Au Rebours Quotes

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Le savoir s'est peut-ĂȘtre perdu, l'amour du travail, celui des livres – peut-ĂȘtre Ă  rebours : d'abord on avait cessĂ© d'aimer les livres, puis le travail n'avait plus vraiment intĂ©ressĂ© personne, et le savoir avait disparu.
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Dominique Fortier (Au péril de la mer)
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ce qui diffĂšre essentiellement entre un livre et un ami, ce n’est pas leur plus ou moins grande sagesse, mais la maniĂšre dont on communique avec eux, la lecture, au rebours de la conversation, consistant pour chacun de nous Ă  recevoir communication d’une autre pensĂ©e, mais tout en restant seul, c’est-Ă -dire en continuant Ă  jouir de la puissance intellectuelle qu’on a dans la solitude et que la conversation dissipe immĂ©diatement, en continuant Ă  pouvoir ĂȘtre inspirĂ©, Ă  rester en plein travail fĂ©cond de l’esprit sur lui-mĂȘme.
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Marcel Proust (Days of Reading (Penguin Great Ideas))
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Il m'arrive de relire mes romans prĂ©fĂ©rĂ©s en partant de la fin. Je commence par le dernier chapitre, et je relis Ă  rebours jusqu'au premier. Quand on lit de cette maniĂšre, les personnages vont de l'espoir vers le dĂ©sespoir, de la connaissance de soi vers le doute. Dans les histoires d'amour, les couples sont d'abord amants avant de devenir des Ă©trangers. Les rĂ©cits d'initiation se transforment en rĂ©cit d'Ă©garement. Des personnages reviennent mĂȘme Ă  la vie. Si ma vie Ă©tait un roman qu'on lisait Ă  l'envers, rien ne changerait.
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Nicola Yoon (Everything, Everything)
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C'était comme si j'avais toujours su que j'allais finir au sous-sol du monde. Certains ont la certitude de leur réussite, ils débordent d'ambition en sachant que ça payera un jour ; les politiques sont comme ça. Moi, il me semblait que j'avais vécu ma vie avec le sentiment que dans mon corps croupissait le compte à rebours de l'échec. J'avais vécu avec la certitude du précipice.
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David Foenkinos (Je vais mieux)
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[pentru o clipă] pentru o clipă. pentru o singură clipă existența lumii se oprește și se desfășoară Ăźn trecut ca un film de cinematograf rulat de la sfĂąrșit spre Ăźnceput. fumul reintră Ăźn coșuri. Ăźnaltul cade. pașii mă poartă Ăźnapoi. priviri care porneau se Ăźntorc ca degetele manușii răsucite pe dos. miezul fructului se simplifică se turtește se petalizează. fructul redevine floare. inima mea scade spre noaptea fătului și se preface Ăźn sex. * [pour un instant] pour un instant. pour un seul instant l’existence du monde s’arrĂȘte et se dĂ©roule dans le passĂ© comme au cinĂ©ma un film qui est projetĂ© de la fin vers son dĂ©but. la fumĂ©e rentre dans les cheminĂ©es. les hauteurs retombent. mes pas me portent Ă  rebours. des regards naissants font demi-tour Ă  l’instar des doigts d’un gant retournĂ©. le noyau du fruit se simplifie s’aplatit se pĂ©talise. le fruit redevient fleur. mon cƓur dĂ©croĂźt vers la nuit du fƓtus et se transforme en sexe. (poĂšme en prose posthume, traduit du roumain par Gabrielle Danoux)
