Au Naturel Quotes

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I like the au naturel thing you have going on. Girls don't come over here like that." "I was coerced into coming here. It didn't occur to me to impress you," I said, aggravated that my plan had failed.
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Jamie McGuire (Beautiful Disaster (Beautiful, #1))
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Il ne fait aucun doute pour moi que la sagesse est le but principal de la vie et c'est pourquoi je reviens toujours aux stoïciens. Ils ont atteint la sagesse, on ne peut donc plus les appeler des philosophes au sens propre du terme. De mon point de vue, la sagesse est le terme naturel de la philosophie, sa fin dans les deux sens du mot. Une philosophie finit en sagesse et par là même disparaît.
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Emil M. Cioran (Oeuvres)
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Il y a des époques fatales où la prière, cet hymne naturel que Dieu a mis au fond du cœur de l’homme, devient suspecte aux yeux des hommes, car la prière est un acte d’espoir ou de reconnaissance.
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Alexandre Dumas (The Knight of Maison-Rouge)
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Get the natural better and be au naturel no more.
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Anyaele Sam Chiyson (The Sagacity of Sage)
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Megan’s grandmother was stark naked next to the bed, with her hands and feet on the floor and her saggy butt up in the air, giving him a view he would—unfortunately—never forget. Josh’s brain told him “Retreat! Retreat!” but his feet refused to move. “Josh!” Gram’s face appeared between her ankles. “Good morning!” “Sorry!” he sputtered out. “I was looking for a bathroom.” “This isn’t it, but come do yoga with me.” He squeezed his eyes shut. “Uh… I’m not really a yoga fan.” He started to back up and ran into the doorjamb. “That’s probably because you haven’t tried it au naturel.” He cringed. “Yeah, I’m pretty sure that’s not it.
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Denise Grover Swank (The Substitute (The Wedding Pact, #1))
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Toute grande oeuvre est soit une Iliade soit une Odysée, les odysées étant beaucoup plus nombreuse que les iliades: le Satiricon, La Divine Comédie, Pantagruel, Don Quichotte, et naturellement Ulysse (où l'on reconnaît d'ailleurs l'influence directe de Bouvard et Pécuchet) sont des odysées, c'est-à-dire des récits de temps pleins. Les iliades sont au contraire des recherches du temps perdu: devant Troie, sur une île déserte ou chez les Guermantes.
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Raymond Queneau
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The clear feasibility of biological enhancement should increase our confidence that machine intelligence is ultimately achievable, since enhanced human scientists and engineers will be able to make more and faster progress than their au naturel counterparts.
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Nick Bostrom (Superintelligence: Paths, Dangers, Strategies)
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- Offre ton identité au Conseil, jeune apprentie. La voix était douce, l’ordre sans appel. - Je m’appelle Ellana Caldin. - Ton âge. Ellana hésita une fraction de seconde. Elle ignorait son âge exact, se demandait si elle n’avait pas intérêt à se vieillir. Les apprentis qu’elle avait discernés dans l’assemblée étaient tous plus âgés qu’elle, le Conseil ne risquait-il pas de la considérer comme une enfant ? Les yeux noirs d’Ehrlime fixés sur elle la dissuadèrent de chercher à la tromper. - J’ai quinze ans. Des murmures étonnés s’élevèrent dans son dos. Imperturbable, Ehrlime poursuivit son interrogatoire. - Offre-nous le nom de ton maître. - Jilano Alhuïn. Les murmures, qui s’étaient tus, reprirent. Plus marqués, Ehrlime leva une main pour exiger un silence qu’elle obtint immédiatement. - Jeune Ellana, je vais te poser une série de questions. A ces questions, tu devras répondre dans l’instant, sans réfléchir, en laissant les mots jaillir de toi comme une cascade vive. Les mots sont un cours d’eau, la source est ton âme. C’est en remontant tes mots jusqu’à ton âme que je saurai discerner si tu peux avancer sur la voie des marchombres. Es-tu prête ? - Oui. Une esquisse de sourire traversa le visage ridé d’Ehrlime. - Qu’y a-t-il au sommet de la montagne ? - Le ciel. - Que dit le loup quand il hurle ? - Joie, force et solitude. - À qui s’adresse-t-il ? - À la lune. - Où va la rivière ? L’anxiété d’Ellana s’était dissipée. Les questions d’Ehrlime étaient trop imprévues, se succédaient trop rapidement pour qu’elle ait d’autre solution qu’y répondre ainsi qu’on le lui avait demandé. Impossible de tricher. Cette évidence se transforma en une onde paisible dans laquelle elle s’immergea, laissant Ehrlime remonter le cours de ses mots jusqu’à son âme, puisque c’était ce qu’elle désirait. - Remplir la mer. - À qui la nuit fait-elle peur ? - À ceux qui attendent le jour pour voir. - Combien d’hommes as-tu déjà tués ? - Deux. - Es-tu vent ou nuage ? - Je suis moi. - Es-tu vent ou nuage ? - Vent. - Méritaient-ils la mort ? - Je l’ignore. - Es-tu ombre ou lumière ? - Je suis moi. - Es-tu ombre ou lumière ? - Les deux. - Où se trouve la voie du marchombre ? - En moi. Ellana s’exprimait avec aisance, chaque réponse jaillissant d’elle naturellement, comme une expiration après une inspiration. Fluidité. Le sourire sur le visage d’Ehrlime était revenu, plus marqué, et une pointe de jubilation perçait dans sa voix ferme. - Que devient une larme qui se brise ? - Une poussière d’étoiles. - Que fais-tu devant une rivière que tu ne peux pas traverser ? - Je la traverse. - Que devient une étoile qui meurt ? - Un rêve qui vit. - Offre-moi un mot. - Silence. - Un autre. - Harmonie. - Un dernier. - Fluidité. - L’ours et l’homme se disputent un territoire. Qui a raison ? - Le chat qui les observe. - Marie tes trois mots. - Marchombre.
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Pierre Bottero (Ellana (Le Pacte des MarchOmbres, #1))
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Cette bonne humeur qu'il affichait en toutes circonstances cachait sa part d'ombre et de souffrance et son naturel jovial cédait quelquefois la place aux idées noires et au découragement.
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Guillaume Musso (Seras-tu lĂ ?)
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Sans doute, rien n’est plus naturel, aujourd’hui, que de voir des gens travailler du matin au soir et choisir ensuite de perdre aux cartes, au café, et en bavardages, le temps qui leur reste pour vivre.
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Albert Camus (The Plague)
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Pour élever un État du dernier degré de barbarie au plus haut degré d’opulence, il ne faut que trois choses : la paix, des taxes modérées et une administration tolérable de la justice. Tout le reste est amené par le cours naturel des choses.
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Adam Smith (Recherches sur la Nature et les Causes de la Richesse des Nations (Intégrale livres 1 à 5) (French Edition))
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Quand on aime, quand on ressent de l’amour, que ce soit pour un être humain, un animal, une fleur ou un coucher du soleil, on est porté au-delà de soi. Nos désirs, nos peurs et nos doutes se dissipent. Nos besoins de reconnaissance s’évanouissent. On ne cherche plus à se comparer, à exister plus que les autres. Notre âme s’élève tandis que nous sommes tout entier emplis de ce sentiment, de cet élan du cœur qui s’étend alors naturellement pour embrasser tous les êtres et toutes les choses de la vie.
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Laurent Gounelle (Et tu trouveras le trésor qui dort en toi)
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[...] la foi, l'acte de croire à des mythes, des idéologies ou des légendes surnaturels, est la conséquence de la biologie. [...] Il est dans notre nature de survivre. La foi est une réponse instinctive à des aspects de l'existence que nous ne pouvons expliquer autrement, que ce soit le vide moral que nous percevons dans l'univers, la certitude de la mort, le mystère des origines, le sens de notre propre vie ou son absence de sens. Ce sont des aspects élémentaires et d'une extraordinaire simplicité, mais nos propres limitations nous empêchent de donner des réponses sans équivoque à ces questions et, pour cette raison, nous générons pour nous défendre une réponse émotionnelle. C'est de la pure et simple biologie. [...] Toute interprétation ou observation de la réalité l'est par nécessité. En l’occurrence, le problème réside dans le fait que l'homme est un animal moral abandonné dans un monde amoral, condamné à une existence finie et sans autre signification que de perpétuer le cycle naturel de l'espèce. Il est impossible de survivre dans un état prolongé de réalité, au moins pour un être humain.
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Carlos Ruiz ZafĂłn (The Angel's Game (The Cemetery of Forgotten Books, #2))
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Suis-je donc un Narcisse ? Pas même : trop soucieux de séduire, je m'oublie. Après tout, ça ne m'amuse pas tant de faire des pâtés, des gribouillages, mes besoins naturels : pour leur donner du prix à mes yeux, il faut qu'au moins une grande personne s'extasie sur mes produits.
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Jean-Paul Sartre (Les Mots)
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A chaque moment du temps, à côté de ce que les gens considèrent comme naturel de faire et de dire, à côté de ce qu'il est prescrit de penser, autant par les livres, les affiches de métro que par les histoires drôles, il y a toutes les choses sur lesquelles la société fait silence et ne sait pas qu'elle le fait, vouant au mal être solitaire ceux et celles qui ressentent ces choses sans pouvoir les nommer. Silence qui est brisé un jour brusquement, ou petit à petit, et des mots jaillissent sur les choses, enfin reconnues, tandis que se reforment, au-dessous, d'autres silences.
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Annie Ernaux (Les Années)
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Le chien est un animal si difforme, d’un caractère si désordonné, que de tout temps il a été considéré comme un monstre, né et formé en dépit de toutes les lois. En effet, lorsque le repos est l’état naturel, comment expliquer qu’un animal soit toujours remuant, affairé, et cela sans but ni besoin, lors même qu’il est repu et n’a point peur ? Lorsque la beauté consiste universellement dans la souplesse, la grâce et la prudence, comment admettre qu’un animal soit toujours brutal, hurlant, fou, se jetant au nez des gens, courant après les coups de pied et les rebuffades ? Lorsque le favori et le chef-d’oeuvre de la création est le chat, comment comprendre qu’un animal le haïsse, coure sur lui sans en avoir reçu une seule égratignure, et lui casse les reins sans avoir envie de manger sa chair ? Ces contrariétés prouvent que les chien sont des damnés ; très certainement les âmes coupables et punies passent dans leurs corps. Elles y souffrent : c’est pourquoi ils se tracassent et s’agitent sans cesse. Elles ont perdu la raison : c’est pourquoi ils gâtent tout, se font battre, et sont enchaînés les trois quarts du jour. Elles haïssent le beau et le bien : c’est pourquoi ils tâchent de nous étrangler.
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Hippolyte Taine
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Tu peux être grave et fou, qui empêche ? Tu peux être tout ce que tu veux et fou en surplus, mais il faut être fou, mon enfant. Regarde autour de toi le monde sans cesse grandissant de gens qui se prennent au sérieux. Outre qu'ils se donnent un ridicule irrémédiable devant les esprits semblables au mien, ils se font une vie dangereusement constipée. Ils sont exactement comme si, à la fois, ils se bourraient de tripes qui relâchent et de nèfles du Japon qui resserrent. Ils gonflent, gonflent, puis ils éclatent et ça sent mauvais pour tout le monde. Je n'ai pas trouvé d'image meilleure que celle-là. D'ailleurs, elle me plaît beaucoup. Il faudrait même y employer trois ou quatre mots de dialecte de façon à la rendre plus ordurière que ce qu'elle est en piémontais. Toi qui connais mon éloignement naturel pour tout ce qui est grossier, cette recherche te montre bien tout le danger que courent les gens qui se prennent au sérieux devant le jugement des esprits originaux. Ne sois jamais une mauvaise odeur pour tout un royaume, mon enfant. Promène-toi comme un jasmin au milieu de tous.
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Jean Giono (The Horseman on the Roof)
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J’aurais voulu le retenir, lui expliquer que je désirais sa sympathie, non pour être mieux défendu, mais, si je puis dire, naturellement. Surtout, je voyais que je le mettais mal à l’aise. Il ne me comprenait pas et il m’en voulait un peu. J’avais le désir de lui affirmer que j’étais comme tout le monde, absolument comme tout le monde. Mais tout cela, au fond, n’avait pas grande utilité et j’y ai renoncé par paresse.
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Albert Camus (The Stranger)
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Une très jolie jeune fille, traitée avec des égards constants et des attentions démesurées par l'ensemble de la population masculine, y compris par ceux - l'immense majorité - qui n'ont plus aucun espoir d'en obtenir une faveur d'ordre sexuel, et même à vrai dire tout particulièrement par eux, avec une émulation abjecte confinant chez certains quinquagénaires au gâtisme pur et simple, une très jolie jeune fille devant qui tous les visages s'ouvrent, toutes les difficultés s'aplanissent, accueillie partout comme si elle était la reine du monde, devient naturellement une espèce de monstre d'égoïsme et de vanité autosatisfaite. La beauté physique joue ici exactement Ie même rôle que la noblesse de sang sous l'Ancien Régime, et la brève conscience qu'elles pourraient prendre à l'adolescence de l'origine purement accidentelle de leur rang cède rapidement la place chez la plupart des très jolies jeunes filles à une sensation de supériorité innée, naturelle, instinctive, qui les place entièrement en dehors, et largement au-dessus du reste de l'humanité. Chacun autour d'elle n'ayant pour objectif que de lui éviter toute peine, et de prévenir Ie moindre de ses désirs, c'est tout uniment (sic) qu'une très jolie jeune fille en vient à considérer Ie reste du monde comme composé d'autant de serviteurs, elle-même n'ayant pour seule tâche que d'entretenir sa propre valeur érotique - dans l'attente de rencontrer un garçon digne d'en recevoir l'hommage. La seule chose qui puisse la sauver sur le plan moral, c'est d'avoir la responsabilité concrète d'un être plus faible, d'être directement et personnellement responsable de la satisfaction de ses besoins physiques, de sa santé, de sa survie - cet être pouvant être un frère ou une soeur plus jeune, un animal domestique, peu importe. (La possibilité d'une île, Daniel 1,15)
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Michel Houellebecq
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Laissez-moi tranquille avec votre hideuse réalité ! Qu'est-ce que cela veut dire, la réalité ? Les uns voient noir, d'autres bleu, la multitude voit bête. Rien de moins naturel que Michel-Ange, rien de plus fort ! Le souci de la vérité extérieure dénote la bassesse contemporaine ; et l'art deviendra, si l'on continue, je ne sais quelle rocambole au-dessous de la religion comme poésie, et de la politique comme intérêt. Vous n'arriverez pas à son but, - oui, son but ! -
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Gustave Flaubert (L'Ă©ducation sentimentale)
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Les amours contrariées par la misère et les grandes distances, c'est comme les amours de marin, y a pas à dire c'est irréfutable et c'est réussi. D'abord, quand on a pas l'occasion de se rencontrer souvent, on peut pas s'engueuler, et c'est déjà beaucoup de gagné. Comme la vie n'est qu'un délire tout bouffi de mensonges, plus qu'on est loin et plus qu'on peut en mettre dedans des mensonges et plus alors qu'on est content, c'est naturel et c'est régulier. La vérité c'est pas mangeable.
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Louis-Ferdinand CĂ©line (Voyage au bout de la nuit)
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Qui dit individualisme dit nécessairement refus d'admettre une autorité supérieure à l'individu, aussi bien qu'une faculté de connaissance supérieure à la raison individuelle ; les deux choses sont inséparables l'une de l'autre. Par conséquent, l'esprit moderne devait rejeter toute autorité spirituelle au vrai sens du mot, prenant sa source dans l'ordre supra-humain, et toute organisation traditionnelle, qui se base essentiellement sur une autorité, quelle que soit la forme qu'elle revêt, forme qui diffère naturellement suivant les civilisations.
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René Guénon (The Crisis of the Modern World)
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I meant what I said about sex.” His hand slid all the way up her leg, pushing what little skirt was still covering her out of the way, holding it in a bunch at her belly button. Her nudity was fully exposed to his gaze and he looked his fill, breathing out hard. “Who said anything about sex?” He leaned in, his mouth dropping to the pale slice of skin between where his hand held her skirt and the thatch of hair between her legs. She wasn’t trimmed as was the fashion among the women he usually took to his bed but Troy was not a fussy guy and here, under the stars, his head filling with the musky scent of her arousal, au naturel seemed fitting. The ragged pant of her breathing stuttered into the air as he lazily stroked his tongue down. Down. Down. Down. She roused. Shifted. Raised herself up on her elbows, her abs tightening, her thighs tensing. “I think you’ll find that still counts,” she said, obviously throwing one last-ditch effort into denying herself the pleasure she so clearly craved. He chuckled low, his warm breath fanning her belly, satisfied to feel gooseflesh stippling the soft skin. “If you think this is sex, you need to read some more textbooks, doc.
