other than Andy, be­cause she was the only friend who had any free time. She could meet me for a drink with­out plan­ning it a month in ad­vance. Our friend­ship made me feel lib­er­ated as well as safe. I looked at her life choices with no sym­pa­thy or con­cern for her. If I could ad­mire her de­ci­sion to re­main child-free, I felt en­cour­aged to ad­mire my own. She made me feel nor­mal. As long as I had our friend­ship, I wasn’t alone and I had rea­son to be­lieve I was on the right track. We ar­ranged to meet for din­ner in Soho af­ter work on a Fri­day. The waiter took our drinks or­der and I asked for our usual – two Dirty Vodka Mar­ti­nis. ‘Er, not for me,’ she said. ‘A sparkling wa­ter, thank you.’ I was ready to make a joke about her un­char­ac­ter­is­tic ab­sti­nence, which she sensed, so as soon as the waiter left she said: ‘I’m preg­nant.’ I didn’t know what to say. I can’t imag­ine the ex­pres­sion on my face was par­tic­u­larly en­thu­si­as­tic, but I couldn’t help it – I was shocked and felt an un­war­ranted but in­tense sense of be­trayal. In a de­layed re­ac­tion, I stood up and went to her side of the ta­ble to hug her, un­able to find words of con­grat­u­la­tions. I asked what had made her change her mind and she spoke in va­garies about it ‘just be­ing the right time’ and wouldn’t elab­o­rate any fur­ther and give me an an­swer. And I needed an an­swer. I needed an an­swer more than any­thing that night. I needed to know whether she’d had a re­al­iza­tion that I hadn’t and, if so, I wanted to know how to get it. When I woke up the next day, I re­al­ized the feel­ing I was ex­pe­ri­enc­ing was not anger or jeal­ousy or bit­ter­ness – it was grief. I had no one left. They’d all gone. Of course, they hadn’t re­ally gone, they were still my friends and I still loved them. But huge parts of them had dis­ap­peared and there was noth­ing they could do to change that. Un­less I joined them in their spa­ces, on their sched­ules, with their fam­i­lies, I would barely see them. And I started dream­ing of an­other life, one com­pletely re­moved from all of it. No more chil­dren’s birth­day par­ties, no more chris­ten­ings, no more bar­be­cues in the sub­urbs. A life I hadn’t ever se­ri­ously con­tem­plated be­fore. I started dream­ing of what it would be like to start all over again. Be­cause as long as I was here in the only Lon­don I knew – mid­dle-class Lon­don, cor­po­rate Lon­don, mid-thir­ties Lon­don, mar­ried Lon­don – I was in their world. And I knew there was a whole other world out there.
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Dolly Alderton (Good Material)
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Tu viens d'incendier la BibliothĂšque ? - Oui. J'ai mis le feu lĂ . - Mais c'est un crime inouĂŻ ! Crime commis par toi contre toi-mĂȘme, infĂąme ! Mais tu viens de tuer le rayon de ton Ăąme ! C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler ! Ce que ta rage impie et folle ose brĂ»ler, C'est ton bien, ton trĂ©sor, ta dot, ton hĂ©ritage Le livre, hostile au maĂźtre, est Ă  ton avantage. Le livre a toujours pris fait et cause pour toi. Une bibliothĂšque est un acte de foi Des gĂ©nĂ©rations tĂ©nĂ©breuses encore Qui rendent dans la nuit tĂ©moignage Ă  l'aurore. Quoi! dans ce vĂ©nĂ©rable amas des vĂ©ritĂ©s, Dans ces chefs-d'oeuvre pleins de foudre et de clartĂ©s, Dans ce tombeau des temps devenu rĂ©pertoire, Dans les siĂšcles, dans l'homme antique, dans l'histoire, Dans le passĂ©, leçon qu'Ă©pelle l'avenir, Dans ce qui commença pour ne jamais finir, Dans les poĂštes! quoi, dans ce gouffre des bibles, Dans le divin monceau des Eschyles terribles, Des HomĂšres, des jobs, debout sur l'horizon, Dans MoliĂšre, Voltaire et Kant, dans la raison, Tu jettes, misĂ©rable, une torche enflammĂ©e ! De tout l'esprit humain tu fais de la fumĂ©e ! As-tu donc oubliĂ© que ton libĂ©rateur, C'est le livre ? Le livre est lĂ  sur la hauteur; Il luit; parce qu'il brille et qu'il les illumine, Il dĂ©truit l'Ă©chafaud, la guerre, la famine Il parle, plus d'esclave et plus de paria. Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria. Lis ces prophĂštes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille L'Ăąme immense qu'ils ont en eux, en toi s'Ă©veille ; Ébloui, tu te sens le mĂȘme homme qu'eux tous ; Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ; Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croĂźtre, Ils t'enseignent ainsi que l'aube Ă©claire un cloĂźtre À mesure qu'il plonge en ton coeur plus avant, Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ; Ton Ăąme interrogĂ©e est prĂȘte Ă  leur rĂ©pondre ; Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre, Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs, Le mal, les prĂ©jugĂ©s, les rois, les empereurs ! Car la science en l'homme arrive la premiĂšre. Puis vient la libertĂ©. Toute cette lumiĂšre, C'est Ă  toi comprends donc, et c'est toi qui l'Ă©teins ! Les buts rĂȘvĂ©s par toi sont par le livre atteints. Le livre en ta pensĂ©e entre, il dĂ©fait en elle Les liens que l'erreur Ă  la vĂ©ritĂ© mĂȘle, Car toute conscience est un noeud gordien. Il est ton mĂ©decin, ton guide, ton gardien. Ta haine, il la guĂ©rit ; ta dĂ©mence, il te l'ĂŽte. VoilĂ  ce que tu perds, hĂ©las, et par ta faute ! Le livre est ta richesse Ă  toi ! c'est le savoir, Le droit, la vĂ©ritĂ©, la vertu, le devoir, Le progrĂšs, la raison dissipant tout dĂ©lire. Et tu dĂ©truis cela, toi ! - Je ne sais pas lire.
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Victor Hugo
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Patrice a vingt-quatre ans et, la premiĂšre fois que je l’ai vu, il Ă©tait dans son fauteuil inclinĂ© trĂšs en arriĂšre. Il a eu un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral. Physiquement, il est incapable du moindre mouvement, des pieds jusqu’à la racine des cheveux. Comme on le dit souvent d’une maniĂšre trĂšs laide, il a l’aspect d’un lĂ©gume : bouche de travers, regard fixe. Tu peux lui parler, le toucher, il reste immobile, sans rĂ©action, comme s’il Ă©tait complĂštement coupĂ© du monde. On appelle ça le locked in syndrome.Quand tu le vois comme ça, tu ne peux qu’imaginer que l’ensemble de son cerveau est dans le mĂȘme Ă©tat. Pourtant il entend, voit et comprend parfaitement tout ce qui se passe autour de lui. On le sait, car il est capable de communiquer Ă  l’aide du seul muscle qui fonctionne encore chez lui : le muscle de la paupiĂšre. Il peut cligner de l’Ɠil. Pour l’aider Ă  s’exprimer, son interlocuteur lui propose oralement des lettres de l’alphabet et, quand la bonne lettre est prononcĂ©e, Patrice cligne de l’Ɠil.  Lorsque j’étais en rĂ©animation, que j’étais complĂštement paralysĂ© et que j’avais des tuyaux plein la bouche, je procĂ©dais de la mĂȘme maniĂšre avec mes proches pour pouvoir communiquer. Nous n’étions pas trĂšs au point et il nous fallait parfois un bon quart d’heure pour dicter trois pauvres mots. Au fil des mois, Patrice et son entourage ont perfectionnĂ© la technique. Une fois, il m’est arrivĂ© d’assister Ă  une discussion entre Patrice et sa mĂšre. C’est trĂšs impressionnant.La mĂšre demande d’abord : « Consonne ? » Patrice acquiesce d’un clignement de paupiĂšre. Elle lui propose diffĂ©rentes consonnes, pas forcĂ©ment dans l’ordre alphabĂ©tique, mais dans l’ordre des consonnes les plus utilisĂ©es. DĂšs qu’elle cite la lettre que veut Patrice, il cligne de l’Ɠil. La mĂšre poursuit avec une voyelle et ainsi de suite. Souvent, au bout de deux ou trois lettres trouvĂ©es, elle anticipe le mot pour gagner du temps. Elle se trompe rarement. Cinq ou six mots sont ainsi trouvĂ©s chaque minute.  C’est avec cette technique que Patrice a Ă©crit un texte, une sorte de longue lettre Ă  tous ceux qui sont amenĂ©s Ă  le croiser. J’ai eu la chance de lire ce texte oĂč il raconte ce qui lui est arrivĂ© et comment il se sent. À cette lecture, j’ai pris une Ă©norme gifle. C’est un texte brillant, Ă©crit dans un français subtil, lĂ©ger malgrĂ© la tragĂ©die du sujet, rempli d’humour et d’autodĂ©rision par rapport Ă  l’état de son auteur. Il explique qu’il y a de la vie autour de lui, mais qu’il y en a aussi en lui. C’est juste la jonction entre les deux mondes qui est un peu compliquĂ©e.Jamais je n’aurais imaginĂ© que ce texte si puissant ait Ă©tĂ© Ă©crit par ce garçon immobile, au regard entiĂšrement vide.  Avec l’expĂ©rience acquise ces derniers mois, je pensais ĂȘtre capable de diagnostiquer l’état des uns et des autres seulement en les croisant ; j’ai reçu une belle leçon grĂące Ă  Patrice.Une leçon de courage d’abord, Ă©tant donnĂ© la vitalitĂ© des propos que j’ai lus dans sa lettre, et, aussi, une leçon sur mes a priori. Plus jamais dorĂ©navant je ne jugerai une personne handicapĂ©e Ă  la vue seule de son physique. C’est jamais inintĂ©ressant de prendre une bonne claque sur ses propres idĂ©es reçues .