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Max Blecher
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Les Occidentaux, toujours animĂ©s par ce besoin de prosĂ©lytisme qui leur est si particulier, sont arrivĂ©s Ă  faire pĂ©nĂ©trer chez les autres, dans une certaine mesure, leur esprit antitraditionnel et matĂ©rialiste ; et, tandis que la premiĂšre forme d’invasion n’atteignait en somme que les corps, celle-ci empoisonne les intelligences et tue la spiritualitĂ© ; l’une a d’ailleurs prĂ©parĂ© l’autre et l’a rendue possible, de sorte que ce n’est en dĂ©finitive que par la force brutale que l’Occident est parvenu Ă  s’imposer partout, et il ne pouvait en ĂȘtre autrement, car c’est en cela que rĂ©side l’unique supĂ©rioritĂ© rĂ©elle de sa civilisation, si infĂ©rieure Ă  tout autre point de vue. L’envahissement occidental, c’est l’envahissement du matĂ©rialisme sous toutes ses formes, et ce ne peut ĂȘtre que cela ; tous les dĂ©guisements plus ou moins hypocrites, tous les prĂ©textes « moralistes », toutes les dĂ©clamations « humanitaires », toutes les habiletĂ©s d’une propagande qui sait Ă  l’occasion se faire insinuante pour mieux atteindre son but de destruction, ne peuvent rien contre cette vĂ©ritĂ©, qui ne saurait ĂȘtre contestĂ©e que par des naĂŻfs ou par ceux qui ont un intĂ©rĂȘt quelconque Ă  cette Ɠuvre vraiment « satanique », au sens le plus rigoureux du mot(*). (*)Satan, en hĂ©breu, c’est l’« adversaire », c’est-Ă -dire celui qui renverse toutes choses et les prend en quelque sorte Ă  rebours ; c’est l’esprit de nĂ©gation et de subversion, qui s’identifie Ă  la tendance descendante ou « infĂ©riorisante », « infernale » au sens Ă©tymologique, celle mĂȘme que suivent les ĂȘtres dans ce processus de matĂ©rialisation suivant lequel s’effectue tout le dĂ©veloppement de la civilisation moderne.
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René Guénon (The Crisis of the Modern World)
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L’état humain — ou tout autre Ă©tat « central » analogue — est comme entourĂ© d’un cercle de feu : il n’y a lĂ  qu’un choix, ou bien Ă©chapper au « courant des formes » par le haut, en direction de Dieu, ou bien sortir de l’humanitĂ© par le bas, Ă  travers le feu, lequel est comme la sanction de la trahison de ceux qui n’ont pas rĂ©alisĂ© le sens divin de la condition humaine; si « la condition humaine est difficile Ă  atteindre», comme l’estiment les Asiates « transmigrationnistes », elle est Ă©galement difficile Ă  quitter, pour la mĂȘme raison de position centrale et de majestĂ© thĂ©omorphe. Les hommes vont au feu parce qu’ils sont des dieux, et ils en sortent parce qu’ils ne sont que des crĂ©atures; Dieu seul pourrait aller Ă©ternellement en enfer s’il pouvait pĂ©cher. Ou encore : l’état humain est tout prĂšs du Soleil divin, s’il est possible de parler ici de « proximitĂ© »; le feu est la rançon Ă©ventuelle — Ă  rebours — de cette situation privilĂ©giĂ©e; on peut mesurer celle-ci Ă  l’intensitĂ© et Ă  l’inextin-guibilitĂ© du feu. Il faut conclure de la gravitĂ© de l’enfer Ă  la grandeur de l’homme, et non pas, inversement, de l’apparente innocence de l’homme Ă  l’injustice supposĂ©e de l’enfer.