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Amy Andrews (Troy (American Extreme Bull Riders Tour, #5))
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Le culte des sens a été souvent décrié, et à juste titre : un instinct naturel inspire aux hommes la terreur de passions et de sensations qui leur semblent plus fortes qu'eux-mêmes, et qu'ils ont conscience de partager avec les formes inférieures du monde organique. Mais Dorian Gray estimait que la vraie nature des sens n'avait jamais été bien comprise, qu'ils avaient gardé leur animalité sauvage uniquement parce qu'on avait voulu les soumettre par la famine ou les tuer à force de souffrance, au lieu de chercher à en faire les éléments d'une spiritualité nouvelle, ayant pour trait dominant une sûre divination de la beauté. Quand il considérait la marche de l'homme à travers l'Histoire, il était poursuivi par une impression d'irréparable dommage. Que de choses on avait sacrifiées, et combien vainement ! Des privations sauvages, obstinées, des formes monstrueuses de martyre et d'immolation de soi, nées de la peur, avaient abouti à une dégradation plus épouvantable que la dégradation tout imaginaire qu'avaient voulu fuir de pauvres ignorants : la Nature, dans sa merveilleuse ironie, avait amené les anachorètes à vivre dans le désert, mêlés aux animaux sauvages ; aux ermites, elle avait donné pour compagnons les bêtes des champs.
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Oscar Wilde (The Picture of Dorian Gray)
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En ce qui me concerne, je suis végétarienne à quatre-vingt-quinze pour cent. L'exception principale serait le poisson, que je mange peut-être deux fois par semaine pour varier un peu mon régime et en n'ignorant pas, d'ailleurs, que dans la mer telle que nous l'avons faite le poisson est lui aussi contaminé. Mais je n'oublie surtout pas l'agonie du poisson tiré par la ligne ou tressautant sur le pont d'une barque. Tout comme Zénon, il me déplaît de "digérer des agonies". En tout cas, le moins de volaille possible, et presque uniquement les jours où l'on offre un repas à quelqu'un ; pas de veau, pas d'agneau, pas de porc, sauf en de rares occasions un sandwich au jambon mangé au bord d'une route ; et naturellement pas de gibier, ni de bœuf, bien entendu. - Pourquoi, bien entendu ? - Parce que j'ai un profond sentiment d'attachement et de respect pour l'animal dont la femelle nous donne le lait et représente la fertilité de la terre. Curieusement, dès ma petite enfance, j'ai refusé de manger de la viande et on a eu la grande sagesse de ne pas m'obliger à le faire. Plus tard, vers la quinzième année, à l'âge où l'on veut "être comme tout le monde", j'ai changé d'avis ; puis, vers quarante ans, je suis revenue à mon point de vue de la sixième année.(p. 288)
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Marguerite Yourcenar (Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey)
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Mais l idéologie proclamée de Forest Lawn est la même que celle du musée Getty qui est gratuitement ouvert au public. C est l idéologie de la conservation, au Nouveau Monde, des trésors que l imprévoyance et le désintérêt du Vieux Monde sont en train de réduire a néant. Naturellement cette ideologie occulte quelque chose: le desir du profit, dans le cas du cimetiere, et, dans le cas de Getty, le fait que la colonisation affairiste du Nouveau Monde (dont fait partie aussi l empire petrolier de Paul Getty) a affaibli le le Vieux. Cest exactement les larmes de crocodile du patricien romain qui reproduisait les grandeurs de cette Grece que son pays avait rabaissee au rang de colonie.
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Umberto Eco (La Guerre du faux)
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C’est-à-dire qu’on s’y ennuie et qu’on s’y applique à prendre des habitudes. Nos concitoyens travaillent beaucoup, mais – 6 – toujours pour s’enrichir. Ils s’intéressent surtout au commerce et ils s’occupent d’abord, selon leur expression, de faire des affaires. Naturellement ils ont du goût aussi pour les joies simples, ils aiment les femmes, le cinéma et les bains de mer. Mais, très raisonnablement, ils réservent ces plaisirs pour le samedi soir et le dimanche, essayant, les autres jours de la semaine, de gagner beaucoup d’argent. Le soir, lorsqu’ils quittent leurs bureaux, ils se réunissent à heure fixe dans les cafés, ils se promènent sur le même boulevard ou bien ils se mettent à leurs balcons.
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Albert Camus
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grandes rues afin d’y établir des villages, transférer à Versailles le siège du gouvernement, mettre à Bourges les écoles, supprimer les bibliothèques, confier tout aux généraux de division ; - et on exaltait les campagnes, l’homme illettré ayant naturellement plus de sens que les autres ! Les haines foisonnaient : haine contre les instituteurs primaires et contre les marchands de vin, contre les classes de philosophie, contre les cours d’histoire, contre les romans, les gilets rouges, les barbes longues, contre toute indépendance, toute manifestation individuelle ; car il fallait » relever le principe d’autorité », qu’elle s’exerçât au nom de n’importe qui, qu’elle vînt de n’importe où, pourvu que ce fût la Force, l’Autorité !
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Gustave Flaubert (L’Éducation Sentimentale (illustrated) (French Edition))
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La guerre, c'est la discipline. La sujétion maximale. L'esclavage. C'est l'une des situations où l'homme est le plus soumis à l'homme et a le moins d'issues pour y échapper. Il est empoigné. Réquisitionné. Ballotté par des ordres mécaniques. Objet d'un sadisme sans réplique. Exposé à l'humiliation ou au feu. Numéroté. Broyé. Astreint à la corvée. Pris dans des mouvements collectifs très lents, très obscurs, parfaitement indéchiffrables, qui, au plus naturellement rebelle, ne laissent d'autre choix que de se plier. La guerre c'est la circonstance, par excellence, où joue ce pouvoir de laisser vivre et de faire mourir qui est, selon les bons philosophes, le propre du pouvoir absolu. L'homme de guerre c'est le dernier des hommes, c'est-à-dire l'esclave absolu. (ch. 12 Les mots de la guerre)
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Bernard-Henri LĂ©vy (War, Evil, and the End of History)
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La fenêtre est ouverte et la brise de juin agite doucement l'ourlet des rideaux de dentelle. Une légère odeur de marée flotte dans l'air. Je sens le sable du rivage entre mes doigts. Je m'éloigne de la table, m'approche d'Oshima et le serre fort contre moi. Le contact de son corps mince éveille déjà en moi une terrible nostalgie. Il me caresse doucement les cheveux. - Le monde est une métaphore, Kafka Tamura, dit-il à mon oreille. Mais pour toi et moi, seule cette bibliothèque n'est pas une métaphore. Aussi loin qu'on aille ... elle reste tout simplement cette bibliothèque. - Naturellement, dis-je. - C'est une bibliothèque unique, speciale et tres solide. Rien d'autre ne peut prendre sa place. Je hoche la tête. - Au revoir, Kafka Tamura. - Au revoir, Oshima-san. Vous avez une belle cravate, vous savez. Il s'écarte de moi, me regarde bien en face en souriant. - Je me demandais si tu allais m'en faire la remarque.
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Haruki Murakami (Kafka on the Shore)
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Sans doute, rien n'est plus naturel, aujourd'hui, que de voir des gens travailler du matin au soir et choisir ensuite de perdre aux cartes, au café, et en bavardages, le temps qui leur reste pour vivre. Mais il est des villes ou des pays où les gens ont, de temps en temps, le soupçon d'autre chose. En général, cela ne change pas leur vie. Seulement, il y a eu le soupçon et c'est toujours cela de gagné. Oran, au contraire, est apparemment une ville sans soupçon, c'est-à-dire une ville tout à fauit moderne. Il n'est pas nécessaire, en conséquence, de préciser la façon dont on s'aime chez nous. Les hommes et les femmes, ou bien se dévorent rapidement dans ce qu'on appelle l'acte d'amour, ou bien s'engagent dans une longue habitude à eux. Entre ces deux extrêmes, il n'y a pas souvent de milieu. Cela non plus n'est pas original. A Oran comme ailleurs, faute de temps et de réflexion, on est bien obligé de s'aimer sans le savoir.
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Albert Camus (The Plague)
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So you hook up with strangers?" Liam asked in a hushed whisper as the cashier rang up their order. "Were you with someone last night?" "Yes. His name is Max." She pulled out her phone. "I have a selfie of us together." She held it up for the cashier to see, keeping the screen away from Liam's line of vision. "Oh, he's gorgeous," the cashier said. "He's got the nicest eyes." "Let me see." Liam felt his protective instincts rise. "Who is he? Max who?" "He doesn't have a last name." "Jesus Christ, Daisy," he spluttered. "Does Sanjay know you do this? What about your dad?" "They know all about Max," Daisy said. "In fact, my dad took a picture of us cuddled together in bed the night before he left on his trip, and the cutest one of Max on my pillow. I bought some pajamas but he refused to wear them. He likes to sleep au naturel." Bile rose in Liam's throat. "And your dad took... pictures?" "Photography is his new hobby. He took some great shots when I was giving Max a bath..." "Stop." Liam held up a hand. "Just... I can't. I don't know what's happened to you, but it ends now. We're engaged and that means no more random hookups, no pornographic pictures, and no flashing pictures of strangers in the nude." "Amina doesn't mind. She's my second cousin." Daisy introduced them before turning her phone around. "And this is Max." Liam was a heartbeat away from shutting his eyes when his brain registered the picture of a fluffy white dog on a pink duvet. His tension left him in a rush. "Max is a dog." "He's a Westie. Layla got him for me as an emotional support dog at a bad time in my life." Liam bit back the urge to ask Daisy about a time so bad she'd needed extra love. It was her business, and he could only hope she would tell him when she was ready so he could offer his support. "That wasn't funny." "Amina and I were amused." "I heard you were engaged." Amina's gaze flicked to Liam and she blushed. "He's almost as cute as Max.
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Sara Desai (The Dating Plan (Marriage Game, #2))
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Dans tout mon langage, dans tout mon langage avec toi, il y a eu dès le début ce noyau de silence. Je ne dis pas cela pour me charger ni pour décharger qui que ce soit. L’effort que me coûte d’écrire ces mots me garantit une sorte de paix, au-delà de tout jugement. C’est ainsi, ce noyau de silence était en moi, il faisait partie de moi. Je l’ai, lui aussi, apporté avec tout le reste dans notre histoire et comme je ne pouvais rien contre lui, il y a pris sa place, s’est installé et s’est imposé. Je faisais naturellement semblant de ne pas le voir mais il était là. Je le recouvrais de discours de protection, diversion, il était toujours là, parfois invisible, parfois tacitement oublié, mais toujours là. Il ne trompait personne parmi les intéressés. Il ne te trompait pas, en tout cas malgré tous les efforts pour conclure avec lui et moi à demi-mots, un pacte d’oubli. Au fond de tout tu l’as accepté avec moi, mais tu ne l’as jamais accepté ; tu ne pouvais pas. Tu as fait tout ton possible en ton pouvoir pour le réduire, puis pour l’oublier. Un moment est venu où tu n’as plus pu résister au silence que par le silence, par un second silence sans aucun rapport avec le premier mais un silence. Un silenzio l’unico modo di non tacere.
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Louis Althusser
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[On] a accoutumé les peuples à croire que leur intérêt consistait à ruiner tous leurs voisins ; chaque nation en est venue à jeter un oeil d'envie sur la prospérité de toutes les nations avec lesquelles elle commerce, et à regarder tout ce qu'elles gagnent comme une perte pour elle. Le commerce, qui naturellement devait être, pour les nations comme pour les individus, une lien de concorde et d'amitié, est devenu la source la plus féconde des haines et des querelles. Pendant ce siècle et le précédent, l'ambition capricieuse des rois et des ministres n'a pas été plus fatale au repos de l'Europe, que la sotte jalousie des marchands et des manufacturiers. L'humeur injuste et violente de ceux qui gouvernent les hommes est un mal d'ancienne date, pour lequel j'ai bien peur que la nature des choses humaines ne comporte pas de remède ; mais quant à cet esprit de monopole, à cette rapacité basse et envieuse des marchands et des manufacturiers, qui ne sont, ni les uns ni les autres, chargés de gouverner les hommes, et qui ne sont nullement faits pour en être chargés, s'il n'y a peut-être pas moyen de corriger ce vice, au moins est-il bien facile d'empêcher qu'il ne puisse troubler la tranquillité de personne, si ce n'est de ceux qui en sont possédés.
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Adam Smith (An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations)
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De nos jours, on vante l' "objectivité" d'un homme qui affirme calmement et froidement que deux et deux font cinq, et on accuse de subjectivité ou d'émotivité, l'homme qui réplique avec indignation que cela fait quatre (2) ; on ne veut pas admettre que l'objectivité c'est l'adéquation à l'objet et non le ton ni la mimique ; ni surtout une placidité factice, inhumaine et insolente. On oublie surtout aussi que l'émotion a ses droits dans l'arsenal de la dialectique humaine, et que ceux-ci -puisque ce sont des droits- ne sauraient être contraires à l'objectivité ; même la pensée la plus strictement objective -intellectuelle ou rationnelle- s'accompagne d'une facteur psychique, donc subjectif, à savoir le sentiment de certitude ; sans quoi l'homme ne serait pas homme. Or l'homme est fait « à l'image de Dieu », c'est toute sa raison d'être ; blâmer un trait naturel et foncier de l'homme reviendrait à blâmer non seulement l'intention créatrice », mais la nature même du Créateur. (2)on connaît le dicton populaire : « un tel se fâche, donc il a tort » que l'on applique souvent de travers. En réalité, ce mot se réfère à des gens qui se mettent en colère parce que, dan leur tort, ils sont à court d'arguments ; la colère suppléant alors à la preuve ou au droit.
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Frithjof Schuon (Résumé de métaphysique intégrale)
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Historiquement, il est probable que l'inflexion qui s'est produite à la Renaissance était inévitable. Le Moyen Age en était venu naturellement à l'épuisement, en raison d'une répression intolérable de la nature charnelle de l'homme en faveur de sa nature spirituelle. Mais en s'écartant de l'esprit, l'homme s'empara de tout ce qui est matériel, avec excès et sans mesure. La pensée humaniste, qui s'est proclamée notre guide, n'admettait pas l'existence d'un mal intrinsèque en l'homme, et ne voyait pas de tâche plus noble que d'atteindre le bonheur sur terre. Voilà qui engagea la civilisation occidentale moderne naissante sur la pente dangereuse de l'adoration de l'homme et de ses besoins matériels. Tout ce qui se trouvait au-delà du bien-être physique et de l'accumulation de biens matériels, tous les autres besoins humains, caractéristiques d'une nature subtile et élevée, furent rejetés hors du champ d'intérêt de l'Etat et du système social, comme si la vie n'avait pas un sens plus élevé. De la sorte, des failles furent laissées ouvertes pour que s'y engouffre le mal, et son haleine putride souffle librement aujourd'hui. Plus de liberté en soi ne résout pas le moins du monde l'intégralité des problèmes humains, et même en ajoute un certain nombre de nouveaux
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Aleksandr Solzhenitsyn
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Avec le temps, j'ai simplement aperçu que même ceux qui étaient meilleurs que d'autres ne pouvaient s'empêcher aujourd'hui de tuer ou de laisser tuer parce que c'était dans la logique où ils vivaient, et que nous ne pouvions pas faire un geste en ce monde sans risquer de faire mourir. Oui, j'ai continué d'avoir honte, j'ai appris cela, que nous étions tous dans la peste, et j'ai perdu la paix. Je la cherche encore aujourd'hui, essayant de les comprendre tous et de n'être l'ennemi mortel de personne. Je sais seulement qu'il faut faire ce qu'il faut pour ne plus être un pestiféré et que c'est là ce qui peut, seul, nous faire espérer la paix, ou une bonne mort à son défaut. C'est cela qui peut soulager les hommes et, sinon les sauver, du moins leur faire le moins de mal possible et même parfois un peu de bien. Et c'est pourquoi j'ai décidé de refuser tout ce qui, de près ou de loin, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, fait mourir ou justifie qu'on fasse mourir. « C'est pourquoi encore cette épidémie ne m'apprend rien, sinon qu'il faut la combattre à vos côtés. Je sais de science certaine (oui, Rieux, je sais tout de la vie, vous le voyez bien) que chacun la porte en soi, la peste, parce que personne, non, personne au monde n'en est indemne. Et qu'il faut se surveiller sans arrêt pour ne pas être amené, dans une minute de distraction, à respirer dans la figure d'un autre et à lui coller l'infection. Ce qui est naturel, c'est le microbe. Le reste, la santé, l'intégrité, la pureté, si vous voulez, c'est un effet de la volonté et d'une volonté qui ne doit jamais s'arrêter.