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Grand corps malade (Patients)
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Les Poets de Sept ans Et la MĂšre, fermant le livre du devoir, S'en allait satisfaite et trĂšs fiĂšre sans voir, Dans les yeux bleus et sous le front plein d'Ă©minences, L'Ăąme de son enfant livrĂ©e aux rĂ©pugnances. Tout le jour, il suait d'obĂ©issance ; trĂšs Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits Semblaient prouver en lui d'Ăącres hypocrisies. Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies, En passant il tirait la langue, les deux poings A l'aine, et dans ses yeux fermĂ©s voyait des points. Une porte s'ouvrait sur le soir : Ă  la lampe On le voyait, lĂ -haut, qui rĂąlait sur la rampe, Sous un golfe de jour pendant du toit. L'Ă©tĂ© Surtout, vaincu, stupide, il Ă©tait entĂȘtĂ© A se renfermer dans la fraĂźcheur des latrines: Il pensait lĂ , tranquille et livrant ses narines. Quand, lavĂ© des odeurs du jour, le jardinet DerriĂšre la maison, en hiver, s'illunait , Gisant au pied d'un mur, enterrĂ© dans la marne Et pour des visions Ă©crasant son oeil darne, Il Ă©coutait grouiller les galeux espaliers. PitiĂ© ! Ces enfants seuls Ă©taient ses familiers Qui, chĂ©tifs, fronts nus, oeil dĂ©teignant sur la joue, Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue Sous des habits puant la foire et tout vieillots, Conversaient avec la douceur des idiots ! Et si, l'ayant surpris Ă  des pitiĂ©s immondes, Sa mĂšre s'effrayait, les tendresses profondes, De l'enfant se jetaient sur cet Ă©tonnement. C'Ă©tait bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment! A sept ans, il faisait des romans, sur la vie Du grand dĂ©sert oĂč luit la LibertĂ© ravie, ForĂȘts, soleils, rives, savanes ! - Il s'aidait De journaux illustrĂ©s oĂč, rouge, il regardait Des Espagnoles rire et des Italiennes. Quand venait, l'Oeil brun, folle, en robes d'indiennes, -Huit ans -la fille des ouvriers d'Ă  cĂŽtĂ©, La petite brutale, et qu'elle avait sautĂ©, Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses, Et qu'il Ă©tait sous elle, il lui mordait les fesses, Car elle ne portait jamais de pantalons; - Et, par elle meurtri des poings et des talons, Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre. Il craignait les blafards dimanches de dĂ©cembre, OĂč, pommadĂ©, sur un guĂ©ridon d'acajou, Il lisait une Bible Ă  la tranche vert-chou; Des rĂȘves l'oppressaient, chaque nuit, dans l'alcĂŽve. Il n'aimait pas Dieu; mais les hommes qu'au soir fauve, Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg OĂč les crieurs, en trois roulements de tambour, Font autour des Ă©dits rire et gronder les foules. - Il rĂȘvait la prairie amoureuse, oĂč des houles Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or, Font leur remuement calme et prennent leur essor ! Et comme il savourait surtout les sombres choses, Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes, Haute et bleue, Ăącrement prise d'humiditĂ©, Il lisait son roman sans cesse mĂ©ditĂ©, Plein de lourds ciels ocreux et de forĂȘts noyĂ©es, De fleurs de chair aux bois sidĂ©rals dĂ©ployĂ©es, Vertige, Ă©croulement, dĂ©routes et pitiĂ© ! - Tandis que se faisait la rumeur du quartier, En bas, - seul et couchĂ© sur des piĂšces de toile Écrue et pressentant violemment la voile!
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Arthur Rimbaud