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Frithjof Schuon (Understanding Islam)
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L’idĂ©e de fonder en quelque sorte une science sur la rĂ©pĂ©tition trahit encore une autre illusion d’ordre quantitatif, celle qui consiste Ă  croire que la seule accumulation d’un grand nombre de faits peut servir de « preuve » Ă  une thĂ©orie ; il est pourtant Ă©vident, pour peu qu’on y rĂ©flĂ©chisse, que les faits d’un mĂȘme genre sont toujours en multitude indĂ©finie, de sorte qu’on ne peut jamais les constater tous, sans compter que les mĂȘmes faits s’accordent gĂ©nĂ©ralement tout aussi bien avec plusieurs thĂ©ories diffĂ©rentes. On dira que la constatation d’un plus grand nombre de faits donne tout au moins plus de « probabilitĂ© » Ă  la thĂ©orie ; mais c’est lĂ  reconnaĂźtre qu’on ne peut jamais arriver de cette façon Ă  une certitude quelconque, donc que les conclusions qu’on Ă©nonce n’ont jamais rien d’« exact » ; et c’est aussi avouer le caractĂšre tout « empirique » de la science moderne, dont les partisans, par une Ă©trange ironie, se plaisent pourtant Ă  taxer d’« empirisme » les connaissances des anciens alors que c’est prĂ©cisĂ©ment tout le contraire qui est vrai car ces connaissances, dont ils ignorent totalement la vĂ©ritable nature, partaient des principes et non point des constatations expĂ©rimentales, si bien qu’on pourrait dire que la science profane est construite exactement au rebours de la science traditionnelle. Encore, si insuffisant que soit l’« empirisme » en lui-mĂȘme, celui de cette science moderne est-il bien loin d’ĂȘtre intĂ©gral, puisqu’elle nĂ©glige ou Ă©carte une partie considĂ©rable des donnĂ©es de l’expĂ©rience, toutes celles en somme qui prĂ©sentent un caractĂšre proprement qualitatif ; l’expĂ©rience sensible, pas plus que tout autre genre d’expĂ©rience, ne peut jamais porter sur la quantitĂ© pure, et plus on s’approche de celle-ci, plus on s’éloigne par lĂ  mĂȘme de la rĂ©alitĂ© qu’on prĂ©tend constater et expliquer ;
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René Guénon (The Reign of Quantity & the Signs of the Times)
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Bien plus, la subversion la plus habile et la plus dangereuse est certainement celle qui ne se trahit pas par des singularitĂ©s trop manifestes et que n’importe qui peut facilement apercevoir, mais qui dĂ©forme le sens des symboles ou renverse leur valeur sans rien changer Ă  leurs apparences extĂ©rieures. Mais la ruse la plus diabolique de toutes est peut-ĂȘtre celle qui consiste Ă  faire attribuer au symbolisme orthodoxe lui-mĂȘme, tel qu’il existe dans les organisations vĂ©ritablement traditionnelles, et plus particuliĂšrement dans les organisations initiatiques, qui sont surtout visĂ©es en pareil cas, l’interprĂ©tation Ă  rebours qui est proprement le fait de la « contre-initiation » ; et celle-ci ne se prive pas d’user de ce moyen pour provoquer les confusions et les Ă©quivoques dont elle a quelque profit Ă  tirer. C’est lĂ , au fond, tout le secret de certaines campagnes, encore bien significatives quant au caractĂšre de l’époque contemporaine, menĂ©es, soit contre l’ésotĂ©risme en gĂ©nĂ©ral, soit contre telle ou telle forme initiatique en particulier, avec l’aide inconsciente de gens dont la plupart seraient fort Ă©tonnĂ©s, et mĂȘme Ă©pouvantĂ©s, s’ils pouvaient se rendre compte de ce pour quoi on les utilise ; il arrive malheureusement parfois que ceux qui croient combattre le diable, quelque idĂ©e qu’ils s’en fassent d’ailleurs, se trouvent ainsi tout simplement, sans s’en douter le moins du monde, transformĂ©s en ses meilleurs serviteurs !
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René Guénon (The Reign of Quantity & the Signs of the Times)
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Ah oui, c’est vrai. Sur la terrasse du Narval, aucun des habituĂ©s ne prĂȘta attention Ă  leur passage. Il faisait encore trĂšs bon en cette fin de journĂ©e et les consommateurs profitaient de ces instants de calme, de la circulation presque nulle et du ciel irrĂ©prochable en buvant un verre ou en grattant un Morpion. Pourtant, il y avait au fond de cette quiĂ©tude comme une contrariĂ©tĂ©, un sentiment de compte Ă  rebours qui nuisait mĂȘme aux heures les plus douces. C’était une impression nouvelle dont on n’aurait pas su dater l’origine, ni expliquer vraiment la cause. Chaque plaisir semblait maintenant contenir en lui cette humeur de fin de permission, chaque moment privilĂ©giĂ© prenait l’aspect d’un dernier jour des vacances. Comme si le retour des saisons n’était plus garanti. En attendant, autour de cette place banale, avec son PMU, sa boulangerie, son agence immobiliĂšre, et non loin de l’église toujours vide, un monde jouissait pleinement de son sursis. Et en ce beau dimanche de mai qui tirait vers le soir, le temps Ă©tait si bon, la vie si patiente qu’il Ă©tait presqu’impossible de deviner l’immense accumulation de gaz qui ronflait dans les caves de cet univers inquiet de sa fin.