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Albert Camus (The Plague)
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L’homme d’aujourd’hui, on le fait tenir tranquille, selon le milieu, avec la belote ou avec le bridge. Nous sommes étonnamment bien châtrés. Ainsi sommes-nous enfin libres. On nous a coupé les bras et les jambes, puis on nous a laissés libres de marcher. Mais je hais cette époque où l’homme devient, sous un totalitarisme universel, bétail doux, poli et tranquille. On nous fait prendre ça pour un progrès moral ! Ce que je hais dans le marxisme, c’est le totalitarisme à quoi il conduit. L’homme y est défini comme producteur et consommateur, le problème essentiel est celui de distribution. Ainsi dans les fermes modèles. Ce que je hais dans le nazisme, c’est le totalitarisme à quoi il prétend par son essence même. On fait défiler les ouvriers de la Ruhr devant un Van Gogh, un Cézanne et un chromo. Ils votent naturellement pour le chromo. Voilà la vérité du peuple ! On boucle solidement dans un camp de concentration les candidats Cézanne, les candidats Van Gogh, tous les grands non-conformistes, et l’on alimente en chromos un bétail soumis. Mais où vont les États-Unis et où allons-nous, nous aussi, à cette époque de fonctionnariat universel ? L’homme robot, l’homme termite, l’homme oscillant du travail à la chaîne : système Bedeau, à la belote. L’homme châtré de tout son pouvoir créateur et qui ne sait même plus, du fond de son village, créer une danse ni une chanson. L’homme que l’on alimente en culture de confection, en culture standard comme on alimente les bœufs en foin. C’est cela, l’homme d’aujourd’hui. Et moi, je pense que, il n’y a pas trois cents ans, on pouvait écrire La Princesse de Clèves ou s’enfermer dans un couvent pour la vie à cause d’un amour perdu, tant était brûlant l’amour. Lettre au général « X »
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Antoine de Saint-Exupéry
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Le « mythe », comme l’« idole » n’a jamais été qu’un symbole incompris : l’un est dans l’ordre verbal ce que l’autre est dans l’ordre figuratif ; chez les Grecs, la poésie produisit le premier comme l’art produisit la seconde ; mais, chez les peuples à qui, comme les Orientaux, le naturalisme et l’anthropomorphisme sont également étrangers, ni l’un ni l’autre ne pouvaient prendre naissance, et ils ne le purent en effet que dans l’imagination d’Occidentaux qui voulurent se faire les interprètes de ce qu’ils ne comprenaient point. L’interprétation naturaliste renverse proprement les rapports : un phénomène naturel peut, aussi bien que n’importe quoi dans l’ordre sensible, être pris pour symboliser une idée ou un principe, et le symbole n’a de sens et de raison d’être qu’autant qu’il est d’un ordre inférieur à ce qui est symbolisé. De même, c’est sans doute une tendance générale et naturelle à l’homme que d’utiliser la forme humaine dans le symbolisme ; mais cela, qui ne prête pas en soi à plus d’objections que l’emploi d’un schéma géométrique ou de tout autre mode de représentation, ne constitue nullement l’anthropomorphisme, tant que l’homme n’est point dupe de la figuration qu’il a adoptée. En Chine et dans l’Inde, il n’y eut jamais rien d’analogue à ce qui se produisit en Grèce, et les symboles à figure humaine, quoique d’un usage courant, n’y devinrent jamais des « idoles » ; et l’on peut encore noter à ce propos combien le symbolisme s’oppose à la conception occidentale de l’art : rien n’est moins symbolique que l’art grec, et rien ne l’est plus que les arts orientaux ; mais là où l’art n’est en somme qu’un moyen d’expression et comme un véhicule de certaines conceptions intellectuelles, il ne saurait évidemment être regardé comme une fin en soi, ce qui ne peut arriver que chez les peuples à sentimentalité prédominante. C’est à ces mêmes peuples seulement que l’anthropomorphisme est naturel, et il est à remarquer que ce sont ceux chez lesquels, pour la même raison, a pu se constituer le point de vue proprement religieux ; mais, d’ailleurs, la religion s’y est toujours efforcée de réagir contre la tendance anthropomorphique et de la combattre en principe, alors même que sa conception plus ou moins faussée dans l’esprit populaire contribuait parfois au contraire à la développer en fait. Les peuples dits sémitiques, comme les Juifs et les Arabes, sont voisins sous ce rapport des peuples occidentaux : il ne saurait, en effet, y avoir d’autre raison à l’interdiction des symboles à figure humaine, commune au Judaïsme et à l’Islamisme, mais avec cette restriction que, dans ce dernier, elle ne fut jamais appliquée rigoureusement chez les Persans, pour qui l’usage de tels symboles offrait moins de dangers, parce que, plus orientaux que les Arabes, et d’ailleurs d’une tout autre race, ils étaient beaucoup moins portés à l’anthropomorphisme.
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René Guénon (Introduction to the Study of the Hindu Doctrines)
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moi je suis fâché contre notre cercle patriarcal parce qu’il y vient toujours un homme du type le plus insupportable. Vous tous, messieurs, le connaissez très bien. Son nom est Légion. C’est un homme qui a bon coeur, et n’a rien qu’un bon coeur. Comme si c’était une chose rare à notre époque d’avoir bon coeur ; comme si, enfin, on avait besoin d’avoir bon coeur ; cet éternel bon coeur ! L’homme doué d’une si belle qualité a l’air, dans la vie, tout à fait sûr que son bon coeur lui suffira pour être toujours content et heureux. Il est si sûr du succès qu’il néglige tout autre moyen en venant au monde. Par exemple, il ne connaît ni mesure ni retenue. Tout, chez lui, est débordant, à coeur ouvert. Cet homme est enclin à vous aimer soudain, à se lier d’amitié, et il est convaincu qu’aussitôt, réciproquement, tous l’aimeront, par ce seul fait qu’il s’est mis à aimer tout le monde. Son bon coeur n’a même jamais pensé que c’est peu d’aimer chaudement, qu’il faut posséder l’art de se faire aimer, sans quoi tout est perdu, sans quoi la vie n’est pas la vie, ni pour son coeur aimant ni pour le malheureux que, naïvement, il a choisi comme objet de son attachement profond. Si cet homme se procure un ami, aussitôt celui-ci se transforme pour lui en un meuble d’usage, quelque chose comme un crachoir. Tout ce qu’il a dans le coeur, n’importe quelle saleté, comme dit Gogol, tout s’envole de la langue et tombe dans le coeur de l’ami. L’ami est obligé de tout écouter et de compatir à tout. Si ce monsieur est trompé par sa maîtresse, ou s’il perd aux cartes, aussitôt, comme un ours, il fond, sans y être invité, sur l’âme de l’ami et y déverse tous ses soucis. Souvent il ne remarque même pas que l’ami lui-même a des chagrins par-dessus la tête : ou ses enfants sont morts, ou un malheur est arrivé à sa femme, ou il est excédé par ce monsieur au coeur aimant. Enfin on lui fait délicatement sentir que le temps est splendide et qu’il faut en profiter pour une promenade solitaire. Si cet homme aime une femme, il l’offensera mille fois par son caractère avant que son coeur aimant le remarque, avant de remarquer (si toutefois il en est capable) que cette femme s’étiole de son amour, qu’elle est dégoûtée d’être avec lui, qu’il empoisonne toute son existence. Oui, c’est seulement dans l’isolement, dans un coin, et surtout dans un groupe que se forme cette belle oeuvre de la nature, ce « spécimen de notre matière brute », comme disent les Américains, en qui il n’y a pas une goutte d’art, en qui tout est naturel. Un homme pareil oublie – il ne soupçonne même pas –, dans son inconscience totale, que la vie est un art, que vivre c’est faire oeuvre d’art par soi-même ; que ce n’est que dans le lien des intérêts, dans la sympathie pour toute la société et ses exigences directes, et non dans l’indifférence destructrice de la société, non dans l’isolement, que son capital, son trésor, son bon coeur, peut se transformer en un vrai diamant taillé.
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Fyodor Dostoevsky
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Comme l'impôt est obligatoire pour tous, qu'ils votent ou non, une large proportion de ceux qui votent le font sans aucun doute pour éviter que leur propre argent ne soit utilisé contre eux; alors que, en fait, ils se fussent volontiers abstenus de voter, si par là ils avaient pu échapper ne serait-ce qu'à l'impôt, sans parler de toutes les autres usurpations et tyrannies du gouvernement. Prendre le bien d'un homme sans son accord, puis conclure à son consentement parce qu'il tente, en votant, d'empêcher que son bien ne soit utilisé pour lui faire tort, voilà une preuve bien insuffisante de son consentement à soutenir la Constitution. Ce n'est en réalité aucunement une preuve. Puisque tous les hommes qui soutiennent la Constitution en votant (pour autant qu'il existe de tels hommes) le font secrètement (par scrutin secret), et de manière à éviter toute responsabilité personnelle pour l'action de leurs agents ou représentants, on ne saurait dire en droit ou en raison qu'il existe un seul homme qui soutienne la Constitution en votant. Puisque tout vote est secret (par scrutin secret), et puisque tout gouvernement secret est par nécessité une association secrète de voleurs, tyrans et assassins, le fait général que notre gouvernement, dans la pratique, opère par le moyen d'un tel vote prouve seulement qu'il y a parmi nous une association secrète de voleurs, tyrans et assassins, dont le but est de voler, asservir et -- s'il le faut pour accomplir leurs desseins -- assassiner le reste de la population. Le simple fait qu'une telle association existe ne prouve en rien que "le peuple des Etats-Unis", ni aucun individu parmi ce peuple, soutienne volontairement la Constitution. Les partisans visibles de la Constitution, comme les partisans visibles de la plupart des autres gouvernements, se rangent dans trois catégories, à savoir: 1. Les scélérats, classe nombreuse et active; le gouvernement est pour eux un instrument qu'ils utiliseront pour s'agrandir ou s'enrichir; 2. Les dupes -- vaste catégorie, sans nul doute, dont chaque membre, parce qu'on lui attribue une voix sur des millions pour décider ce qu'il peut faire de sa personne et de ses biens, et parce qu'on l'autorise à avoir, pour voler, asservir et assassiner autrui, cette même voix que d'autres ont pour le voler, l'asservir et l'assassiner, est assez sot pour imaginer qu'il est "un homme libre", un "souverain"; assez sot pour imaginer que ce gouvernement est "un gouvernement libre", "un gouvernement de l'égalité des droits", "le meilleur gouvernement qu'il y ait sur terre", et autres absurdités de ce genre; 3. Une catégorie qui a quelque intelligence des vices du gouvernement, mais qui ou bien ne sait comment s'en débarrasser, ou bien ne choisit pas de sacrifier ses intérêts privés au point de se dévouer sérieusement et gravement à la tâche de promouvoir un changement. Le fait est que le gouvernement, comme un bandit de grand chemin, dit à un individu: "La bourse ou la vie." Quantité de taxes, ou même la plupart, sont payées sous la contrainte d'une telle menace.
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Lysander Spooner (Outrage À Chefs D'état ;Suivi De Le Droit Naturel)
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J’ai d’ailleurs un ami qui, ces jours-ci, m’a affirmé que nous ne savons même pas être paresseux. Il prétend que nous paressons lourdement, sans plaisir, ni béatitude, que notre repos est fiévreux, inquiet, mécontent ; qu’en même temps que la paresse, nous gardons notre faculté d’analyse, notre opinion sceptique, une arrière-pensée, et toujours sur les bras une affaire courante, éternelle, sans fin. Il dit encore que nous nous préparons à être paresseux et à nous reposer comme à une affaire dure et sérieuse et que, par exemple, si nous voulons jouir de la nature, nous avons l’air d’avoir marqué sur notre calendrier, encore la semaine dernière, que tel et tel jour, à telle et telle heure, nous jouirons de la nature. Cela me rappelle beaucoup cet Allemand ponctuel qui, en quittant Berlin, nota tranquillement sur son carnet. « En passant à Nuremberg ne pas oublier de me marier. » Il est certain que l’Allemand avait, avant tout, dans sa tête, un système, et il ne sentait pas l’horreur du fait, par reconnaissance pour ce système. Mais il faut bien avouer que dans nos actes à nous, il n’y a même aucun système. Tout se fait ainsi comme par une fatalité orientale. Mon ami a raison en partie. Nous semblons traîner notre fardeau de la vie par force, par devoir, mais nous avons honte d’avouer qu’il est au-dessus de nos forces, et que nous sommes fatigués. Nous avons l’air, en effet, d’aller à la campagne pour nous reposer et jouir de la nature. Regardez avant tout les bagages rien laissé de ce qui est usé, de ce qui a servi l’hiver, au contraire, nous y avons ajouté des choses nouvelles. Nous vivons de souvenirs et l’ancien potin et la vieille affaire passent pour neufs. Autrement c’est ennuyeux ; autrement il faudra jouer au whist avec l’accompagnement du rossignol et à ciel ouvert. D’ailleurs, c’est ce qui se fait. En outre, nous ne sommes pas bâtis pour jouir de la nature ; et, en plus, notre nature, comme si elle connaissait notre caractère, a oublié de se parer au mieux. Pourquoi, par exemple, est-elle si développée chez nous l’habitude très désagréable de toujours contrôler, éplucher nos impressions – souvent sans aucun besoin – et, parfois même, d’évaluer le plaisir futur, qui n’est pas encore réalisé, de le soupeser, d’en être satisfait d’avance en rêve, de se contenter de la fantaisie et, naturellement, après, de n’être bon à rien pour une affaire réelle ? Toujours nous froisserons et déchirerons la fleur pour sentir mieux son parfum, et ensuite nous nous révolterons quand, au lieu de parfum, il ne restera plus qu’une fumée. Et cependant, il est difficile de dire ce que nous deviendrions si nous n’avions pas au moins ces quelques jours dans toute l’année et si nous ne pouvions satisfaire par la diversité des phénomènes de la nature notre soif éternelle, inextinguible de la vie naturelle, solitaire. Et enfin, comment ne pas tomber dans l’impuissance en cherchant éternellement des impressions, comme la rime pour un mauvais vers, en se tourmentant de la soif d’activité extérieure, en s’effrayant enfin, jusqu’à en être malade, de ses propres illusions, de ses propres chimères, de sa propre rêverie et de tous ces moyens auxiliaires par lesquels, en notre temps, on tâche, n’importe comment, de remplir le vide de la vie courante incolore. Et la soif d’activité arrive chez nous jusqu’à l’impatience fébrile. Tous désirent des occupations sérieuses, beaucoup avec un ardent désir de faire du bien, d’être utiles, et, peu à peu, ils commencent déjà à comprendre que le bonheur n’est pas dans la possibilité sociale de ne rien faire, mais dans l’activité infatigable, dans le développement et l’exercice de toutes nos facultés.
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Fyodor Dostoevsky
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Certains penseurs qui ne sont pas tous de droite, soutiennent que, lorsque les inégalités économiques ont pour origine des choix judicieux, le talent naturel, l'effort ou le mérite personnel, elles ne sont pas moralement injustifiées. Ils distinguent les personnes qui sont pauvres parce qu'elles sont victimes de la pure malchance, et celles qui le deviennent en raison de leurs choix de vie défectueux. D'après eux, les secondes devraient, en toute justice, assumer personnellement les conséquences de leurs choix au lieu d'en faire porter le poids sur la «société». Bref, ils glorifient la responsabilité individuelle quand ils s'attaquent aux prétendus «assistés». Cependant, ce sont souvent les mêmes qui, à droite comme à gauche, refusent l'ouverture des frontières et contestent le droit de chacun d'aller s'installer là où les chances d'avoir une vie meilleure sont plus élevées. Ces prises de position restrictives sont en contradiction totale avec les grands principes avancés pour blâmer les «assistés»: glorification de l'esprit d'initiative et du désir de s'en sortir, insistance sur la responsabilité individuelle dans la situation économique.
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Ruwen Ogien (L'État nous rend-il meilleurs ?)
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Et, en effet, une fois qu'on a cessé de confondre l'individualisme avec son contraire, c'est-à-dire avec l'utilitarisme, toutes ces prétendues contradictions s'évanouissent comme par enchantement. Cette religion de l'humanité a tout ce qu'il faut pour parler à ses fidèles sur un ton non moins impératif que les religions qu'elle remplace. Bien loin qu'elle se borne à flatter nos instincts, elle nous assigne un idéal qui dépasse infiniment la nature ; car nous ne sommes pas naturellement cette sage et pure raison qui, dégagée de tout mobile personnel, légiférerait dans l'abstrait sur sa propre conduite. Sans doute, si la dignité de l'individu lui venait de ses caractères individuels, des particularités qui le distinguent d'autrui, on pourrait craindre qu'elle ne l'enfermât dans une sorte d'égoïsme moral qui rendrait impossible toute solidarité. Mais, en réalité, il la reçoit d'une source plus haute et qui lui est commune avec tous les hommes. S'il a droit à ce respect religieux, c'est qu'il a en lui quelque chose de l'humanité. C'est l'humanité qui est respectable et sacrée ; or elle n'est pas toute en lui. Elle est répandue chez tous ses semblables ; par suite, il ne peut la prendre pour fin de sa conduite sans être obligé de sortir de soi-même et de se répandre au-dehors. Le culte dont il est, à la fois, et l'objet et l'agent, ne s'adresse pas à l'être particulier qu'il est et qui porte son nom, mais à la personne humaine, où qu'elle se rencontre, sous quelque forme qu'elle s'incarne. Impersonnelle et anonyme, une telle fin plane donc bien au-dessus de toutes les consciences particulières et peut ainsi leur servir de centre de ralliement. Le fait qu'elle ne nous est pas étrangère (par cela seul qu'elle est humaine) n'empêche pas qu'elle ne nous domine. Or, tout ce qu'il faut aux sociétés pour être cohérentes, c'est que leurs membres aient les yeux fixés sur un même but, se rencontrent dans une même foi, mais il n'est nullement nécessaire que l'objet de cette foi commune ne se rattache par aucun lien aux natures individuelles. En définitive, l'individualisme ainsi entendu, c'est la glorification, non du moi, mais de l'individu en général. Il a pour ressort, non l'égoïsme, mais la sympathie pour tout ce qui est homme, une pitié plus large pour toutes les douleurs, pour toutes les misères humaines, un plus ardent besoin de les combattre et de les adoucir, une plus grande soif de justice. N'y a-t-il pas là de quoi faire communier toutes les bonnes volontés. Sans doute, il peut arriver que l'individualisme soit pratiqué dans un tout autre esprit. Certains l'utilisent pour leurs fins personnelles, l'emploient comme un moyen pour couvrir leur égoïsme et se dérober plus aisément à leurs devoirs envers la société. Mais cette exploitation abusive de l'individualisme ne prouve rien contre lui, de même que les mensonges utilitaires de l'hypocrisie religieuse ne prouvent rien contre la religion.
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Émile Durkheim (L'individualisme et les intellectuels)
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La guerre, c'est la discipline. La sujétion maximale. L'esclavage. C'est l'une des situations où l'homme est le plus soumis à l'homme et a le moins d'issues pour y échapper. Il est empoigné. Réquisitionné. Ballotté par des ordres mécaniques. Objet d'un sadisme sans réplique. Exposé à l'humiliation ou au feu. Numéroté. Broyé. Astreint à la corvée. Pris dans des mouvements collectifs très lents, trè...s obscurs, parfaitement indéchiffrables, qui, au plus naturellement rebelle, ne laissent d'autre choix que de se plier. La guerre c'est la circonstance, par excellence, où joue ce pouvoir de laisser vivre et de faire mourir qui est, selon les bons philosophes, le propre du pouvoir absolu. L'homme de guerre c'est le dernier des hommes, c'est-à-dire l'esclave absolu. (Réflexions sur la Guerre, le Mal et la fin de l'Histoire)
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Bernard-Henri LĂ©vy
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Je crois beaucoup à l’équilibre. Il y a des périodes où le design doit prendre le dessus, et le business doit lui laisser la place. À d’autres moments, ce doit être le contraire. Comme sur une table de mixage il faut toujours chercher le juste équilibre entre le son et la balance. C’est sans fin. Tout au long d’une chanson, ça va évoluer de nombreuses fois, et c’est ce que je ressens dans les différents rôles que j’assume. Je suis un chorégraphe qui essaie d’atteindre ce mélange parfait. J’adore ça. J’aime pousser sur ce bouton, éteindre provisoirement celui-là. Pour nous, c’est très naturel.
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Anonymous
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My wife also contributed to my poison ivy education. She taught me women have an aversion to 'red, bumpy men' and are not the least bit aroused by any part of the male anatomy which happens to be infected. However, this was not a problem. My infestation was so severe, the act of scratching produced orgasmic waves of delight that made me consider scheduling weekly au naturel pilgrimages through lush, rolling fields of the devil vine.
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Michael Gurnow (Nature's Housekeeper)
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Lisez tous les livres écrits en Angleterre sur le paupérisme; étudiez les enquêtes ordonnées par le Parlement britannique; parcourez les discussions qui ont eu lieu à la Chambre des lords et à celle des communes sur cette difficile question; une seule plainte retentira à vos oreilles: on déplore l'état de dégradation où sont tombées les classes inférieures de ce grand peuple! Le nombre des enfants naturels augmente sans cesse, celui des criminels s'accroît rapidement; la population indigente se développe outre mesure; l'esprit de prévoyance et d'épargne se montre de plus en plus étranger au pauvre; tandis que dans le reste de la nation les lumières se répandent, les moeurs s'adoucissent, les goûts deviennent plus délicats, les habitudes plus polies, --lui reste immobile, ou plutôt il rétrograde; on dirait qu'il recule vers la barbarie, et, placé au milieu de ces merveilles de la civilisation, il semble se rapprocher par ses idées et par ses penchants de l'homme sauvage.
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Alexis de Tocqueville (Sur le paupérisme)
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L'occupation principale d'un malade mental consiste à fuir. Il veut, doit, constamment partir. À cet effet, il y a, dans le jardin du home Lumière d'Hiver, un arrêt de bus. Tout à fait fictif naturellement. Je veux dire: jamais un bus ne s'arrêtera ou ne démarrera dans ce jardin. Mais il s'agit d'un arrêt de bus parfaitement imité, avec un abri et un banc, des horaires clairement affichés, et diverses "informations aux voyageurs" auxquelles pas un seul patient ne s'intéresse, mais qui rendent tout particulièrement crédible: "Travaux rue Haute, veuillez tenir compte de probable retards. Nous vous remercions pour votre compréhension." On a même construit un petit morceau de route, six ou sept mètres au total, coulé dans ce bel asphalte lisse que le cycliste aime sentir sous ses roues, avec une plaque indiquant une ville qui n'existe pas et où doit se rendre le bus. Ligne 77. ("Comment ma femme m'a rendu fou", p.62)
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Dimitri Verhulst (De laatkomer)
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[...] Dans cette question des limites de fait ou de droit du sentiment patriotique, il convient de rappeler tout d’abord qu’il y a patrie et patrie : il y a celle de la terre et celle du Ciel ; la seconde est prototype et mesure de la première, elle lui donne son sens et sa légitimité. C’est ainsi que dans l’enseignement évangélique l’amour de Dieu prime, et peut par conséquent contredire, l’amour des proches parents, sans qu’il y ait là aucune offense à la charité ; la créature doit d’ailleurs être aimée « en Dieu », c’est à dire que l’amour ne lui appartient jamais en entier. Le Christ ne s’est soucié que de la Patrie céleste, qui « n’est pas de ce monde » ; c’est suffisant, non pour renier le fait naturel d’une patrie terrestre, mais pour s’abstenir de tout culte abusif – et avant tout illogique – du pays d’origine. Si le Christ a désavoué les attachements temporels, il n’en a pas moins admis les droits de la nature, dans le domaine qui est le leur, droits éminemment relatifs qu’il ne s’agit pas d’ériger en idoles ; c’est ce que saint Augustin a magistralement traité, sous un certain rapport tout au moins, dans Civitas Dei. Le patriotisme normal est à la fois déterminé et limité par les valeurs éternelles ; « il ne s’enfle point » et ne pervertit pas l’esprit ; il n’est pas, comme le chauvinisme, l’oubli officiel de l’humilité et de la charité en même temps que l’anesthésie de toute une partie de l’intelligence ; restant dans ses limites, il est capable de susciter les plus belles vertus, sans être un parasite de la religion. Il faut se garder des interprétations abusives du passé historique ; l’œuvre de Jeanne d’Arc n’a rien à voir avec le nationalisme moderne, d’autant que la sainte à suivi l’impulsion, non point d’un nationalisme naturel – ce qui eût été légitime – mais celle d’une volonté céleste, qui voyait loin. La France fut pendant des siècles le pivot du Catholicisme ; une France anglaise eût signifié en fin de compte une Europe protestante et la fin de l’Eglise catholique ; c’est ce que voulurent prévenir les « voix ». L’absence de toute passion, chez Jeanne, ses paroles sereines à l’égard des Anglais, corroborent pleinement ce que nous venons de dire et devrait suffire pour mettre la sainte à l’abri de toute imposture rétrospective (1).[...] 1 – De même, l’étendard de Jeanne fut tout autre chose qu’un drapeau révolutionnaire unissant, dans un même culte profane, croyants et incroyants. ["Usurpations du sentiment religieux", Études Traditionnelles, décembre 1965.]
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Frithjof Schuon (The Transfiguration of Man)
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Le gingembre est très intéressant pour apaiser les troubles digestifs, les spasmes, les coliques, les gaz intestinaux, les ballonnements, ainsi que pour compenser la perte d’appétit. Il possède des propriétés cholagogues (il augmente les sécrétions de la vésicule biliaire et facilite l’évacuation de la bile) et protectrices pour le foie. Il est très efficace pour réduire les nausées et les vomissements fréquents chez les femmes enceintes ou faisant suite à une intervention chirurgicale. On l’utilise aussi pour apaiser les symptômes liés au mal des transports et on le teste pour accompagner les personnes en chimiothérapie. Un antidouleur naturel Paradoxe de la nature, le gingembre à la saveur puissante, piquante, voire brûlante, développe en réalité des effets anti-inflammatoires, en inhibant les substances à l’origine des états d’inflammation. Il est donc conseillé pour soulager les douleurs avec une composante inflammatoire, en particulier menstruelles, musculaires (conséquence d’une lésion, d’un choc ou simplement d’une activité physique intense ou inhabituelle) ou encore arthritiques. En Asie, on fait infuser le gingembre pour réaliser un
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Nathalie Cousin (Les Super Aliments - Pour être au top et booster sa santé (Santé / Bien-être (hors collection)))
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Catherine Graciet se consacre alors à l’écriture d’articles pour diverses revues. Elle collabore avec l’avocat William Bourdon, qui dirige l’association Sherpa, dans des recherches documentaires sur le dossier dit des « biens mal acquis » de dictateurs africains. En mars 2012, elle cosigne avec Eric Laurent Le Roi prédateur, une habile compilation d’enquêtes pour la plupart parues dans Le Journal Hebdomadaire. Malgré les erreurs factuelles qui émaillent le brulôt, le succès est immédiat. Contre l’avis de Nicolas Beau, Graciet y fait cette fois-ci mention du rapport Kroll. Tout ce qu’elle croit en savoir y est couché. « Sa portée y est manifestement exagérée », reconnaît Beau. Lorsque Graciet et Laurent concluent un nouveau contrat en décembre 2014 avec Le Seuil, ils présentent leur projet Histoires de famille comme une suite au Roi prédateur. L’éditeur y voit naturellement une opportunité de publier un second best-seller. Selon la presse française, un à-valoir de 21 000 euros est versé à chacun d’entre eux. Pourtant, les auteurs savent pertinemment à la signature de ce second contrat que le rapport Kroll n’est pas aussi juteux qu’ils le prétendront lors de leurs échanges avec l’avocat du roi. « Ils ont fait monter la sauce », observe un journaliste français proche des protagonistes. De décembre 2014 à juillet 2015, Graciet et Laurent cherchent « un moyen de transformer le projet de livre en une rente », estime-t-il. Son explication est simple : « Ils savent qu’en octobre 2015, ils doivent remettre un manuscrit au Seuil, qui en a programmé la sortie début 2016. A défaut, ils doivent rembourser les à-valoir déjà perçus ». [Les fausses pépites du livre de Laurent et Graciet] - Ledesk
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Ali Amar
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À ce propos, nous ajouterons encore une remarque concernant certaines descriptions d’êtres étranges qui se rencontrent dans ces récits : comme ces descriptions datent naturellement tout au plus de l’antiquité « classique », dans laquelle il s’était déjà produit une incontestable dégénérescence au point de vue traditionnel, il est fort possible qu’il s’y soit introduit des confusions de plus d’une sorte ; ainsi, une partie de ces descriptions peut en réalité provenir des « survivances » d’un symbolisme qui n’était plus compris [L’Histoire Naturelle de Pline, notamment, semble être une « source » presque inépuisable d’exemples se rapportant à des cas de ce genre, et c’est d’ailleurs une source à laquelle tous ceux qui sont venus après lui ont puisé fort abondamment.]
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René Guénon (The Reign of Quantity & the Signs of the Times)
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À l’époque primordiale, l’homme était, en lui-même, parfaitement équilibré quant au complémentarisme du yin et du yang ; d’autre part, il était yin ou passif par rapport au Principe seul, et yang ou actif par rapport au Cosmos ou à l’ensemble des choses manifestées ; il se tournait donc naturellement vers le Nord, qui est yin, comme vers son propre complémentaire. Au contraire, l’homme des époques ultérieures, par suite de la dégénérescence spirituelle qui correspond à la marche descendante du cycle, est devenu yin par rapport au Cosmos ; il doit donc se tourner vers le Sud, qui est yang, pour en recevoir les influences du principe complémentaire de celui qui est devenu prédominant en lui, et pour rétablir, dans la mesure du possible, l’équilibre entre le yin et le yang. La première de ces deux orientations peut être dite « polaire », tandis que la seconde est proprement « solaire » : dans le premier cas, l’homme, regardant l’Étoile polaire ou le « faîte du Ciel », a l’Est à sa droite et l’Ouest à sa gauche ; dans le second cas, regardant le Soleil au méridien, il a au contraire l’Est à sa gauche et l’Ouest à sa droite ; et ceci donne l’explication d’une particularité qui, dans la tradition extrême-orientale, peut paraître assez étrange à ceux qui n’en connaissent pas la raison
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René Guénon (La Grande Triade)
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L'idée commune que les bonnes habitudes qui ne nous ont pas été inculquées de force dans notre prime enfance ne peuvent se développer en nous plus tard dans la vie est une idée avec laquelle nous avons été élevés et que nous acceptons aveuglément, tout simplement parce qu'elle n'a jamais été contestée. Pour ma part, je la renie. La liberté est nécessaire à l'enfant parce que seule la liberté peut lui permettre de grandir naturellement -- de la bonne façon. Je vois les résultats de l'asservissement dans mes nouveaux élèves en provenance d'écoles secondaires de toutes sortes. Ils ne sont qu'un tas d'hypocrites, avec une fausse politesse et des manières affectées. Leur réaction devant la liberté est rapide et exaspérante. Pendant les deux premières semaines ils tiennent les portes pour laisser passer leurs professeurs, ils m'appellent "Monsieur" et se lavent soigneusement. Ils regardent dans ma direction avec respect, ce que je reconnais facilement comme de la crainte. Après quelques semaines de liberté, ils montrent leur vrai visage. Ils deviennent impudents, sans manières, crasseux. Ils font toutes les choses qui leur ont été défendues dans le passé : ils jurent, ils fument, ils cassent des objets. Et pendant tout ce temps ils ont une expression polie et fausse dans les yeux et dans la voix. Il leur faut dix mois pour perdre leur hypocrisie. Après cela ils perdent leur déférence envers ce qu'ils regardaient auparavant comme l'autorité. Au bout de dix mois environ, ce sont des enfants naturels et sains qui disent ce qu'ils pensent, sans rougir, ni haïr. Quand un enfant grandit librement dès son jeune âge, il n'a pas besoin de traverser ce stade de mensonge et de comédie. La chose la plus frappante à Summerhill, c'est la sincérité de ses élèves. La question de sincérité dans la vie et vis-à-vis de la vie est primordiale. C'est ce qu'il y a de plus primordial au monde. Chacun réalise la valeur de la sincérité de la part de nos politiciens (tel est l'optimisme du monde), de nos juges, de nos magistrats, de nos professeurs, de nos médecins. Cependant, nous éduquons nos enfants de telle façon qu'ils n'osent être sincères. (p. 154-155)
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A.S. Neill (Summerhill: A Radical Approach to Child Rearing)
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Le sage parfait, selon la doctrine taoïste, est celui qui est parvenu au point central et qui y demeure en union indissoluble avec le Principe, participant de son immutabilité et imitant son « activité non-agissante » : « Celui qui est arrivé au maximum du vide, dit Lao-tseu, celui-là sera fixé solidement dans le repos… Retourner à sa racine (c’est-à-dire au Principe, à la fois origine première et fin dernière de tous les êtres) (4), c’est entrer dans l’état de repos » (5). Le « vide » dont il s’agit ici, c’est le détachement complet à l’égard de toutes les choses manifestées, transitoires et contingentes, détachement par lequel l’être échappe aux vicissitudes du « courant des formes », à l’alternance des états de « vie » et de « mort », de « condensation » et de « dissipation » (Aristote, dans un sens semblable, dit « génération » et « corruption »), passant de la circonférence de la « roue cosmique » à son centre, qui est désigné lui-même comme « le vide (le non-manifesté) qui unit les rayons et en fait une roue » (6). « La paix dans le vide, dit Lie-tseu, est un état indéfinissable ; on ne la prend ni ne la donne; on arrive à s’y établir » (7). « À celui qui demeure dans le non-manifesté, tous les êtres se manifestent… Uni au Principe, il est en harmonie, par lui, avec tous les êtres. Uni au Principe, il connaît tout par les raisons générales supérieures, et n’use plus, par suite, de ses divers sens, pour connaître en particulier et en détail. La vraie raison des choses est invisible, insaisissable, indéfinissable, indéterminable. Seul l’esprit rétabli dans l’état de simplicité parfaite, peut l’atteindre dans la contemplation profonde » (8). On voit ici la différence qui sépare la connaissance transcendante du sage du savoir ordinaire ou « profane » ; et la dernière phrase doit tout naturellement rappeler cette parole de l’Évangile : « Quiconque ne recevra point le Royaume de Dieu comme un enfant, n’y entrera point » (9). Du reste, les allusions à cette « simplicité », regardée comme caractéristique de l’« état primordial », ne sont pas rares dans le Taoïsme ; et de même, dans les doctrines hindoues, l’état d’« enfance » (en sanscrit bâlya), entendu au sens spirituel, est considéré comme une condition préalable pour l’acquisition de la connaissance par excellence. [Le Centre du Monde dans les doctrines extrême-orientales. - Regnabit, mai 1927]
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René Guénon
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L'un des défis majeurs consiste à créer un processus transparent, assisté par ordinateur, qui permette d'identifier et de traduire des énoncés du langue naturel riches en biochimie et en bio-physique, mais ambigus, en graphiques Kappa simples. Russ Harmer l'a ainsi résumé: fusionner la représentation des connaissances et la modélisation de telle sorte que les modèles puissent devenir des vecteurs pour stocker, suivre, communiquer et analyser les connaissances biologiques. Cela présente d'énormes difficultés qui engageront l'informatique et l'intelligence artificielle. Ce défi est loin d'avoir été relevé. Pour l'instant, les hommes fusionnent dans leur tête la représentation et la modélisation des connaissances, ce qui n'est ni mesurable ni facile à partager.