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Nicolas Mathieu (Connemara)
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Psaume N°3 Que je suis seul, Seigneur, et Ă  rebours ! Arbre en exil oubliĂ© en plein champ, Le fruit saumĂątre et le feuillage lourd, AcharnĂ©, vif, hĂ©rissĂ© de piquants. Je voudrais tant qu'un passereau disert S'arrĂȘte en ma ramenĂ©e Et chante en moi, voletant Ă  travers Mon ombre de fumĂ©e. J'espĂšre, un peu de grĂące et de douceur ; Un pĂ©piement, du moins, de martinet Ou de moineau fluet, Comme tout arbre aux fruits pleins de saveur. Je n'ai pas de nectars roses et tendres, Pas mĂȘme la senteur du verjus frais. RivĂ© par force entre Ă©ternel et brumes, Nulle chenille par mon tronc ne se plaĂźt. Haut chandelier, sentinelle aux confins, À chaque instant une Ă©toile se dore Sur mes rameaux tendus sur l'autel saint – Et je te sers ; combien de temps encore ? De voir ces feux sacrĂ©s, fleurs miennes, luire, De ne mĂ»rir que mĂ©taux, patiemment, Selon tes rigoureux commandements Devrait, Seigneur, peut-ĂȘtre me suffire. Seul Ă  ma tĂąche, abandonnĂ© par toi, Je peine, et saigne, et force mes racines. Au moins, de loin, ordonne que parfois Quelque ange enfant, ouvrant son aile fine S'Ă©claire, blanc, sous la lune au passage Et me redise ta parole sage.
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Tudor Arghezi (50 poeme | 50 poĂšmes)
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L'Ă©motivitĂ© « perçoit » et rĂ©vĂšle ceux des aspects d'un bien ou d'un mal, que la simple dĂ©finition logique ne saurait montrer directement et concrĂštement : ce sont les aspects existentiels, subjectifs, psychologiques, moraux et esthĂ©tiques, soit de la vĂ©ritĂ©, soit de l'erreur ; ou soit de la vertu, soit du vice. Que l'on se reprĂ©sente un enfant qui, par simple ignorance et partant par manque de sens des proportions, profĂšre une parole en fait blasphĂ©matoire ; si le pĂšre fulmine, l'enfant apprend «existenciellement» quelque chose qu'il n'apprendrait pas si le pĂšre se bornai Ă  une dissertation abstraite sur le caractĂšre blasphĂ©matoire de la dite parole. La fulmination du pĂšre dĂ©montre concrĂštement Ă  l'enfant l'Ă©tendue de la faute, elle rend visible une dimension qui autrement serait restĂ©e abstraite et anodine ; de mĂȘme dans les cas inverses, mutatis mutandis : la joie des parents rend tangible pour l'enfant, la valeur de son acte mĂ©ritoire ou de la vertu tout court. Au rebours de l'expĂ©rience et du bon sens, certaines adeptes de la psychanalyse – sinon tous- estiment qu'on ne devrait jamais punir un enfant, car, pensent-ils, une punition le « traumatiserait » ; ce qu'ils oublient, c'est qu'un enfant qui se laisse traumatiser par une punition juste – donc proportionnĂ©e Ă  la faute- est dĂ©jĂ  un monstre. L'essence de l'enfant normal, sous un certain rapport, est le respect des parents et l'instinct du bien ; une juste punition, loin de le blesser fonciĂšrement, l'illumine et le dĂ©livre, en le projetant pour ainsi dire dans la conscience immanente de la norme. Certes, il est des cas oĂč les parents ont tort et oĂč l'enfant est traumatisĂ© Ă  juste titre, mais l'enfant normal, ou normalement vertueux, n'en tombera pas pour autant dans une amertume vindicative et stĂ©rile, bien au contraire : il tirera de son expĂ©rience le meilleur parti, grĂące Ă  l'intuition que toute adversitĂ© est mĂ©taphysiquement mĂ©ritĂ©e, aucun homme n'Ă©tant parfait sans Ă©preuve.