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Walter Fontana (Du calcul au vivant : le défi d'une science de l'organisation)
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John D. (The Au Naturel Girls)
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À l’âge de l’enseignement primaire et secondaire, il existait une plate-forme égalitaire assez évidente en matière d’éducation : il fallait conduire la totalité d’une classe d’âge à la fin de l’école primaire, puis à la fin du secondaire, avec pour objectif que chaque enfant accède approximativement aux mêmes savoirs fondamentaux. Avec l’enseignement tertiaire, les choses sont devenues beaucoup plus compliquées. Outre qu’il paraît peu réaliste de conduire la totalité d’une classe d’âge au niveau du doctorat, tout du moins dans un avenir proche, le fait est qu’il existe naturellement une diversité considérable de filières et de voies au niveau de l’enseignement supérieur. Cette diversité reflète pour partie la légitime multiplicité des savoirs et des aspirations individuelles, mais elle tend également à s’ordonner de façon hiérarchique, et à conditionner fortement les hiérarchies sociales et professionnelles futures. Autrement dit, l’entrée dans l’âge de la tertiarisation de masse pose un défi politique et idéologique d’une nature nouvelle. Il devient inévitable d’accepter une forme durable d’inégalité éducative, en particulier entre des personnes poursuivant des études supérieures plus ou moins longues. Cela n’empêche évidemment pas de concevoir de nouvelles formes de justice dans la répartition des ressources et dans les règles d’accès aux différentes filières. Mais cela devient une tâche plus complexe que l’affirmation d’un principe d’égalité absolue face au primaire et au secondaire.
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Thomas Piketty (Capital and Ideology)
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Plutôt que de favoriser des lectures déterministes, il est plus intéressant aujourd'hui de voir dans ces événements un carrefour d'idées et de bifurcations possibles. L'historiographie de la Révolution est malheureusement restée clivée pendant la guerre froide entre les approches marxiste (reposant sur le postulat que la révolution de 1917 était le prolongement naturel de 1793-1794, ce qui est très discutable) et antimarxiste (partant du principe que tout projet ambitieux de redistribution sociale aboutit nécessairement à la Terreur et au soviétisme, ce qui est tout aussi discutable). Cette instrumentalisation souvent caricaturale de la Révolution française au sein des combats du XXe siècle contribue sans doute à expliquer pourquoi des approaches politico-idéologiques plus fines comme celles de R. Blaufarb sur la redéfinition du régime de propriété ont tardé à se développer.
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Thomas Piketty (Capital and Ideology)
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Adam hesitated and she kissed him again, allowing his hands to wander over her flanks and her smooth rear. She reached around to touch his arse, pulling him towards her and then slipped her hand between them to stroke his cock. He sighed, and she broke the kiss, looking into his eyes with a smile.
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John D. (The Au Naturel Girls)
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Ils chantent les chansons entendues partout, et dont beaucoup de voyageurs étrangers fredonnent les refrains, en écoutant, debout sur le pont, ils chantent, naturellement, Santa Lucia, Addio, mia bella Napoli, Margherita, mais c'est l'Italie qui nous salue ainsi à notre départ, avec sa musique toute spirituelle, dont on ne sait pas au juste si c'est de la joie contenue ou des larmes prêtes à couler. Minuit sonne à Saint-Marc ; c'est le seul bruit que Venise nous envoie. Les habituels préparatifs de la mise en marche s'accomplissent sans trop de grincement. Un petit torpilleur, avec trois lanternes aux couleurs italiennes, s'est placé derrière la Vénus et, au départ, il nous escorte rasant le bord extrême d'écume blanche que fait l'hélice en mouvement. En mer. Une heure du matin. Je monte sur le pont désert. Les vers de Laforgue Ah! que la nuit est lointainement pleine De silencieuse infinité claire ... Viennent naturellement à l'esprit : la pleine lune, dans le ciel pur, confond la mer et le ciel en une même teinte grise, transparente et délicate. On ne voit plus rien de la côte, qu'un phare lointain, sur la gauche. Le petit torpilleur avec ses lumières verte, blanche et rouge, ne nous suit plus. Le navire est tout seul dans la vaste clarté lunaire.
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Valery Larbaud (Journal)
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La recherche fondamentale a pour principal objectif la compréhension des phénomènes naturels, la mise en place de théories ou de modèles explicatifs. Elle s'intéresse, par exemple, à la façon dont les atomes s'organisent pour former des molécules ou dont les virus trouvent la 'clé' des cellules pour les envahir. De son côté, la recherche appliquée se concentre sur la mise au point de nouveaux objets (logiciels, vaccins, médicaments ...) our sur l'amélioration de techniques existantes, comme la téléphonie mobile. [...] C'est pratiquement toujours la recherche fondamentale qui est à l'origine des découvertes réellement innovantes ou des sauts qualitatifs dans les performances techniques. [...] L'industrie consacre un budget significatif à la recherche appliquée, plus rapidement productive, alors que des organismes publics, comme le CNRS our l'Université prennent en charge l'essentiel de la recherche fondamentale. Dans un contexte économique difficile, la tentation est grande de réduire les moyens attribués á cette dernière. Mais, si les conséquences d'une telle réduction peuvent tout d'abord passer inaperçues, elles seraient à coup sûr catastrophiques à long terme. Sacrifier la recherche fondamentale constituerait un véritable suicide, intellectuel et économique.
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Bimbot et Martelly
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Avec un naturel éprouvé, elle passa en quelques instants de l'émotion à la reconnaissance, de la reconnaissance à la tendresse, de la tendresse au désir.
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Jean-Christophe Rufin (Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla)
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Rhinocéros , Eugène Ionesco Le Vieux Monsieur et le Logicien vont s’asseoir à l’une des tables de la terrasse, un peu à droite et derrière Jean et Bérenger. Bérenger, à Jean : Vous avez de la force. Jean : Oui, j’ai de la force, j’ai de la force pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai de la force parce que j’ai de la force, ensuite j’ai de la force parce que j’ai de la force morale. J’ai aussi de la force parce que je ne suis pas alcoolisé. Je ne veux pas vous vexer, mon cher ami, mais je dois vous dire que c’est l’alcool qui pèse en réalité. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Voici donc un syllogisme exemplaire. Le chat a quatre pattes. Isidore et Fricot ont chacun quatre pattes. Donc Isidore et Fricot sont chats. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Mon chien aussi a quatre pattes. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Alors c’est un chat. Bérenger, à Jean : Moi, j’ai à peine la force de vivre. Je n’en ai plus envie peut-être. Le Vieux Monsieur, au Logicien après avoir longuement réfléchi : Donc logiquement mon chien serait un chat. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Logiquement, oui. Mais le contraire est aussi vrai. Bérenger, à Jean : La solitude me pèse. La société aussi. Jean, à Bérenger : Vous vous contredisez. Est-ce la solitude qui pèse, ou est-ce la multitude ? Vous vous prenez pour un penseur et vous n’avez aucune logique. Le Vieux Monsieur, au Logicien : C’est très beau la logique. Le Logicien, au Vieux Monsieur : A condition de ne pas en abuser. Bérenger, à Jean : C’est une chose anormale de vivre. Jean : Au contraire. Rien de plus naturel. La preuve : tout le monde vit. Bérenger : Les morts sont plus nombreux que les vivants. Leur nombre augmente. Les vivants sont rares. Jean : Les morts, ca n’existe pas, c’est le cas de le dire !… Ah ! ah !… (Gros rire) Ceux-là aussi vous pèsent ? Comment peuvent peser des choses qui n’existent pas ? Bérenger: Je me demande moi-même si j’existe ! Jean, à Bérenger : Vous n’existez pas, mon cher, parce que vous ne pensez pas ! Pensez, et vous serez. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Autre syllogisme : tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat. Le Vieux Monsieur : Et il a quatre pattes. C’est vrai, j’ai un chat qui s’appelle Socrate. Le Logicien : Vous voyez… Jean, à Bérenger : Vous êtes un farceur, dans le fond. Un menteur. Vous dites que la vie ne vous intéresse pas. Quelqu’un, cependant, vous intéresse ! Bérenger : Qui ? Jean : Votre petite camarade de bureau, qui vient de passer. Vous en êtes amoureux ! Le Vieux Monsieur, au Logicien : Socrate était donc un chat ! Le Logicien : La logique vient de nous le révéler. Jean : Vous ne vouliez pas qu’elle vous voie dans le triste état où vous vous trouviez. Cela prouve que tout ne vous est pas indifférent. Mais comment voulez-vous que Daisy soit séduite par un ivrogne ? Le Logicien : Revenons à nos chats. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Je vous écoute. Bérenger, à Jean : De toute façon, je crois qu’elle a déjà quelqu’un en vue. Jean, à Bérenger : Qui donc ? Bérenger, à Jean : Dudard. Un collègue du bureau : licencié en droit, juriste, grand avenir dans la maison, de l’avenir dans le cœur de Daisy, je ne peux pas rivaliser avec lui. Le Logicien, au Vieux Monsieur : Le chat Isidore a quatre pattes. Le Vieux Monsieur : Comment le savez-vous ? Le Logicien : C’est donné par hypothèse. Bérenger, à Jean : Il est bien vu par le chef. Moi, je n’ai pas d’avenir, pas fait d’études, je n’ai aucune chance. Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ah ! par hypothèse ! Jean, à Bérenger : Et vous renoncez, comme cela… Bérenger, à Jean : Que pourrais-je faire ? Le Logicien, au Vieux Monsieur : Fricot aussi a quatre pattes. Combien de pattes auront Fricot et Isidore ? Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ensemble ou séparément ? Jean, à Bérenger : La vie est une lutte, c’est lâche de ne pas combattre !
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Eugène Ionesco (Rhinocéros)
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Tandis qu'en 1960 l'indice de fécondité mondiale s'élevait à 4 enfants en moyenne par femme, il ne dépasse guère 2,5 enfants aujourd'hui. Au vu des projections des Nations unies, il devrait encore glisser vers 2,25 enfants par femme en 2050 avant d'atteindre le seuil de renouvellement des générations - 2,1 enfants par femme - en 2070. Cependant, cette baisse de la fécondité étant assortie d'une chute de la mortalité, l'essor de la population mondiale se poursuit. Autrement dit, en dépit d'une baisse du taux de croissance annuel moyen de 2 % en 1970 à moins de 1,2 % en 2015, la population mondiale va continuer de connaître un excédent naturel pour le siècle à venir. Ce qui signifie aussi que, désormais, la croissance de la population mondiale renvoie moins à la natalité qu'à l'allongement de l'espérance de vie et au phénomène d'inertie propre aux évolutions démographiques. C'est aussi ce que traduit le vieillissement de l'humanité. (p. 35)
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Virginie Raisson (2038: The World's Futures)
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Évidemment il ne faut pas faire cuire les fruits et les légumes que l’on peut consommer frais. Il faut les consommer le plus naturellement, au plus près de la récolte. Il est donc logique de choisir fruits et légumes frais, bio et de proximité, sans oublier que l’agriculteur est le premier acteur de notre santé, l’ami n° 1 de notre santé. C’est pourquoi, autant que faire se peut, il faut choisir de collaborer avec lui, loin des super, hypermarchés qui, certes, cassent les prix, mais saignent les petits producteurs qu’il faut donc soutenir.
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Henri Joyeux (Changez d'alimentation (Pratique) (French Edition))
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Si vous avez des tentations de lassitude, cela prouve que vous mettez trop d’effort psychique dans la pratique spirituelle, ce qui fatigue l’âme ; il faut invoquer d’une manière plus impersonnelle et plus détachée, et ne pas trop s’engager dans l’individualisme propre à la mystique volontariste ; il faut avoir le sens de la quiétude. Nos sentiments ne sont rien, la persévérance est tout. Mais d’un autre côté, les hauts et les bas sont naturels à l’âme ; tout ce qui se situe dans la durée traverse des phases ; tout mouvement continu comporte des rythmes. De même, les tentations et les réactions sont naturelles à l’âme ; il ne faut pas s’en étonner mais se confier au Ciel et demander son aide.
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Frithjof Schuon (Vers l'Essentiel. Lettres d'un Maître spirituel)
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Dans tous les livres prophétiques, les Philistins sont présentés comme les ennemis naturels d’Israël. Lorsque David s’attaquera au géant Goliath, c’est bien dans le contexte de la guerre entre les deux peuples qu’il intervient. Et ainsi tout au long de l’Ancien Testament. Il est étonnant de constater que le nom Philistin (en hébreu les consonnes seulement s’écrivent, ce qui donne : PLSTN) donne aujourd’hui Palestine (les mêmes consonnes).
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Eric Denimal (La Bible pour les Nuls (French Edition))
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Avec quelque spontanéité que nous obéissions à la voix qui nous dicte cette abnégation, nous sentons bien qu'elle nous parle sur un ton impératif qui n'est pas celui de l'instinct. C'est pourquoi, quoiqu'elle se fasse entendre à l'intérieur de nos consciences, nous ne pouvons sans contradiction la regarder comme nôtre. Mais nous l'aliénons, comme nous faisons pour nos sensations; nous la projetons au dehors, nous la rapportons à un être que nous concevons comme extérieur et supérieur à nous, puisqu'il nous commande et que nous nous conformons à ses injonctions. Naturellement, tout ce qui nous paraît venir de la même origine participe au même caractère. C'est ainsi que nous avons été nécessités à imaginer un monde au-dessus de celui-ci et à le peupler de réalités d'une autre nature.
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Émile Durkheim (Le Suicide)
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La monnaie est souvent mythifiée, conçue comme magique et obscure. Son ambivalence fondamentale favorise l'émergence dans les esprits du sentiment d'un mystère : le dieu monnaie est, par ses modes de création et de gestion, à la fois public et privé. Banques commerciales et banques centrales contribuent à son apparition, à son mouvement, à sa destruction. Face à cette ambivalence qui ne peut être éliminée, parce qu'elle exprime dans ce domaine technique la nécessaire dualité individu-collectivité, la théorie politique classique, libérale ou autoritaire, ne peut proposer que des représentations partielles. Le libéralisme anglo-saxon n'arrivera jamais à masquer complètement l'action de l'État, définisseur et garant des règles, acteur majeur de la gestion monétaire au jour le jour. Il ne peut que tenter d'oublier l'expérience innommable d'un dollar échappant entre 1980 et 1985 à toute pesanteur économique par la grâce de l'État. Il est frappé de cécité devant une évidence majeure : les marchés financiers, lieu d'agitation des libres individus, n'en finissent pas de spéculer sur les obligations d'État, dont la rentabilité est assurée par l'existence de l'impôt, c'est-à-dire la capacité d'un État à extraire de sa société la richesse par un mécanisme non marchand de contrainte. La théorie allemande de la monnaie ne pourra quant à elle jamais imposer la réalité d'une monnaie fixant a priori un ordre social et échappant complètement aux acteurs décentralisés de la vie économique. Les banques créent de la monnaie par le crédit. Reste qu'au-delà de cette ambivalence, indépassable, chacune des deux traditions idéologiques, libérale ou autoritaire, adore l'un des deux visages du Janus monétaire. Au moment même où les États-Unis définissaient une conception pragmatique monétaire, selon laquelle un équilibre des pouvoirs doit assurer l'émergence d'une monnaie accompagnant les évolutions et rythmes naturels de la société, l'Europe occidentale accouchait, par étapes, d'une conception radicalement opposée, dominatrice, castratrice, de plus en plus souvent désignée dans le monde anglo-saxon, par l'expression sado-monétarisme. L'euro doit réformer la société, mieux, créer un nouveau monde européen. Chacune des sociétés réellement existantes, chaque nation, doit s'adapter, transfomer ses structures et ses rythmes naturels en fonction d'impératifs monétaires décidées d'en-haut, a priori. Tel est le sens idéologique des critères rigides de Maastricht et des punitions de Dublin qui fixent des règles monétaires et budgétaires auxquelles les individus devront se soumettre dans l'éternité. Cette monnaie autoritaire est le reflet d'un autre système de culture, fondé par d'autres structures anthropologiques. La conception anglo-saxonne de la monnaie reflète les valeurs libérales de la famille nucléaire absolue ; la conception autoritaire du continent européen les valeurs autoritaires de la famille souche. Face à la monnaie, l'individu est comme face à toute institution, libre ou soumis. L'émergence de conceptions opposées de la monnaie n'est que le dernier avatar d'une opposition pluriséculaire entre libéralisme anglo-saxon et autoritarisme continental. Mais comment la France, lieu de naissance de l'une des deux grandes traditions libérales, décontractée dans sa gestion monétaire jusqu'au début des années 80, a-t-elle bien pu changer de camp, abandonner l'individualisme du monde atlantique pour suivre les disciplines de l'Europe centrale ?
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Emmanuel Todd (L'illusion économique. Essai sur la stagnation des sociétés développées)
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Dans une société où le type de l'homme viril – quand il ne s'identifie pas à la larve blafarde appelée « intellectuel » ou « professeur », au fantoche narcissique dénommé « artiste », ou à cette petite machine affairée qu'est le banquier ou le politicien – est représenté par le boxeur ou l'acteur de cinéma ; dans une telle société, il était naturel que la femme se révoltât et revendiquât pour elle aussi une « personnalité » et une liberté au sens moderne, donc anarchiste et individualiste, de ces termes. Alors que l'éthique traditionnelle demandait à l'homme et à la femme d'être toujours plus eux-mêmes, d'exprimer par des traits de plus en plus nets ce qui fait de l'un un homme, de l'autre une femme – nous voyons la civilisation moderne se tourner vers le nivellement, vers l'informe, vers un stade qui, en réalité, n'est pas au-delà, mais en-deçà de l'individuation et de la différence entre sexes.
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Julius Evola (Revolt Against the Modern World)
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Les plaisirs naturels et nécessaires (boire quand on a soif, manger quand on a faim) : ce sont les meilleurs, il convient de s’y adonner ; Les plaisirs naturels et non nécessaires (boire et manger avec raffinement ou au-delà du besoin) : ils ne sont pas mauvais en soi, mais le sage doit s’en méfier tout de même et n’en user qu’avec modération ; Les plaisirs non naturels et non nécessaires (l’ambition, l’amour des richesses et des honneurs) : ils naissent de mauvaises représentations comme l’envie de varier ou le souci de plaire et de dominer, le sage doit les éviter absolument car ils sont fauteurs de troubles.
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Christian Godin
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C'est folie, bien sûr, que de vouloir soumettre les événements, dans leur ordre aléatoire (et pareillement les humains, dans leur égoïsme naturel), aux règles de la logique ou du simple bon sens. Le monde ne tourne rond que pour les astronomes. Pour le commun des mortels, notre planète va au hasard, lamentable Nef des fous, subissant tour à tour la tempête ou la bonace, et ne trouvant aucun havre sur sa route.
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Pascal Lainé (El misterio de la torre Eiffel)
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L'architecture moderniste de l'après-guerre a introduit une nouveauté remarquable : les pauvres déversent leur rage sur leurs propres habitations. Le lien entre grands ensembles et "dégradations" continuelles, quelle que soit leur ampleur, est si visible qu'on le considère maintenant comme inévitable, "naturel". Il n'existe aucun témoignage sur de telles pratiques dans les taudis prolétariens du XIXe siècle. Le succès est indéniable : au lieu de s'en prendre au maisons des riches, les "exclus" s'en prennent aujourd'hui à leur propre habitat, à leurs "cages à lapins". Contrairement aux classes populaires urbaines du passé, qui considéraient leurs logements et leurs quartiers, pour misérables qu'ils fussent, comme "leur" monde à partir duquel ils pouvaient s'attaquer aux exploiteurs, les nouvelles "classes dangereuses" sont surtout dangereuses pour elles-mêmes. La haine et le mépris de soi ont remplacé la haine de classe - et l'urbanisme et l'aménagement du territoire y sont pour beaucoup.
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Anselm Jappe (BĂ©ton. Arme de construction massive du capitalisme)
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Le jour passait ainsi, tant bien que mal, à manger beaucoup et boire de même ; grand soleil fort ; bagnole pour nous trimbaler ; cigare de temps à autre ; petit somme sur la plage ; revue de détail des connasses qui passaient ; bavardages en tous genres ; un peu de rigolade ; quelques chansons aussi – une journée comme tant et tant d’autres passées en compagnie de MacGregor. En de pareils jours, j’avais l’impression que la roue cessait de tourner. En surface ce n’était que gaieté et bon temps ; les heures passaient comme un rêve gluant. Mais sous la surface c’était la fatalité, le domaine des prémonitions qui me laissaient le lendemain dans un état d’inquiétude morbide. Je savais parfaitement qu’il me faudrait rompre un jour, parfaitement que je passais le temps comme on passe une envie de pisser. Mais je savais aussi que je n’y pouvais absolument rien – pour le moment. J’attendais un événement, énorme, qui me ferait perdre l’équilibre. Tout ce dont j’avais besoin, c’était d’être bousculé ; mais il n’y avait qu’une force extérieure au monde où je vivais qui pût me donner le choc nécessaire. De cela j’étais sûr. Je ne pouvais me ronger le cœur : c’eût été aller contre ma nature. Ma vie durant, tout avait toujours tourné au mieux – à la fin. Il n’était pas écrit dans les cartes que je dusse m’épuiser en effort. Il fallait faire la part de la Providence – part entière, dans mon cas. J’avais contre moi toutes les apparences : j’étais guignard, eût-on dit, je ne savais pas mener ma barque ; mais rien ne pouvait m’ôter de la tête que j’étais né coiffé. Doublement coiffé même. Vue de l’extérieur, la situation n’était pas brillante, d’accord – mais ce qui m’inquiétait plus encore, c’était la situation intérieure. Tout en moi m’effrayait : mes appétits, ma curiosité, ma souplesse, ma perméabilité, ma malléabilité, mon naturel, mon pouvoir d’adaptation. En soi, aucune situation ne me faisait peur : je ne pouvais me voir autrement que prenant toutes mes aises, comme une fleur, ou mieux comme l’abeille sur la fleur, en train de butiner. Même si je m’étais retrouvé en taule un beau matin, je suis sûr que j’y aurais pris un certain plaisir. La raison, j’imagine, en était que je savais opposer la force d’inertie. D’autres s’usaient à tirer sur la corde, à se démener, à se tendre à craquer ; ma stratégie était de flotter au gré de la marée. Je me souciais beaucoup moins de ce qu’on pouvait me faire que du mal que se faisaient les autres à eux-mêmes ou entre eux. Je me sentais si bien, en dedans de moi, que je ne pouvais faire autrement que de prendre à charge et à cœur le monde entier et ses problèmes. C'est pourquoi j’étais tout le temps dans la mouise. Il n’y avait entre ma destinée et moi aucun synchronisme, pour ainsi dire.
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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A Buchenwald, lors de la corvée de merde consistant à porter deux par deux, au pas de course, sous les coups de matraque, de lourds bacs de bois suspendus à des perches, et remplis à ras bord d'engrais naturels destinés aux cultures maraîchères des SS, les kapos s'arrangeaient toujours pour apparier les détenus les plus dissemblables : un petit gros et un grand maigre, par exemple, un balèze et un avorton afin de provoquer, outre la difficulté objective du portage lui-même dans de semblables conditions, une animosité quasiment inévitable entre des êtres aux capacités physiques de résistance bien différentes." Autoportrait en lecteur (page 32)
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Marcel Cohen
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Dire de la séquence des amino-acides dans un polypeptide qu'elle est 'au hasard' ne revient nullement, il faut insister là-dessus, à un aveu d'ignorance, mais exprime une constatation de fait: à savoir que, par exemple, la fréquence moyenne avec laquelle tel résidu est suivi de tel autre dans les polypeptides est égale au produit des fréquences moyennes de chacun des deux résidus dans les protéines en général. On peut illustrer ceci d'une autre façon. Supposons un jeu de cartes portant chacune le nom d'un amino-acide. Soit un paquet de deux cents cartes dans lequel la proportion moyenne de chaque amino-acide serait respectée. Après avoir battu les cartes son obtiendrait des séquences au hasard, que rien ne permettrait de distinguer des séquences effectivement observées dans les polypeptides naturels. Mais si, en ce sens, toute structure primaire de protéine nous apparaît comme le pur produit d'un choix fait ai hasard, à chaque chaînon, parmi les vingt résidus disponibles, en revanche en un autre sens, tout aussi signifiant, il faut reconnaître que cette séquence actuelle n'a nullement été synthétisé au hasard, puisque ce même ordre est reproduit, pratiquement sans erreur, dans toutes les molécules de la protéine considérée. N'en fût-il pas ainsi, il serait impossible, en fait, d'établir par l'analyse chimique la séquence d'une population de molécules.
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Jacques Monod (Chance and Necessity: An Essay on the Natural Philosophy of Modern Biology)
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Toute culture a son mythe essentiel qui se révèle et que l'on retrouve dans toutes les grandes créations de celle-ci. La vie spirituelle des Roumains a été dominée par deux mythes qui expriment, avec une parfaite spontanéité, leur vision spirituelle sur l'Univers et sur la valeur de l'existence. Le premier est la légende du contremaître Manole qui, selon la tradition, aurait édifié la superbe cathédrale de Curtea de Argeș. La légende dit que tout ce que Manole et son équipe construisaient le jour s'écroulait pendant la nuit. Pour rester debout, l'édifice avait besoin d'une âme, ce qui n'était possible qu'en sacrifiant un être humain. Après avoir compris la cause pour laquelle leur œuvre était caduque, Manole et ses ouvriers décidèrent de murer vivante la première personne qui s'approcherait de l'endroit où ils travaillaient. Le lendemain, au petit matin, Manole aperçut au loin sa femme qui, portant leur enfant dans ses bras, venait leur apporter le repas. Manole pria alors Dieu de déclencher une tempête pour que sa femme rebrousse chemin. Mais les rafales de la pluie, que Dieu avait provoquée sur sa prière, ne purent pas arrêter l'épouse prédestinée. Le contremaître Manole fut donc obligé de murer, lui-même, vivants, sa femme et son fils pour respecter son serment et réussit ainsi à achever la magnifique église qui ne s'écroula jamais depuis. […] Plus que la légende du contremaître Manole, les Roumains se reconnaissent dans la superbe poésie populaire Miorița, que l'on rencontre partout dans d’innombrables versions. On l'appelle « poésie populaire » mais, comme toutes les grandes créations de génie d'un peuple, elle présente des affinités avec la religion, la morale et la métaphysique. C'est l'histoire simple et sincère d'un berger qui, averti par une brebis sur le danger imminent d'être tué par deux compagnons jaloux de ses moutons, au lieu de prendre la fuite accepte la mort. Cette sérénité devant la mort, cette modalité de la considérer comme des noces mystiques avec le Tout, connaît dans Miorița des accents inégalables. C'est une vision originale sur la vie et la mort–cette dernière conçue comme une jeune mariée promise au monde entier–qui n'est pas exprimée en termes philosophiques mais sous une forme lyrique admirable. […] Les deux mythes, celui du contremaître Manole et celui de Miorița, sont d'autant plus intéressants que les Roumains ne peuvent pas être considérés, en général, des « mystiques ». C'est un peuple croyant, mais à la fois humain, naturel, vigoureux, optimiste, qui rejette la frénésie et l'exaltation que l'idée de « mysticisme » suppose. Le bon sens est la forme dominante de sa vie spirituelle.
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Mircea Eliade
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Heureuse période que l'enfance japonaise, la seule qui ne mette pas un frein à l'indépendance, à l'expression personnelle de l'individu. Le marmot, plus encore que le père tout-puissant, est le véritable roi de la famille, voire de la société nippone. Objet de soins éclairés, constante préoccupation de tous, il jouit de libertés supérieures à celles des petits Occidentaux. Les parents ne corrigent point leurs enfants. Ils s'efforcent d'obtenir leur compréhension plutôt que d'exiger une obéissance aveugle, et les reprennent à cinq ans comme on raisonne un adulte. L'appel au bon sens remplace ici menaces et punitions. Si, malgré tout, ces procédés s'avèrent infructueux, on mettra le mauvais naturel du polisson sur le dos d'Inari, le renard-dieu plein de malice et de ressources qui présida à bien des pièges de l'existence. On lui dédie de nombreux temples où les pèlerins viennent en masse solliciter son intervention pour que s'améliore la conduite des petits garnements. (p. 139)
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Michael Stone (Incroyable Japon)
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He eyed her hungrily. "Now, eat your cake or whatever it is and try to be a good girl." "It's German apple puff, for your information. Have you tried it? It's delicious. Here." She leaned slowly across the table and fed him a bite from her spoon. He helped himself to a leisurely look at her décolletage as he opened his mouth and accepted. "Mm. That is good." "Told you so." Her eyes twinkled as she leaned back in her chair in leisurely contentment. "I thought you said a while ago you had no room left for the sweets." "I'm pacing myself. Besides---" She took another dainty nibble off her dessert spoon. "There were no corsets in the trunk of goodies your servants brought me, so, you see, I'm wonderfully free to make a glutton of myself." This little fact arrested his full attention. His stare homed in on her figure--- what he could see of it over the table. "You mean...?" "Indeed, Your Grace. Tonight, I go au naturel." She laughed like she enjoyed teasing him and took another remorseless bite of German apple puff. Rohan watched her with strange sensations of delight. God, she was a maddening woman. An unpredictable blend of innocence and passion. Intelligent, mercurial. Her prickly side amused him, but he liked her even better like this, open and relaxed. Uncorseted. In her scintillating humor, she threw off light like the candle glow as it played over the cut-crystal facets of their wine goblets. In short, she enchanted him. Maybe she had inherited some of her ancestor Valerian's magic. Rohan had a feeling he was doomed. He could sense a most unforeseen bond growing between them and did not know what to make of it. "Staring again, Your Grace?" "I've just decided you are rather naughty. And I like it." She shrugged. "You said we were celebrating. Anyway, it's your fault. If you wanted me to behave, you shouldn't have made me try so many wines." "Why on earth would I want that?" he asked softly. "Hm." She caught a bead of condensation running down the shaft of her narrow champagne flute on her fingertip and brought it to her lips. Damn, but just watching her got him hard.