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Frithjof Schuon (Résumé de métaphysique intégrale)
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L’état humain — ou tout autre Ă©tat « central » analogue — est comme entourĂ© d’un cercle de feu : il n’y a lĂ  qu’un choix, ou bien Ă©chapper au « courant des formes » par le haut, en direction de Dieu, ou bien sortir de l’humanitĂ© par le bas, Ă  travers le feu, lequel est comme la sanction de la trahison de ceux qui n’ont pas rĂ©alisĂ© le sens divin de la condition humaine; si « la condition humaine est difficile Ă  atteindre», comme l’estiment les Asiates « transmigrationnistes », elle est Ă©galement difficile Ă  quitter, pour la mĂȘme raison de position centrale et de majestĂ© thĂ©omorphe. Les hommes vont au feu parce qu’ils sont des dieux, et ils en sortent parce qu’ils ne sont que des crĂ©atures; Dieu seul pourrait aller Ă©ternellement en enfer s’il pouvait pĂ©cher. Ou encore : l’état humain est tout prĂšs du Soleil divin, s’il est possible de parler ici de « proximitĂ© »; le feu est la rançon Ă©ventuelle — Ă  rebours — de cette situation privilĂ©giĂ©e; on peut mesurer celle-ci Ă  l’intensitĂ© et Ă  l’inextin-guibilitĂ© du feu. Il faut conclure de la gravitĂ© de l’enfer Ă  la grandeur de l’homme, et non pas, inversement, de l’apparente innocence de l’homme Ă  l’injustice supposĂ©e de l’enfer. [...] Bien des hommes de notre temps tiennent en somme le langage suivant : « Dieu existe ou il n ’existe pas ; s’il existe et s’il est ce qu’on dit, il reconnaĂźtra que nous sommes bons et que nous ne mĂ©ritons aucun chĂątiment » ; c’est-a-dire qu’ils veulent bien croire Ă  son existence s’il est conforme Ă  ce qu’ils s’imaginent et s’il reconnaĂźt la valeur qu’ils s’attribuent Ă  eux-mĂȘmes. C’est oublier, d’une part, que nous ne pouvons connaĂźtre les mesures avec lesquelles l’Absolu nous juge, et d’autre part, que le « feu » d’outre-tombe n’est rien d ’autre, en dĂ©finitive, que notre propre intellect qui s’actualise Ă  l'encontre de notre faussetĂ©, ou en d’autres termes, qu’il est la vĂ©ritĂ© immanente qui Ă©clate au grand jour. A la mort, l’homme est confrontĂ© avec l’espace inouĂŻ d’une rĂ©alitĂ©, non plus fragmentaire, mais totale, puis avec la norme de ce qu’il a prĂ©tendu ĂȘtre, puisque cette norme fait partie du RĂ©el ; l’homme se condamne donc lui-mĂȘme, ce sont — d’aprĂšs le Koran — ses membres mĂȘmes qui l’accusent ; ses violations, une fois le mensonge dĂ©passĂ©, le transforment en flammes ; la nature dĂ©sĂ©quilibrĂ©e et faussĂ©e, avec toute sa vaine assurance, est une tunique de Nessus. L’homme ne brĂ»le pas que pour ses pĂ©chĂ©s; il brĂ»le pour sa majestĂ© d’image de Dieu. C’est le parti pris d’ériger la dĂ©chĂ©ance en norme et l’ignorance en gage d’impunitĂ© que le Koran stigmatise avec vĂ©hĂ©mence — on pourrait presque dire : par anticipation — en confrontant l’assurance de ses contradicteur avec les affres de la fin du monde (1). En rĂ©sumĂ©, tout le problĂšme de la culpabilitĂ© se rĂ©duit au rapport de la cause Ă  l’effet. Que l’homme soit loin d'ĂȘtre bon, l’histoire ancienne et rĂ©cente le prouve surabondamment, l’homme n’a pas l’innocence de l’animal, il a conscience de son imperfection, puisqu’il en possĂšde la notion ; donc il est responsable. Ce qu’on appelle en terminologie morale la faute de l’homme et le chĂątiment de Dieu, n’est rien d ’autre, en soi, que le heurt du dĂ©sĂ©quilibre humain avec l’Equilibre immanent ; cette notion est capitale.[...] (1) C'est la mĂȘme un des thĂšmes les plus instamment rĂ©pĂ©tĂ©s de ce livre sacrĂ©, qui marque parfois son caractĂšre d'ultime message par une Ă©loquence presque dĂ©sespĂ©rĂ©e.