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Gaelen Foley (My Dangerous Duke (Inferno Club, #2))
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« Je suis ce que je vois », a dit Alexandre Hollan : en tant que peintre, il est naturel qu’il oriente cette identité dans la direction où se porte son regard ; mais, de la même façon, Kate Moss pourrait atteindre son identité en inversant le sens de circulation et affirmer : « Je suis ce que les autres voient de moi. » L’instrument dans lequel l’être s’affirme reste le même – le regard. En revanche le regard électronique des dispositifs automatiques – innocents par définition – est devenu le réceptacle parfait des plus lourdes responsabilités. Le bombardier de l’aviation américaine Thomas Ferebee, à bord de l’Enola Gay, demanda à ses yeux de lui dire le bon moment pour larguer la bombe atomique sur Hiroshima ; ce sont ses yeux toujours qui virent quelques instants après l’horrible champignon soulevé par l’explosion. Cela signifie qu’il s’immisça. Aujourd’hui les Américains utilisent des bombardiers sans équipage, appelés drones, qui lâchent leurs bombes au commandement de l’algorithme qui les guide. Sans regard direct, personne n’est là pour s’immiscer et ce n’est la faute de personne.
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Sandro Veronesi (Il colibrì)
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Le paradoxe est que ces Français de culture à première vue peu française qui sont si prompts à user à mon égard de cette arme absolue de langage : "Je suis aussi français que vous", ils sont souvent très bien calés d’autre part, eux, dans une autre identité, arabe par exemple, dont ils ne remettent pas en cause un seul instant la solidité, la pertinence et la profondeur tout en récusant radicalement la légitimité et l’existence même de la mienne — car s’ils sont aussi français que moi, je le répète, français ne veut pas dire grand chose. [...] Cette appartenance française, réduite au statut d’auberge espagnole masochiste, devient quelque chose de si faible, de si désaffiliée, d’exclusivement volontariste. [...] Les autres appartenances, les appartenances des autres, veux-je dire, qu’elles soient, nationales, religieuses ou ethniques, ne semblent, elles, pas le moins du monde ébranlées, bien au contraire. Leur type demeure même infiniment majoritaire, de par le monde. Être français, être anglais, être “britannique” a fortiori, être américain ou étatsunien, sont sommés d’avoir de moins en moins de sens et de se contenter d’une signification toute formelle ; mais être arabe, être tchétchène, être musulman, être juif, coréen, wolof ou arménien demeure ce que cela a toujours été, un type d’identité intangible, devenu naturel à force d’avoir été longuement culturel.
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Renaud Camus (Le grand remplacement)
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J’ai été obligé de remonter, pour vous montrer le lien des idées et des choses, à une sorte d’origine de ces réserves en vous disant que si l’humanité avait fait ce qu’elle a fait, et qui en somme a fait l’humanité réciproquement, c’est parce que depuis une époque immémoriale elle avait su se constituer des réserves matérielles, que ces réserves matérielles avaient créé des loisirs, et que seul le loisir est fécond ; car c’est dans le loisir que l’esprit peut, éloigné des conditions strictes et pressantes de la vie, se donner carrière, s’éloigner de la considération immédiate des besoins et par conséquent entamer, soit sous forme de rêverie, soit sous forme d’observation, soit sous forme de raisonnement, la constitution d’autres réserves, qui sont les réserves spirituelles ou intellectuelles. J’avais ajouté, pour me rapprocher des circonstances présentes, que ces réserves spirituelles n’ont pas les mêmes propriétés que les réserves matérielles. Les réserves intellectuelles, sans doute, ont d’abord les mêmes conditions à remplir que les réserves matérielles, elles sont constituées par un matériel, elles sont constituées par des documents, des livres, et aussi par des hommes qui peuvent se servir de ces documents, de ces livres, de ces instruments, et qui aussi sont capables de les transmettre à d’autres. Et je vous ai expliqué que cela ne suffisait point, que les réserves spirituelles ou intellectuelles ne pouvaient passer, à peine de dépérir tout en étant conservées en apparence, en l’absence d’hommes qui soient capables non seulement de les comprendre, non seulement de s’en servir, mais de les accroître. Il y a une question : l’accroissement perpétuel de ces réserves, qui se pose, et je vous ai dit, l’expérience l’a souvent vérifié dans l’histoire, que si tout un matériel se conservait à l’écart de ceux qui sont capables non seulement de s’en servir mais encore de l’augmenter, et non seulement de l’accroître, mais d’en renverser, quelquefois d’en détruire quelques-uns des principes, de changer les théories, ces réserves alors commencent à dépérir. Il n’y a plus, le créateur absent, que celui qui s’en sert, s’en sert encore, puis les générations se succèdent et les“choses qu’on avait trouvées, les idées qu’on avait mises en œuvre commencent à devenir des choses mortes, se réduisent à des routines, à des pratiques, et peu à peu disparaissent même d’une civilisation avec cette civilisation elle-même. Et je terminais en disant que, dans l’état actuel des choses tel que nous pouvons le constater autour de nous, il y a toute une partie de l’Europe qui s’est privée déjà de ses créateurs et a réduit au minimum l’emploi de l’esprit, elle en a supprimé les libertés, et par conséquent il faut attendre que dans une période déterminée on se trouvera en présence d’une grande partie de l’Europe profondément appauvrie, dans laquelle, comme je vous le disais, il n’y aura plus de pensée libre, il n’y aura plus de philosophie, plus de science pure, car toute la science aura été tournée à ses applications pratiques, et particulièrement à des applications économiques et militaires ; que même la littérature, que même l’art, et même que l’esprit religieux dans ses pratiques diverses et dans ses recherches diverses auront été complètement diminués sinon abolis, dans cette grande partie de l’Europe qui se trouvera parfaitement appauvrie. Et si la France et l’Angleterre savent conserver ce qu’il leur faut de vie — de vie vivante, de vie active, de vie créatrice — en matière d’intellect, il y aura là un rôle immense à jouer, et un rôle naturellement de première importance pour que la civilisation européenne ne disparaisse pas complètement.
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Paul Valéry (Cours de poétique (Tome 1) - Le corps et l'esprit (1937-1940) (French Edition))
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À chaque moment du temps, à côté de ce que les gens considèrent comme naturel de faire et de dire, à côté de ce qu'il est prescrit de penser, autant par les livres, les affiches dans le métro que par les histoires drôles, il y a toutes les choses sur lesquelles la société fait silence et ne sait pas qu'elle le fait, vouant au mal-être solitaire ceux et celles qui ressentent ces choses sans pouvoir les nommer. Silence qui est brisé un jour brusquement, ou petit à petit, et des mots jaillissent sur les choses, enfin reconnues, tandis que se reforment, au-dessous, d'autres silences.
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Annie Ernaux (The Years)
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y a en effet une passion mâle et légitime pour l'égalité qui excite les hommes à vouloir être tous forts et estimés. Cette passion tend à élever les petits au rang des grands, mais il se rencontre aussi dans le cœur humain un goût dépravé pour l'égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l'égalité dans la servitude à l'inégalité dans la liberté. Ce n'est pas que les peuples dont l'état social est démocratique méprisent naturellement la liberté; ils ont au contraire un goût instinctif pour elle. Mais la liberté n'est pas l'objet principal et continu de leur désir; ce qu'ils aiment d'un amour éternel, c'est l'égalité; ils s'élancent vers la liberté par impulsion rapide et par efforts soudains, et, s'ils manquent le but, ils se résignent; mais rien ne saurait les satisfaire sans l'égalité, et ils consentiraient plutôt à périr qu'à la perdre.
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Alexis de Tocqueville (De La Démocratie En Amérique (INCLUANT TOUS LES TOMES, ANNOTÉ D’UNE BIOGRAPHIE))
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Oui, m’sieur, parfaitement, je suis allé jusqu’au golfe du Mexique, droit dedans, et je me suis noyé. Et j’ai fait ça gratis. Quand on a repêché le corps, on a découvert qu’il était marqué FOB, Myrtle Avenue, Brooklyn ; on l’a renvoyé port dû. Quand on m’a demandé plus tard pourquoi je m’étais tué, tout ce que j’ai pu répondre ç’a été : parce que j’avais envie d’électrifier le cosmos ! Par là j’entendais une chose très simple – la compagnie Delaware, Lackawanna and Western avait électrifié son réseau, de même la Seaboard Air Line, mais l’âme humaine en était encore au stade de la cariole bâchée des émigrants. Né au cœur de la civilisation, je l’acceptais le plus naturellement du monde – que faire d’autre ? Mais la bonne blague était que personne à part moi ne prenait cette histoire au sérieux. J’étais le seul vrai civilisé de la communauté. Il n’y avait pas place pour moi – en tant que tel. Et pourtant les livres que je lisais, la musique que j’entendais, m’assuraient qu’il existait au monde d’autres hommes pareils à moi. Il a fallu que j’aille jusqu’au golfe du Mexique et que je m’y noie, pour trouver une excuse qui me permît de poursuivre une existence de pseudo-civilisé. Il a fallu que je m’épouille de mon corps spirituel en quelque sorte.
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Henry Miller (Tropique du Capricorne / Tropique du Cancer)
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– Me permettez-vous de vous donner un conseil ? – Certainement, dit Viviane, tout en se demandant combien de temps sa visiteuse allait rester. – Vous êtes nouvelle venue en Malaisie et vous n'êtes naturellement pas au courant de nos usages et de notre étiquette assez compliquée... Les gens ont tôt fait de mal interpréter les erreurs les plus innocentes, surtout dans une petite ville comme Mauping. Je dis toujours que les ragots sont à l'origine de la moitié de nos ennuis. Elle posa sur la jeune fille un regard méditatif. – Si vous en venions au fait ? dit Viviane, brutalement. Mme Carshalton en fut un instant déconcertée. Elle détestait qu'on la pressât. – Eh bien... je vous ai aperçue par hasard, l'autre jour, en ville. Vous étiez en trisha, avec votre amah, et j'en ai été contrariée. Franchement, ma chère enfant, les Européens ne circulent pas en trisha. Elle posa sa tasse et s'essuya la bouche avec un mouchoir de dentelle. – Encore, si vous aviez retenu un autre trisha pour votre servante... Il leur vient des idées de grandeur, quand on se montre trop familier avec ces gens-là. – Je vous remercie, dit Viviane en agitant la petite clochette de cuivre. Mais laissez-moi vous dire une chose, Madame Carshalton. Je ne partage pas ces idées étroites et je n'ai pas la moindre intention de me conformer à vos règles de conduite. Si j'ai besoin de conseils, je prendrai l'avis de Chen, qui était lié d'une étoite amitié avec mon parrain. Une chose encore : si vous avez l'obligeance d'informer vos amis de mon attitude, cela m'épargnera d'autres entretiens comme celui-ci.
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Anne Weale (The House of Seven Fountains)
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C'est le manque de nouvelles sensations qui pousse a consommer plus pour obtenir du plaisir. Tout est question de culture et de gout. Mais accepter de regarder les choses avec les yeux d'une autre culture permet d'enrichir notre propre quotiden. Pour manger beau, bon et sain et en faire un style de vie, il faut enrayer la monotonie et la morosite. Manger beau, bon et sain fait partie des plus grands plaisirs de la vie. La beaute nourrit autant que les vitamines. Les Japonais considerent que la grandeur d'un repas tient a 50% dans sa presentation et a 50% dans son gout. L'esthetique en general et dans chaque detail du quotidien exerce des pouvoirs magiques sur notre moral, notre psychisme, notre bonheur. Il n'est pas necessaire d'avoir beaucoup de moyens, mais d'utiliser ce que l'on possede avec style, elegance et gout. Si les gens etaient davantage entoures de beaute, ils ressentiraient moins le besoin de consommer, de detruire, de gagner de l'argent a tout prix. Selon les Chinois, seul le sauvage et le barbare ne cuisinent pas. Tout Chinois eprouve le besoin de cuisiner pour se sentir vivre et apprivoiser le naturel qui sommeille au coeur de l'Homme. Nul exercice de yoga, nulle meditation dans une chapelle ne vous remontera plus le moral que la simple tache de fabriquer votre propre pain. M.F.K Fisher, The art of eating Le o bento est probablement l'une des formes du zen la plus pratique, populaire et accessible a tous: tout prevoir a l'avance, se prendre en charge sans dependre d'autrui, ne pas gaspiller et soigner sa sante tout en vivant avec art. La lassitude gastronomique conduit a une alimentation malsaine, a la morosite de la vie et a la maladie. Les taches domestiques seront peut-etre revalorisees le jour ou nous comprendrons l'importance qu'elles ont sur notre equilibre physique et psychologique. Il faut etre tres riche pour s'enrichir encore en se depouillant. L'art culinaire est devenu une mode, qui, comme tant d'autres formes de boulimie ( plaisir, bonheur, exotisme, depaysement ), nous susurre constamment: "changez, essayez, achetez". Les habitudes etant une seconde nature, tout ce a quoi nous nous habituons perd de son charme.
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Dominique Loreau (L'art de la frugalité et de la volupté)
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Les secrets du bonheur sont souvent la ou on ne les voit pas: a notre portee. Le vrai luxe se cache au coeur d'un equilibre delicat entre une vie simple et frugale et une vie aussi gaie et legere que des bulles de champagne. Le juste milieu, c'est l'equilibre atteint entre satisfaire ses envies - etre en vie - et ne pas ceder aux exces. Notre attirance envers certaines marques. Lorsque nous nous sommes emotionnellement connectes a une marque, celle-ci devient pour nous unique. Le choix de nos objets, de nos meubles, de nos possessions en general est tres important pour notre equilibre et notre bonheur: ce que nous possedons doit refleter exactement ce que nous sommes et representer les valeurs que nous portons en nous. La beaute est la promesse du bonheur. Stendhal Avoir une bonne image de soi-meme rend la vie infiniment plus simple. Si vous vous aimez, cela se refletera sur votre physionomie. Celles qui sont depourvues d'identite tentent souvent, par le biais de la mode, d'en acquerir une. Celles, au contraire, qui savent qu'elles ont un charme naturel, parlent, marchent avec une certaine aisance. Vivre dans le luxe, c'est surtout vivre libre de tout souci et de toute angoisse pour le futur, etre capable d'apprecier chaque moment de l'existence et avoir assez de sagesse, de connaisance et bon sens pour vivre en paix avec soi. L'education de nos sens et de nos emotions est plus importante que celle de nos idees. Bien vivre, ce n'est pas vivre dans l'abondance materielle mais developper sa creativite, cultiver sa capacite a porter attention a ce qui nous entoure. Vivre avec attention repose sur la sante mentale et la sante mentale repose sur le fait de preter attention. Pour apprecier quelque chose, il faut pouvoir en prendre conscience. Et c'est en cela que la culture et les voyages aident a vivre mieux et plus luxueusement. La pauvrete, c'est le maximum d'effort pour le minimum de resultat. La richesse, c'est le minimum d'effort pour le maximum de resultat. Abraham Lincoln Parvenir a vivre a son propre rythme est le luxe de ceux qui savent veritablement jouir de l'existence. Aimer vivre et decouvrir est un luxe. Lorsque nous sommes en vacances, nous nous autorisons a etre heureux. Il y a dix ans, le luxe c'etait de posseder un portable; aujourd'hui, c'est de pouvoir l'eteindre. Ce n'est qu'en se fondant a la beaute de la nature qu'on peut retrouver la capacite de s'emerveiller devant la vie. Seule la nature peut aider notre mental a ralentir sa course folle et redonner de la vie a nos sens. regarder, observer, sentir, humer - la nature a le pouvoir magique de calmer l'esprit. Mange sans parler. Pas besoin de mots, la vie se vit sans qu'on ait besoin de la dire. La dire, c'est souvent ne pas la vivre. La dire abondamment, c'est souvent la vivre petitement.
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Dominique Loreau (Arta Rafinamentului)
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Un autre symbole extrême-oriental assez généralement connu est celui de la tortue, placée entre les deux parties supérieure et inférieure de son écaille comme l’Homme entre le Ciel et la Terre; et, dans cette représentation, la forme même de ces deux parties n’est pas moins significative que leur situation : la partie supérieure, qui « couvre » l’animal, correspond encore au Ciel par sa forme arrondie, et, de même, la partie inférieure, qui le « supporte », correspond à la Terre par sa forme plate. L’écaille tout entière est donc une image de l’Univers, et, entre ses deux parties, la tortue elle-même représente naturellement le terme médian de la Grande Triade, c’est-à-dire l’Homme ; au surplus, sa rétraction à l’intérieur de l’écaille symbolise la concentration dans l’« état primordial », qui est l’état de l’« homme véritable » ; et cette concentration est d’ailleurs la réalisation de la plénitude des possibilités humaines, car, bien que le centre ne soit apparemment qu’un point sans étendue, c’est pourtant ce point qui, principiellement, contient toutes choses en réalité3, et c’est précisément pourquoi l’« homme véritable » contient en lui-même tout ce qui est manifesté dans l’état d’existence au centre duquel il est identifié.