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Frithjof Schuon (Understanding Islam)
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Le sionisme allumera sans doute en Palestine une hideuse guerre de religion: encore un de ces progrĂšs Ă  rebours que les traitĂ©s auront valu au genre humain. L'Osservatore Romano signale, parmi les immigrants juifs qui arrivent en nombre, des fanatiques qui parlent de dĂ©truire les reliques chrĂ©tiennes. Ce n'est pas tout. Avec la guerre religieuse, le sionisme apporte la guerre sociale. Les juifs venus de Pologne, de Russie, de Roumanie, rĂ©clament un partage des terres et l'expulsion des indigĂšnes. M. Nathan Strauss, le milliardaire amĂ©ricain, dit crĂ»ment que "les musulmans trouveront d'autres rĂ©gions pour vivre". Admirable moyen de rĂ©unir, en Asie Mineure et mĂȘme plus loin, tout l'Islam contre l'Occident.
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Jacques Bainville (La Russie Et La BarriĂšre de L'Est)
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que ce qui diffĂšre essentiellement entre un livre et un ami, ce n’est pas leur plus ou moins grande sagesse, mais la maniĂšre dont on communique avec eux, la lecture, au rebours de la conversation, consistant pour chacun de nous Ă  recevoir communication d’une autre pensĂ©e, mais tout en restant seul, c’est-Ă -dire en continuant Ă  jouir de la puissance intellectuelle qu’on a dans la solitude et que la conversation dissipe immĂ©diatement, en continuant Ă  pouvoir ĂȘtre inspirĂ©, Ă  rester en plein travail fĂ©cond de l’esprit sur lui-mĂȘme
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Marcel Proust
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Quand la cosmologie hindoue enseigne que les Ăąmes des dĂ©funts vont tout d'abord Ă  la Lune, elle suggĂšre indirectement, et en marge d'autres analogies beaucoup plus importantes, l'expĂ©rience d'incommensurable solitude - les « affres de la mort » - par laquelle l'Ăąme passe en sortant « Ă  rebours » de la matrice protectrice qu'Ă©tait pour elle le monde terrestre; la lune matĂ©rielle est comme le symbole de l'absolu dĂ©paysement, de la solitude nocturne et sĂ©pulcrale, du froid d'Ă©ternitĂ© (1); et c'est ce terrible isolement post mortem qui marque le choc en retour par rapport, non Ă  tel pĂ©chĂ©, mais Ă  l'existence formelle. (1) C'est ce qui nous permet de douter - soit dit en passant - de l'opportunitĂ© psychologique d'un voyage dans l'espace. MĂȘme en admettant des facteurs mentaux imprĂ©visibles qui rendent psychologiquement possible une telle aventure, - et en Ă©cartant ici la possibilitĂ© d'un secours satanique, - il est peu probable que l'homme, en revenant sur terre, y retrouve son ancien Ă©quilibre et son ancien bonheur. Il y a quelque chose d'analogue dans la folie, qui est une mort, c'est-Ă -dire un effondrement ou une dĂ©composition, non de l'Ăąme immortelle, mais de son revĂȘtement psychique, l'ego empirique; les fous sont des morts-vivants, le plus souvent en proie Ă  des influences tĂ©nĂ©breuses, mais vĂ©hiculant parfois au contraire, - dans des milieux de grande ferveur religieuse, - telle influence angĂ©lique; mais dans ce dernier cas, il ne s'agit plus Ă  proprement parler de folie, la fissure naturelle Ă©tant compensĂ©e et en quelque sorte comblĂ©e par le Ciel. Quoi qu'il en soit, la folie se caractĂ©rise, surtout chez ceux qui y sombrent sinon toujours chez ceux qui s'y trouvent dĂ©jĂ , par une angoisse qui marque le glissement dans un Ă©pouvantable dĂ©paysement, exactement comme c'est le cas Ă  la mort ou, par hypothĂšse, lors d'un voyage interplanĂ©taire. Dans tous les cas, les limites normales de l'ambiance humaine sont dĂ©passĂ©es, et cela a lieu Ă©galement dans la science moderne d'une façon gĂ©nĂ©rale : on est projetĂ© dans un vide qui ne laisse plus le choix qu'entre le matĂ©rialisme ou une rĂ©adaptation mĂ©taphysique, Ă  laquelle s'opposent les principes mĂȘmes de cette science.
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Frithjof Schuon (Understanding Islam)
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] comme l’exprime Ibn Arabi « la faim procure la connaissance de Satan » ; ceci n’est pas sans rapport avec la forme serpentine des intestins, localisation du « moi » infĂ©rieur, le python que l’on doit combattre. Le jeĂ»ne est appelĂ© en Islam la mort blanche. Le jeĂ»ne constitue non seulement une purification mais une domination, un piĂ©tinement des tendances infĂ©rieures. L’homme en tant que microcosme doit se dĂ©livrer de toutes les impuretĂ©s comme JĂ©sus chassa les marchands du Temple selon l’enseignement de l’excellentissime MaĂźtre Eckhart. On retrouve diffĂ©rentes allusions Ă  tout cela, dans des expressions familiĂšres sans que le sens profond en soit perçu : « se sentir le cƓur lĂ©ger » et pour le ventre les « lourdeurs » d’estomac. Les intestins deviennent un support, un cheval de Troie dans l’organisme. « Avoir l’estomac nouĂ© » symptĂŽme de l’angoisse qui ouvre une faille laissant le passage aux dĂ©mons, conduisant Ă  la folie et Ă  la possession dĂ©moniaque. Le possĂ©dĂ© est « fermĂ© » Ă  recevoir toute nourriture spirituelle, bloquĂ© par les anneaux de Python, il est rempli de bile. Le Temple est soumis au pillage, au lieu d’ĂȘtre rempli d’or (influences spirituelles) et devient peu Ă  peu submergĂ© par la boue. Parodie du jeĂ»ne et du majdhĂ»b, le possĂ©dĂ© devient d'une maigreur effrayante. Quant Dante arrive au troisiĂšme cercle de l’Enfer, il y trouve ceux dont les appĂ©tits ne furent jamais rassasiĂ©s, qu’il nomme les « maudits profanes ». [
] Le ProphĂšte de l’Islam dĂ©clara dans un sermon : « MĂȘme si on lui donnait une vallĂ©e pleine d’or, le fils d’Adam en voudrait une seconde, et si on lui en donnait une seconde, il en voudrait une troisiĂšme. La terre de la tombe seule donne la satiĂ©tĂ© au ventre du fils d’Adam. Il est cependant d’autres qui se tournent vers Dieu. » L’EnvoyĂ© dĂ©finit le jeĂ»ne ainsi : « Toute chose a son aumĂŽne purificatrice, l’aumĂŽne purificatrice du corps est le jeĂ»ne. » On peut mesurer toute l’importance du jeĂ»ne que l’on prĂ©sente comme les restes d’un fanatisme dĂ©cadent voire d’une tendance au « masochisme ». Il reste aux mĂ©disants, aux « je-sais-tout » le jogging ou les cures d’amaigrissement et les produits « naturels ». Le tout pouvant ĂȘtre accompagnĂ© de mouvements blasphĂ©matoires rĂ©cemment baptisĂ©s (Ă  rebours) de priĂšre Ă  Allah !
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Jean-Marc Allemand (René Guenon et les sept tours du diable)