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René Guénon (La Grande Triade)
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Que les forts attaquent les faibles, c'est un mal parfois inévitable et même à certains égards une loi naturelle, à condition toutefois que les moyens ne violent pas les normes de la nature comme c'est le cas dans les guerres mécanisées, et que la force ne serve pas des idées intrinsèquement fausses, ce qui serait une anomalie de plus (1) ; mais que les forts écrasent les faibles au moyen d'une hypocrisie intéressée et des bassesses qui en résultent, cela n'est ni naturel ni inévitable, et il est gratuit et même infame de mettre sur le compte de la "sensiblerie" toute opinion qui condamne ces méthodes ; le "réalisme" politique peut justifier les violences, jamais les vilénies. (1) C'est donc surtout aux guerres tribales ou féodales que nous pensons, ou encore aux guerres d'expansion des civilisations traditionnelles. D'aucuns objecteront qu'il y a toujours eu des machines et qu'un arc n'est pas autre chose, ce qui est aussi faux que de prétendre qu'un cercle est une sphère ou qu'un dessin est une statue. Il y a là une différence de dimensions dont les causes sont profondes et non quantitatives.
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Frithjof Schuon (The Transfiguration of Man)
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[...] Dans cette question des limites de fait ou de droit du sentiment patriotique, il convient de rappeler tout d’abord qu’il y a patrie et patrie : il y a celle de la terre et celle du Ciel ; la seconde est prototype et mesure de la première, elle lui donne son sens et sa légitimité. C’est ainsi que dans l’enseignement évangélique l’amour de Dieu prime, et peut par conséquent contredire, l’amour des proches parents, sans qu’il y ait là aucune offense à la charité ; la créature doit d’ailleurs être aimée « en Dieu », c’est à dire que l’amour ne lui appartient jamais en entier. Le Christ ne s’est soucié que de la Patrie céleste, qui « n’est pas de ce monde » ; c’est suffisant, non pour renier le fait naturel d’une patrie terrestre, mais pour s’abstenir de tout culte abusif – et avant tout illogique – du pays d’origine. Si le Christ a désavoué les attachements temporels, il n’en a pas moins admis les droits de la nature, dans le domaine qui est le leur, droits éminemment relatifs qu’il ne s’agit pas d’ériger en idoles ; c’est ce que saint Augustin a magistralement traité, sous un certain rapport tout au moins, dans Civitas Dei. Le patriotisme normal est à la fois déterminé et limité par les valeurs éternelles ; « il ne s’enfle point » et ne pervertit pas l’esprit ; il n’est pas, comme le chauvinisme, l’oubli officiel de l’humilité et de la charité en même temps que l’anesthésie de toute une partie de l’intelligence ; restant dans ses limites, il est capable de susciter les plus belles vertus, sans être un parasite de la religion. Il faut se garder des interprétations abusives du passé historique ; l’œuvre de Jeanne d’Arc n’a rien à voir avec le nationalisme moderne, d’autant que la sainte à suivi l’impulsion, non point d’un nationalisme naturel – ce qui eût été légitime – mais celle d’une volonté céleste, qui voyait loin. La France fut pendant des siècles le pivot du Catholicisme ; une France anglaise eût signifié en fin de compte une Europe protestante et la fin de l’Eglise catholique ; c’est ce que voulurent prévenir les « voix ». L’absence de toute passion, chez Jeanne, ses paroles sereines à l’égard des Anglais, corroborent pleinement ce que nous venons de dire et devrait suffire pour mettre la sainte à l’abri de toute imposture rétrospective (1).[...] 1 – De même, l’étendard de Jeanne fut tout autre chose qu’un drapeau révolutionnaire unissant, dans un même culte profane, croyants et incroyants. "Usurpations du sentiment religieux", Études Traditionnelles, décembre 1965.
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Frithjof Schuon
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La forme du langage est, par définition même, « discursive » comme la raison humaine dont il est l’instrument propre et dont il suit ou reproduit la marche aussi exactement que possible ; au contraire, le symbolisme proprement dit est véritablement « intuitif », ce qui, tout naturellement, le rend incomparablement plus apte que le langage à servir de point d’appui à l’intuition intellectuelle et supra-rationnelle, et c’est précisément pourquoi il constitue le mode d’expression par excellence de tout enseignement initiatique. Quant à la philosophie, elle représente en quelque sorte le type de la pensée discursive (ce qui, bien entendu, ne veut pas dire que toute pensée discursive ait un caractère spécifiquement philosophique), et c’est ce qui lui impose des limitations dont elle ne saurait s’affranchir ; par contre, le symbolisme, en tant que support de l’intuition transcendante, ouvre des possibilités véritablement illimitées.
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René Guénon (Perspectives on Initiation)
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Israël est l’essence de la spiritualité proprement judaïque et le patriarche éponyme du peuple juif. Étymologiquement, ce Nom est lié à une idée de puissance et de victoire, car il signifie : ≪ que Dieu règne ! Qu’Il se montre fort ! ≫. Et c’est ce Nom sacré qui va être porte par un Etat moderne, subversif dans sa constitution même puisqu’il prétend mettre fin par des moyens profanes a une sanction divine ! Il faut toute l’indifférence et l’inconscience du monde occidentale pour ne pas réaliser l’énormité d’une telle usurpation. Imagine-t-on une ≪ République d’Allah ≫, un ≪ Royaume du Christ-Roi ≫ ou ≪ du Voyage Nocturne ≫ s’installant en Palestine ? En l’occurrence, l’acte profanateur est d’autant plus dangereux qu’il comporte une astuce tactique. La préoccupation majeure d’un Etat illégitime, pour ne pas dire sa hantise, est naturellement d’être reconnu. Or, dans le cas présent cette reconnaissance ne porte pas seulement sur l’existence de cet Etat, mais aussi sur le droit à porter le nom qu’il s’est attribué. Reconnaître l’ ≪ Etat d’Israël ≫ implique que l’on valide la profanation dont il s’est rendu coupable, que l’on devienne son complice, et surtout qu’on le déclare, à tort, favorisé par une bénédiction divine et investi de la charge d’instaurer le règne de Dieu et d’assurer Sa puissance. Combattre un tel Etat, c’est le renforcer ; le reconnaître, c’est le renforcer davantage : tel est le dilemme infernal. Pour tout esprit traditionnel, la seule attitude légitime, fondée à la fois sur la vérité et le droit, est de refuser cette reconnaissance, quel que soit le prix à payer pour ce déni. Le premier devoir d’un juif orthodoxe, d’un chrétien ou d’un musulman est de ne pas reconnaître l’Etat juif. Ceci dit, il va de soi que la duplicité et la faiblesse des hommes n’ont pas le pouvoir de modifier le Droit divin ou de le rendre caduc. En vertu de sa mission propre et grâce à sa position cyclique, l’islam est mieux à même que toute autre religion de veiller au respect de ce Droit et au maintien de l’orthodoxie traditionnelle. On peut tenir pour assuré qu’il n’acceptera jamais le fais accompli.
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Charles-André Gilis
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L'enfant apprend sans faire d'effort Cette formule, fréquemment entendue, en sous-entend une autre : si l'enfant doit faire des efforts, c'est que la méthode employée n'est pas bonne. C'est une erreur d'appréciation sur le sens du mot effort. Je ne connais pas beaucoup de champions qui courent naturellement le 100 mètres en moins de dix secondes, ou qui sautent 6 mètres avec leur perche sans passer des heures à s'entraîner au stade. Pour certains, faire un effort serait synonyme d'être laborieux dans ses apprentissages. L'effort devrait être considéré comme l'inverse : la capacité de donner le meilleur de soi et de progresser, pour pouvoir être fier de soi. Les enfants le savent bien, ils aiment réussir quelque chose de difficile car cela accroît leur estime d'eux-mêmes et les rend heureux (p. 43)
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Isabelle Peloux (L'école du Colibri: La pédagogie de la coopération (Domaine du possible) (French Edition))
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La primauté de l’intention divine — donc du message — dans l’ordre des apparences, implique une conséquence fort paradoxale, mais néanmoins pertinente, à savoir l’existence d’une « double réalité » qui fait penser à la « double vérité » des scolastiques. C’est-à-dire qu'il faut distinguer, dans certains cas, entre une « réalité de fait » et une « réalité d’apparence » : que la terre soit ronde et qu’elle tourne autour du soleil, c’est un fait, mais qu’elle soit plate et que le soleil voyage d'un horizon à l’autre, n’en est pas moins, dans l’intention divine, une réalité pour nous ; sans quoi l’expérience de l’homme — créature centrale et partant « omnisciente » — ne se bornerait pas, a priori et « naturellement », à ces constatations physiquement illusoires mais symboliquement pleines de sens. Encore que l’illusion physique soit relative, à un certain point de vue, car la terre, pour l’homme, est incontestablement faite de régions plates dont seulement la somme — imperceptible aux créatures terrestres — constitue une sphère ; si bien qu’on devrait dire que la terre est plate et ronde à la fois. Quant au symbolisme traditionnel, il implique une portée morale, ce qui nous permet de conclure que l’homme n’a droit, en principe et a priori, qu’à une connaissance qu’il supporte, c’est-à-dire qu’il est capable d’assimiler ; donc d’intégrer dans la connaissance totale et spirituelle qu’il est censé posséder en sa qualité d’homo sapiens (19)". 19. Incontestablement, la science moderne regorge de connaissances, mais la preuve est faite que l’homme ne les supporte pas, ni intellectuellement ni moralement. Ce n’est pas pour rien que les Écritures sacrées sont volontiers aussi naïves que possible, ce qui excite sans doute la moquerie des sceptiques mais n’empêche ni les simples ni les sages de dormir tranquilles.
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Frithjof Schuon (To Have a Center (Library of Traditional Wisdom))
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Le langage quotidien (tout comme le langage des images) est de part en part traversé par des rapports de force, par des rapports sociaux (de classe, de sexe, d'âge, de race, etc.), et c'est dans et par le langage (et l'image) que se joue la domination symbolique, c'est-à-dire la définition - et l'imposition - des perceptions du monde et des représentations socialement légitimes. Le dominant, comme le dit Pierre Bourdieu, est celui qui réussit à imposer la manière dont il veut être perçu, et le dominé, celui qui est défini, pensé et parlé par le langage de l'autre et/ou celui qui ne parvient pas à imposer la perception qu'il à de lui-même. Seules les périodes de crise sociale, culturelle, ou au moins l'irruption de mobilisations politiques ou culturelles, peuvent permettre une mise en question de cet ordre symbolique des représentations et du langage dont al force principale est de se présenter comme ressortissant aux évidences d'un ordre naturel, immuable, et sur lequel on ne s'interroge pas ou sur lequel on s'interroge faussement pour mieux le réaffirmer dans son arbitraire en le présentant comme ayant toujours existé. La mobilisation politique, l'action politique, sont toujours des batailles pour la représentation, pour le langage et les mots. Ce sont des luttes autour de la perception du monde. La question qui s'y joue est de savoir qui définit la perception et la définition d'un groupe et la perception et la définition du monde en général. La mobilisation, l'action politique, consistent souvent, pour un groupe, à essayer de faire valoir, d'imposer la manière dont il se perçoit lui-même, et d'échapper ainsi à la violence symbolique exercée par la représentation dominante. Mais il convient de préciser qu'il n'y a pas, pour les gays, encore moins pour les « gays et lesbiennes », une manière d'être et de se penser soi-même qui préexisterait et qu'il conviendrait de découvrir et de manifester au grand jour, et encore moins une seule et unique manière d'être et de « se percevoir », ce qui constitue toute la complexité du mouvement gay et lesbien et explique le fait, si souvent souligné, que les définitions qu'il peut donner de lui-même ne sont que des constructions provisoires, fragiles et nécessairement contradictoires entre elles. (p. 117-118)
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Didier Eribon (Insult and the Making of the Gay Self (Series Q))
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Homère donne à un simple artisan le nom de sage, c'est ainsi qu'il s'exprime sur un certain Margites : « Les dieux n'en firent ni un cultivateur ou fossoyeur, ni un sage en quoi que ce soit ; il ne réussit en aucun art. » Hésiode, après avoir dit que Linus le joueur de harpe était versé dans toutes sortes de sagesses, ne craint pas de nommer sage un matelot. Il ne montre, écrit-il, aucune sagesse dans la navigation. Que dit le prophète Daniel : « Les sages, les mages, les devins et les augures ne peuvent découvrir au roi le secret dont il s'inquiète; mais il est un Dieu dans le ciel qui révèle les mystères. » Ainsi Daniel salue du nom de sages les savants de Babylone. Ce qui prouve clairement que l'Écri- 17 ture enveloppe sous la même dénomination de sagesse toute science ou tout art profane, enfin tout ce que l'esprit de l'homme a pu concevoir et imaginer, et que toute invention d'art ou de science vient de Dieu ; ajoutons les paroles suivantes, elles ne laisseront aucun doute : « Et le Seigneur parla à Moïse en ces termes : Voilà que j'ai appelé Béséléel, fils d'Uri, fils de Hur, de la tribu de Juda, et je l'ai rempli d'un divin esprit de sagesse, d'intelligence et de science, pour inventer et exécuter toutes sortes d'ouvrages, pour travailler l'or et l'argent, et l'airain, et l'hyacinthe, et le porphyre, et le bois de l'arbre qui donne l'écarlate, et pour exécuter tous les travaux qui concernent l'architecte et le lapidaire, et pour travailler les bois, etc. » Dieu poursuit de la sorte jusqu'à ces mots : « Et tous les ouvrages. » Puis il se sert d'une expression générale pour résumer ce qu'il vient de dire : « Et j'ai mis l'intelligence dans le cœur de tous les ouvriers intelligents; » c'est-à-dire, dans le cœur de tous ceux qui peuvent la recevoir par le travail et par l'exercice. Il est encore écrit d'une manière formelle, au nom du Seigneur : « Et toi, parle à tous ceux qui ont la sagesse de la pensée, et que j'ai remplis d'un esprit d'intelligence. » Ceux-là possèdent des avantages naturels tout particuliers; pour ceux qui font preuve d'une grande aptitude, ils ont reçu une double mesure, je dirai presque un double esprit d'intelligence. Ceux même qui s'appliquent à des arts grossiers, vulgaires, jouissent de sens excellents. L'organe de l'ouïe excelle dans le musicien, celui du tact dans le sculpteur, de la voix dans le chanteur, de l'odorat dans le parfumeur, de la vue dans celui qui sait graver des figures sur des cachets. Mais ceux qui se livrent aux sciences ont un sentiment spécial par lequel le poète a la perception du mètre; le rhéteur, du style; le dialecticien, du raisonnement ; le philosophe, de la contemplation qui lui est propre. Car, c'est à la faveur de ce sentiment ou instinct qu'on trouve et qu'on invente, puisque c'est lui seul qui peut déterminer l'application de notre esprit. Cette application s'accroit à raison de l'exercice continu. L'apôtre a 18 donc eu raison de dire que « la sagesse de Dieu revêt mille formes diverses, » puisque que pour notre bien elle nous révèle sa puissance en diverses occasions et de diverses manières, par les arts, par la science, par la foi, par la prophétie. Toute sagesse vient donc du Seigneur, et elle est avec lui pendant tous les siècles, comme le dit l'auteur du livre de la sagesse : « Si tu invoques à grands cris l'intelligence et la science, si tu la cherches comme un trésor caché, et que tu fasses avec joie les plus grands efforts pour la trouver, tu comprendras le culte qu'il faut rendre au Seigneur, et tu découvriras la science de Dieu. »
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Clement of Alexandria (Miscellanies (Stromata))
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The Addictive Self-Soother When dealing with the addictive self-soother, recognize that you’re with someone who is in a state of unknowing avoidance. The intolerable discomfort associated with his unrecognized loneliness, shame, and disconnection when the spotlight isn’t casting its shimmering glow upon him sends him hiding beneath the floorboards once again. He may be engrossed in workaholism, drinking binges, spending marathons, or voracious Internet surfing. He may indulge in the delivery of yet another tiring oration on some esoteric or controversial subject, not necessarily because he’s seeking attention, but in an effort to avoid feeling the throbbing pulse of his aloneness and fragility. You may go knocking, but he doesn’t come out. He can’t risk being seen au naturel, with all of his emotions, needs, and longings revealed. You’re expected to pander to his selective emotional departures and not request his presence, regardless of the emotional costs to you.
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Wendy T. Behary (Disarming the Narcissist: Surviving and Thriving with the Self-Absorbed)